1 1
■ Il
I .
Digitized by the Internet Archive
in 2010
http://www.archive.org/details/revueceltique41pari
REVUE CELTIQUE
A
<>
^> c ^l^
FONDÉE
PAR
H. GAIDOZ
1870-1 88s
/
o
CONTINUÉE PAR
H. D'ARBOIS DE JUBAINY1LLE
1886-1910
DIRIGÉE PAR
J. LOTH
Professeur au Collège de France
Membre de l'Institut
AVEC LE CONCOURS DE
G. DOTTIN E. ERNAULT J. VENDRYES
Doyen de la Faculté des Professeur à la Faculté Professeur à la Faculté
Lettres de Rennes des Lettres de Poitiers des Lettres de Paris
ET DE PLUSIEURS SAVANTS FRANÇAIS ET ÉTRANGERS
Année 1924. — Vol. XLI
u: iqtt
PARIS
LIBRAIRIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION,
EDOUARD CHAMPION
5 , QUAI M A LAQUAIS ( 6<= )
1924
Téléphone Fleurus 47 98
581495
C. 4." 5 4
LES GRAFFITES GAULOIS
DE LA
GRAUFESENQUE
INTRODUCTION
La Graufesenque est située dans une vallée à deux kilomètres
à l'est de Millau (Aveyron), un peu en amont du confluent
du larn et de la Dourbie, sur l'emplacement de la ville des
Rutem, Condatomagus (Table de Peutinger). La vallée est
traversée par la voie romaine qui allait de Segodunum (Rode/)
a Lutem (Lodève). Ces lieux sont aujourd'hui déserts. Autour
dune habitation isolée, perdue dans les terres, il n'y a aucun
vestige apparent des constructions de la ville antique Cepen
dant sur un des murs de clôture se dresse un chenet gaulois
a tête de bélier, bloc de pierre fruste d'un travail rudimen-
taire. Deux autres chenets semblables, mutilés mais très recon-
naissables, gisent dans le gazon auprès du premier • « seules
épaves des foyers d'une population laborieuse qui moins d'un
siècle après la conquête de César, réussit à conquérir elle-
même, aux dépens des vainqueurs, la suprématie d'une grande
industrie et a substituer, sur les principaux marchés de" l'em-
pire, ses propres produits à ceux de la vieille Etrurie » »
La population des Ruteni parait avoir été fort industrieuse ■
btrabon, IV 2, 2, mentionne des mines d'argent exploitées
par eux et leurs voisins les Gabali. Pline, (XIX <>) c j tc [ es
Ruteni parmi les cinq cités fabriquant des tissus de lin
La découverte de l'atelier de céramique de la Graufesenque
est due al abbé Cérès, conservateur du musée de Rodez. En
^ 1. UècheletK, Les vases céramiques ornés de la Gaule roniaine, Paris, 1904,
Revue Celtique, XLl.
2 J. Loi h.
[882 il v découvrit un important gisement tic débris céra-
miques appartenant à la série des vases sigillés. Il retira du sol
non seulement' une grande quantité de vases, mais encore des
moules assez nombreux pour révéler l'existence d'un centre
important de fabrication. Malheureusement il n'existe pas de
procès-verbaux détaillés de ces découvertes. Cependant il avait
dressé le relevé des marques de potiers; sa liste complétée et
révisée fut publiée par l'abbé Vialettes en 1894 x .
Dès 1893, C. Jullian écrivait dans la Revuedes Eludes anciennes
(t. I, p. 152, n° 4, 1899) : « Cette fabrique devrait être étu-
diée de très près et 'scientifiquement. De même, celle de Banas-
sac, un des centres possibles de l'industrie des poteries arrê-
tées en Gaule. Peut-être est-ce sur ces deux points que l'on
trouvera le mieux la solution des problèmes qui nous préoc-
cupent. » , .
En 1901, les fouilles furent reprises. Les travaux conduits
avec méthode par l'abbé Hermet et M. de Carlshausen, pour-
suivis en 1902 et 1903, ne portèrent que sur une étendue de
terrain relativement restreinte. La moisson fut cependant si
abondante, queDéchelette n'hésita pas dans son ouvrage paru
en 1904, à affirmer que les ateliers de Condatomagus ont été
le sièae principal de l'industrie des vases sigillés au I er siècle de
notre ère. C'est de là qu'antérieurement à l'ensevelissement
de Pompéi, les marchés de la Campante et de la côte d'Afrique,
mais surtout ceux de la Gaule, de la Péninsule ibérique et de
la Bretagne, recevaient une partie considérable de ce genre de
vases 2 . ,
La céramique de la Graufesenque, comme toute la céra-
mique gallo-romaine, n'a rien d'indigène. C'est en vain, dit
Déchelette, que l'on chercherait à y découvrir la moindre trace
de l'industrie celtique, si remarquable cependant, de l'époque
de l'indépendance K C'est de l'Italie méridionale, que la nou-
1. Déchelette, ibid., p. 65.
2. Vases ornés, I, p. 65. _
î Les vieux céramistes arvernes de Lezoux, derniers représentants de
l'art indigène, disparurent l'un après l'autre, vers le commencement du
1er siècle. Leurs successeurs immédiats portent des noms gaulois Çlhomarus,
Cobnertus Pelrecus, Atepomarus, Danomarus), mais ils délaissent la teen-
Les Graffites gaulois de la Graufesenque. j
velle technique a gagné la Narbonnaisê et l'Aquitaine. Mais
pendant les deux siècles de production de vases sigillés ornés,
la fabrication a subi une évolution ininterrompue. La céramique
fut à cette époque une des principales industries de la Gaule :
M. A. Blanchet n'en compte pas moins de cent ateliers '.
Déchelette n'a connu des graffites de la Graufesenque que
les cinq graffites publiés en 1904 par l'abbé Hermet dans la
Revue archéologique (I, pp. 74-91) et les deux graffites publiés
par Héron de Villefosse dans le Bulletin des Antiquaires de
France en 1882 et 1S84. Il les a reproduits dans son ouvrage
des Vases ornes (pp. 87-92, planches XIII-XIV).
Ils lui ont suffi pour fixer la chronologie des vases rutènes.
Je ne peux que renvoyer à sa dissertation sur ce sujet (l'uses
ornés, I, p. 92 et suiv.). Elle est aussi lumineuse qu'on peut
le désirer et témoigne de l'érudition étendue et de l'impeccable
sûreté de jugement qui distingue les travaux de cet admirable
archéologue. Il est arrivé à ces conclusions : que le début du
commerce d'exportation des vases rutènes n'est pas antérieur
à Tan 14 de notre ère, et que la décadence et peut-être la dis-
parition des ateliers rutènes se placent à une date immédiate-
ment postérieure au second siècle. C'est le milieu du I er siècle
qui a été l'époque la plus florissante pour les céramistes de la
Graufesenque. D'autres découvertes ont suivi qui permettent
plus de précision et ajoutent singulièrement à l'importance de
cette céramique, au point de vue linguistique.
Les découvertes de nouveaux vases originaires de la Grau-
fesenque d'après leur estampille, trouvés à Pompéi, confirment
la conclusion de Déchelette, basée sur les quelques graffites
qu'il avait examinés : c'est que les ateliers rutènes exportaient
avant l'an 79. Comme le montre l'abbé Hermet 2 (Graffites,
nique nationale. Ce sont les vases d'Arezzo qui attirent la clientèle. (Déche-
lette, Vases ornés, I, p. 5).
1. Les ateliers céramiques de la Gaule romaine, dans Mélanges d'arch. gallo-
romaine, 1902, p. 887. Une première édition avait été publiée en 1899
(Bulletin arch. du Comité des sociétés savantes).
2. Les graffites de la Graufesenque près Millau (Avevron), par l'abbé'
Hermet, chanoine honoraire de Rodez, curé de l'Hospitalet. Rodez, Impri-
merie Carrère, 1923, 20 fr.
i y. Loth.
pp. [67-168), les découvertes faites dans le camp de Hoftieim-
Nassau et publiées par E. Ritterling (Dus Frùhrômische Lager
bei Hofheim in Ta 11 nus, Wiesbaden, 191 3) donnent une base
chronologique plus précise. Ce camp militaire fut fondé en
l'an 40 sous Claude et ne fut occupé par les Légions romaines
que pendant 20 ans, de l'an 40 à 60. Or, on y a trouvé de
nombreuses poteries gallo-romaines qui proviennent presque
toutes de la Graufesenquc. Parmi les estampilles de vases
figurent les noms de 17 potiers mentionnés sur les graffites
publiés par Hermet.
Par la finesse et le bon goût du décor, ajoute Hermet, tous
ces vases portent le cachet de la période de splendeur de la céra-
mique rutène (de l'an 40 à 60). Cependant le style des pro-
duits de Germanus, Meddillus, Vitalis accuse plutôt la période
de transition de 60 à 80.
L'auteur a fait en outre une constatation importante : tous
ces graffites sont de la même époque à peu près. En effet les
graffites de 1 à 26 inclusivement, les n os 30 et 32, ont été trou-
vés au même endroit et ait même niveau dans un espace très
réduit de 3 à 4 mètres carrés. Ce sont les mêmes noms de potiers
qui reviennent sur ces tablettes. Les autres graffites ont été
rencontrés à quelque distance des premiers, mais doivent être
de la même époque ou n'être guère postérieurs, comme le
démontrent certains noms de potiers qui se trouvent à la fois
sur les deux séries. La langue est également la même.
L'abbé Hermet a rendu à l'archéologie et aux études cel-
tiques un service inappréciable par la publication de l'ouvrage
qui donne le résultat de ses fouilles et l'étude détaillée qui
l'accompagne.
Déchelette avait signalé ' parmi les objets les plus curieux
et les plus imprévus exhumés du sol, les graffites qu'il connais-
sait de la Graufesenque. Tracés sur de simples assiettes, ils
constituaient de précieux documents. « Ce sont des pièces de
comptabilité où nous retrouverons les noms de plusieurs
ouvriers connus d'autre part par de nombreuses estampilles. »
Reprises en 1906, sous la direction de l'abbé Hermet, les
1. Vases ornés, I, p. 66.
Les Graffites gaulois de la Graufesenque. 5
fouilles ont donné une nouvelle série de gratines semblables,
mais plus nombreuse et plus importante. Elle comprend
36 grattites parmi lesquels 25 sont complets ou à peu pri
ces 25 graffites complets s'ajoutent 9 petits fragments du même
genre, un petit graffite (n° 36) qui n'est pas un compte de
potier, et enfin le n° 30, qui n'est pas non plus un compte de
potier. Ce dernier est tracé à l'extérieur avant cuisson. Les
autres sont tracés à la pointe sèche après cuisson. Les graffites
sont tracés pour la plupart sur des fonds d'assiettes, dont le
diamètre varie entre 12 et 14 centimètres ; 4 seulement sont
écrits sur des plats de dimensions plus considérables (diamètre
de 22 à 24 centimètres). Parmi les assiettes, 20 portent impri-
mée, avant cuisson, l'estampille du potier Castus, 2 celle de
MARTi(alis), une celle d'ALBUS ; deux plats sont estampillés
du nom de Germanus ; un troisième porte la marque de
Modestus.
Les assiettes portent à l'extérieur, tracée après cuisson, une
marque qui est tantôt une sorte de croix, tantôt un oiseau des-
siné d'une façon sommaire.
L'abbé Hermet donne pour chaque graffite la reproduction
photographique et en face la transcription. Il a distingué les
graffites par des numéros d'ordre placés en tête de la transcrip-
tion. Le nom entre parenthèses, à côté du numéro, est celui
du potier dont le nom est estampillé sur l'assiette portant
chaque graffite. Les chiffres qu'on lit à la gauche de chaque
ligne ne figurent pas sur les graffites. Ils ont été ajoutés par
l'auteur, en vue de faciliter les références.
Dans l'ensemble, chaque graffite présente quatre parties : la
i re donne les noms des potiers ; la 2 e de gauche à droite,
après chaque nom, les noms des vases fabriqués ; puis l'indi-
cation, sporadiquement, de la capacité et toujours en chiffres
romains le nombre des vases fabriqués. L'abbé Hermet a en con-
séquence, divisé sa transcription, en quatre colonnes rectilignes,
tandis que naturellement l'inscription épouse les contours des
fonds de vases ou d'assiettes. Ce n'est pas sans inconvénient,
car il arrive assez souvent que des mots qui se suivent immé-
diatement sur l'original, sont ainsi séparés. J'ai adopté l'or-
donnancement de l'abbé Hermet qui a l'avantage d'être plus
6 /. Lotb.
clair, mais j'indique en noie, la situation des mots sur la pho-
tographie, quand le' sens y est intéressé.
Les graffites écrits sur fonds d'assiettes sont simples ;
quelques-uns tracés sur fonds de grands vases sont doubles,
comme les pages d'un livre à deux colonnes ; après une pre-
mière série placée à gauche, donnant les noms des potiers et
de leurs produits, il v a à droite sur la même tablette, une
seconde rangée de noms de potiers et de vases : c'est le cas des
graffites 27, 29.
En règle générale, l'intérieur seul de l'assiette ou du plat
présente des graffites ; legraffïte 38-39 fait exception : le revers
du plat porte aussi quelques lignes de comptabilité (n° 39).
« De même, le tout petit fragment (n° 25) porte au revers le
chiffre XXXI1IIDCXXV, presque identique au chiffre de l'in-
térieur XXX1II1DXXV. Le fragment est tellement petit qu'on
ne peut déterminer si la partie manquante portait des notes de
comptabilité différentes de. celles de l'intérieur « ou bien si ce
chiffre XXXIIIIDCCXXY n'était qu'un amusement insignifiant
du scribe. »
L'écriture est une cursive d'une lecture parfois pénible. On
peut distinguer plusieurs [mains, trois, m'a-t-il semblé. Le
seul caractère particulier est un à minuscule, barré. L'abbé
Hermet l'a figuré par un thêta ou deux quand le caractère est
double. Je le représente par d barré qui s'en rapproche sensi-
blement, surtout au graffite 9. Ailleurs on pourrait presque
lire G, ce qui serait inexact. Dans la quatrième colonne paraît
fréquemment un d majuscule barré, qui indique le nombre 500 ;
je le figure comme l'autre. Les mots, abrégés ou non, sont
régulièrement suivis d'un point.
Comme il est très désirable que les celtistes aient, le plus
tôt possible, ces curieux documents sous les yeux, je repro-
duis les transcriptions de l'abbé Hermet, après une première
et rapide comparaison avec la reproduction photogra-
phique.
En tête de la plupart des graffites complets, au-dessus des
noms de potiers, on remarque///^ ou tudâos, suivi du nombre
ordinal. L'abbé Hermet l'a pris pour un nom de potier, tan-
dis que c'est un terme de la langue commune, qui sera dis-
Les Graffites gaulois de lu Graufesenque. 7
cuté après la transcription. Il en a été de même des nombres
ordinaux. L'erreur était excusable chez un non-celtiste.
G. Dottin qui a eu avant Vendryes et moi communica-
tion de la brochure de l'abbé Hermet, n'a pas eu de peine à
reconnaître les 10 premiers nombres ordinaux gaulois ; car
comme il me l'a lui-même écrit, ils crevait les yeux.
L'abbé Hermet a eu l'heureuse idée de reproduire après les
graffites nouveaux (n os 1 à 36), ceux qui ont été publiés en
1904 (n os 37 à 41), ainsi que les deux publiés par Héron de
Villefosse et après lui par Déchelette : il a voulu donner dans
un même fascicule l'ensemble des graffites de la Graufesenque.
PREMIÈRE PARTIE
Transcription des Graffites.
N° 1 (Marti).
1 tudos svexos '
2 polos 2
3 castos
4
5
6 albanos
7 masvetos
8 secundos 4
9 ario s
1. Le vase étant ovale et rétréci au sommet, tudos svexos forment en
tête une seule ligne.
2. Polos et castos sont suivis sur la même ligne de S. et du nombre
des vases.
3. broci, viutiri sont sous castos.
4. secundos est suivi sans intervalle de S = CL.
5. ario commence la ligne, mais il v a une cassure. La liste des potiers
de l'abbé Cérès publiée par l'abbé Vialettes, porte Dario (Mém. Soc.
Avevron, t. XV, p. 1 1). Cf. moy.-irl. Ddire.
S = ecc
= = ce
broci 5
XXX
vinari
L
panna
S = M
pann
S= dL
S= CL
triatali
s = ce
io tritos. duci. deprosagi
1 1
12 COtUtOS
i j cervesa
14 privatos
15 vinoulus
16 vinoulus. duci. cosoi
1 7 masvetos
/. Loi h.
toni Iclix
catilli
catili
catili
paraxidi
paraxidi
paraxidi
acitabli
IHId
MMCCL
dCC
MMMdCCCL
MCML
MdCL .
VIII
N° 2(of Casti).
I
tudos naumet... 2
2
canastri
1
mortari
4
mortari
5
canastri
6
albanos
panna
7
masvetos
panna
8
felix
catili
9
cotutos «
10
masvetos
catili
11
deprosagi
paraxidi
12
tritos. duci vinoulus.
licvias
1 3
masvetos
acitabli
s=cxxx
s = ccc
= = ccc
= = CCL
S = MCCL
S — CCL
Md
MCCC catili
dCC
MMdL
XMCM
Vlld
N° 3 (of Casti).
1 tudos 5
2 masvetos
can..
1 . C'est le manque de place qui a empêché de donner sur La même ligne le
nombre de catili attribué aux cinq potiers ; catili commence la ligne
suivante (1 1).
2. Hermet transcrit namet(ps). Je remarque un petit intervalle entre naet
me. .t. : il y a place pour une lettre ; tuâos na : met... forment une seule
ligne.
3. Les canastri commencent les lignes.
4. Cotutos est suivi immédiatement du chiffre suivi lui de catili.
5. tudos est suivi d'un petit trait; ensuite on aperçoit le reste d'une lettre,
puis un trait, après lequel quelques lettres à moitié effacées.
Les Graffites gaulois de la Graufesenque.
= = c.
= =cc
S = CL
LV
S= M
C
S = cxv
vc
vcc
MCM
V_
HXd
5
et '
canas
4
mortari
5
masvetos.
morta . .
6
pedalis
7
pannas
8
vinari.
9
inbratari
10
triti. privati.
licvias
1 1
felix. scota.
catili
12
summacos.
catili
13
masvetos.
paraxidi
M
masveto
acita
N° 4 (C )•
I
4
2
. . .prosagi 5
3
deprosagi
4
deprosagi
5
masvetos
6
7
masvetos
8
9
10
privatos
1 1
tritos
12
M
terti
mortari
pedali
catili
mortari
rostrati
rostrati "
vinari
pannas
imbratari.
licvias :
catili
catili duprosopi
catili
privatos
L...
= =C
= = cc
s = ccx
= = CXXI
CL
S == MdL
C
ce
CCML
dC
dCL
1. et co.ti.nence la ligne et est pour eti, qui est fréquent. C'est une
co.ij. gauloise au sens de et, et encore : Cotutos, canastri C et encore
canastri CC.
2. mortari commence la ligne.
3. pedalis, patinas, vinaria, inbratari commencent la ligne.
4. Le haur du vase est cassé, mortari commence l'inscription.
5. La cassure a enlevé de.
6. rostrati commence la ligne, de même que pannas (i. 8), inbratari
(1. 9), catili (1. 12), mortari (1. 17), duprosopi (1. 18), acitàbli (1. 19).
7. Hermet transcrit lieras ; je lis sur les photographies licvias.
to
/. Loth.
i | scota
1 5 privatos
16 lousios
'7
18
19
catili
MdC
licvias
S = VlICd
paraxidi
MdL
mortari.
ccc
duprosopi
M.
acitabli
HXd
N° 5 (Casti).
tud . . . l
cornutos
9
3
canastri
CCC
4
pedalis
xc
5
vinari
ce
6
mortari
cxxv
7
morta
=, = c
S
pannias -
S = dCCCL
9
atramita
CCLX
10 scota. duci
felix
catili
Vd
1 1 trito. duci.
privatos
licuias
VIICC
12 deprosagi 5
paraxidi
MMd
1 3 masvetos
paraxi
MMMdCC
M
acitabli 4
IX
N° 6 (Casti).
1 tuddos s VIIII
2
pannas
S = MCC
1. tud est au-dessus de u de Cornutos; le reste de titâos est enlevé par
la cassure.
2. La présence de i n'est pas sûre, la lettre est trouble, on dirait une
lettre effacée.
3. Pour deprosagi, on peut hésiter ici entre c et g.
4. canastri (3), pedalis (4), vinari (5), mortari (6), morta (7), pannias (8),
atramita (g), acitabli (10), commencent la ligne.
5. tuddos est au-dessus de pannas; tuddos VIIII forment une ligne.
Pannas, catilus, bedalis, catilus, nior., mor.,vinaria, commencent la ligne:
pour catilus voir Gr. 40.
Les
G r affiles
gaulois tlf la
Grau fesenq uc. \ 1
3
catilus
s=cxxx
4
pedalis
LV
5
catilus
= = cccxxx
6
mor.
s= ce
7
mor.
: = C
8
vinaria
LXXX
9 tecci
catili
Ild
io felix
catili
IIII CI.
1 1 deprosagilos
parasidi
IIICCCL
12 masvetos
parasidi
VdCCC
13 privatos
lievas
VIICCCCL
14 masvetos
acitabli
VHId
15 summa
vxs.
Sf° 7 (casti) :
XXXIIId
OI '
1 tudos ; decametos
2
canas.
S = CCCXXX
3
canastri.
= = CCLX
4
morta.
===== XXX
5
canas-pedali
cxx
6
mortari
S = CXXX
7
vinari
= cx
8
pannis 4
S== M
9
inbratari
S = L
10
atramitari
CL
r 1
lievias
= = CCC
12 felix. sco ta
catili
ivd
13 summacos
catili
MMdL
M
catili
cxx
1. Oi : on pourrait à l'envers lire to ?
2. Avertissement : les noms de vases commencent les lignes quand ils
ne sont pas précédés sur la même ligne de noms de portiers.
3. tudos decametos forment la première ligne; tudos est au-dessus de
canas, et decametos au-dessus de S = CCCXXX.
4. Hermetlit/wm/5 mais; parait improbable; la lettre douteuse ressemble
à e (w) : il peut y avoir faute du graveur.
1 2
J. Lolh,
i ) masveta
paraxi.
Vd
iG privatos. trito.
licv.
VCM
17
acitab.
IX
18
mortari-
■vxedi.
CCC
N° 8 (jo itsa3).
tudos ' pinpetos
;>
4
5
6
7
8
9
10
1 1
12
13
H
15
masvetos
Cotutos
eri, 2
Albanomoretoclatos.
masveta.
tritos.
masclos.
canastn
morta
mortari.
secv. pan.
pedali.
vinari.
catili. summaco.
paraxidi.
paraxidi.
acitabli
paraxidi
catili
S=CCCcotv.
S= CXL
= = CCCL
= = CCCXL
s=cccxxv
s...
xxc
cxx
MMdCC
MM
MMMCM
IX
d
ce
1 tuddos 3 petvar.
2
3
4
5
N° 9 (Casti).
can.
can. ped.
mor.
pan.
S = CCCL
XC
S = CCC
S= M
1. tudos est au-dessus du premier a de canastri et pinpetos au-dessus
de S = et les chiffres : ils forment une ligne.
2. eii est près du bord de l'assiette à gauche; de même graffite 1 1 où il
figure deux fois. Eti est suivi immédiatement toujours des noms de
vases .
3. Hermet lit pet un. La lettre qui suit est coupée par la cassure du vase.
Tuddos est au-dessus de S =.
Les Graffites gaulois de la Graufesenque.
'>
6
mor.
= ccc
7
cana.
= • = c
16'
8
vin. ped. CC
su m ma
yw/" 1
9 felix
cat.
MI))dCCC (4
aaaL
.800)
io summacos
cat.
MdCL 2
1 1 tritus
licuias.
I))M (6.000)
12 masvetus
par.
MMM
13 tritus
par.
MMCCC
M
atramentari CC
J)
acet.
I))MMMMd
'(9.500)
N°
10 (jO pSL'3).
1 Legitum 4 . . .
2 tvos oxtumetos >
3 vitalî
canast . .
S = CCXC
4 eti *
canastri
= =ccxx
5 cotutos.
morta
s = ccxx
6 eti
mor ta
... = cxc
7
pédale mos.
LX
8
vinari
9
atram.
10
inbrat 7 .
1 1
panas
S = dCCCL
12 trito-privato
licvia
cccxx
13
mortaria. vxedi.
cccxx
14 tritos-privatos
licyi
vue
1. Hermet met le chiffre 16 au-dessus de summa : ce serait la ligne 16.
Le bord du vase est cassé après a de summa.
2. Les chiffres de la ligne 9 et de la ligne 10 ne me paraissent pas sûrs.
3. La lecture de ces chiffres n'est pas sûre. Hermet a remarqué que
l'écriture de ce graffite diffère des autres surtout par la forme des a et des
d barrés.
4. Legitum. . . est en dehors, séparé de tvos par une des rainures du vase.
5. Hermet lit avec hésitation, oxtuannito ou oxtunnito: oxtumetos me
paraît certain. Tvos doit être pour tuJos.
6. eti n'est pas un mot fragmenté : lignes 4 et 6 eti commence la ligne,
suivi du nom du vase.
7. Il y a une lacune à droite après vinari (1. 8), atram. (9), inbrat (10).
1 1
./. /,.//'.
i ^ masvetos paraxi.
16 summaco. feli s(cot)a. cati.
17 sumaco. catili vx.
r8
aci
tabli
IIIUC
vice
CCXL
vmd
N° 11 ( )
I
Tucto. tr. '
2
Casidani.tri.
mort.
3
Agedilio. mater.
4
masvetos
canas.
5
eti 2
canast.
6
regenos
pe.
7
eti
mortari. pe.
S
atramitari
9
mortari
10
eti
mort.
1 1
masvetos
panias
12
tritos-privatos
licvias.
13
masvetos
paraxidi
M
tritos-priva.
parax.
15
deprosagi. feiix
paraxi.
1.6
catili. feli. depra.
J 7
terti
catili
18
acetabli
c
s==ccc
= ecc
XXXV
XIIX
CCCLXX
S = CL
= CL
S = dCCLXX
VIII
MM
MCd
MCCC ^
II1ICM
M^
1III
N° 12 (casti).
1 Tudos cintuxo 4
2 luxtodos. cassidanalone
le. ..tus 5
1. La cassure a enlevé le reste : probablement tritos ou tritios. Tudos
est au-dessus de n de casidani.
2. eti lignes 5, 7 et 10 commence la ligne et est immédiatement sui-
vi des noms de vases.
3. Le chiffre n'est pas apparent sur le cliché mais clair sur l'original
(Hermet).
4. Tuâos cintuxo forment une ligne ; ode cintuxo est atteint par la cassure.
5. Hermet propose Lentus : la lecture est très douteuse. Cassidanalone
contient Cassidano et Alone.
Les Graffites
gaulois de
la
G
'aufeseni
ue. i 5
3 cornuto
cana.
s== ce
4 eti '
triatali
= ce
5 eti
pedalis
LX
6 Albanus
panna.
ML
7 Icola-felix-sumaco.
catili
XCCC
8 privatos.
tritos
licvias
IXdCCC
9
paraxidi
cccc
10
acitahli
Tx
N° 13 (of Casti).
1 Tuddos. vi- 2
2
catinos
S = CCCCLX
4
catinos
catinos pédales
= = ce
c
5
b
7 . . . stos
8
9
10
vinaria
pannas
catili
catili
....li
; . . tili
c
S=MCMXXX
MdCL
MMMCC
MCCCL
CL
11 ... s
12 ... os
13 ...
parasidi
parasidi
parasidi
IIIdCCCL
MCCCC
MMMCC
14 ... s
acitahli
Xd
N° 14 (Casti).
1 mas ; . .
2 albanos
pann.
1. Ici aussi eti commence la ligne et est suivi du nom de vase.
. 2. L'assiette est fragmentée, vi arrive à l'extrémité ; le trait est marqué
après vi-.
3. Le haut du vase a disparu ; mas est même atteint.
i6
./. Loth.
; masvetos
pan 11.
1 eti masvetos
vinari
5 statilos
mortari
S = ccx
6 masvetos
mortari
S = LXX
y stamulos
mortari
= ce
8 ... mulo
julianas
c
9 ... x. ducî. scota
catili
vecccL
io ... si
par...
MCCdL
I i cotutos
parax.
MM
12 tritos
licvias
VICM
13 eti. ' tritos
parasidi
M
14 masveto
acitabli
VIII
1 5 masveta
mortari-vxedi.
ce
N° 15 (Casti).
1 tuctos sextametos 2
2 cassidanno '
montanos.
3 a] gedilli 4
canastri
S = cccxx
4
canastri
= = CCL
5
pannas
S= dC
6
vinari
xxc
7
pedalis
LX
8
lievia
S = LXX
9
mortari
S = CL
10
mortari
= ce
11 felix
catilli
LUI
12 masvetos
catilli
dCL
13 ... itos
LXXXII liev
14 ... gios >
par. . .
15 s
acita
1. Ici encore eti commence la ligne.
2. Tiulos sextametos forme la première ligne.
3. Cassidano montanos atteint l'extrémité du vase qui est brisé à droite.
4. Hermet rétablit agedilli : le vase est coupé avant g.
5. Ce qui précède gios est effacé ; de même pour s, ligne j 5.
Ls Grafjites gaulois de la Graufesenque.
n
X° iG (Casti).
i s. alos lv. tos '
2 iegitumu.
4
5
6
9 ■
. . ras
10 .
. .atos.
1 1 .
. . tos.
12
13 •
. . macos
felix
a
ali.
morta .
morta .
vinari,
canastri.
panni
licvias.
paraxidi.
...bli
catili
S = CCLXX
LX
S = CCXX
= CL
CL
CC
M
VIII
VCL
X
X° 17 (Casti).
allos 2 = casidano
2 .
ontano.
agedilios
3 us
canastri
s = ecc
4 tos
pedali
LV
5
pedali
S = XX
6
. . .onari pe.
L
7 s
to
CC
8
9
mor
CL
CL
1. Une partie notable du vase est enlevée. La première lettre qu'on ren-
contre parait être s. Commente paraît être le nombre ordinal, on peut avec
vraisemblance, voir dans la première -s, le reste de tuâos. Lu: tos est luxtos
qui se trouve graffite 23 après le nombre ordinal.
2. La ligne commence à allos; il y a cassure des deux côtés du vase. Il
•est très probable qu'ici comme dans le graffite précédent, tuâos précédait le
nombre ordinal. Deux traits séparent allos de casidano. Ce dernier mot esta
l'extrémité de la ligue et est même entamé. Toute la partie gauche du
vase est entamée, il y a une partie manquante (effacée) entre s to, CC, CL,
CL, et mari.
Revue Celtique. XLI. 2
I o
I I
12 tO
14 osagi.
1 5 xidi exan
16
J. Lotb.
vinari '
atramit,
licvia.
catili
C
cccxxv
VdCCCC
MMd
vice
[I<
N° 18 (of. Casti).
1
2
->
;>
4
5
6
7
8
9
10
1 1
catinos 3
pédales
catinos
pannas
mortaria
pannas
vinaria
mortaria
catilus
. .atilus
. . .tilu
S = cccc
LX
= =CLXXV
S= CCC
S-=C
S = CCV
LXXV
"ÏÏÏI
N° 19 (jo iisbd).
1 os. p
3 irtilos 4
catilus
s = ccxx
= — cccxxx
1 . Vinari me paraît plus probable que (î)enari entre lesquels Hermet
hésite .
2. Exan rappelle exandecotti.
3. L'inscription commence avec les noms de vases, en raison de la dis-
parition de la partie du vase qui devait donner les noms des potiers. Cepen-
dant il restait suffisamment de place pour qu'on en retrouvât quelques
lettres : il n'y en a pas trace. Pour catilus, voir Gr. 40 ; 1. 10, je lirais
catil ux.
4. Le vase est fragmenté à gauche. Il est facile de retrouver dans le
Les Gr
affiles
gaulois de
la
Graufesem
\ue. 19
4 reçu nd os
m or.
S=CCCLXXXV
5 recundos
mor
cccc
6 asvetos
vinareus,
•
-. Gr
• 19)-
cccxxv
7 recundos
pedalis
CLXV
8 lciv
licvas
— = cxxx
9 lciv
licvas
s = cc
io svetos
pannas
S = dCCCLXV
ii lix
catili
VldC
12 lciv
catili
MdC
13 svetos
catili
c
14 vetos
parasidi
VlIdCCC
1 5 prosagilos
parasidi
dCC
16 asvetos
mor. vxs
ccc
17 masvetos
acitabli
V
18 summa ' vxs.
XXXCCL
N°2o(of Casti).
1 tudos petvar. 2
2 erecus
3 rtari vere.
4 lis vere.
5 ano.panis
6 riantalis 5 . vere.
7 mortari
8 asati. mortari
9 tritos.
10 masvetos.
1 1
12 felix
canas.
martalos
licvias
pultari
duprosopi
catili
s = ccxxx
S = CCL
CX
S = MCL
==ccxxx
= = ce
xc
= = cc
dCC
ML
MMMCCC
nom des potiers : rerecundos, malciu, masvetos, deprosagilos ; ce qui pou-
vait être au-dessus de os. p. est effacé.
1. vxs. suit immédiatement summa.
2. Hermet lit petuan : petuar me paraît sûr ; on voit après r un reste de
lettre.
3. La photographie est floue pour r. Nul doute qu'il ne faille lire trian-
tahs .
20
/. Loth.
1 3 tritos
catili
MCCL
1 1
mortari. vx.
ccc
1 5 tritos
licvias. vx.
MMCdL
16 primos
licvias. vx.
MMdL
17 macer
licvias. vx.
CCC
18 masvetos
licvias. vx.
MMCC
19 lovsios
paraxidi
MMd
20 primo
paraxidi
CCC
2 1 masvetos
paraxidi
MCd
22 masvetos
IX
23 verecun.
licvias
=
N° 21 (iO US1T)).
r tuddos. VI !
2
catinos
s = ce
3
catinos
=== ce
4 cotutos
mortari
5 masvetos
pedalis
LV
6 masvetos
mor. pedalis
LXXX
7 albanos
pannas
S = CCCC
8 masvetos
pannas
S = CCL
9 masvetos
inbrataria
S = CCL
10 privatos
licvias
= = ccc
1 1 cotutos
mor.
s = ce
12 lix
catili
IIIdCL
13 vmmacos
catili
MdCCCCL
14 masvetos
catili
ce
15 tritos
parasidi
Vlld
ré masvetos
parasidi
nid
17 masvetos
acitabli
IX
18 vxs 2
XXVIII d
1. tuââos. vi-. Le trait est net après vi- ; ils forment la première ligne.
2. Il y a une cassure avant vxs.. Le chiffre suit immédiatement.
Les Graffites gaulois de la Graufesenqtn
21
N° 22 (Marti).
I • tu
os
2 malso . . .
3 cornutos
S = MCCC
u
4 albanos
P-
u
5 masvetos
p.. .a
S = CCCC
6
triata: is canastri
= == ccc
. ~z
7 deprosagi.
licvias
CL
1/5 zi
c Î4
8 secundus
mortari
S = CCL
9 eti
triatalis mortari
CCXL
. — 1 X
rt u
io albinus
vinari
C
1 1 cervesa
catili
MCC
11
12 cotutos
catili
MLXXX
13 castos
catili
MCL
C-
14 tritos.duci
.felix
catili
MMCM
C -
es ri
1 5 deprosagi
paraxidi
MMdL
16 vinovlus.duca.
privato'-paraxi.
MMMCCC
17 eti
licvias
MdL
18 cotu.
licvias
DC
19
acitabli
VIII
1 autagiscintux 4
2
3 verecundos
4 eti
N° 23 (Casti) ; .
xxc
tudosdecametos luxtos
canastri S =d
pedalis CX
1. Hermet lit tu. . .os. Os est clair mais à une bonne distance du début
de la ligne. La photographie est très floue là où Hermet lit tu ; il y a une
forte cassure intérieure après. En revanche, à gauche du /, il semble qu'il y
ait oc.
2. Ces deux lignes commencent à la hauteur du chiffre MMCM et
se prolongent au-dessus jusqu'à MCCC.
3. Ce graffite appartenait à M. Rev.
4. Une note de Hermet nous apprend que avtagis est très net sur
l'original, quoique illisible sur le cliché par suite d'un reflet de lumière :
cintiix XXC pourrait aussi se lire cintu XXXC. Autagis cintux est séparé de
ce qui suit par une ligne circulaire.
22
./. Loth.
5 et] canastri
6 albanos. panîas
7 albanos. vinari
8 summacos. catili
9 felix. scota catili
io tritos. privatos paraxi
1 1 deprosagi. paraxidi
12 masvetos. acitabli
MXXO) '
d
MMCdLX
ycc
VdL
MMdC
IX d
i tudos c . . . . 5
2 ucanus
3 dalis verecundos
4
5 ecundo
6 erecundo
7
8 anos
9 civ
io ix scota
1 1 acos
12 etos
13
14 etos 5
1 5 privatos
N° 24 (Casti)
mortari 4
= = mor.
= = canas.
ari peda.
panias
licvias
catili
catili
paraxidi
. . .axidi
acitabli
N° 25
S = ccxxc
ccc
ccx
ccxv
S = M
= = cc
IIICM
MMdL
MMC
MCC
VIII
IXd
1 summa XXXIIIIdXXV
2 vxedia 6
à l'extérieur, on lit XXXIIIIdCXXV
1. J'aperçois après X quelque chose qui ressemble' à v ou x mais cette
lettre est suivie d'un — ; puis après on aperçoit une lettre très effacée.
2. Graffite Artières.
3. C . .dont la suite est coupée suit immédiatement tudos.
4. mortari commence la ligne.
5. On peut aussi lire itos. A gauche, depuis ucanus le vase est cassé
jusqu'à privatos.
6. Il y a une majuscule initiale ; le mot commence sous m de summa.
Les Graffites gaulois de la Graufesenque.
N° 26 »
= buxe 2
S
= = c
S= LX
C
elados 5
panias CCL
albanos
panias
23
1 ac.
N° 27
sur fond de plat signé of germa
(Graffite à deux colonnes).
2 circos a. . .
3 tos
4 ili MMMCCL
5 lenari 4 CCC
1 1 ca ;
12 alba
6 acitabli. strogia d
13 panias
7 panias dXL
14 silvinos
8 coros paroxe MMdCCL
15 pan
16 mort.
1 . Note de l'abbé Hermet : « Graffite avant été égaré n'a pu être repro-
duit photographiquement. Sur le cliché on a oublié les points indiquant la
cassure comme aussi sur la transcription. »
2. La première lettre pourrait être a ou r.
3. Hermet suppose celados, nom de potier ; on trouve son estampille sur
•des poteries : celadi m.
4. / est une majuscule. Il y a une cassure partant à gauche de ci\
-s'arrètant au-dessus de Lenari.
5. Ca est à la hauteur de ili ; alba est en face de coros. La ligne 15 est
en face de la dernière ligne de la i re colonne.
2.) /. Loth.
9 malciv 17 licv.
10 catili CdXLV 18 pan.
N° 28 (fragment de plat)
1 carilos
2 paroxed. prina. huxi '
3 juliani dCXL
4 evipalini CdX
5 carilos. prini...
6 paroxe. dCC
7 paroxe.
8 paroxe
N° 29 (fragment de plat)
1 catili
2 fronev 2
3 mortari S = C
4 mortari = = CCC
5 pedali L 8 carilo
6 civ 3 9 paroxe
7 abli MMMdc 10 parox.
N° 30 [Aljbus fe)
1 tuddos. IX. 4
2 tili S = CCC
1. La photographie est trop obscure pour que Ton puisse lire bnxi.
Hennet dit en note que lignes 2 et 5 on pourrait lire brina et brin, mais le
graffiste 40 ligne 23 porte nette ment prinas : ce qui est décisif.
2. La première lettre de ce nom est douteuse, on pourrait penser àfrontu,
mais le c est net.
3. Hermet suppose malciv ; à la ligne suivante, évidemment abli est le
reste de acitàbli.
4. Plus de la moitié du fond du plat est enlevée à gauche. Les chiffres,
commencent la ligne à partir de la ligne 4.
3 lis
4
5
6
7
8
9
io
Les Graffites gaulois de la Graufesenque. 2>
CL
S = CCXXX
= = CCCLXXX
= = ccccc
S =- dCL
CCL
...cccc
...ce
N° 31
1 danvs '
2 lli bipros • M
3 ni = =CCCL
I
tv ; .
2
corn
5
eti 4
4
5
6
eti
ma
ma
7 ma
8 m.
\ T ° 32
N° 33
1 V. >
2 rtari é CCC
3 iIïdLXX-
1. Hermet lit donus et rétablit caldonus d'après la liste Cércs ?
2. On peut lire bitros} ; le b n'est pas sur.
3. Tu se trouve à la fin devant la cassure, au-dessus du m de coin.
4. Les deux eti commencent la ligne ; la cassure a enlevé ce qui suivait
ma. . . m...
5. On distingue vaguement, v mais il y a des deux côtés des signes illi
sibles.
6. Douteux.
7. Le chiffre III ne paraît pas sur le cliché mais il est sûr (Hermet).
26 /. Loih.
N° 34'
i ace ou occ
2 MCC ca
3 tinos fr
4 nari CCC pa.
i trit 2
2 sennilo
3 tvm ?
ancani luntus
ris tecuan.boebo
tidrus trianis
i fuscus
2 malcio.
3 eti can.
4 felix.
5 momo ca.
6 eti vinar.
7 eti acet .
8 cosoius par c.
9 lousius par. . â
to cornutus par.
1 1 vacaca par
N° 35
N° 36
N° 3 *
1. Comme le constate Hermet, le cliché est très flou, mais d'après lui,
la transcription des deux dernières lignes est certaine. Sous ca, Hermet
place M ?
2. Le cliché, en exceptant trit, est illisible.
3. Ce cliché a été agrandi d'un tiers. La moitié du plat à droite est enle-
vée ainsi que le sommet au-dessus de fuscus.
Les Graffttes gaulois de la Graufesenqi
i augustas
2 s.
3 vsus.
4
5
6 asidi
7 parasidi
8 parasidi
9 catili
io catili
1 1 tios catili
12 lios catili
13 magiv catili. .
14 Qutos cat. . .
1 5 primigen.
16 mommo pa '.
17 svxsed 2
N° 38.
cxx
ccc
s = ce
CCL
mccL
vc
dC
MCCCC
I1II
cccc
MCC
V1III
1 atticos ca
2 agio cat.
3 corn|v]tos cati.
4 illios catili
N° 39 ">.
X
N° 40 of G(ermani).
XIIII
S = CCCCL
1. Il y a cassure depuis ligne 1 jusqu'à magiu ; après augustas, comme
après tous les noms de vases, il devait v avoir un chiffre, mais rien de clair
n'apparaît.
2. Le photographe ne permet pas de décider si 5 est séparé par des points
ou un autre signe de vxsed.
3. Ce graffite est placé au revers du tesson qui porte le grafrîte 38.
28
J. Loth.
3
= dCXXX
1 os pannas
S = M
5 s pannas
S = CCL
6 vetos pannas
S = CCC
y pannas
S = cccc
8 cos mortar
vs
S = L = = CC
9 ra catili. vs
ce
io (g)enialis. c
atili. us
dL
i i panos. catili
. us
CCCL
12 vs catili. us
ecc
13 scus. catili.
bol.
nid
1 4 ca . . . . bol
CL
1 5 bol
CL
ié ...
dL catilli
17 bol.
CCC moes
18 bol.
dL
19 bol.
dCCCd
20. . .
dC
21 r
22 1
au revers
prinas sibu ?
tu tuddus
Décbelette et Hermet ont lu : 1. 8 mortarus. Comme le
fait remarquer avec raison O. Bobn (Eine Tôpferrechnung aus
Blichueiler in der Westpfal- p. 67. Korrespondenzblatt der
Rômisch-German. Kommission des Deutsch. Arch. Inst.
1923, Heft 2, p. 64-67), dont mon collègue C. Jullian, me
communique l'article, le scribe connaissait mortaria ; mortarus
doit être lu mortarÇia) us. Bohn, avec hésitation dévelop-
perait us en usualcs : voir : DEUXIÈME PARTIE, p. 39 : Uxse-
dia, uxedia. VI 1. 9, 10, n, 12 est clairement une mauvaise
lecture pour us. Bol. que Décbelette avait lu dol mais Hermet
bol, est à développer en boletaria (Mart. XIX, 101 : terrines
pour légumes frais).
1. La photographie est en partie confuse. Le revers n'est pas photo-
graphié.
Les Grajfites gaulois de lu Graufesenque. 29
Pour le revers, mon collègue Vendryes propose, ce qui
me paraît sûr, de rattacher sibu à lu et de lire :
sibutu tuddus.
N° 41 (of modesti).
Duca parasidi
mjeddilos parasidi MCCC
|a]lbus morr. vxs. CL
N° 42.
1 ... nis tud
2 . . .s catinos
3 . . .s rostrat
4 sti senar
5 [primig] enius
. . .en
Ce graffite et le suivant ont été publiés dans le Bulletin
Arch. 1904 (t. I, p. 74) par M. l'abbé Hermet ; par M. Héron
de Villefosse dansle Bulletin delà Société des Antiquaires de France,
1882, 1884; par Déchelette, Vases ornés, t. I, p. 86, rïg. 61,
62. Je donne ici la lecture de Déchelette. Il n'a pas donné le
â de tud que rétablit l'abbé Hermet.
N°43.
rus incepit nanos
2 . . .os Sz
CCCL zz dCC
3 pannas Sz
ïïï
1III ce
. . .es
ecc
...Sd
...id
S CCCsext. CCL bissexti L
. . . .tem acetabula '.
1. Ce graffite est le seul latinisé, comme en témoigne incepit et acetabula .
$o /. Loth.
Les sigles ;;, s% du graffite 43 indiquent la contenance des
vases. Dans les autres graffites, on n'a que deux signes : S qui
vaut 8 onces ou les deux tiers du congé ou 2 litres 18 ; et = =
qui vaut 4 onces ou le tiers du congé, c'est-à-dire 1 litre 09.
D'après Déchelette ~~ représenterait 2 congés, et s%, un demi-
congé, parce que % est le sigle le plus usité du congé. Pour
Hermet -^ est l'équivalent du sigle ==(4 onces ou 1/3 de
congé), et £{ l'équivalent du signe S = 2/3 de congé. Il s'ap-
puie : i° sur YEpigraphie latine de Cagnat, (p. 33), d'après
laquelle, 2 onces sont représentées par = ou;; : 4 onces pou-
vaient donc être représentées par ~~ et 8 onces par s% ; 2° sur
l'analogie des 24 premiers graffites sur lesquels la contenance
des vases et en particulier des patinas est toujours = = et S =
un tiers ou 2 tiers du congé ; un dernier argument lui paraît
décisif. Si ~- signifiait 2 congés, on- aurait là des vases de la
contenance de 6 litres 56. Or Hermet n'a jamais rencontré à
la Graufesenque de vase sigillé d'une aussi grande capacité.
Les sigles indiquant la contenance sont placés après les noms
de vases. Il y a deux exceptions, n° 24, lignes 5 et 6 \
DEUXIÈME PARTIE
Le celtique des graffites.
I
TUDOS, TUDDOS et LES NOMBRES ORDINAUX. LUXTOS
UXSEDIA ETI — EXAX — FRAGMENT GAULOIS.
1. — Tudos, tuddos.
Sur tous les graffites représentant des comptes de potiers,
lorsqu'il n'y a pas de cassure au sommet ou que l'inscription
n'est pas effacée, tudos ou tuddos précède le nombre ordinal
Déchelette a négligé la barre sur les il ; je l'ai rétablie d'après la fig. 62. Il
a lu à la dernière ligne (i)tem, avec raison ; mais il a eu le tort de voir dans
eti le latin etiam pour item dans le graffite qui porte le n° 27 dans la bro-
chure de l'abbé Hermet.
1. Sur l'interprétation des sigles en question, voir O. Bohn, p. 67 :
Les Graffites gaulois de la Graufesenque. j i
(graffit. i, 2, 3, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 20. 21, 23,
24, 30, 42 (///<?). Sur le graffite 16, a/os-, sur le graffite 17,
allos, nombres ordinaux, eussent été sans doute précédés de ce
mot sans la cassure. Graffite 19 -os pe- sont les restes peut-être
de tudos et de petuar. Graffite 40 tu tuddus 1 n'a pas été photo-
graphié ; Graffite 10 ttios suivi de oxtumetos est sans doute
pour tudos; il y a là une faute du graveur. Legitum. nom de
potier, qui précède, en est séparé par un rebord du vase ; il
en est de même, graffite 23. pour Autagis cintuxo suivi d'un
nom de nombre 2 XX.
On peut affirmer qu'après tudos et le nombre ordinal, il n'y
avait ni noms de vases, ni nombres. Il n'y avait non plus, en
général, aucun mot à suivre le nombre ordinal 3 . Graffite 17 allos
(second) est suivi du nom de potier Cassidano, mais il en est
séparé par deux traits. Cependant graffite ié alos qui a sans
doute été précédé de tudos dont il reste s, est suivi immédia-
tement de lu[x]tos : aucun point ne les sépare. Il en est de
même graffite 23 : tudos decametos luxtos : voir p. 38 luxtos.
On peut se demander pourquoi on ne rencontre après tudos
qu'un des dix premiers nombres ordinaux. Si nous avions un
plus grand nombre de graffites intacts, il me paraît probable
qu'on en rencontrerait d'autres 4 . On peut supposer que vi après
tudos, graffites 13 et 21 est le commencement de vicantios ou d'une
forme gauloise de 20. Il y a un trait prononcé après:'/ 5 ;
cependant on peut y voir 6 en chiffres romains : graffite 6,
neuvième est exprimé par VIIII ; graffite 30, par IX ; ces noms de
nombres sont suivis d'un simple point. Le graffite 24 ne peut
permettre aucune interprétation semblable. Tudos est immé-
= = représente lesextans et SS, bina: sextulas. Déchclette lisant VI, l'avait
interprété par sextans.
1 . Le </ barré est remplacé par un </ ordinaire (Hermet, p. 78), à lire
sibutu tuddus : voir plus bas.
2. Autagis peut être un nom commun et non un nom de potier ou de
vase. Cintux qui le suit semble bien l'indiquer. C'est d'autant plus remar-
quable que 4a ligne après, mais séparé par un rebord ou rainure, on lit tudos
decametos luxtos ; on peut rapprocher peut-être d'autagis : Prasu-tagus, roi
des keni ; Ito-tagi (CIL. IV. 2451).
3. De plus, le rebord empêchait d'écrire le nombre ordinal in extenso.
4. Il est possible cependant que les états aient été établis par série de io>
chaque état portant sur un nombre très élevé de vases.
32 J. I.olh.
diatement suivi de c dont une cassure a enlevé le reste. Tuâos
étant toujours suivi d'un nombre ordinal, c ne peut être que
la première lettre de ce nombre, qui peut être cantios, cen-
tième, mais aussi cintuxos.
Comme chaque graffite constitue un compte donnant les
noms des potiers avec le nom et le nombre des vases fabriqués
par chacun d'eux, vases dont la contenance est assez souvent
indiquée, il est logique de conclure que tuâos, tuââos a le sens
général de compte collectif, sommaire du nombre des vases
fabriqués par chaque potier. Il ne peut évidemment être question
ici de jours, ni même de mois. Comme Déchelette en a fait la
remarque {Vases ornés, p. 92), les chifïresindiquant le nombre
de vases fabriqués sont souvent très élevés. Il est évident que
les états ont été établis pour une période assez longue. D'ail-
leurs les mots celtiques pour jour et mois sont connus.
D'après ce que nous savons de la valeur de â barré, ce
signe représente habituellement si {st indo-europ. et indo-
europ. /7), susceptible de devenir îs {Epolsorovidits, Sirona >
Dirona, {*Stirona), Meââillus, MsôOtX/vcç, Medsillus '.
Dans les inscriptions en caractères grecs, il est représenté
par deux thêta. Il paraît se résoudre généralement en deux
ss : Aââedomaros , Assedomaros ; Caraddouna, Carassounus ; Ted-
âignius, Tessignius; Meââulus, Messulus; VeliocaBi, Veliocasses;
Redsomarus, Ressimarus etc. En néo-brittonique, en gallois,
comique et breton, il semble que les scribes aient toujours
eu quelque difficulté à représenter le son t-s : t suivi en vieux-
celtique d'une voyelle et .y = ss vieux-celtique et s latin
(J. Loth, Contributions à l'étude des romans de la Table Ronde,
pp. 24-27).
Sur le sens exact de tuâos, on ne peut que hasarder des
hypothèses. Tuâos peut remonter à *tustos, tutso-s =-- *ius-
-tos ou *lu-stos. Pour tus- j'aipensé au gotiqne ftûsùndi, vieux-
norr. fûsund, f. ags. ^>/te/zJ(thousand), vha. fM«m£ (tausend).
Les formes du v. norr. fûshund, ftûshundrad paraissent bien indi-
quer un composé avec le mot qui désigne cent 2 , (sur les dif-
1. Cf. Pedersen, Vergl. Gr., I, 532-533.
2. Mon collègue, Vendryes, a eu de son côté, sans avoir connu mon
hypothèse, l'idée du même rapprochement.
Les Graffites gaulois de m Grtiufesenque. 33
férentes étymologies de ces mots, voir Falk-Torp, Norw-dân.
Et. IV. à tiiscn, et notes additionnelles, p. 1369). On donne à
tus une force intensive. Tudos, tustos me semble avoir indiqué
une collection, un groupement, plutôt qu'une masse : voir luxtos.
Falk-Torp renvoient pour la même racine au dérivé tost, plante
(origanum vulgaré) qui a l'aspect d'une touffe. Le norvégien
dialectal tusta a le sens de touffe, petit faisceau. Quoiqu'il en
soit de la racine qui paraît être ///- enfler, (skr. lûla-, touffe),
tus- dans tudos adù avoir le sens collectif, comme il paraît l'avoir
aussi dans f>ûsundi (collection de centaines, masse de cents).
Le seul mot dans les langues néo-celtiques qui puisse s'y rap-
porter, est le gallois tusw, tuswy. petit faisceau, poignée, touffe
Tus dans tusiu suppose *tousto- l .
ExTRATUt/ paraît Graff. 22, ligne 21, en marge :
sioxti. albanos
panna. extratuâ CCC.
Sioxti rappelle le nom d'une ville de Uacie (Dacia ripen-
sis) : Xot. Dign. Or. : Tribunus cohortis secundorum reducutn
Siosta. Sioxti, peut-être pour Sioxtis indiquerait le nom d'ori-
gine d'Albanos. On trouve d'après l'abbé Hermet, sur les
poteries de Hofheim, dont un bon nombre vient de la Grau-
fesenque, le nom de potier Sext. Albanus ; le nom a pu être
latinisé, mais c'est plutôt le nom d'un autre potier, car Alba-
nus est assez commun. Le sens général du morceau parait
être, d'après l'analogie de la construction des autres graffitis:
Sioxli Albanos (des)parwa. (en) compte en dehors (extra-
compte) : trois cents. Il y a eu oubli du graveur et comme il
n'y avait plus de place sur le registre, comme on peut le cons-
tater sur la photographie, il a dû mettre en marge le compte
supplémentaire d'Albanos. Celui-ci y figure d'ailleurs, ligne 4,
pour un nombre de p(anna) qu'une cassure a enlevé.
Il est certain que extratuâ ne forme qu'un seul mot d'après
les habitudes du scribe : il n'y a pas de point après extra. Il
ne me paraît pas sûr qu'il y ait dans extra- une influence
1. Cf. breton tossen, butte, monticule ; toss- = fûstà ':
Revue Celtique, XLI. 3
34 /• Loth.
latine. L'irlandais echtar en dehors, gallois eithr s'expliquent
par un vieux-celtique *ekstro. D'après l'exemple gaulois il
aurait existé une forme vraisemblablement adverbiale à l'ori-
gine, entrant en composition avec des noms. Y.-irl. echtar-
geinde, né d'ailleurs, alienigena '.
2. — Les nombres ordinaux.
Les noms de nombre sont au nominatif masc. sing. et s'ac-
cordent avec tuâos-
a) cintuxo(tudos),gr. 12; autagis cintux XXC, graffite 23.
Dans le second cas cintux est abrégé. Comme il est suivi
immédiatement de XXC, on peut se demander s'il faut lire,
cintu XXXC. Ciu lus est, en effet, un nom de potier (Schuerm.
1400 : Cintus fecit, ap. Holder, Altcclt. Spr.). Ce qui semble
bien indiquer dans le nom du graffite 23, un nom de potier,
c'est qu'il est suivi du chiffre indiquant le nombre de vases faits ;
autagis me paraît inconnu. Dans le graffite 12, il faut lire
cintuxos: s est enlevé par la cassure. Si on attribuait une valeur
étymologique à x, il faudrait supposer une métathèse de -sco :
cintuxos pour cintu-sco-s ; indo-eur.. centu-sco-s (irl. mod. céad,
ccud) ; mais il paraît très probable ou plutôt certain que x
représente deux ss, comme dans Alixie (inscription gauloise),
Alesia (César) ; de même Buxsus et Bttssus. Ce qui d'ailleurs
le confirme, ce sont les noms gavlois Cintussa (C. I. L. XIII,
6002 ; Ciutussi, au génitif (C. I. L. XIII, 120 14). Cintuxos
remonte à un vieux gaulois et vieux-brittonique ; cintu-sto-s,
c\. irl. moy. très, troisième = tri-sto-. L'irl. moyen cêius 2 ,
d'abord, tout d'abord, vraiment, remonterait à *centussû =
centustô. Cintussos (centu-stos) était une sorte de superlatif. Sa
valeur dans ce sens n'étant plus sentie lors de l'affaiblissement
des finales, les Brittons ontfaitsur cm/; un superlatif; le gallois
cyntaf = *cent-isamo (de cent-is-rrimo) : cintanio, eût donné en
1. Pour la formation d'extra, cf. skr. anya-tra, ailleurs.
2. On ne trouve que cetus sans signe de longueur sur e, mais cétus a dû
exister ; pour centu-, cf. irl. cet-, premier, mod. céad, ce'itd ; gall. cynt, bret.
kent, avant.
Les Graffites gaulois de la Graujesenque. ^5
mo yen-gallois cynhaj (breton kenta, moyen-bret. quentaff, cor-
nique kynsa).
Le changement de c bref en ï devant nasale -|- consonne
qu'on remarque en gallois, existe déjà en gaulois (cintuxos,
pinpetos). Si on a e en breton, c'est que i venant de e a suivi
le sort de ï bref vieux-celtique et indo-européen '.
/>) Alos, allos, deuxième : Granité 16 : s alos lu[x]tos; graf-
fite 17 : allos = casiddano
alos et allos ont été sûrement précédés de luclos, dont il reste
s final, graifite 16. Il faut lire a lias et allios. Je ne crois pas
qu'il y ait là une omission du potier : /, // étant sans
doute déjà mouillées, le graveur les prononçait ainsi et en con-
science s'est cru en règle en n'écrivant pas une lettre qui pour
lui était superflue. Le gallois eil, ail, (irl. aile, moderne eile,
autre 2 ) peut s'accommoder d'alios, mais non le breton eil (/
mouillé), comique eyll, yll, neyl, nyll (gallois llaill), comme
je l'ai montré dans la Revue Celtique : altos et allios ont pu
coexister (pour //cf. irl. moy. aill. . . ailî).
Alios se lit sur un vase trouvé à Civiglio, près de Corne,
sur remplacement d'une ancienne nécropole appelée \ isigna.
En 1878, l'inspecteur des monuments antiques, Vincenzo
Barelli y découvrit une tombe à environ r m. 20 au-dessous
du niveau du sol, renfermant six vases d'argile, façonnés au tour
et parmi eux une coupe ou gobelet de forme conique renversé.
11 était fait d'une terre noire, à vernis noir transparent, por-
tant sous la base une croix, deux cerfs, et aussi une inscrip-
tion en caractères nord-étrusques : alios. Les trouvailles sont
au Musée Civique à Corne. John Rhys signale cette décou-
verte dans ses : Celtic Inscriptions of Cisalpine Gaitl p. 42
(Proceedings of tbe British Academy,xo\. VI). lien rapproche le
gallois eil, ail ' second, qui l'embarrasse parce que alios, croit-
il, devrait donner alios, erreur aujourd'hui reconnue.
1. L'équivalent de cintussos se trouve, comme nom de potier, sur le graf-
fite 20 ; Primas, Primo.
2. En vieil irl. aile avec un substantif a aussi parfois le sens de second.
3. Il est remarquable que eil en moyen gallois signifie fis : Dylan cil
36 y. Lolh.
Il cite, avec raison, en revanche, à ce propos, Secandus qui
parait comme estampille de potier(CIL. VII. [336, 50; 1336;
1007-1016). Secundos, Secundus paraît aussi sur les graffites de
la Graufesenque (11° 1 . 22).
r) Trit :
Tritos apparaît fréquemment comme nom de potier ; graffite 3
(/////. Privai) | ;6(Trito-duci) ; ) ; 9(Tritus); 10 Trito-Priva-
tos ; 11 (Tritos-Privatos) ; 12 (Privatos- Tritos) ; i.| (Tri-
tos) ; 20 (Tritos); 21 (Tritos) ; 22 (Tritos) ; 23 (Tritos-Pri-
vatos 0; 35 (Trit.. .).
Comme noir, de nombre ordinal, on ne le trouve que
commence : iuâo tr . . . : il y a une cassure à r ; on ne peut
avec une absolue certitude reconstituer tritos. Il me paraît
même possible qu'il faille supposer tritios . En effet, graffite 3 5,
un nom de potier dont une partie est enlevée par la cassure se
termine en . . . lias. Or aucun nom de potier de la Graufe-
senque n'a cette terminaison (Scotius se trouve sur la liste
de l'abbé Vialettes). Une présomption grave en faveur de
tritios, c'est la parfaite concordance des noms de nombre
gaulois avec le brittonique. Or le gallois, comme le breton et
et le comique supposent tritios. Il est possible d'ailleurs qu'on
ait eu detix formes: tritos et tritios. Tertius, équivalent latin,
existe comme nom de potier (graffite 4, 11 lerti... 2 ).
d) Petuar(ios| : tuddos petuar. . . (gr. 9) ; tuâos petuar...
(gr. 20). Il y a une cassure enlevant ce qui suit r dont la
lecture me paraît certaine. Je n'hésite pas à reconstituer petua-
rios plutôt que petuaros ; cf. Petuaria (Ptol. 2. 3. 10) ; Not.
Dign. Imp. Occ..|o, 31 : praefectus numeri supervenientium
Petueriensinm, Derventione.
Tonn. L'irl. des Lois aile dans le sens de 2 jours peut s'expliquer comme le
comique neyll : le second dans le sens alternatif.
1. Les potiers sont souvent associés : triti-,
2. Le vieil irl. a le plus souvent tris(s) et aussi : très. Il n'est pas fléchi
devant un substantif. Le dat. Sg. triuss montre un thème cn-o. Le- plus pro-
bable est que tris a subi l'influence de tri (cf.Thurneysen, Gr., p. 236-237).
Pour tritios, ci', chez les Varduli, Tpt'xiov -o'j(3optxov (Ptol. 2, 6. 65)
Tiittia, déesse locale (à 'frets, arrond. d'Aix), CIL. XII. 255.
Les Graffites gaulois de ht Grau fesen que. 37
Le gallois pedweryâ. breton pevâre (pour pedware), comique
peswere = vieux-brittonique et gaulois petuario-. L'irlandais
cethramad, irl. moderne ceathramhadh a emprunté le suffixe
-ameto-s.
Le gaulois, en composition, employait peint- : petrudecameto,
quatorzième.
e) Pinpetos : tudos pinpetos :
Vieux-gallois pimphet, moyen-gall. pimhet, auj . pummed ;
breton pcmpel ; comique pympes ;v.-irl. côiced, irl. mod. cuigeadh.
Toutes ces formes néo-celtiques remontent à *q"enq"eto-s pour
indo-europ. penq u eto-s ; vieux-britt. et gaulois pinpetos (*pen-
peios) ; naturellement en nêo-britt. ;/ devant p est devenu m.
/) Svexos : tudos svexos.
Les langues néo-celtiques ont innové et adopté le suffixe
-elo-s : v. irl. seised, irl. mod. seiseadh ; gallois cbiveched =
*svexeto-s. Le comique moyen wheffes, breton c'houec'hvel ont
adoptéle suffixe ameto-s : whejfe<;= whechves.
g) Sextametos : tudos sextametos (gr. 15).
Le vieil-irl. sechtmad ; gallois, seithvet, seithved; breton sei-vet ;
comique moyen seythves = vieux-celtique sextamelo-s ; ce
nombre est tiré de sextam- avec le suffixe -eto-s. *sextam —
indo-europ. septm; à l'état indépendant septm adonné en brit-
tonique sextan (cf. Sextanmandui sur un autel de Rennes). De
même decametos repose sur decam- = àedekrn, devenu comme
mot indépendant en brittonique *decan. Le gallois moyen dec
mit, dix vaches pour dec uiba, montre l'influence de n final.
L'irlandais deich n — vieux-gaélique *decen. Dans sechtmad et
dechmad, on a une formation directe sur sextam-eto-s, decametos,
donnant en irl. comme en brittonique -am devant une voyelle.
/;) Oxtumeto(s) : tuos (sans doute pour tudos) oxtumeto.
L'abbé Hermet a lu : oxtuanito et oxtunnito. Les lettres après u
sont peu lisibles; n est certain. L'usage courant de octû (octo),
huit, aura empêché d'abord l'intrusion deametos ; cf. vieil-irl.
ochtmad : irl. mod. ochtmhadh ; gallois wythved ; breton éi^yet 1 .
1. On ne trouve pas en comique moyen le nombre huitième. Llwyd
donne une forme moderne eathas : etbas : -as = et.
j 8 /. Loi h.
Ces mots peuvent remonter koxtumetos ou oxtnmetos. Le nombre
cardinal était <v/// (of/o), ce qui explique la forme bretonne <v~,
vannetais (•■7) : // long final sorti de ç long exerce, en effet, le
même effet que /long final, c'est-à-dire peut amener o à <\
Nul doute, si le gaulois avait vécu, que -ametos n'eût prévalu et
qu'on eût eu : oyjamelos.
i) Naumet(os), tudos naumetos (gr. 2).
La cassure a enlevé ce qui suit /. L'abbé Hermet a lu
nametos. Or a n'est pas ouvert par le bas, ce qui est la règle,
mais fermé : il y a là une lettre conjuguée, et, de plus il
existe un petit intervalle entre a et /// sur la reproduction
photographique, je n'hésite pas à lire naumetos ; naumetos
serait pour *naû(a)metos : ci. sextametos decametos. Le vieil et
moyen irl. nômad, moderne naomhadh ; gallois naivved, breton
naovet remontent à naumetos, goidélique noumetos. Le vieil
irl. nôi-n-, moderne naoi = vieux goidélique nouai; irl. m, //,
évoluent en vieux-goidélique en -au, -ai, puis en vieil irl.,
atones, en -/;//, -in. Le gallois, breton naw, nao — nauan,
mais nômad, uawved = nou(à)m-etos, nau{a)m-etos : voir sex-
tametos 1 .
j) Decametos : tudos decametos (gr. 7); tuos (pour tudos
decametos luxtos (gr. 23).
C'est le prototype du vieil irl. dechmad, moderne deachmhadh>
gallois degved, breton dekved, corn, degves. Decametos était déjà
connu par le gaulois petrudecameto, quatorzième, de l'inscrip-
tion de Gelignieux (J. Loth, Comptes rendus de VAc. des Insçr.
1909, p. 22-28). Comme dans sextametos, dans decametos, la
présence de -ametos est régulière ; au contraire, il y a intru-
sion de/;/ dans oxtnmetos. Il y a intrusion de -ametos dans irlan-
dais cethramad, ochtmad {ci. ôinmad, irl, mod. aonmhadh, un).
3. — Luxtos.
Ce mot se trouve deux fois après le nombre ordinal suivant
tudos. Dans le premier exemple 2 (gr. 16) on peut supposer,
1. Le gallois moven montre des traces de -n final, comme l'irlandais,
en composition syntaxique : naw mu, neuf vaches, pour nawn bu (par as-
similation naivm bu), n- existe encore dans le breton naon-dec, 19.
2. .m'est pas lisible sur la photographie.
Les Graffites gaulois de la Graufesenque. 39
à la rigueur qu'il pouvait être suivi d'autre chose, par exemple,
d'un chiffre indiquant un nombre de vases, ce qui indiquerait
un nom de potier (cf. Luxtodos). Gratine 23, on lit, ligne 2 :
tûâos decametos luxtos. Il n'y a pas de trait entre decametos et
ïuxtos. Il n'y a même pas de point dans cet exemple ni dans le
graff. 16. Il semble donc que luxtos soit lié à tudos suivi du
nombre ordinal. Phonétiquement on peut penser à l'irl. lucht,
tribu, gens, groupe de gens, équipe : irl. mod. lucht oibre,
ouvriers (groupe de travail) ; ou à lucht, quantité, charge. Ce
serait un adjectif en -0 tandis que le substantif lucht = luctii-.
Le gallois llzuxth a les deux sens. Il faut sans doute expliquer
luxtos parle second sens. Luxtos doit signifier : chargé ou apte
hêtre chargé, à faire un chargement. L'abbé Hermet, p. 181, a
remarqué que les graffites, 6, 9, 19, 21, 25 se terminent
d'une manière presque identique. Ce sontdes totaux généraux
{summa. vxs.), très voisins les uns des autres :
Gr. 6 : XXXIIIV (33500)
Gr. 19 : XXXCCL (33250)
Gr. 9 : XXC (29790)
Gr. 25 : XXXIIIdXXV (34525) ; à l'extérieur on a
XXXIIIIdCXXV( 34625),
Le graffite 21 ne porte que XXVIIId (28500). -Mais il y a
un nombre de vases effacé sur la photographie, ligne 4 ; aussi
est-on endroit de supposer que le total dans ce graffite devait
être très voisin des autres. Ces totaux ne concordant pas très
exactement avec l'addition des nombres de vases figurant
pour chaque potier sur les graffites, me paraissent indiquer
les quantités constituant un chargement pour expédition ;
chaque chargement devait contenir un nombre approxima-
tif qui ne devait pas être dépassé (voir à uxedia). Le nombre
pouvait varier suivant les variétés de vases qui étaient loin
d'avoir la même capacité ou le même poids. Il ne faut pas
oublier que l'atelier de la Graufesenque expédiait partout
dans l'Empire romain : c'était, au milieu du I er siècle de
notre ère, le plus important de l'Empire.
4. — Uxsedia, uxedia.
uxedia accompagne summa dans trois graffites. Graff. 25 :
40 ./. LAb.
summa XXXUlktXXY
uxedia
A l'extérieur on lit XXXIII d CXX.
Graff. 6 : summa vxs, XXXIII d (33500) à la fin du
compte totalisant, semble-t-il, les nombres de vases fabriqués
par chaque potier. Si on fait l'addition de ces vases, le total
est de 33.865).
(Hermet donne 33.845).
Graff. 9 : summa seul (en marge) XXXC (33.100). L'ad-
dition des différents vases donne 29.790.
Graff. 19: summa vxs. XXXCCd (33.250). L'addition des
vases donne 34.951. Mais dans un des totaux, 1. 17, il manque
certainement des chiffres : il y a une cassure qui atteint
même le seul chiffre lisible V. . . .
Graff. 21 : vxs. XXVIIId (28.500) : Il y a une cas-
sure avant vxs. L'addition des vases donne 27.635.
Mais, 1. 3, le nombre des vases fabriqués par Cotutos manque :
il est effacé. Il est fort possible que l'addition eût été con-
forme sensiblement à l'uxs(edia*).
Le mot se trouve plus ou moins abrégé à plusieurs reprises
après le nom des vases et devant le chiffre donnant le total
des vases fabriqués par chaque potier
— mort a ri. vxedi CCC (graff: 7, ligne 18)
— mort. vxs. CCC (graff. 19). Le cas est des plus
instructifs, car après l'énumération des vases faits par chaque
potier, on a le total général : summa vxs. XXXCCL.
M-asveta (potier) mortari vxedi CC (graff. 14, 1. 15).
— mortari. vx. CCC (graff. 20, 1. 14).
— Licuias. vx. MMCdL (1. 15).
— Licuias. vx. MMdL (1. 16).
— Licuias. vx. CCC (1. 17).
— Licuias. vx. MMCC (1. 18).
— mor{taria), vxs. CL (graff. 41) x .
J'avais d'abord pensé à traduire uxsedia par total en le rat-
1. En résumé, on trouve une fois uxedia(\'Ç) ; 2 fois uxedi. (67,); 4 fois
uxs. (6, 19, 26, 41) ; 8 fois ux. (10, 19, 20 : le 14, 15, 16, 17) ; une
fois (Gr. 38, 1. 17) : suxseJ.
Les Graffites gaulois de la Graufesenque. 41
tachant à la racine vieille-celtique *ouks-, irl. nasal, gall. uchel-
*oukseîo- (cf. Uxello-dunum). Le graffite de Blickweiler, que j'ai
cité plus haut, permet une interprétation plus précise. Sur la
colonne A, on lit :
... at LXX vass at CCXXX ;
A la ligne suivante : (pa)nnhs at DCCC vass. at MDC.
Colonne B : paruspi. aequat(i) ai
catilli carnuat(i) at
paruspi. gollati ai il ....
Dans ces trois derniers cas, at était très certainement suivi
du nombre des vases, comme sur la colonne A : à la Graufe-
senque, les noms de vases, avec ou sans uxs. ux. sont toujours
suivis du nombre. At est pour ad (Dessau III, p. 833); c'est
une formule que traduit Bohn par : jusqu'à (un nombre déter-
miné : bis 7^1 einer bestimmten Zahl). Tei est le sens de uxst
le mot a le sens d'extrême, exact (qui va en haut, mais pas plus
loin). Et en effet, sur' un graffite de Montans, (CIL, XIII,
10017, 46), on lit : acitabli CCCCL p(J us) m(j 'nu s) (450 vases
plus ou moins, approximativement). Ainsis'expliquele faitque
uxedia n'apparaît qu'un certain nombre de fois. Il y avait pro-
bablement dans le nombre des vases fabriqués par chaque
potier des déchets ; peut-être aussi la commande exigeait-elle
un nombre précis à ne pas dépasser. Ainsi s'explique aussi le
fait que le total général indiqué par summa uxedia n'est pas
exactement conforme au total que donne l'addition des diffé-
rentes variétés de vases sur chaque graffite.
Uxedia est vraisemblablement un adjectif en -edios, -ediâ,
-edion, dérivé de ouks-. L'irlandais a des adjectifs en -de, suffixe
qui suppose un vieux-celtique -dios, -dià, -dion ; la voyelle pré-
cédant -de était vraisemblablement a ou 0; le gallois y répond
par -eid, -aiâ, qui aussi, remonte à -adios, -adiâ, -adion ; cf.
y.zj--y.z'.zz-. Uxedia montre qu'il existait aussi des dérivés en
-edios. Graffite 18, au bas du graffite, après rénumération du
nombre des vases, au-dessous, à une certaine distance on lit
suxsed. Il est probable qu'il faut lire s(uninia) uxsed. On ne peut
songer à voir dans s, s marquant en irlandais, le mouvement
vers (s-is, s-uas). Us qui paraît immédiatement après des
42 /. Loth.
noms de vases (Graff. 6 : catilus ; Gr. i«S, id. Gr. 19 ; uinare-
(vinari) us ; Gr. |o ; 1. 8 mortanw ; 1. 9, 10, 1, 121 : cati-
l//.v) pourrait être une graphie négligée pour ux. Mais il est
possible que ce soit l'indication d'un commencement d'évolu-
tion de la prononciation ks en ss en passant par -/s, en Gaule.
Certaines graphies, comme me le fait remarquer Vendryes,
semblent l'indiquer.
— Eti.
Eli figure un bon nombre de fois, et son sens n'est pas
douteux.
— Graff. 8, 1. 4-5 Cotutos = CCCL
eti môrtaÇria). CCCL
Cotutos (a fait) = = CCCL (mortari) et (encore) 340
mortiers.
— Graff, ro, ligne 3, 4; 5, 6 :
Vitali. canast. S— CCXC
eti. canastri = = CCXX
Cotutos morta (ria). S = CCXX
eti. morta(ria) = CXC
— Graff. it, 1. 4, 5 ; 6,7 ; 9, 10:
1. 4, 5 : Masvetos. canas{tri) S = CCC.
eti. canast. CCC
1. 6, 7 : Regenos, ped(alis). XXXY
eti. mortari. pe(dalis). XIIX
1. 9, 10 mortari. S = CL
eti. mort. = CL
— Graff. 12 :
1. 3,_|, 5 : Cornuto. cana(stri).S = CC
eti. triatali. = = CC
eti. pedali. LX
— Graff. 14 :
1. 12, 13 : Tritos, licuias. VICM
eti. Tritos. parasidi. M
— Graff. 22 :
1. 8, 9 ; 16, 17 : Secundus. mortari. S= CCL
eti. triatalis. mortari CCXL
— vinoulus. duca. privato. paraxi MMMCCC
eti. licuias. MdL.
Les Graffiles gaulois de la Graufesenque. .1}
— Graff. 24, 1. 3, 4, 5 ;
verecnndo. canastri. S = d
eti. pedalis. CX
eti. canastri. d
— Graff. 32, 1. 2, 3, 4:
1 . tv . . . .
2. com . . .
3 . eti ... .
4 . ETI ... .
— Graff. 37, 1. 2, 3 ; 5, 6, 7
Malcio
eti. can ....
Momo. can . . .
eti. vinar. . .
eti. acet.
Dans un seul graffite, on trouve et- avec un trait, indiquant
une abréviation (graff. 3). Le sens de eti n'est pas douteux.
On trouve la conjonction élargie dans clic, et (Inscription
d'Alise-Sainte-Reine, CIL, XIII, 2880). Eti existe comme pré-
fixe verbal en brittonique avec le sens du latin rc-, sans qu'on
puisse y voir comme dans certains exemples, et- =ate par infec-
tion vocalique comme je l'ai indiqué à plusieurs reprises. Eti,
est identique au grec £-1.
5. — Exan.
Le mot est abrégé, semble-t-il. Il est suivi d'un point, et le
vase est fragmenté. Il y a une cassure à côté et au-dessous.
Graff. 17, 1. 15 :
{para)xidi. exan. La ligne commence à xidi ; la cassure a
enlevé tout le côté gauche du vase à partir de la 2 e ligne
(m)ontano). On reconnaît la préposition ex- et c'est tout ce
qu'on peut en dire ; Exan n'est entamé par aucune cassure >
et est suivi d'un point. Le chiffre est enlevé.
6. — Fragment gaulois.
Cette fois on n'a pas affaire à un compte de potier. Le graf-
44 ./• Loth.
fite a été écrit avant cuisson sur un plat du potier Ger-
ni.inns. L'écriture est très lisible. La photographie porte:
aricani luritus
ris tenta u. boebo
tidrus triants
Il n'y a de point qu'après tecuan. C. Jullian, qui ne connaissait
pas la plupart des graitîtes, partant de l'idée que c'était du mau-
vais latin, en a tenté une interprétation dans la Revue des
Etudes anciennes 1922, p. 250 :
Moi Luritus, je voue ou vouerai {boebo pour vovebo) à la
déesse aricani une armoire (riscum, armoire, meuble rituel), un
coffret (teevam pour thecani), et une aiguière (e)t (Jj)ydru{m) :
(hydrum pour hydriunï), à trois anses (trianis, ce qui est la règle
pour les aiguières servant au culte).
Il va sans dire que Jullian donnait sa version comme un
essai et qu'aujourd'hui il y a complètement renoncé ; je ne
l'aurais pas reproduite, si l'abbé Hermet ne l'avait fait. La
langue est celle des potiers de la Graufesenque, c'est-à-dire du
gaulois sans nul doute. On y reconnaît un verbe luritus (cf.
cariiitus, carnitu), un sujet au nominatif pluriel aricani, un
accusatif sing. tecuan, un datif pluriel en bo (cf. malrebo) vrai-
semblablement; boebo peut être pour bouebo, u interne celtique
disparaissant assez souvent ou n'étant pas écrit en gaulois.
Tidrus trianis peuvent être des nominatifs singuliers de thèmes
en û- et en 1 ou des ace. pluriels. Je ne me hasarderai pas à
en essayer l'interprétation, d'autant plus que la photogra-
phie semble avoir été retouchée; les lettres se détachent en
blanc sur un fond noir qu'on dirait verni d'hier. On dis-
tingue un seul point après tecuan. Il n'y a aucune incer-
titude au sujet de la lecture ; cependant on pourrait hésiter
pour //. de tidrus qui pourrait être lu e. Le fragment de vase
est rectangulaire. L'abbé Hermet ne nous renseigne pas sur
les circonstances de la trouvaille. J'avais songé à imitas au
lieu de luritus. Mon collègue, M. Châtelain, aux lumières
duquel j'ai eu recours pour certaines lectures douteuses, est
d'avis qu'on peut lire iuritus, qui serait à comparer à ieurii
Les Graffites gaulois de la Graufesenqne. 45
(*/>-//./-- ?) '. Karnitu est sûrement au prétérit d'après l'ins-
cription bilingue de Todi, à la 3 e pers. du sg. ; la 3 e du plur.
est Karnitus (inscr. de Briona, prèsNovare). ifo [u]ebo indi-
querait peut-être une divinité locale.
TROISIÈME PARTIE
Les noms des vases. — Les noms des potiers.
I
Les noms des vases.
La plupart des noms de vases sont latins, ce qui ne sau-
rait étonner, la céramique de le Grauiesenque étant d'origine
italique. Les noms sont souvent abrégés, et sont fréquemment
endommagés par des cassures.
Les pluriels neutres latins en -ia, se terminent souvent en
-i sans qu'on puisse rien en conclure : mortari, mortiers, mais
deux fois mortaria (graff. 18); inbratari, mais graff. 21 inbra-
taria; acetabula (vinaigriers) est écrit acitabli (graff. 43 : ace-
tabli ; graff. 9, 15, 33 : Accti... Atramentaria (encriers) est
écrit atramitari, une seule fois atramentari (graff.. 9).
Vinaria (graff. 6, 13, 18) est vinareus, graff. 12 ' ce qui
paraîtrait indiquer chez le graveur une connaissance rudimen-
taire du latin, si us n'était pour itx. On trouve pédales et
pedalis (vases à pied), graff. 18. 23. 3; 5. 6. 12).
Catilli, catili qui paraissent des diminutifs de catini sont
écrits trois fois catilus (graff. 6, 18, 19), peut-être au nomi-
natif singulier, mais c'est peu probable: voir uxsedia. Catinos
paraît bien être un gallicisme pour catinus. (Graff. 13, 18, 21,
34, 42 ; accompagné de pédales, graff. 13).
1. Cf. iûr- dans Jura : primitivement iur- aurait eu le sens d'élever, au
sens français d'élever un monument ; en breton sevell lever, s'emploie cou-
ramment dans ce sens ; il a même le sens de composer : composer une chanson .
|d /. Loth.
Canastri (gr. 2. 5. 7. 8 15. 16. 19. 22. 2.)) est souvent
abrégé en canas. canastr. D'après les langues romanes, on doit
supposer : canistrum, canastrum, canastra. La forme canastrum
ou canastra, paraît être plus particulièrement gauloise. Le sens
a corbeille. Les formes bretonnes apparentées sont venues
au breton par le français vraisemblablement (J. Loth, Mois
latins, p. 17}). Le haut-vannetais connaît canastr, panier
d'osier (Le Goff, Suppl.^). Le gallois canastyr a une forme plus
ancienne cantastyr qui a une tout autre origine '.
Cuipalini ne parait qu'une fois (graff. 28) et est peut-être
une faute de graveur pour *cupalini, dérivé de cupa ?
Je dois l'explication de inbrataria (graff. 21, graff. 3, 4, 7,
inbratari)ï mon savant confrère M. E. Pottier. Il le rapproche
du latin inbratliare qui s'applique à l'orfèvre chargé de dorer
ou argenter les bijoux. « Nous appelons encore aujourd'hui
m'écrit-il, bractées de minces plaquettes d'or qu'on décou-
pait pour les appliquer à des objets ou vêtements. L'emploi
de la dorure sur les vases de terre cuite esteonnu dans l'anti-
quité. J'en ai vu récemment de beaux spécimens provenant
de Rhodes. S. Rëinach en a publié un dans les Mémoires Piot,
X, 1603, p. 6 et 7. Sur cette pratique, voir le Dict. des
Antiquités de Saglio, article vasa, p. 660. — Pour la bractea,
voir ibid, s. v. Brattea, p. 767 ».
Parasidi, paraxidi est fréquent (parasidi 1, 13, 14, 19, 21,
38, 41; paraxidi 1, 2, 3, 4, 5, 8, 11, 12, 16, 20, 22, 23, 24;
para xi 7, 10, 11, 22, 23).
L'origine du mot nous est donnée par : paroxed. graff. 28 ;
parox... graff - 27, 28, 29 ; parox... graff. 29. Le mot vient du
grec -KxpoQ.q, plur. 7rapo;iosç. Paropsis existe aussi, du grec
Tcapci/iç, plur. -xpybioz; 2 . L'assimilation dans para es*t peut-être
due au celtique.
1. Le breton canastr, tuyau de chanvre, kanastr, kalastr, menus brins
de la tige du lin, rappelle le latin «»Bfl, comme le dit Ernault (Gloss.).
Mais le gallois collectif cawn, roseaux = cànâ qui sûrement n'a pas été
emprunté à canna dont l'origine d'ailleurs n'est pas certaine (cf. Walde,
Lat.Et. IV.).
2. Cf.parusp. du Graffite de Blickweiler. O. Bohn, p. 65, voit dans
piirnsp. : piti opsides ou parapsides. Paroxes; paraxidi. pourrait à la rigueur,
Les Graffitcs gaulois de la Graufesenque. 47
Augustas, qui est, ou bien un nominatif pluriel celtiqueen
-ai ou un accusatif pluriel celtique ou latin, esi un dérivé du
nom d'Auguste (grafiF. 38 : ce qui précède est enlevé par une
cassure). C'est une variété rare, mais représentée aussi parmi
les poteries de Lezoux. Je cite le passage qui lui est consacre par
Déchelette dans : Les vases ornés de la Gaule romaine, 1, p. 180-
181. « Parmi les motifs présentant des particularités excep-
tionnelles, on peut encore citer le fragment que reproduit la
figure 108. En haut de la zone inférieure un petit médaillon
ayant le module et l'apparence d'une pièce de monnaie est
répété sur tout le pourtour du vase. Il porte un aigle éployé,
vu de face, inscrit dans une couronne, et ne correspond
exactement à aucun type monétaire. C'est une imitation libre
de la monnaie figurée sur un vased'A'rezzo, dont nous avons
reproduit un spécimen trouvé à Roanne (fig. 7). L'artiste a
répété le même aigle éployé, à droite, en ajoutant une cou-
ronne, comme encadrement. Le prototype italique paraît être
une monnaie d'Auguste à l'aigle éployé, tourné à gauche
(Cohen 29 et 50), hypothèse d'autant plus vraisemblable que
nous connaissons d'autre part un vase de Rodo, esclave de
P. Cornélius, vase trouvé, à Cincelli, orné de la reproduction
d'une monnaie d'Auguste, à l'effigie de cet empereur, avec
la légende, A VGVSTVS ».
L'abbé Hermet ne pouvant expliquer augustas par kalendas
augustas, ni par une adresse (nom ou partie de nom d'une ville
à laquelle aurait été faite une expédition de poterie) ', s'est
demandé si ce ne serait pas un nom de vase (p. 178-179). Il
a hésité, augustas n'étant pas suivi d'un chiffre indiquant le
nombre de vases fabriqués, ce qui en effet est de règle. S'il
avait connu le passage des Vases ornés que je viens de citer, il
n'eût pas été arrêté par cette anomalie. On a d'ailleurs une
appellation du même genre dans julianas.
indiquer un celticisme : ks pour ps. Suivant Bohn, la forme de ces vases
n'est pas encore sûre. Chez Pétrone 34, 2 il semble que ce soit un vase
fragile en argent ; d'après Martial XI, 27, 5, ce serait une terrine en
argile pour court-bouillon; chez Suétone, Galba 12, un vase pour
fruits à noyaux.
1. Il y avait une Augusta en Germanie, auj. Augsbourg.
|N J. Loth.
GrafF. 14, 1. 8, julinas C.
GrafF. 28, I. 5, juliani dCXL.
Julianas est une variété de vases qui ne figure nulle part
ailleurs, à ma connaissance ; Julianas est dérivé du nom de
l'impérarice Julia. Les augustas et julianas paraissent avoir
disparu de bonne heure.
GrafF. 27 paraît un nom de vase également inconnu :
lenari. CCC ?
GrafF. 17, 1. 10, on peut aussi bien supposer vinari. que
lenari. : ce qui précède u ou /(avec reste de /) est effacé.
Buxi (graff. 28); buxe (graff. 26) peut être un mot inache-
vé *buxida, d'où *buscida, boîte; provençal bostia, baissa ; fran-
çais boiste ; ital. busta (cf. Kôrting, Lat.-rom. Wôrt). Buxida,
est évolué de pyxida emprunté au grec xucjiç, -u^lzzq, sous
l'influence de buxus, buis. Graft. 28, 1. 2, on lit : paroxeà,
priua, buxi...
ibid. 1. 5 : Carilos. prin... (le reste a disparu).
Graff. 40, 1. 23, au revers, Hermet lit : privas, sibv., avec
hésitation. Ces deux lignes du revers n'ont pas été photogra-
phiées, ce qui est fort regrettable. Prinni du calendrier de
Colignypeut s'expliquer pour prenni, bois (bois à sorts, sorts),
c ayant pu être assimilé à i final, mais ici cette évolution ne
s'expliquerait pas. Il faudrait d'ailleurs en tout cas prinnas, ce
qui aurait eu le sens de boîle en bois.
Graff. 42, 1. 4 senar(....\-//' scuar...) doit être lu senar(ios) qui,
comme sext(arios) 3 bissext(iaks) indiquerait un vase de capacité
déterminée, d'après M. Héron de Villefosse, dont Déchelette
paraît accepter l'explication {Vases ornés, r, p. 86).
strogia n'apparaît qu'une fois en compagnie d'un autre
vase (graff. 27).
acitabli strogia d.
Il est possible qu'il faille lire stro(n)gia (voir plus loin trian-
talis).
Le mot pourrait désigner un vase arrondi ou plutôt à col
étroit. La racine streng- est représentée en irlandais par sren-
<, T /;//, je tire, je serre 1 ; irl. mod. sreangaim, sreang, corde: une
forme strong envieux celtique n'a rien d'improbable (cf. <j-poy-
1. Le mot pourrait cependant être emprunté au Scandinave.
Les Graffites gaulois de la Graujesenque. 49
■pAs? pour a-pa^vuXiç, rond; axpocy^ôq, tordu, qui s'exprime
goutte à goutte).
Asati(asatimortaria gr. 20) est peut-être pour ansati, à anses.
Restent quelques noms de vases vraisemblablement cel-
tiques brocij duprosopi, Iicuias, pannas, triantalis.
I. Broci (graff. 1, 1. 4) : broci XXX. Hermet avait lu croci,
qu'il a corrigé en broci : cette lecture est certaine.
Broci est pour brocci. C'est à comparer à l'irl. brocc, gall.
breton broeb, blaireau, ainsi nomme à cause de son museau
pointu. Cette racine celtique est largement représentée dans
les langues romanes; irançais broc ; ital. brocca , broc ainsi
nommé à cause de son bec en pointe (cf. Kôrting, Lai. rom.
IT.). Pour l'anologie de la métaphore, comparer l'anglais hog,
porc et hog s bc a ci, muid.
II. Duprosopi. On peut rétablir dubrosopi. Holder, Altcelt.Spr.,
donne dupri- en renvoyant à dubron. D'ailleurs une variation
dans le groupe -br- n'a rien de bien anormal. Ce serait une
hydria. Pour le second terme, j'avais pensé au gallois hob,
mesure pour les grains, mais ce mot, quoique remontant à
un vieux brittonique *sopo- me paraît avoir à l'origine, un sens
qui ne s'accommoderait pas avec dubro. (voir dans un prochain
numéro de la Revue Cclt., Notes clym. etling.^). Notre secrétaire,
mon collègue Vendryes a pensé à soik 1 - 1 , racine indo-europ.
seik'J, verser. Comme je l'ai indiqué dans mon compte rendu
de La langue gauloise de G. Dottin dans la Revue archéologique,
il n'y a aucun exemple sûr ni même probable de oï indo-
eur. et vieux celtique en gaulois. Oi parait être de bonne
heure devenu ô long fermé puis ù : *uroico- bruyère, est devenu
en Gaule brûc-; français bruyère (brùgaria). En gallois et en
breton, la même évolution a eu lieu; irl. moy. fràech, mod.
fraoeb; gallois grug (g l ritk) v. celt. uroiko-. Le breton brug,
vient du roman-français. Dupro-sôpï serait pour dubro-soi pi, vases
à verser de l'eau. Pour soip, cf. norv. saa, baquet, cuvier (v.
norr. sâr, grand cuvier). La forme germanique fondamentale
paraît être *saiha-, répondant au lit. sailcas mesure pour
farine ou blé.
Rti'uc Celtique, XLl. 4
5 o /. Loth.
Duprosopi ne parait que deux fois, graff. 4, I. i&; duprosopi
ML; grarF. 20, Lu: duprosopi ML.
lu. Licui as : très fréquent (2, 3, 4, 5, 9, 11, 12, 14, 16,
20, 21,22, 24; //V/m/ ro, 15, 17; //V//rï.s- 18, 1. 8, 9 ; lieu 7,
15, 27. C'est un des vases les plus nombreux; leur nombre
atteint près de 100. 000. Rien, à ma connaissance, en celtique
insulaire, ne s'en rapproche. Le latin ne fournit non plus rien
de pareil. Seul le grec/^x3ôo; pourrait fournir un rapproche-
ment : LÏcuias peut être un thème en il long féminin : lïctl,
indo-eur.*LËCû, passant aux autres cas à la déclinaison enâ long;
licuas est peut-être la forme la plus ancienne (nom sg. liai-,
nom. accus, plur. *licuâs). Ces vases ont été très nombreux et
de capacités diverses, d'après les graffites et sans douted usage
variés. Ce devaient être des sortes de fioles, burettes, comme
le X-rçxuôç? grec.
iv. Pannas : très usité, graff. 3, 4, 6, 12, 15, 18, 19, 21,
40, 43 ; panna, graff. 1, 2, 12; panas 10; pannias, graff. 5 ;
panias, graff. 11,23, 24, 26, 27; parmi s 3 graff. j, parmi, graff.
7 ; pann, graff. 1,14; pan,, graff. 8, 9; pan..., graff. 27. On a
affaire très probablement à des accusatifs pluriels qui montrent
la confusion entre les thèmes en i long et les thèmes en -ia
dans pannis, pannias et pannas (sur cette confusion en vieil
irl., ci. Thurneysen, Grau un. p. 1 78-1 81).
Le total des pannas fabriquées monte à 23.280.
Vanna représente le gallois moyen pann, coupe, vase à boire.
On le trouve dans les textes les plus anciens, tout d'abord
dans le Gododin, poème épico-lyrique dont le noyau primi-
tif peut remonter au vn c siècle de notre ère. Skene : Four anc.
Books of Wales 89, 17 : bu gwrgwhdod uch med mygyr. bann,
« il v eut un grand festin au-dessus de l'hydromel admirable
sortant de la coupe ». Plus haut, vers 15 : gwin bann, vin
versé de la coupe.
Ibid. Livre de Taliesin, 169, 17 :
Ef am rodes med a gwin wydrin bann « lui, il me donna
hydromel et vin hors de la coupe de verre ». Dans ce dernier
texte il semble qu'il soit question d'un vase en verre, une
sorte de cratère, de grande coupe d'où on versait à chacun, la
Les Graffites gaulois de la Graufcsenque. 51
capacité des patinas était de 8 onces (2 litres 18); et. Her-
met, Grafjitcs, p. 105-106).
L'irlandais moyen a cann (Livre d'Armagh, roo, index par
Hogan ; ibid., diminutif kanndn, urceolus). Il figure aussi
dans le Gloss. de Cormac 18 (Kuno Meyer, Contr. to irish
lexicography). Jusqu'ici le mot a été regardé comme emprunté
au latin canna (Yendryes, De hibern. vocab. quae a lai. lingua
orig. J axent ut).
Le gallois paan,\e gaulois pannâ semblent infirmer cette opi-
nion. Panna, pana, cann peuvent remonter à un vieux celtique
*quannâ. A quoi, il est vrai, le rattacher dans le groupe indo-
européen ? Dans Mart. 14, on trouve panaca, vase à boire.
v. Triantalis. La forme habituelle est triatalis (graff. 1.
12), mais graff. 20, on lit \f\riantalis, iet est enlevé par la cas-
sure ; c'est évidemment la bonne lecture. L'absence de la
nasale devant une consonne, en particulier devant 5 est fré-
quente (cesor, mesis) ; Masuetus, graff. 9, est pour Mansnetus ;
on trouve :
Graff. 22 : 1. 5-6 Masvetos P...a « S = CCC
triatalis canastri. CCC
Ibid. 1. 89 : Secundusmorlari. S = CCL
ai 1 triatali nwrtari. CCXL.
Triatalis étant un mot indépendant désignant une espèce
particulière de vase, ne peut être un adjectif qualifiant canas-
tvi ni surtout nwrtari qui est niortaria. On trouve de temps en
temps des vases différents formant un même total : catinos
pédales (graff. 13), mortari pédales (graff. 13), catili duprosopi
(graff. 4). Triantalis doit être un nominatif ou accusatif plu-
riel en ï : vieil irl. nom. ace. plur. sû(f)li : thème sûli- œil.
C'est un mot composé sans doute avec tri, trois, Quant à
antalis, peut-être est-ce un dérivé de ant- qu'on trouve dans
le vieil irl. élan, mod. éadan 5 , front, face (c\. lat. antiae, v.
norr. enni, front (prépos. indo-eur. ante*). Il s'agit peut-être
dans triantalis d'un vase à trois %unes (trois fronts) ?
1. Panna : -ami- est effacé.
2. Voir eti.
3. Antano- fait songer plutôt au skr. anta-, limite, bord.
52 /. Loth.
Il
Les noms des potiers.
L'industrie céramique étant une importation d'Italie, on ne
s'étonnera pas de trouver parmi les noms des potiers, des
noms latins :
Albanos, Albanus ; Albinus ; (A)lbus ; Atticos ; Côrnutos
3 fois ; une fois Cornutus ; Félix ; Fuscus ; (G)enialis ; Legi-
tumu(i) ; Lucanos, Lucanus ; Macer ; Masveius ; Monlanos ;
Primigen. ; (Primig)enius ; Privatos ;Secundos, Secundus ; Silvi-
nos ; Terti(us) ; Verecundos ; Vinoulus ; Vitali(s).
Il y a un nom grec qui revient 7 fois : Summacos (une fois
Summacus. (M)irtilos' en est vraisemblablement un autre. 11
y en a qui peuvent être une traduction du gaulois, comme
Secundos (All(i)os) ? ; Tert[ius] (Tritos).
On remarquera que les noms latins même ont le nominatif
singulier masculin en -os. Sur l'ensemble des graffites, on
compte 186 nominatifs en -os, et 25 en -us. L'abbé Hermet
qui a fait cette statistique, fait la remarque que si sur les graf-
fites, les noms de potiers sont presque toujours en -os, les
noms estampillés sur vases se présentent, quand ils sont au
nominatif, toujours, avec la terminaison -us. Seuls, Sasmonos
et Celcros font exception à la règle (Graffites, p. 172-173).
Quelques noms ont le nominatif singulier gaulois en a (cf.
Belga ; J. Loth, Les noms masculins gaulois en -a, Mémoires de la
soc. ling. 1924) : Cervesa ; Ditca et Duci (5 fois) ; Masveta
(une fois) ; Scota ; dans son Index des noms de potiers,
Hermet supplée -iios par Scotios, ce qui est impossible : Scota
se trouve 9 fois sans la moindre abréviation (Gr. 3, 4, 5, 7,
9, io, 12, 14, 23, 24) ; Vacaca.
Outre le latin Geniàlis il y a peut-être un nom en i- :
Sioxti(s) ? (voir à tuâos). Autagis (gr. 23) n'est pas, très vrai-
semblablement, un nom de potier.
Voici les noms de potiers, inconnus à ma connaissance,
tout au moins fort rares :
Los Graffites gaulois de la Graufesenque. 53
Alone (gr. 12): confondu à tort par Hermet sous Cassi-
dano(s) : Casidanalone '.
Bipros (gr. }r) : lecture douteuse 2 .
Cassidanno(s) (gr. 15) ; Casidano (17).
Casidani (i i).
(C)elados(26).
Cervesa (i , 22).
COROS (27).
COTUTOS (i, 2, 8, 10, 14, 21, 22, (Cot)utOS (24); CoTU
(8, 32).
Dario (i).
Deprosagieos (6) ; [De]prosagilos (19).
Deprosagi (i, 2. 4. 5, 11, 22, 23) ;. . . Prosagi(4) ; . . .
osagi (4) ;
Depra (11, ligne 1 6).
Froncu (29).
Martalos (20).
Masclos (8).
Moretoclatos (8).
Polos (i).
Scota (voir plus haut).
Sioxti (2^1).
Stamulos (14) ; \Std\mulo(J) (14 1.).
Statilos (14).
Toni (78).
Vacaca (37).
VlNOULUS.
Sur le graffite 31, Hermet lit. . . donus dans lequel il voit
le Caldonus de la liste Cérès. Pour moi, je lis plutôt... danus.
Une étude approfondie de ces noms exigerait de longues
recherches. Mon but étant surtout de fournir aux celtistes par
cette publication, de nouveaux matériaux d'étude, je me con-
tenterai de quelques remarques. D'ailleurs quand le celtique
insulaire ne fournit pas d'équivalent, mieux vaut se contenter
de rapprochements, quand c'est possible, et s'abstenir d'étymo-
1. Les noms de potiers sont assez souvent associes.
2. Hermet hésite entre Bipros et Bitrot : Bipros parait probable.
,, /. Lotb.
logie. Le répertoire si précieux et si méritoire de Holder n'est
pas, à ce point de vue, à imiter. L'étymologie y est trop sou-
vent, un jeu plus ou moins savant, analogue au rébus.
Alone : ci. Alo(n), Bretagne, [tin. Ant. 4813 : probable-
ment avecô long : cl. Alaunos, Alounos, rivière, gallois Alun.
Si oestbref, d. Alone, Allonnes, Eure-et-Loire (monnaie mér.,
monn. Combrouse, pi. 2, 17).
Bipros : pour Bibros ? Dans ce cas, cf. Bibracte, Bibroci.
Cassidanos : Userait assurément tentant de traduire : l'homme
au talent remarquable, en donnant à cassi- le sens de remarquable
(*cad-ti-)œ qui est loin d'être sûr, et à dànos, le sens de talent,
mais il faut sedéfendredu prurit étymologique. Tout d'abord,
nous ne connaissons pas la quantité de Va de -danos. En second
lieu, il y a la variante Cassidanno (gr. 15), or danno se trouve
dans Danno-talos et surtout dans platio-danni, sortes de fonc-
tionnaires chargés de l'administration d'un viens novus, à
Mayence; l'inscription figure sur un autel {cï. Holder, Alt-
celt. Spr. à platiodanni : cf. mon article sur Arcanlodan).
Celados : Pour la dérivation, on peut comparer le suffixe
irl. -de, gallois -eid, -aiâ= *adios, -adict (Pedersen, Vergl. Gr.
II, p. 28). Cf. Celadus, fleuve d'Espagne ? (Pomp. Mêla
3, 10) ; cf. Celas, Celatus (Holder, Alt. Spr.). Cel a en
irlandais et en brittonique divers sens.
Cervesa : est-ce un surnom humoristique ou simplement
cervesa, la cervoise, indiquant le contenu de vases (gr. 1 cervesa.
catili, dCC ; gr. 22 : cervesa. catili, MCC). Cervesa reple se
trouve assez souvent sur les vases de Banassac (Déchelette,
Vases ornés, 1 p. 125 et suiv.). D'après l'usage des graffites, Cer-
vesa doit être un nom propre. La forme classique, ce qui ne
veut pas dire la meilleure, est cervesia et cervisia. Cerevisia
serait jusqu'à un certain point justifié, si on prenait au sérieux,
cerea de Pline, bière faite de grains en Espagne. On peut pour
cervesa, supposer un vieux celtique cerueisâ (cereaeisâ ! ?).
Circos ? Le gallois cyreh, circuit, attaque, paraît emprunté
au latin.
1. Les noms plaisants ou facétieux indiquent des noms d'esclaves : c'est
le seul critérium jusqu'ici pour les noms gaulois.
Les Grajfites gaulois de la Graufesenque. 55
Coros : Ce thème, ainsi que la racine, est largement repré-
senté en irlandais et en gallois et n'es: pas inconnu en breton
(cf. Pedersen, Vergl. Gr. ri, p. 498-502). Coros, qui place
ou lance? Holder donne Coro-îâmus nom d'un roi des Boii,
d'après Tite-Live, 33, 30, 4 (Val. Antias, fr. 34, 4252) ;mais
la quantité qu'il donne à -lamas est arbitraire ; il y a vu évi-
demment hlaios (lâmâ, main).
Cotutos : très probablement identique à Contoutos (mon-
naie gauloise, Muret-Chah. 4316, pi. XII ; 4321-4324) : Con-
toutos, qui est du même pays, compatriote ?
Dario : vieil et moyen irl. Dâire ; (a est toujours long
dans ce nom important et fort répandu (^cï. Marstrander, Ir.
Dict.). Stokes, Urk. Spr.. l'a rapporté à dâ, donner, et com-
paré à Sôpov. Cette dérivation pourra ne se trouve nulle part
en celtique. Peut-être serait-il plus irlandais de le rapprocher
de ddir, rut, génitif dura : *dâri- ; dâraid, dàraid tuait].', taureau
vigoureux, d'après P. O'Clery (les exemples cependant
manquent). Dàr- avec a bref, ce qui est la règle pour l'irl.
moyen dairim, est représenté en gallois et en breton : bret.
moyen dirigae^, gallois moyen rhyderic. Ce qui semble
apporter quelque appui à cette interprétation, c'est que le pro-
priétaire du fameux taureau le Donn de Cûalnge (le Brun de
Cooley), s'appelle Dâire.
Deprosagilos : d'après tous les graffites où figure ce nom,
il est certain que c'est un nom composé, et non deux noms
de potiers associés, comme c'est le cas pour casidan-alone et
d'autres. Le seul thème qui rappelle Depro- est le vieux bre-
breton diprim gl. essum : il y a eu assimilation de e à i de la
svllabe finale, mais hors du cas d'infection, c'est depr- qui
parait en comique aussi bien qu'en breton. Le préfixe est dï-,
de- (ou peut-être do). Sagilos est un dérivé de sag-, bien
représenté en irlandais et brittonique, rechercher, atteindre,
{d. Pedersen, Vergl. Gr. n, p. 606 à saigirn). Pour sagilos,
d.Sagillia, nom de femme (CIL. III, 1178S ; Sagil . . . , nom
d'homme, CIL, XIII, 5564) '.
1. Deprosagilos serait un nom d'esclave : avide Je manger, qui ne cherche
•qu'à manger? Voici que je tombe, moi aussi, dans le rébus.
56 ./. Loth.
Duca et Duci. Duca rappelle Ducarius, chef gaulois (Liv.
22, 613).
Fronc.it : Il v a peut-être une erreur de graveur pour Profi-
ta qui est bien connu. Fro». Fronti et Froniini figurent sur
la liste de Cérès-Vialettes. Fronto est une marque relevée aussi
par Déchelette (Vases ornés, I, p. cSi). Hermet suppose Fron(i)-
cus, Graf. p. 89, sans en donner d'exemple. Froncu n'est pas
impossible.
Luxtodos : le second terme -dos, doit être inachevé ou
tout au moins privé de sa désinence, Cf. Dosetam ? Monn.
mérov. Belfort, 1813. Dosovico, qu'on croit être Dieuze. Mon.
mér. Belfort, 18 14..
Martalos : peut-être dérivé de niait-, irl. niait, bœuf,
vache, porc etc., tout animal qui vient d'être abattu et nettoyé
pour être mangé, en un mot tout animal de boucherie (Dinneen).
Mart, ayant aussi le sens de mort, marto-s signifie proprement :
qui est à être tué, à être mis à mort. La racine mar-, avec ce
sens, se trouve dans l'irl. inarbb, gall. corn, breton : marw =
niar-uo-. cf. Mario : Castor près de Peterborough, Northamp-
tonshire (Ephem. Epigr. 3, p. 116, n° 56) ?
Masclos : s'il n'est pas emprunté au latin, d. Masca vieus,
monn. mérov. Belfort, 6240 ; Maskarus, cogn . (Narbonne),.
CIL, XII, 4985 ; cf. MAsc, en irl. : Ditn Maisc (Rennes Dindsh.,
n° 153. Rev. Celt. 1895, P- 2é 9)-
Moretoclatos : Moreto- est probablement le Moretum latin :
nom humoristique d'esclave : Moreto-clalos pour Moreto-c(a)~
lathos ?
Polos ? Cependant, cf. Tepouia Poloita (Mém. Soc. Ant. de-
France, 6 e sér. t. 4, (t. 54, p. 119, d'après Holder).
Qutos a été transformé en Qa(in)tos, ce qui est arbitraire,
cf. Ontios, Cntios, Calendrier de Coligny.
Scota r à rapprocher de l'irl. scothaim, je coupe, émonde;
cependant on trouve aussi Scotta : Scetta fecit (CIL, XII, 4150).
1. Cf. Acta Anstregisili (Acta SS. 30 mai, V, p. 231, F ; accepte» anci-
piti ferro quod vulgus scottam vocat ? Scoth Noe dans le Livre d'Armagh
(Thés. pal. 11, p. 270) est un nom de femme = *Scota, irl. scoth, fleur,,
jeune rejeton, tige.
La liste Cérès-Vialetti-s donne, outre Scota : Scotii, Scotius.
Les Graffiies gaulois de la Graufesenque. 57
Scolta dans l'Hymne de Fiacc, commentaire {Thés. pal. 1 1,
p. 316) est donnée comme fille d'un roi d'Egypte et la souche
des Scots (Scotlo-s, Scolti).
Sioxti, pour sioxti(s} ? Cf. Siasta, ville de Dacie.
Stamulos : Cf. stam- devenu sain- : gall. sefyll, breton sevel,
se tenir debout, se lever (*stamilio-), irl. moy. samaigim, je
place.
Statilos : si ce n'est pas le nom propre latin Statilius, il
faut le rapprocher du gallois -stadl dans cy-stadyl (y de réson-
nance), qui est égal à, aussi bon que, primitivement de même
état : *avi-sta-tlo-s (ci. german. *sta-<f>la : Falk-Torp, Norw.-
dein. Et. W. à Staaî, 11).
Toni parait inachevé. Tanins apparaît dans une inscription
d'Espagne, CIL, 11, 2929. Tannins est plus fréquent, mais
peut-être tout différent (Tannin, CIL, XIII, 401 1).
Vacaca : La racine rappelle l'irl. fachain, écossais fachail>
lutter, quereller. Cf. Vacaccia CIL, II, 5896 (nom de femme);
Vacalns, le Waal (Caesar, dcbell.GaU. 4, 10, 1); Vacasatns
CIL, XIII, 10005, 25, Nimègue).
Vinoulus : si ou teprésente û serait un nom d'esclave :
adonné au vin ?
Hermet (Graffites, p. 83, 112) signale avec Cosins (à lire,
d'après lui, Cosoius), vra, vrap, vrapus : Frappas ou Urappns
apparaît aussi avec Cosius (Cosius Vrappus) dans CIL. XII,
5686, 269. Il est seul ibid. 5686, 958 : Urappns feecit. Ce
n'est pas un nom rare. On peut lui comparer l'irlandais frac,
main (*nrakk- uraqUqu ?) : Lecan Glossarv, 95 (Bezçenb. Beitr.,
XIX, 79).
Voici les autres noms de potiers figurant sur les graffites
de la Graufesenque. Tous sont connus et ont été relevés par
Holder.
Agedillos. Atticos.
Agio (cf. Agins, Agiustus Carillos, Carilo.
chez Holder). Castos.
Albanos. Corxutos.
Albinos (Alibanos, une fois). Cosoius, Cosius.
Albus. Félix.
;8
Fus< us.
I i GITUMu(s).
Le(n)tus.
Lousios.
Lu» \ nos.
Macer.
Malcio, Malciu.
Malso.
Meddilos.
[MjlRTILOS.
Masvetos '.
MasVETA.
Mater ou Matur.
JVÏOMMO, MoMO
MoNTANOS.
/. Loih
Primigen (ius)'.
Primos.
I'KI\ Al'OS.
Regenos (fréquent
forme Regenus).
Secundos.
Sknnilo.
SlLVINOS.
Su M MACOS.
Tecci.
Terti(us).
Tritos.
Yf.RKCUNDOS.
VlTALl(s).
SOUS
Conclusions.
Au point de vue de la linguistique celtique, la moisson de
Le Graufesenque' 2 n'est pas abondante, mais elle est de qua-
lité supérieure.
On ne connaissait jusqu'ici que deux noms de nombres
ordinaux gaulois conservés dans la très importante inscription
latine de Gélignieux,non loin de Coligny (Ain) où fut trouvé
le Calendrier (J. Loth, Comptes rendus de F Académie des Inscrip-
tions, 1909, p. 16 et suiv.) : petrudecatneto quatorzième, tri-.
coulis, datif latin de tricontos, trentième. Les graffites nous
donnent les dix premiers nombres. Il est probable que
d'autres suivront quand les fouilles seront reprises.
C'est une addition heureuse à ce que nous possédons de
gaulois et, ce qui est encore plus important, c'est une écla-
1 . On trouve aussi Masvetus qui parait bien être Mansuetus (nom d'un
évêque de Grande Bretagne, qui signa au concile de Tours en 461), mais
il n'est nullement certain qu'il n'y ait pas eu confusion avec un nom
brittonique ; le gallois présente masw, tendre, mou ; masweâ, tendresse,
mollesse ; masw = massuos et n'est sûrement pas emprunté au latin.
2. Graufesenque est pour Gaufresenque et remonte à Galfredinca ou Gahf
redinca, propriété de Galfredus ou Galsfredus (communication de M. A.-
Thomas qui la tient de M. Couderc).
Les Graffites gaulois de h Graufesenque. 59
tante démonstration de la sûreté avec laquelle, à l'aide des
langues celtiques insulaires dont les textes les plus anciens ne
remontent guère qu'au vm-ix e siècle, on peut aujourd'hui
reconstituer les formes du vieux celtique.
Les nombres ordinaux gaulois ne nous causent aucune
surprise et n'ajoutent rien, ce qui pourra surprendre mais est
rigoureusement vrai, aux résultats auxquels on était parvenu.
L'appoint du gaulois serait assurément d'un puissant secoure
pour la connaissance de la langue commune des Celtes, mais
on peut affirmer que, si par un heureux hasard nous retrou-
vions d'abondants documents en gaulois, les résultats dès
maintenant acquis n'en seraient pas sérieusement infirmés.
Le celtique de La Graufesenque confirme aussi la doctrine
universellement admise sur le degré de parenté des différentes
langues celtiques : le gaulois et le brittonique forment un
groupe intime vis-à-vis du goidélique. L'histoire nous avait
bien appris que les Gaulois Belges avaient occupé deux
siècles avant notre ère, le sud-est et une partie notable de l'est
de l'ile de Bretagne ; mais on aurait pu supposer que les
Brittons, possesseurs du sol avant eux, pouvaient parler une
langue sensiblement différente. Or, ce sont les nombres
ordinaux des Brittons de l'extrême Ouest et de l'extrême Sud-
Ouest, qui reproduisent, avec une étonnante fidélité, les
nombres gaulois de La Graufesenque.
Le celtique de La Graufesenque jette une éclatante lumière
sur un point capital. John Rhys, dans diverses publications,
en particulier dans ses Céline ami Galli l a soutenu que les
Celtes de la Celtica de César parlaient une langue qui se dis-
tinguait de celle des conquérants gaulois par deux traits
caractéristiques : elle conservait le p initial et intervocalique f
indo-européen, ce qui la séparait du gaulois et du celtique
insulaire ; elle conservait la gutturale sourde labio-vélaire
t]U, ce qui la rapprochait du goidélique mais l'éloignait du gau-
lois et du brittonique. C'est cette langue aussi qui aurait été
parlée en Irlande avant l'arrivée des Gôidels. Ce serait la
langue des Proto-Celtes. Il fondait principalement sa théorie
1. Proceedings of ihe British Academy, CL(i90>), p. 55 et suiv.
6o J. I.olb.
sur le Calendrier de Coligny, sur les deux inscriptions de Rom
(Deux-Sèvres), sur les formules de Mareellus, sur des inscrip-
tions d'Alise-Sainte-Reine, d'Evreux et du Vieil Evreux. Aucun
de ses arguments ne résiste à l'examen. Sentant la faiblesse de
son argumentation au point de vue historique, il admet que
la langue des Galli conquérants différait de celle des Celtes,
mais que celle-ci continuait à vivre et même qtie grâce à l'in-
fluence et à l'enseignement des druides, elle était la plus cul-
tivée : c'était la langue des lettrés, ce qui expliquerait qu'elle
ait été employée dans la rédaction de documents officiels et reli-
gieux comme le calendrier de Coligny. Il appelait cette
langue celtican. Or, la langue des potiers de la Graufesenque
est du pur gaulois, et je ne pense pas qu'ils se soient recrutés
spécialement dans les classes élevées et lettrées, chez les
Druides.
Le ligure qui, pour diverses raisons, avait fait une fortune
extraordinaire au point de vue linguistique même (je laisse de
côté pour le moment le point de vue historique), avait fortement
empiété sur plusieurs points du domaine gaulois. Il se créa
même en France une sorte de patriotisme archaïque ligure :
il s'en est fallu de peu que Vercingetorix lui-même ne fût
enrôlé dans le groupe ligure. Désormais le ligure, je l'espère,
se fera plus modeste et se résignera, même après une vie
accidentée et des conquêtes qui ont laissé des traces, à des-
cendre au royaume des ombres, avec d'autres illustres compé-
titeurs.
En réalité, au premier siècle de notre ère, du nord au midi,
la langue nationale, c'est du gaulois, c'est-à-dire une langue
étroitement apparentée au celtique insulaire, surtout au groupe
abrittonique.
Une objection, il est vrai, se présente immédiatement à
l'esprit : comment se fait-il, dans ce cas, que certaines inscrip-
tion; gauloises, le fragment de La Graufesenque par exemple,
qui n'est pas un compte de potier, ne puissent s'expliquer par
le celtique insulaire? Tout d'abord, quelque riche qu'il soit, ce
celtique a malheureusement perdu au cours des siècles certaines
parties de son vocabulaire qui se trouvaient précisément en
usage chez les Gaulois, et en a conservé et même développé
Les Graffîtes gaulois de la Graufesenque. 61
d'autres qui pouvaient manquer à la langue des Celtes conti-
nentaux. Il ne faut pas oublier non plus que la Gaule était
séparée de la Bretagne par un détroit, et de l'Irlande par deux.
Certains termes disparaissent inévitablement avec les mœurs,
les coutumes, les traditions qu'ils représentent. La civilisation
matérielle se modifie fatalement. Les vases de la Graufesenque
portent pour la plupart des noms latins, parce que la céra-
mique gauloise avait été évincée par la céramique venant
d'Italie. En Bretagne, en Irlande tout au moins, à la même
époque, les vases analogues eussent été connus sous des noms
celtiques.
Comment s'étonner d'ailleurs que des textes du I er siècle de
notre ère présentent parfois d'impénétrables obscurités à des
linguistes qui n'ont à leur disposition pour les interpréter que
les ressources d'une langue de la même famille assurément,
mais dont les documents sont postérieurs de huit siècles, alors
que du temps de Cicéron on ne comprenait guère le latin du
temps des guerres puniques? Bien des passages de poèmes
irlandais anciens, et même de poèmes gallois simplement du
XII e siècle, ont résisté jusqu'ici aux efforts des critiques les plus
compétents.
Les différences qui devaient exister déjà à l'époque de la con-
quête romaine entre le vocabulaire gaulois et le vocabulaire insu-
laire, fussent allées sans doute s'accentuant sous la domination
romaine; et si nous possédions des textes gaulois du m e ou
du iv e siècle de notre ère, ils mettraient à l'épreuve la science
et la patience des celtistes et ne se laisseraient pénétrer vrai-
semblablement qu'après de laborieuses investigations. De
langue nationale et littéraire, le gaulois fût descendu au rang
de langue purement populaire. Or il suffit d'assez peu de temps
pour que le divorce en pareil cas, entre la langue littéraire
de moins en moins influente et la langue populaire livrée à
elle-même, devienne très prononcé. Le pays de Galles ayant
perdu son indépendance au cours du XIII e siècle, sa langue
n'étant plus officielle ni cultivée par une classe de lettrés, les lexi-
cographes gallois du xvi e siècle se sont parfois grossièrement
trompés sur le sens de bon nombre de mots employés à l'époque
de l'indépendance ; et cependant au xv c siècle encore et même
62 y. Loth.
au xvi c le gallois a produit des œuvres poétiques de premier
ordre ; la tradition littéraire n'avait jamais été complètement
interrompue. Dans cet ordre d'idées, l'exemple le plus saisis-
sant nous est offert par le comique. Dès le v siècle, la
langue nationale n'avait plus de caractère officiel, mais une
certaine tradition littéraire subsistait encore au moyen âge
grâce aux mystères qui passionnaient le peuple et maintenaient
la langue dans un état relatif (très relatif) de pureté, mais
cette langue semi-littéraire qtii ne se manifestait pour le public
que dans de rares fêtes, ne contrariait guère la langue popu-
laire qui continuait son évolution. Le résultat, c'est que les
lettrés du Cornwall du début du xvm e siècle étaient incapables
de traduire, même d'éditer correctement un texte comique du
XVI e , voire du commencement du xvir siècle.
Si la disparition à peu près complète du gaulois est regret-
table, nous avous dans le celtique de La Graufesenque un
puissant motif de consolation. On peut avoir une vision éten-
due du gaulois et se le représenter dans ses traits essentiels, si
on veut le demander au celtique insulaire. J'irai plus loin : si
on veut pénétrer dans le passé des Celtes continentaux aussi
bien à l'époque préhistorique qu'à l'époque proto-historique,
c'est à lui qu'il est, sinon nécessaire, au moins prudent d'avoir
recours. Les textes des écrivains de l'antiquité, par dessus
tout le Zk bellogallîco jettent souvent une lumière éclatante mais
parfois vacillante sur la civilisation des Gaulois à l'époque plei-
nement historique. Mon collègue C. Jullian, dans sa monumen-
tale Histoire de la Gaule, en a tiré un remarquable parti et est
arrivé à des résultats qui ne sauraient être mis en doute ; ils sont
confirmés par les recherches ayant pour objet la civilisation des
Irlandais et des Brittons. Mais la Gaule du temps de César
était parvenue à un stade de civilisation supérieur à celuiq ue
nous révèle la littérature des Celtes insulaires. Les Lois et les
épopées irlandaises, les Lois galloises, malgré quelques traces
d'influence romaine, les poèmes et romans gallois nous
reportent incontestablement à une étape plus reculée. C'est à
ces documents contrôlés par l'archéologie qu'il faut demander
la véritable physionomie des Celtes à l'époque de leur unité.
On a eu longtemps, et on a encore trop souvent, des Celtes
Les Graffites gaulois de la Graufesenque. 63
l'idée que c'était un peuples uniquement occupé de conquêtes,
ne rêvant que guerres et expéditions aventureuses. Personne
n'a fait plus nettement justice de cette conception que C. Jul-
lian ; mieux que tout autre, il a mis en relief les hautes qualités
morales qui ressortent des coutumes et des institutions des Gau-
lois. Qu'ils aient eu à un haut degré le goût de la culture intel-
lectuelle, à défaut d'autre preuve, l'institution d'une classede let-
trés suffirait à l'établir. Mais nous ne savons rien en revanche,
des œuvres que cette culture a pu ou eût pu produire ; nous
pouvons nous en faire une idée par les productions littéraires
trop peu connues de l'Irlande et du pays de Galles 1 . Il n'est
pas exagéré de dire que si l'Irlande avait eu un Homère, sa
littérature épique n'aurait eu rien à envier à celle de la Grèce.
Rien n'est comparable en Europe, au xir'-xin e siècle, à la poé-
sie lyrique galloise. Au xiv e siècle même aucun poète contem-
porain ne peut rivaliser avec Davydd ab Gwilym pour la fan-
taisie créatrice, la richesse et l'éclat des images. Les deux littéra-
tures témoignent d'une sève créatrice puissante, d'une imagina-
tion hardie et libre de toute contrainte, souvent même, morale.
L'amour foudroyant, plus fort que toutes les lois divines et
humaines, n'est pas chez eux un accident heureux comme celui
qui nous a valu Tristan : il se manifeste maintes lois dans les
épopées irlandaises, dans les romans gallois. Un des traits les
plus frappants chez les poètes irlandais et gallois, c'est un sen-
timent profond, un véritable amour de la nature; il respire
même dans tous les poèmes des bardes guerriers gallois de
l'époque de l'indépendance; nulle part, à l'époque moderne
même, ce sentiment n'a été plus universel et plus spontané.
Si les Irlandais et les Gallois avaient gardé leur indépen-
dance, ils auraient sans doute grandement enrichi la littéra-
ture de l'Europe; on peut sans crainte en dire autant des Gau-
lois.
Il ne faudrait pas croire que la littérature savante n'eût
pas été leur fait. L'allemand Ferdinand Walter, un des maîtres
dans la science du droit romain, n'a pas hésite, après une
1. Cf. cependant, Jullian, De la littérature poétique des Gaulois, p. 17
(tirage à part de la Rev. arch., 1902, p. 304).
(>l ]. Loth
étude approfondie des Lois galloises, à afBrmer que les Gallois
ont été les meilleurs juristes du moyeu âge : il n'y en a pas
eu assurément de plus subtils.
Il v a aussi dans le celtique insulaire une source particuliè-
rement féconde d'informations sur le passé des Celtes tant
insulaires que continentaux : c'est son vocabulaire même. Il y
a en effet une véritable paléontologie du langage. Fustel de
Coulanges en avait perçu l'extrême importance, quand il dit,
page 3 de l'introduction de La cité antique. : « Le sens intime
d'un radical peut quelquefois révéler une ancienne opinion ou
un ancien usaçe. : les idées se sont transformées et les souve-
nirs se sont évanouis, mais les mots sont restés, immuables
témoins des croyances qui ont disparu ». Des témoins de ce
genre, il n'en manque ni en irlandais ni en brittonique; il ne
suffit pas de les découvrir, il faut savoir les interroger ; comme
ils ne sont guère loquaces dans beaucoup de cas, ce n'est pas
un mince mérite que d'interpréter leur témoignage. Il y a
beaucoup à faire dans cette voie. Le vocabulaire néo-celtique
est loin d'être entièrement connu et surtout élucidé. On peut
prévoir que le jour, encore lointain, où on y sera parvenu, il
en résultera de sérieux progrès dans la connaissance de la pré-
et proto-histoire des Celtes, et par contre-coup, de l'histoire
d'une partie notable de l'Europe à cette lointaine époque.
J. Loth.
THE OLDEST TEXT
OF
MEILYR, GWALCHMEI, KYNTELW,
PRYDYT Y MOCH, & OTHERS
IN CONTINUATION OF
THE POETRYOF THE RED BOOK OF HERGHST.
Part IL
CANUON PRYDYT Y MOCH
A
Y Rodri vab Yiuein.
ntyrron daear ântyrron. i
ampryfleu donyeu dynyadon.
Amryw uyd ke beynt urodorion.
vu Gain ac Afael wirion. 4
Ny bu bryd eissyeu Absalon.
Xac Alexander na Iason.
Bu kedeyrn or tri trinheion.
Treul Efrei afyrdwl groegyon. 8
Ercwlf a Samswn seirf galon.
Ac Echdor gadarn gad wyllon.
Doeth vu or trioéth treit canon
Teir colofyn y keluytodyon. 12
Marcwlff a Chadw gadyr swyson.
A Selyf benn sywedytyon.
Rannws duw dews donyon ; angkymwvs
angkymhes y veibyon. 16
Rann y bawb o bobyl yadon.
Rei yn drud ereill yn doethyon.
Rei tra llwfyr tra llafar eu son.
Revue Celtique, XLI. <;
66 Prydyt \ Moch
Ac ereill taerglew termudyon 20
Rei digart yn hart yn haclon.
Mwy no rwy o rei kybytyon.
ym om dawn om daw kyflawdon.
am olnd termud teyrnon. 24
vyn tafawd yn urawd ar urython.
O uor ut hyd uor Iwerton.
Mi ym detyf wyf diamrysson. 27
Or prif ueirt ym prif gyueillyon.
neum roted gweled golygon.
Tro orid trwy wyr a gweissyon.
Gweleis uyrt o ueirt yn osson.
Yn moli Rodri rwyf dragon. 32
wynt kenynt nas kehynt pa hon.
y keblynt or kwbyl an defon.
Ef yn uawr yn llawr yn llyryon angert ;
yn amgut y rotyon. 36
Ef yn wyl yn olud anuon.
Ef diwyl diwyll gwleidyaton.
Ef oreu rieu nyd ron y gynna ;
Ef kynnif tud uoryon. 4°
Ef bu ryt or rwyt gorchorton.
O amgant llys dygant uab Don.
Ef a uo gan vot egylyon.
Yn naw grat yn dewret gwiryon. 44
Ef ym myd ym mawruryd ym Mon.
Yg Kemeis yg kymaws deon.
Hil Ywein prydein praf wron.
Hil Rodri yn helw rodolyon. 48
Yn eryr prif wyr priodoryon clod.
Yn cludaw anoethyon.
Yn eurdud terrwyndrud tirion.
yn eurdwr yn eurdorchogyon. 5 2
yn eurdoryf kyntoryf kynreinon ;
yn eurgoryf yn toryf antyrron.
II.
Ardwyreaf hael o hwyl aches kyrt ;
nyd cartwawd aykyfres.
Yrdang nad plygyad plymnwyd bres.
Ardwyad gorwlad a gormes. 4
v Rodri vàb Ywein. 67
Aryfle ysgwyd eur yn armes, kynnygyn.
yn kynnif ry dodes.
Ar ysgwyt didramgwyt didres.
Aryal hy ny fy ny foes. 8
Ny chwsc y gywlad. ny chysgoges glew ;
glyw prydein rwy proues.
Nyd kynna itaw eidol nés.
Xoc Arthur eirth dragon walh.es 12
Nyd kynnwys y lu ; nyd kynnhes y lid ;
y lochi nyd afles.
Nyd ef rif kynnif kyuynnes.
N'y wtant cwt ant rwy cotes. 16
Yn dyrlid molyant mal yt es.
Yn moli milwr uaranres.
Ef yn atteb ny dywaes nac
nac uchel na hanes. 20
Ef uilwr ar uilwyr didres.
ae uilyoet kyhoet kyuaeres.
Ker Aber Congwy kynnognes dwy dreic ;
deu dragon yn yngres. 24
Deu dremud am dud ae dodes.
Dwy uytin orllin orllawes.
Deu deyrn derrwyn didorres yn llid ;
llu daear ae hoffes. » 28
Un ar dir ar doruoet ny dres.
Yn aruon yn arwar trachwres.
Ac arall mynawc y mynwes mawruor ;
y m mawr uar agkymhes. 32
yn esguraw hawl hawt adnes.
yn esgar y bawb am beues.
Yn yscwthyr trydar yn ysgwn darpar ;
yn llachar nyn Hoches. 36
Ar draethell ny draethwyd neges.
Mor orulwg gyulwg gyuaeres.
Ar honn Rodri mon niwyn claearwres heul ;
hael dauyt ae rotes. 40
68 Prydyt y M oc h
Duc eil nithyr troch aruthyr trachwres.
Tir lleyn yr Llithyaw branhes.
Tu goror halluor hollcs ysgwytawr
ar ysgwydeu gwyngnes. 44
Dy gyuarth pob parth ef porthes.
Dec am un ef dygyuoryes.
Deu cann waew terrwyn torres bar dygrwn ;
pan ysgwn esgores. 4 ,s
kynn ysgar llew llachar lluchwres.
ae alon ae al angkymhes.
Kynnifyeid bleinyeid ; bleidyeu armes cad ;
bleityeu coed ae llewes. 5 2
Kynna hwnn neus gwnn nas gweles.
Dyn ymyw or meint ry ganhes.
Cart arnaw ut fraw frawt oddiwes clod ;
bei clywed oet ères. 5 ()
Mor wrawl y hawl pan holes.
Mor gadarn yd geidw hyd reges.
Mab Ywein prydein priodes gwendud ;
gwyndeyrn eryres. °°
Mad gogant molyant rwy moles.
Mal Mertin ym marteir kyffes.
Milueirt mawrurydic ryd anuones duw ;
dyn ym myd an gwares. °4
Rodri mawr rwym llawr rym Houes.
A ryt but y bawb y gymhes.
Cafaf cor mawrnaf mawrnerth aches llydw
andid lied uym muches.
Cafant uyrt o ueirtyon eu lies.
voli Rodri ryodres. 7°
III.
A
rdwyreaf naf ut neirthyeid prydein
prif deyrn kynnifyeid.
v Rodri vab Ywein. 6y
Aertoryf goryf gwrt derwyn y neicl :
Y gynnif ar gynnygyn trechyeid. 4
Ardwy cad argrad eurgreid teyrneit ;
teyrngert ordyfneid.
llevv trylew trylef y geinyeid.
lhvrw beirt byd esbyd esborthyeid. 8
Llaw Rodri gwrt ri gwrth amygeid gwlad ;
a gwr gwlyt wrth eirchyeid.
llary ysbar ysbenyt y neid.
llew wrth aer a llwfyr \\Tth eirchyeid. 12
Llaw didawl gwrawl gwr ny dyweid nac ;
uy neges yw synnhyeid.
yn eryr ar llawr wyr lleityeid
yn adon metwon met kynteid. 16
Yn ardwy beirt dwfyn ; dyfneid y alaf ;
y elyf ueirch canneid.
yn erchlyfyn yn erchliw gleissyeid.
yn eruawr froenuawr friw eureid. 20
Ym pob lliw keinwiw can ryuygeid dyn ;
yn uelyn yn uoleid.
Ef ae ryt yn rwyt eruynnyeid.
ef rywr ryweryd digreid. 24
Ef gogel gogan gymhwyllyeid.
ef gogawn glyw camawn keimhyeid.
Ef gogwyt galon geleurutyeid aer ;
y oruod y ysbeid. 28
ef dreissyc ny blyc y blygneid.
ef dreissyad ac wynteu dreissyeid.
Ef gyrchyad ragor wy gyrchyeid rac kwys ;
wy lo(e)grwys lofrutyeid. 32
ef ysgydw am ysgor y deid.
ysgwydawr llethriduawr llathreid.
Ef eryr prydein priawd wy gwrthaugwrthrychwid.
Pan oruc keili keluytyeid daear ; 36
dynyadon edeifnyeid.
70 Prydyt y Moch
VA goreu un gwron ym pleid.
Kymry uawr kymrwy gynnyrcheid.
Ef mwyhaf y met adrotyeid. 4c»
Ef haelaf ef teccaf teleid.
VA medrws modur henuryeid.
mal medru modrydaf ar heid.
Yn wyaf balchaf bwlch liueid ; lafynawr ;
yn wryawr orddyfneid. 45
yn gymynher ner nerth pob reid.
yn gymhen yn gymhan ygneid.
y gwnaeth duw deifnyawc ar honneid.
Rodri hael ae hafal ny gwndd.
dwfyr ac awyr ac eneid a phrit ;
a frawtus tan ny pheid. 51
IV.
HAELRodriryodresedneint. 1
hawl gretuawl tra gwawl tra gwyneint.
Hanbych well o duw diechwreint deyrn ;
Teyrnet westiuyeint. 4
O wynet yn het yn hartureint.
O Bowys o beues dyfneint.
O ynys brydein briawd ureint.
Ae their rac ynys rec hofeint.
Teyrnas yth law lid gereint nyd chwith ;
yr chwydad esgereint.
nyd bath llath yn llaw ysgereint.
ny byt byth bydawl y gymeint. 12
Athrugar kertgar cad wytheint.
Ath roto creawdyr kyrreiuyeint.
Ath lwyto mawruro a mawrureint.
Athro ked bych kydurawd a seint. 16
Bygwth Grufjut vab Kynan vab 0. G.
ARdaly nef ardunya uyn dlid.
Arglwyt duw yn dyn yth enid.
Erglyw ui am vuner ossid.
Bvgiuth Gniffut vab Kynan. ji
Yg canhyad oth rad oth rydid. 4
Na dos hael yn helw dy dwydid.
Y wrthif na mi y wrthid.
Am parabyl oth dawn ym perid.
Parhawd o nebawd y nid y hael glew 8
y gloduawr hu bid.
y gybyt y gabyi ae ouid.
Rac beieu rieu yny rennid.
but dy rybut ruffut a rybuchid 1 12
A thitheu aryf cadeu kydlid.
Athrugar kertgar kyuerdelid.
Ytt heu uyg cert nac ef uid.
Mal heu rac moch meryerid. 16
Ac ystyr brif unben mor brid.
Eur auya os ef ny erchid.
Ny ystyr llythwyr uy llethrid ym kert ;
gyrr di yr cart y wrthid. 20
Ac onys gyrry di gyrraf wrid.
yth deurut yth dewrwarth ganlid.
A glywo dy wyr wy erlid.
Ath orwyr ym llamwyr ym llid. 24
A hwde dewis or rydid.
cabyl neu glod om dyuod dybid.
Dym dotyw edliw ac edlid.
Am haelon haelder kynhenid. 28
Lias ioruerth aernerth eur newid a char ;
och yrdaw nyd odid.
Mab Madawc llaw deawc lleudid.
y uawr uyw y uawrueirt pob hid. 32
Marw Einyawn mawr anaw dibrid ;
Myrt ry wneith yn gyureith gymid
Mab Tegwared hael hawl dremid galon.
gai ac ef ny borthid. 36
Nys liât bleit uch blaenwel gwituid.
nys dwc lleidyr uy llawrgert o did.
Neud llei dy ouod neud dy ouid ked ;
Cadwgawn ry delid. 40
1. Sic in bottom margin in h 1. like that dated 1426.
-z Prydyt y Mocb
nia li Llywarch dihauarch dyndid.
mab Duw nef boed nerth wy rydid.
Ny mag nac neges amollid. 43
Ny myc rot yn rann edewid.
A minheu magator om dilid.
Bot y Duw a bod yg gleindid. 46
Awdyl y Ru j fut ap Kynan ap 0. G.
Rac rwy Dygannwy dygynwyre glyw ;
o Von hyt Vyniw llyw llu agde.
Dy ryd y doryf dy re orwydawr ;
Hyt y llewych llawr gwawr gwymp vore. 4
Dychymysc airffysc yn aryfle aesdur.
ay gledyf flamdur ay glot dy re.
Mab medel utkyrn heyyrn dy he
Gruffut tyyrnud tut Elisse. 8
Mab cor dor dewred ef dwyre prifgat.
megys y hendat oy rat rodre.
Molawt yw y gnif mal ym danure.
Edeinueirch a seirch serygyl kynnwe.
Moladwy y ryd rod y bore. 13
Moidyd essillyd ny syll eurde.
Moleis y rwyf kemeis kamre ysgaylan ;
yn amwyn garthan gyrch y dandde
Moli haelder ner nyt aghyfle 17
Aghyflym vuner veirch fer fyryfne.
Pan divwng trawsulwng tros ure
y dreissyon ; ysgyluyon ysgylue. 20
Rac colouyn lliaws maws mab nwyfre.
Rac gelyn Brineich branes dychre.
Ny byd arodryd ar odre Prydein ;
prydydyon arwyre. 24
Ef yw fenn fynnyant dibelre.
Ef ae dwc oy dec werydre
Ef kymer hyder hyt uuddugre lys ;
Ef dengys emys amyl eu gorne. 28
Ef yn freu tereu tarole saysson ;
mur eryglon mon mynestyr greude.
i Ruffui a Davyi m. Ywein. 73
Poet ef y orffen orffowysle. 31
Arfedawc eirchyeit arch dy vnlle.
Ygkvuaruot klot kludueird dyle.
Ygkyfrwys gynnwys gan wawr y le. 34
Canu v Dauyt m. Ywein.
Kyuarchaf Duw naf neuawl dad keli ;
keluytyd heb afrad.
y uilwr anvr arwein nad.
v voli ked westi wastad. 4
Y uilwyr eryr aryf gwennwlad a gwaed
a gwytgwn ysborthyad.
y dauyt lawryt lawr gyrchyad.
v deuawd eirthyaw detyf neirthyad.
Priodawr pennwaet pan gaffad ut ner ;
o nerth duw ae cread.
Prif deyrn kedyrn kydwet rad ;
Preityei bawb y bob digarad. 12
Penndeuic fraw aber frawt cad.
Prvdein hydyr hudoet ymdiuad. 14
Heb reith heb gyfreith heb gyfrad a gwàn
na gweini keleurad.
heb ysgor hygor hygarad.
heb ysgar ysgwyd ac aghad. i v
Heb ysgarant blant yd blygyad Kymry ;
oet kymFwyn y delwad. -2< 1
Pan doues peir trachwres trochyad.
Par trwy \ - ar trwy uyrt ysgwytyad.
Por eissor aessawT weiniuyad.
pant racdaw bu faw bu fysgyad. 24
Penn brynn keredic nyd caryad ae duc ;
yn deyrn pymthegwlad.
Xamyn gwaew yn gwan oe aghad.
Prydyt y Moch
.1 llafyn coch yn llaw gynnifyad. 2<^
a brwyscav a briwaw bragad.
A brwysclet a breisclat trwm yad.
A bytinawr gwrt gortyfnyad kynygyn
yn kynnif ar ysdrad. 32
Kedwitt Duw an kedwis hcb wad.
Cadyr hetwch hytyn am winllad.
Cad wyllyon dauyt da gyrchyad.
kcd wallaw Cadwallawn amhad. 36
Kerd orllwyt arglwyt argleidrad Kymru
kymreisclod dyrchauad.
y anaw a daw a dyfnad.
y anant y eni bu mad. 40
y eur rut yn rot oe geinyad.
Ae emys ae amryw dillad.
Y bali porffor parth nad a wyrthya ;
ae werthuawr ysgarlad. 44
Ef oreu rieu ry gread.
ut edmyc traws ryuyc treissyad.
Ef yn wyl yn olud rotyad.
Ef yn daer yn aer yn anllad. 48
Ef ulawt kyfrieu ; ef uleityad yn dygyn ;
Ef kynnygyn kymynad.
Ef ysgrud ef drud ef drussyad.
Ef ddoethaf ef doethuawr ygnad. 52
Ef goreu a vu o uab tad.
a mab gwreic gwrygwys y pwyllad.
Pwyllaf a ganaf a genwch ueirtyon
y uawrdawn a geffwch. 56
kert dauyd kein rebyt kenwch
Cor eissor kyfor kyuetwch.
cart wahart a wahan volwch.
Ar dreicyeu dragon amdistrwch. 60
Cabyl arnaw ut fraw a frouwch nyd oes ;
nyd assw y gwelwch.
Ef digawn dyhet a hetwch.
Ef dwyre dewrueirt uireinwch. 64
Ef dyrran dyt calan cadrwch.
i Davyt mab Ywein. j>
ked eirchyon yr kedawl erchwch
Ef dyryt heityt a heitwch anaw
Ef anant kyuolwch. 68-
Ef gorev aereu arafwch.
Ef gorfu goruawr y clywch.
Ef go rue am gerryc mor llwch.
Am vuarth caduan cad arrwch. 72-
Ef gwnaeth tu penntraeth penn trwch
calanet ; gai ac ef na cherweh.
Gwyr yn digyn yn nigffedwch dygyrydwch
Gwerin ner yn aer dawelwch. 76*
Gwar Hywel hoewal kyuetwch.
Gwrt yn Hat a llafyn deu avwch.
Gwyr hoetylwydyr gwr hydyr yn y hwch.
ae uar kynn noe uawr attregwch. 80
Teyrnet prydein pryderwch.
Rac teyrn gwynet yd gwynwch
Teyrnllaw uy rwyf ryddygwch.
Teyrnllv teyrnllid gennwch. 84
Teyrnged heb rif hebrygwch oe lys
ywch lessaf os gwnewch.
Rac talu y agheu telweh.
Rac talarw cadeu cwt uytwch. 8&
Rac diuei deyrn diuennwch.
Rac dauyt awch kilyt kilywch.
Ef uawrllyw mawrllit mallolwch.
Chwi uawr wyr y uawr wr gwystlwch. 92-
Ef a daw y dwyn yr einwch.
Ef ae dwc ac nyw diolwch.
Chwi racdaw y gyd ny gedwch. na rwyt
na rydewr ynyalwch. 96
Ef y uaes y uaws gadarnwch.
Chwi y goed y gad nwy beitwch.
Ef y urynn y ureinyawc kyfrwch.
Chwi y bant diuant dyurydwch. ioo>
Ef aer dyrch awch kyreh nys kyrchwch.
hyd urawd ; chwi oe fawd yd fowch.
Gnawd oe law lawrueirt gyuradwch.
7<6 Prydyi v Moch
Gwan oe aer a gwin oc eur ulwch. 104
Gwaew a llafyn. yn liât yn deutrwch.
Gwae ae cawt nyw kyhut dadolwch.
Dadolwch teyrn tarw catuc pryduawr
Gwyr prydein rwy goruc.
uro echeifyeint uchelgruc.
hyd wynnuryn llundein lie clodluc.
O Pennwaet Dyfneint dim nyd fuc.
hyd pcntir gafran yd gyfyrduc. 112
Alaeth y pennaeth ar bob engiryawl ;
o hir wawl hir aduc.
Ef wrawl oe orofyn rwy duc.
hyn nyd feith yn faeth pob sarruc. 116
Gwr goruawr gorflwg pan amuc.
Gwyr gystwy gwrt gastell y rue.
Ef gwnaeth yn erthyst byst bochgluc.
A glyw briw branes dyorlluc. 120
Ef ae gwna nym gwnel gorchyfluc.
y wytgwn eu bod or wytgruc.
Ef goreu rieu hyd y ryduc heul ;
hewyl diruawr disseithuc. 124
Meith y ryt yr hynn nym aduc.
meirch breischir uch brasgeirch hafluc.
Mwth myggann hir llam haerlluc. 127
Na bwynt gynt na rywynt uch ryd nue.
Mab ywein gyfwyrein gaduc.
Mad ganed mawr uam ae hymduc.
Dauyt hael y haual nyd fuc. 131
Dyn nys gwyr a duwr nys goruc.
Mam wyr ae colles kyllestricyawl wisc
ae osgeth gorforawl.
o chwanta eua efnys hawl. 135
Y assen bu assw kythrawl o urys
amryuys amryuawl.
An hendad handym agheuawl.
Dybu yr gwared gwr detuawl 139
crist yg knawd an brawd bu breinhyawl.
i Davyt m. 0. Gwynet. 77
Mab an tad an tud rwyf hollawl.
ac an teid ac an tad dvvywawl.
Y gwr a oruc wrawl deyrnllin.
Breyenhin bron gedawl. 144
Breisc dauyt o defawd yth yawl.
Brcnhinet urt uonhet urtawl.
Bre ganre geinrad ganhwynawl.
Bro gynnyt ar gynnygyn breuawl. 14s
Meith oth rad heb reid eu heiryawl.
Mythyon ueirch fwyr tyweirch fortawl.
Mur gwerin goreu bedytyawl. 15/,
Milueirt hynt mwyn maurwynt meiryawl.
Meu ofyneic dreic dragonawl prydein
prif deyrn canhwynawl. 154
vrth uyn duw na uyn uy nitawl.
ac wrthyd orthywys greidyawl.
vy reen am rotes heb dawl 157
rwyf myrtoet mawrdawn ysbrydawl.
Nam dod ut mantoet ym mantawl ac eur ;
ac emys hyganawl.
Ti deyrn derrwyn butugawl. 161
Mi brydyt brydest annyanawl.
Ti \vron oreu eneidyawl.
Mi digart dy uawr uart ath uawl.
Ti aerwr arwr arwynyawl fossawd ;
mi ath wawd ath watawl. 166
Ti eryr ongyr angertawl.
Teu yth lys lestri eurinyawl.
Teu vyg kert angert engiryawl. 169
Meu dud ior ath cor ath ganmawl.
Boed teu benn rieu bot nefawl douyt
balch dauyt da uydawl. 17 2
Boed agored pyrth pedyr a phawl.
yth erbyn arbennic dynyawl.
Bych gwr het yn hawturyd ar sawl.
a geif tud an tad ysbrydawl. 176
78 Prydyl v Mocb
Bygalh dauyt mab 0. G.
Kai.ax hyturef tymp dyt yn edwi ;
calaf gan lloer uann llwrw uenc.^i.
kyntwryf yn ebyr llyr yn llcnwi.
kyngyd gacafawr hwyluawr heli. 4
Keluytodeu reen rannwyd a mi.
megys na rannwyd ara ricni.
kychwetyl am dothyw am dwythualch ri.
kywythyawn am dawn om dielwi. 8
A gwrt uyt adwyn agwedi uyg kert;
agarw y angert engyr ahi.
Anmynetus vum vur kadeithi.
Enwawc orthywys om gorthewi. 12
Nyd adawaf hael o hil beli.
na bwyf bwyll sarruc o bell sorri.
Gwnn yny gwanwyf gwenwynic ui.
Gwyth wastawd tauawd nas tyf eli. 16
Gwythlawn yw uyn dawn yn dyuysgi.
Gwaethyluann yg gyman yg kymelri.
Gollycha dy uar ueirtyon westi.
Gollachar y uar o uartoni. 20
Gwyl dauyt lawryt lawr orthorri cad ;
kedawl ar ogel uy ysperi.
Gwyllon teyrnon tud am noti.
Golluthon dragon dreic eryri. 24
Gollewin deyrn gwellaa ui.
Gwellygyaw uyg kert yw uyg coti.
Gwell ytt wyf hael rwyf no rivedi meirch ;
marchogwyr hyd bell ar dy deithi. 28
Gwell wytt un edmyc treissyc nor tri.
Mordaf nut ryderch yn detyf rôti.
Gwellynyawc deyrn gedeyrn gosbi.
Gwallaw ym anaw enw dy uoli. 32
Gwallouyad eur rad rodri essillyt.
a syll dy uy mod y ym cuelli
nam gyrr y wrthyd nam gwrthod ui.
nam gad ar gychuyn dytyn dewi. 3°
Guyn deyrn prydein prawf uy llochi.
Ath eur rut ath vut ath uynogi.
i Davyf m. 0. Gwynet. 79
Gwynnycawd dy glod hynod honni.
O angert am kert am kymelri. 40
Gweleis ueirt yn gryc nyd ergrygi.
Gai ulawt yn adrawt dy wrhydri.
Keneis dy volyant mal nas ry ganant ;
Milwr pedrydant pedrydawc ri. 44
Gogwyr doethyon dwfyn nad ofyn tlodi.
Doethgert lawr werthuawr yt wyf wrthi.
Gogwnn duw pryffwn y proffwydi.
Nad advc oe dawn y daeoni. 48
Gogwybyt dauyt detyf elifri.
Na byt ryweilyt ny rwyoli.
O chygein hael ut hwyl ym ynni.
A chygor angor y m agori. 52
Ny byt keladwy uod caledi.
y men ym chwrwer yr chwant cronni.
Teyrnuab ywein teyrnet aergrein ;
teyrnas uirein uaran bennlli. 56
Na gwna eryr gwyr gorddiogi.
am dadyl ut trwyhatyl yn detyf troi.
na orsag dy lenn dy les wyf i.
na orssaf ar naf yr neb ynni. 60
Nam arwerth yr eur y arglwyti ereill ;
nym arwar arall yr uym perchi.
Dym gweta urtas dym gwadawl hi.
megys y dewrwr y dywedi. 64
Dydotyw y dyt dauyt dyuynfri.
Detyf hael ym caffael neu ym colli.
Dydel kyn ryuel y rott a mi. 67
Engyl tagneuet tanc heb drengi.
Am bo vt kedawl kyduod a thi.
Ath uo hwyr hatlet a hir hoetli. 70
Kyuarch gvell Dauvt
HANBYCH well Dauyt handid o deuawd.
gogyfarch teyrn gogwyr teyrnuart.
gogyfurt forment gogyfyaw toruoet.
80 Prydyt y Moch
Gogawn teyrnueirl gogwyl irvnimn 4
termud tonnent terrwyn deym.
Eryres ormes eryron dyrrua.
iïryr teyrnon yr yn deyrngein. 7
Eryr dreic ormant ardunyant prif ueirt.
Eur dwrn prydytyon, arwynyawl
pryduawr ar wyneb prydein. w
Hud wytl yth edryt. hud wyf yth eduryd
Hydyrueirt oth edrych hud ynt yth adrawt.
Eiryoed dy ang car aerawd dyt angkeu
Eurawc dy aghad. eiryt ym ang heu. 14
Teyrnllv teyrnet teyrnllaw teyrnllin
Teyrnllyw teyrnas teruysc torment
teruyn tir gadw terrwyn teyrn.
Ar gedyrn eur gedawl. Dauyt 18
o deuawd angertawl.
Rwym kynnygyn kynnogyn ditawl.
Rwyf prydein prydyt ath uawl. 21
Marwnad maredut. m. Kynan. d. 1212.
iVl.AREDUT llofrut lloegyrw} r s diarchar.
diorchrawn orthywys.
ym er nef nota ut glwys.
ym parawd ym paradwys. 4
Parawd ysbytawd y esbyd Prydein ;
ut pryduawT y wrhyd.
Maredut marw y\v heu\ r d.
mal modur Arthur arthgryd 8-
Greidyawl arwynyawl arwynebet glyw ;
gloew eryr teyrnet.
Clwyf dygyn Deheu a Goglet
Clywed y uyned y uet. 12
Betrawd an daerawd pob deurut prydus ;
pryderwn yn achlut.
Daear un kyuar an kut.
Deon derw maredu Maredut. 16
marwnad Maredui m. Kynan ,Xi
Maredut Gruffut grym aduan teyrn ;
teyrnet ar gwynuan.
Meibyon dewr derynt ych lan.
Mur greid kynniuyeid Kynan. 20
Dwyn meibyon Kynan kyn bu llwyd yr un ;
arwynawl ym plymnwyd.
lùigyrt gyrt gwrthlys annwyd.
Angheu agkyuartal wytt. 24
Angheu an goreu gormeil kenetloet
can edlid yn adueil.
nyd hawt ny na^t neb ynyeil
nyd hyn hoes dyn noc oes deil. 28
Deilyadon dyfrynt am defry hiraeth ;
o hiruod dreic Kymry.
yth weryd hydyr wrhyd hy.
yth achles wales wely. 32
Gwelytyn teyrn tud gyuan ae keidw ;
ae kedwis pob calan.
Bro heirt y veirt y ueirch cann.
Bronn gedawl uch bro gaduan. 36
Caduan ner ener anaw kertoryon
kertassant ar eityaw.
Arwar trydar trin ognaw.
Eryr gwyr frawt dymhyr fraw 40
Fraw gyrchyad cant cad kyn bu llawr y dy ;
ae deyrn uytinawr.
Ny elwid rwyd ysgwydawr.
ry gelwir rann uarw rann uawr. 44
Mawr deyrn kedeyrn kyd gyurannu eur ;
ac aryant ym pob tu.
milwr milwyr gynytu.
Maredut maur adwyn vu. 48
Revue Celtique, XLl.
82 Prydyi v Moch
(y Ellylw verch Varedul.)
Llyw gwrawl breinyawl brenhineitaf
llywyawdyr gwenndref nef nerth a archaf
Llwydyant pob carant caraf dy uoli
llewychuawr geli ri rywoccaf 4
llwyr ym kyfyd bryd brys ny gelaf
llauur veith a wcith awcinydaf
Llyryeid uawl trethawl traethaf o naw uan
llwydran ellylw gan a genydaf K
llawen eidun vun uyd diorssaf
lleueir ry gwbyl eir ny ry gablaf
Lletyf dihol dethol doethaf or gwraged
llaryed gluduawred a gloduoraf 12
llawr mawr Mebwynyawn dawn diwarthaf
llewychdud meinhir ywr tir teccaf
Llu diurawd hyffawd hoffaf ker Meuryc
lliw gwynnblyc gwenyc gwen y hadaf 16
lleuuer eiry didreul neu heul yn haf
lliaws ae canmawl or mawl mwyaf
Llin gwinuaeth pennaeth pennaf o Gymry
llun hy ae dyly ieith atalaf 20
llwrw gwir nyw cenir ual y canaf
llauar car kerdrod o uod uydaf
Lloer hynot ar glot yr gloewaf deurud
llaesuerch uaredud a brud brydaf 24
lleduryd yw gouyn dyn diweiraf
Hit cant o volyant gwarant gwiraf
Llawer geir neir a wnaf ker Aeron
llif dragon vanon vonhediccaf 28
llevliw ardai gwiw gwydyrblas yd af
lie nym llwyd eilwyd arwyd araf
Lies uymoet ères euraf am tavawt
llathreit wawt hyd urawt hut nawt hoet naf 32
i Ellyliu a Hyiuel. 83
Lliw cer enwysc riw rin dawl om tafawd
neut diuethl anueidrawl
llin arglwyd llary hylwyd hawl
llun diweiruun dy wiruawl 36
Mawl ran ellylw gan gynyd gwyd hydec
y gwawd hydyr ny deruyd
milyoed dreul ne heul hafdyd
molyant pwyll uedyant pell uyd 40
Ny byd amdlawd gwawd gwawr hynod ellylw
allwed dawn a gwybod
Nawd yw rac ran o dannod
Nwyf rieu glwyf rwy o glod 44
Cloduawr dwn kyrchwn kyrch dilud ueinuarch
ar fwynuerch Varedud
Claer orne dwyre deurud
Clwyf cant uyrd uedyant veird uud 48
Buduawr yawn hydawn hediw hawl dylyn
yw heul dolyd llevliw
Bod rod rin diurawd wawd wiw
Bun laes wanllun lwys wynlliw 52
Marwnad Hywel uab Grujfut .m. Kynan. m. 0. G., d. 12 16
iiYWEL ddiogel diogan deyrn.
Duw ar nef nyth wyl han.
Ae senet laryet lydan.
Ae seint gloew ardonyeint glan.
Gloewdid a rydid. gan y rad boed teu ;
a bid duw yn ganhyad.
1 " edrych ai r vn awdl ydyw o hyn allan " J. D.
8 i Prydyt y M oc h
Hywel hocwal pob eirchyad.
H il Kynan hvvyl kynwan cad. 8
Kedawl arwynawl ar wyneb Prydein.
prydytyon dioheb.
Ny uagei uygwl atteb.
Ne uaeth negyuaeth y neb. 12
Naf eryr teyrn rac tympestyl kedeyrn :
cadwei dud y dâ destyl.
Ner trymder tromgad diwestyl.
neun gwneir uegys Gweir vab Gwestyl. 16
Gwystlid rac llethrid llathreidrut lafynawr
o loflen mab Gruffut.
Treis gymryd lewgryd lofrut.
Tros Gymry traws gymreisc ut. 20
Vt adyen hywen Hywel neud adneu ;
nyd adwna Duw a wnel.
Gwr hydyr yn hoedran a del.
Gwawr echen gwrhyd Echel. 24
Echig ynof coi neum cafas edlid
am edlig teyrnas.
Hydyr ut cletyfrut cloduras.
Huysgur gur yn oed gwas. 28
Gwastad yg can cad ygkyngwyt galon ;
gai ouit yn rodwyt.
Gosseb rotyad eur rad rwyt.
Gwys eissyeu aergleu arglwyt. 32
Ar deheu rieu rwyf goruchel nef ;
yn adawd Mihangel.
Arbennic aerbynnac gwnel.
Arglwyt boed hywyt Hywel. 36
Y Gruffut ah Hywel ab 0. G.
Duw douyt dym ryt reitun awen ber
ual o beir kyrriduen
i Rujfut ab Hyiucl. 85
Arwar ut gwetuar gorten
Eryr Gwychyr gweith ueigen. 4
Meu gynnelw yr elwyr alaf gan dreic
o dragon modrydaf.
heb pant molyant milyoet naf
heb pannu gan y pennaf. 8
Pennaf ut gruffut greid eryr prydein
priodawr tud allmyr
hydyr yt a clod rod rywyr
hyd yt aeth hwyl heul a ssyr. 12
Rif ser yn haelder yn helw kertoryon
yn kerted oth artelw.
Rwng dwnn y gwelwn a a gwelw
Rwyf byd rwyt gennyd gynnelw. 16
Kynheilwad Prydein wyd priodawr clod.
ac wyd clo byddinawr
wyd ysgryd gryd greid gwryawr
ac wyd ysgwyd rwyd rwyf llawr. 20
Llawr deyrn kedyrn kedwis mawrryt ner
nerth Kymry ae gwrhyd
Pan dellid rac lloegyr lluc uryd
Dellis dreic Bowys bwys byd. 24
Pan ddoeth byd y gyd goed engir Keiryawc
kyrch Gruffut ry honnir
heynt loegyr liwed enwir
heyrn am deyrn am dir. 28
Tir uy naf traethaf treth Wynet dy doeth
o deithi teyrnet.
Athreth gaer gennyn ar het
a dwy o dir yr helet. 32
Hawl adwn ysgwn ysgwyd yn lleis dreic
o dragon rud elnreis
o pob tir treth ath weleis
ac o bei ameth treth treis. 39
86 Prydyi y Moch
Treissycu ardaleu ardwy trin ry duc
ry digywys y gwerin
y racwys o Loegyrwys lin
y rac bronn y breerlhin. 40
Breenhin Powys pobyl dost yn engir
yn ongyr gorfuost
Twr kenrein twr Brydein bost
Tad ced cadoet ry wneuthost. 44
Gwneuthost gestyll twnn tud gynnadyl kynnygyn
kynyteist ny bu hadyl
ny wneuthost di nam y neb dadyl
ny oruc duw dy gystadyl. 48
Castell Mathraual mwyth werin wythawc
du peithyawc poeth ethrin
oth gynnygyn gynnogyn bydin
Nyd uch wyneb neb noe lin. 52
Glyned duw trined ym trugardawn ui
o uawr nen meruynyawn.
Aryf myrt aradyr kyrt kan yawn
Eryr gwyr llewyr lleissyawn. 56
Lleissyawn berchen benn ban fu ystwng dreic
a dragon yn echwng
Hydyr wneuthost wr ar wyr ulwng
Dyt trawd trallawd or Trallwng. 60
Trallwng Llewelyn lien brid yw berchen
ae bar th wyr yg gofid
Och ar ny lias yn llid
yth garchar dolur deliid. 64
Deliis Gruffut mawr a maon Prydein
nyd pryduerth yw alon.
Lie tec teyrnweith ut mon.
Lies yr lies y ueddygon.
Metwynt llyw am uyw am ualch wythurynn twr
bu tyno wrth an gwynn.
Pan ddoeth oes aessawr yg grynn
Pan dyfu penn llu Penllyn. 72
i Ruffitl ab Hywel. 87
Penn llyssoet kyhoet keiryawc amgant glaer
a glywir dra lliant
hud aeth eu naf yn diuant
hud el rac Gruffut kut cant 76
Can ked ryt peunyt prif eurglaer yn rwyf
am roteist ut didaer
Can cad tec torrcist dreic aer
A gwedy cancad cancaer. 80
Carws duw dy uod uyd o hen Gymro
ar Gymry yt wyd nenn
Ar bob dreic dragon berchen.
Ar pob hydyr hud wyd yn benn. 84
Pan ym gwnaeth vulet nath uolwn uy rwyf
nyd ryuet na thawn
Peryf nef pyr ddywettwn
Parabyl prif hyfryd hyd hwnn. 88
Hwnn a duc ragor ragoch wyr Kymry
kymriwei dur uochuoch
Pan vu lew Loegrwys uoloch
Pan oet llif Keiriawc lliw coch. 92
Cochurynn keredic kyrcheist rysset gwrt
yn gorddwy teyrnet
Ongyr gwyr gwyrynt yg gwet
Onn ger bronn breenhinet. 96
Breenhin mawr llin ma6 gwlad a gwyr
wyf gorwac am danad
ath garaf wyf digarad
ath garho dewr duw dy dad. 100
Marwnat Gruffut ab Howel ab 0. G.
Chwefrawr mis chweiris chweddyl diargel mawr
marw gruffut uap Howel
nym aele gne gnaws echel
nym eilyw dilyw kyn del. 4
88 Prydyt y Moch.
Dotyw ynn dilyw am dilen preitwalch prid
u\i pawb or gorffen.
Gwandcr coll aerner eurnen.
Gwendud barch gwyndyd berchen. ' s
Perciu'ii uo (îrufut parch wcsti ar nef
ar neillaw Grist keli
Am lyw mawr gwawr gwrhydri
Am luchuar gwanar gwae ui. 12
Gwae ui uod llawryt llawen ut gwendoryf
gwyndeyrn hep datcut.
lloegyr ormes rotes eur rut
Rotyad gra dillad Gruffut. 16
Gruffut grym euruut adwyn llew
yn lie bei gyuamwyn
Unbyn detyf un boen oe ddwyn
Enbyd ym ergydy mawrgwyn. 20
Kwynaf uleit gwryaf ulawt gwryawr kyfnod
kyfnewid glas waewawr
Einyoes drang llew gyfrang llawr
Anyan chwefrin dan chwefrawr 24
Y Vadawc ap Gruffut Maelawr.
Pam vnic treissic y traws iolaf Duw.
a ddigawn yach o glaf ;
milwr milwyr uodrydaf.
Madawc law ddeawc lary naf. 4
Naf ner rac trymder trist gythrud dolur.
dilis ym y eur rud ;
Mab Duw nef noda uy vd
mab Gredeuawl greidyawl gruffut. 8
Greit eryr milwyr maylawr a archaf.
y erchwyn nef a llawr ;
Vd dinac dinas gwryawr.
Vn dinam vn mab mam mawr. 12
Manunad Jôruerth ab Rolperl 8^
Vn mab Duw ehun oy heneint na lud.
gwr ny lwyd beird oe heint ;
Rwym galon nyt gelyn seint.
Rwyf Powys peues hoffeynt. i(>
Powyssed angheu Powyssuc ay gwyr.
or goreu y hamwc ;
A edeu ryeu ryddrwc.
Ac avo da ef ay dwc.
Duc Ywein wynuein ny wnn han ay hoet
neut y hoedyl am erwan ;
Hil gruffut taer rybud tan.
Teu angheu anghyflauan. 24
Kyflauan vuan vu ar dreigyeu byt.
a bedyd kyn bwyn teu ; 26
Kadyr Grist rac catvven angheu ;
Kadw uadawc uynawc yn ueu.
Meu bryder llawer llwrw khvyf ym deuryd ; 30
yn dewred nyt ydwyf;
Manvnad Jôruerth ab Rotpert.
Jryscyolin byddin bud achref kerddeu.
kerddwys hael yn tangnef.
Carno vro vreinyawl addef.
A gwedy carno caer nef. 4
Nef yr gwr arwr eur ossep kerddeu
ny dduc card e wynep.
Ny wn o wawt e wohep.
Ny wybu nakau nep. ^ v
Nep ny wyr yn llwyr vy lletvryt am lary
am lury mil oespyt
Trydar wasgar wisc ermyt.
Trydyd hael beird auael byt. 12
<-)o Prydyt y Mocb
Bydocd ygkyhoed ygkwyn a ethyw
oe athau yn amwyn.
Post kadeu kedawldut vrwyn.
Powys dir pcues derwyn 16
Derwyn yn amwyn am nerth tcyrned
teyrnas oed e werth.
Ysgwyt eurglut balchdrut berth
ysgemyd tewdor Jorwerth. 20
Joruerth gat gannerth gyt gynnor kynran
kynreul eur a phorphor.
Ef oet lew llew llu agkor
Dyhed teyrned tut yor. 24
Yor drydar aerllary oerllawr aegortho
ny wrthit yn dyd gawr.
mab Rotpert rwyf byddinawr
wyr aryfrud Maredud mawr 28
Mawr agwyn kymrwyn yr dwyn kymrawt dreic
drwy ganyat y drindawt.
Car anwar llachar llawch gwawt
Llary llawfer fyryfder fossawt. 32
Canu y Lewelyn m. Jorwerth.
1 reisuawr Lewelyn trossof nys rotei
ef rotes wylld a dof.
Y winllynn dengynn da gof
oe wennllaw heibyaw hebof 4
Hebof nyd anghof anghad glydwr llew
Llewelyn huysgwr
Hebawc teyrn uarchawc twr.
Heb ameu ef goreu gwr. 8
Gwr gwr(t)hod gwarthrut gwrt yn gwrthrynn
Lloegyr Llywelyn ar gychwynn.
ym blaen caen cawad unbyn.
ym bliant gwyrt ac un gwynn. 12
;' Lewclyn vab 1 Iorwerth. 91
Arwynn y\v gennyf arwein y veddwl
ae ueddyant hyd Lundein.
Aerwalch balch bolch y laslein.
Eryr araf prif wyr Prydein. 16
Prydein anghyngein am gyngas galon ;
ef golofyn teyrnas.
Anaw Pedyr ae nawt pa dras
y gallwn val y gallas. 20
Gallas arglwyt was aer gleis Lywelyn
lewenyt dwfyn a beis
Gwendud amryw dud Emreis.
Gwynet adrysset y dreis. 24
II.
Duw ren dym ryt kymwynas. 1
Detyf dyfyndawn kyuyawn kyweithas.
Deduryd dyt gwynuryd gwyn wanas dragon ;
dreic prydein ae hurtas. 4
Detyf uy rwyf rynn wrhyd o lias
Dewr egin dwyreawd yn das.
Llywelyn llary dyn llwyr dias galon ;
gwyl hydwf ual pallas. 8
Buost mab arab arueu dras
Drud cadeu dreic keneu kynlas.
A gwedy hynny bnost gwas.
Clet eurin clo bytin cloduras. 12
Neud wytt wr aerdwr ardwy euras cad.
kedernyd Enëas.
Dy gywlad nyd lledrad y lias.
Dy gynnogyn ny gynheil y tywas. 16
Dy gludawr waewawr goch leas kynnygyn ;
yn kynnwyn galanas.
Dy glud ueirt ynt heirt y*th hartglas.
Dy gletyf dy glod ryseas. 20
92 Prydyi y Moch
Dy arueu angheu angkywas* galon ;
gai ouyt rwy dyfnas.
Dy orwyt dy oruawr ada?.
Dywedi teithi teyrnas. 24
Ac ynys Brydein briodas yn hir ;
yn herwyt bod achas.
Dy ystwng kedeyrn kadarn dras.
Detyf gwystlaw yth law heb lutyas. 2N
Dygymer pob ner pob nwythwas. teyrn.
Duw o nef ryth swynas.
wytt priawd tir prydein ae chlas.
wytt prifwyr eryr arddyrnuras. 32
Wytt chwyrn wytt teyrn wytt eiryas cadeu.
wytt cadarn ual dinas.
wytt goreu vn gwron or uas.
A wnaeth* Duw y dyt yn créas. 36
Llym anyan tra than trwy gras a choed ;
a cheyrn oreuras.
Llyw bydoet lied byd dwfyn a bas.
Llywelyn, Llywarch ryth gauas. 40
III.
ATH uendiccwy duw deyrn werlin hael ;
hil uletynt uab kynuyn.
Aryf gwyr eryr llewyr llewyn.
Aer gymid kyndlid kynuelyn. 4
Aryal gortywal gwrdiuyn pennawr ;
penn Prydein ogyrthyn.
yth ysgwyd tebygwyd toryf wyn.
ysgwyd bail guall Guhelyn. 8
Geir uyg eir or peir yw perthyn ar bawb ;
o bobloet dyfestin.
Meu eur rut ym rotyon glyn ;
mi Lywarch titheu Lywelyn. 12
i Leivelyn vàb Iorwerth. vs
Mechdeyrn kedeyrn cad o mynn aryfrut ;
eur dilut aer dylyn.
Amhyl yth gylch galchdoed gymyn.
Am dymyr gwaed gwyr gorewyn. if>
Peithyawc dy alon dy elyn gwae ef ;
gwaet a gwlad neuth ganlyn.
Peth oth oed ath wyd wy deruyn. 19
Pymthengweith pymthengmhvyt bych hyn ;
Mabddysc ytt treulyaw treth enuyn y ueirt ;
yn yrtyoet yth gylchyn 1 .
Dy law hir neu chredir na chryn.
Yn rôti eur rut a melyn. 24
Dewr yth wnaeth un duw yn un dyn haelaf ;
hyd aeth heul oe gylchyn.
Detyf dy dad daeoni ath glyn.
Dadeni haeloni Heilyn. 28
Wyr Ywein Prydein praf dechryn galon ;
gai ouyt hil Meruyn.
Wyr Madawc vreinhyawc enwawc hyn.
Mab Jorwerth mad ganed urtyn. 32
Ath ogyuarchaf naf ny eduyn beirt
megys bart ar dremhyn.
Hawl gretuawl kedawl cad edwyn.
Hael hywlyt lawryt Lywelyn. 36
Hanbwyf well o honawd wawd obryn.
Hanbych well o Duw ac o dyn. 38
IV.
Neum bu dyt ker eluyt Elwy
Eilywn wawd a deuawd a dwy
Neum bu aralldyt ym rydid rwy
ker moreb kein wyneb Konwy
1. 7 ' line belo>v folio .vs hère is erased.
1 1 Prydyt y Moch
X t uni lm tremynu tramwy rwn(g) lleyyn
llewychedic eur ar uy kyfrwy.
Ac eurawc aruon ac Ardudwy
Ardai dwfyn hoewal am dal deuwy 8
kereis a seleis ker dinsilwy
Eissytyn gwylein ricin yn rwy
Kalcheid y kaeroet kylchwy Maelgynig
milgieit eu gwyr ym pob tramwy. 12
Nyd treid tra dilyn pell ofyn pwy
Py geidw yr gorddwfyr rac pob gorddwy
Llewelyn ae keidw llew yn adwy
Llyw Gwynet ae met hyd y mawddwy. 16
Uaw orthrech wrth rwyfan mordwy
Lloegyr wrthryn, tra llynn llwmynnwy
wyr Madawc ermidet uwyfwy
vvyr Ywein uirein y auarwy 20
pryffwn y digreit praff y ddirwy
Ger eluyt mechyt a machawy
O lydaw o draw o drwy mor Hafren
hyfriw y peleidyr ym Porthaethwy.
O ddy.neint o neint o Nan heudwy 25
Or tir a uernir wrth efyrnwy
Gwychyrualch Lewelyn erlyn arlwy
Nyd kywiw a llwfyr dwfyr Dyfyrdonwy
Kereist oth uebyd gwryd garwy
Karu bun weteit lunyeit lywy 30
Eur didawl meidrawl y modrwy ae phall
Ny phell tynn riein rac a garwy.
Yn gan mlwyt yn rwyt yn rwy ar Gymry
ath gymryd yn uwyfwy 34
Doeth attep Duw ath attwy
Teir oes byd a heuyd yn hwy. 36
Y Ruffut m. Llywelyn
Cjraessaw anaw angut ym prydein
ym pryduawr dadanhut
Engiryawl arwynyawl ut
Angertawl gretuawl gruffut
; Rujfut vab LIezuelyn. 9^
Gruffut gryd lofrut o lawurydet dygyn
y dugost bobyl wynet
Bar gwanar y gwin ar met
Ae gwyr goruych or diwet
Diwet wyr eryr ar gymry hu bych
hu byt bawb ae dyly
wrth duw yt ychaf hynny
wertheuin vreyenhin vry
Breisc deyrn kedeyrn cad ognaw llawhir
Gan llewenyt wrthaw
Metwl pawb parth uyt itaw
Metyant y grissyant graessaw
IL
Ardwyreaf dreic dragon nenn prydein
Uawer bart pryduawr yny ohen.
Ardwyad cancad kyn ked oe benn.
Ys kynt no rywynt uch rut wybrenn.
yr kertgar ysgar ysgarlad lenn. 5
Ys gwyr uwrw yr uicrien.
Ys gwybuam gam am gan hunben.
Gwrth herw dyt osswyt oes o yaen.
Dillyngws keli ual cwhvm dolen. 9
Eu carchar anwar amhar am penn.
Ny bu haws udut ual trablut trenn.
Noc anhawt gwahawt gwynt y g gwten.
Neu wtam nad cam kymryd yn benn.
mab Llywelyn hael hylwyt berchen.
Ar wyneb prydein prif eluyten. 15
Eryr huysgwr hyd ysgoen.
Aer orun ual run rut y onnenn.
Eryr teyrnet y wynet wenn. 18
Nyd yr da y hwfa hen
Xamyn yr maws ym y hun
Y molafy Vletyn vleit trin
Haelwas hwywys yg garthan.
AWDYLEU HYWEL VAB OWEIN GWYNET
J
KArafy gaer wennglaer o du gwennylan
Mynyd gar gwyldec gweled gwylan.
Yd garwny vyned kenym cared yn rwy
ry eitun ouwy y ar veingann.
Y edrych uy chwaer chwerthin egwan.
Y adrawt caru can doeth ym rann.
Y edryt uy lledurydy ae llet ourwy
y edryt llywy lîiw tonn dylann.
Llifyant oe chyuoeth a doeth atann.
lliw eyry llathyr oeruel ar vchel uann.
Rac ual ym cotid y yn llys Ogyruann,
Chweris oe hadaw hi adoed kynrann.
Ethyw am eneid y athwyf yn wann.
Neud athwyf o nwyf yn eil garwy hir.
y wenn am Uutir yn llys Ogyruann.
II
Carafy gaer ualchweith or gyuyllchi i
yny bylcha balchlun vy hun yndi.
Enwawc drafferthawc a dreit iddi.
Anwar donn lauar leuawr wrthi 4
Dewissle lywy loew gyd teithi.
Glaer gloew y dwyre o du gweilgi.
Ar wreic a lewych ar eleni 7
ulwyddyn yn ynyal aruon yn eryri.
Ny dirper pebyll ny ffyll pâli 9
Nep a rwy garwy yn uwy no hi.
Pei chwaerei y but yr barddoni. il
nebawd nossweith y byddwn nessaf iddi.
Hywel vàb Oivein Giuynet. yj
III
Asswsiswny heddiw uarch gloywliw gla-> i
A threiddyaw arnat geinwlat gynlas.
e hayddu daddyl ueith kyn lleith lleas
gan hwn arlluddyaw hoen arlludyas 4
Ac ym bei arwyd yr yn was etmyc.
e lliw oed debyc gwenyc gwynlas.
Hiraythawc vyg kof yg kyweithas
Hoet yrddi ami genti yn gas. 8
Kyt gwnelwyf ar ddyn vrddas o volyant.
nym gwna poen rwydyant bodyant ba dras.
Tonn y gallonn honn hoet a gauas
yr twf mein riein rwdeur wanas 12
nyt ydiw heddiw nyt huatas vym porth.
yn ymyn yd oed vym perthynas
Oya un mab Duw o deyrnas nef. 15
kyn addef goddef gway ui nam lias.
IV
Pan vei lawen vrein pan vrysyei waed.
pan wyar waryei
Pan ryuel pan rudit e thei.
Pan rudlan pan rudlys losgei 4
Pan rudam rudflam flemychei hyt nef
yn addef ny noddei
Hawd gwelet goleulosc arnei.
O gaer wenn geir emyl Menei
Treghissyant trydy dyd o uei trychanllog
yn llyghes vordei.
A deckant kynran ae kilyei.
kyuaryf heb vn varyf ar Venei. 1 _'
Rei'ite Celtique, XLI.
98 Hyweî vab Qwein Gwynei.
V
Pann vcher vchel pann achupet freine
pann ffaraon tort
Pann vu yryf am gyryf am galet
Pann vei aryf am varyt a wyryet.
Yng goet gorvynwy yng gordibet Lloegyr
a llygru y threfet.
llaw ar groes llu a drygrysset
A llad a lliwet a gwaedlet y lauyn
a gwaetliw ar giwet
A gwaetlenn am benn a bannet
a gwaetlan a grann yn greulet.
VI
KArafy amsser haf amssathyr gorwyt. 1
Gorawenus glyw rac glew Arglwyt.
Gorewynawc tonn tynhegyl ebrwyt.
Gorwisgwys auall arall arwyt. 4
Gorwenn uy ysgwyd ar uy ysgwyt y dreis.
kereis ny gefeis gefei awyt.
Kerid(w)en hirwenn hwyrwann ogwyt.
Kyfeiliw gwenn wawr yn awr echwyt. 8
Klaer wanllun wennlletyf wynnlliw kywyt.
wrth gamu brwynen breit na dygwyt.
Bechanigen wenn wann y gogwyt.
Bychan y mae hyn no dyn degmlwyt. 12
Mabineit lunyeit lawn gweteitrwyt
Mabdysc oet idi rôti yn rwyt.
Mabwreic mwy yd feic fenedicrwyt ar wenn
no pharabyl oe phenn agymhennrwyt 16
Petestric iolyt am byt y eilwyt.
Pa hyd yth yolaf saf rac dy swyt.
Adwyfy yn anuedret o ynvydrwyt caru
nym ceryt iessu y cyf arwyt. 20
Gorhoffet. 99
Gorhoffet Hywel ap Ywein.
TONN wenn orewyn a orwlych bct. 1
Gwytua ruuavvn bebyr ben teyrnet.
Caraf trachas Lloegyr llcudir Goglet hetiw.
ac yn amgant y lliw lliaws callet.
Caraf am rotes rybuched met. '5
IMfyn y dyhaet myr meith gywrysset.
Caraf y theilu ae thew anhet yndi.
ac wrth uot y ri rwyfaw dynet.
Caraf y morua ae mynytet. 9
Ae chaer ger y choed ae chein dirct.
ae dolyt y dwfyr ae dyf rynnet.
Ae gwylein gwynnyon ae gwymp wraget.
Caraf y milwyr ae meirch hywet.
Ae choed ae chedyrn ae chyuannet. 14
Caraf y meysyt ae man veillyon arnaw.
Myn yd gauas faw fyryf oruolet.
Caraf y brooet breint hywret. 17
Ae difeith mawrueith ae marannet.
Wy a un mab Duw mawr a ryuet.
Mor yw eilon mygyr meint y reuet.
Gwneithum a gwth gwaew gweith ar dderchet.
y rwg glyw Powys a glwys Wynet. 22
Ac y ar welw gann gynnif rysset.
Gorpwyf ellygdawd o alltudet.
Ny dalyaf diheu yny del ympleit
breutwyd ae dyweid a Duw ae met. 26
Tonn wenn orewyn a orwlych bet.
Tonn wenn orewyn wychyr wrth dreuyt
gyfliw ac aryen awr yd gynnyt.
Caraf y morua y Meiryonnyt. 30
Men ym bu vreich wenn yn obennyt.
Caraf yr eaws ar wyryaws wyt.
yg Kymer deu dyfyr dyffrynt iolyt.
Arglwyt nef a llawr gwawr gwyndodyt.
Mor bell o Geri gaer Lliwelyt. 35
Esgynneis ar uelyn o uaelyenyt.
hyd ynhir Reged rwg nos ymy a dyt.
100 Hywel vab Owein l 'ne y ml.
Gorpwyly kyn bwyf bel butei newyt.
Tir Tcgygyl teccaf yn y cluyt.
kcd bwyfy karyadawc kerted <>uyt. 40
Gobwylled uy nuwy uy nihenyt.
Tonn wenn orewyn wychyr vvrth dreuyt.
Cyuarchaf yr dewin gwertheuin
Gwerthuawr wrth y uod yn urenhin.
Kyssylltu canu kysseuin 45
kert uolyant ual y cant Mertin.
Yr gwraget ae met uy martrin mor hir
hwyr wetawc ynt am rin.
Pennhaf oll yny gollewin.
byrth caer hyd borth Ysgewin. 50
Vn ywr vun a uyt kysseuin uolyant
Gwenlliant lliw hafin.
Eil ywr Hall or pall pell uy min y wrthi
y am orthorch eurin. 54
Gweiruyl dec uy rec uy rin ny geueis
ny gauas neb om llin.
Yr uy liât y a llafneu deuuin 57
rym gwalaethy gwreic brawduaeth brenhin.
A Gwladus wetus wyl uebin uab wreic
gouyneic y gwerin. 60
Achenaf ucheneid gyfrin.
Mi ae mawl a melyn eithin.
Moch gwelwyf am nwyf yn etein y wrthaw
ac ym llaw uy llain.
Lleucu glaer uy chwaer yn chwerthin
Ac ny chwart y gwr hi rac gortin.
Gortin mawr am dawr am daerhawd.
A hiraeth yssywaeth yssy nawd. 68
Am Nest dec am debic afallulawd.
Am berweur "beruet uymhechawd.
Am Enerys wyry ny warawd ymhoen
ny orpo hi diweirdawd.
Am Hunyt ddefnyt hyd dytbrawd.
Am Hawis uy newis deuawd. 74
Keueisy vun duun diwyrnawd.
Keueisy dwy handid mwy eu molawd.
Daniel ab Llosgwrn Mezu, ioi
Keueisy deir a phedeir a ffawd.
Keueis bymp o rei gwymp eu gwyngnawd.
Keueisy chwech heb odech pechawd
Gwenglaer uch gwengaer yt ym daerhawd.
Keueisy sseith ac ef gweith gordygnawd.
Keueisy wyth yn hal pwyth peth or wawd
yr geint ys da deint rac tauawd. 83
Marwnad Ywein Gwynet. d. 1170.
Ochafy duw o dyuod y leith
llyw Gwynet ae gwynd) T d obeith
Ochaf duw na daw ef eilweith
ymyd ymydawl ossymdeith 4
Diouryd Ewein dygyn a weith
y vnbyn Gwynet ae metueith
Nyd oet wr dwy awr dwy areith
wrth neb ny thorrid y gyfreith 8
Gwr a wnaei ar Lloegyr llwyr anreith
A dwyn y dynyon yn geith
A chwytaw racddaw rif seith riallu
ny ellid y oleith 12
Oet gwr hael rac gwael rac gwynyeith
Oet kymreisc oet Kymry dyleith
Oet ysgwnn oet twnn taleith y daryan
oet cadarn kyuarweith 16
Drwg y lliw y llaw oet benreith y luoet
kyhoet kanhymddeith
Nym arwar na char na chyweith nym arha
aros agkyuyeith 20
Am retyf angor dyuynuor diffeith
yd lysc vy ghallon yg cof meith
Mal y llysc gwynnawn gan oteith
Ny thawn pei bytwn keluyt
O uoli mab duw diwenyt 25
Kyn yn dwyn yn herw yn herwyt daear
yn herwr ar douyt
102 Gwynvari Brycheinog.
Moch gwnelwyf mal y gwna dcdwyt
My a duw dilicu ^cicniihyt 29
A welei Ewein yn lluyt yn Lloegyr
yn llosci y threfyt
Gwelei doryf ar doryf y gilyt
Gwelei daryf ar dyrrua osswyt 33
Ny weled o gred a bedyt etwa
y gynna gystetlyt
Ny wnaeth duw neb dyn dwywawl fyt
Ny maeth mam mab y Heuelyt 37
Mi nyd wyf lawen o lewenyt bryd
am bryder yr vndyt
Am Ewein am dwyrein dyrllyt
Am deyrn am gedyrn gyduyt 41
Am rotes meirch re rewyt a danaf
neud nad ef ae dyryt
Mi nim dawr ken del dros eluyt
Llanw o vor a llif o uynyt 45
A mi bei gallwn ymgeryt a duw
yt oet ym y ddefnyt
Dwyn uy rwyf a dwyn uy rihyt
Dwyn uy ner uy nenn kyweithyt 49
Yny uwyf hynwyf hyneuyt galar
yn auar yn ouyt
Cof Ewein ym callon yd uyt
Diuuner vcher ac echwyt 53
Danyel ab llosgwrn mew
Canu yr Arglwyt Rys
Vyn duw vyn neirthyad uad rad rannu
vyn nerth am cannherth ym kynytu
kynneir om cadeir cadarn ganu Rys
Kymry wrys ysbys ysbyd wetu
Cjii'yiivaii BrychciiuM. 103
Kynwan coryf rac toryf twryf elyflu 5
Kynrabad kyncad wlad wletychu
Kymhendraws kyghavvs kygretyf morgymlawt ;
Kymhentawt canclawt uar ulawt ulaenu
Kymhenddreic penn eic yn pennaethu
Kymhenaf pennaeth yr wnaeth Vessu 10
Kymhenddoeth a choeth a chaeth yr molyanu ;
pebyrddor pedrydant pebror gylchu
Kymhenrwyt gyfrwyt gyfrwys tra haetu
Kymhenreith gyfreith gobeith pob tu 14
Kymhenvrwydyr am vinwydyr pan eurgrwydyr
wasgar seri gyuarpar sathar sathru
Seith wyr ser gyfnifer am ner a vu
Seith cad a seith cant seith riallu 18
Wyth cad ac wyth cant ac wyth teulu taer
cannhaer am cancaer kyn hetychu
Naw cad a nawcant gormant gorfu
Dec cad a dec cant deccaf a fu 22
Yscafyn niuer Rys yn llys Dinefwr fyrt
myrt gyrth glydwr glod chwennychu
fort wosgordd ddiwosgort ddiwasgaru
fort aergun odorun wadwryf teulu 26
fyrt kerteu a thretheu a thraethu molawd
milyoet wawr wasgawd wennwawd wetu
fwyr dra fwyr dra llwyr dra Lloegyr vethlu
frawt dra frawt dra chawt dra chynhennu 30
frwst dra frwst dra thrwst tretheu o Lundein
traethadur Prydein wyf yn prydu 32
treis tra threis tra thraws tra Tnrenn gyrchu
twryf tra thwryf tra thoryf tra tharyf racddu
tew tra thew dra thro o dra thrychu trin
a gwaedlin am deulin yn yn gwanecu 36
taer tra thaer am drom aer drwm gymynu
Am deruysc am deruyn am deruynu
Am biw Deifyr dewr escor yt ysgymu hael
ac am dreth Dinmael trauael tri llu 40
Am deyrn am gedeyrn heyrn heu
Am Degeigyl am dir Eingyl yn ymdyrru
Am gydurawd medrawd Myrddin darogan
am orwyr Kynan kert echlyssu 44
Am Ddyfyrdwy am Orddwy wrt ddisgynnu
Am Hafren am orten am wrt luestu
104 Gwilym Ryvel.
Am hyfryd kymryd Kymry ben baladyr
Am Aber Taradyr yn tremynu 48
Am byrth Ysgewin yn gorcsgynnu
Am Borth Wygyr y Mon yn menestru
Gwynnuarl Brycheinyawc.
Dadolwch Dauyt vab Ywein
Dauyt uab Ywein bwyf vn uryd a thi
yth dewruawr anwylyd
Cas cart kertoryon venwyd
On trydar trydyt hael byd
Dy vyd wrth dy vryd vranhes o borthyant
wyd berthdud oddiwes
Dawn kyflawn kywlad ormes
Dauyt duw ytty ae rotes
Rotes Duw dri dawn y drin wychyd naf
nerth Ercwlff yw r trydyt
Doethineb sselyf yssyt
A phryd Adaf ar Dauyt
Nyd gnawd yt Dauyt nad ei bryd am vut
yn votlawn y gennhyd
Gnawd ytt dreic dragon wynnuyd
Dygant rutaw am gant ryd.
Ryuet eithyr Gwynet gwenwyngawt kywlad.
kyn kyflechwyf rynnawt
uym myw am uy llyw nym llawt
uymryd nyd hyuryd nyd hawt
Hawt y bawb a thi yth wyneb am vut
ymueityaw am attep
yth aruod ossod ossep
yth arueu nyth arueit nep
Guiilym Ryvel.
Neb ny oruc Duw wrhyd Benlli gawr
bannllef bcirt yth uoli
Trin elyn tranc arglwyti
Treul metgyrn teyrn val ti
Tidi o mynny ym einyoes Arglwyt
Erglyw vi yth gynnoes
Hebawc bryn brenhin eiryoes
Hebu ym hebod nid oes
Nyd oes ym Dauyt dawn oruod ar bawb
arbennigawl hebod
cadyr rwyf cadarn glwyf glybod
can llonyt byw vn dyt bod
Can uod yn wiryon wrhyd hywlyt hir
y archaf ytt Dauyt
Dygen vt llawen llawryt
Dygant dreic dy gerennhyt
Kerennhyt herwyt or ua heteis val
ar vreyenhin Kemeis
y harchaf llary naf lledneis
llyw gwryaf trin eithaf treis
Treis dwyn glyw asswyn Glewe=syng oual
ofyneic Maelgynig
Mab Ywein coeluein Coeling
Mawrad gwallouyad gwellyg
Gwell gennhyf arnaf ernyw elyn Lloegyr
wallofyad eur melyn
Noth uar uawret gar ganlyn
Bar y ssy ar y daear o dyn
Dyn wyt galon rwyd goleu y deruyn
nyd arueit nep y teu
Duw ath wnaeth or pennaetheu
Yn orofyn pawb yn oreu
Goreu vn goreu gerennyt y dyn
yr honn Duw tragywyt
A goreu eil gerennyt
wedyn ronn Duw ronn Dauyt
Gwilym Ryvel
to6 Gwilym Ryvel.
c Daityt, deon archauael Bangor
HAnpych well Dauyt dawn gaffael
fal turn teyrnged or Israël
O duw deon archauael
Ac o dyn hawl erwyn hael 4
Hael ut cletyfrut clod ueith nam gwrthod
mawr wrthyd vyg gobeith
Anaw dreullyaw drin wosbeith
Enw bell hanpych gwell gannhweith 8
Cannhweith mal un weith enw bell o honawd
heneuyt bro hiryell
Hanbwylleis Gemeis gymell
Hanbwyll o hanaf hanbych gwell 12
Gwilym Ryuel
J. GWENOGVRYN EVANS.
PLACE-NAMES OF PICTLAND
Cuti te) '
III
-M, -MACH, etc.
79. An -m suftix - lies in dadum, anything, from dad ; dea-
tam, anxiety ; sgeilm, sgeilim, boasting, prattling ; cionaraman,
k'hirdman, a song, with diminutive -an, (n. e. P. and A.),
from cionar, music ; calum, hardness, callosity, from stem cal
in caladh, hard 5 ; ciorram, hurt, cp. M. Ir. cirr-im, I damage.
The fimction of the suffix is to form abstracts, whîch as
usual can pass over to concrètes. It plays a large part in the
toponomy also, sometimes alone but more commonly as the
first élément in a sufiixgroup.
Boîh-chrnaidhm, Buchromb (B., Craigellachie) ; both, bothie >
house, and cruaidhm, hard place, from cruaidh. Inbhir-allam,
%.- aljm, Inverallan (E., Grantown), c. 1200 Inbhiraldem ;
Allam, rocky stream, from ail, rock.
80. The commonest combination is -mach. The exact
meaning is doubtfal ; possibly the addition of -ach was to turn
the abstract into a concrète. In some of the instances it
seems to hâve a collective force. It rarely occurs in place
names consisting of a single word; Clashmach (A., Huntly),.
*Claismeach, from dais, a hollow, is the only clear instance I
hâve. The typical usage is in the first member of phrase-com-
pounds, the second member being always unlenited.
1. Voir/?. Celt., t. XXXIX, p. 125.
2. Cf. Pedersen, V. G., I, 169.
3. Not from Lat. callutn, as in Macbain, Dict. Neither is the u in calum
a svarabhakti as Pedersen (I. 326)gives it ; calum zrzbalmt, calm=kdla:dtn
(§33, note 2).
108 Francis C. Diack.
Binnmach-duibb^iN'maydui, Benmacdui(A),the well-known
mountain ; ' black peak '. Popular ètymologies hâve led to
the appearance on maps of Beinn na muic duibh, B. muic
dhui and others. The Gaelic naine is in current speech always
what I hâve written. The popular-etymology that cornes
nearest the sound is Beinn mac Duibh, ' Mac Duft's hill '. This
was current at least as early as the I7th. century ; but déci-
sive against this explanation are the objections (i) that Beinn
mac Duibh is only heard when this etymology is being offer-
ed, (2) that this forai would be heard, if not always, at
least often, as Beinn 'ac Duibh ', and (3) that Duibh would be
Dhuibh. The stem is binn, local form of beinn, used as nom.
of £m««,peak.There is no well-defined peak on the mountain,
but rather two or three over 4,000 ft., and the référence in-mach
may be to this fact, that is, it may hâve a collective meaning.
Dànmach-glais, dunmayç-gLaf 'and dùmay-g., Dunmaglass (I.,
Strathnairn) ; dùn, fort, and glas, grey. Blàrmach-faoildeach,
bLarmay-£{ltfay, Blairmafoldach (L, Fort William); blàr,
flat, plain; the second part is obscure. Bailmeach-duidhe,
balmay-dui, Belmaduthy (R., p. Knockbain); from bail, farm-
stead ; this is a case where the suffix seems to hâve a collec-
tive or plural signification. *Peitmcach-glastar , now Baihneach-
glastar, Balmaglaster (L, head ofL. Lochy); from peit, por-
tion, farm, and glastar, a compound of glas, grey, green, and
iar. Tomach-gearraidh, Dalmagarry (L, Loch Moy) ; tomach
of to-day is to be explained as for older àahnach or dolmach.
With loss of / before m the initial consonant becomes t, cp.
Dalmarnock, § 81. Gearraidh, ' bare place', ïrom gcarr, eut,
shave. Ardmach-doinidh or duinidh, Ardmach Donie (L, p.
Kirkhill) ; àrd, high ; doinidb, though very common topo-
graphically, is now obsolète, it usually appears in English as
-dinny, Craigendinny, Blairindinny, Donibristle, Donibrysell,
etc. ; meaning unknown.
Thèse -mach formations, which are found ail over Scotland,
are usually taken for mac, son, and so explained. Baihneach-
1. Mac as part of a personal name becomes 'ac in this position in the
Benmacdui district and as far north as Nairn.
Place-names oj PicthmJ. 109
duibhe is sometimes written Baile mac Duibh ', which is not
heard according to my observation, and the local clergyman
agrées. So Balmacarra (R., Lochalsh) is Bailmeach Ara, or
Arra, not Baile mac Arra. Words really involving mac appear
with 'ac or 'ic, thus Loinn'ac Griogair, Lynmaegregor, Duthil
(I.), Bail 'ic Dhuibh, Pitmaduthy (R.), Bad 'ic Néill, Balmac-
neill (P., Logierait).
81. The combination -madh is also common. Cùlmadh-
sgiach, knl nu-ski :ay, Culnaskiach (I., Kiltarlity) ; ciil back.
Lochmadb-stac, Loymd-stayk, o.s.m. Loch an staca (I., Glen-
moriston) ; ' pinnacle loch '. Tom-earrnag, toni-iaR-.nak,
Dalmarnock (P., Dunkeld). The present-day G. is for Dalm-
(adhj-earrnag or Dail- ; -adh dropped in the dialect and / for
d as in Tomach-gearraidh above ; earrnag a diminutive deri-
vative of earr, tail, cp. Clais-earrnag, o.s.m. Clais na fearna !
(A., Glen Lui) a deep gash {clais) running off at right angles
to the main valley.
The group -madh, m?, sometimes becomes -math, phone-
tically -ma, as in § 78 above. Innismath-grèillchean, isma-gre :
L'3yan, Inchmagrannachan (P., Dunkeld) ; from innis, haugh;
grèillchean from stem gràinn with -chan suflîx ; the liquid has
changed in the modem form. Gràinn. a little grain, sorae-
thing pulverised, and that is the idea hère. For the vowel
after r cp. § 12. Tulachmath-carratg. Uihtyjna-kaRïk, Tulloch-
macarrick (A., Glen Gairn); tiilach, knoll, and carraig, rock : .
Baihneath-craochaidh, Balmacreuchie (P., Strath Ardle) ; the
stem of the second appears in Craoich (Sutherland), Criech
in Fife.
82. Thèse formations characterise the toponomy in ail
parts. They are equally common in the Lowlands where
Gaelic has been extinct for seven hundred years or more,
which fact serves to date them, if it were needed. But indeed
thèse peculiar phrase-compounds obviously belong to a very
ancient stratum in the nomenclature. I hâve failed to trace
place-names of this type in Irish sources.
1. Watson, P.X. of Ross, p. 137.
2. The statement in Macdonald, P.N. of West Abe.-deen, that "the
Gaelic natives say Tullochmar/;arrick " is erroneous.
i [o Francis G. Dinck.
-G
83. A borrowed Cymric suffix, g, froni -k-, appears in
Gàidhlig, ' the Gaelic language', M. Ir. Gaedilg 1 , and incar-
raig, rock. It is seen also in the noun eilirig, from eilir, a
deer-walk (Macbain, Dict.), now practically obsolète but
widespread in the place-names. It is Englished as Elrick.
Eilirig was a place, natural or artiticial or buth, into which
<leer and game could be driven and killed. It passed as a com-
mon noun into English and appears also applied to some
contrivance or weir for catching salmon 2 . Macbain explains
the word as a locative of *eileireag, diminutive in -ag, froni
eilir, which would give phonetieally el'ïraik not el'ïrïk. The
true origin of the ending is seen irom the Book of Deer form,
elerc (c = gg), now Elrick. This eilirig is apparently unknown
in Irish, either language ortoponomy 3 .
In Gàidhtig, etc., a svarabhakti has naturally developed
atter the liquid ; after -s it does not appear. From cros (now
crois), 'cross', from Latin cmx, we hâve crasg, crosg, 'a cross-
ing', which is also a word peculiar to Scotland. Derivatives
are CrasgaiJh, Crasgag, Crasgan and Crasgach. Gasg/a. tail',
not in Irish, may be explained as gas, twig, shoot, something
that projects, with this -g sulfix. A common place-name.
-D
84. The noun alll, phonetieally auL.i and aL:t according
todialect, is usually so spelt in the dictionaries, but the correct
historical form is alld, the / spelling arising from the fact
1. Pedersen, V.G., I, 23, II. 31.
2. 'To uphauld an eleark and to delyuer the fish to us' (Reg. of Cupar,
II, xviii).
3. Prof. Watson (Rosg Gàidhlig, p. 282) finds it in Irish by identifving
it with O.I. erelca and erelcaib (Milan gl. 30a and 28 c). But thèse are the
ace. and dat. pi. of er-elca, from ele, wicked (Thés. Palaeohib. II, 415,
'great evils') and hâve no connection with the Pictish (Scottish Gaelic)
elerc, eilirig.
Place-naines of Pictland. ni
that in this position t and d are indistinguishable in the
modem Ianguage. They must, however, hâve been différent
phonetically in Old Gaelic. The word exists in a multitude
of Anglicised phrase-compounds dating from as early as the
I2th. century, and in thèse the spelling is, practically with-
out exception, ald, and the consonant is d in English now '.
This isalso true of thecommon Kinaldie,Coraldie, Balaldie,etc.
The dictionaries and books on place-names often give the
meaning as 'mountain stream' and (thinking of ait, cliff) as
'stream with precipitous banks '. It is true that manv an
alld in the Highlands can be so described, but the word will
be found in the Lowlands applied to streams that hâve no such
character. The meaning is simply 'burn, brook', with this
specihc différence that the word is applicable only to small
rivers, whatever the nature of their course or banks ; larger
rivers are nisg and ahhalnn. Semantically ait and alld hâve no
point in common.
Equally unacceptable is the usual etymologv. Macbain
writes under allt, 'Ir. ait, height, glen-side, O. Ir. ait, cliff,
O. Welsh allt, cliff [developed from British ait], Corn, ah,
Breton aot, shore ; ail allied to Latin altus '. But alld belongs
elsewhere ; in Scottish Gaelic ait, height, also exists, and
thèse torms should hâve been quoted under it, not under
allt. The following place-names show it. Alteri % Book of
-Deer, occurs elsewhere as Altraidh, aLtri (§ 70), from ait,
cliff, bank, and cri, 'river'. Alt-rollaidh, Alturlie point (near
Inverness), where ait is cliff. Fiodh n-altaidh, pn-aLtl, Finalty
hill (F., Glen Isla) ; the first term being unaccented, may be
doubtful, but the second is ait, 'height' with -aidh suffix. So
also altrum, nourishing, aLtrim, where ait- is etymologically
the same as ait, height. In ail thèse Ihe / is short ; in alld it
is long.
In the Book of Deer we hâve the dat. aldin in the nantie
Aldin Alenn, 'burn of Alenn', now A(l)den. At the top of
1 . Récent English forms of names within the Highlands from alld show /,
because the consonant now sounds in Gaelic like English /.
2. In § 70 this word is wrongly divided ; it is Alt-eri, see § 96 ; but the
discussion of the ending is correct.
ii2 Francis G. Diack.
this burn is Kinaldie from cimi, loc. of. ceânn, 'burn-end'.The
history of modem alla then is this. fu Old Gaelic it was a
lenited //-stem, declining nom. aldi, gen. dat. and ace. <///////
(cp. § 70). The nom. in-/ remained into the English period,
for many of the early English forms contain it. Ultimately it
fell and the original declension also ; as là was long, a new
genitive uilld, was formed on the analogy of a word like bail,
gen. buill. The fall ol the original final vowel has to be
remarked, because it has been lost everywhere, even in dia-
lects where final -e, -a are kept. There are however certain
words in S. Gaelic which everywhere show this loss, where
Irish préserves the ending : eitean, tràcair, lui!, lit, which was
originally an //- stem, and others '. Like alla is the place-
name Leargaidh, Largie (Ar.). In the iyth. cent, the nom.
was An Learg, gen. na Leargan, showing the n- declension,
Old Gael. nom. *Lergi. In the case of alla the new nom. in
-aidh is confined to the place-name compounds like Cinn-
alldaidh, where the second term is nom. for older al ai (§§ 49,
70).
The reconstruction then of alla, Old. G. *alài, gen. etc.
aidiii, is *al-aàio, gen. *al-adionos, with stem al, from root
*pal ; cp. Latin palus, marsh, Lith. pèlkê, marsh, Gr. TraXaaaw,
bespatter. The original notion in alla is probably 'marshy
burn'. The same stem is seen in the river name Allan, of
which there are several in Scotland.
Alla is native Pictish^ not being found in Ireland or else-
where. Dineen's allt, " cliff, brook chiefly in Scotland " is
really a writing of ait, under which entry Dineen includes
both ' height' and 'joint'. In modem Irish / before t is pro-
nounced //. Joyce's Irish Names of Places and Hogan (Onomas-
ticon) give only ait, height.
Other words showing the same formative are présent both
in the language and its place-names. Boàhà, swampy ground }
probably from the stem seen in Boâotria (§ 98). Brabhà, a
rash (so in Braemar) from bradh, brodh, point, spot 2 , etc.
1. Pedersen, V.G., I, p. 253.
2. Meyer, Contrib., brod.
Place-names of Pictland. 113
Ràthd, Eng. Rait, Rot, Roth, Rothiea nd Rothyn, (which last
two show the original declension), very common in the east,
is from ràth, fort ; *rât-adio, gen. *rùl-aJio)ios ' Màld, Mauld
(I., Strath Glass), from mal, *maglo- i 'high'. This màld is the
original Gaelic in a crowd of naines in now English-speaking
parts, such as Blairmaud, [Knock Maud, Craig Mauld, Tilly-
mauldj Inglismaldie, i. e. O. G. *EagIais-niàldi or later
mhldaidh.
This compound sufhx *-ndion- is, so far as I can discover,
onlv found in S:otland. In the foregoing examples it is a
noun-forming élément.
85. Cars, Eng. carse. With the -d suffix to guide, a satis-
factory explanation of certain words in -s, of which this is
one, is now possible. The Gaelic is cars 2 , English (Scots)
carse, kerse, the former being the more 'genteel', e.g., Carse
ofGowrie. It is plentiful both in présent Gaelic names and in
the lowlands, Carsie, Carsegownie, Balcarse, Carsebreck,
Carslogie, etc.
Carsaidh is found in the place-names as well as Cars, and
old spellings (Eng.) give Carsyn, from which the old declen-
sion is seen to hâve been, nom. carsi, oblique cases carsiu, as
in aldi, aldin. The word is thus originally *kar-aslio, gen.
*kar-astior.os.
The etymology of car is doubtful, as the meaning of the
stem is conjectural. The derivative cars is a fertile expanse
suitable for corn-growing, and the ground idea may be
'hard', 'dry', as distinguished from marshy flats ; if so, the
root may be *kar, firm, dry, Sansk. karkara-h, hard,
Goth. bardus, O.H.G. bart, Eng. hard; cp. Gr. v.pxijq,
strong 3 , the suffix *-aslio forming a noun from the adjective.
1. Macbain takes the d of ràthd from for the *-»/-, but does not account
absence of vowel between stem andi/(Trans. Gael. Soc. oflnvss. xvi, 190).
2. It is omitted from Macbain, Dict., and the H.S.D., probablv under
the idea that cars is only the English carse, whereas the borrowing is the
other way. The other dictionaries give it, with fem. gender; I hâve heard
only masc. an cars. The New Eng. Dict. leaves 'carse' unexplained, from
not knowing the présence of the word in the old Gaelic place- names.
3. Boisacq, Dict. de la langue grecque, p. 414, 510, 511.
Revue Celtique, XLI. 8
i i.| Fniinis G. Diack.
For car as adj. cp. Carmond (Kincardine), *Carmhoîn ;
dry hill (§ 90).
Cars lias not been noted except in Pictland. Wclsh cors,
reed, bog, cp. Gael cuirais, is not connected ' though, on the
stréngth of the resemblance 'carse' appears in Chalmers's
Caledonia (I. 216) in 1810 in what he supposed to be the
" British " stratum in the toponomy and is still found so
figuring in récent works.
86. Various Suffixes and Suffix groups. — The great
class of suffix-formed place-names hàs led further and occu-
pied more space than was originally intended, and the list of
them is still far from complète. I cannot deal with the
remainder further than to indicate their présence in the topo-
nomy. Most, if not ail, of the following are common to Ire-
land and Scotland, though of course the stems of the words
are often peculiar to Scotland.
-ach, alone, and in the combinations -bhach, -nach, -sach,
-rach, -iach, -tanach, -arnach, lorming both adjectives and
nouns.
-an, Irish an, a rather common ending, sometimesdiminu-
tive in meaning, but often its exact force is not obvious. The
group -chan, -achan is commoner than the simple form, and
the meaning hère is generally 'place of, 'abounding in', or the
like. Other combinations are -nan,-tan, -gan, ail diminutives
usually.
-ag, Ir. 6g, diminutive, is very common, and occurs also
in the combinations -nag, -tag, -sag.
-achd, abstract noun ending, and then concrète and parti-
cular.
IL — Compounds
87. We now pass on to a différent type of name, the large
and important class of compounds. But before discussing
them it will be convenient to call attention to a point in the
1. Cp. Pedersen, V.G., I, 485.
Place-names of Pictïand. 1 1 5
relation between the modem Gaelic forms of names and their
early English équivalents that sometimes helps in their eluci-
dation. As bas already been remarked, the place-names are to-
day stereotyped in one case ' and thus the declension is
often not ascertainable. When however thesame word appears
in différent phrases, différent cases are sometimes used, and
thus the declension is shown. For example, the river of Strath-
dearn (N.) is Uisg Etre, Eir, but the strath Srath Éireann.
Mèinnidh, river (R.) and Gleann Mèinnidh, but Lcthdach Mèinn,
showing that Mèinnidh is a t- stem (§91) Consonantal stems
in -g from *-nk-, of which the only example in O. Irish seems
to be lie, stone, gen. liac, still exist in our area. In Strath-
dearn there are Bruachag, Brough, a stream, Braigh Bhruach,
Brae of Brough and Inbhir-bruach, giving nom. Bruach(a)<C
*broukanks, gen. Bruachag <C *brouk-ankos, the stem probably
identical with bruach, bank. Inbhir-call, Invercauld (A., Brae-
mar), shows the nom., the name of the well in which the
stream rises, Tobar Challag, the genitive. Brèanag, a stream
(I., tributary of Foyers), but Gleann Brèan. The early Eng.
spellings of Arbroath (F.,) are Aberbroth and Aberbrothock,
the différence in ending representing différent cases in the
declension. For the nominative in the foregoing phrases see
§ 49-
Examples like thèse are of course rare and can occur only
in phrase-compounds, but the Eng. forms, taken along with
the modem Gaelic, sometimes throw the same light on the
declension. When English entered the country in the nth.
and i2th. centuries the place-names must hâve been regu-
larly declined, and thus it happens that sometimes the angli-
cised form represents a différent case from that of the présent
Gaelic. Often the English shows the original nominative, while
current Gaelic has settled into some oblique case, usuallv
dat.-locative. For example, Dunkeld (P.) is in Gaelic Dun-
chailleann and D.-chaillinn, Book of Dfeer Dunicalîenn, Dun-
callden (duni gen.), where çhailleann is the gen. of. an nn-
1. Bergin remarks on thesame tendency in modem Irish (Sgéalaigheacht
Chèitinn, p. 1 15).
1 16 Francis G. Diack.
stem. The early Eng. is Dunkeld and Dunkelden, the first
of thèse arising from the nom. *caill(e). It is not necessary to
suppose that in the Gaelic of the period *Dun-cbaiJ}{e) was
heard (though it may hâve been), but the nom. miglit be
heard in other connections and so pass into the English '.See
also Cearain-Mboir, Kinïemuir, and Bogain-ghaoith, Bog o'
Gicht in § 71 (1).
88. A good instance of the working of this rule is the name
of the big tributary which joins the Forth near Stirling, the
river Teith, a difficult and interesting word which probably
could not be explained but for the English form. The Gaelic
names run : Téidhaich and Uisg Thêidhaicb, the river Teith,
Srath Thêidhaicb, the lowerpart of the valley including Mont-
eith, which is not known by a separate name in Gaelic, and
Braigb Thêidhaicb, Braes of Teith, the district westofCal-
lander as far as the head of Loch Katrine. The Gaelic is pho-
netically tfzruiç, i.e. trisyllabic, where u must represent a
lenited non-palatal consonant vocalised -. By the help of the
English, which dates from a time when the consonant was
not yet vocalised, we can write dh hère 5 . The relation ot
early and modem Eng. Ted, Tet, Teth, Teith to Téidhaich is
clear. The former représenta the old nom., now obsolète,
*Téidh, the latter is dat.-loc. case, and the word is thus a c-
stem. The reconstruction is :
nom. *Tuêsidacs^> Téidh, Eng. Ted, Teith.
gen. *Tuêsidacos >> Téidhach
dat. *Tuêsidaci >• Téidhaich, présent Gaelic.
The compound divides *Tuêsi-dacs. The first part is from the
1. Rhys and others suppose that Chailleann isgen. plur. of O.C. Cale-
dones and so 'fort ofihe Caledonians' ; but if the nom. is *CailI(e)a.s above
and the word thus singular, this falls to the ground. There are other
objections to the identification too.
2. Cp. tàmhach, ta:ua~/^ drowsy ; Jeabhas, feus, improvement ; jeadhainn,
feuiN 1 , people; sreothart, stmusrt, sneeze ; freumhan, frv.wn, roots. Thèse,
like tfv.uiç itself, are in eastem dialects. The spelling Téidhaich, though
conventionally incorrect, is given because the word is really a compound
and divides Téi-dhaich.
3. For Eng. th against Gael. dh hère, see§ 92, note
Place-names of Pictland. 117
I. E. root *tue;s-, shake ; Sansk. Ivcsâ-h, impetuous ; Gr.
7zim, shake ; Lith. tviskéti, shake (of a flame) (Boisacq,
p. 857). The second is from the root *dac- seen in Sansk.
dâçati, bite ; Gr. Saxsîv, bite ; Goth.tabjan, mangle '.Another
example of *dacs in Celtic is seen in the genitive ivodacca 2
in the ogam at Grange, Waterford, for older *ivodaccas. The
meaning of the whole is thus something like 'powerful des-
troyer', theground-idea being 'causing injury'from itsfloods.
The word dates from the days of river-worship when the
characteristics of a stream were personified and divinised.
89. Thèse instances of an oblique case usurping the
original nominative in modem speech are equallycommon in
the language generally, particularly with consonantal stems ;
e.g. caraid, friend, Jilidb, poet, daracb, oak, bràgbad, neck,
gualainn, shoulder, for cara, file, dair, bràgba, guala. Further
examples in the place-names occur below.
90. In dealing with the compounds, we shall omit those
whose etymology is obvious, such as Ceannchnoc, end-hill,
Dubbailean, dark meadow, Glascboill, grey wood, Letbbbinn,
half hill, selecting for discussion rather those whose etymo-
logies are less simple, and in particular those which serve to
exhibit the Goidelic material of Scotland which is unrepre-
sented in Ireland.
monadh, hill, moor :
The modem declension is nom. tiianadb, gen. monaidb,
munaidb 5 . Old forms are available as follows. St. Andrews
in Fife is in present-day Gaelic Cill-rigbmbiu, C.-righmhinn 4 ,
1. Fick, Wôrterb., I, 451.
2. Macalister, Irish Epigraphy, III, 180. Ivo-dacca, man's narae, is one
of the manv involving names of trees, which arose trom the prevalence of
tree-worship. Cp. Ivo-rix, yew king, Iva-cattos, yew warrior, etc. Ivodacca
means something like the last, 'yew-destrover' (powerful as yew).
3. For discussions of this word see Macbain, Dict.,Stokes in Bezzenber-
ger's Beitràge, vol. 18, pp. 105, 109, and Pedersen, V.G., I, 33.
4. The tendency to substitute palatal nn (X ) in medial and final position
for original «' is a feature of the modem language. Where both pronun-
1 1 8 Francis G. Diack.
I/iL'-rirvïn, -rirviN', the second being the usual forai. As the
place was important in Pictish history, it happens to be men-
tioned in various Irish sources : — Cill rigbmanadh, Félire of
Gorman, Martyrology of Donegal , Cill righmonaig (g for d),
Félire of Oengus, p. 156; Cinn righmonai ', Ann. of Ulster
746 ; Cind righmonaigh, Tigernach 747 .
The word is a proper compound = 'king's hill' and the
whole phrase is (at) 'King's hill end'. What is the relation
of the above forms to modem monadh and to the Welsh
mynyddf mountain ?
Early forms of monadh alone are : — gen. Monith carno
and Monid croib 2 , citra Monoth, Ann. of. Ulster 728, 727,
781; dat. an mhoir Mhonaidh, Skene, Chron. of. Picts &
Scots, p. y6 5 .
The modem Ciïl-righmhin, -righmhinnisa phrase-compound
with the second term in the nom. case (§ 49), and from it
and the other forms it is apparent that monadh is originally a
t- stem, declining nom. *monets, gen. *monelos, dat. *moneti,
whence moin, monadh, monaid 'h. The non-lenition of c in Carno
and Croib shows that the genitive monith, monid had a con-
sonantal ending originally. The original nom. moin is obsolète
in the later language, but remains in certain place-names
such as Cill-righmhinn. The genitive Monith croib of the Ann.
of Ulster is Moncrieff, near Perth, which is the anglicised
old nom. *Moin-croib. The two well-known hills, Lomond in
Fife and Ben Lomond in Stirling, contain it. The Gaelic of
the latter is in its immédiate neighbourhood Loimin and
Luimin, Loimïn, Luimïn ; elsewhere Loiminn seems to occur.
The first part is the palatal stem oîlom, bare, and the meaning
dations are to be heard, the second is the original. The same feature is
noted for Ireland in Quiggin, Dial. of Donegal , § 249.
1. In the numerous class of phrase-compounds beginning with cinn, loc.
of ceann, and cill, church, English Kin-, Kil-, confusion between the
two is not uncommon.
2. The palatal vowel i between non-palatal consonauts still remains ;
cp. O'Màille, Lang. of Ann. of Ulster, p. 47.
3. Moneth quoted by Stokes, p. 105, and Kel-rimonth, p. 109, with
Balrymonth, should hâve been kept apart. They are English.
Placc-namcs of Pictland. 119
'bare hill.' ' Moin-rois, nmi-rof, Montrose(F.) 'moor' or c hill
of the wood', or 'point'. The earliest Eng. spellings are
Munros, Monros; afterwards the dental of the stem appears
in Montrose. In Meall fuarvounie (I., Loch Ness) the Gaelic
hésitâtes between nom. and gen. for the second term ; Meall
fuarmain and fuarmanaidh are both heard ; there is hésitation
also between m and mh ; 'cold-hill lump'. Breacmhonaidh,
Brightmony, (N), but older Eng. Brechtmond shows the
nom. case. Meall dàilmin, da.'lnPn, o.s.m. Meall Dail-min
(P., Glen Tilt), a neuter proper compound, as -min is unlen-
ited(§37); the meaning of dàil is doubtful. Bail-admuinn,
Baledmund (P., Pitlochry), from ad -, 'swelling', and moin,
neut. compound.
From districts now English-speaking and the Gaelie irre-
coverable ; — Brimmond (cp. Iv.bri, high), Mormond,*M<irw-
hoin, Carmond (§85), Dickman hill (cp. Dig, Dyke, parish
in E.), Crimond, Fidilmont, Essîemont, Formond, Fourman,
*Fuarmhoin, Kinn-ethmont, Kinn-inmonth, Mon-treathmont,
Tilly-garmond.
Monadh is thus a native word, and has nothing to do with
Welsh mynydd, mountain, from *momio-, further than that both
contain the same I. E. root *men-, *mon-. It does not occur
in Irish, and the Monedorigi of the Llanaber inscription is
différent 3 . In its modem form it is oneof the class of nouns
where an oblique case, hère the genitive, has extruded the
true nominative (§ 89).
91. Other words involving this *-ets, *-etos noun-forming
suffix can be detected in the toponomy either when the
English shows a différent case from the Gaelic or when the
Gaelic itself hésitâtes between the nom. and an oblique case.
1 . The large loch beside Ben Lomond is now called Loch Lomond, a
modem and transferred name. It was of old Leven, in Gaelic Leamlma.
The Ga^etteer of Scotland, 1843, takes Loimin from " British Llumon, a
beacon". This, though worthless, is still current. It deserves notice, how-
ever, as an example ot the supposed British names in the toponomy, most
ofwhich are simply Goidelic words not understood and the rest loanwords.
2. Meyer, Contrib., att. ; Stokes Urk. Spr. 24.
3. Ho'lder, s.v. ; Rhys, Welsh Phil., 376.
120 Francis G. Diack,
Tulaich-glainidh, Tillyglens, s = Eng. plural, (E., p. Edin-
killie); lulaich, loc. of tulach, hillock, and glainidh, fromstem
gîan, bright, white, 'white hillock', the declension being
nom. gîain from *glan-ets, whence the Eng. Tillyglen (§ 87),
dat.-loc. glainidh from *glan-eti. Cill-annaidh, Killen (R., p.
Avoch), cill, church ; ann, stone, cp. O. Ir. onn; Eng. Killen
from the nom., 'church of the stoney place'. For Mèinn, dat.-
loc. Mèinnidh from mèinn, iron-ore, see § 87.
This suffix combines frequently with -;/-. Arhiiu, and with
change of liquid Arîair, arsftn and aurstm ; from art, bear, or
art, stone, declining hère *arto-nets, whence Artain, dat.-loc.
*arto-neti whence *Artnaidh, Eng. Artney. Similarly Srath-
gartain, Strathgartney, along the north shore of Loch Katrine
(P.), from gart, cornfield ; the Eng. is from the oblique case.
Inverchaggarnie, Strathfillan (P.) is heard in différent parts
as Inbhir-chagarn and L-chagarnaidh, from cagar, murmur.
fur, wet, damp :
92. Stokes, following Macbain ', gives as a Pictish word
par, pur, pasture, Welsh païur, depastio, Breton pair. Since
then this pur has passed into currency and figures in most
studies of Scottish place-names 2 . Nevertheless it is nothing
but a 'ghost-word' ; the true form is fur.
Doch-fùr, Dochfour (near Inverness), doch, dabhach, a meas-
ure of land, 'wet daugh'. Ruigh-fùr (I., Caiplich), ruigh,
shealing ground. Trian-fitr, tran-fu:r, Trinafour (P. Glen
Erochy), 'wet third', perhaps 'third' of a daugh. Bail-fùraidh,
Pitfourie (P. Moulin) with suffix. Dail-fùr and Dailidh-fiir,
Dalfour (I., Badenoeh ; E., Strathspey ; A., Ballater) 'wet
haugh\//m/5-/V/r, Inchfuir(R., p. KilmuirE.) 'wet meadow'.
Pead-jhnri, Pitfour (R.,p. Avoch). ^///-/V/rBalfour(A.,Birse).
1. Macbain in Trans. Gael. Soc. of Inverness, vol. 16, p. 188 ; Stokes in
Bezzenberger's Beitràge, vol. 18, p. 109.
2. Used, I regret to say, in § 21 above, which was written sortie years
ago and before I had fully realised the danger of accepting any alleged Bri-
tish word without vérification, on whatever authority.
3. Watson, P.N.of Ross, p. 135.
Place-names oj Pictland. 121
Furent, Book of Deer (A.), the first part of which appears
in modem Pitfour, is a compound of fur and aie, not as
explained in § 21. In Argyle 1 ir-fàr, Tirefour, Lismore ; Peigh-
inn-fiir, Pennyfuir, Oban, 'wet penny-land', Achadh-fàr,
Cowal.
The wordis/zir, not pur, for the folio wing reasons. (i)Doch,
daugh, does not lenite the following term. Near Doch-fàr
above, there is Doch-garrach, Dochgarroch, and in Ross Doch-
gartaidh. Were the word *pùr, we should hâve *Doch-pûr (2).
In Pead-fhîir, Pitfour, the/is obvious. (3) So also in Book oi
Deer Furene. Besides thèse instances in Gaelic-speaking parts,
the word is abundant elsewhere in anglicised forms, Balfour,
Tillyfour, Badinfour, etc. If the original were pur, we should
hâve most of thèse, ifearly, Balpour, Pitpour, etc. Thus Srath-
pheabhair is Strath Peffer, and there is Inverpeffer elsewhere;
Bail-phcitidh, Eng. Ledpettie (P., p. Dunkeld); whereas -pour
is never found '.
1. The anglicised forms of the original Gaelic nomenclature show irre-
gularity, as might be expected, but the following généralisations are
possible as regards consonants, especially in words that hâve not been
recentlv formed in Euglish.
(1) Lenition (aspiratiou) is usually disregarded and the primary conso-
nant restored, at the beginning of a stressed syllable. A'Mhaoirne, the
Mei\ms,,Diin-Chailleann, Dun/celd ; much less frequently after the stress,
but still often there, Teimhil, Tuw/zzel; least frequently of ail when final
in an unstressed syllable, Fànatnh, Fendow, Druim-diarfhioih, Drumderfi/,
Deimhbhidh, Daviof ; but -ch final gives Eng,-ch,not -c.
(2) At the beginning of a stressed syllable the Gaelic unlenited stops are
represented by the corresponding English ; where there is a différence,
e. g. Tuilnean, Dulnan, loniach-gearraidh, Dalmagarry, Pïàtan, £leaton,
some spécial reason lies behind it.
(3) The Gael. consonant at the end ofa syllable, whether stop or spi-
rant, is often changed,as follows :
(a) d, dh may become Eng. t, th : Bod, Bu/e, Ruaidhfhinn, RulRven,
Bealadbdar, Balla/er, Téidh, Teith. At the end of polysyllabic words this is
practically universal : Libheid, Live/ ; Drumderfi/ above.
(b) b, bh may become p, f : Gilb, Gil/>, Càbaig, Ca/?uth, Screabainn, Scre-
p'xn, Dicbh, Du/ (man's name), Bidbin (Old Gael., Book of Deer), dhbh ■=
v, Byjie, Loch Ceimhbh, Kern/?.
(c) g may become c. This is rare exceptât the end of polysyllabic words.
The -ag and -g suffixes regularly become -c (ck), Eilirig, Elrick.
122 Francis G. Diack.
In thèse fur phrase-compounds it will be noticed that
except Pead-fhùr none of them show lenition. This is duc to
the tendency of initial / to resist it. Thus in phrase-com-
pounds, allt, uisg,botb, etc. regularly lenite the second mem-
ber, but not if it begins with/, which is usually preserved.
The Grammar of the Christian Brothers notes the saine ten-
dency with fin modem Irish (p. 12).
Fur is from *vugro-, cp. Gr. û^poç, Icelandie vôkr, wet,
Ga.el.fual, urine, from *vug-lo- (Boisacq, Dict., pp. 997-8). It
is now obsolète, but was a living word as late as the period
of English borrowing, as Peighinn-fùr above shows. I cannot
trace it in Irish or in Irish toponomy.
Some names mentioned by Machain and others in connect-
ion with the supposed pur, belong elsewhere : Pouran in
Fife and Pbrainn (R.) ; Powrie near Dunnee, is from *Pollai-
ridh, as the English pronunciation shows, cp. poil and Eng.
pow, coll, hazel, in English often cow (in place-names).
liath, (gen.), rock :
93. There is a big class of names in -lath and -laidh, espe-
cially the latter, where the ending without doubt does not
hâve in ail cases thesame history. It may be merely suffixal,
or the words may be compounds. With the help ofthe Book
of Deer and some Irish références it is possible, I think, to
establish a word liath (gen.) rock, as the second member of
certain words in -lath, including the wellknown names Sterl-
ing and Paisley.
In the Book of Deer, v. 22, is ingortlic }>ior, ace. case, where
in is the article, 'the bigGortlie '.Let us assume provisionally
that -lie is the ace. sing. of a noun declining nom. lie, gen.
liath, dat. liith, ace. luth and in the shorter form lie, for which
compare, for example, Old Ir. ace. lraig as well as traigid and
1 . The editors print gort lie, but gort is close to the margin and there is
no room for lie in the line. Macbain, however, rightly suggests that what
he prints gort lie is a proper compound, and compares the name Gortlick.
Stokes makes lie gen. plur. oîlie, stone, and translates 'the great rock-
field'. But the gen. plur. of lie is liac, lec.
Place-names of Pictlainl. 123
see Thurneysen, Handbuch, p. 193, § 314. Thisis a /- stem,
from nom. *lêv-ets, gen. *lêv-etos, etc., *lëv- being identical with
the stem in lie, stone, gen. liac. Provisionally then Gortlie is
'field-rock' or 'stone'.
The common-noun cachaileith, gâte, not found in Irish, is
variously spelt cachliadh, cachalciih, cachle, çachlaidh, cachliath.
Thèse variations are due to two causes. (1) The awkward
and indefensible convention by which clear a in a final unac-
cented syllable is sometimes written et ; and (2) to the fact
that in this word the rule of caol ri caol is awkward and really
unworkable. The pronunciations are kayfa and kaydl'a, i.e.
the ch is broad, the / is palatal, and the second a, not d, indi-
cates a broad final lenited consonant. The best spelling in con-
ventional orthography would be cachaileath ; the second vowel
sound not being organic but introduced to ease the passage
from the broad to the palatal consonant. This juxtaposition
of consonants of différent quality shows that the words is a
compound, dividing cach-leath *. The meaning and etymology
of the first part cach are doubtful; there are several possibili-
ties. It can be explained from *kagh, enclosure, pen, whence
Germ. hag, fence, enclosure, O.E. haga, Eng. hedge ; cp.
Latin caulae, enclosure, diminutive from *cavâ out of kag~hâ 2 .
In cach, ori^inally cagh or cogh, for modem Gaelic frequently
shows a where Old Gaelic had >,gh has become unvoiced as
in îeach, house, buarach, cow-fetter, droch, bad, etc. In com-
position the rule seems to be that the voiced consonant reap-
pears, e. g. teaghlach, household ; and this is against the
suggestion that cach is for cagh. But the objection is not, I
think, fatal ; droch, bad, remains in composition, and A'Mha-
chraidh, a flat at Culcabock near Inverness, most probably
contains mach from magh, plain ; compare also lùf/;airt, palace,
from lomjphort. Câchaileath thus means, in this view, 'enclo-
sure stone', then 'gâte'. The final a in kayfa arises from the
1. Ste Thurneysen, Handbuch, § 156(3).
2. Walde, Worlerb., s. v. caulae.
3. Clach, stone, gart, cornfield, cas, foot, etc. ; cp. Pedersen, V.G., I, 34,
and Macbain, Dict., xm.
124 Francis G. Diack.
original long e '. Cachaileath isthus really a genitive used as a
nom. (§89); the spelling cachlaidh ofsomeol the dictionaries
suggests a pronunciation kdyj'iln some parts, and ifthis form
cachaililh exists it is a dative used as a nom 2 .
94. Stirling. This town issitnated at the foot and partly
on the slope of a striking rock-mass that rises precipitously
out of the flat plain of Forth. The Gaelic is Sruibhleath,
sruil'a and struil'a. In the Aimais of Loch Ce the battle of
Bannockburn, 13 14, near Stirling, is calh ag sruibh leith and
in the Annals of Clonmacnoise S(c)rubkith. In the Book of
the Dean of Lismore, Strwlee.
The first part of Sruibhleath is from the obsolète srubh,
nose, snout, Old Ir. srub, the meaning of the whole thing
being ' nose-rock ' ; cp. the common srôn, nose, in place-
names. Struie, a hill, in Ross, and Achstruie in Inverness
contain the word. The form Stnulee above (iéth. century)
indicates Sruibhliith, that is the dative case.
The English Stirling is modem, and affected in the final
syllable by the English -ing ending ; the vernacular pronun-
ciation is Stirlin. The early spelling, if minor différences are
neglected, is Strivelin. The explanation of the -n is that the
English form happens to start from the accusative like Dun-
can, § 70, note. There are also Stirling hill near Buchan Ness
and another in Skene, both in Aberdeenshire.
95. Paisley. From vulgar-Latin *passus, way, road through,
cornes Scottish Gaelic pas, of the same meaning 5 . The word
is barely obsolète, but is omitted from the dictionaries under
the idea that it is the English word ' pass '. In the place-
names it is common. Pas Là na ici h, Pass of Leny (P., Callan-
1 . Phonetic a in final unstressed syllables arises from original long a, e y
0, and from the vowel spelt ao.
2. The etymologies in Macbain, Dict., divide the word at the wrong
place or fail to account for the qualitv of the consonants. Besides, " co 4-
cliath " would give cogleath or the like.
3. Or from the verb *passare, whence Ital. passare, Span. pasar, etc.
When we bear in mind the long period during which the Picts were in
close contact with the Empire we need not be surprised to hnd that
Scottish Gaelic contains many Latin loan-words. They will be referred to
as a group later.
Place-names of Pictland. 125
der). A m pas (I., Stratherrick). Cam-pas. Compass(I., ditto).
Pas cadha nam Fionn (A., Braemar). Dunipace, *Duni-pas
(Stirlingsh.), ' fort of the passage ', through the river Carron.
Paisley contains this word. Early spellings, abundant from
the i2th. century, are Passeleth, Passelet, Pasleth, and the
like ; also. representing the original nominative case, Passelav.
The meaning is ' passage ' or ' ford rock ', and the référence
is doubtless to a crossing on the river Cart at the place. There
is a second occurrence of the name in Inverness-shire. The
old name of the land on the east side of the Beauly river at
the ferry near Beauly, now Ferrybrae, was Paisley, still in
Gaelic Paslaidh.
Watson gives the present-day Gaelic of the first of thèse
two as Paislig, heard in Argyle \ Along with this has to be
taken cachliag, hayl'dk, one of the current forms of cachaileath,
5 93. Thèse two forms owe their existence to confusion
between lie, gen. liath, ' rock ' and lie, gen. liac, ' stone ', and
serve to confirai the explanation offered for cachaileath and
the others. For the prevalence of t- stems in Scottish Gaelic,
cp. mon ad h a.bove and § 91.
Craaidhleath, knti:l'a, Croyla (I., Badenoch), a hill, c hard
rock '.
Some of the many names in -lidh can be best explained,
on semantic grounds, as datives of lie, liath. Binnilith, Bin-
gally, (L, S. Glass ; and elsewhere), ' peak rock '. The ori-
ginal meaning of ' rock ' can pass over simply to ' hill ', as
with creag, which is often applied to Hills without rocky sur-
face. Farlaidh, Farley hill, near Beauly (I.), ' high hill ',
from for, far, over. Màrlaidh, Mariée (P., Blairgowrie), pos-
sibly ' big rock. '
eiridh, river : Bodotria (Tacitus) :
96. In Old Gaelic (Book of Deer) the form is eri, gen.
erin, an unlenited n- stem. In the modem language this has
become as usual eiridh, nom. and for ail cases, but some sur-
i. Zeitsch.f. cett. Phil, V, 184.
1 26 Francis G. Diack.
vivais of the original declension occur (§§ 70, 84). The follow-
ing river-names, a few ont of many, will serve to exemplify
the word.
larairïdh (I., p. Urquhart and Glenmoriston), ' west
stream ',. from iar, west. Caolairidh, Kilry (F. Glen Isla),
' small stream ', from caol, narrow, thin. Conairidh, Conrie
(A., Strathdon), from con-, high. Deisiridh, Dessary (L, Loch
Arkaig), from deas, deis, ' right-hand '. Uairidh, uvri, Ury
(A. ; P., Strathardle and Glen Tilt ; and others elsewhere).
The Aberdeen one is in Scots iu:ri, which is againstthe divi-
sion of the original Gaelic into uair-idh ; the diphthong ua
would rather give in Scots oy (oi) or 0. The stem à (which
probably occurs also in Loch y Usaidh, Ross) may be from *âvo,
from root *pft, purify \ Uairidh is thus ' clear river '. The
Register of Paisley, p. 13, has ' usque ad torrentem qui dici-
tur Cloghâri ', and elsewhere in the Register Clochari ; ' stony
stream ', from cloch, later clach, stone. Fionnairidh, Fiunary,
' clear stream ', from fionn. Feargraidh, Fergrie (A., Glen
Gairn), ' angry burn ', from fearg, wrath. The stem of the
river Feisidh (I., Badenoch) occurs in the Aberdeenshire
stream Fisherie, *Fcisiridh.
*Alteri nom., AJterin, ace, now Altrie (A.), shows the
modem eiridh in its Old Gaelic form in the Book of Deer. In
§ 70 this word was taken as a place-name and wrongly divid-
ed Altcr-i ; but it is probably a river-name and a compound
of ait, cliff, high bank (§ 84) and cri. In the lower part of
its course where the lands of Altrie are, the stream is fringed
with steep-faced river terraces from which it takes its name 2 .
The old declension is still preserved in some phrase-corn-,
pounds. Loch Ceitirin, l.-1/etfiran, also fc'etfervn, Loch Katrine
(P.) ; the first pronunciation shows secondary development
of a in final syllable, the second is the original. The stem ceit
is seen also in Alla Çeitilean (Ar., Loch Etive.). Inbhir-fheadran ,
1. Fick, JVôrterb., I, 483.
2. The second syllable of Alteri and the others is preserved from syn-
cope by the fact that the second member of the compound begins in a
vowel, the reconstruction being *alto-erio ; cp., for example, O. Ir. Lug-
edon from *Lugu-aidonas, but Luccreth from Lugu-qrit.
Place-names of Pictland. 127
Inveredrie, older Inverveddrie (F.) from fead, tube, pipe,
which is often found applied to small streams with a narrow
channel ; literally, ' tube river '.
97. A common river-name involving this cri, eiridh is
Peffrie, of which the English forms arc Peffer, Peffrie,
Paphrie, Paphoryn (oblique case) and the like. There are at
least eight streams so named, ail of them small burns. There
are two in Haddington, one near Edinburgh, two in Forfar,
one in Perth near Crieff, one in Ross, one in Kincardine in
1247, ri vol uni de Paforyn, now obsolète. Only in the Ross
example is the original Gaelic available. Strathpeffer is in
Gaelic stra-fïodr, and the mouth of the stream tnïr-fwsran,.
the original declension being evidently that of Alleri above.
The final a, not 2, is secondary. What is the lenited silent
consonant in Peu air, old genitive Peaair'ui ? Phonetically it
might be /, d, g, b, f, but the English, which dates from the
tinie when the consonant was still sounded, shows that it is
either b or f. Récent books write Peo//;air as if this were the
ascertained historieal spelling, which is not so. As lias been
pointed out in § 92, note, Gaelic bh cân appear as fin English
at the end of a syllable, so that Eng. Peffer no more nécessi-
tâtes Gaelic Peq/7;air than Crieff does Craoi/7;, or Duffus
Du/7;ais. etc. The Gaelic of thèse is Craoibh, Dubbais. On
phonetic grounds alone Peabhair l has as much authority
as Pcafhair, and on other grounds peabh is préférable to
peafh. From Peffrie, the English name of the Ross stream,
taken along with Srath-pheabhair and Inbhirpheabhairean (§ 87)
it can be seen that the word was in Old Gael. nom. *Pebheri >
gen. *Pebherin, a compound of pebh and eri.
Peabh I take to be a Latin loanword, from biviitm, place
where roads meet, boundary. Other words where Latin b
initial gives Gaelic p are bcist, biast, but also pèist, piast, Ir.
péist, from bestia ; plobull and bwbiril, from biblia, the Bible ;
praiseach, broth, from brassica ; piorraid and biorraid, cap,
1. For the (phonetic) in Peabhair, cp. seabhag, hawk, sleamhuinn,
slippery, leabhar, book, seagal, rye, and some others, which dialectically
hâve (Celtic Review III, 239).
1 2lS Francis G. Diack. ,
lYom birretum ; Ir. putraic from buttericus ; Ir. pleo from />/</-
r////// '. For the vowel e, ea from i see Vendrycs, De Hib.
vocabulis, § 21. Latin intervocalic v disappears in the loan-
words ; but its préservation hère may be paralleled in cabhuil
from cavellutn.
The b form of peabh, like bèist along with /w/ etc., occurs
in Gww and ^4//i Bheabhfhair, viuùr and viauhsr, o. s. m.
Bheur, a hill, on the watershed between Nethy and Caiplich,
on the track between thèse valleys (I., Abernethy). This is a
compound oîbeabh and fair, hill, coramon in hill-name com-
pounds ; ' boundary hill ', ' hill where roads meet '.
Peàbhairidh is thus ' boundary burn ' or ' burn where
roads meet '. Its signification is closely allied to that of the
common Alla Cbriocb, Alla na crioch of later times 2 . As the
name does not seem to be found in Ireland, it has been assign-
ed to British since Chalmers and perhaps before. Its non-
Irish provenance and the resemblance of English Peffer to
Welsh pefr, radiant, are sufficient to secure that ; and this
is the usual dérivation.
98. The stem of Old Gaelic eri, perhaps the word itself,
appears in the well-known Bodotria, nom., Bodotriam, ace,
the name in Tacitus, Agricola, of the river Forth. Ptolemy's
form is différent, Boderia. What is the relation between the
two ? Both must be held to be well attested, ior Tacitus pre-
sumably drew on trustworthy material for his father-in-law's
Scottish campaigns, and as for Ptolemy, so many of his
names can be shown to correspond with their modem Gaelic
équivalents that Boderia cannot be lightly set aside. Both forms
may be correct. If the words are compounds and the first part
*bodos, gen. *bodotos, a t- stem, then Bodotria can be explained
as for *Bodot(o)-eria, while Boderia divides *Bod(o)-eria ; that
is, the full stem is used in the one, the nominative stem in
the other. In composition the regular rule is that when the
1. Vendryes, Dehibern. vocabulis.
2. Peabh is also found in Peabhann, jJe'aN, the river Pean (wést I.), a
■compound, with ami, ' river ', as the second member. The English form,
being récent, does not show the silent consonant ; if it had been old, we
should hâve expected *Peffan.
Place-names of Pîdland. 129
first word belongs to the consonantal declension the full stem
is used, but there are examples of the shorter stem also :
Ir. dair-tnag, oakplain, anam-chara, soul-friend, traig-lethan,
broad-footed '. This, I think, will account for Boderia along-
side of Bodotria. The syncope of Celtic *Bodot(o)-cria to Latin-
ised Bodotria seems to présent no difficulty.
*Bodos, *bodotos, is from the I. E. root *bhudh-, bottom ;
from the extended base *bhudhno or *bhudhmno- corne Sansk.
bndhna-h, ground, bottom, Gr. zuO^v, bottom, Lat. fundus,
Gael. bomi, bottom, sole of foot ; Eng. bottom 2 . The meaning
is ' bottom river ' 3 . This name is thus rather a descriptive
term than a river-name proper as rivers were usually named
in Old Celtic ; and in this fact seems to lie the explanation of
how it came to be that what is now the river and firth of
Forth had two names in Old Celtic. The name Forth cornes
from Old Gaelic Foirchu, Foircu, Foirciu. It is now obsolète,
but must hâve been the usual name when English entered the
country. It is an un- stem, the genitive appearing in the
English Forthin 4 . Foirchiu can be from O. C. *Vericiô where
Ver- is the intensive prefix. This is more like the usual nomen-
clature for rivers, and it is not impossible that we hâve the
word in the name of a tribe mentioned by Ptolemy as seated
somewhere in the neighbourhood of the Forth. The readings
are Vcnicones and Vernicones. Is the true reading *Vericones ?
However this may be, it would appear that Bodotria, Boderia
was the name of only a part of the river, the lower portion
where the plain is markedly flat, though everywhere the
mountains from which the river and its tributaries issue are
visible.
With Bodotria goes etymologically Bodcacos, Bodincos, the
Ligurian name of the river Po in Italy (Holder, s. v.). The
1. Cp. Pedersen, V. G., II, 2, and Thurneysen, Hatnlbuch §§ 321, 328,
2. Walde, Wôrterb., pp. 325-6 ; Boisacq, Dict., p. 825.
3. Zeuss, Gratnm. Celt., p. 22, suggests with a query that Bodotria may
be for Bodortia and compares O. Ir. buadarthe. Macbain, Tram. Gael. Soc.
of Invss., vol. 18, p. 279, supposes that Tacitus and Ptolemy are both
wrong, and, combining the two forms, writes Bodertia for the name.
4. Hogan, Onomasticon ; Skene, Chron. of Picts and Scots, p. 10.
Revue Celtique, XL1. g
130 Francis G. Diack.
explanation recorded in Pliny, Nul. Hist., 3, 122, " quod
significet fundo carentem ", is partly right ; but as -incos is
merely suffixal the meaning is not ' bottomless ' but ' bottom
river '. The saine physical features are présent as with the
Forth — a flat river-plain overlooked by mountains.
Though Bodotria, Boderia is obsolète as a name of the Forth,
the word is extant elsewhere in Scotland. In Forfarshire we
hâve Aberbothrie, where Bothrie is as usual the name of the
river. The Eng. th is for Gaelic dh (§ 92, note).
The second part of Bodol-ria, Bod-eria is cria. There were
thus two formations, a -ià and a -ion- stem, or possibly the
original -ià ending went over in latertimes to the -;/- declen-
sion. In any case the stem er- is the same as in *erio. This is
to be referred to the I. E. root *per, go forward ; Gr. T.sipM,
pierce, -ôpor, passage, Lat. périt us, experienced, Goth. faran,
go, Eng. fare; further, Old Sax. forma, rapid stream '.
This Old Gael. tri, now eiridh, is extant only as the second
part of proper-compounds. It must however hâve been a living
word at the time of borrowings from Latin as Peabhairidh
shows. Is it found in the Irish toponomy ?
gu, go, height, hill ; Glasgow :
99. This word, like the preceding, is rather common as
the second member of proper-compounds. The root in gu, go,
from *gu-vo-, is I. E. *gn, to bend, arch, with -vo- formative.
Other extensions are seen in Gr. yùaXov, convexity, yupôç,
round, yauXôç, round vessel, Sansk. gôlah, sphère, O.H.G.
kiol, vessel, Norweg. kjuka, Lith. gù\as, knob 2 . The stem
gu + dim. gau is présent in guaigean.
The best known instance of gu, go occurs in the name
Glasgow. The Gaelic is Glascho, Glaschu, Glascha, a compound
of glas and gu or go, ' green ' or ' grey hill '. When in com-
position the voiceless s and the voiced gh corne together, the
latter loses its voice and becomes ch, hence Glascho, etc. 3 .
1. Fick, Wôrterb., III, 229.
2. Fick, Wôrterb., III, 45.
3. Cp. Thurneysen, Handbuch § 121.1.
Place-names of Pictland. 131
This is the "reason too why in early Englîsh spellings, i2th.
century onwards, we fi nd hésitation between c and g : Glascu,
Glasgu, Glasco, etc. In present-day English tvvo pronuncia-
tions are heard. (1) Under the influence of the original spell-
ing, and Glasgu is much the commoner form in early docu-
ments, the g is kept and the s perforée voiced, glazgo ; or (2)
the s is kept and the g [ s unvoiced, glasco, glasca, glesca '.
The first is the more formai and ' polite ', the second the
more vernacular pronunciation. The site of the original Glas-
gow was the neighbourhood ofthe présent cathedral, and the
name arises from one ofthe heights there 2 .
In Aberdeenshire the same name is found twice, Glasgow
in the parish of Kinellar where the same two English pronun-
ciations are heard, and again in a district where the Gaelic
of it is available. The hill between the head of Glen Isla (F.)
and Glen Callater (A.), on the map Cairn na Glasha, is in
Gaelic Carn glaiseach, where the palatal form of glas is used
in the compound, as is common in compounds of adjective
+ noun. In thèse eastern dialects, in which the final obscure
vowel is lost, original Glaischa would become Glaiseach 5 ,
cp. dorach, dark, from dorcha, Donnach, man's name, from
1. I hâve seen the vowel e in Glesca commentée! on as showing Cym-
ric influence. But this is quite to misunderstand the vocalism of Northern
English (Scots)in the place-names. Gaelic a, short and long, may go into
English as e, e (phonetic) : carn, cairn ; fàl, fail ; Narrunn, Nairu ; cars,
kerse ; Cinn-chardainn, Kincâirn ; Dàisgidb, Deskie ; bail, bel ; Blalag.
Blalack, Blelack. In thèse, and in countless others, the English (Scots)
vowel is e, open or close, short or long, as the case may be, whatever the
orthography. Gaelic Ghischo > Eng. Glesca is perfectly normal.
2. Popular etymology was at work on Glaschu at an early date. Kenti-
gern, the founder of the church there, is credited with haviug been called
Inglas chû, the grey hound ; hence the name ofthe place (Rhys, Celtic
Britain, p. 199). There are other worthless explanations of the same
nature, involving Cymric. They proceed on the supposition that the con-
sonant of the second part is originally c, whereas it is g, and the word to
be explained is gu not eu.
3. Chalmers, Càledonia III, 608, speaking of the Glasgow on the Clyde,
s.ws : " It isoften called by the Gaelic Highlanders Glasach ". From this
it is pretty clear that a hundred years ago he must hâve heard the true
modem form as it would be spoken in the eastern Highlands, like Carn
Glaiseach, as against Glaschu of the west and north.
i}2 Francis G. Diack.
Donnchadh, etc. In the Register of Cupar this lull is given as
Carn Glascha (between r.|.|^ and 1538). Final -a had not
fallen in the Gaelicwhen that form originated.
Besides glas, various other words arc found corapounded
with -gu, -go. Linlithgow, near Edinburgh, contains the com-
pound -lithgow '. Bathgo, (cp. for the iirst part Bathgate,
in Linlithgowshire) is mentioned as a hill in whatis now the
town ofPaisley in Groome's Gazetteer. fn Indégo (A., Tar-
land), where In- is a shortening of Edin-, as usual, from
aodann, ïdcc, cp. Edindiack and Jndiack, etc., Dego is a pro-
per-compound, of which the first part, in the absence of the
Gaelic, is doubtful ; possibly dàgho, ' two heights '.
A widespread compound is àgho, where à is ' high ', cp.
O. Ir. à, ' height ', Meyer, Contributions, s. v. ; ' high hill '.
Moin-àgh, which is for older M.-àgha (§ 3 (#)) as the Eng.
Monega shows (F., head or Glen isla). Adamnan, Vita
Cohimbiv II. 46, mentions an island " quae Scotice vocitatur
Airlhrago ". From the context, its situation was evidently
not far from Iona, but it has not been identified. The word is
a compound of airthir, east, and ago, ' eastern height '. Two
good instances occur in anglicised forms, the original Gaelic
of which can be postulated with practical certainty. *Liosmach-
àgho, Lesmahagow, pronounced lesma-herga (Lanarkshire) 2 .
This belongs to the group illustrated in § 80, with the -mach
1. The modem Gaelic for Linlithgow is given in Zlsch. f. celt. Pbil.,
IV, 267, and in J. F. Campbell's Witchcraft, p. 279, as Gleann lâcha and
G. Iuch. There is some corruption hère, but the second part of Iucha shows
the same phonetics as Glascha. The original may hâve been *Liuthcho,
where the voiceless //; causes change of gh to ch.
2. This Lesmahagow and Glasgow on the Clyde are south of the
Forth, and so outside the area proposed for treatment in thèse papers (§ i),
the reason for the exclusion being that south of that river Gaelic is extinct
and that the living forms of the anglicised place-names are not available,
except for a handful ofnames still recoverable in the Highlands. It is not
implied by this, however, that the Celtic toponomy of south Scotland is
of a différent character from that of our area. On the contrary, the nomen-
clature of both divisions is Goidelic, and much of the material that disting-
uishes the Goidelic of the north and marks it as native is found also in
the south, indicating a substantial identity of language at the dawn of his-
tory and earlier. But this is to anticipate.
Place-names of Pictland. 133
suffix ; from lias, fort ; ' high-hill fort '. *Braon-àgho, Barnégo
(Stirlingshire) ; braon in the sensé of small river is fairly
common in phrase-compounds, the English Barn- showing
metathesis, cp. Burns, the poet's name, from the place-name
*Braonais. *Braon-àgho is ' high-hill stream '.
It would be interesting to ascertain whether this gu, go is
présent in Ireland. I hâve not noticed it.
béith, road, way :
100. One of the grants of land to the monastery of Deer
runs thus (Bookof Deer, II) : Cainnech tiens Cathal doratsatar
al ter in alla uethe na cam... negonice in béith edar da aller in. The
word written cam... ne is damaged, but oiherwise everything
is clear. The lands of Altrie, which had been extensive, are
now called Mill of Bruxie, two miles north-west of the
monastery. Stokes translates, " Cainneach and Cathal gave
Alterin alla bhethe (bireh clifF) na Camone as far as the birch
tree between the two Alterins " ; Macbain the same, omitting
( bireh cliff '. The translation on the face of it is unsatisfac-
tory. A single birch-tree, which might be gone to-morrow,
is hardly probable as a boundary mark in an important land-
grant, and a place called Alterin-alla-uethe-na-Camone is not
crédible.
Béith I is not ' birch ', but ' road ', and in uethe we hâve it
in the gen., with u = bh ; alla is an adverb of place, seen in
O. Ir. alla anair, in the east, alla astig, within. The transla-
tion is : " Cainneach and Cathal gave (that part of) Alteri
from the Camone (?) road as far as the road between the
two Alteris ". That is, only a part of the Alteri lands are
granted ; the extent of the donation being defined in the
phrase alla uethe etc.
Béith, gen. bethe t is an /- stem, from *beitï ; I. E. beit-, go.
Cp. Lat. baetere, go, Germ. Pfad, path, Eng. path 2 . The
1. The accent marks in this text are quite irregular (§ 22), but as béith
is doubly accented, length is indicated hère.
2. Fick-Torp, Wôrterb., III, 217.
134 Francis G. Diack.
word is now obsolète, though prominent in the place-names.
Da-bhéith, det ve:, Dalvey(E., Strathspey) ; the first part is
doubtful. Tallath-bhéith, taLa-ve:, Talla bheith (P, Loch
Rannoch). Bethélnie (A.) and possibly Beath (Fife)and Beith
(Ayr) contain the word.
ior. In proper-compounds the long e followed by palatal
consonant gives z (phonetic) ; if followed by broad consonant
it would give a. Examples oibéith in proper-names are mimer-
ons. Miogbhaidh, mïkvi and mïfovi, Migvie (A., Cromar ;
Sutherland ; and three or four times elsewhere). The Aber-
deen Migvie is in the I2th. to i.|th. centuries Miggeuetb,
Mygvveth, Mygvethe. Miog is obsolète except in place-names,
where it is common, and the meaniru/ is not quite certain.
Probably the stem is O. Gaelic *midh, middle, with the g
suffix added (§ 83) ; better spelling miodhg l . Miogbhaidh is
thus ' middle road '. Camas-àthbhaidh, Camusavie (Suth.,
L. Fleet), àthbhaidh, ' ford-path. Tarbhaidh, tarin 2 , Tarvie
(P., p. Moulin). Tervit in Fife, older Tarueth, is the same.
Deimhbhidh dfïivi, Davi(o)t (L, Strath Nairn), Deveth 13-16
cent., cp. Davi(o)t (A.) ; deimh- from *dem- seem in deimh-
inn, sure, firm ; ' hard road '. Tervi/ and Davio/ show hard-
ening of the final lenited consonant in the English forms
(§92, note). Citlhhaidh, Coulavie (L, Loch Affric) ; ' back
road. ' Midlbhaidh, iiiuLtJvi, Multovie ; mult, wedder,
wedder-path '. Gealbhaidh, giaLvi, Gallovie (L, Duthil),
' white road '. Mucbhaidh, muyjtfvi, Muckovie (near Inver-
ness), ' pig track '.
1. Cp. O. Ir. med-nocht, midnight, vrid-chuairt, mid court, etc. Besides
Miogbhaidh may be mentioned Miogdhaiî, Meigle (P.), ' mid flat ' ; Mio-
gain, now Migdale (Suth.), where -ain is probably the élément seen in
Furene (§ 92) ; Dail-mhiogachaidh. Dalmigavie (L, Strathdearn), ' midule-
field flat ' ; *Miogshralh, Migstrath, Midstrath (A., Birse), ' middle strath ' ;
*Miog-mharr, Midmdr, Migmàr (A.), ' middle of Mar ', Mar being a
district name. This miog, miodhg has been explained as Welsh (Celtic
Review, VII, 366) and the meaning ' bog ' assigned to it. But a native
source must first be sought ; and besides, ' bog ' is quite inapplicable in
Midmar, Midstrath, the Aberdeen Migvie and others.
2. Tara:vi is to be expected in accordance with the phonetic rule given
in §33, note 2 ; but in compounds the liquid svarabhakti is not always
heard, especially I think in eastern districts ; cp. Gealbhaidh.
Place- ua mes of Pictland. 135
Names of this type are found ail over our area. I hâve not
noticed them in Irish, nor the noun béith'itseM.
102. Thèse proper-compounds in -bh(a)idh, which arc
geographically Pictish and linguistically Goidelic, hâve been
explained as " Gaelicised Pictish [i. e. CymricJ names involv-
ing magos, plain, which in the short form -ma, mutated
into -fa, meaning place, spot, is a favourite Cyrnric ending ' ".
Apart from the gratuitous introduction of Cyrnric to explain
words whose history, as seen above, is purely Goidelic, this
explanation fails to notice that *magos is quite well-known in
the topononi} 7 as the second member of proper-compounds.
So far from giving -bh(a)idh, it appears in the old language as
-mhagh and in the modem as -mhaich.
A' Mhormhaich, d-voro:iç, Morrich, Morvich (I., Beauly ; R.,
Tain ; and elsewhere ; see Macbain, Dict. morbhach) ; from
*morimago-, ' the sea-flat '. A' Chonmhaich, J-ypno:iç, Conventh,
but formerly Conway (I., Kiltarlity), from con- ' high ' and
magh, ' high flat '. For Taranmhaich, ' cross plain ', Darna-
way, and Euganmhaich, Aikenway, 1224 Agynway, see § 71.
The sxemeug- is from *anko-, bend, curve, Lat. ancus (" qui
aduncum brachium habet "), Sansk. anhd-h, hook, Gr. à-v.j\r],
bend, loop, O. Eng. angel, hook ; 'Aganmhaich = ( curved
plain '. The lands are almost enclosed in a great bend of the
Spey. This stem gives also Eugdhail, e:fol, Edzell, but in ordi-
nary vernacular Egil (F.), ' curved haugh '. An Fhearnmhaich,
Farnaway, Fernaway, now included in Kirkhill parish (I.),
from feam and magh, ' the aider flat '. Tigh na lonmhaich
Lono.ïç, map Tigh na leac (I., near Kilmorack) ; Ion- is
obscure, but the second part is ma^h ; ' house of the lon-
flat'.
Names like Irish Dairmhagh, Fearnmhagh do not exist in
Scotland today ; -magh has in ail cases become -mhaich.
This change, however, is later than the I2th. century at
least, for the -way of Darnaway, Farnaway, Conway, etc. is
a phonetic représentation of -mhagh ; cp. Fôssoway in Kin-
ross, Fife, an early spelling of which is Fossedmege.
1. Celtic Revient, VII, 367 ; Zeitsch. f. ceït. Phil.,\, 580.
i }6 Francis G. D'un h.
It lias to be noticed that when the compound consists of a
monosyllabic noun or adjective plus magh, the article is
always présent, A' Mhormhaich, etc. ; but not when the first
member contains a suflix . It may hâve been remarked that
none ofthe proper-compounds dealt with in §§ 90-101 con-
tain the article, and I know of none of the primitive type
that do. Its use in -magh compounds is almost certainly récent,
because it does not appear in the English forms, Conway,
Farnaway, etc. Its development is doubtless connected
with the fact that almost ail the names with the -aich suffix,
phonetically identical with (mh)aich, hâve the article.
pean, Peanfahel (Bede) :
103. Referring to the Roman wall between Forth and
Clyde, Bede (Hist. eccles. I, 12) writes " Incipit autem duo-
rum ferme miliumspatio a monasterio Aebbercurnig ad occi-
dentem in loco qui sermone Pictorum Peanfahel, lingua
autem Anglorum Penneltun appellatur ; et tendens contra
occidentem terminatur iuxta urbem Alcluith ".
The names Peanfahel and Penneltun are both obsolète, and
thus the exact situation of the place cannot be directly deter-
mined. The point will be discussed later.
A second référence to Penneltun ' occurs in a note to
Nennius, Hist. Britt. (see § 109). It is of much later date and
had better be kept separate from the words supplied by Bede
as current in the early 8th. century.
104. I. The first point to be noticed is that Bede does not
say or in any way imply that Peanfahel means ' the end ' or
1 beginning of the Wall ', though some scholars hâve quoted
him as authorty for this 2 . His statement merely is, " the
wall begins about two miles west of the monastery of Aber-
1. Writing, as always in thèse papers, anglicised forms in ordinary type,
Celtic in italic.
2. For example Macbain, " the meaning of Bede's Pictish word Pean-
fahel is practicallv explained by himself as Wall's head " (Chambers's
Encyclop., 1 891 , VIII, 169).
Place-naines of Pictland. 137
corn at a place which Ls called in Pictish Peanfahel, in English
Penneltun ". We could substitute hère any proper narae we
pleased and the sensé of the statement would remain unaffect-
ed ; Bede has nothing to say as to the meaning of Peanfahel .
Except Rhys and Nicholson, ail scholars find in this word
O. Welsh penn, head, end, and fahel, gen. of O. Gaelic *fâl,
modem Gaelic fini, nom. fàl, turf, dyke, and translate ' head
of the wall ' '. I venture to think that, neither of thèse words
is présent hère.
IL Peanfahel and pean in the place-naines. — Peanfahel
obviously consists ot two words, but what is their relation ?
Is the word Pean-fahel, a phrase-compound, accented on the
second, or Peanfahel, a proper-compound, accented on the
first ? The second possibility has never been taken into
account, and yet this is just as likely to be the true structure
of the words as the first. Ail the évidence goes to show that
as a matter of fact Peanfahel was accented on the first syllable
and is a proper-compound. Hère the English form cornes in
to help. The one thing that the English renderings of the
original Celtic place-names préserve is the position of the
accent. Vowels and consonants may be changed or modified,
but the stressed syllable of the original remains the stressed
syllable of the new adaptation. If-tun, which is O. Eng. tun,
village, town, is removed, Pennel is Peanfahel in English
mouths, and its accentuation was almost certainly Pénnel.
In phrase-compounds, as has been already pointed out, the
initial consonant of the second member is regularly unlenited
in English, and the older the English names are the more
likely is this to be so (§ 92 note). Thus in the same sentence
of Bede we hâve Aebbercurnig, where Eng. c\s for Gaelic ch,
s'mceaber, ' river-mouth ', lenites. An dail fhad, Dal/ad (A.,
1. D'Arbois de Jubainville, Rev. Celt., III, 283, Les druides, 1906,
p. 34 ; Stokes in Bezzenberger's Reitràge, v. 18, p. 108 ; Macbain, u. s. ;
Rhys, Rev. Celt. VI, 398, Celt. Britain, 4th éd., 153-4 ; Windisch, Kelt.
Britt., 31 ; Nicholson, Kelt. Researches, 21 ff. ; Holder, Alt -celt . Sprach-
schati, s. v. ; Watson, P. N. of Ross, XLIX ; M< Clure, British P. N., 72,
85 ; Pedersen, V. G. I, 17 ; Fôrster in Hoops Eng. Studien, 56, 2, pp. 231
ff. ; Macdonald, The Roman Wall in Scotland, 147.
138 1 •rancis C. Diack.
Glen Gairn) ; Pit-fkùr, Pit/our (R.) ; Duinfoithir, i. e. D«/«-
foithir, Ann. of Ulster, 681. Eng. Dun/oeder (Simeon or
Durban, Hist. reg. II, 93, 124) though now Dunôttar (Kin-
cardine) ; Gill-fhïonan, Kil/ïnnan. Il" Pean-fahel h ad been the
accentuation, as previous writers assume so as to suit the
' end of the wall ' explanation, we should hâve expected
something like Penfél in English, at any rate /.
On the other hand Pénnel is what the proper-compound
Peanfahel, i. e. Peanfhahel, with lenited f though not written,
would regularly give. For example, in the river names whose
second élément is -fhuil, water, river, the / does not appear
in the Eng. in unaceented position ; Ardfhuil, high stream,
Ardle, Teimhfhil, dark stream, Tummel, Caisfhil, rapid stream,
Cashel, etc. ; Colfbosa, kolow, Colonsay '.
105. In support of this view of the morphology of Pean-
fahel other examples of the word can be adduced. They exist
to-day only in anglicised form.
(1) In the parish of Blackford (P.) there are farms called
Mains, Middleton, and Milton of Panholes. This is an artifi-
cial and récent spelling under the influence of etymological
théories, as if the word contained ' hole ' ; in current speech
the pronunciation is The Panels. The plural -s arises from
there being more than one farm . We hâve thus The Panel,
panl, as the name. In a 1240 spelling it is Panan, where the
final n may be explained as an example of interchange of
liquid, a not uncommon feature ; in 1716 Panols. There is
nothing, I think, in the différence of vowel in Bede's Pénnel
and this Prtnel to prevent the equating of the two words as
identical 2 .
(2) In the parish of Kilbarchan, Renfrew, there is a farm
1. Adamnan's Coîoso. Even in the original Celtic, //; in this position is
sometimes not written ; cp. Thurneysen, Hdb., p. 140.
2. Celtic e appears in English both as e and a (phonetic). The seven
streams Peffrie in § 97 are sorae of them Pafrie in English. The common
noun seanbhail, old town, is Englished as Shanvil and Shenvil. So ceann-,
head, is in English Can-, Cand-, Ken-, Kend- ; eg. Canmore, Kenmore.
Becmnchar gives Banchor, Benchor ; fearn-, aider, Eng. Farn-, Fern- ; and
so on.
Place-names of Pictland. i}^
The Pinnel, phonetically pïnl, penl. Early spellings, i2th.
century qnwards, are Penuld, Penneld, Pinnel, Pannel. The
unhistorical final d sometimes appearing in the spellings is
not uncommon in such a position after / or ;/.
(3) NearAncrum, Roxburghshire, is a prominent hill called
Péniel Heugh, where ' heugh ' is Northern English (Scots)
' hill '. The map spelling is awkward and does not represent
the pronunciation, which ispeinl. In older documents Pennel
is found.
Thèse three names cannot, I think, be separated from
Penneltun, and the c end of the wall ' explanation proves
unworkable, on this ground alone, to say nothing of other
objections that follow.
Any explanation of the pean in Peanfahel must also take
account of other place-names in which it occurs. (1) Panmûre
(F.), and not far off Panbride. Bride is for Gael. Brigbid,
Bridget, and the phrase means that in early Christian times
a church was built and dedicated to her at aplace called simply
Pan, or rather its Gaelic original. (2) Pennan on the north
coast of Aberdeenshire probably contains the diminutive
suffix -an. (3) Penicûik (Midlothian), 1 3th. century Peni-
coke. (4) Cockpén (Midlothian). (5) Pananaich (A., Bal-
later).
ioé. III. Etymology of pean, Peanfahel. — Stokes simply
writes " pean'is for penn, Old Welsh ' head ' " ; so Windisch
and nearly ail the others. But this can hardly be accepted in
this summary fashion. Bede is expresslv giving the Pictish,
and the vowete and consonants of his spelling cannot be dis-
posée! of by writing pean = Cymric penn. In the late Pictish
inscriptions, not far off in date from Bede's time, there is no
such orthography asm wrltten for e; and as n is not nn, I pré-
fer to accept pean as deliberately meant and to seek an etymo-
logy that will account for it as vvritten and at the same time
for the other n.mies involving it given above.
The vowels in pean are best explained by regarding ea as a
diphthong, where a arises from the loss of g in the group
-gn ; that is, pean is for older *pegn- or *pign-. In Ireland the
combination of g and a liquid, of the Old Celtic period, is
i.|u Fram \ ( Diack.
still preserved in the older ogams, but in the later the g lias
fallen ; cp. early ogam -dgra with late -an, -ann '. The pre-
ceding vowel was-lengthened, as the later language shows,
though the length is not shown in the ogam orthography.
Thus in the Irish inscriptions the g simply disappears, the
preceding vowel showing no change. In Scotland however
the full process can be made out froni the inscriptions
In the change from original short vowel before g and a liquid
to long vowel, with disappearance of g, there was an inter-
mediate stage where the^ was vocalised. (i) In the Aboyne
and Burrian inscriptions (in ogam) and in the Saint Vigeans
(in roman) we hâve the adjective uor, 'new', prefixed to pro-
per names 2 . In later Gaelic this appears as ùr \ Uor is from
*ugro-, green, fresh, from LE. root ng"-, cp. Latin uvidus,
wet. (2) One of the names in the Bressav inscription reads
Meqqddrroann, where both words are in the genitive case.
After the second n the surface is worn and it is possible there
may hâve been another letter, possibly a vowel ; but if we
take the word as it stands, Ddrroann, or, neglecting the
duplication of consonants as usual, Droan, cannot be separated
as to stem from Drogua, gen., of the Ballyandreen, Kerry,
inscription, in later Irish Drôna 4 . Pictish (Scottish Gaelic)
thus shows a diphthong in the development Drogn- > Drôn-.
Besides thèse two examples the inscriptions hâve zlsoEddarr-
nonn twice, nom. case, (Scoonie and Brodie), where -onn is
from *-ogno- and shows no diphthong. But this is an unstress-
ed svllable.
With uor and Droan, native Pictish spellings, goes Bede's
Pictish pean, which in this view will stand for older *pegn-
or *pign- >. This analysis of Peanfabel is established by a
significant reading of one of the Bede MSS. Instead of Pen-
neltun it reads Pegneltuun, which for m points to the true
1. MacNeill, /;'. ogbaw inscript., p. 352 ff.
2. Diack, The Newton Stone, pp. 13, 27, 35, 58-9.
3. Skene, Chron. oj Picts and Scots, p. 5.
4. Macalister, Ir.Epigraphy, II, 23.
5. The view that the stressed svllable of Peanfahel is the first is further
supported by this.
Pïace-natnes oj Picthunl. 141
origin of pean and doubtless owes its existence to the fact
that when English first reached the district, in the éth.
century, the -gn was still preserved in the Celtic.
107. The explanation oi*pegn-, *pign- is doubtful. Perhaps
some low-Latin word is the most probable source. The Spa-
nish pena, rock, hill, which is usually taken from Lat. pinna,
seems to be the same word. In a document of 832 modem
Peharanda is written Pegna de Aranda, and the diminutive
pegnelîa occurs. (Du Cange, Glossarium, s. v.). Phonologi-
cally Sp. pena can represent either Lat. pinna or pi gna, pegna.
From a considération of pean, later *pên- } in the placenames,
the meaning, though primarily c rock', is extended to 'hill'
simply, exactlv like creag semantically '.
The second member of the compound, -fahel, is usually
explained as the gen. sing. of nom. *fâl = Irish and Scott.
Gael fàl, wall, the O. Welsh cognate being çuaul. But if Pean-
fahel is, as argued, a proper-compound, fahel is in the nom.
case and cannot be the gen. of*fâl. The word is to be explain-
ed as the modem fail, ring, circle, something round, in the
Scottish Gaelic of the jth. or early 8th. century. In this part
of his Peavfahel Bede again shows accurate knowledge of the
Pictish orthography of his time. The 'h is used to divide a
broad vowel from a palatal glide following it. In the late og-
am from Lunnasting the Old Celt. prefix ate- is written
ahehhtt-, where /;(/;) indicates lenition of /(/), while the first h
divides a from the palatal glide e. In later Gaelic the word is
aith-. In the same ogam -cuhett- (second member of a proper-
name) represents later -cititb-. Cp. also Catohic, gen., a Pictish
personal-name in the Ann. of Ulster, 749, nom. *Catoc.
To sum up then, Peanfabel is 'round rock'. The référence
is to one or other of the rocky promontories on the Firth at
or near the east extremity of the Wall, either that at Bridge-
ness or the one further east at Blackness ; I think probably
the latter, for reasons to be presently mentioned. There is no
great distance between them ; about two miles or a little
more.
1. Latin pigna, rock, could be derived from root *pig, pik, to stick tast.
as ïnpignus, pledge ; see Walde, Etym, Wôrterb., pignus.
142 Francis C. Diack.
108. At the Pinnel in Renfrew there is, I am informed, a
rocky hill, and at the Pânnel in Penh " there is a succession
of hollows and peaks alternating". The Péniel in Roxburgh is
a hill-name.
The vowel of the stressed syllable in thèse words and ail
the others mentioned in § 105 is short. Now mo v st, if not
ail, of them originated as English words at a time when pean
had no longer the diphthong, but had become pin with long
e (§ 106). The explanation of the short vowel of the English
is simply that this is according to usual rule : even in stressed
syllables, long vowels of the Gaelicare very generally shorten-
ed (often with change of vowel) in the corresponding angli-
cisations. The Roxburgh Peniel, peinl, has a diphthong. This
may date back to the diphthongal period of the Gaelic, but
not necessarily so ; e. g. the river Spé, Spey, is in northern
vernacular (Scots) usually spei.
Pan mure (§ 105) is from *Pên-tnôr, or -mhôr, great rock ;
there is a précipice hère with an old castle on the top. Pen-
nan refers to a rocky headland at the place ; Plnan. Penicu'ik
(Midlothian), ijth. cent. Penicoke, from *Plni-cheôg, where
pèn has the -io suffix so frequently exemplified already. The
original Gaelic of -cuik, -coke can be ascertained from
Balliecock (P., Strath-tay), which is in Gaelic Bail-ceôg,fc'p:k ;
cebg of unknown meaning. Cockpén (Midlothian), *Ceàg-phën
OVpèll.
Besides thèse anglicised forms and others that could be
added, there is one known to me in a Gaelic-speaking district.
Benanach (I., Carrbridge) is in Gaelic A' Bhiananaich, which
is a compound of bian with the -io, -ion- suffix and magh,
plain (§ 102), 'rock flat', where bian is for pian, showing alter-
nation of b and/) as in othevp loans from Latin (§ 97). In this
dialect long e arising from compensatory lengthening is not
usually diphthongised ; hence we should expect A' Bheunanaich
(eu =ë), but seun from Latin signum, is sian in the dialect —
an exact parallel. Pananaieh (A., Ballater) is doubtless the
same word, with p.
109. IV. Peanfahel in popular-etymology. — So far we hâve
followed the évidence of Bede and ofthe existing place-names
Placfr-tiames of Pictland. 143
that illustrate it. There is another référence to Penneltun
which remains to be discussed.
The Welshmann Nennius, speaking of Severus's campaign
in Britain has the statement, "ubi. . . murum et aggerem a
mari usque ad mare per latitudinem Brittanniae, id est ner
CXXXII milia passuum deduxit, et vocatur Brittanico ser-
mone Guaul" (Hist. Britt., p. 165, Mommen's éd. in Mon.
Germ. Hist.) This tells nothing of Peanfahel ; indeed it is
quite doubtful whether the writer is referring (or thinks he is
referring) to the wall between the Forth and Clyde, and not
to that between the Sohvay and the Tyne, the length given
is so entirelv wrong. Ail that we learn is that the Cymric
name for a Roman wall is guaul. The Goidelic correspondit^
to guaul is fàl, and thus, if Peanfahel contains fàl, as com-
monly supposed, it is Goidelic that we hâve hère. If/a/ is not
présent, as I hâve argued above, then the Nennius passage
contains nothing that is relevant to the problem of Pean-
fahel.
In two of the MSS., however, there is a late annotation
which does concern us. It is from this note that the whole
theory of Peanfahel = 'end of the wall' descends, and as it is
désirable to test the calibre of the originator of it as far as
possible, the note had better be given in full. Correcting the
"per CXXXII milia passuum" of Nennius, he writes "per
CXXX uero miliaria passuum", and goes on :
"id est a Penguaul, quae villa Scottice Cenail, Anglice vero Peneltun,
dicitur, usque ad ostium fluminis Cluth et Cair Pentaloch, quo murus ille
hnitur rustico opère. Severus ille praedictus construxit. sed nihil profuit.
Carutius postea imperator reedificavit et VII castellis'munivit inter utraque
ostia domumque rotundam politis lapidibus super ripam fluminis Carun,
quod a suo nomine nomen accepit, fornicem in victoriae memoriam eri-
gens construxit".
"That is from Penguaul, which town is called in Gaelic Cenail and in
English Peneltun, to the mouth of the river Clyde and Cair Pentaloch,
where the wall ends in a rough work. The foresaid Severus built it, but
it did not serve its purpose. Later the emperor Carutius rebuilt it and
fortified it with seven castella along its length. He built a round house of
polished stones on the bank of the river Carun, which took its name
from him, and set up a triumphal arch in memory of his victory".
i.|.i Francis C. Diack.
no. First, as to matters of fact the writer ol this is badly
informed. The length of the wall is less than a third ofthe
130 Roman miles lie gives for it. At theeast end it does not
begin at the Cenail which he mentions but some miles fur-
ther east. The expression "to the mouth ofthe river Clyde
and Cair Pentaloch (i. e. Kirkintilloch) where the wall ends"
is worse than awkward ; it shows complète ignorance of the
geography. Kirkintilloch is 12 miles east of the western end
of the wall. It is as if one said, 'the Caledonian railway
extends from Aberdeen to Carlisle and Glasgow where il
ends'.
The annotator was evidently writing from documents but not
from first-hand knowledge. The statement of 130 Roman miles
as the distance between Forth and Clyde cannot hâve corne
from one who knew the district, for the narrow waist ofland
at this point is, and must always hâve been, of common
knowledge '.
Secondly, the etymologies in the passage are no better than
the facts. (a) The river Canin, now known as Carron, enter-
ing the Firth of Fort at Grangemouth, is without doubt a
Celtic name. There are many rivers so named in Pictland.
The Ross-shire one is in Gaelic Carrann, from the stem carr- i
rougb, and the élément ami, river. Some of the Carrons may
also contain car, twist, turn ; but in any case thèse are ail
Celtic words. In the annotator's absurd explanation that this
Carun near the wall dérives its name from an emperor Carutiûs
we hâve a measure of his qualifications in the etymological
field.
(b) The passage "a Penguaul quae villa Scottice Cenail,
Anglice vero Peneltun, dicitur" recalls Bede's "inloco qui
sermone Pictorum" etc. (§ 103), and it is probable that the
writer had it before him. At any rate his Penguaul is clearly
meant for the same place as Bede calls Pcanfahcl. He does not
say who use that Cymric name, but as he contrasts it with
Gaelic ("Scottice") Cenail he implies that it belonged to a
1 . The mistaken length of wall is already in Orosius and Eusebius apud
Jérôme (Skene's, Celtic Scot., I, 90), who give it as 1 32 roman miles.
Place-names oj Pictland. 145
Cymric-speaking people. Which is the true nanic, Bede's
Peanfahel orthis Penguauï ? The latter is obviouslv meant for
O. W. penn, end, and guaul, wall, 'end of the wall'. The
Gaelic équivalent of this phrase would be *Cenn-fhail, which
name the annotator writes Cenail, and informs us that that is
the name Pen-guaul with Gaelic speakers. Now there is a
place west of Bo'ness on the firth called to-day Kinnéil which
must be the name in question. This Kinnéil can be equated
with Peanfahel or Penguauï neither geographically nor philo-
logically. Peanfahel, as shown already, is accented on the
first and does not mean 'end of the wall', whereas Kinnéil is
accented on the second and is a phrase-compound. But even
granting Peanfahel to be Pean-fahel, a phrase-compound, and
to mean 'head of the wall', the équation would not hold.
For (1), Kinnéil belongs to the class of place-names beginn-
ing with cinn, locative of ceann, head, end, which occurs in
numberless examples in the toponomy. Cinn lenites the fol-
lowing consonant, but in the English forms the lenition is
taken ofT : Kincardiue, Kin/'uck, Kinn^illie, Kimwuck, etc.
A Gaelic *Cinn-fhàil ought to hâve given in English *Kinnfâl
or Kinnfél.
(2) In Kinnéil the second vowel is as in Eng. w eel', pho-
netically kin— i:L This vowel cannot bave corne from an ori-
ginal Gaelic fàl, as long â gives a or e (phonetic) in English.
There is besides direct proof hère that Kinnéil does not con-
tain fàl. This word was borrowed into English (Scots). As
there is no standard spelling in Scots, it is found as fail, fael,
taie, féal-, feil, fell ', but the vowel, whatever the spelling, is
pronounced s or e (phonetic). Heneekin-i:l has some other
origin.
(3) The proper account of the word does not, I think,
présent any difficulty. Eng. Kinnéil represents Gaelic *Cinn-iI,
' head of the bog', or ' wct-place', //beingan otherwise known
word. Between Strathardle and Spital of Glenshee (P.,) is the
Làirig-il, which is locally translated as the 'wet pass'. On
Dulnan water (I.) is An )l, Eile, gen. Na h-il. Probably the
I. New English Dict. ; Wright, Dialect Dict. ; s. v. fail.
Revue Celtique, XLI. 10
146 Francis C. Dtack.
same word lies in the rivcr-nanies lleadh (F .), § 59, and Ilidh,
Eala, (P.,) Killin.
(4) Just as, philologically, Kinneil, the glossator's Cantil,
and Bede's Peanfahel hâve no connection, so topographically
they are quite différent' places. Peanfahel in my opinion is the
modem Blackness, whichismore than 5 miles east of Kinneil.
Others place it at Bridgeness which is nearer, but still be-
tweentwo and three miles distant from Kinneil. To meet tins
objection, Dr. George Macdonald argues that, as Kinneil was
once the naine of a parish and so covered an extent ofground,
"the précise spot to which the name of Kinneil wasorigin-
ally attached is quite unknown to us 1 "'. This however is
in error. The rule is that parish-names that are not saints'
names belong originally to the site of the first parish church.
Now the original church of Kinneil was a little distance west
of Kinneil House, so that the exact position of the original
Kinneil is known, and it is nearly 3 miles west of Bridgeness.
Its physical situation agrées with the meaning of the word
given above.
Thèse considérations show that the annotator's statements
are only etymological theorisings on names that he does not
understand. His Penguaul is a fabricated word, due no doubt
to a theory that the Picts spoke Cymric. Supposing Peanfahel
to mean 'head of the wall', he turns the Goidelic fahel into
in the air as Cymric guaul (which leaves English Pennel-tun
in the air ; it cannot be explained from a* Penguaul). He does not
under-stand *Cinn-il, Kinneil, bute quating it with PenguauU
where/vw is c head', he tampers with Cinn, and makes Cen of it,
toget a closer resemblance ; Il he turns mto-ail, i.e. (flj)ail 2 .
ni. The contrast between the contents of this lategloss 5
and Bede's accurate, unpretentious, and straighttorward sta-
tements is striking enough (§ 103). His spelling of the place-
1. The Roman Wall in Scotland, 191 1 , p. 147.
2. Similarly his Cuir Pentahch is an artificial construction as regards
Peu-. The place is now Kirkintilloch, from original *Cair cinn-tulaich, the
second part being 'hillock-end'.
3. On other than philological grounds Macdonald remarks on " the
worthlessness of the whole extract" (p. 36).
Place-names of Pictland. 147
name Pcanjahel, attestée! by him as a Pictish word ofhis time,
is verified, as lias been shown, by the Pictish inscriptions,
and the name is further corroborated by other examples of it
in the country. The only point where his accuracy may at
tirst sight seem questionable concerns the position which he
assigns to Peanfahd, Penneltun. He places it about two miles
west of Abercorn, andsays thatthe Roman wall begins there.
Dr. Macdonald in his valuable work on the Wall, already
referred to, where the results of the latest archœological
investigation will be found, cornes to the conclusion that it
began at Bridgeness, which is further up the Firth and four
miles west of Abercorn. It is admitted, however, from scatter-
ed références in the iyth. and i8th. centuries that whatseemed
to be Roman remains were then to be seen east of Bridgeness.
Thèse may not hâve been, probably were not from Dr. Mac-
donald's discoveries, part of the Antonine Wall, but may hâve
been roads or other structures. Thus Bede may hâve been
mistaken in calling what was to be seen at Peanfahd the Roman
Wall, but when he fixes the Peanfahd, Penneltun, ofhis time
as being two miles west of Abercorn I see no reason for not
accepting his statement.
The point however does not materially concern the présent
discussion. The correetness of the etymology of Peanfahd
offered above and the total rejection of Welsh penn, and k the
head of the wall' explanation, do not turn on topographical
considérations but on philological, and must be tested by
them l .
112. It is impossible not to be struck with the readiness
with which most scholars hâve equated Pictish Peau- with
Welsh penn without considering how this équation looks in
the light of the place-names of Pictland as a whole or how its
likelihood is affected by such indispensable evidence.lt is very
doubtful procédure, I think, to etymologise such a name as
Peanfahd without the help of the other place-names of the
1. It may be remarked too that the objections to the 'head of the wall'
explanation would remain though the etymology which I hâve offered
were not accepted.
I4& Francis C. Diack.
country, for one thing, and still more to proceed,as so many
hâve done, to categorical conclusions on the language and
ethnology ofthe Picts on thestrength af it '. The toponomy
of Pictland is Goidelic through and through and to the furthest
extent that that of Ireland is, though its rnost characteristic
features are its own and sharply distinguish it from the Irish,
as I hâve already given évidence in thèse papers to prove. Its
word for 'head', 'end' is of course ceann, locative cinn, in a
thousand examples, and it would be as incredible to find a
place-name there involving Welsh peim, head, as it would
be in Ireland.
Aberdeen.
(To be continuée) F. C. Diack.
i. E. g. D'Arbois de Jubainville, Les druides, chap. VI.
LA LEGENDE
DE LA
PRISE DE TROIE EN IRLANDE
Miss Eleanor Hull, dans le livre plein de faits et d'idées
qu'elle a consacré à la littérature irlandaise 1 , a remarqué la
liberté avec laquelle les Irlandais ont traduit les œuvres de la
littérature classique ; tout en retenant le fond du texte ori-
ginal, ils en ont souvent changé les détails, la composition et
le style, de manière à en faire des romans gaéliques conformes
au goût de leur époque. Ainsi, l'entrée d'Enée dans le Tibre 2
et la personne de Pallas, fils d'Évandre 3 , sont décrits avec les
détails que l'on retrouve dans l'épopée gaélique ; la harangue
d'Enée à ses troupes et le récit du combat qui suit sont pleins
de ces séries d'adjectifs allitérés, si recherchées dans la prose
d'art irlandaise 4 . Les dieux païens n'apparaissent guère dans
les adaptations gaéliques de Virgile et de Lucain ; à peine, çà
et là, sont-ils désignés sous le terme général « d'idoles des
Grecs ».
Les additions ne sont pas rares. C'est ainsi que, dans le
Cath catharda, le conteur débute par une liste des six monar-
chies du monde (cf. Daniel, 12, 19, 37), décrit la mort de
Crassus d'après Florus (1, 46) et développe à l'aide de Bède
{Histoire ecclésiastique, 1, 2) le récit de la conquête de la
Grande Bretagne par César 5 .
1. A text book of Irish literature, II, p. 78-83.
2. G. Calder, Imtheachta Aeniasa, 1. 1465-1473. Virgile, Enéide, VII, 25-
34. Cf. St. H. O'Grady, Silva Gadelica, II, p. 389, 1. 9 et suiv.
3. G. Calder, ibid.,\. 1924-1937. Virgile, Enéide, VIII, 587-591.
4. G. Calder, ibid., 1. 2449-2465.
5. Wh. Stokes", Irische Texte, IV, 2, p. v-vi.
150 G. Dottin.
Cette méthode de libre adaptation, que le philologue ou
L'historien peut juger avec quelque sévérité, est singulière-
ment intéressante pour le critique littéraire. Celui-ci, qui,
dans l'état actuel de nos connaissances, a grand peine à carac-
tériser chronologiquement la composition et le style des con-
teurs irlandais, parmi le chaos des rédactions et des rema-
niements, se trouve à l'aise dans un texte dont la source est
connue. Les additions, les suppressions, les développements,
les résumés, les simples changements, tous, à des degrés
divers, révèlent la personnalité des adaptateurs et permettent
d'étudier de près les procédés de leur art. Quelque paradoxal
que cela semble à première vue, c'est avec les ouvrages d'em-
prunt que l'on pourra le mieux déterminer l'originalité de la
littérature irlandaise et résoudre les problèmes complexes que
posent les sagas gaéliques, de même que c'est la langue des
traités traduits du latin qui a fourni les jalons nécessaires pour
délimiter les diverses périodes du développement linguistique
du gaélique d'Irlande '. Même lorsque l'emprunt porte sur
quelque détail transcrit sans modification, le choix de ce détail,
parmi tant d'autres qui pouvaient être aussi bien empruntés,
témoigne d'un goût particulier.
Un des contes les plus intéressants de ce point de vue est
la « Prise de Troie » (Togail Trot) 2 . Il a eu un grand
succès en Irlande et est conservé dans plusieurs manuscrits.
Nous en connaissons la source. C'est le sec et incorrect récit,
décoré du nom de Cornélius Nepos, et présenté comme une
1. Cette idée féconde a été émise pour la première fois par R. Atkinson
dans l'Introduction à The Passions and the homilies front Leabhar Breac,
Dublin, 1887. Cf. Tri bwr-ghaoithe an bhàis, p. ni.
2. D'après la rédaction du manuscrit H. 2. 17, du collège de la Trinité
de Dublin. La rédaction du livre de Leinster (p. 217-244) s'éloigne beau-
coup plus du De excidio Trojae attribué à Darès de Pnrygie. La seconde
a été publiée par Whitley Stokes, Calcutta, 1881 et la première par le
même dans les Irische Texte, II, Leipzig, 1884. Le livre de Leinster con-
tient encore (p. 397-402 ; 403, 1. 1-18 ; 403, 1. 19-408) trois fragments de
la rédaction de H. 2. 17, avec des variantes insignifiantes. Sur les manu-
scrits de la Togail Troi, voir H. d'Arbois de Jubainville, Essai d'un cata-
logue de la littérature épique de VIrlande, p. 245-246 et Revue celtique,
XXXIII, p. 38.
La prise de Troie en Irlande. 1 5 1
traduction latine d'un ouvrage grec composé, au temps de la
Guerre de Troie, par Darès de Phrygie. Il n'est pas besoin de
remarquer que c'est là un exemple de ces attributions fan-
taisistes, familières aux écrivains crédules du moyen âge.
Notre Darès, inconnu des Byzantins, n'est cité incontestable-
ment qu'à partir du xn e siècle r .
Le lecteur du Pseudo-Darès, outre qu'il est frappé des
défauts de composition de l'auteur, a souvent l'impression
qu'il est en face du maigre résumé d'un livre plus étendu et
plus vivant 2 . Gaston Paris, en étudiant l'abrégé de Darès qui,
chez le second continuateur de Frédégaire, précède la fable
de l'origine troyenne des Francs 5 , a cru déterminer, malgré
la maigreur et la sécheresse du texte, quelques traits de cette
rédaction primitive. La question est d'importance pour nous,
car nous devons nous garder d'attribuer au traducteur irlan-
dais des détails qu'il aurait tout simplement pris dans la rédac-
tion plus complète.
Une comparaison attentive de la Togail Troi avec le Darès
du Pseudo-Frédégaire montre qu'il n'en est rien.
Qu'il s'agisse de l'histoire d'Hercule et de Laomédon, du
voyage de Ménélas à Pylos, des confusions de noms des
1. Par Benoît de Sainte-Maure et par Joseph Iscanus. Le Darès dont
parle Elien {Histoire variée, XI, 2) au 11 e siècle, ne peut être celui que
nous connaissons, car celui-ci connaît le Raptus Helenae de Dracontius
(fin du v e siècle). D'après la langue on peut dater notre Darès du milieu
ou de la fin du vi e siècle. Le plus ancien manuscrit de la Togail Troi est
du xiv e siècle. Les plus anciens manuscrits du De excidio Trojae sont du
X e siècle, sauf peut-être l'un d'eux qui remonterait au ix e siècle. On trou-
vera traitées les questions relatives au Pseudo-Darès chez Collilieux, Étude
sur Dictys de Crète et sur Darès de Phrygie, Grenoble, 1886. Peur la biblio-
graphie relative à la question, voir Le roman de Troie par Benoit de Sainte-
Maure, publié par L. Constans, t. VI, ic;i2,p. 192-193.
2. Dans le ch. XLIV, il semble que l'auteur avoue qu'il résume Darès.
La citation qu'il fait des acta diurna(ch. 44) ne peut provenir que d'un
Latin ; ainsi que le Jovi Statori du chapitre 4, conservé dansle manuscrit G
(les autres manuscrits portent seulement Jovi). L'existence d'un Darès
latin développé semble à peu près prouvée à L. Constans (Le roman de
Troie, VI, p. 233).
3. Romania, III, 1874, p. 129-144. Cf. Historia Daretis Frigii de ori-
gine Francorum, chez Krusch, Scriptores rerum Merovingicarum, II, p. 194-
200.
152 G. Dolliii.
héros, le texte irlandais s'accorde avec le De excidio Trojae
plutôt qu'avec le De origine Francorum. 11 y a toutefois un
usage commun à la Togaiî Troi et au résumé du Pseudo-Fré-
dégaire, c'est que l'un et l'autre emploient le discours direct,
au lieu du discours indirect, qui est de règle dans le De excidio
Trojae. Mais un procédé aussi simple, commun à toutes les
littératures populaires, ne peut constituer une caractéristique
exclusive. Quant aux détails précis, ils contredisent, en géné-
ral, ceux qui voudraient apparenter les deux rédactions. Tou-
tefois il y a doute pour l'un des plus curieux, l'épisode qui
chez le Pseudô-Darès et le continuateur de Frédégaire con-
serve une allusion au cheval de bois. Dans le De excidio
Trojae, c'est une tète de cheval sculptée à l'extérieur de la
porte Scée l ; dans le De origine Francorum, c'est un signal
en forme de tête de cheval, que le traître Enée fait paraître
au-dessus du mur 2 . Or, dans la Togail Troi, il s'agit d'un
signe ou d'un signal, la tête d'un cheval blanc dans l'ornement
au-dessus de la porte, et le sens reste ambigu. Mais, d'autre
part, les nombres des morts de chaque parti, qui sont indi-
qués avec précision dans le De origine Francorum, manquent à
la fois dans le De excidio Trojae et la Togail Troi. Au contraire,
l'histoire d'Hercule et de Laomédon, qui figure dans ceux-là,
manque dans celui-ci.
On est tenté de croire que le texte de Darès que connais-
sait le traducteur irlandais 5 était moins complet que celui qui
i. Suadet Polydamas noctu exercitum ad portam Scaeam adducant, ubi
extrinsecus caput equi sculptum est (40). Cf. Servius, ad Aen, II, 15 : ut
alii (dicunt) porta quam eis Antenor aperuit equum pictum habuisse memo-
ratur. . . nonnulli signum equi datum ut iuternoscerent Graeci suos, vel
hostes.
2. Nocte média, fraude facto, Olexe et Aeneae signum inauditum et
excogitatum in similitudine capitis aequi super murum apparuit (5. R. M.,
III, p. 199, 1. 1-2).
3. Comme il arrive souvent dans les traités traduits du latin, le texte
irlandais de la Togail Troi comprend parfois des citations latines ; par
exemple, 1. 915 : is totum exercitum evertit, et 1. 924 ; nox praelium diri-
mit ; 1. 354 : hoc est donutu pulcerrimae deae. Les deux premières sont
tirées du Pseudo-Darès, ch. 19 : Is totum exercitum in fugam vertit .. .
ch. 21 : nox proelium dirimit. La troisième, de Servius, in Aen. I, 27.
Voir encore 1. 1284 : servus troianus ; D. ch. 27 : Pbrygio servo. Au lieu
de regiam (D. 4) il y a arc (lisez arx) 1. 206.
La prise de Troie en Irlande. 1 3 3
nous est parvenu. Il ne comprenait pas, en tout cas, les
étranges chapitres (12-13 de l'édition F. Meister), où les
qualités physiques et morales des héros et des héroïnes de la
guerre de Troie sont décrites en de longues séries d'adjectifs '.
Ainsi, Hector est bègue, blanc, frisé, louche, agile de ses
membres, vénérable de figure, barbu, gracieux, belliqueux,
magnanime, clément envers les citoyens, digne d'être aimé.
Achille a la poitrine large, le visage agréable, les membres
forts et grands, une chevelure ondoyante, il est clément, ardent
sous les armes, gai, large, magnifique, brun de cheveux.
Hélène est belle, d'esprit simple, caressante, elle a de belles
jambes, une marque entre les deux sourcils et la bouche petite : .
L'absence de ces chapitres dans la rédaction irlandaise est
d'autant plus étonnante qu'il s'agit de détails dus, dit l'auteur,
à l'observation personnelle de Darès, qui combattit jusqu'à la
prise de Troie et recueillit les uns pendant les trêves, les
autres pendant les combats. En outre, rien n'est plus conforme
au style irlandais du xn e siècle que ces énumérations d'ad-
jectifs, compliquées ou non d'allitérations 3 , et on ne pourrait
comprendre pourquoi, si l'adaptateur les avait trouvées chez
le Pseudo-Darès, il les eût supprimées.
Dans l'ensemble, la Togail Troi suit, chapitre par chapitre,
le De excidio Trojae.
L'étendue de la Togail Troi est plus que double de son
modèle. Aussi est-il rare qu'elle n'en contienne pas tous les
détails. Toutefois, on trouve quelques cas où le texte irlan-
dais est plus concis et plus obscur que le texte latin. Quand
Priam répond à Hécube qu'il n'accordera pas sa fille à un
étranger et à un ennemi, il ajoute, dans le texte latin, que si
1. Ces chapitres manquent, de même, dans la première rédaction du
Livre de Leinster.
2. Peut-être est-ce chez les Physiognomici Graeci, qui ont rassemblé les
traits physiques des héros de la guerre de Troie, que l'on a pris l'idée de ce
genre de développement.
3. Sur ces séries allitérantes, voir O'Donovan, The banquet of Ditn na
n-gedb, p. ix-xv. On trouve même dans le livre de généalogies de Duald
mac Firbis des vers, ainsi composés, sur les caractères physiques des races
de l'Irlande et les qualités des divers peuples (O'Curry, Lectures on the
manuscript niaterials of ancient Irish bistory, p. 224, 580).
lïi G. Dottin.
Achille veut obtenir Polyxène en mariage il n'a qu'à retirer
l'armée, faire un traité d'alliance et établir une paix perpé-
tuelle '. Le discours de Nestor proposant aux chefs grecs de
mettre Agamemnon à leur tête est résumé en quelques mots
dans la Togail 2 . Le personnage de Sinon, mentionné chez
Darès, n'apparaît pas dans le texte irlandais '. Il en est de
même de Dolon ♦. Les dénombrements d'armées offrent des
lacunes qui sont dues sans doute à des scribes peu soigneux,
et n'ont point de signification particulière s . Il n'y a point
non plus à supposer que le conteur irlandais puise à une
source autre que le livre du Pseudo-Darès quand les noms
propres du texte latin sont remplacés par d'autres.
Ainsi, dans le De excidio Trojae, c'est Agamemnon qui
donne l'ordre de mettre à la voile, Philoctète servant de guide,
tandis que dans la Togail Troi, c'est Calchas qui donne l'ordre
et Ascalaphus et Ménélas qui servent de guides 6 . Pélias
(Pelée) est roi de Phthie chez Darès, prince et empereur de
Mésie dans la Togail Troi ~< . Dans le texte latin, c'est Achille
qui revient à Ténédos; dans le texte irlandais, c'est Télèphe 8 .
Plusieurs de ces substitutions sont dues au scribe, qui ici omet
un sujet 9 et là estropie un nom propre 10 .
Les nombres sont, de même, souvent inexactement transcrits
du Pseudo-Darès, sans qu'on puisse distinguer ce qui est le
fait du rédacteur et ce qui est le fait du scribe. Pour n'en citer
qu'un exemple, le dénombrement des vaisseaux grecs présente
les différences suivantes :
i. Darès, 27. Cf. Togail Troi, 1292.
2. Darès, 29. Togail Troi, 1338.
3. Darès, 40. Togail Troi, 18 12.
4. Darès, 22. Togail Troi, 1054-105 5.
5. Darès, 14, 18. Togail Troi, 654 et suiv. ; 785 et suiv.
6. Darès, 15. Togail Troi, 705-707.
7. Darès, 3. Togail Troi, 96. La Mèsie revient souvent sous la plume
de l'auteur irlandais (T. T. 234 ; Magnésium D. 5).
8. Darès, 16; Togail Troi, 741.
9. C'est sans doute le cas dans T. T., 741, où il semble avoir passé le
mot Achil.
10. Par exemple, T.T , 210 : Ebusee pour Scaea (D. 4). Ailleurs le
copiste a mis Eûfronn Euphorbe, Seufremus Euphemus, etc.
La prise de Troie en Irlande. 1 5 3
Peuples
Iliade
Darès
Togail Troi
Togail Troi
H.
2. 17
Li
vre de Leinsi
Locride
40
37
30
40
Elide
40
40
50
40
Tricca
30
32
39
50
A rgos
80
80
40
80
Sparte
60
60
60
- 4°
Les noms propres sont transcrits tant bien que mal et sont
souvent défigurés. L'étymologie populaire, qui y cherchait
des thèmes ou des termes de composition familiers aux
Irlandais, a donné : Nemtolim Néoptolème, Lamedon Laomé-
don, Hechtoir Hector, Uîcâin Vulcain. L'étymologie savante
a fourni : Ypomelchi Hippomolges, Filomenes Pylémène.
Comme l'a remarqué K. Meyer 1 , il y avait deux prononcia-
tions du grec, l'une conforme à l'orthographe irlandaise,
l'autre identique à la prononciation grecque du temps : d'une
part, Antinoir Anténor, Cliophinor Elephenor, Diomides Dio-
mède, Palamides Palamède ; d'autre part Agapènor Agapénor,
Telepolemus Tlépolème; d'une part Polipiles Polypœtès, Poli-
damas Polydamas ; d'autre part Cutheria Cythère, Parais
Phorcys. Le 9 est transcrit tantôt pb : Amphimachus Amphi-
maque, Diophoeb Déiphobe ; — tantôt/: Frigia Phrygie,
Amfimachus Amphimaque ; — tantôt p : Epislropits Epistro-
phos, Piloctincs Philoctète, Téleip Telephos.
Les exemples de prononciation grecque sont d'autant plus
intéressants qu'ils représentent un usage en contradiction avec
les formes latinisées du Pseudo-Darès. Tous ne sont pas éga-
lement sûrs, car l'irlandais moyen confond e et i en syllabe
atone et certaines formes résultent de fautes de copie et non
de particularités de prononciation.
Quant à la géographie, elle est assez fantaisiste et mélange
souvent les quatre points cardinaux : « Même », dit Pélias
(Peleus) « si j'avais à moi les hommes de la terre au midi,
depuis le pays d'Ethiopie au nord jusqu'à l'Inde, et depuis les
1. Cf. J. Vendryes, Rev. Celt., t. XXXIV, p. 221.
156 G. Dot lin.
pierres de victoire d'Hercule et depuis le lever du soleil jus-
qu'à la pointe orientale et au sud de l'Europe qui touche à
l'embouchure de la mer Tyrrhénienne et jusqu'au coucher
du soleil, je les enverrais tous ' ».
Les contre-sens sont rares. Un des plus curieux est celui
qu'a fait le traducteur irlandais dans la phrase latine pourtant
simple : plurimi in curatione moriuntur. Il est question des
morts et des blessés après la bataille. Le traducteur a compris
qu'il s'agissait d'un chant de victoire : rob imda ilach Un chend
curad and « abundant was the paean round a hero's head
there », écrit Whitley Stokes 2 . Si l'on avait affaire à un texte
grec, on pourrait penser que le traducteur a confondu watav
« chant de victoire », avec rcaiàv, surnom d'Apollon gué-
risseur.
• On ne peut douter que le conteur irlandais, pour certains
épisodes de Togail Trot, n'ait mis à profit d'autres livres que
le De excidio Trojae. A l'histoire de Jason (D. 2-3), il a ajouté
l'histoire de Médée (T. 8), dont le nom n'est même pas pro-
noncé chez le Pseudo-Darès, et il n'est pas douteux, à en
juger par les seuls fragments qui nous sont parvenus dans
le manuscrit H. 2. 17 que toute l'expédition des Argonautes
avait été racontée avec plus de détails en irlandais qu'en
latin \ Dans le récit de l'expédition d'Hercule contre Laomé-
don (D. 3), est intercalée l'énumération des Travaux d'Her-
cule 4 (T. 38). Cette énumération est d'ailleurs assez fantai-
1. Togail Trot, 105-109. Darès, 5 : pollicitusque est ei Peleus se iturum.
Voir aussi ci-après l'énumération des alliés des Grecs dans le discours
d'Hector.
2. Darès, 23 ; Togail Troi, 1121; cf. Livre de Leinster, 405 b 15 : robo
inidba ilach im cend curud and. La première rédaction du Livre de Leinster
porte : combdtar in-othrus cachôen nd-erbailt dib Jochetôir qui semble une tra-
duction exacte du texte latin.
3. Le premier fragment du Livre de Leinster comble, d'ailleurs, pour ce
récit, les lacunes de H. 2. 17, et développe l'histoire de l'enlèvement de la
Toison d'or, la construction du navire Argo, l'épisode d'Hercule et de Hylas,
les aventures de Jason en Colchide, les crimes et la mort de Médée.
4. Les colonnes d'Hercule y sont appelées brathleggaib « pierres de juge-
ment » (L. L. 224 a 16), buaidleccaib « pierres de victoire » (H. 2. 17, 1. 107),
singulières expressions qui, si l'on pouvait en déterminer l'ancienneté, pour-
La prise de Troie en Irlande. 157
siste et incomplète et on y attribue à Hercule la conquête de
la Toison d'Or ; dans le combat contre les Amazones, le nom
de celles-ci est expliqué par Tétymologie populaire d'après
laquelle elles auraient eu la coutume de se brûler le sein droit
pour tirer plus facilement de l'arc '. Sans qu'il y ait rien dans
le texte latin qui appelle cette comparaison, le texte irlandais
porte queTroilus, s'il avait atteint son compte d'années, aurait
surpassé môme Hercule pour la force et la bravoure \ Le
Jugement de Paris amène dans le texte irlandais le récit des
noces de Thétis et de Pelée >.
Parmi les plus importantes additions ou développements du
texte de Darès par le conteur irlandais du manuscrit H. 2. 17,
il faut citer le discours d'Hercule à Pélias (Pelée) et la réponse
de celui-ci (95-113), le discours d'Hercule à Nestor (114-
128), les exploits des Troyens (214-231), la description de la
personne de Paris (492-501), la prédiction de Cassandre (53 5-
545), la préparation de l'expédition et la description de l'ar-
mée grecque (584-651), le dialogue de Priam et de Diomède
et Ulysse (744-767), le récit du messager (836-920), la
bataille où Hector et Enée luttent contre Achille et Diomède
(925-959), les armes d'Achille (997-1013), la description de
la personne d'Hector (1075-1102), ses funérailles (1205-
1219), les exploits de Troïlus (147 1- 1506), ses funérailles
(1 571-1589), l'éloge de Paris (1658-1678), la trahison d'Énée
et d'Anténor (1831-1889).
L'auteur de la première rédaction du Livre de Leinster
ajoute divers épisodes que l'on ne trouve pas chez le Pseudo-
Darès : le discours de Laomédon (L. L. 225 a 20), la descrip-
tion de Troie (227 a 13), la mort d'Hercule (227 a 38), la
raient suggérer aux préhistoriens une explication des menhirs. Le Livre de
Ballymote (417 b 40) porte in mbuadhlia.
1. Togail Troi, 56-57. Cette tradition est rapportée pour la première
fois par Justin, II, 4, 11. Dans la Ra^ia de Cualngé (1. 1478), c'est à Cûchu-
lainn que dans un poème est attribuée la victoire d'Hercule sur les Ama-
zones (Cicbloiste).
2. Darès, 32. Togail Troi, 1503.
3. Il n'en est pas question chez Darès, et Dictys (VI, 7) n'y fait qu'une
courte allusion.
158 G. Dot lin.
découverte par Hector de 1' « insigne » de Saturne (230 a 15),
l'approche de la Hotte grecque (235 a 46), la capture des che-
vaux de Rhésus (2|2 a 44) et les deux récits de la mort
d'Hector (2 \.\ à 2) '. De ces additions, seules l'approche de
la flotte grecque, avec le récit de l'éclaireur qui renseigne le
roi Priam, et la mort d'Hector figurent dans H. 2. 17.
La plus singulière est la découverte de 1' « insigne » de
Saturne. Hector se rend dans un endroit où 1' « insigne » (ou
l'attribut) de Saturne était gardé par un noble, depuis les
temps les plus anciens, et il demande : « Quelle est cette
précieuse lance là-bas ?» — « C'est 1' « insigne » de ton
ancêtre le paillard Saturne, avec lequel il gagnait les vieilles
batailles bien avant ton temps. » Cet insigne est décrit
comme une lance au fer large, épaisse, longue et haute que
les héros ne pouvaient remuer, et qu'entouraient sept peaux
tannées ; elle se portait sur le dos comme le mât d'un grand
navire 2 .
Il ne semble pas que la Togail Troi ait subi l'influence de
YEphcmeris belli Trojani du Pseudo-Dictys de Crète. Dans un
des épisodes les plus importants de son récit, la mort d'Hector,
Dictyssuit d'assez près l'Iliade et raconte comment après avoir
dépouillé le fils de Priam, Achille lui lia les pieds pour l'at-
tacher à son char et le traîner derrière lui : genus poenae novum
miserandumque 3 . D'après Dictys, Achille coupe les mains à
un fils de Priam. Dans la Togail Troi, Troïlus coupe les mains
des Myrmidons. Cette sauvage coutume était en usage chez
plusieurs peuples anciens 4 . Les héros de Darès ne semblent
pas faire usage du char de guerre. Troïlus est à cheval ; c'est
à cheval qu'Hector apparaît dans un songe >. Chez le Pseudo-
1. Voir Whitley Stokes, Togail Troi, Calcutta, 1881, préface.
2. On pense au gae bulga, l'arme merveilleuse de Cûchulainn, où bolg
semble bien désigner aussi un sac de cuir. Quant au sighen de Saturne, il
doit provenir d'un souvenir de la faux du dieu gréco-italique, et témoi-
gnerait d'un emprunt légèrement défiguré au germanique (sichel) ou au
latin (secula) confondu avec signum.
3. Epherneridos belli Trojani lihri sex, III, 15.
4. Dictys, III, 15. Togail Troi, 15 14, cf. De bello Gallico, VIII, 44 :
omnibus qui arma tulerant manum praecidit. On connaît Nuadu à la main
d'argent dont la main fut coupée à la première bataille de Moytura.
5. Darès, 23. Togail Troi, 1130, 1544.
Lu prise de Troie en Irlande. 159
Dictyson trouve la mention des chars de guerre. Est-ce d'après
lui que le conteur irlandais a introduit les chars de guerre dans
la TogailTroi} ' C'est peu probable, car le char de guerre, qui
figure dans l'ancienne épopée, était bien connu des Irlan-
dais *.
Il est intéressant de rechercher si, parmi les livres utilisés
directement ou indirectement par l'auteur de la Togail Trot
pour compléter ou développer le texte du De excidio Trojae,
figurait Y Iliade >. Les rapprochements de détail qu'a proposés
Wh. Stokes sont les suivants.
Les dieux émettent une sorte de sifflement < (fétgaire)
comme les âmes des morts (Iliade, XXIII, 101; Odyssée,
XXIV, 5, 9). Mais, comme le remarque Stokes lui-même, un
détail analogue se trouve chez Virgile (Enéide, VI, 492), chez
Claudien (Contre Rufin, 1, 12e).
Troïlus se jette sur les Grecs comme un loup au milieu des
brebis > ; c'est la comparaison célèbre de l'Iliade (XVI, 352-
357) appliquée aux chefs grecs. Le même Troïlus presse les
Grecs comme un faucon force des petits oiseaux 6 . Patrocle
marche au premier rang, semblable à un épervier rapide qui
a mis en fuite des geais et des étourneaux (Iliade, XVI, 582-
583). Une comparaison plus développée, dans le genre homé-
rique, et d'un ordre à peu près inconnu des sagas irlandaises,
décèle vraisemblablement un emprunt : « De même que vient
un torrent du sein de la montagne, en sorte qu'il renverse
devant lui les arbres et les bois, qu'il les répand sur les pentes
et sur le penchant des collines, ainsi Achille battait les troupes
troyennes », dit le narrateur irlandais ' . « Comme lorsqu'un
fleuve grossi par les orages descend dans la plaine du haut des
1. Dictys, I, 18. Togail Troi, 1488. Livre de Leinster, 242 b 6.
2. H. d'Arbois de Jubainville, La civilisation des Celtes et celle de l'épopée
homérique, p. 332.
3. Sur les emprunts à la légende grecque voir Revue des Etudes grecques,
XXV.. p. 391-407.
4. Livre de Leinster, 230 a 34.
5. Togail Troi, 143 3.
6. Togail Troi, 1355. Livre de Leinster, 408 a 36. Iliade, XVII. 757;
cf. XVI, 582-583.
7. Livre de Leinster, 243 b 13.
160 G. Dot lin.
montagnes, pressé par la pluie de Zeus, entraîne avec lui beau-
coup de chênes desséchés et beaucoup de pins et jette à la mer
beaucoup de limon, ainsi le brillant Ajax s'élance alors dans
la plaine, poussant tout devant lui » {Iliade, XI, 492-495).
Une comparaison analogue se trouve chez Virgile {Enéide, II,
305), mais elle n'est pas appliquée à l'élan d'un guerrier en
pleine bataille et elle n'offre pas les détails de la comparai-
son homérique '.
Les autres rapprochements ont trait au personnage d'An-
ténor, à une expression proverbiale et à divers usages. Ils sont
moins frappants que les précédents. Qu'Anténor soit, dans la
Togail Iroi comme dans X Iliade (III, 148-150), un homme
sage et éloquent 2 , la caractéristique est trop générale pour
qu'on puisse conclure à un emprunt ; d'ailleurs dans l'Iliade,
Anténor est associé à Ucalégon qui n'apparaît pas dans ce
passage de la Togail Troi. On ne peut guère faire état, non
plus, de l'expression proverbiale :.« Si j'avais dix langues et
dix bouches » (Iliade, II, 489), d'abord parce qu'elle n'est pas
exactement reproduite en irlandais : « s'il y avait sept langues
dans la tête de chacun de nous 3 », puis parce qu'elle n'est
pas tellement singulière qu'elle n'ait pu venir indépendam-
ment à l'esprit du poète grec et du conteur irlandais; d'ailleurs
le vers d'Homère a été traduit par Virgile 4 ,et si l'on tenait à
ce que l'auteur de la Togail Troi eût, malgré tout, un modèle,
il serait plus vraisemblahle que ce modèle fût Virgile.
Quant aux usages ou aux objets que l'on trouve à la fois
dans la Togail Troi et dans X Iliade, le rapport des deux civili-
sations est trop exact et trop étendu pour qu'on puisse les
considérer comme probants. Rien n'a été plus répandu que la
coutume homérique et celtique de couper la tête à l'ennemi
mort >, ou de donner à quelqu'un l'équivalent de son poids
1 . Il s'agit d'Énée qui monte en hâte au sommet du palais : In segetem
veluti cutn flamnia furentibus Austris Incidit, aut rapidus montano flumine
torrens Stemit agros, sternit sata laeta boumque iabores, Praecipitesque trahit
situas.
2. Livre de Leinster, 227 b n.
3. Livre de Leinster, 234 b 5.
4. Enéide, VI, 625 .
5. Iliade, XVII, 39; XVIII, 335. Livre de Leinster, 240 a 39. Voir
La prise de Troie eu Irlande. 161
en or ou en métaux précieux '. Le javelot à cinq pointes
d'Hector ne rappelle que de loin la grande fourchette à cinq
dents des jeunes Grecs 2 .
En somme, et quelque difficulté que l'on puisse rencontrer
en essayant d'éliminer toute réminiscence de Ylliadc, il est sûr
que le conteur irlandais de la Prise de Troie n'avait pas sous
les veux un texte ou une traduction du poème homérique.
On en peut donner une preuve. Tandis que le Pseudo-Darès
ne dit mot des armes fabriquées par Vulcain pour Achille, la
Togail Troi 5 offre une description de ces armes. Mais la des-
cription, si représentative de la civilisation homérique, que
l'on trouve au chant XVIII de l'Iliade, ne semble pas avoir
inspiré directement le conteur irlandais. Celui-ci place, sur les
bords, des dragons affreux, les bêtes et les monstres étonnants
du monde et les monstres multiformes de la terre, et, au centre
(le texte dit : l'inscription) du bouclier, la figure du ciel, de
de la terre et de l'enfer, de la mer, de l'air et de l'éther, du
soleil, de la lune et, en outre, des constellations qui parcourent
l'éther. La taille du bouclier était telle qu'il aurait pu conte-
nir un sanglier de trois ans ou un couple au lit 4 . L'arme-
ment est complété par un casque à crête sur lequel les javelots
et les épées pouvaient rebondir , par un haubert à triple tresse,
à triple agrafe solide qui protégeait le guerrier de l'oreille au
jarret ; par une épée à laquelle hauberts et casques ne pou-
vaient résister à cause de la finesse et de l'acuité de son tran-
chant.
On peut penser que, si l'auteur gaélique avait connu la
splendide description du bouclier homérique, il en aurait tiré
autre chose que la décoration du centre du bouclier. Cette
décoration, bien qu'elle comprenne les principaux éléments
II. d'Arbois de Jubainville, La civilisation des Celtes et celle de Vêpopêe homé-
rique, p. 374-377-
1. Iliade, XXII, 351. Livre de Leinster, 217 b 4.
2. Iliade, I, 463. Livre de Leinster, 237 b 40.
}. Togail Troi, 997-1007.
4. Cf. la cuillère de Dagdé, où un homme et une femme auraient tenu
comme dans un lit (H. d'Arbois de Jubainville, L'épopée celtique eu Irlande,
p. 426-427).
Revue Celtique, XLI. 11
i62 G. Dottin.
de la description homérique, « la terre, le ciel, la mer, le
soleil infatigable, la pleine luiie, tous les signes qui entourent
le ciel d'une couronne-, n'a pu être inspirée qu'indirectement
par Y Iliade ; l'auteur irlandais, d'ailleurs, y a ajouté l'enfer, l'air
etl'éther. D'autre part, Homère ne fait mention que des armes
défensives ; l'auteur irlandais y joint l'épée parce qu'il est
d'usage dans les sagas gaéliques de décrire surtout les épées et
les javelots, le casque et la cuirasse n'apparaissant guère qu'à
l'époque des invasions Scandinaves. Les expressions pour
décrire le haubert semblent d'ailleurs stéréotypées ; telles elles
sont dans la Togail Irai, telles on les retrouve dans Vltn-
teachta Aeniasa (l'Enéide gaélique) et la Bataille de Ros-na-
righ '.
Là où le De excidio Trojae est en contradiction avec l'Iliade,
comme lorsqu'il raconte que le rassemblement de la flotte
grecque se fit à Athènes et non à Aulis, la Togail Troi est
d'accord avec le De excidio Trojae 2 .
On peut donc conclure que l'Iliade, même indirectement,
n'a guère eu d'influence sur le roman irlandais de la « Prise
de Troie ». Quelque goût d'ailleurs qu'eussent les Irlandais
pour les récits concis où les événements s'accumulent, il est
probable, tout de même, qu'ils n'auraient pas hésité à préférer
Homère à Darès, s'ils avaient connu directement l'Iliade.
L'influence de Virgile sur le récit irlandais du sac de Troie
est évidente 5 . La Togail Troi met en scène des personnages
que le Pseudo-Darès ne connaît pas et qui sont cités par Vir-
gile : Choroebus (1. 1852), Panthus (1. 1850). Elle résume
d'après l'Enéide la défense désespérée de la citadelle par les
Troyens (1. 1863-1870). Elle conserve quelques détails virgi-
liens de la mort de Priant : le fils tué sous les yeux de son
père, le telum imbelle sine ictu que le vieux roi lance contre
Pyrrhus (1. 1886-1887). Mais aucune des comparaisons ni des
tableaux dramatiques du poète latin n'a pénétré dans le texte
irlandais, qui reste, en somme, tributaire du Pseudo-Darès.
1. Togail Troi, 999. Imtheachta Aeniasa, 1957, 2460 etc. Cath Rois na
Riogh, 27.
2. Togail Troi, 6^$, 684. Darès, 14-15.
3. Nous avons vu plus haut que le conteur irlandais connaît le commen-
taire de Servius.
La prise de Troie en Irlande. 163
Dans l'ensemble, les sources des additions au texte du
Pseudo-Darès sont difficiles à trouver. Il est probable que pour
les légendes d'Hercule et de Jason le conteur irlandais a uti-
lisé Ovide et Hygin. Mais si l'on a des gloses irlandaises à un
fragment des Métamorphoses d'Ovide conservé dans un manu-
scrit de Berne r , on n'a pas encore découvert de traduction
d'Ovide ni d'Hygin en irlandais et nous ignorons par l'inter-
médiaire de quels manuels la mythologie classique avait péné-
tré dans l'Europe occidentale 2 .
Miss Eleanor Hull a émis l'idée que les Irlandais ont connu
le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure (vers n 60) ou
YHistoria Trojana de Guido de Columna (1287) 3 . La ques-
tion de date doit être, d'abord, posée. La plus ancienne rédac-
tion de la Togail Troi sous la forme où elle nous est parvenue
paraît dater du milieu du xn e siècle. Il est donc impossible
qu'elle ait subi l'influence de Guido et peu probable qu'elle
soit inspirée du Roman de Troie.
On ne trouve d'ailleurs pas dans la Togail Troi les descrip-
tions qui appartiennent en propre à Benoît de Sainte-Maure,
comme le costume de Diomède et d'Ulysse se rendant chez
Priam, la Chambre de beauté, le palais de Priam, les murs de
Troie. Le long récit de la conquête de la Toison d'Or et des
amours de Jason et de Médée que l'on trouve chez Benoît et
dans le Livre de Leinster ne peut être de l'invention de Benoît
et provient soit d'un roman latin des Argonautes, soit d'un
Darès plus développé que celui qui nous est parvenu. Le Juge-
ment de Paris, chez Benoît, se passe dans un songe ; pour
Darès comme pour le conteur irlandais, c'est une réalité. Les
portraits des héros qui forment une digression importante chez
Darès et chez Benoit sont, comme nous l'avons vu, absents
de la Togail Troi. Le catalogue des vaisseaux dans la Togail
Troi s'accorde plus souvent avec les nombres donnés par Darès
1. H. d'Arbois de Juhainville, Essai d'un catalogue de la littérature épique
<\e F Irlande, p. cvm.
2. Sur l'étrange culture classique de l'Irlande du vi e au XI e siècle, voir
Revue des Etudes anciennes, XXV (1923), p. 144-150.
3. Nous acceptons les dates proposées par L. Constans, Le roman de
Troie, t. VI, p. 188-191, 318.
164 G. Doit in.
qu'avec ceux donnés par Benoît. L'ambassade d'Ulysse et de
Diomède, ainsi que l'expédition d'Achille en Mysie, sont
racontées dans la Togail Troi conformément à Darès et non à
Benoît. Aucun des emprunts faits par Benoît à Dictys de
Crète ne se trouve dans le texte irlandais.
Rien ne rappelle, d'autre part, dans la Togail Troi les pro-
sopopées, les réflexions morales, les descriptions poétiques et
les digressions savantes ou pseudo-savantes que L. Constans
regarde comme caractéristiques de Guido de Columna l .
Lorsque le texte irlandais ne reproduit pas servilement le
détail du texte latin, c'est, d'ordinaire, qu'il substitue à la
sécheresse du Pseudo-Darès l'abondance en honneur chez les
conteurs gaéliques du xn e siècle. Ainsi, dans le récit des pré-
paratifs de l'expédition, le discours d'Agamemnon est résumé,
comme il arrive fréquemment chez le Pseudo-Darès en une
suite de verbes : deinde exercitum ad concioncm convocat, conlau-
dat, imperat, hortaliir, monct diligenter ut dicto obaudientes sint ;
dans la Togail Troi, le discours d'Agamemnon est rapporté en
style indirect, et l'énumération porte sur des noms et des
adjectifs, à la manière irlandaise : « Il se mit à encourager les
héros et les valeureux champions et les briseurs de remparts 2
à livrer un combat aiguisé, sanglant, colère, vraiment rude
contre les guerriers de la terrible Asie» . L'énumération est sou-
vent groupée en triades, et même en triple triade : Ro-chôinset
trâ ua Gréiciiini Palâmid in n-aidehisin ./. ar jhacbas a chroiha 7
a dênma 7 a dclba, ar met a eena 7 a éolais 7 a jhessa, ar met a
gharta 7 agnimaj a gâiscid '«pour la perfection de sa figure, de
sa forme et de sa beauté, pour la grandeur de ses connaissances»
de sa science et de son savoir ; pour la grandeur de son
esprit chevaleresque, de ses hauts faits et de sa bravoure », tandis
que le texte du De excidio Trojae porte seulement ; Argivi in
castris Palamedis scientiani, aeqiiitatem, clemeniiam, bonitatem
lamentantur .
Les additions de minime étendue ne sont pas les moins
1. Le roman de Troie, VI, p. 321.
2. Tous ces mots sont allitérés en irlandais. Togail Troi, 820-822. Cf.
Darès, 19. Voir aussi Togail Troi, 1 362-1 363. Darès, 29.
3. Togail Troi, 13 34-1 3 36. Darès, 28. Il s'agit de Palamède.
La prisa de Troie en Irlande. 165
intéressantes. Quand Achille, six jours après avoir été blessé,
retourne au combat, il exhorte les Mvrmidons à attaquer
Troïlus. Au milieu du jour, Troïlus s'avance joyeux, à che-
val. Le conteur irlandais a traduit postquam major pars diei
transiit par : « Comme le soleil montait dans les hauteurs du
ciel et brillait sur les vallées et sur le penchant des collines »,
en remplaçant la sèche formule de Darès par une phrase
charmante imitée de la « Razzia de Cualngé » '. Au lieu de
populus auctoritatem Panthi contempsit, le texte irlandais porte :
« quand le peuple entendit l'opinion de Panthus, il se mit à
crier, à se moquer de lui et à le tourner en ridicule » 2 . Enée
répond à Amphimaque en termes doux et bienveillants, nous
dit le Pseudo-Darès ; à cette indication générale le conteur
irlandais substitue un proverbe populaire : « Mon fils, mieux
vaut paix et bonne volonté que violence et dispute » '.
Parmi les additions, la plupart sans doute sont inspirées
de sagas célèbres.
Comme dans la Tàinbô Cualngé, la bataille est accompagnée
des mugissements de Badb et des cris des démons de l'air 4 .
Les « performances » sportives des héros troyens sont à peu
près celles que l'on prête à Cûchulainn : vitesse et saut, nata-
tion et jeu de balle, jeux d'échecs et de balle, supériorité en
beauté et en vêtement >. De même que Mac Roth et Fergus
décrivent à Ailill l'aspect de l'armée d'Irlande, de même
l'éclaireur envoyé par Priam rapporte à celui-ci ce qu'il a vu
et entendu : le grand nuage qui remplissait le vide entre le
ciel et la terre, et qui était produit par l'haleine des guerriers ;
le bruit de tonnerre que rendait le choc des lances et des
épées, des casques et des cuirasses 6 .
1. Togail Trot, 1 540-1 541. Darès, 33. Cf. Tàin bâ Cualngé, éd. Win-
disch, 1. 5820. Ce genre de description est rare dans les sagas irlan-
daises.
2. Togail Troi, 421-422. Darès, 8.
3. Togail Troi, 1762. Darès, 37. Cf. Togail Troi, 1454 : « Mieux vaut
paix que guerre heureuse ».
4. Togail Troi, 1898. Tain bô Cualngé, p. 141.
5. Togail Troi, 216-220. Tdinbô Cualngé, p. 55, 62.
6. Togail Troi, 847-850, 857-858, 866-870. Tain Iv Cualngé, p. 215-
216. Cf. Loinges Mac n-Duil nDermail, 275 et suiv. (L'épopée celtique en
Irlande, p. 1 55).
i6é G. Do! lin.
Le fameux serment de Conchobhar : « si le ciel ne vient
pas avec sa pluie d'étoiles sur la face de la terre, si la terre en
tremblant ne se brise pas, si l'Océan ne vient pas sur le front
chevelu du monde >>, a fourni les détails d'une comparaison
dans le récit de l'éclaireur « il me semblait que c'était le ciel
qui tombait ou la mer qui se retirait ou la terre qui se fendait
en éclats, ou comme si des pluies d'étoiles tombaient sur la
face de la terre '. »
Le portrait de Troïlus dans la mêlée est imité de celui de
Cûchulainn en plein accès de fureur guerrière : « de son front
sortait la lumière du héros, en sorte qu'elle fut aussi longue
que le nez, et ses deux yeux sortirent de sa tête jusqu'à ce
qu'ils fussent à six pouces de sa tête. Ses cheveux devinrent
semblables à des rameaux d'aubépine. Il attaqua les armées
comme un lion actif, plein de fureur qui court sus à une bande
de sangliers -. »
La grande bataille des Grecs et des Troyens est racontée
presque avec les mêmes mots que la bataille de Mag Mucri-
mée 3 .
Paris apparaît aux Grecques à peu près tel que Cûchulainn
aux femmes d'Irlande. Comme Cûchulainn il porte des bijoux
d'or rouge, des pierres précieuses et sur là peau une tunique
de soie bordée d'or 4 . Les jeunes filles demandent aux hommes
d'Irlande de les élever sur les boucliers posés sur les épaules
des guerriers afin qu'elles puissent voir comment était fait
Cûchulainn. Des troupes de dames et de jeunes filles du
monde viennent de leurs pays pour contempler Hector et les
fils des rois et des nobles de Grèce vont à Troie pour voir-
Hector sur les épaules des hommes 5 .
Les Troyens sont vêtus et armés comme les Irlandais. Leurs
i. Togail Troi, 853-855. Tâinhé Cualngë, p. 210.
2. Togail Troi, 1473- 1477. Tdin bo Cualngé, p. 142. Le lion apparaît
souvent dans les comparaisons de l'Iliade; dans le chaut XVI, 823-826,
c'est le combat d'un lion et d'un sanglier auprès d'une source. Voir Annales
de Bretagne, IX, p. 491.
3. Togail Troi, 933-940. Revue Celtique, XIII, p. 456, § 52. Voir aussi
Tochmarc Ferbe, 233.
4. Togail Troi, 492-497. Tdinbo Cucinlgê, p. 145 (W. 1. 2706).
5. TogailTroi, 1090-1095. Tdin bo Cuanlgé, p. 146. (W. 1. 2744).
La prise de Troie en Irlande. [67
manteaux sont attachés avec des fibules; leurs boucliers sont
couverts de plaques d'or et d'argent; leurs glaives ont des
poignées formées de dents ; ils ont des javelots verts et portent
des colliers J ; certains boucliers sont blanchis à la chaux 2 .
Médée, pour retenir le navire Argo, y jette un peloton de
fil magique qu'un homme du navire, Pallair, saisit; d'un coup
d'épée Hercule tranche la main de Pallair. C'est l'épisode, bien
connu, du Voyage de Bran que l'on retrouve d'ailleurs dans
le Voyage de Maëlduine 3 .
On sait que les traducteurs irlandais ne se faisaient pas
faute de modifier les détails et même les dénoûments qui leur
déplaisaient. Aussi nous est-il possible de deviner quel était
le goût de leurs lecteurs, auxquels sans doute ils cherchaient
à plaire. Leur sensibilité ne supportait pas que leurs per-
sonnages favoris éprouvassent de trop grandes disgrâces. Chez
le Pseudo-Darès, Priam, pour ne pas entendre les fâcheuses
prédictions de Cassandre, la fait emmener et enfermer; dans
la Togail Troi, il se contente de lui mettre la main devant la
bouche 4 . Tandis que, dans l'Iliade, Hector est tué par
Achille en combat singulier, et que, dans le De excidio Trojae,
Achille poursuit Hector jusqu'à ce qu'il l'ait tué, dans la
Togail Troi on raconte longuement comment Hector fut tué
par traîtrise '.
Le christianisme de l'auteur se manifeste parfois lorsqu'il
est question des dieux et du culte païen chez le Pseudo-Darès.
Dans le Jugement de Paris, le mot de « déesses » n'est pas
employé, mais celui de femmes, mnâib 6 .Les Grecs rendent
grâce à leurs dieux et à leurs idoles, dia n-arrachtaib : le texte
1. Togail Troi, 889-899. Tâin bôCualngê (W. 1. 5270-5275). Cf. Togail
iruidne Du Derga, 76 etc.
2. Livre de Leinster, 243 b 40. Acallamh na Senorach, 7588. Fled
Bricrend, 15. Cf. Cath Catharda, 5875.
3. Imtnram Brain, 62. Immram curaig Mailduin, 28.
4. Darès, il. 'Togail Troi, 547-548.
5. Iliade, XXII, 248-360. Darès, 24. Togail Troi, 1178-1197 (comairle
tnbrécaig n-intledaig H. 2. 17 ; tria cheïlg L. L. (d'après Virgile, dit le texte
irlandais).
6. Darès, 7. Togail Troi, 379.
168 G. Doit in.
latin dit seulement diis ' . Achille et Antiloque se rendent à la
maison des idoles, (daltighe; chez Darès, fanum z . Vulcain est
appelé le forgeron de l'enfer ». Castor et Pollux ont été méta-
morphosés en astres (les Gémeaux) au dire des gentils, na
geintlide 4 . Le sacrifice offert par Agamemnon à Diane pour
l'apaiser est passé sous silence > ; mais il est fait mention de
l'offrande d'Hélène à Diane et à Apollon, (car c'était la cou-
tume des païens aux fêtes de leurs dieux et des images de
ceux-ci 6 ) et de l'autel de Minerve ?.. En général, les Irlandais
chrétiens semblent avoir été moins choqués parle paganisme
des Grecs et des Romains que par le paganisme celtique.
C'est d'ailleurs sans doute parce que chez le Pseudo-Darès les
dieux et les déesses ne jouent aucun rôle dans les événements
que le Deexcidio Trojae eut au moyen âge un si grand succès.
Les lecteurs ne remarquèrent pas que cette absence de toute
action divine rendait très invraisemblable l'attribution de l'ou-
vrage à un prêtre de Héphaistos.
Le Pseudo-Darès spécifie que personne ne considérait comme
étant de race royale les enfants que les fils de Priam avaient
eus de leurs concubines. Cette idée, qui ne semble point d'un
païen, a été développée avec complaisance par le moraliste
chrétien qui parle sans ménagement des « fils engendrés dans
l'illégalité et dans l'adultère » 8 .
Essayons maintenant d'étudier l'art de l'auteur. Les dia-
logues, qui sont parfois très animés dans les sagas gaéliques,
sont rares et courts dans la Togail Troi 9 , où il y a le plus
souvent non pas conversation, mais succession de discours.
Les descriptions de paysages, à peu près inconnues de l'ancienne
i. Darès, 42. Togail Troi, 1909.
2. Darès, 34; cf. 10. Togail Troi, 1605. Cf. 483, 507.
3. Darès, 11. Togail Troi, 577-578.
4. Togail Troi, 1009.
5. Darès, 15. Togail Troi, 702.
6. Togail Troi, 485. Cf. 694, l'offrande d'Achille à l'oracle d'Apollon.
7. Togail Troi, 1895.
8. Darès, 4. Togail Troi, 194.
9. Sauf le dialogue entre Priam et l'éclaireur. Mais ce dialogue est
imité de celui de la « Razzia de Cualngé />.
La prise de Troie en Irlande. 169
épopée irlandaise ' sont encore exceptionnelles dans la Togail.
Les portraits de personnages ne s'appliquent guère qu'à
l'aspect physique, aux vêtements et aux armes ; l'analyse
psychologique n'y tient aucune place ; imités en général des
peintures archéologiques de la Tain, ils semblent n'être plus
qu'une survivance.
Il reste que les narrations et les discours sont carac-
téristiques de l'art gaélique à i'époque où fut composée
la Togail Troi. Les narrations sont des développements
du long et monotone récit du Pseudo-Darès. Les discours
tiennent la place des résumés au style indirect du texte latin.
Le procédé le plus fréquemment employé est, dans la com-
position, l'accumulation des détails; dans l'expression, l'accu-
mulation des épithètes.
Comment l'auteur gaélique a-t-il traité les deux épisodes
que l'on s'accorde à regarder comme les plus littéraires du
De exeidio Trojae, l'entrevue d'Hector et d'Andromaque, la
mort d'Achille ? Du second il a conservé tous les détails en
ajoutant çà et là quelque réflexion : « le temps lui semble
long jusqu'au matin » 2 , dit-il d'Achille attendant l'heure du
rendez-vous, qui était aussi celle du guet-apens, et il décrit,
avec les procédés ordinaires à l'épopée gaélique, la lutte qui
s'engage entre Achille et Antiloque d'une part, Paris de
l'autre \ Dans le premier épisode, il fait preuve de plus
1. Dans la « Razzia de Cualngé », la notation des paysages se fait par
«numération et toujours avec la plus grande concision. La plus longue
description est la tombée de la neige : « Il tomba quantité de neige cette
nuit. Il y en eut assez pour atteindre les épaules des hommes, les cuisses
des chevaux, les essieux des chars ; la neige rendit plates et unies toutes
les provinces d'Irlande » (trad. H. d'Arbois de Jubainville, p. 54). Quant
à l'illusion produite par la marche de l'armée irlandaise (p. 214-217), c'est,
semble-t-il, un thème ordinaire de l'épopée celtique ; on la trouve dans
le Mabinogi de Branwen (trad. Loth, I, p. 137-138). Voir ci-dessus,
P- 165.
2. Chez le Pseudo-Darès (34) : Achilles laetus Polvxenam amans
postero die ad fanum se venturum constituit.
3. Achilles multos occidit (Darès, 34) « Achille entra en fureur et
exerça sur la troupe sa rage et sa colère et les attaqua furieusement et
virilement et plusieurs milliers d'hommes tombèrent par lui, en sorte que
tout ce qui tomba par lui ce jour-là sous les coups de la courte épée qu'il
[70 G. Del H )i.
d'originalité ; s'il n'a pas renouvelé le sujet en remontant cà
la source même, aux vers immortels du vieil Homère, il a du
moins tâché d'animer le récit incolore, desséché et inerte du
Pseudo-Darès. Le songe d'Andromaque, que le texte latin
résume en quelques mots abstraits, « insoumis vidit Hectoreiu
nondebèrein pugnam procedere », est décrit avec précision :
« Hector avait une statue équestre dans un portique de la
ville et Andromaque vit en rêve cette image; soudain, la tête
d'Hector se détacha de la statue ». Le discours direct est,
comme d'ordinaire, substitué au discours indirect : « Je ne
sacrifierai pas ma bravoure et mon adresse à un conseil de
femme » \ dit Hector. La modification d'un détail du récit
donne au personnage d'Hector un caractère plus humain et
plus conforme à l'idée que nous en laisse l'Iliade. Tandis que
chez le Pseudo-Darès Andromaque essaie en vain de retenir
Hector en étendant son fils aux pieds de son père, le conteur
irlandais s'exprime ainsi : « C'est alors qu'on apporta son
petit enfant en face du guerrier en sorte que cela le fixa sur
place » 2 .
Le portrait physique et moral des héros et héroïnes grecs
et troyens (D. 12-13) est remplacé dans la Togail Troi par un
tableau pittoresque des préparatifs des Grecs en vue de l'expé-
dition, tableau où se révèle le talent du narrateur en même
temps que son érudition :
« Quand la nouvelle se répandit en Grèce qu'Hélène avait
été enlevée, l'Europe entière fut soulevée, delà terre Méotide
à l'embouchure du Rhin. Ce fut comme un bouillonnement
parmi tous les Grecs : chaque tribu, chaque famille sentait
l'affront comme s'il leur avait été fait à elles-mêmes. Il y eut
dans chaque tribu de fréquentes assemblées et des avis circu-
laient de l'un à l'autre sur le moment le plus convenable pour
se mettre en route ; ils faisaient leurs préparatifs pour
avait à la main est parmi les choses de la Togail dont on ne peut faire le
compte » (Togail Trot, 1609-1612).
1. Hector muliebria verba abicit (Darès, 24). Cf. Togail Troi, 11 36.
2. Maesta Andromacha, summissis capillis, Astyanactem filium pro-
tendens ante pedes Hectoris, eum revocare non potuit (Darès, 24). Cf.
Togail Troi, 1142-1143.
La prise de Troie en Irlande. 171
l'expédition, tant en navires, voiles et cordages qu'en nourri-
ture, vêtement et bétail. Les Thessaliens harnachaient leurs
chevaux et leurs coursiers pour les mener au rivage de la mer.
Les Myrmidons nettoyaient leurs cuirasses et leurs casques de
la rouille et de la saleté qui les couvraient; ils arrangeaient
leurs javelots et les aiguisaient pour piller les ennemis et les
étrangers ; leurs glaives étaient affilés et leurs boucliers étaient
apprêtés pour le départ. Les costumes, équipements et vête-
ments des Athéniens étaient mis en état. Il n'y eut qu'une
clameur sur la surface de la Grèce parce qu'ils s'étaient par-
tagé le travail. Une partie d'entre eux étaient dans les forêts à
abattre du bois, en sorte qu'aucun n'entendait la voix de
l'autre à cause de la multitude d'ouvriers et de manœuvres
coupant, taillant, rognant les arbres. Une partie d'entre eux
étaient dans les forges à faire des armes et des ferrures, à faire
des épées, des cuirasses et des boucliers, à aiguiser et à battre
leurs armes. Il n'y avait en Grèce personne qui ne s'occupât
ainsi. Il y avait des troupes et des camps depuis la frontière
orientale de la Rétie à l'ouest de la terre de Thrace sur la
Propontide. » (Togail Troi, 584-605).
Suit une énumération des peuples de la Grèce et de
l'Europe comprenant les Galates, les Etrusques, les Dalmates,
les Istres, les Pannoniens, les Rètes, les Alains, les Sauro-
mates, les Mélanchlaines, les Hippémolges, les Grunes(?),
les Neures et les Agathyrses '.
Les récits des nombreuses batailles qui remplissent le De
excidio Trojae n'offrent guère de variété. A l'exception des
combats singuliers qui mettent aux prises des héros grecs et
troyens et où le Pseudo-Darès donne quelques détails, la
plupart se résument en quelques verbes : persequitur, sternit.
fugtit; caedit, prosternit ; multos occidit, plurimos sauciat.
Le texte irlandais est plus descriptif, en général. Prenons
1. Ces noms de peuples proviennent d'Hérodote, IV, 100; 104-107.
sans doute par l'intermédiaire d'un auteur latin, Pomponius Mêla (II, 2)
ou un manuel dérivé de sa Chorog raphia. Mais Grimes pour Grypes, par j,
(yp'jaocpûXaza; Tp^a;, Hérodote, IV, 13) témoigne d'une transcription
du grec. Tous ces noms sont encore moins reconnaissables dans le Livre de
Leinster, 232 b 10.
I72 G. Doit in.
pour exemple un des combats livrés par Agamemnon : « Au
matin s'engage des deux côtés un combat sanglant, furieux,
mortel, empoisonné, plaintif. Un grand massacre est fait des
deux armées. Là furent brisés les champions de l'Europe et de
l'Asie. Une bataille cruelle, violente, meurtrière commença.
Maints ruisseaux de sang coulèrent sur la peau délicate des
jeunes guerriers qui allaient au danger, de tout leur pouvoir.
Maints héros étaient à terre taillés en pièces par les ennemis.
Maints boucliers furent fendus d'un bord à l'autre. Maintes
épées furent usées jusqu'à la garde à force de frapper. Maintes
lances et maints javelots se brisèrent sur la surface du champ
de bataille. » (Togail Troi, 1360-1371).
Tandis que le Pseudo-Darès est très sobre de détails sur les
nombreuses funérailles qui suivent les batailles, et se contente
d'ordinaire de la simple formule : magnificù funere efferl \ l'au-
teur de la Togail Troi semble se complaire à décrire la douleur
publique et les lamentations funèbres.
Il développe à souhait le Troiani Hectorem lamentantur de
Darès 2 : « Lamentables en vérité furent les pleurs et les cris
qu'il y eut à Troie cette nuit-là. Il y eut beaucoup de chagrin,
de tristesse, de peine, de battements de mains, parce qu'il leur
manquait leur bon et preux capitaine, le noyau de leur cœur,
leur buisson protecteur, leur barrière de combat, leur bouclier
de panique, leur poteau de frontière contre leurs ennemis.
Cité sans rempart était leur cité après lui. Ce qui charme autour
d'un roi était ce qui charmait autour de lui ; se rassembler
autour d'un champion était se rassembler autour de lui. Il
se distinguait des héros du monde entier en éclat, en dextérité,
en sagesse et en valeur, en dignité et en abondance. Il était
instruit en toute science ; il se distinguait des braves héros du
monde au maniement du javelot et de l'épée ; il se distinguait
des hommes de la terre au gain de la bataille et de la partie.
1. De excidio Trojae, 33 (Troïlus), 29 (Palamède).
2. Darès, 24. Togail Troi, 1205-12 19. La description du deuil après la
mort de Troïlus contient quelques détails précis : «tous, hommes et femmes,
garçons et filles, vieux et jeunes battant des mains et se lamentant au même
moment ; ils versèrent des torrents de larmes brûlantes; ils coupèrent leurs
cheveux et rougirent leurs visages » (Togail Troi, 1 575-1 579)-
La prise de Troie en Irlande. 175
Il se distinguait pour l'éclat et pour la dextérité, pour la vitesse
et le saut, des jeunes gens de la terre. Une grande multitude
de Grecs le pleura pour le récit de ses hauts faits. Les jeunes
gens et les enfants le^ pleurèrent, qui étaient venus des fron-
tières voisines pour le contempler ».
Nous savons que les discours de la Togail Troi diffèrent
de ceux du Pseudo-Darès d'abord en ce que les premiers sont
en style direct et les seconds en style indirect. Mais de plus,
comme dans les récits, le conteur irlandais est plus abondant
que l'auteur latin.
Comme exemple de discours, nous citerons le conseil tenu
par Priam et ses fils, en donnant successivement pour chaque
discours la traduction du De excidio Trojae et la traduction de
la Togail Troi.
(.( Quand ils furent assemblés, Priam leur dit qu'il avait
envoyé en Grèce comme ambassadeur Anténor pour demander
satisfaction au sujet de la mort de son père et réclamer qu'on
lui rendît Hésione ; qne les Grecs avaient traité honteusement
Anténor et qu'Anténor n'avait rien obtenu d'eux. Mais puis-
qu'ils n'avaient pas voulu faire sa volonté, il lui semblait bon
d'envoyer une armée en Grèce pour les punir, et de ne pas
laisser les Grecs se moquer des barbares. » {De excidio Trojae,
« J'ai envoyé », dit Priam, « Anténor en ambassade dans
le pays des Grecs pour leur présenter une requête, après les
tourments qu'ils m'ont causés. Je l'ai envoyé spécialement
pour ceci, pour savoir si ma sœur serait tirée de l'esclavage. Or
non seulement elle n'a pas été tirée de l'esclavage, mais ils se sont
moqués de moi-même et de tous les Troyens. Voici donc ce
que je désire : que des armées et des troupes aillent en Grèce
reprendre Hésione de force, puisqu'on n'a pu l'obtenir de bon
gré ou par amitié. Peut-être nous feront-ils la faveur de nous
la rendre en échange du butin qu'on pourrait enlever de Grèce,
en sorte que les troupes des Troyens ne soient pas exposées
plus longtemps aux moqueries des Grecs. » {Togail Troi, 299-
309).^
Si l'on compare les deux textes, on remarque aussitôt l'ai-
sance et la naïveté du texte irlandais en regard de l'apparence
174 G. Dottin.
compassée du texte latin. Priam apparaît sous les traits d'un
monarque débonnaire et conciliant ; il est loin d'avoir le ton
cassant que lui prête le Pseudo-Darès.
« Hector se mit à dire qu'il exécuterait la volonté de son père,
qu'il vengerait le meurtre de son aïeul Laomédon et toutes les
injures que les Grecs avaient faites aux Troyens, pour que
ceux-là ne fussent pas impunis, mais qu'il craignait qu'ils ne
pussent pas accomplir ce qu'ils s'étaient proposé : la Grèce
aurait beaucoup d'aide ; il y avait en Europe des hommes bel-
liqueux ; l'Asie avait toujours passé sa vie dans l'oisiveté et
pour cette raison n'avait pas de flotte (Deexcidio Trojae, 6).»
« Pour moi », dit-il, « je suis un des Troyens qui désireraient
le plus venger mon grand-père et faire ce que désire Priam,
quand même je devrais tomber moi-même. Cependant je crains
de commencer cette entreprise, si elle n'est pas menée à sa fin
et si elle n'est pas achevée et conduite à bon port ; ce serait
une honte plus grande pour vous de la commencer et de ne
pas la finir. Car les Grecs sont plus nombreux que vous ;
innombrables sont leurs armées, leurs peuples et leurs troupes
de chaque côté à travers toute l'Europe. Et même s'il n'y
avait qu'une nation et qu'une race de Grecs, vous n'avez pas
le nombre ni la valeur pour leur résister, sans compter les
multitudes de la Grèce entière. Car si les Grecs le voulaient,
les hommes d'Europe se lèveraient avec eux depuis la mer
de Silal au sud de l'Italie jusqu'au nord du pays des Agandes,
au bord extérieur de l'Europe qui touche au grand Océan
septentrional. Et viendront et se lèveront avec eux, s'ils le
désirent, les hommes des îles de la mer Tyrrhénienne, depuis
la pointe de Pithir en Sicile jusqu'à Pacên et Posfoir à l'em-
bouchure de la merPontique. Je ne tiens pas, par conséquent,
à provoquer ce peuple parce qu'il n'y a point de guerriers dans
le monde dont la bravoure est égale à la leur. Car ils ne vivent
que dans les combats, les rencontres, les guerres ; chaque tribu
tue et pille l'autre, en sorte qu'ils sont les plus habiles à manier
le javelot, le bouclier et le glaive. Le peuple d'Asie Mineure
n'est pas de même ; on ne leur a pas appris à être au combat
et à la guerre mais dans la paix, la concorde et le repos conti-
nuellement. Nous n'avons donc pas d'armée de cette sorte ;
La prise de Troie en Irlande. 175
aussi n'ai-je aucune envie de provoquer ces héros qui n'ont
point leurs égaux parmi les héros du monde. Mais je ne vous
empêche pas, pour que vous ne disiez pas que je refuse. Ce ne
serait pas mon rôle de m'opposer à vous. » (Togail Troi, 314-
338).
Dans les deux textes Hector n'est pas le héros sensible de
Y Iliade ; c'est un homme de guerre à l'esprit réfléchi, qui cal-
cule le pour et le contre et montre autant de prudence
qu'Ulysse lui-même. Mais l'auteur irlandais lui a donné une
éloquence romantique qui contraste singulièrement avec la
concision que lui prête le Pseudo-Darès.
«Alexandre commença à exhorter à préparer une flotte et à
l'envoyer en Grèce ; il se mettrait à la tête de l'expédition si
son père y consentait ; il avait confiance en la bienveillance
des dieux et comptait après avoir vaincu les ennemis et acquis
de la gloire revenir de Grèce dans sa patrie. Cardans la forêt
de l'Ida où il était parti à la chasse, Mercure lui avait amené
pendant son sommeil Junon, Vénus et Minerve, pour juger
entre elles de la beauté ; et qu'alors Vénus lui avait promis
que, s'il la jugeait la plus belle de figure, elle lui donnerait
une épouse qui, en Grèce, paraîtrait la plus belle des femmes;
quand il l'eut entendu il jugea que c'était Vénus qui avait
la plus belle figure ; d'où Priam devait espérer que Vénus aide-
rait Alexandre ». (De excidio Trojae, 7).
Alexandre encouragea à la guerre contre les Grecs et dit :
« Que je sois le chef de l'expédition, et vous verrez que j'ac-
complirai la volonté de Priam et remporterai victoire et
triomphe sur la Grèce plus que tout autre. Je briserai mes
ennemis. Je rapporterai joyaux et trésors, et je reviendrai sain
et sauf chez moi. Voici pourquoi je le pense. C'est qu'un jour
que je chassais sur le mont Ida, je vis venir à moi Mercure,
fils de Jupiter, et trois femmes très belles à sa suite : Junon,
Vénus et Minerve. Ils me racontèrent l'histoire aussitôt : « Il
y a eu, dirent-ils, une grande fête pour tous les dieux et les
déesses chez Pelée filsd'Eaque; et à cette noce avaient été invi-
tés tous les dieux, tant hommes que femmes, autour de Jupi-
ter fils de Saturne, d'Apollon fils de Jupiter, de Dardanos fils
de Jupiter, de Mercure fils de Jupiter, de Neptune, de Vénus
176 Ci. Dotlin,
de Minerve, de Junon. La Discorde n'y fut pas amenée du tout.
Aussi, quand il y eutgrande réjouissance dans La salle à boire,
la Discorde alla au jardin des Hespérides, y prit une pomme
d'or sur laquelle elle écrivit : hoc est donum (uilccrrimae deae et
la jeta, par la fenêtre delà maison, au milieu de tous. L'assem-
blée s'en émerveilla, et on lut devant les assistants ce qu'il y
avait sur la pomme. Il s'éleva une grande contestation à la
suite de cette histoire entre les trois déesses les plus belles qu'il
y eût au monde : Junon, Minerve et Vénus. Il semblait à
Junon qu'on ne pouvait rivaliser avec elle, car elle était fille
de roi (de Saturne) ; elle était sœur et était femme d'un autre
roi, Jupiter fils de Saturne. Elle était belle cette fille, tant de
chevelure, d'œil et de dent, que de taille, de dignité et de
manières : des cheveux fins comme des fils ' ; deuxsourcils noirs
sombres qui mettaient de l'ombre sur chacune de ses joues.
Elle n'avait pas idée qu'une des femmes du monde la surpas-
sât en beauté. Quant à Minerve, elle ne croyait pas que per-
sonne pût l'égaler pour la perfection de sa figure et de ses
formes, de sa race et de son savoir, car toute science pratiquée
dans le monde a été inventée par elle. Alors Vénus fit res-
sortir sa figure et ses formes et son charme, car c'est d'elle
que vient toute union et toute intrigue amoureuse qu'il y a
dans le monde ; il n'y a pas dans le monde une femme qui
lui ressemble, au point qu'à ce moment-là, les yeux humains
ne pouvaient la regarder à cause de sa beauté parfaite. Ils
allèrent donc foire juger par Jupiter leur débat : Je ne vous
rendrai point de jugement, dit celui-ci; mais allez trouver
Alexandre, fils de Priam, qui est sur le mont Ida ; Mercure
vous précédera, et ce sera Alexandre qui vous jugera.
Ils vinrent donc tous les quatre, Vénus, Junon, Minerve et
Mercure à leur tête me trouver, dit Alexandre, et je portai
mon jugement sur elles après que chacune d'elle m'eut promis
une récompense. Junon m'offrit le royaume de la grande Asie
si je la distinguais des autres. Minerve m'offrit la science de
tout ce que font les mains des hommes. Vénus m'offrit la femme
i. Sur le sens defatbmainiach, voir Windisch, Tain bô Cualngé, 1. 2717
note.
La prise de Troie en Irlande. 177
la plus belle qui fût en Grèce, si c'était elle qui était distinguée
des autres. Mon jugement fut que c'était Vénus la plus belle.
Vénus me donnera donc la plus jolie femme qu'il y aura en
Grèce, comme elle l'a promis » (Togaïl Troi, 340-384).
Il est assez piquant que Paris, qui, dans ïlliade, n'apparaît
point comme un foudre de guerre, soit ici le champion de la
lutte à outrance ; il est vrai que, non sans suffisance, il compte
surtout sur l'aide de Vénus. Le conteur irlandais, qui a sans
doute senti l'invraisemblance qu'il y a à représenter un Hector
pusillanime et un Paris intrépide, s'est étendu avec complai-
sance sur les souvenirs que Paris évoque du temps où sur l'Ida
il fut l'arbitre de la beauté et termine par l'argument qui
devait être dans l'esprit de Paris le plus entraînant, c'est que
cette guerre lui procurerait la plus belle des Grecques. Il y a
donc dans ce discours comme dans les précédents une tentative
pour peindre le caractère des interlocuteurs, à peine esquissé
chez le Pseudo-Darès '.
L'effort du conteur irlandais pour communiquer au récit de
la Prise de Troie un peu du mouvement et de l'action qui
animent les sagas nationales 2 a donc été particulièrement
heureux lorsqu'il a tâché de tirer des phrases brèves et inco-
lores du Pseudo-Darès les éléments de discours sinon toujours
éloquents, du moins suffisamment inspirés des circonstances
et des caractères. Le seul changement du style indirect en
discours direct transformait déjà le De excidio Trojae au point
de le rendre méconnaissable.
Quant aux discours de Déiphobe, d'Hélénus et de Troïlus,
ils sont rapportés en irlandais à peu près tels qu'ils sont en
latin, sauf que les orateurs s'expriment à la première personne.
La conclusion du débat par Priam est analysée et non rap-
portée : « Quand Priam connut la décision et le désir de cha-
1. De même, dans le récit de l'ambassade infructueuse d'Anténor chez
Pelée, Télamon, Castor et Pollux, Nestor, l'auteur irlandais s'est efforcé
de varier les réponses des Grecs, à peu près uniformes chez Darès (ch. 5).
Il y a moins de diversité dans les réponses faites à Hercule (Togail Troi,
65-128 ; Darès 3).
2. Dans son Essai sur l'histoire du théâtre celtique (p. 9-18), M. Anatole
Le Braz a, sans effort, transformé en drame 1' « Histoire du cochon de Mac
Datho ».
Revue Celtique, XLI. i-
178 G. Doitin.
cun et s'aperçut qu'ils trouvaient agréable de faire cette expé-
dition, il envoya en Péonie Alexandre et Déiphobe pour choi-
sir et rassembler des soldats, des mercenaires et des guerriers
afin de partir en guerre » (Togail Troi, 397-400). Le Pseudo
Darè n'en dit guère moins : « ob quod omnibus placuit clas-
sem comparare et in Graeciam proficisci Priamus Alexandrum
et Deiphobum in Paeoniam misit ut milites legerent » {De
excidio Trojae, 7-8).
Le style du Pseudo-Darès est caractérisé surtout par le grou-
pement des verbes en séries parfois longues et formées de syno-
nymes. L'accumulation, qui est, aussi, caractéristique de la
prose irlandaise des xni e -xiv e siècles, n'était pas, dans la prose
latine, un procédé nouveau ; fréquente chez les anciens tra-
giques et les comiques latins, elle est habituelle à la langue des
inscriptions funéraires et des formules magiques et tablettes
d'exécration, on la trouve à toute époque dans le langage popu-
laire '. Chose curieuse, l'accumulation des synonymes n'a
pas en général été imitée par le traducteur irlandais là où on
la rencontre dans le texte latin 2 ; si elle se rencontre par hasard
dans la même phrase, elle ne porte pas sur les mêmes détails î.
D'autre part, chez le Pseudo-Darès, l'expression est réduite
au minimum : un verbe suivi de son complément, parfois une
courte proposition, relative ou complétive ; les propositions
sont juxtaposées sans particules autres que les adverbes de
temps 4 . Quelque sèche que soit la phrase irlandaise, elle l'em-
porte pourtant en abondance sur le modèle latin.
1. Je dois ces renseignements à mon collègue M. Galletier. Voir par
exemple : Ennius, Ami . 107 (Vahlen) ; Afranius, fr. v. 61 ; Plaute, Mil.
gl. 546 ;Pseud. 659; Pœu., 1,2 ; 19 : Aul. 5 10; Térence, Hecyr. 540; Antho-
logia latina (Bùcheler), 237, 1192, 959 A ; Bulletin archéologique, 1902,
p. 417.
2. Par exemple : adprobat, conlaudat (D. 16) traduit par buidech side
(T. T. 742) ; arcessit, oral, hortatur (D. 34) traduit par rotocured (T. T.
1594) ; persequitur, steruit, fugat (D. 32) est remplacé par un développe-
ment.
3. Par exemple : convocat, conlaudat, imperat, hortatur, monet (D. 19) est
traduit par ro/huacair... ocus rogab ic nertad (T. T. 818, 820), mais on a
ensuite : cofhertais gléo faobrach fuilech fèrgach, feramiius qui constitue une
série allitérante.
4. On ne trouve igitur que 3 fois ; sei 3 fois ; nain 2 fois ; antetn, enim,
vero 1 fois.
La prise de Troie en Irlande. 179
La comparaison, caractéristique de l'art d'Homère et de
Virgile, est rare dans la Togail Troi. Nous avons déjà cité une
comparaison qui semble inspirée de l'Iliade et que l'on trouve
•dans la première rédaction du Livre de Leinster. Mais le
manuscrit H. 2. 17 en contient d'autres qui semblent bien
avoir été directement ou indirectement influencées par la
poésie classique, bien que je n'aie pas réussi à en trouver la
source '. Il s'agit des exploits d'Hector : «Pas plus nombreux
sont les gerbes d'avoine en automne après une grande troupe
de moissonneurs ou les grêlons sous les pieds des troupeaux
royaux dans un gué entre deux territoires, que les tètes, les
pieds, les corps, les troncs tranchés par le tranchant de son
glaive, la pointe de son javelot ou coupés par les poignards et
les javelots fixés à son haubert et aux hauberts de ses chevaux » 2 .
Dans la seconde, il s'agit des exploits de Penthésilée et des
Amazones : « Presque aussi mouillés que les gouttes à un
porche en temps humide étaient les farouches guerriers qui
tombaient à terre épouvantés de combattre » 5 .
Ainsi le conteur irlandais s'est efforcé — et il n'a pas eu
grand peine à le faire — de rendre son texte plus vivant et
plus coloré que celui de son modèle. S'il a souvent tiré des
lieux communs de l'épopée gaélique des développements faciles
— et le nombre de ces emprunts s'accroîtra à mesure que
l'on connaîtra mieux la littérature épique de l'Irlande, — il a
1. Cl. dans la Mort de Cùchulainn (Revue Celtique, III, 177) : « en sorte
que le nombre des grains de sable de la mer, des astres du ciel, des gouttes
de rosée du 1^ Mai, des flocons de neige, des gréions, des feuilles de la
forêt, des brins d'herbe sous les pieds des troupeaux un jour d'été était celui
des moitiés de têtes, de crânes, de mains, de pieds, d'os rouges répandus
épars dans la plaine de Murthemne ». De même dans la Razzia de Cualngé
(combat de Garechet Ilgareclï) Fergus jure que, s'il avait sonépée, les débris
humains dont il parsèmerait le champ de bataille seraient aussi nombreux que
les glaçons brisés en hiver entre deux champs par une course des chevaux
du roi (H. d'Arbois de Jubainville, Tâin bô Cualngé, p. 238).
2. Togail Troi, 1161-1167.
3. Togail Troi, 1 694-1696. Stokes hésite à traduire rescidir par « numer-
ous » ; il est probable en effet que reseidir est apparenté à riasc (in tobair)
marais (de la source), le sol humide qui l'entoure (Irische Texte, III,
p. 421).
iSo G. Dotiin.
souvent aussi tiré des situations et des personnages qu'il met-
tait en scène les éléments sérieux ou comiques qui .miment
son récit.
Cet art, si différent des modèles classiques, n'en a pas moins
une valeur propre soit en sa farouche et sèche simplicité, soit
en l'abondance de ses épithètes sonores. Mais, à l'époque où
fut traduit en gaélique le De excidio Trojae, on ne parsemait
plus les secs romans en prose de couplets savamment versifiés
où le lyrisme irlandais évoquait tour à tour des paysages
d'Eldorado ou des exploits fabuleux. En sorte que, quel que
soit le talent de l'auteur anonyme qui essaya de vivifier le soi-
disant carnet de guerre du prêtre d'Héphaistos, la Togail Troi
ne peut être mise en parallèle ni avec le Serglige Conculaind
ni même avec le Cath Maige Tured.
G. Dottin.
NOTE SUR UN EPISODE
DE
VHISTORIA BRITONUM DE NENNIUS
Dans son Historia Britonum, chapitres 40-42 ', Nennius
raconte l'épisode suivant. Sur le conseil de ses douze mages
le roi Guorthigirnus projette de faire construire une forte-
resse dans le pays de Galles pour se mettre à l'abri des
Saxons. Il fait apporter les matériaux ; mais à sa grande sur-
prise tout a disparu le lendemain matin. Le roi n'abandonne
pas son entreprise ; pourtant le miracle se répète une
deuxième et une troisième fois. Ayant consulté ses mages
sur la cause de cet obstacle inattendu, il apprend qu'il faut
sacrifier sur l'emplacement même un entant né sans père,
c'est-à-dire miraculeusement. Après quoi le monarque envoie
des messagers par toute la contrée pour trouver un tel enfant.
A la fin, après de longues recherches, les messagers ren-
contrent, dans un village de Nord-Galles, un groupe d'enfants
au jeu. Deux d'entre eux se querellent, et l'un appelle l'autre
« garçon sans père ». Les serviteurs du roi se mettent à inter-
roger la mère de l'enfant qui leur apprend que son fils était
en effet né sans père. Tout contents d'avoir si bien réussi
dans leurs recherches, les messagers emportent le garçon et le
présentent à leur maître.
Le lendemain on décide de faire mourir l'innocent en la
1. Historia Britonum cun aiditamentis Nennii, éd. Theodor Mommsen,
dans Chronica Minora saec. IV, V, VI, VII; t. III, Mon. Germ. Hist. Auct.
antiqu. ; t. XIII, Berlin, 1898, pp. 181-6 ; voy. aussi F. Lot, Romania,
XXVIII, 1899, pp. 337-42, et R. H. Fletcher, The Arthurian Material in
the Chrenicles, dans Studies and Notes in Philology and Literature, X, 1906,
pp. 12 sqq.
[82 A. Haggert) Krappe.
présence du roi. Ayant appris le tout, l'enfant prie le
monarque de faire venir les mages, ce qui est fait. Fuis il leur
demande ce qu'il y a de caché sous terre au même endroit.
Ils confessent leur ignorance. Alors il leur dit que c'est une
flaque d'eau. On creuse la terre, et Ton vérifie l'affirmation
du garçon. Il demande ce qu'il y a dans l'eau. Les mages
l'ignorent. Il déclare qu'il y a deux vases, qui ne tardent pas à
être trouvés. L'enfant continue à leur faire des questions,,
et chaque fois qu'ils se voient obligés d'admettre qu'ils n'en
savent rien, il fait quelque révélation. C'est ainsi qu'on
trouve une tente avec deux serpents dedans, l'un blanc,,
l'autre rouge, qui luttent l'un contre l'autre jusqu'à ce que
le rouge prenne le dessus et chasse le blanc. Alors le garçon
interprète cet augure, déclarant que le serpent rouge repré-
sente les Celtes, le blanc les Saxons. Il ajoute qu'il ne sera
jamais permis au roi de construire une forteresse en cet
endroit. Sur la demande de Guorthigirnus il l'informe qu'il
s'appelle Ambrose. Le roi lui cède la ville et les provinces
occidentales de la Grande-Bretagne ; lui-même part pour l'Est.
UHistoria de Nennius a sans doute servi de base à Geoffroi
de Monmouth qui écrivit son Historia Brilonum quelque
temps après 1 125 '. Geoffroi raconte le même épisode avec
quelques variantes. Chez lui les matériaux de la forteresse
sont engloutis par la terre. L'enfant porte deux noms, Merlin
et Ambrose ; son adversaire s'appelle Dabutius. Le nom du
roi est Vortegirnus. Le monarque fait venir le garçon avec sa
mère et s'enquiert du père de Merlin. Elle lui conte à la
longue l'histoire de la naissance surnaturelle de son fils. Au
fond de l'étang il y a deux serpents qui dorment sous deux
pierres creuses ; leur lutte est décrite avec plus d'exagération
et de bombaste. Cette description est suivie de la fameuse
prophétie de Merlin.
UHistoria de Geoffroi fut traduite à plusieurs reprises 2 . Le
1. Galfredi Monmutensis Historia Britonum nunc primum in Anglia,
novem co<id. mestis collatis edidit J. A. Giles, Londini apud D. Nutt^
1844, lib. VI, cap. 17-19 ; voy. aussi Fletcher, pp. 47, 62 et 92.
2. Le Roman de Brut par Wace, p. p. Le Roux de Lincy, Rouen, 1836,
vss. 7491-7736, t. I, pp. 349-61. Le Brut de Munich, p. p. Hoffmann et
Un èpsisodc de V « Historia Britonum ». 183
récit de la Tour de Vortigern, comme on peut appeler cet épi-
sode, passait aussi dans le Roman des Sept Sages ' et dans le
Roman de Merlin 2 .
Quelle est donc l'origine de cet épisode curieux ? Le passage
de Nennius a été discuté par M" e Lucy A. Paton qui apporte-
plusieurs autres versions toutes recueillies en pays de langue
celtique '. Il serait pourtant erroné de croire ce conte parti-
culièrement celtique de caractère ou d'origine. Il en existe au
moins une version germanique, voire allemande, et qu'on
n'a pas relevée jusqu'ici. Elle se trouve dans le recueil de Kuhn
et Schwartz * ; en voici le texte :
Als der Merseburger Dom gebaut wurde, fiel allemal ùber Nacht wieder
ein, was bei Tage gebaut war, so dass man zuletzt meinte, das sei der
Teufel, der den Bau der Kirche nicht leiden wolle. Allein man unter-
suchte doch ailes erst genau noch einmal und siehe da ! man fand unten
im Fundament zwei ungeheure Schildkrôten ; dièse nahm man heraus und
der Bau wurde nùn glùcklich vollendet. Die Schalen dieser Tiere hing
man aber zum ewigen Angedenken im Dôme auf und da hangen sie noch.
Or la ville de iMersebourg est située en territoire slave
colonisé par les Allemands au x e siècle. Il n'a jamais été, en
temps historiques, en la possession de peuplades celtiques.
Il faut donc conclure que le conte qui est d'une ressemblance
frappante avec l'épisode des deux chroniqueurs gallois, n'est
pas d'origine celtique mais appartient aussi au lolk-lore
d'autres groupes ethnographiques et qu'il faut en chercher
les racines dans les croyances de l'homme primitif.
Vollmoeller, Halle, 1877, est incomplet et ne contient pas l'épisode. Voy.
aussi Ulbrich, Ueber das Verhâltnis von Wace 's Roman de Brut ^u seiner
Quelle, der Historia regutn Britanniae des Gottfried von Monmouth, Diss.
Leipzig, 1908, p. 38. Sur les versions postérieures à Geotïroi, voy. I.
Sanesi, La Storia di Meiliuo, Bergamo, 1898, p. xix, et K. Campbell,
Moi. Latig. Notes, XXIII, 1908, p. 203.
1. Campbell, pp. 202-4.
2. G. Paris et J. Ulrich, Merlin, roman en prose du XIII e siècle, Paris,
1886, pp. 39 sqq.
3. Lucy A. Paton, The Story of Vortioern 's Tower, an Analvsis, dans
Radcliffe Collège Monographs, n° IJ, Studics in E)iglish and Comparative
Literature, Boston, 1910, pp. 13-23.
4. A. Kuhn und W. Schwartz, Korddeutsche Sagen, Mârchen und
Gebràuche, Leipzig, 1848, p. 206 : Der Merseburger Dom.
i.x.j A. Haggerty Krappe.
Il est évident que dans le conte allemand ce sont les deux
tortues qui empêchent la construction de la cathédrale. Dans
l'épisode de la Tour de Vortigern il peut y avoir des doutes
que ce soient les serpents qui ne tolèrent pas l'exécution des
projets du roi. Cependant, si l'on fait abstraction des additions
de Xennius et de Geonroi, c'est-à-dire de la légende de Mer-
lin, le rôle joué par l'enfant mystérieux, on s'aperçoit que
dans la version populaire du récit qui est sans doute à la base
de l'épisode et où Merlin n'a probablement rien que faire,
l'œuvre du roi doit être désagréable, pour une raison ou une
autre, aux serpents qui habitent les profondeurs de la terre.
D'un autre côté, on comprend que les serpents ou les tor-
tues ne puissent être de simples animaux ; ce sont sans doute
des démons assez forts pour empêcher effectivement la con-
struction de la forteresse ou de la cathédrale. Cette considéra-
tion nous porte à examiner de plus près quelques aspects du
rôle joué par le serpent dans les anciennes mythologies.
En Crète, le serpent est l'attribut permanent de la grande
déesse qu'on a appelée pour cette raison la Déesse au Ser-
pent. C'est apparemment une forme de Gaia, la Terre '.
Python est l'enfant de la Terre 2 . Déméter, la déesse de la
Terre, est toujours accompagnée d'un serpent. Pausanias
raconte que dans la caverne de Phigalia il y avait une
ancienne figurine de bois, représentant Déméter la Noire,
assise sur une roche, à la tête de cheval entourée de ser-
pents 5 . A Eleusis, un serpent se trouvait derrière la statue de
la déesse 4 . L'association de Déméter et de son fils Ploutos,
le symbole des fruits de la terre et de la richesse, au serpent
e voit clairement dans un relief des temps romains 5 . Démé-
i. René Dussaud, Les Civilisations prêhelUniques dans le bassin de ia Mer
Evêe, Paris, 19 14, p. 589 ; Donald A. Mackenzie, Myths of Crète and Pre-
Hellenic Europe, London, s. d., p. 174. Comp. aussi R. H. Klausen, Aeneas
unddiePenaten, Hamburg et Gotha, 1839-40, pp. 13261853.
2. Euripide, Iph. Aid. 1271-2 ; comp. aussi Artémidore, Oneirocr. II.
13-
3. Descr. Gr. VIII. 42.
4. J. E. Harrison, Themis, Cambridge, 1912, p. 287.
5. Ibid., p. 286.
Un épisode de /' « Historia Britonum ». 185
ter n'est sans doute qu'une forme nouvelle de Gaia, la Terre ',
dont le serpent est la personnification 2 . Les serpents attelés
au char de Triptolème appartiennent au même ordre d'idées } ,
ainsi que le rôle joué par le reptile aux Thesmophories 4 .
Mais il serait erroné de supposer que Déméter est la seule
divinité de la Grèce classique dont l'origine doive être cher-
chée dans les cultes primitifs de Gaia. Nous avons lieu de
croire qu'Athéné n'est qu'une forme différente de la même
déesse maternelle. Ce qui est certain c'est qu'elle aussi .est
accompagnée du serpent de la Terre >. Cécrops, roi d'Athènes,
moitié homme moitié serpent, est appelé fils de la Terre par
Hygin 6 . Quand les Héraclides, après avoir distribué les
pays du Péloponèse, font un sacrifice aux dieux, ils trouvent
sur les autels un crapaud, un serpent et un renard, tous les
trois animaux de la terre, en signe de confirmation, car
l'explication symbolique qu'en donne Apollodore ~ n'est
qu'une glose d'érudit et sans fondement traditionnel 8 .
Le même rôle du serpent s'observe en Egypte et dans les
pays de l'Asie Occidentale. La déesse Isis, la Terre-mère de
l'Egypte, avait forme de serpent 9 . Le reptile était presque
certainement le compagnon de la Terre-mère phrygienne IO ,
et il occupe une place éminente dans les monuments figurés
de Mithra 1 '.
1. Mackenzie, p. 175.
2. L. R. Farnell, The Cuits of the Greek States, t. III, Oxford, 1907,
p. 10.
3. Vov. Apollodorus, The Library éd. Sir J. G. Frazer, London, 192 1,
I, >8.
4. Farnell, III, 91.
5. Mackenzie, p. 182; J. Maehly, Die Schlange iw Mythus und Cultus
der classischen Volker, Bâle, 1867, p. 25.
6. Fab. 48.
7. Bibl. IL 8. 5.
8. Sur le caractère chthonique du serpent en Grèce, voy. O. Gruppe,
Griechische Mythologie und Religionsgeschichte, Mùnchen, 1906, pp. 807 ;
1444; E. Kùster, Die Schlange in der griechische n Kunst und Religion, 1911,
surtout p. 58.
9. Mackenzie, p. 183.
10. Klausen, p. 853.
1 1. F.Cumont, Textes et monuments figures relatifs aux mystères Je Mithra,
Bruxelles, 1896-99, I. 80; 102; 192. Comp. aussi Déchelette, Me'm. Soc.
antiqu. de France, VIII, 1, 191 1, pp. 1 sqq.
186 A. Haggerty Krappe.
En Italie le culte de la déesse maternelle s'est maintenu jus-
qu'à la fin de l'empire. On l'appelait Bona Dea ; elle aussi
était associée au serpent '. Dans son sanctuaire à Rome se
trouvait une multitude de ces reptiles apprivoisés. A Lanu-
vium, on célébrait, chaque printemps, une cérémonie des plus
curieuses. Les paysans des environs se rendaient avec leurs
filles près d'une caverne souterraine, l'habitation des serpents
consacrés à lajunonde Lanuvium, déesse agraire. Là les jeunes
filles entraient dans la grotte pour offrir des gâteaux aux
reptiles de la déesse. S'ils en mangeaient c'était un bon
augure pour les récoltes de Tannée et une preuve infaillible
de la vertu des jeunes filles 2 . Il est assez certain que cette
Junon Sospita est une forme italienne de la vieille Terre-
mère 3 .
Il ne serait pourtant pas permis de conclure de ces
exemples que le serpent personnifie toujours la déesse mater-
nelle de la Terre et le principe de la fertilité. Souvent le reptile
n'est que la forme que prend le génie d'une localité particu-
lière 4 . Le sacrifice fait par Enée aux mânes de son père est
reçu par un serpent, et le poète ne nous dit pas si c'était l'âme
d'Anchise ou bien le génie de l'emplacement 5 . Isidore de
Séville mentionne la croyance que le genius loci se montre
sous la forme du serpent 6 .
Ces exemples suffiront pour démontrer que dans toutes les
vieilles civilisations méditerranéennes le serpent était le sym-
bole de la Terre, soit de la déesse-mère, soit du génie d'une
localité quelconque. C'était un démon puissant et terrible
qu'il fallait rendre propice. Il est hors de doute qu'il ne pou-
vait être indifférent aux constructions érigées par les mortels
et que ces derniers devaient lui en demander la permission.
i. Klausen, pp. 132 et 853.
2. Maehly, p. 13.
3. Voy. aussi l'étude de Miss Douglas, Journ. Rom. Stud., III, 191 3,
pp. 70 sq. G. Wissowa, Religion und Kultus der Rômer, Mùnchen, J912,
p. 185.
4. Serv. V. A., V. 95 ; cp. V. G., I. 302 ; Klausen, p. 1014.
5. Virg. Aen. V. 95 ; incertus. geniumne loci famulumne parentis Esse
putat.
6. Orig. XII, 4. 1.
Un épisode île V « Hisloria Britonum ». 1S7
Cette autorisation il faut l'acheter, sans doute, car on
n'obtient rien pour rien des anciennes divinités, et le lecteur
n'aura pas de peine à deviner le prix qu'il faut payer; du
moins, l'épisode de Nennius qui a formé notre point de-
départ ne laisse point de doute à ce sujet. C'est du sang
humain qu'exige la Terre, et du sang lui a été offert à tous
les temps et dans tous les pays. La littérature qui existe sur ce-
côté de la folie humaine est presque inépuisable '. C'est donc
cette croyance, qu'il faut rendre la Terre propice, qui est à la
base du sacrifice humain fait sur l'emplacement d'une con-
struction quelconque. Que d'autres croyances, d'autres supers-
titions, telles que la protection accordée au nouvel édifice par
le génie de la victime, y soient pour quelque chose, je le
concède. Mais nous n'ignorons pas avec quelle facilité de nou-
velles théories, de nouveaux dogmes s'appliquent à de vieilles
coutumes dont on a oublié la signification primitive.
Nous avons vu que dans le conte allemand il ne s'agit pas
de serpents, mais de tortues. Cette différence n'est guère
d'importance pour cette étude. Il est dans les vieilles supers-
titions certains animaux de signification chthonique, à savoir,
le serpent, le lézard, la tortue, le crapaud et quelques autres 2 .
On en devine la raison. Ces reptiles et amphibies, vivant
1. Je me borne à en indiquer les plus importants : F. Liebrecht, Zur
Volkskunde, Heilbrônn, 1879, pp. 194; 216; 284;}. Grimm, Deutsche
Mythologie, Berlin, 1875-8, II, 956 sqq. ; 985; III, 330; Deutsche Sagcn,
Berlin, 1891, pp. 180; 183 ; 352 ; Kl. Schr., Berlin, 1864-5 , II, 73 ; E. B.
Tylor, Primitive Culture, New-York, 1883, 1, 104 ; T. Rice Holmes, Cae-
sar's Conquest 0/ Gaul, Oxford, 191 1, p. 34; Chantepie de la Saussaye, The-
Religion of the Teutons, tr. B. J. Vos, 1902, p. 393 ; Sir J. G. Frazer, Taboo-
and the Périls of the Soûl, London, 1 9 14, p. 89; Folk-Lore in the OUI Tes-
tament, London, 1918, I, 421.
2. Voy. Angelo de Gubernatis, Zoological Mythology, New- York, 1872,
II, 368 ; S. Wide, Lakonische Kulte, Leipzig, 1893, pp. 119 et 130, note 1.
Dans le culte d'Asclépios la tortue prend la place du serpent; voy. à ce
sujet Maehly, p. 9 ; l'œuvre de E. Kagarow Klinger intitulée Les animaux
dans les superstitions anciennes et modernes et publiée à Kiev, en 191 1, n'a
pas été à ma portée. Mais je conclus du résumé qu'en donne M. Gruppe
dans le Jahresbericht ûber die Fortschritte d. kl. Altertumswissensch . ,
t. CLXXXV, Leipzig, 1921, p. 129, que l'auteur considère le serpent, le
lézard et la grenouille comme animaux chthoniques par excellence.
188 A. Haggerly Krappe.
dans les crevasses de la terre et ne se montrant à l'œil qu'à
intervalles, se prêtent à merveille à de telles croyances. Aussi
conçoit-on que chez les chroniqueurs celtiques il s'agisse de
<leux serpents, dans le conte de Mersebourgde deux tortues.
Fiat River, Mo. U.S. A.
Alexander Haggerty Krappe.
GRAMMATICAL NOTES
ON
SCOTTISH GAELIC
III
THE PRESERVATION OF EARLY HIATUS
AFTER SHORT VOWELS
We can distinguish three kinds of Hiatus due respectively
(i) To the disappearance of intervocalic s, /, v, before the
historical period ;
(2) The dissappearance before the early Middle Irish
period of intervocalic voiced spirants ;
(3) The more récent disappearance in some dialects ot
intervocalic voiced guttural and labial spirants. The two latter
types of hiatus cannot, of course, always be distinguished.
In Irish hiatus has been eliminated by contraction : fôs
O. Ir. bèus ; ri : n (Donegal) <C righin, Quiggin, 121. The
process of contraction, with lengthening, begins, in the case
of the first kind of hiatus, in the Old Irish period as is shown
by such forms as mô side by side with moo, moa ; and, in the
case of the second kind, at least as early as the beginning of
the Middle Irish period, cf. ans (LU) <C doridisi. In the Scott-
ish dialects, on the other hand, hiatus vowels, when the
first is accented, are still separated. Whether the lost spirant
was s, j, v, db, bb, mb, or gh, the resuit is the same ; the inter-
vocalic sound, at the présent day, is a glide which can be
described as standing in the same relation to h as the voiced
guttural spirant y to the unvoiced guttural spirant x. It is a
190 /■ Fraser.
voiced h, and will be marked hère by\ In writing, thisglide is
usually indicated by //;, less often by gh and dh. The use of
th to indicate this sound is particularly objectionable for
lenated /, after an accented vowel, is in the northern dialects,
h. It is true that in some of the southern dialects this h has
become ', eg. a'sr <C athair, and even in the northern dia-
lects there are isolated cases of the same change. Thus kVi
representi cuithe, a snowdrift; and in the phrase k'ur as k'a'uk,
in référence to a violent snowstorm, k'a'uk seems to be the
verbal noun of caithidh (with the suffix uk contaminated from
sk < -eadh and u <C -eamh) '. On the other hand caithidh is
represented by k'ahi, and the confusion of intervocalic th
with the voiced spirants must be regarded as exceptional.
Examples of voiced h arising from intervocalic labial, dental
and guttural spirants following a short vowel within the his-
torical period are : ri'ijtf (written arithist), Ir. avis ; ka'gl gab-
hail, t'n'sk treabhadh, pu'i buidhe, (Donegal bwi :), su'i suidhe,
oiaghaidh (also, Ayi), tVak tagadh, ro'i roimhe, Rà'ur reamhar.
The same sound is also found after a long vowel which has
been shortened in hiatus : La'an Jdmhan, La'sk lâmhadh. A
long vowel arises from the contraction of the short vowels
originally separated by labial, dental or guttural spirant, only
when a monosyllabic formative élément beginning with a
vowel cornes immediately after the vowel following the
voiced h : pui : ak (pwi : ak) buidheag, but pu'ikan biiidhcagan,
su'ixan suidheachan .
The substitution of a voiced h for an intervocalic labial or
dental spirant is a process that is still going on, and has
progressed much farther in some dialects (as in the central
northern) than in others (Lewis). It is interesting as an illus-
tration of the persistence in a linguistic area of a phonetic
tendency, for the change of v, v to voived h is due to the
same peculiarity of articulation as made b, m, g, intov, y
i. Dinneen's càitheadh " snowing " would in the Scottish dialects be
normally ka : ak, cf. ma : ar < mdthair. Mrâ'an, written mnathan for
mnd-an with shortening of the long vowel in hiatus, naturally does not
bêlons hère.
Grammatical Notes on Scottish Gaelic. 191
It is more surprising that traces of the very early hiatus
(already partly elimiaated in OU Irish) produced by the
disappearance ôF s, j, v should still remain. Examples are :
a'or athar, O. Ir. âër, with the usual shortening of the
long vowel.
fa'ast, ha'ast fathast, Ir.fôs, earlier/w/i". In Scotland the form
fos is due to literary influence. Both forms occur side by side
in verse. Thus in the Fernaig Ms. foist = fôst rhymes with
moid, Rel. celt. II, 94, while fajist = fathast rhymes with
cathair, ib. 100.
xa'i chaidh, O. Ir. chuaïd.
tJVi diaidh. The word may, however, represent deghaidh.
û'axfitbacb, " raven ", O. Ir.fïàch. The northern pronun-
ciation of féuch " look ", fîâx, shows very clearly, by contrast,
how far the old hiatus vowels are from forminga diphthong.
la'a latha, O. Ir. lac, Iaa.
li'iç ligbiebe, O. Ir. liaig.
mu'a modha (comparative of môr), O. Ir. moo, 1110a, mô.
n^'a nuadba, O. Ir. nue, nua. The modem Se. Gaelic spelling
nuadha is simply an attempt to represent the disyllabic pro-
nunciation.
o's ogha, " grandson ", O. Ir. aue.
p'ju' 'sr piuthar, " sister " O. Ir. siiir.
rD'sk reothadb " frost ". Cf. Thurneysen, ZCP, II, 533.
ski'ax sgilbeacb " hawthorn ", O. Ir. sciacb.
b'a leotha (comparative of leatbaii " broad ") is conceivably
an old formation, but is more probably due to the analogy
of
t'jb'a teetba (comparative of te " hot ") <C tepes-jos-, or
something ofthe kind.
The disyllabic pronunciation has been preserved in the
forms of the prépositions la and ri " conjugated " with the
pronouns of the 3 sg. f. and the 3 pi. : 1 s'a, ri'i ; b'a ru'a,
where the intervocalie consonant may hâve been fînally s. It
also remains in forms made from the prépositions fo and ô :
fr'em, fo'at etc., vo'i naidb.
192 J. Fraser.
Of the forms ofthe substantive verb the independent future
and the imperfect (conditional) are dissyllabic : pi 'i (but xa
vi: ;a bi : O. Ir. -bi) ; v'uN, vïskbhitbinn, bhitheadh. But hère
as in the case of the imperfect (conditional) oichi, it is pos-
sible that we hâve new formations, dissyllabic tense forms
çi'ak, vi'sk having been made to ci :, vi : on the analogy of
ver : ver 9k, bheir : bheireadh.
J. Fraser.
LES
NOMS ET LES VARIÉTÉS DU FROMENT
CHEZ LES CELTES INSULAIRES
Whitley Stokes, Urk. Spr. p. 194. range sous nigô, a la
fois l'irlandais nigim, mod. nighim, je lave, nettoie; necht,
moderne neacht, propre, nettoyé (skr. niktâ-), ainsi que le
gallois nilhio, breton nt\a, vanner. Il renvoie à ce sujet aussi
à l'irl. cruithnecht, froment. Or c'est sous Cruithne, pays des
Pietés ' qu'on trouve cruithnecht ; il déclare que Cruithne et
cruithnecht sont de même origine, sans s'expliquer davantage
à ce sujet. Cruithnecht serait donc dans sa pensée quelque chose
comme blé picte, un blé indigène que les Gaëls arrivant dans
l'île auraient caractérisé par le nom du pays. Cruithnecht serait
donc un nom dérivé et non composé, à moins qu'il ne songe
à un composé hybride provenant d'une fausse étymologie, où
serait entré -necht ?
Zupitza (Be^i. Beitr. XXV, -17) s'inscrit en faux contre
l'étymologie donnée par Stokes, du gallois nilhio, breton ni~u,
vanner et les rattache non à l'indo-européen tiig", irl. nigim,
viÇw, mais à *nik-, *neik : grec veîxXsv Xwcvov, vixS Xixva, ii
vanne, lit. nè'kôti, nettoyer le blé en le secouant, c'est-à-dire
vanner 2 ; nith= *ntkto- pourrait bien, d'après lui, se dissimu-
ler dans le gallois gwenith, froment, breton giciui- \
1. Cruithne =r brittonique Prïtenià, vieux-celt. Q^riteniâ.
1. Zupitza renvoie à Johannes Schmidt : Kritik der Sonant., p. 108,
Arm. II.
3. Bas-winnetais gwinic'h, haut-vannet. guueh : gwi- pour gH'C- a donné
régulièrement ii -.gitrlas, lézard, gallois gwyrdlas; nom propre Gtihur, vieux
breton Wltbur ; guh', lit, etc. ; -ec'h pour -ic'h est propre au haut-vannetais.
Krinc Critique, XLI. 1 ;
194 /■ Loth.
En revanche, il s'élève contre le rapprochement que Ton
fait couramment entre gwenith et l'allemand wei^en, weissen,
froment, au sens propre, blé blanc, en admettant comme
démontré que gwen- représente gwenn, masculin gwynn, blanc.
Il le repousse pour deux raisons : i° il n'y a qu'une ;/ dans
gwen- de gwenith, tandis qu'il y en a deux étymologiques
dans gwynn -vindo-s, gwenn vindâ, Irl.fînd;
2° on devrait avoir au lieu de gwen-, gwynn (y = / bref),
gwenith étant masculin : même en supposant une forme
primitive avec c, e eût dû être assimilé à 1'/ long de la syllabe
suivante et devenir / bref : on aurait dû avoir gwynith l .
La présence de ;/ simple au lieu de ;.'// double entre deux
voyelles dans l'intérieur du mot, loin d'être une anomalie
est chose courante en moven-gallois : L. Xoir (F. a. B. 17,
6. 14: guinion, guin) ; L. Rouge (ibid. 268, 11 : penawc,
dérivé de penn, tète). La présence de ;/// étymologique dans
l'intérieur du mot ne se trahit, en général, que par la brièveté
de la voyelle précédente. On pourrait objecter qu'il y a par-
fois flottement tandis que n simple est constant dans gwenith.
Cela tient à ce que la conscience de la composition dans ce
mot n'existait plus, -nith ayant depuis longtemps disparu
comme mot indépendant. Dans le cas de flottement pour nn
interne, il s'agit de mots existant à l'état indépendant et
d'une valeur connue, courante. Et cependant même dans ce
cas, le plus souvent, en moyen-gallois, le premier terme ne
double pas // : onwyâ, lances, composé de 01111, frêne (L. Tal,
F. a. B. II, 201, 3 1) ; penrwy, licol (ibid. 182, 13), âepenn.
tête, et rwy, lien (on trouve aussi pen : des graphies comme
peu, gwan, faible, au lieu de/v////, gwann, sont courantes en
moyen-gallois). C'est, on peut le dire, la règle quand ;/;/ est
prétonique. Or il est sûr que, suivant la loi des composés,
l'accent a été longtemps dans gwenith sur le second terme.
Quant à la présence de eau lieu de 1 bref (v) dans gwenith
non seulement elle peut s'expliquer mais elle est même régu-
lière comme je l'établirai plus loin.
1. Le comique gwaneth, froment, que l'on rencontre seulement dans les
textes du début du xvu e siècle (Quireans an bys), est pour un plus ancien
oueiiith : a se prononçait .' ; -eth est dû à l'accent très fort sur la i re syllabe.
Les noms et les variétés </// froment. 195
Pederscn (Vagi. Gr. I, 124) se demande de son côte si
cruithnecht ne doit pas être rattaché igwenith pour son second
terme (-necht, -nith), le premier terme restant à expliquer.
Il ne peut y avoir de doute sur ce point : -necht vient régu-
lièrement de *niktâ- ; -nith pourrait venir de *nikto-, mais
comme nous le verrons il faut supposer un féminin niktû :nith
a passé par nîyth ; et. brith, irl. brecht = vieux-celt. *niiîklo-.
Quant au premier terme, irl. cruith-, gallois gwen-, ils sont
loin d'être inexplicables et ont de plus le mérite de nous faire
connaître deux variétés de froment cultivées anciennement
à une époque qu'on peut qualifier de préhistorique, chez les
Celtes des Iles Britanniques. Gzoenith renferme bien le féminin
gwenn = vendà, et doit être rapproché pour le sens de l'alle-
mand Weizen, Weissen '. Ce terme pour froment paraît parti-
culier au brittonique et au germanique. Il a communément
été expliqué par la couleur blanche de la farine de froment ;
Hirt (Die Indogertnanen I, 279), partant aussi de l'idée que
c'est une opposition de couleur dans la farine qui a amené
les peuples du Nord à caractériser le froment par un terme
équivalent à blé blanc, voit dans le blé foncé, l'orge qui était
cultivée chez les Indo-européens à l'époque de leur unité. Il
n'est pas sûr que la culture du froment ait été chez eux aussi
générale, bien qu'elle remonte à une époque aussi ancienne 2 .
Hirt tout en ayant en vue, comme la plupart de ceux quis'en
sont occupés, la différence de couleur entre la farine de fro-
ment et la farine d'orge, reconnaît (p. 278) qu'il y a eu dans
des temps antiques bon nombre de variétés de froment, que
les écrivains de l'antiquité n'ont pas suffisamment caractérisées
si bien que les textes ne permettent pas de les différencier
nettement. Aussi depuis plusieurs siècles les critiques ne
s'accordent-ils pas sur les identifications de céréales mention-
nées par les auteurs de l'antiquité 5 .
1. Vha. wei%(i ; v. norr. bveiti, norv. actuel hveite, ags. hwaete (wheat) :
Falk-Torp, Norw.-dân. Et.W. khvede.
2. De Candolle, Origine des plantes cultivées, 1883, p. 284-291. Ct".
Hoops, Waldbâume uini Kulturpflatvçen im Germait. Altert., p. 344, 357,
374-
3. Le travail le plus étendu sur cette difficile question est celui de Hoops
w<> /. Loth.
Le froment de couleur rousse ou rouge est bien connu. D'après
|. et C. Cotte '. il existe chez nos agriculteurs deux variétés de
froment barbu, différenciées par la couleur : la tourelle blanche
barbue, et la lou\elle ronge 2 barbue. Il y a des épeautres
barbus blancs et rouges (dits aussi noirs). Dans les baux du
\yi-\yii c siècle, dans la région de Guémené-sur-Scorfî
("Morbihan), il est souvent question de redevance en froment
roux, espèce aujourd'hui très rare en Bretagne, mais qui ne
paraît pas en avoir complètement disparu. Columelle (de Re
Rustica, II, 6, 3) mentionne parmi les espèces de far adoreum
qui sont en général des épeautres : far quod vocatur ven-
nuculum, rutilum atque alterum candidum. Différencier les
blés par la couleur est si naturel qu'on caractérise aujourd'hui,
en Bretagne, le sarrazin par le terme de gwini^du, à cause de
sa couleur à l'époque de la maturité.
Le premier terme cruith-, dans l'irlandais cruilhnecht, a sûre-
ment le sens de rouge. Dans le Lecan Glossary 3 91 (ms. M),
publié par Stokes dans YArchiv fur Celt. Lex., cruth est
expliqué par corcra, pourpre. Le Glossaire de Connue, dont le
noyau est du ix-x e siècle, explique cruth de façon analogue :
cruth cach crôda 7 cruth cach derg « cruth tout ce qui est cou-
leur de sang et tout ce qui est rouge » 4 . Cruilhnecht, d'après
le Glossaire, est composé de cruith. identique (comme sens
et origine) à cruth et de uecJ.it, propre. Joyce (A social history
of Ireland, II, p. 272) est bien près d'adopter cette étymologie;
nechi cependant l'embarrasse ; « Je crains fort, dit-il, que les
philologues modernes ne voient plutôt dans neçht une termi-
naison ». En revanche, il apporte une contribution des plus
importantes, décisive même à la question : « Cette étymologie,
ajoute-t-il, établit suffisamment le fait que le froment cultivé à
cité dans la note précédente, pp. 332-453. En France, on peut signaler un
travail plus récent fort judicieux de J. et Ch. Cotte, Etude sur les blés dans
l'antiquité. Il résulte de la préface que ce travail a été entrepris sur les
instances de C. Jullian.
1. Etude, p. 46.
2. Tourelle, a l'origine devait désigner un blé tondu, nu.
3. Le Yellow Book of Lecan est du xvi e siècle.
4. cruth = *criUu-, est dérivé de la même racine que cro, gall. creu,
sang = crouos- ; cf. latin cruor.
Les noms et les variétés dit froment. 197
l'époque du vénérable roi-évéque, il \a 1000 ans, était exactement
le même que le froment irlandais de 1 époque actuelle, car tous les
fermiers savent que le vieux froment irlandais, qui disparait
rapidement maintenant, se distingue par sa couleur rouge ».
Cruithuecht f. remonte donc à un vieux-celtique *cruti-
nikta, uihta désignant le grain dégagé de son enveloppe et
vanné. De bonne heure, le sens de cruith s'oblitéra, si bien
qu'en moyen-irl. pour désigner le froment rouge, on Ht pré-
céder cruithnecht de derg, adjectif usité à toute époque dans
le sens de rouge. Dans une note au 21 mai du Félire Oeu-
gusso (The Martyrology of Oengus the Guidée, éd. de 1905, p.
12.1) les deux fils de Blathmec, Dunchad et Cathal sont qua-
lifiés métaphoriquement de : in derg cruithnecht, le rouge fro-
ment.
Une autre variété de froment, dont il va être question,
désignée par le terme de tuirenn est également rouge : in
derg-thuirind {Félire Oeugusso note. p. 134). Le froment rouge
ne doit pas être confondu avec un autre blé appelé rûaddn, en
dépit du Glossaire d'O'Davoren qui l'interprète par cruithnecht
rûadh i. maol cruithnecht (froment chauve). On a vu dans ce
froment chauve et rouge le seigle, ce qui est totalement impos-
sible, rûaddn étant évidemment dérivé de niad, rouge. Kuno
Meyer suppose avec raison que rûaddn désigne le sarrazin, en
s'appuyant sur The vision of Mac Couglinne (99, 5). Huit
espèces de céréales y sont mentionnées. En tête figure secul
le seigle ; la quatrième céréale est rûaddn suivi de cruithnecht.
Rûaddn parait donc aussi distinct du seigle que du froment.
Ce qui assure cette identification, c'est que l'épi du sarrazin
est mael, sans barbe. Le derg cruithnecht, ou le derg-thuirind
dans le Félire Oeugusso étaient des blés très estimés ; il en
est de même du froment maol, comme il appert des Ane.
Laws et des Lois galloises. Rûaddn a qualifié un blé nouvelle-
ment implanté, et on l'a désigné par sa couleur à la maturité;
sa couleur rouge foncée a amené les Bretons à le qualifier
de froment noir.
On ne trouve seul à aucune époque le second terme de
cruithnecht, c'est-à-dire necht dans le sens de grain vanné pas
plus que -nith de gwenith, mais nous avons une preuve indi-
198 /. Loth.
recte de son existence à l'état isolé dans gwenith. Gwen(n) est
le féminin de l'adjectil vieux-celtique vindo-s, vindâ, vindo-n,
et a passé par vendâ avant d'arriver à gwenn. Or, que l'on
suppose vindo-nikto- ou vindo-niktû (->///•/</ étant exclu pour
des raisons exposées plus loin) ou même, vendâ-niktù, le
résultat serait le même : e fût devenu i bref sous l'influence de
i long de la syllabe suivante; on eût donc eu dans tous les cas
gwynith.
Si, au contraire, on suppose les deux termes indépendants,
l'adjectif, s'accordant avec le substantif -niktû, qui était fémi-
nin, devenait vendâ, plus tard gwenn, à long final changeant i
bref précédent en e. La fusion entre les deux termes conti-
nuellement employés pour caractériser le froment a pu ne se
faire qu'à une époque tardive et, même dans ce cas, leur
valeur propre a pu être sentie, sans doute jusque vers l'époque
de la chute des voyelles finales (au cours du VII e siècle).
Considéré comme un mot simple, gwenith prenait l'accent
sur la première syllabe, par conséquent sur e qui, accentué, ne
pouvait se modifier. Le sentiment que le mot renferme bien
le terme blanc persiste encore en Galles comme en Bretagne,
et, naturellement, c'est gwenn que l'on a en vue. Giuenith est
devenu un collectif, sans genre défini, qui suivant l'usage a
été traité comme masculin.
Il y a cependant encore en gallois, un indice de sa valeur
féminine : on a fait sur gwenith un singulatif en -en, termi-
naison féminine qui ne s'applique régulièrement qu'à des col-
lectifs originairement féminins : le singulatif masculin est en
-yn .
Le gallois -nith ne peut remonter ni à nikto-, ni à nikla ;
nikto eût bien donné nith, mais c'eût été un masculin et dans
ce cas on eût eu gwyn(n) -nith.
*Niktâ eût donné neith en passant par neytâ. C'est ainsi que
le féminin d'un vieux-celtique, mrikto-s, puis briyto-s est breith
moderne braith = breyta, tandis que le masculin brith =
briyto-s (mrikto-s) : l'élément palatal spirant s'est fondu avec
1 précédent et a donné i long. Nith peut s'expliquer seule-
ment par niktï ou niktû (// long final produit les mêmes effets
que 7 long). Cntithnecht, féminin en irl. moderne comme en
Les noms et les variétés du froment. 199
irl. moyen, suppose *cruti-niktâ, mais son génitif esc constam-
ment cruithnechta, au lieu de cruithnechtae, cruilhnechte. Ce
n'est pas un phénomène rare assurément en irl. moyen après
-cht, mais le gallois nith pouvant s'expliquer par un thème
niktii, on peut supposer que le thème primitif commun aux
deux groupes niktû a été évincé en irlandais par niktâ. La
déclinaison féminine en u long, génitif -uâs, s'est de bonne
heure confondue avec la déclinaison en à long '. Il serait
surprenant qu'un mot de cette importance qui remonte à
l'unité celtique, n'ait pas eu la même dérivation.
Les Celtes insulaires distinguaient aussi deux espèces de
froment d'après la forme de l'épi : le froment sans barbe et
le froment barbu. Dans les Ancient Laws oj Ireland V, 222,
23, il est question d'un froment qualifié de maol, chauve.
Atkinson dans le Glossaire des Lois n'a pas compris le sens de-
ce qualificatif et traduit cruiihnechi maol par wild wheat. C'est
exactement le contraire : il s'agit d'une espèce de froment
sans barbe et vraisemblablement particulièrement tendre, de la
catégorie des blés dits nus. Il y a en effet un proverbe gallois
très formel à ce sujet : goreu or gwenith y moelav, « le meilleur
des froments, c'est le plus chauve (Mvr. arch. of Wales, p. 778,
col. 1) 2 . Kuno Mever s'est également mépris sur le sens de
mâelân, dérivé de mâel, chauve, qui caractérise une espèce de
blé dans : The vision of Mac Conglinne, p. 99. Il le traduit
d'abord par beare, mais dans Y Index il l'explique par a kind oj
coarse barley, ce qui est un contresens évident, l'orge étant un
blé, particulièrement barbu, ai mâolan désignant un froment nu.
C'est probablement un froment barbu que caractérise le
mot tnirenu employé fréquemment comme équivalent de
cruithmeht et encore connu dans les dictionnaires gaéliques
d'Irlande et d'Ecosse. Il était également de couleur rouge d'après
le terme déjà cité de derg-thuirind. Tuirind paraît être ici au
nominatif et pourrait s'expliquer par *lo-riudu pour un vieux-
1. Cf. Pedersen, Vergï. Gr., II, 87-88.
2. Il s'agit vraisemblablement du grand épeautre, qui est le plus souvent
sans barbe. Ce sont ses qualités qui, au point de vue de l'alimentation,
l'auront fait grandement apprécier des Gallois.
200 /. Loth.
celtique to-rendu ; to- serait le préfixe bien connu, et rind =
rendu a Le sens de pointe '. Le dérivé irlandais moderne
rinneach a le sens de pointu, barbelé (Dinneen). Rinneach est
équivalent à colgach, barbu, pointu ; or colg, en moyen-
irlandais, a non seulement le sens de pointe d'épée, mais
aussi de barbe crépi (Kuno Meyer, Contr.). D'après Dinneen,
le mot s'appliquerait à la barbe de l'orge. Le gallois tout
justement a un mot identique à colgach pour désigner le
froment barbu : gwenith coliog : coliog =*colgâco-s. Coly, en
une syllabe, est devenu col = col g.
Le terme de tuirenn, s'il a réellement le sens de froment à
pointe, conviendrait parfaitement à une variété très distincte,
constituant une espèce à part : l'engrain ou petit épeautre,
blé dur aux grains très adhérents cà la balle, dont l'épillet n'a
qu'un seul grain très pointu aux deux extrémités. Il y en a
une variété à deux grains dont l'extrémité est triangulaire
(tri tien m monococcum, triticuiu dicoccuni). Ces deux variétés
d'engrain étaient bien connues des écrivains de l'antiquité.
Il est très vraisemblable que les blés cultivés chez les Celtes
insulaires étaient d'abord, non des blés uns mais des blés vêtus. Les
blés nus sont caractérisés par une tige ferme, dont les grains à
la maturité se dégagent d'eux-mêmes de leur enveloppe ; les
blés vêtus ont la tige cassante; leurs grains à la maturité sont
étroitement emprisonnés dans leur enveloppe, et il faut même
après le battage, qu'ils subissent, pour s'en dégager, une
préparation spéciale 2 : c'est sans doute la prédominance des
blés vêtus qui a amené les Celtes à caractériser leur froment
par le terme de niktû (uiktâ), c'est-à-dire de blé à grains
dégagés de leur enveloppe par le battage et vannés. Le mot
gallois pour le van est nithlenn, couverture, tissu à vanner (en
secouant) \ Niktû, c'est le grain prêt à être réduit en pain.
i. En irl. moderne, c'est tuireann. Cf. Fe'l . Oeng ; mai 21; nov. 24,
dat. tuirinn; 18 août, dat. iuirind ; L. Breac 1 06 , tuirnd. En irl. mod.
finit a pour gén;ùf rinnetl renna. Stokes Urk. Spr. =133 tuirenn torianâ.
2. De Candolle, Origine des plantes cultivées, p. 299.
3. Le comique emploie noth-lenn. Le mot se trouve au pluriel dans
Pussio Domini, 88 r : Satan est décidé à nous secouer comme le blé dans
les couvertures à vanner (uotl.denuow') ; uothlenn est pour noethlenn : noetb
Les noms et les variétés du froment. 201
Il en a été de même chez les Hébreux. Chez eux, le mot bar,
blé, s'applique particulièrement au blé battu et peut-être
vanné, car la racine sémitique désignant le froment est brr,
qui, d'après Gesenius, aurait le sens de nettoyer.
On s'est souvent demandé quel était le blé dont la culture
avait prédominé chez les Indo-européens à l'époque de leur
unité. La discussion ne pouvait guère porter que sur l'orge et
le froment. D'antériorité dans leur culture, il ne pouvait être
question, caries trouvailles de l'époque préhistorique prouvent
qu'ils ont été aussi anciennement et aussi communément
connus l'un que l'autre. Dans tous les pays du nord, du
centre et du sud de l'Europe où des trouvailles de blé ont été-
faites, on trouve l'orge et le froment, assez souvent aussi
associés avec le rail, dès les temps les plus reculés de l'époque
néolithique. Le danois Sarauwa trouvé dans des poteries des
collections du Danemark et des pays Scandinaves des dépots
de petits grains, à l'époque de la pierre polie {Congres intern.
(Tanthr. et d'arch., Paris, 1900, p. 406-408). Pour l'époque
paléolithique, on n'a fait aucune trouvaille sûre, ni de grains
de blé, ni d'empreintes de grains de blé (voir cependant dans
r Anthropologie 1905, p. n, une note du D r Capitan); Piette
avait signalé à une époque de transition du paléolithique au
néolithique, parmi les galets coloriés du mas d'Azil, de petits
tas de grains de froment; mais l'abbé Breuil a découvert
qu'ils y avaient été apportés par des rats. On a cru reconnaître
des grains de blé sur des gravures sur bois de renne de la
grotte des Espelungues et de Bruniquel (époque magdalé-
nienne), mais quoi qu'en dise Hoops (Walà. u. KullurpfL,
p. 277), ces gravures peuvent être interprétées antrement.
En Egypte, orge et froment étaient cultivés dès le 4 e millé-
naire avant notre ère. Hoops se prononce pour la pré-
dominance de l'orge à l'époque de l'unité indo-européenne,
et il en donne des raisons fort plausibles, une entre autres,
des plus ingénieuses : c'est que chez la plupart des peuples
n'est connu que dans le sens de nu : uolhlenn, c'est le tissu qui achève de
rendre le grain nu et propre en le secouant. A la rigueur noeth pourrait
remonter à neikto-.
202 /. Loth.
indo-européens, la plus petite unité de poids et mesures a été
legrain d'orge. Il y a quelques exceptions faciles à comprendre ;
chez les Romains, le froment ayant évincé l'orge au point de
vue de l'alimentation, c'est le grain de froment qui, à une
certaine époque, devint la plus petite unité de longueur. 11 en
a été de même chez les Irlandais pour des raisons analogues,
tandis que les Gallois conservaient le grain d'orge '. Nul
doute que les Gallois n'aient ici conservé les traditions de
l'époque de l'unité celtique. Le nom pour le pain chez tous les
Brittons bara = *barago- ; irl. moy . bairgen, moderne bairghean,
pain, gâteau remonte à une racine bar- (bhar-, bher-) qu'on
retrouve dans les différentes langues indo-européennes sous des
formes et des dérivations variées, qui primitivement paraît avoir
signifié pointe, aiguille, barbe d'épi 2 et s'est appliqué spéciale-
ment à l'orge en raison de sa barbelure. C'est cette racine qui
a donné le gotique bari^-eins, d'orge ; le vieux-norrois a barr
ags. bere, orge (cf. latin far pour farr 5 ). Avec le temps bara
chez les Brittons a désigné toute espèce de pain. Déjà dans
l'ancienne Irlande, le pain d'orge était le pain des pauvres
ou celui des saints qui le préféraient par esprit de pénitence.
Le froment paraît avoir été moins cultivé chez les Gal-
lois ou avoir été moins productif. D'après un passage des A tic.
Laws of Wales II, p. 524, il est défendu d'exporter le froment
sans une autorisation de l'État et du seigneur. En Irlande, en
revanche, comme en Galles, la bière, comme le courmi gau-
lois, se taisait principalement avec de l'orge. Cependant elle se
faisait aussi exceptionnellement avec du froment et même
avec de l'avoine. Faute de l'avoir su, Stokes n'a pas compris un
terme désignant la bière dans : The Martyrology of Oengus the
Culdee, p. 134. Le poète s'adressant au moulin de Maelodran,
lui représente que ce qu'il a moulu pour les fils de Cerball,
1. C'est aussi le grain d'orge qui paraît avoir été la plus petite unité
de poids et mesures chez les Assyriens (communication du Père Scheil) ;
c(. C. M. Soutzo, Revue de numismatique p. 441 et suiv. ; cf. Thureau-
Dangin, ibid. p. 8 (1910).
2. Cf. irl. gallois barr, sommet, pointe = *bbarso.
3." Cf. Hoops, ïoc. cit. p. 360 et suiv., et p. 595; cf. Walde, Lat. Et. W.
à far.
Les noms et les variétés du froment. 203
ce n'est pas en vue du serb-îenn ; que ce n'est pas non plus de
l'avoine, mais du froment rouge : serblenn est compose de
serb, amère, et de lenn, boisson : boisson arrière (cf. lutter aie).
D'ailleurs, en irlandais moderne, si le composé a disparu, il
existe un dérivé de serb, searbhân qui a le sens d'avoine, sans
doute particulièrement amère '.
• L'avoine, jusqu'à ces derniers temps, a joué un rôle impor-
tant dans l'alimentation des Gaëls, des Gallois et des Bretons.
En somme, la seule différence importante que l'on puisse
relever dans la culture des céréales, en particulier du froment,
aussi loin que l'on puisse remonter chez les Celtes insulaires,
c'est que chez les Gaëls le froment rouge a dominé jusqu'à
ces derniers temps et peut-être même a été exclusivement
cultivé, tandis que chez les Brittons, à l'époque de leur
unité, c'était le froment blanc qui avait les préférences.
Il en a été de même chez les Germains à l'époque de
l'unité germanique. Peut-être, ce qui est à d'autres points
de vue vraisemblable, les Brittons ont-ils quitté après les
Gaëls une région voisine du domaine propre des Germains.
On pourrait être plus affirmatif, si on connaissait le domaine,
propre, à l'origine, de ces deux variétés de froment ; mais
après tout, la couleur n'est qu'un caractère superficiel ; elle
diffère dans des espèces dont les caractères botaniques essen-
tiels démontrent la parfaite unité.
D'ailleurs le besoin qu'ont éprouvé Celtes et Germains de
caractériser le blé qu'ils cultivaient de préférence par la cou-
leur, indique qu'ils en connaissaient, à ce point de vue même,
d'autres variétés.
J. Loth.
r. A mhuilium comeilt mardi thuirinn
ni ba coimelt for serblinn romeilt for uib Cerbuill
lu grau meiliï in tr.uilind ni eorca acht derg-thuirind.
« ô moulin, toi qui as moulu beaucoup de froment, ce n'était pas une mou-
ture pour serblenn que tu as moulu pour les petits-fils de Cerball ; le grain
que moud le moulin, ce n'est pas de l'avoine, mais du froment rouge ».
Serblinn est au datif. Le nominatif vieil irlandais pour linn est lend gl. liqua-
men (Thés. pal. II, 42, 21). Le moven-irl. a le génitif lindi ; lend neutre
= nomin. vieux-celt. *lendos.
NOTES
ÉTYMOLOGIQUES ET LEXICOGRAPHIQUES
(Suite*).
271. Vieux-breton -mof.J, -woEct, (urmoed) ; moyen-
breton ur-goez ; vieux-breton -moet ; v. irl. môidim, fâed.
J'ai identifié le nom propre actuel Urvoas, vannetais Urvoy
(prononcez Ur-voe) avec le nom vieux-breton Ur-moed (Cart.
Red., p. 41, an 839, an 850, an 861). Dans une charte de
107 1 (ibid. p. 283), ce nom se trouve sous la forme Urvoi-
dus ; on trouve aussi les variantes : Urvodius, Hurvodius. Au
xn e s. on a Urvoed (Cart. Quimperlé 2 , ap. J. Loth, Chrest.
p. 236) ; au xm e (1263) : Urvoe~. A côté de ce nom qui
suppose un vieux-breton Urb-moefi (cf. Urien, v. bret. Urbien,
Urbmgeti), le moyen-breton nous présente, en 1380, Ur-goe^,
en 1426 Rcst-Urgoex_. Je dois ces noms à l'obligeance de M. D.
Bernard, qui a fouillé avec fruit les archives de la Chambre
des Comptes de Bretagne, à Nantes. M. Bernard, en ce
moment, attaché au service des Câbles à Bizerte, m'a commu-
niqué une liste importante de noms de lieux et d'hommes
du xiv e et xv e siècle, extraits de ces archives et de celles de
Quimper, que je publierai incessamment en collaboration
avec lui.
J'avais été d'abord tenté de supposer que Ur-goe^ pouvait
remonter à une forme Ur-ivoe^, évoluée de Ur-voéd, Ur-moeQ ;
mais l'existence d'un thème ztwc) est certaine : ix e siècle
Woednou (vie de Paul Aurélien), devenu Goiie^nou, Finistère ;
To-ivoedocus , aujourd'hui Saint-Touézee (ibid.) ; IVoedmonus
1. Voir Revue Celtique, t. XL, p. 342.
2. Cart. Quimperlé, éd. Maître et Berthou, p. 240, 203, 239, 173, 144.
Noies étymologiques et lexicograpbiques. 20;
(vie Je Winwaloe), Guoedmonus (Cart. Landév.) ; Uuoeduc,
auj. Goueçec (Cart. Landév. 17) ; Uuoedddoeu ; Uuoedanau ;
Uuoelunal Goeduual ; Uuoethoiarn Guodhoiana (ix 1 -' siècle) :
Cart. Redon) ] .
Dans les Litanies des saints du x e -xr siècle on trouve les
deux formes : Guidguale et Guoidwale; il peut y avoir eu con-
fusion entre wid- et tuoid- ; mais la forme la plus sincère est
celle que l'on trouve dans la vie latine de Saint Vodoalus :
Woitwal pour JVoidwal comme le montre l'évolution du nom
dans Locoal (Morbihan : S' hS Gudwalus en 1387). Woeft se
trouve en second terme : Saint ^/tw:( (1440). Alloue- (1461)
(aujourd'hui saint Aloné en Lignol, Morbihan). Il y a une
forme saint Elvoc~ de 1433 : cf. Llan-Elwedd en Radnorshire 2 .
Ce dernier nom est identique au gallois El-guoid du Cart.
de Llandav, p. 225 ; Elgoid, p. 196 ; Eluoid, p. 158. //
se retrouve aussi dans le même cartulaire, comme premier
terme : Guoidhearn, p. 202 ; Giwidnerth, p. 209 : on trouve
aussi Guidiierlb, p. 280, mais c'est une faute évidente, car le
nom du même personnage est écrit Gùaidnerth : -ai. -ae est
pour oi précédé de m-, cf. Guaidan, p. 247, i)6, plus tard
Givaeddan (pour le désarrondissement de après tu-, cf. ibid.
Guabeith, moy. gall. Golvith). L'existence d'un vieux-breton
IVoeiï ; v. gall. JVotô, WoeQ, puis IVaeï) est donc assurée.
En vieux-breton, à côté de -moèû, il y a indubitablement :
-moel : inscription de Plumergat du ix e s. : Ri-moete ; Cart.
Red. : Moet-gen, Moet-nou. Uor-moet, Uur-tnoet, Eau moet-car
(895) ; moyen-bret. terra Gurïnoet (cart. Quimperlé) ; . Cf.
Cart. de Llandav, p. 150 : Con-vnet ; pour le Cornwall :
Argant-moet {Mau 11 missions on theBodomin Gospel, Revue Celt.,
7, 33 2 )-
moëQ parait devoir être identifié avec le vieux-breton muoed :
a muoed gl. fastu (CCI. Stokes a lu : muoet). Il semblerait
aussi qu'on dût le rapprocher du vieil-irl. miad gl. honor,
Wb. I3 b ; ci., à un autre degré vocalique le vieil-irl. mâidim,
1. Pour ces noms, cf. J . I.oth, Chrest., p. 97, 177.
2. Cf. }. Loth, Les nous des suints bretons, p. 10.
3. J. Loth, Chrest., p. 84, 154, 211.
206 /. Loth.
nom-môidîm, gL glorior, laudo me, ibid. 14 e ; irl.-mod.
maôidhim, je vante, célèbre etc. Il semblerait même que le
scribe ait hésité et commencé à écrire : mued. La graphie per-
sistante -oe-, -on- n'est pas sans difficulté ; cependant il y a
quelques exemples de -oa pour oe- = v. breton ni, v. celt. -ei-
(moan, vannet. moen, gall. muiyn ; coar, cire, van. coer ; gail.
cwyr). Il faudrait cependant séparer le breton de miad =
meido- si //m\), était identique aux noms de lieu gallois
cités par O. Pughe : Moeddog, colline en Caereinion ; Moed-
d'yn, colline en Cardiganshire. Pour le sens muoed est plus
rapproché de môidim que miad. On pourrait supposer que
môidim est pour màidim par arrondissement de a en sous
l'influence de m précédent, mais dans ce cas il faudrait le
séparer de miad, ce qui semble difficile.
wo'tâ-, woe$, devenu, comme nous l'avons vu, Gwaiiï, et
Gwaeiï, en gallois, paraît identique au gallois gwatô ; cri ;
irl. moy., fâed, foid, cri ; irl. mod. faoidh, génit. faoidhe, f..
cri, voix. Le mot est employé dans le sens de son agréable :
Finn Faidhech, qui résonne agréablement, nom de la cloche
de Saint Patrice (Wind. Wôrt.). Dans les Lois et coutumes
galloises gwaeft, surtout didspad, cri perçant, a joué un rôle
important (cf. J. Loth, Mab. 2 , I, p. 253, note 1). Il semble
qu'il y ait eu quelque chose d'analogue chez les Irlandais '.
Le mot irl. est féminin, mais a été un thème en -s : *vai-
dos.
Pour moet, l'accord du gallois, comique et breton en ce
qui concerne -oe, impose un thème *mait- qui, à ma connais-
sance, n'existe pas en irlandais. En brittonique même, le sens
ne peut en être précisé, ce mot ne se trouvant que dans des
noms propres. Le haut-vann étais amoêtt, amuaitt (Cillart),
étourdi, niais, suppose un composé avec niaito-: oe, en haut-
vannetais représentant ai vieux-celt. et non ci. Pour am, ce
peut être soit le négatif an- soit am = ambi-.
Certaines formes en vieux-breton peuvent faire supposer
1. L'hymne de Patrick porte le nom àtfàeth (pour fâed) fada, le cri du
daim (Thés, palaeoh. II, 354 ; cf. XL). Elle est destinée à préserver des
embûches.
Notes étymologiques et ïexicographiques 207
que dans moet, on peut avoir affaire aussi à un vieux-celtique
*mogeto- ; Cart. de Redon, p. 370 (855) : Mormohet ; le nom
du même personnage, qui signe après le roi Erispoe, se trouve
aussi sous la forme Mormoet (p. 367). Comme on trouve par-
fois en vieux-breton et en vieux-gallois /;entre les deux voyelles
d'une véritable diphtongue, on serait porté à n'en pas tenir
compte, si on ne trouvait en 895 dans le même cartulaire :
Moietgeit, à côté de Moetien, Moetgen. Pour le sens même Mor-
mohet rappelle de singulière façon, le gaulois Mogetimarus dans
Dino-tnogetimarus, Mogitmarus : Mormohet -*maro-inogeto-s ?
Pour le sens de mogâtos, ci. irl. moy. mogh : O' Davoren' Gl.
1260 : mogh. i. môr. Il y aurait donc dans moet, deux mots
différents confondus déjà en vieux-breton : *moit (ci. gallois
Con-voet et corn. Argandmoet), et mogetos.
272. Gallois ner.
Ner a le sens de chef, maître.
Dans le L. Rouge (F.A.B. II. 226, 1), Myrôin est quali-
fié de :
alhveà bydin I , bud ner
« chef de l'armée, maître du butin ».
Ibid., 282, 6 :
Stavell Gyndylan nyl esmwyth J.k'uo...
Heb ner, heb niver, heb amwyth
« Le hall de CynOylan n'est pas confortable ce soir. . .
sans chef, sans troupe, sans défense 2 ».
Cf. L. Tal., 141, 32.
En moyen-gallois les exemples de ner ne sont pas rares.
ner- vieux-celt. *nero- présente le même thème que l'osque
rierum, virorum ; ace. plur. nerf, proceres, principes ; neriosus,
resistens, fortis (Corp. Gl. Lai. IV, 124, 22 ; V, 408, 2) ;
Nerio, déesse associée à Mars dans son culte ; cf. v. ind. nâr-,
1. Dans ce sens, clo est plus employé, do bydin, serrure (sécurité) de
l'armée.
2. Je suppose un substantif verbal twiii'yth=*amb(i)-uktu- au sens de ami.-vn.
208 y. Loih.
ivr,p. La racine est vraisemblablement la même que dans l'irl.
nert, gall. nerlb. breton //<•/;; (vannet. ;/<v7.>) ; cf. v. ind.
nftû-h, héros.
11 est probable que le vannetais nerein, prospérer, pulluler,
est un dérivé de lier.
273. Irl. fuil, gall. gweli ; bref, gouli ; corn. goly.
Wliitley Stokes (Urk. Spr., p. 285) suppose gweli bles-
sure; bret. gouli, corn, goly, isolé en celtique, et le rapproche
du latin volnus, vulnus ; il suppose pour ces mots une forme
vieille-celtique 'voles- qui n'explique pas Yî long final. Peder-
sen (Vergl. Gr., I, 139, 362; II, 18) a rapproché les mots
brittoniques de l'irl. fuil, gén. fol a, sang. Il cite à l'appui le
pluriel fuili,fuli, quia, en effet, dans la Tàin B. C, particu-
lièrement, le sens de blessures sanglantes (éd. Windisch, 4279,
4298, 43-|9, etc.). Ce qui assure l'identité d'origine, c'est que
gweli « sang » est attesté dans le composé rhyd-weli, rhed-weli,
qui a le sens bien établi en gallois-moyen et moderne d' « ar-
tère, courant de sang, sang qui circule ».
Fuil est féminin et suppose *uoli-. Le gallois gweli, seul, et
dans rhyd-weli, est féminin, et remonterait à uoliia.
Le breton gouli est masculin. Williams donne aussi le corn,
moyen goly, plur. golyow comme masc, mais sans preuve.
27^. Gallois gwanas, gwanar.
Au point de vue métaphorique, le sens de gwanas est clair :
il signifie soutien, support. Les exemples en sont nombreux :
M. Arch. 2_|9.2 (en parlant de saint Cadfan) : gwanas
gweli, soutien de la prière.
M. A. 217. 1 : gwanas deyrnas, soutien du royaume.
Ibid. 299.2 gwanas Gwynedd
Ibid. 347.2 gwanas pob nrddas
Ibid. 144.2 dreig
dragon wanas, dragon soutien des dragons (guerriers, chefs).
Ibid. 184.2 gwisgeis glwyj am glod wanas « J'ai pris une
blessure à cause du soutien de la gloire ».
Au point de vue matériel, qui est évidemment le sens pri-
mitif, gwanas est embarrassant. Les lexicographes lui donnent
Notes étymologiques et lexicographiques. 209
des sens fort différents : Owen Pughe les a réunis : jut, prop,
shank, clasp, book, tong of buckle. John Walter, Engl.-welsh
dict. à brace, traduit gwanas par : bondage or lhat keeps tbe
parts of a thing together. Ce dernier sens paraît vraisemblable
d'après certains textes moyen-gallois. Dans un triplet du
Livre Rouge, gwanas paraît répondre à cadwyn, chaîne :
Le poète s'adresse à son bâton, pris sur 'un bouleau
(F. A. B. II, 250, 19) :
marchwyeil bedw bridas
a dynn vyntroet wanas
« rejeton aux vertes extrémités du bouleau, qui tire mon
pied de... ».
Le triplet suivant porte :
marchwyeil derzu tnywn llwyn
a dynn vynntroet gadwyn
Le troisième donne un sens analogue :
marchwyeil derw deilyar
a dynn vyntroet garchar (prison)
Cf. L. Noir, 57.6 : Ugnach invite Taliessin à venir à la
cité et lui fait diverses promesses :
Dabre genhiw ir dinas
athuit met ara phellas
ac eur coeth ar dy wanas
« viens avec moi à la cité, et tu auras de l'hydromel qui...
et de l'or pur sur ton ceinturon ? (ou fibule ?)
En revanche, • dans le même Livre, 18, 19, il est dit du
pommier :
puwaur v chageu by ac chein wanas
puwaur est douteux comme lecture, et gwanas n'est pas
clair.
Dans les Lois (Ane. Laws 1. 440 ; 11, 198), il est question
de :
Revue Celtique. XLI. 14
2io /• Loth.
tri gwanas iguayw kyvreilhawl ;
i icir gwanas gwysîyl
Le sens paraît être : arrêt, prohibition, lien ?
Dans le mabinogi de Bran (L. Rouge), le sens paraît être
support, mais peut-être avec lien :
a'r ty a adeilwyd ar gant golofen ac ystryw a wnaethy gwyddyl
dodi gwanas o hop parlh i bob colofn a dodi boly croen ar bob
gwanas a gwr arfog yndo
« la maison fut bâtie sur cent colonnes et les Gwyddyl
usèrent de ce stratagème, de mettre un support de chaque
côté de chaque colonne et de mettre un sac de peau sur
chaque support et un homme armé dedans ». Il semble bien
que le gwonas dut être fixé à la colonne, ou cloué.
Gwanar a incontestablement le sens de maître, chef !
L. Tal. 169. 4 :
chd wasgar a gwanar
« qui répand et est maître de la gloire ».
L. Anacr. 64. 7.
Gwyr a aeth Ododin chwerthin wanar
M. Arch. 168.1 :
gwr gwanar xn yg
« guerrier maître dans l'angoisse ».
Ibid. 181.1 (en parlant de Dieu):
arglwyd uffern wern wanar
« Seigneur, maître du marais de l'enfer ».
Ibid. 184.2 (en parlant d'un chef) :
biuyl gwanar
yny redei rut wyar
« maître (directeur) de l'élan, là ou coulait le sang rouge ».
Cf. Ibid. 148. 1 ; 227.1 ; 262.2 ; 282.2. On ne trouve en
Notes étymologiques et lexicographiques. 211
somme, gwanar, qu'au sens métaphorique. Il semble bien
que gwanar appartienne à la même racine que gwanas, avec
cette différence que c'est un nom d'agent.
L'étymologie des deux mots reste douteuse ; l'irlandais, à
ma connaissance, n'a rien qui s'}- rapporte. Le sens de saillie,
support ne permet pas de les rapprocher de gwanu, percer.
Le sens de lien, entourage ferait plutôt penser à l'irl. -fe-n- dans
ïmbe, qui parait avoir le sens de lier (Pedersen, Vergl. Gr.
II, 517. Que l'on soit parti de l'une ou de l'autre des deux
racines, du sens de support ou de lien ', on arrivait au même
sens métaphorique. Gwanu, en gallois, a le sens* de se frayer
un passage, se faufiler au milieu de, Dywanu a même celui de
se diriger rapidement vers, de tomber juste sur. . .
275. Gallois gofal ; diofal; dyfal.
Gofal est usité à toute époque dans le sens de souci, inquié-
tude ; gofalu, se soucier, réfléchir à. Ce dernier sens est clair
dans ce passage des Mab. du Livre Blanc, col. 413 : Enid
aperçoit un nuage de poussière derrière elle s'approchant rapi-
dement : a govalu a oruc lu am bynny a thebygu bot xn dyvoi
ynyhol y iarll ayllu « elle réfléchit à cela et conjecture que le
comte et sa troupe les poursuivait» ; cf. L. Rouge (F. a. B. 1 1 .
206. 8) :
Gnawt ar eidil ovalon
« c'est chose habituelle que des soucis su: un faible ». Cf. L.
Tal. 178, ié; 20^, 6.
Diofal est aussi fort usité dans le sens de : sans souci,
tranquille et aussi dialectalement dans le sens de négligent.
Dyfal, à toute époque, a le sens de : diligent, attentif,
assidu, dialectalement en Gwent (S. Evans, WelshDict.) celui
de fatigant. Cf. L. Noir 56. 1 (diwal = dyfal).
Le thème mal- parait isolé dans les langues celtiques. Il
me paraît à rapprocher du grecjjieXei [>.oi, yi'/.zy.y.'.. Cf. norv.
dan. maal, mesure, dessein = germ. *mâla-; grec \j.r t -::
(Falk u. Torp, Norw.-dan. Et. W. à maal).
1. Pour cloà wanas, cf. do clod, fermeture, c'est-à-dire sauvegarde de la
gloire (cf. Silv. Ev. Welsh. Dict. à clo).
212 /. /.('//.'.
On pourrait en rapprocher l'irl. moyen melaid, si Strachan a
raison de le traduire par ruminate, ponder over {Z. f. c. Ph,
i, 374). Mais Stokes (BB. XXV, 257, 38) suppose que melaid
(melatï) est comme meld, aimable, grec i;;.x/,ir, un dérivé de
mêla, moudre.
Mal, en comique, est traduit par William par désir ; et ce
sens est parfois plausible ; mais l'expression mail yw genef est
évidemment identique au breton mail eo ganen, il est temps
pour moi : voir mall.
276. Gallois METHL.
Le gallois methl est donné dans les Dictionnaires avec le
sens d'embarras, perplexité.
Melhlir apparaît dans les Ane. Laivs (cité par O. Pughe) :
ac or melhlir yr yngnad llys difarnedig fydd ci air « et si le
juge de la cour s'embarrasse, sa parole (décision) n'a pas de
valeur.
On trouve le verbe également dans le L. Rouge (F. a. B.
11. 307, 14.
Llaiver mawreir a vethler
« beaucoup de grands mots (vantardise) mettent dans l'embar-
ras ». Ici, il est vrai, on peut entendre: \\aboit1isssnt pas ; ce
qui fait penser à methu, échouer.
Divetbel existe dans la poésie du xii e -xm e siècle (M. A.
209. 2).
rindawlom tafawd
neud divethl anveidrawl
« la part de talent (?) qui vient de ma langue est assurément
sans entrave, immense ». Le poète vante la poésie dont il
récompense les dons de son chef.
Methl paraît apparenté à meth mais ne saurait en être un
dérivé direct. On peut supposer un vieux-brittonique :
*mentlo- : l'assimilation de n à / suivant dans le groupe -nt-
est fréquente surtout devant/ ou r : cathl,v. gall. ithr, entre
(*entr-) etc. Pour men- : et. latin mentior dérivé de *mn-ti-s,
et surtout le v. bulgare meta, je mêle, j'embrouille (cf. Walde,
à mendax).
Notes étymologiques et lexicograpbiques. 213
On explique l'irl. moyen méala> opprobre ; méalacht, honte,
par mebl-, ce qui est possible, semble-t-il, dans l'intérieur du
mot. On pourrait le rapprocher du gallois inetbl et partir de
*men-tl-. Pour le sens mebhul est plus rapproché. Mais de
embarras, insuccès, on peut arriver aussi au sens de honte : cf.
iiwlb, en gallois, insuccès; me%, vannet. mech, honte. En irl.
moderne méala a le sens de chagrin, grande perte.
277. Vieil— irl. name; gall. mov. kyfnofant.
Le vieil-irl. nâme, nâniae, nom. plur. nâmait, ennemi, adver-
saire ; irl. mod. nâmha f. et nâmhaid, gén. nâmhad ; nom. plur.
nâimhde, a été rattaché par Whitley Stoke's, Urk. Spr. p. 192,
à la racine neni, prendre, v. h. a. neman,et identifié comme degré
vocalique au grec vw^àw, je partage. En partant de cette ori-
gine et de ce dernier sens, on est amené à*identifier le gallois-
moyen -nojant dans kyfnofant avec l'irlandais qui suppose
soit un thème nâmànt-, soit uainent-, l'absence de mouillement
régulier ici ne permettant pas de se prononcer.
Le sens de kyfnofant est douteux, les exemples du mot
n'étant pas nombreux et le contexte n'étant pas suffisamment
clair. Mais il est assuré par un mot évidemment de même
origine, avec un suffixe différent : kyfnofut qui apparaît dans
les Privilèges de l'Eglise de Llandav et a le sens clair de com-
merce (échange) :
kyfnofut a bathoryaith ynn Llantaf
(commerce et privilège de battre monnaie, à Llandav).
Kyvnovant me paraît avoir un sens analogue dans le Gorchan
kynvelynÇL. An. F. a. B. n. 96, 32). Le poète qui consacre
ce poème à la gloire de Kynvelyn est Aneurin. On y lit en
effet que sur 363 guerriers qui prirent part à la bataille Catraeth,
il n'en revint que trois, Kynon, Cadreith et Catlew, et en
outre lui-même. Or, dans le Gododin, p. 69, 27, le poète
nous dit aussi que sur 363 guerriers qui allèrent à Catraeth,
trois seulement échappèrent par leur vaillance, deux chiens
de combat Aeron et Kenon, et lui aussi en plus : gwerth
vy gwennwawt, pour prix de mon brillant poème. C'est la
214 /• Loth.
pensée qu'il exprime à la fin du Gorchan Kynvelyn ; ce serait
pour prix, par échange de ce poème qu'il aurait été épargné :
Gwarchan Kyrd Kynvelyn Kyvnovanl
Dans le L. de Taliesin (F. a. B. n. 170, 14) on lit :
Dnw merchyr gweleys wyr ygkyfnofant
Dyfieu bu gwartheu a amuganl
« mercredi j'ai vu des guerriers en train de marchander; jeudi
ce fut leurs hontes qu'ils sauvèrent ». Il est clair que le poète
blâme la conduite des guerriers le mercredi. Il y a un frag-
ment du même poème dans le L. Noir, p. 16. Le texte est
quelque peu différent et parait altéré : v. 26 :
Dyv merchir gueleisse guir y g cvinoivant
Dyvien bu ir guarth it ajicorsant
« Le mercredi je vis des guerriers se lamentant ; le jeudi ce
fut pour leur honte (la racheter) qu'ils revinrent ».
Il me paraît probable que le scribe a mal lu et que le texte
portait civnoiuant. Pour d'autres exemples de kyfnofant, v. Silv.
Evans, IVelsh Dict.
hwnovant = *com-nâmanl-.
278. Vannetais negein ; gall. negio ; bret. nech; gall. nych ;
irl. ness.
Le Goff, SuppJ., entre autres mots inconnus, donne negein,
écraser, tuer. La comparaison avec neco paraît s'imposer. Le
gallois negio, réduire à l'impuissance, mettre hors d'état de,
rappelle le latin e-nectus, épuisé. Ce qui confirme ces rappro-
chements, c'est le breton nec h, chagrin, surtout le gallois nych,
nychdod, consomption, phtisie : cf. skr. naçali, disparaître,
dépérir. Nych, nech, = *nekso. L'irl. moy. ness, blessure, doit
avoir la même origine. Il est très remarquable que le thème
verbal ness- a un sens, avec certains préfixes, identique à celui
de negein, écraser ; vieil irl. com-ness- (fouler aux pieds, méta-
phoriquement mépriser (Co-t-nessiu(b)-sa , je le foulerai aux
pieds, Ml. 126. 17) ; irl. -moy. to-ness-, broyer, conculcare
Notes étymologiques et lexicographiques. 215
(iuinsem, Atk. L. Br. p. 942, ap. Pedersen, Vergl. Gr. 11.
584). Pour l'indo-europ. : *nk-, cf. éc, eug ; angheu, ankou.
Il y a en haut-vannetàîs un autre negein, chatouiller, qui
est pour nigein, vannet. ober en ik, en ikek chatouiller (faire le
chatouillement) ; à Groix : gober nik.
279. Gall. RHYSWR, RHYSED ; irl. RESSE ?
Rhyswr dans la Vie de Gruffud ab Cynan. (M. A. 725, 2)
s'applique à Arthur et a le sens de guerrier, rhyswr honneit,
guerrier renommé.
Rhysed a également le sens de combat, lutte, querelle ; on
trouve aussi rhyse (M. A. 146-2) :
Gnaivd givedy ryserch ryse '
« c'est chose habituelle que, après trop grand amour, que-
relle ».
Il y a un autre rhysed de sens et d'origine différente 2 kyfry-
seâ a le sens de conflit, querelle (voir gwrys).
Ris- paraît isolé dans la famille celtique. Cependant en
partant de l'idée de querelle, on peut se demander si l'irlandais
resse, ace. plur., ne lui est pas apparenté. Il apparaît dans le
Tâin Bô C. ligne 6124. En apercevant labelle terre inconnue,
le Dond de Cûalnge : rabert a tbri resse gémmend bar aird,
poussa en l'air ses trois paroles ? de mugissement. Page 902,
on trouve : do leig in Donn chùailngee a tbri priomhgheimenna
gotha, et, en note cette variante : a tbri priombresa gemend.
Comme le suppose Windisch, il semble qu'on ait affaire à
l'ace, pi. de ris, riss, récit (Cormac resse -i- scéla). Mais d'après
les passages du T. B. C. cités, le sens paraît être parole, expres-
sion, peut-être cri. Le sens de querelle en gallois a pu venir
de la composition avec fom- : dialogue, conflit de paroles. Ris, rhys
= *ressi- : rhysed = rësiiâ 3 .
1. Cf. du même poète, Gwalchmai, M. A. 144. 2 :
g)unvd wediryserch ryseiliai
2. Elucid. 99 : ryssed traduit abundantia. Cf. Llew.'Gl. Cothi 12 : pop
gwledd arhysedd.
3. Dans le Miroir de la Mort, p. 322, vsrs958, rese% paraît bien avoir le
même sens que rhysed.
2\6 J. Loth.
Pour l'évolution de sens de cria bataille, cf. gall. gawr qui
a les deux sens :
amrysseâ parait bien avoir le sens de rhysseâ ' et est impor-
tant pour l'origine de amrysson.
280. Irl. moy. : gén. renna; gall. rhynn.
Dans Cath Catharda 266. 9 (Ir. T.) on trouve le mot très
rare renna, au génitif sg. : coin renna, chiens de course.
Whitley Stokes, Urk. Spr. 232, cite le moy. -irl. rend. : coss,
pied, jambe (LL 208*26). C'est une expression évidemment
métaphorique.
Rhynn est commun à toute époque, surtout en moyen-
gallois, dans le sens de : agité, qui s'agite, rapide. Rhynnu,
grelotter, trembler de froid.
L. Noir 43-23 (en parlant d'un coursier) :
redec hiraethauce raun rin
« qui a hâte de courir, aux crins qui s'agitent ».
Ibid. 51. 5
Oet rinn vy gveisson
in ta mu in eu detvon
« Ils étaient impétueux (agités) mes serviteurs en défendant
leurs lois ».
Cf. Daf. ab Gwil. 42, éd. Liverpool :
a dwfn yw towu Dyfi
Diufr rhyn yn et herbyn
« et profonds sont les flots de Dyfi, eau rapide à 1 encontre
d'elle ».
Cf. L. Tal. 170. 13; 205, 28.
1. M. A. 177, 2 :
Péris 11èr ôr niver nadred
Prajf uiber uibiat amryssed
« le Seigneur a créé parmi le nombre des serpents la forte vipère, que-
relle vagabonde ». Il est possible que praff, épais, solide, porte sur amrys-
sed, avec un sens métaphorique.
Notes étymologiques et lexicographiques. 217
M. A. 221.2 :
ys gorwyn ewyn rhyn yn rhedeg
« Elle est très blanche l'écume qui s'agite en courant ».
Le comique moyen dans un seul passage a rynny (R. D.
2343):
pocvan pup ur a rynny
« souffrance poignante à toute heure et tremblement ».
Rbynn suppose *ri>nii.
Rynawl a le sens très clair d'impétuosité, agitation impé-
tueuse dans plusieurs passages de Taliesin et d'Aneurin :
L. Tal. 140. 12.
rac rynawt tau dychyfrwy ' mwc
« Devant l'impétuosité du feu, la fumée s'agite »
Gorchan Maeld (L. Aneur. 104, 30) ».
mal taran ne m tarhei scuylaaur
rac rynnawd Eithinyn
<• comme le tonnerre du ciel éclataient les boucliers devant
l'attaque impétueuse d'Eithinyn 2 ».
Rexuazct, rynnawt =■ rinnâtu- (rynnawd existe aussi).
Rhynnu a un sens très particulier dans ce passage d'un
mabinogi du Livre Rouge, p. 147; il est opposé à tynnu (il
s'agit d'un cheval) : a plan rynnei y match, v anadyl ywrthaw,
y pellaei y gwyr y wrthaw a phan y tynnci altaw y nessaynt
wynteu attaw
« et lorsqu'il renvoyait son haleine hors de lui, les hommes
s'éloignaient de lui, et lorsqu'il la tirait à lui, ils s'approchaient
de lui ». En parlant des sept sens, Taliesin dit (215. 2) :
1 . Le sens de dy chyfrwy n'est pas sûr ; on trouve cyffrwy 169. 27 ; on ne
peut avec sûreté y voir cyffrau, cyffro. Peut-être s'entrelace, tourbillonne
(to-com-reig-).
2. Eithinyn est un guerrier célèbre (Gododin, 74, 21, 26).
2i8 j. Loth.
un yw ii rynnyaf '
a deu ci tynaf
« l'un, c'est que je respire ; l'autre, que j'aspire ».
Tynnu asouvent le sens de tirera soi et même de se retirer :
L. Tal 1 19. 2 (en parlant des signes du jugement dernier) :
Ef tynho aches
racy va roi ires
« l'eau (de la mer) se retirera devant sa troupe » (la troupe de
Dieu) 2 .
Rimi entre en composition avec deux particules : givrth-rynn
opposition, lutte (L. Tal. 166. 2); ymwrlh-ryn, se battre
(ibid. 125. 14); diwrthryn, sans opposition (moderne) ;
dygiurth-ryn, repousse : L. Rouge 306. 29 :
Dyvrys gwanec dygwrihryn
Gro
« La vague se hâte, elle se heurte à la grève ».
281. Gall. rhe; ryre ; dyre;v. irl. regaid, irl. reg- aller ;
reg, ess-reg- étendre, s'élever.
Le gallois a rhe seul : Prov. : eiddil hen hwyr yd rhe, vieil-
lard débile, court lentement. Dyre est usité actuellement à
l'impératif, comme dyred, tyred, viens; on le trouve en com-
position avec ol, trace : olrheafje suis à la trace; olrhead, chien
de chasse; obrhein, poursuivre, chercher ; canrein, suivre 3 ;
1. Le sens est moins clair dans cet autre passage (148. 22) :
Ici y tynnu
march y rynnyaw
2. Cf. M. A. 250. 2 (Sur les signes avant-coureurs du jugement) :
tnawr uthredd gweled gweilgi
Pryd pan eler yw sylli
Nad ym u/eii ydfu ydfi
« Grande merveille, voir l'océan quand on ira le contempler, qu'il ne sera
plus là où il était ».
3. M. A. 146. 2 :
Dragonawl fadrûnvl fadiain yn elfyd
alafgeinryd elu'dy ganrain
« âme de dragon, habile heureusement né dans ce monde, gentil dona-
Notes étymologiques et lexicographiques. 219
dyganre ; breton-moy. cantren, poursuivre (Miroiter de la Mort
1. 2609) ; cantréal; vagabonder ; haut vannet. kandrén, con-
duire l'attelage d'une charrue (Le Goff, Suppl.). Pour d'autres
composés, cf. anvyre, anuyrein ; dwyrain ; dyrreith, il vint,
retourna etc.).
Le moyen-gall. a ryre-, s'élancer, courir(avec sens intensif) :
L. Noir 38, 7, 10 :
oel rerereint dan vortuid Gérant
« il y avait des cavales qui s'élançaient (galopaient, chargeaient)
sous les cuisses de Gereint ».
Ibid. 55. 23, 26 :
mi a uni ni Ue lias Llacheu
tnab Arthur uthir ig kerteu
Ban ryreint brein ar creu
« j'ai été où a été tué Llacheu, fils d'Arthur, étonnant dans
les arts, quand les corbeaux s'élançaient sur le sang ».
Au lieu de ryreint (3 syllabes), on a dans le même poème,
ryerhint et ryerint :
ban ryerhinl brein ar creu
Le sens est le même mais la composition différente : ex-reg-
cf. irl. éirge, action de s'élever (mod. éirgbe; gall.-moy.
eir\ e]ant ascendent (Rei 1 . Celt. VI, 27).
On a rapproché le v. irl. regaià, 3 e pers. sg. du fut. ira, de
izyz\).x'.. Les deux racines sont confondues en gallois ; rhe,
ryre a été confondu avec redec : dans les versions du Livre
Rouge de l'élégie de Géreint, on a redeint au lieu de rereint.
C'est encore ri qu'on trouve probablement dans camre, pas.
On trouve aussi reat, course : M. A. 253, 2 :
maredud ntd e reat
« Maredud dont la course est rouge (de sang).
teur de richesses, il y a profit à te suivre ». M. A. 207. 1 Jlu dygavnre,
pareil signifie : qui .suit l'armée.
1. Cathrain exciter, aiguillonner (catbrai aiguillon) peut remonter kcani-
reg-no- ; mais a été peut-être influencé par cethr.
2 20 /. Lot h.
282. Gall. RE dans olre.
Olre aie sens collectif de tous, toutes : L. Noir 37.837- olre
saut, tous les saints.
Elucid. 166 bol Ire ginedyl anifeileit ysyd \dan nef, il y a toute
espèce de races d'animaux sous le ciel.
Heng-mss. n. 328 : yn holre oludoed vry, dans toutes les
espècesde richesses ; ibid. 334 nébynyr hollre tir. J. Morris Jones
suppose gre mais le sens gallois de gre n'est pas en faveur de
cette hypothèse. Le sens d'espèce paraît marqué nettement
dans quelques exemples et rappelle rhyw et rhai.
283. Addit. à rïg- lier.
1. Irl. moy. ârach, lien, chaîne ' {Tâin B. C. p. 123 ; con-
arach, 1003, 1008).
Au point de vue métaphorique, garantie. En irl. mod. c'est
le sens métaphorique qui a prévalu. Gall. aerwy, masc. lien,
collier. Silvan Evans lui donne le sens de torques. Or, dans le
passage de Taliésin qu'il cite (F. à B. 182. 14), il s'agit d'un
bœuf :
ny wdant zuy yr ych brych bras y penriuy
seith ugeint kygiung yny aenuy
A l'époque moderne, il est en de même : aerwy buwch ;
arwy cyn buiuch, le licol avant la vache (M. A. (838. 2) — bret.
ère, msc, lien, attache ; ârach, ère (pour *aere, *airè) = ad-
rigo- (aerwy =* ad-reigo- (ad-r- traité comme agr- ). Pour
rïg- reig-, voir penrhe et penrhwy; amaerivy, frange, bordure,
est composé de ambi-ad-reigo-.
2. Irl. indrach, irl. mod. ionnrach, tampon pour toutes les
blessures ouvertes ; — v. bret. : aure, gl. collyria,(Stokes, K%.
XL, 249).
Indrach, anre = ^endi-ngo, andi-rïgo = ndi-rigo.
Irl. moy. buarach n. entrave pour attacher les jambes de der-
rière dune vache (irl. mod. f.) — gall. buriiy msc. entrave
pour attacher les jambes des .vaches quand on les trait {Ane.
Laws I, 298).
1. Arach a aussi le sens de garantie (Tain B. C. 1. 3044.
Notes étymologiques et lexicograpbiques. 221
La forme la plus ancienne de huante}) est buoracb gl. loin,
Cod. Salmant, L. 16 (Pour le sens métaphorique, rf. K. M.
Contre).
Buarach = *bou-rïgo- ;
burwy = *bou-reigo- (pour />//, /w/, /w//-, v. Pedersen, (J; .
11.93).
3. Irl. moy. cobrach_; cuimrech, cuibrech ; lien, chaîne;
irl. mod. cuibreach, ms. — breton Kevre, ms. — Gallois :
cyf-nvy, selle ; et cy/-r£ d'après le pluriel moy. -gall. cyfreion
(M. A. 850. 1) : mal cwn gan gyvreion «comme des chiens avec
des laisses » .11 y a aussi le pluriel cwreien (xn c s. ap. Silv., Ev.,
WehhDicl.)
4. Irl. cendrech, serre-tête; licol; partie d'un moulin,
gall. penrhe et.penrhwy, bandelette, bandeau.
5 . Irl. moy. sciathrach, courroie de bouclier(CV///; Cath. 4654,
4788 etc.), gall. ysgwytrwy (L. Tal. 144-5) : eur vy yscwytrwy
« d'or est ma lanière de bouclier ».
Cf. gall. breich-rwy, bracelet; mod-rwy, anneau (voc. corn.
modenuy, armilla).
On a, en gallois, deux racines : ri g- et reig-.
284. Gallois SAETH, SEITHUC.
Seithuc est connu dans le sens de inutile, infructueux, vain.
J. Morris Jones, Grammar p. 176 en a tenté Tétymologie
sans s'être demandé s'il n'existait pas une forme non dérivée
et l'a tiré d'une forme impossible *sek-touk- (sek- seq w et touk- de
leu-q-, accroissement). Or saethugyaw existe, et même saeth :
M. A. p. 594, note 554 : achymeint oed ymdiret arthur \u v ner-
thoedd. ae natybygei vot \n reit idawsaethugyaw y lu yr yriw aghy-
gvil hivnmu gawr « et si grande était la confiance d'Arthur
en ses torces qu'il ne supposait pas qu'il lui fût nécessaire
d'endommager (ou engager) inutilement son armée pour un
pareil monstre de géant ».
Sih'tb signifie manquement, déception, insuccès :
M. A. 835 b 12 : nithelir saeth i ebawl « on ne paie pas un
manquement (dommage) pour un poulain ». Saeth ebawl est
le poulain qui suit sa mère et pour lequel aucune compensa-
tion n'est due, et l'expression parait signifier : manquement,
faute de poulain .
22 2 J. I.olb.
Kyfreith a dyweii na dyîyirtahi saeth ebawl...nydylyrydifwyn
ylwgyr \ux\vo\ dzuy vlwyd>canyshyt hynny y bydebawl « la loi
dit qu'on n'est pas obligé de payer faute de poulain '... on n'est
pas oblige de compenser son dommage jusqu'à ce qu'il ait
deux ans, car jusque là c'est un poulain ». Pour saeth, cf. M.
A., 167. i; 216.2 (le texte de 181. 1 est fautif). Dans un texte
des H. Mss. II. 271, 30, seith paraît avoir le sens à'avortement.
Seiihuc donné comme adjectif est aussi substantif: L. Rouge
F. a B. II, 255, 19 :
gnaïul seithuc arlwfyr
« c'est chose habituelle que l'insuccès chez un lâche. »
saeth, seithuc paraissent isolés en celtique. Peut-être pourrait-
on le rapprocher de l'irl. moy. tanga .'i.feaîl, déception ; tan-
gnacht À. meabhell nôfeallÇLecanGl. 23 3-422). Dansce cas saeth
■== stag-to- (*sLt(i/)k-t.ô- pour stang-to-} ; tanga supposerait
*tang- pour slang-.
En dehors du celtique, c'est le lit. qui fournit le rapproche-
ment le plus plausible istokéju, stokôli, fehlen, mangeln ; stokà,
mangeln. Falk u. Torp, à stokaamdet comparent le norvégien
dialectal stakast, être en retard pour la croissance. On aurait
deux racines stak- et s ta g-.
Le suffixe -ne est assez rare (cf. caddng, brouillard, obscu-
rité) : on peut supposer -eu-kô- : cf. -eu-to- ou en-ti- dans
molud (ide. -en-ti-).
285. Irl. sâr, sâruighim; gallois sarhaed, moy. ga.ll. saraed,
SARHAED ; SAYRHAED.
Ces termes qui jouent dans la législation celtique insulaire
un rôle si important ont été l'objet de controverses dans les-
quelles beaucoup d'ingéniosité et encore plus d'imagination
ont été dépensées. Zimmer dont on connaît le goût très pro-
noncé pour le paradoxe a soutenu (Sit^ungsber. der kôn. pr.
Ah. 1909, 11 1.72) que le gallois sâr- irl. sâr étaient emprun-
tés au vieil angl. sâr, douleur. La voyelle longue se serait
1. On a introduit Iwgyr entre saeth et ebaivl. Il me paraît probable que
le texte primitif ne portait pas le mot qui a dû avoir pour équivalent saeth.
Notes étymologiques et lexicographiques. 223
abrégée en gallois devant l'ancien accent brittonique.Pedersen,
Vergl. Gr. I, 536-7, n'a pas de peine à réfuter cette invrai-
semblable théorie. Il fait d'abord la remarque que Va long du
vieil anglais n'eût pas passé en celtique avec ce timbre, comme
l'indique le vieil irl. rôt, gall. rhawd du vieil angl. râd. De plus
il est contraire à toute vraisemblance qu'un terme à caractère
juridique représentant une conception très ancienne du droit
celtique ait été abandonné pour un mot étranger dépourvu
de tout caractère légal; j'ajouterai que la conception juridique
que précise le terme en question est étrangère au droit germa-
nique. Il ressort très nettement des Lois galloises, qu'à la
compensation pour le dommage s'en ajoutait une autre due
pour l'insulte, l'atteinte à l'honneur: ce que le gallois désigne
par sàrhaed. La restriction de ce terme à l'irlandais et au gal-
lois, comme le fait remarquer Pedersen, n'est nullement
un motif pour suspecter sa celticité : le breton n'a pas de texte
de lois ancien et a pu parfaitement le perdre : et. v. irl.
itmae, gall. efydd, cuivre, qu'on chercherait vainement en bre-
ton. Pedersen fait remonter aune alternance indo-européenne
la différence de quantité de Va, ce qui peut être admis.
Or, ce qui montre une fois de plus que l'étude attentive des
textes est la base de l'étymologie, il existe en gallois moyen,
une forme qui suffit à elle seule à détruire la théorie de
Zimmer et à expliquer très simplement la différence de quan-
tité. Les Leges Wallicae publiées par Aneurin Owen (Ancient
Laws II, pp. 750-814) reposent sur un manuscrit qui serait
d'après lui du début du xm e siècle (I, xxxn). Gwenogvryn
Evans (Reports on the manuscripts in the Welsh Language I Part
11, p. 359, ras. 28 = Heng. 7) le place dans le dernier quart
du xn e siècle et le considère comme le plus ancien ms. des
Lois connus. Il porte indiscutablement des traits d'une rédac-
tion archaïque. Parmi les variantes qu'il présente, il y en a une
d'une importance capitale: c'est sayrhaed qui est la seule leçon
du texte, et il apparaît fréquemment : lib. I, cap. 11 say-
rhaed (de precio régis et eius sayrhaed; ibid. 1 ; cap III, 1 (2
fois); cap. v, 5 ; cap. vin, 6 ; cap. xxvi, 2; xxvn, 8 ; lib. II,
cap. vin, _|i ; cap. xv, ri, 23, 29 (2 fois) ; cap. xvm, 6 (2
fois) ; cap. xx, 16, 27 (4 fois). Le texte est en latin mais avec
224 ]. Lolh.
les termes juridiques eu gallois. Le sens du mot est très clair,
par exemple, lib. I, cap. VIII : eu tète : dicemus ergo quid
pro singulorum iniuria reddi debeat et quantum est sayrhaed
uniuscuiusque officialium. Ibid. 55.6 : si quis homiuem occi-
dent, primo iniuriam eius débet reddere, deinde pretium eius,
quia uemo occiditur sine sayrhaed.
Il est évident que pour Pi ri. sâr, gall. sayr- il faut supposer
*sagrâ-. Sayrhaed suppose un vieux brittonique sagragîta ou
sagragietà : le mot est féminin (on trouve les formes saraet,
sarahet, sarhaet dans les autres mss. des Lois). Il est clair
que sayrhaed a été précédé par sayrahed. La disparition de la
voyelle représentant le premier £• s'explique vraisemblable-
ment par l'atonie et la présence dans l'a syllabe suivante d'un
second g aspirant. Il y a même un autre exemple de la dispa-
rition complète du g dans le mot branar, fallow land, à côté
de braenar, breinar (Glamorgan : brynar) : Ane. Laws I, 180:
brynar ; branar M. A. t. 298, d'après S. Evans (xm e s.) ; cf.
irl. moy. et mod. branar, peut-être emprunté. Il est vrai que
dans ce mot, il peut y avoir influence d'un autre mot.
Le gallois possède aussi le verbe sarhau et sarhaad, offenser,
insulter: Black B. of Chirk, 78.13 sarhaa, 3 e pers. sg. ind.
prés.
C'est une formation analogique à celle de l'irl. moy. sârai-
gim, mod. sdruighim, j'outrage, je fais violence, je transgresse;
je l'emporte sur (Keating, Tribior aighe anbhâis 56.21 ; 150.5 ;
175.12); cf. irl. moy. sârugud ; mod. sârughadh. Pour le
sens, cf. Tdin Bô CuaJnge 5998 : rot sdraig, qui a blessé ton
honneur. Sârugud = sagragietu-.
Il v a à côté de sâr, une variante avec t- : tdr, taire ettâir,
taire, mépris, outrage que Windisch a expliquée par to-sâr-
(sur ce point, cf. Pedersen, Vergl. Gr., I, p. 305, §§ 207;
536-7) Ta r- comme sâr existe comme préfixe avec un sens
intensif : târ-nocht, entièrement nu (Keating, Tri bior aighe
anbhâis, 83.2 ; 104.24).
Pour la formation, cf. gallois haeru, laeru, affirmer avecobs-
tination, violence (breton moy. laer). Cf. John MacNeill,
Proc. ofR. I. A. XXVII, sect. C, n° 15, p. 352, à Netta sagru,
d'après lui, champion des forts.
Notes étymologiques et îexicographiques . 223
Il semble bien qu'il faille renoncer avoir dans 5 initial, st-
vieux celtique (cf. cependant Pedersen, Vergl. Gr., I, 79).
286. Gallois TANC ; TANGNEF ; TANGNEFEDD, tangnofed ;
TANGNODDEF ; TANGDDEF ; TAXGDDE.
Ce mot important est isolé dans les langues néo-celtiques.
Tanc t. suppose tankâ (ide. tukfi);d. Tancorix, Tanconus, Tan-
cinus (Inser. Brit.-lat).
Les formes germaniques qui sembleraient apparentées sup-
posent un ide, *~teng- : v. norr. fohk, reconnaissance, satisfac-
tion ; ags. fane, contentement, agrément : ail. dank.
Ce qui surtout ferait pencher pour une commune origine,
c'est d'un côté le gallois tangnef, tangnefedd et le vieux danois
taknem, reconnaissant, aimable, agréable ; vieux norr. tardif
ftakknaemer, même sens. Tangnef a le sens de paix, repos,
ainsi que tangnefedd:
L. Tal 180. 10 ta g ne f;
Iolo Goch, ap. O. Pughe :
aed lie unie r eang dangnef
« qu'il aille où la tranquillité est grande» cf. Heng.Mss. 11 et
90.
Pour tangnefedd, ci. L. Noir 7.10 :
Gorpo gwrguled druy tagnevet bel ketiv
« qu'il obtienne le grand festin (céleste), en tranquillité, paix
dès aujourd'hui ».
Il y a une variante tangnofedd- :
L. Noir, 12.) lagnovet, avec mutation dagnovei).
Le danois tak-nem a pour second terme nem = *nâmi- et
est rapporté à nemme, allemand nehmen- ; on le rapproche de
<z\u<), /:;/:: ; irl. ancien et moy. nem; vieil i r 1 . nemed; v. celt.
nemeto-n. C'est une formation analogique que suppose tangue),
quoique le sens précis de -nef ici ne puisse être établi. Ce qui
le continue, c'est le doublet tangnofedd : cf. à coté de nem,
le vieux gall. nom, gl. templa : tangnofedd- tanho-nomiui.
Tangnef a dû signifier d'abord : action d'accorder la paix,
ccoard de paix; tangnefedd a indiqué Xêiaide paix.
Revue Celtique, XLI. i>
226 ./. Loth.
On aurai: pu pour tangnoddej songer à une métathèse pour
*langnofedd: ci. clefydeu (Mabin. L. Rouge 282); cf. defytawd
pour cletywauâ (F. a. B. §§18.1 3 ; éd. Gwen. Iivau.s48.10) éd.
ibid. cletywrul (F. a. 15. 11. 10.3; Gwen. Ev. 27.10, à l'épée
rouge). Mais le sens de ce mot dans les ,-///<•. Laws u..|i<S,
indique un composé de tçtnc et d'un dérivé de nawâ, protec-
tion : barn a thygnodef y dyfod xr llyr « jugement, et sécurité
(saut-conduit) pour venir à la cour. » Tangnoddef doit être pour
tangnoddedd.
Tangddef est* composé de tàwc et de def qui se trouve avec
le sens de defawd, coutume établie, droit. Il apparaît dans le
Gorchan Maelderw : tangdef, L. An. 94.15 ; cf. L. Noir 30.19 :
caraw volt Pedyr a vedir tagine
« j'aime louer Pierre qui est le maître de la paix ».
Tangdde montre le suffixe -de, probablement ancien sub-
stantif à sens oblitéré, qui forme des subst. ou adj. Dans le L.
Noir 9.13, tagde est un substantif et a un sens analogue à
tangddef. Pour les formes germaniques, ci'. Falk u. Torp.
Norv.-dàn. Et. W . à iak et taenke).
287. Gall. -TRud.
Pour la racine (Jrat, v. ceh.trou-), on peut comparer le latin
trûdo et les formes germaniques et correspondantes : got.
us-friutan, importuner; vba. drio~an, opprimer; v. isl. frot,
ftravet, tourment.
Le gallois suppose *trou-d-.
On a considéré le gallois cythrudd comme un emprunt :
contrùdo, ce qui est phonétiquement possible. Mais outre que
le sens paraît assez différent, il y a d'autres composés avec le
thème -trfut : digythruâ, dygythrud,gorthrud, godrud.
Cythrud a incontestablement le sens de tourmenter, au sens
matériel et moral : un poète de la seconde moitié du xin e
siècle, Gruffyd ap yr Ynad Coch (M. A. 269.2) dit en parlant
de la passion du Christ :
Bei meddyliai ddyn ei feddyliaw
a fu ddolur ar ei ddwylaw
Notes étymologiques et lexicographiques. 227
gen gethri parawd yn cythruddcvw cnawd
Ef niwnai bechazud
« si l'homme se mettait à méditer ce qu'il y eut de souffrance
sur ses deux mains (au Christ) avec les clous préparés tour-
mentant sa chair, il ne ferait pas de péché. »
Cf. en parlant d'un chef (M. A. 189.2) :
Pryder Lloeger ai cythrudd
« le souci des Loegriens et leur tourment. »
(Cf. ibid. 254.1 ; 182.3 etc.).
Digythruâ a le sens contraire : M. A. 262.1 Gwr val llew
digythrut (/- â) « guerrier comme un lion sans trouble (ou
contrainte). »
Dygythruâ, qui est rare, a un sens voisin de cythrud (M. A.
266.1) : to-con-trouâo- . Gorthruâ = *iwr-trouâo- a naturelle-
ment un sens plus intensif :
M. A. 182.2 le poète demande à être protégé :
rac gorthrud kythrud kythreulyeît
« contre l'oppression, les tourments des démons ».
On trouve aussi gwrthruâ dans un passage : M. A. 261.1
Gwrthrut varedut vurgryt.
« il est possible qu'il faille lire gorthrut.
Godrud parait avoir le sens de : qui s'agite, rapide, mena-
çant. L. Noir 39.6 :
gûdru.t v var, gurt in trydar, gvae rycothuy
« menaçant (ou rapide) sa colère, violent dans la mêlée :
malheur à qui l'aura irrité. »
L. An. 99.31 : trychan, meirch godrud
a gryssyws ganthud
« trois cents chevaux fringants s'élancèrent avec eux. » En
parlant d'Ywein Kyfeiliawc, Cynddelw (M. A. 161. 2) dit :
228 /. Lotit.
Par odrui « la lance menaçante (ou qui s'agite : ou qui perce ?)
Gwalchmai (ibid. 147. i) dit de son épée :
gwaedreidjy ngleddyfa godrud
« mon épée a la pointe sanglante et elle est rapide (ou fli
perçante). Pour les sens divers des dérives du terme treu-,
treu-d-, cf. Walde, Lat.-Etym. Wôrt. à trudo. Le sens de
rapide vient probablement du sens de: perçant; cf. gwanu,
percer et aussi se frayer un chemin, pénétrer. C'est peut-être le
sens de percer qu'il faudrait préférer dans l'expression cythnt-
daw cnawd', percer la chair (en parlant des clous). Le sens de
percer, couper a été relevé par Walde dans différents dérives de
treu-.
288. Gall. moven tla\\\1.
Ce mot n'apparaît à ma connaissance que dans un seul pas-
sage d'un poète du xn c s. (M. A. 25 1.2) :
Duw dy nawd rac tlawâ tan llachar uffern
« Dieu ta protection contre... du teu éclatant de l'enfer. »
La lecture du mot est assurée par la rime et l'allitération.
D'après le contexte, tlawâ signifie-t-il douleur, on impétuosité ?
On pourrait songer à la racine de l'irl. tlâith, gall. tlawd (latin
lâtus = *tlâto~. Peut-être iaut-il le rapprocher de xiXy.a, tollo
(irl. toi, volonté). Tlawâ suppose *tlâd-.
289. Gallois moyen tud ; Tud, tuddet, tuddedyn.
Tut ne se trouve à ma connaissance, dans le sens de cou-
vrir, envelopper que dans ce vers du Livre de Taliessin (F. a. B.
II 197, 6) :
Ercwlj m u r fossawt
as anntitt tywawt
as rodwy Trindawt
Trugared dyd brawt
« Hercule le rempart du combat que le sable (du tombeau)
Notes étymologiques et lexicographiques. 229
enveloppe ', que la Trinité lui donne merci le jour du juge-
ment. »
Habituellement on a tuâ :
Tndded, couverture, vêtement, était d'abord un pluriel:
L. Tal. 172.14 Kant gorwyd Kyfrei
aryant eu tudet
■ cent coursiers également rapides, d'argent leurs couvertures. »
Cled. 181.26 dwyn eu tudet,
lever leurs vêtements ? '»
Cf. L. Noir 5.8 tuted (/ = d).
L. Rouge (F. a. B. II 279.10 :
Gwigwys coet kein dudet ha)
« le bois a revêtu la belle parure d'été. »
Cf. M. A. 250.1 : daear duted, l'enveloppe de la terre (la
tombe).
Le singulatif était tuâedyn : try tudedyn tria indumenta (Ane.
Laws II, 772).
Tuâ existait comme verbe. L. Noir 38.5.8 :
Pieu y bet
ae tut uior a goror nant
« à qui est la tombe que protège (ou enveloppe) la mer et
la bordure du vallon. »
Tuâ suppose *tou-d- ; cf. lat. tueor.
L'irl. moy. cum-tûth, préservation (cum-ud-tutli), Sg. 31 b
8, rappelle le latin tutus.
Pour tut, irl. tûath, voir J. Loth, Revue Celtique, tome
XXXIII, p. 255 ; ci. breton lus, à gauche.
290. Gallois BLIXGO.
Le gall. moderne blingo, gall. moy. blingiaw, blingaw a le
sens précis d'écoreber (S. Evans, Welsh Dict.~).\\ suppose un
vieux celt. *bling- ide. bling- ou blêng-. Il est fort séduisant
1. Peut-être faut-il lire amdyt, de aui-do. atn- ■
230 /. Loth.
de le rapprocher des formes germaniques de même sens mais
supposant un indo-européen *plëk; norv. jlaa, écorcher; ags.
//<•'</;/, angl. flay ; germ. ftah-, flag-- Norv. fiaenge, suédois
flânga, écorcher. est une forme nasalisée de *flah. Il faudrait
supposer qu'il y a deux formes indo-europ. *blêg, blêng- et
plek, plènk ; plag-,plang- ; plak-,plank- : d. lat. plango, plaça
(W'alde ; pour le germ. d. Falk u. Torp, Norw.-dân. El.W.
à jlaa, fiaenge).
291. Vannetais blingal, blingein, cligner de l'œil, bigler,
lorgner ; bi.ingadel, clin d'oeil, clignement ; bling, louche.
Le rapprochement s'impose avec l'allemand blinken, cligner de
l'œil et aussi resplendir; v. danois blinge, cligner de l'œil, fris-
sonner; danois dial. blingre, cligner de l'œil, clignoter ; nor-
vég. dial. bîengja, loucher (cf. Falk u. Torp, Norw.-dân. Et. W .
blingse, blinke, bleg, blik), Le vannetais bling =\ T . celt. bllngo-.
292. Gallois blwng ; breton blouhi. Stokes (Urk. Spr.,
p. 188) donne gall. blwng, indignabundus. Blwng est adjec-
tif et substantif. Comme adjectif, il a le sens de colère, furieux.
S. Evans lui donne aussi le sens de irritable, désagréable ; ce
dernier sens ne paraît pas exact au moins en ce qui concerne
le moyen âge gallois, notamment les poètes du xn-xin e s.
L'exemple du Brut Gr. ab Arth. qui semblerait le justifier s'ex-
plique facilement dans le premier sens :
Kanys blwng ac antheilwng oed kanthunt bod llywodraeth ynys
Prydyn wrthvedyant gwreic « car c'était un sujet de colère et une
indignité pour eux que le gouvernement de l'Ile de Bretagne
fût aux mains d'une femme ». L. Noir 6.5 : greid bleit
blyghdwd « fureur d'un loup ardent » : (toi qui as la fureur
d'un loup ardent), cf. M. A. 295.2 (xm 1) :
a chammawn yn llawn llid a blyngder
« et combat avec pleine colère et fureur». Cependant dans le
Brut Gr. ab Arthur, hlyghaw est associé à sorri t. :
blyghaw a sorri a ortie (S. Ev., Welsh D.)
Notes étymologiques et lexicographiques. 231
Blwng, comme substantif a le sens d'affront (sujet de colère):
Mabïn. du L. Blanc, c. 605 : dial vymlwng arnaw « venger
mon affront sur lui ».
Ernault (Gloss.) en a rapproche le breton blouhi, blâmer,
reprocher : blouhi un Jeu eus e vôet blâmer un homme de ce
qu'il mange, lui reprocher sa nourriture (Pelletier). Phoné-
tiquement, le rapprochement est très plausible : cf. stoui,
baisser, se baisser : gall. ystwng ; tout = gall. twng, tyngu,
jurer.
Le breton prouverait que blwng a bien un ù : v. celt.
*blûngo-. Stokes l'a rapproché du v. slave bla^nû, erro, scanda-
lum ; polonais bla^nic, vexer, tromper, mais il ajoute avec
raison que le rapprochement est très douteux (Le rapproche-
ment est de Bezzenberger).
293. Gallois blif, catapulte.
Ce mot paraît dans un certain nombre de textes du moyen
âge. Le plus ancien en poésie est celui de Iolo Goch (xiv e s.) :
blif, le poète s'adressant à Edouard III dit :
curaist a blif, ddylij ddelw
cerrig caer Ferwig
« tu as battu avec une catapulte comme un torrent ', les
murs de Berwick » cf. chez Tudur Aled (xv e s.) :
lit adaflai di dn flaen
Ergyd blif ar goed o'ifîaen
« Elle lançait de ses deux avants un coup de catapulte sur le
bois devant elle ».
Le pluriel était blivieu (Amlyn ac Amig ; Yst. de Car. magno,
ap. S. Evans, Welsh Dict.f, l'adjectif blifaidd a le sens de très
rapide chez Iolo Goch. En Gwent. actuellement, hynt blifaidd a
le sens de voyage presse (s. Evans, Welsh Dict. ; Stokes ( Urk Spr.
p. 187) l'a rapproché du latin flïgo, sans en préciser le sens:
les exemples impliquent le sens de : projectile rapide; v. celt.
1. Cf. dylij cad torrent de bataille; maen blif était le boulet de pierre
lancé par la catapulte (Iolo Goch, éd. Ashton, p. 116).
232 /. /
bllbo- : ide. *bhlïg"o- cf. grec pXî^u j'écrase ; Walde compare
flïgo a.u lett. blaifit, frapper, écraser. Le sens de /-///est assez.
éloigné de ces divers sens.
29 |. Gallois both.
Le gallois both f., dans le sens de « bouteille », paraît au
pluriel dans le Mabinogi de Kulhwch et Olwe.n : nyl arllaeth
kajfel Hevrith nés kaffel botheu Rinnon Rin Baruawt ; ny surha
vyth llxii yndunt « il est inutile d'avoir du lait doux si (jusqu'à
ce que) on se procure pas les bouteilles de Rinnon Rin Bar-
uawt; la boisson n'y deviendra jamais aigre ».
Le mot est identique au germanique *putta qui a donné en
vieux norr. puttr « écuelle en terre », norvég. -danois pot, pot te,
vase en terre et en français par le germanique pot. Both- *budriâ.
Le gallois pot est emprunté à l'anglo-français. Both a aussi
le sens de moyeu de roue et à'umbo de bouclier (pour moyeu,
cï. Vita Je Carolo magrio, col. 401 (S. Evans, Welsh Dict.).
295. Irl. moy. clîath draigex ; gall. moy. draenglwyd.
En irl. moyen cliath draigen a le sens de herse (LL. 1 56 b32,
ap. K. M. ContriF). En gallois moyen draenglwyd apparaît dans
un proverbe et paraît avoir embarrassé les lexicographes (Al . A.
895.1):
Tra rhelo yr og, rheted y ddraenglwyd
« Tant que courra la herse, que coure... ? » Silv. Evans, avec
un point d'interrogation, hasarde bush-harrow, ce qui vise
les deux termes du composé : claie, ronces. Il est cependant
évident que draenglwyd a un sens différent de og, oged,
herse. Il s'agit, dans le proverbe, de deux instruments diffé-
rents et de deux opérations 'différentes. L'explication nous est
fournie par le haut vannetais maritime : kluida a le sens
à'émotter le fumier avec une herse garnie de branchages (et sans
doute de ronces) ; kluid est une forme régulière en haut van-
netais pour kloued, ainsi que klud (bas ivannet. : kleud '. klôd) : v.
Le Goff, Suppl. au Dict. breton de Vannes de M. Ernault.
Dans les autres dialectes, kloued a aussi le sens de herse, à
côté de celui de barrière, claire-voie.
Notes étymologiques et lexicographiques. 233
On voit qu'en réalité, il s'agit ou s'est agi d'une herse dif-
férente de Voged et avant une autre destination. Le proverbe
»is immédiatement précédent est :
Tra rheto yr og, rbeted y fraeau
« Tant que courre la herse que courre la broie. » D. Pughe a vu
dans braean (brauan) un moulin, Silvan Evans, d'après Th.
Richards, lui donne un second sens, celui de brisoir, broie
pour chanvre ou lin. Il est clair qu'il s'agit d'un instrument
à briser, probablement le iumier, comme la draenglwyd.
296. Gallois CHWARREN*.
Chwarren a le sens bien établi de glande, concrétion dans la
chair, ulcère, pustule (Medd. Myddf. ap. S. Evans, JVelsh Dict.f
Silvan Evans, Llyth. Gymr, traduit chwarren par mesen gig,
gland de chair.
La parenté de chwarren avec l'allemand schwiir, schwàre, abcès,
ulcère, furoncle, est" certaine (sur les formes germaniques,
cf. Falk u. Torp, Norw.-dân. W. à swœrt).
Chwarren, singulatif, suppose v. celt. *suarr-.
297. Gallois chwerfan.
Silvan Evans (Welsh. Dicl.^) traduit chwerfan par : fusée ; a
whirl ior a spindle or for a pulley : Gwerthyd (fuseau) et
chwerfan sont des parties d'un rouet. Il donne aussi chwerfu,
tourner 'rapidement.
Chwerfan = suerbana.
La parenté avec le norvégien yvarve, tourner ; v. norr
ii, tournoyer, est certaine.
Les formes germaniques remontent à *sverban (Falk u.
Torp, Norv.-dân. Et. W. àsvarve; cf. p. 1559 ; la comparaison
avec le gallois est due à Much, Zf. d. A. 32, 169).
298. Gallois DOGX, DOGXI.
Le gallois moy. dogyn, mod. dogn, comme subst. a le sens
de : ce qui suffit, proportion ou part suffisante. En médecine.
dogn est la dose. Comme adjectif précédant un substantif,
a parfois un sens intensif : dogn gur, dogn gawdd, grande dou-
2 m y. Loth.
leur, colère (S. Evans, Welsh Dicl.): c\. français bien a
Dogynder, dogneâ a un sens analogue kdogn, suhst.
Docni, dognî a le sens d'attribuer ce qui est dû et fournir
suffisamment.
L. Tal. (F. a. B. II 116, 167 :
mal docni dillat y noeth
comme fournir des habits à celui qui est nu. »
Comme -en -gn précédés d'une voyelle ne peuvent exister
dans aucune des langues brittoniques (cf. diuyn, cywairi), il
est certain que dogn remonte à *dong-n- ou donk-no- : cf. sugno
pour sungno, v. gall. dissunegnetic, tracta, exhausta.
Peut-être est-ce un composé de do- (dï) et de *ong : cyfoeth
= com-okto, richesses, domaine, domination ; irl. cumachte. Thur-
neysen, Gramm, suppose pour cumachte, cumang, pouvoir, ong
d'après le gallois, mais ajoute avec raison que dans cyfoeth
(et oelli) peut représenter a long. Cette hypothèse est combattue
par Marstrander (Kleine Beitr. Festskrift til Alf Torp, p. 250).
Il suppose dans cumaing le même vocalisme que dans rouie :
on a, en effet, di-ing, difficile, équivalent à deemaing de di-
ecmaing, même sens avec passage régulier à la déclinaison en/-.
Dogn, dong peut aussi bien avoir a long que cyfoeth.
Le vocalisme de cyfoeth montre en tout cas un degré diffé-
rent de l'irlandais.
299. Breton ozac'h ; gall. ud.
Le breton ozac'h a le sens de chef de maison, mari. Le
pluriel est e\ech. La forme du haut vannetais est ohah, oheh ;
plur. eheh et pluriel récent refait sur oheh : oheheu. Le bas van-
netais a : oac'h, oech et même oc h, maître de maison, chef de
famille. Le Goello connaît aussi oe'h. Le haut cornouaillais, si
je ne me trompe, a aussi oac'h. Il semble bien qu'il faille
reconstituer une forme brittonique avec d intervocalique :
*odakkos, ûdakko-s, ou *odikko-s i ndikkos (moins probable).
L'étymologie proposée par Whitley Stokes (Urk. Spr., p. 49) :
*(p)otikko-s est impossible.
Peut-on lui comparer le gallois ud qui paraît dans un grand
Notes étymologiques et lexicographiques: 2^5
nombre de textes poétiques du moyen gallois avec le sens de
chef, maître} Dans le L. Noir. 39.2, Hywel ab Goronwy est
qualifié de ut gveithvutic, souverain victorieux. Cf. ibid. L. 5 .
14. L. Taliesin 11 6. 30 ; 169 . 3 ; 191 . 7,8 ; 199 . 10 ; 194. 12 :
169.22; 180.30 ; Uryen (189,24) est appelé ud yr echwyd,
maître, souverain de l'occident.
Cf. L. Aneurin 79.2,
ny chaux J hael ud a gordin
« un chef guerrier ne s'accorde pas avec l'oppression. » (Le
texte porte à tort head.)
Cf. M. A. 141 .2 : Gntffyl gloyw ut (/ = d).
En irlandais, on ne trouve aucun terme qu'on puisse en rap-
procher.
Toute étymologie, en pareil cas, est hasardeuse; ud suppose
*oudo- plutôt que oidi, si on le rapproche de o%ach.
Peut-être pourrait-on rapprocher ces mots du v. saxon ôd,
possession; vha. al-ôd, possession entière et libre; agr. éad,
richesse; v. norv. audr, même sens. La racine germ. est*aud- :
ide. audh- . Le sens de o^ach(*ûdakko-) serait celui de possesseur,
propriétaire, ainsi que celui de ud (oudo- ou oudi-). Pour le
germ., cf. Falk u. Torp. Norw.-dàn. Et. IV. à kleinodie.
300. Le prétendu gallois uch.
Uch dans le sens de fille se trouve dans une Généalogie
saints de File de Bretagne (Bonedd v saint neu achau saint ynys
Brydain) donnée dans hxMyv. Arch.,p. 417. Ce recueil est dû
à Lewis Morris (en 1700) qui avait puisé à différents manu-
scrits fort anciens, dit la préface. Un des niss. était l'œuvre de
Thomas Wvn ab Edmwnd et aurait été écrit vers 1577.
Page 417.2 : Arianwen veh Brychan.
P. 4 1 8 . 1 Decved veh Degit
Tegveâd veh Degid
Tegweddi veh Tegit
Ibid. 2 : Tebri veh Lewdwn.
Comme d'autres, ce qui m'a fait prendre cette graphie au
236 J. Lotb.
sérieux, c'est le much « filia » du Vocabulaire comique: uch pour
:'//(•/.' était fort plausible. En étudiant Tau dernier cette graphie
dans la Généalogie en question, je remarquai que dans d'autres
passages, au lieu de veh, il y avait simplement après le nom
de la femme 'ch :
p. 420-1 Madrun 'ch Gwerthevyr.
Je soupçonnai qu'il s'agissait d'une abréviation mal lue.
J'en eus la confirmation en feuilletant les Reports on mss. in ihe
Wdsh language, de Gwen-ogvyn Evans.
On trouve veh pour verch dans le ms. 114 de Mostyn
(Report p. 54-55), écrit vers 1592; p. 55 : a The(c)fed veh
Degitvoel; ibid. : Denydd v'ch Leydyn.
Dans des mss. du xiv e -xvi e s. v\ pour verch est une abrévia-
tion fréquente (Reports I : Peniarth, p. 339, 971, 972 etc.).
On trouve même Rydd%, Rydderch (p. 972).
veh pour verch avec un signe d'abréviation suri' n'a rien de-
surprenant.
La seule forme proclitique régulière pour wc/; est ech bien
connue, au moyen âge, dans les Généalogies : ech a perdu r
en proclise, comme le comique -ôwth (et oui), breton ou~, van-
netais o'ch. pour orth (worth), ûrth. Ech a évolué, au moins
sporadiquement, en ach, à l'époque moderne (Ellis o'r Nant,
Nanws ach Rhobert, Dolyddelen, 1880).
Much, filia, dans le Foc. -Corn., est probablement une mau-
vaise lecture du scribe copiant un ms. du commencement du
xii e siècle. Ce ne peut être une abréviation conventionnelle du
genre de veh. Si on trouvait dans le vocabulaire merch, on pour-
rait supposer que much est un doublet proclitique *vuch, *uch:
mais merch n'y paraît pas. Déplus, en supposant contre la vrai-
semblance une forme proclitique, on n'aurait pu avoir vuch. La
forme niyrgh, myrh du moyen comique, qui se présente deux
fois, je crois, ne doit pas faire illusion : y représente bref,
et n'est bien à sa place qu'au pluriel myrghes, myrhes (pron.
môrches). Dans les deux exemples cités par Williams, l'accent
est sur le mot suivant qui forme avec myrgh un composé :
myrgh hxbeu, myrh gai. Beunans Mer. a mergh (vers 177); de
Notes étymologiques et lexicographiqu.es. 2^7
même Gwreans (vers 294). Le comique moderne donne merth
pour mer (Command. de Dieu 6.2 ; 7.1).
Le signe ^ pour ch, se rencontre dans un document du
xiv e siècle. Landozwe, aujourd'hui Llandough (Book of
Llandav, p. 325). Il est employé aussi dans des documents
français en Angleterre du xm e -xiv e s. pour ts : nome:, jiz
(ibid.)-
{A suivre.) J. Loth.
UNE LOCUTION COMMUNE
AU
CELTIQUE ET AU SCANDINAVE
A la mémoire de mon ami
André Courmont
agrégé de l'Université,
consul de France à Reykjawik,
i 891 -192 3.
La pièce d'Ibsen que nos traducteurs français appellent
« les Prétendants à la couronne » ou les Allemands « die
Kronpratendenten » porte dans l'original le titre de Kongsem-
nerne. Ce titre est doublement intraduisible : outre qu'il
renferme une forme archaïque, employée à dessein par l'au-
teur, il présente un idiotisme, qui est lui-même fort ancien
dans la langue. En vieil-islandais les exemples abondent où le
mot efui, proprement « matière » ou « étoffe », sert à indi-
quer la personne qui par ses qualités propres ou par le choix
d'autrui est appelée à occuper une certaine place, à jouer un
certain rôle : konungsefni « prince héritier », biskupsefni
« évèque désigné », mannséfni « futur époux », mâgsefni
« futur gendre », etc. Le danois, sous la forme evne, conserve
aujourd'hui le même mot ; et aussi le suédois sous la forme
àmne (prest-âmne « futur prêtre », talere-âmne « orateur en
herbe » etc.).
Or le même idiotisme existe dans les langues celtiques, en
brittonique comme en gaélique. D'un primitif *damnyo-, l'irlan-
dais a tiré un mot damnae, auquel répond en gallois defnydd
(et aussi denfydd par métathèse), en breton danvt\ (vann.
dannf). Ce mot signifie « matière, matériel » : dachuaid dabein
damna cruiti « il vint couper les matériaux d'une harpe »
{R. Ceît. II, 197, 20). damna creasa « matière de ceinture,
capable de servir de ceinture » (Buile Suibhne, éd. O'Keeffe,
Une locution commune au celtique et au Scandinave. 239
p. 30, 1. 20), bret. dauve~-rà^ « pierre calcaire » m. à ni.
« matière de chaux », vann. dahné remêdeu « de quoi faire
des remèdes » (Ernault, Dictionnaire breton-français dit dialecte
de Vannes, p. 40), etc. Mais il s'emploie aussi au figuré : irl.
damhna eccdoine « sujet de lamentation » {Bitilc Sitibhne, p. 124
dern. ligne), damhna da nert do-noadh « motif d'accroître leur
force » Leb. Gab. éd. Macalister-MacNeil, p. 96, 1. 19 (var.
adbarda neri £oirrdercughadh « moyen de faire voir leur force »,
et. O'Dav. Gloss. n os 1287 et 1336, dans YArch. f. Celt. Lexic,
t. II, p. 424 et 433); gall. deunyd tristit « motif de tristesse »
(R. B. I, 189, 1. 5), defnyd llewenyd « motif de joie » (R.B.
II, 57, 1-26).
Et enfin, il sert à former des locutions toutes semblables
à celles du Scandinave : irl. rigdomna « prince royal, futur
roi » (Windisch, Ir. Text., I, p. 741), âliss pâtricc dub-
thach 'un damner n-epseuip « Patrice demanda à Dubthach une
matière d'évêque, quelqu'un qui eût l'étoffe d'un évêque »
(Notes in the Book of Armagh, Thés. Pal. II, 241, 7); gall.
drycheuwch y fyrch y dan uyn deuamraut hyt pan welwyf defnyt uyn
daw « élevez les fourches sous mes sourcils jusqu'à ce que je
voie mon futur gendre » (W. B. col. 477, 1. 16 = R. B. I,
118, 1. 21) ; trécor. danve me mab hier « mon futut beau-fils »
(cité par J. Loth, les Mabinogion, 2 e éd. t. I, p. 416).
Le mot dainnae a des synonymes en irlandais, notamment
adbnr et dlug (ni bâi di'iin dluig a sena « nous n'avions pas de
motif de repousser cela » R. Celt. VII, 302, v. 206 \jail dlug
molta forro « ils ont sujet d'être loués » L. L. 57 a 9 = T. B.
C. 1. 416 éd. Wind., var. fuil damna a molta forra St.). Or,
le mot adbur sert à former des locutions identiques aux pré-
cédentes : adbnr ardrig Erend « futur roi suprême d'Irlande »
(ir. Gl. 161), la hadbur an ardflatha « avec leur futur souve-
rain » (L. L. 210 a 31, Gwynn, Metr. Dindshench. IV, 134,
24), is adbar rig ar deilb « il a l'aspect d'un futur roi » (Se.
M., 14, in Ir. Text., I, 103). La, locution subsiste en Irlande
comme en Ecosse : irl. mod. bhi fios ag an bhfear dall gur
adhbhar maith ceoltôra bhi san ôgânach « l'aveugle savait que le
jeune homme avait l'étoffe d'un bon musicien » (P. O'Conaire,
Seacht mbuaidhan Eirghe-amach, p. ri); écoss. ta adhbhur ditine
/. Vend)
math ann « il al étoffe d'un bon homme » (cité par Henderson,
éd. de la Fled Bricrend. p. i | >).
La comparaison du celtique et du Scandinave est frappante,
et il est naturel de penser que Tune des langues a agi sur
l'autre. Il ne saurait toutefois être question d'un emprunt de
mot : le vieil-islandais efni, sur lequel on consultera le diction-
naire étymologique de Falk-Torp (s. un. avle, emue, evne et
eve), est un mot proprement germanique, qui se rencontre
dans tous les dialectes et dont on peut suivre le développe-
ment sémantique (ci. E. Lidén, Ark. for nord. Fil., t. XXVII,
p. 270 et ss. ; A. Meillet, Mém. Soc. Ling., t. XV, p. 257).
On ne peut davantage imaginer que les mots celtiques soient
tirés du Scandinave. Il faut donc admettre que la métaphore a
été traduite, calquée d'une langue sur l'autre. Des calques de-
ce genre, qui sont à demi savants ou livresques, sont particu-
lièrement fréquents quand ils portent sur des termes ou for-
mules techniques, désignant des fonctions ou des qualités ;
aussi la locution « matière de roi » (isl. konungsefni, irl. rig-
domna) qui paraît fort ancienne pourrait-elle bien avoir servi
de modèle. Mais il est difficile de dire dans quel sens l'exten-
sion s'est faite. Etant donné qu'on trouve la locution à la fois
en breton, en gallois et en irlandais, on pourrait croire que
c'est le Scandinave qui s'est inspiré du celtique. Mais la preuve
de cette hypothèse resterait à fournir et c'est aux scandina-
vistes qu'il appartiendrait de la contrôler. Aussi bien l'exten-
sion de locutions comme celle-ci peut-elle se faire en divers
sens au cours même de l'histoire ; il n'est même pas exclu que
le celtique et le Scandinave l'aient tous deux empruntée d'une
troisième langue, qui resterait à déterminer.
J. Vendryes.
1MBOLC
Les quatre grandes fêtes saisonnières de l'année celtique
n'ont pas laissé dans la tradition irlandaise des traces d'égale
importance. Les deux plus célèbres sont Beltene et Samuin,
dont le nom demeure vivant aujourd'hui pour désigner le
I er mai (bealtaîné) et le I er novembre Çsambain). Le nom de
la fête du I er août, Lugnasad, survit aussi : l'expression oidhche
Lughna pour l'anglais « Lammas », mi ua lughna pour le
« mois d'août », se conserve dans le comté de Cork (cf.
Dinneen, Irish-English Diction., s. u.); Finck et Quiggin
enregistrent le mot comme usité aux îles d'Arran (Jmias, là
lùnds, die Araner Mundart, p. 182) et en Donegal (lùndsnd,
a dialect of Donegal, §§ 50, 132, 234, 237). Ces trois fêtes
sont restées mêlées à la légende de personnages illustres ; elles
sont connues dans l'histoire par des assemblées, des céré-
monies rituelles, localisées en des endroits précis et sur les-
quelles les renseignements ne manquent pas (v. notamment
d'Arbois de Jubainville, les Assemblées publiques de l'Irlande
dans les Séances et travaux de V Académie des Sciences morales et
politiques, nouvelle série, t. XIV, 1880, 2 e semestre, p. 600-
618). Le christianisme ne les a pas abolies; il s'est contenté
d'y adapter ses propres mythes et de les faire entrer dans les
cadres de ses fêtes (v. Czarnowski, Le culte des héros et ses con-
ditions sociales, p. ioé et ss. ; cf. R. Celt., t. XXXVIII, p. 33e).
Au contraire la fête païenne du I er février a été complète-
ment absorbée dans la fête chrétienne de sainte Brigitte, féil
Brigbde, et l'ancien nom en est depuis longtemps sorti de
l'usage. Il se présente sous deux formes, imbolc et oimelc, pour
désigner le début du printemps. Il est évident que imbolc est la
Revue Celtique, XLI. 16
242 ./• Vendryes.
forme ancienne, et que la graphie oimelc ne sert qu'à justifier
une étymologie fantaisiste déjà mentionnée par Cormac
(oimelc .i. ôi-meilg .i. isi aimser andsin tic as câirach « lait de-
brebis, parce que c'est l'époque où le lait vient aux brebis »,
San. Corm. éd. K. Meyer, n° iooo). C'est oimelc que cite
O'Donovan dans le passage de son Introduction au Book of
Rights, où il étudie les noms des saisons (Leabhar na gCeart,
p. lij-liij); d. Joyce, a Social History of Ireland, t. II, p. 388.
Mais on lit imbolc dans plusieurs passages de l'ancienne littéra-
ture : çossin cetâin iar n-imbulc « jusqu'au mercredi après le
1- février» L. L. 76 a48(=T. B. C. 1. 2473, éd. Windisch ;
le ms. Stowe porte ter bfel Brigdé), co tate imbuilg L. L. 82 a
15 (ibid. 1. 3186 ; le ms. Stowe porte coiaitte n-earraigh « jus-
qu'au début du printemps »), co mile n-imbuiïcL. L. 80 a 3 1
(ibid. 1. 2900) et 92 a 49 (ibid. 1. 4593)- De même dans
YAcallamh na Senôrach, 1. 2109 : à Juan faite tsamhna co tait[e]
n-imbuilg « du lundi début de Samain jusqu'au début d'Imbolc»
(cf. co luan taile n-imbuilc Lism. 173 a 2, cité par Wh. Stokes,
Acall. na Sen., p. 291).
Il est bien fâcheux que la tradition ne nous renseigne pas
sur imbolc comme elle fait sur les autres fêtes. Ce n'est pas à
dire toutefois que les informations manquent complètement.
Il en est une au moins qu'on ne doit pas négliger, car elle per-
met d'expliquer le mot lui-même et d'y entrevoir un rite qui
a des analogues ailleurs. Elle se trouve dans le quatrain con-
sacré à imbolc. parmi les « quatrains des fêtes » qu'a édités
K. Meyer (Hibernica Minora, p. 49), d'après les manuscrits
Rawlinson B 512, p. 98 b 2 et Harleian 5280, f° 35 b 2. On
y lit ce qui suit :
fromad cach bid iar n-urd
issed dlegair i n-imbulc
diunnach laime is coissi is cinn
is a m laid sin atberim
« essai de chaque nourriture d'après l'ordre,
voilà ce qui est dû au I er février;
lavement des mains, des pieds, de la tête ;
c'est ainsi que je le déclare ».
Imbolc. 243
Ces quatrains, encombres de centons et de chevilles, con-
tiennent quelques faits précis. Ainsi Le feu de Beltene y est
mentionné ; on y jetait divers échantillons de boisson et de
nourriture. De son coté Cormac rapporte, s. u. belltaine, qu'à
cette fête on faisait deux feux entre lesquels passait le bétail
pour être préservé des maladies (cf. les fêtes romaines des
Pàlilia, le 21 avril, où bêtes et gens sautaient à travers les
flammes, perflammâssaluissepecus, saluisse coîônôs, Ovide Fast.
IV, 805). Les quatrains des fêtes indiquent surtout les « rede-
vances », les « présents consacrés » (ado) qu'imposait chaque
fête. Il est instructif de noter qu'à la fête ftimbolc on faisait
l'épreuve (fromad) dans un ordre rituel (iar n-urd) de tous
les genres d'aliments. Mais ce qui est plus caractéristique
encore de la fête, c'est l'ablution purificatoire. Ce devait en
être le rite essentiel, car la tète en tire visiblement son nom :
imbolc se laisse interpréter en effet comme un composé du
préfixe imb- et du mot foie, d'où le verbe folcaim « je lave »
est tiré. La racine est commune à tout le celtique, puisque le
gallois dit golchi « laver, baigner, nettoyer » et le breton
qwalchi « même sens ». En irlandais, foie (plus tard falc)
signifie aussi « ondée, averse » (Hogan, Cath Ruis na Rig,
index) et « flot » (Merug. Uilix, 1); l'adjectif folcmar, qui en
est tiré, s'applique à des larmes qui inondent : dis dérafolc-
mara. . .cor bo fliiicb blœ 7 brunni dô (L. L. 171 a 19 = Cath
Ruis na Rig, éd. Hogan, § 3), rochâiestar dira folcmarafirtrua-
gha gur bhô fliuch blâi 7 bruinne dhô (Acall. na Sen., 11. 1520
et 195 1), à du sang qui coule (do bebarnatar fitili folcmar à Jair,
L. L. 116 a 23), à des torrents qui se déversent (dognitis mar-
bhuchttairismech donabuinnibh folcmar a, Cath Cath. 3928), etc.
Mais ie verbe folcaim (plus tard falcaini) ne signifie que
«mouiller, laver », depuis le vieil-irlandais (gl. humecto, Sg.
145 a). Avec le temps folcad semble s'être spécialisé au sens
<le « laver le visage », tandis que pour « laver les mains » on
disait tonach ou intimai et pour « baigner le corps », fothracad
(et. îr. Text., III, 241 et 271). Mais la spécialisation est en
tout cas d'origine secondaire ; le sens ancien du mot se rap-
porte au lavage en général.
Or, c'est un fait bien connu qu'à Rome février était le mois
244 /• Vendryes.
des purifications. Le nom même qu'il a reçu, d'origine dia-
lectale, suivant Vairon (L. L. VI, 13 ; cf. Ernout, Êtiui. dial.
162), en porterait témoignage : februa Rômâni dixère piâmina
patres (Ovide, Fast. II, 19), et le verbe fébruâre équivaut à
lustrâre (Paul. Fest. p. 60 Th.). La cérémonie purificatoire
s'est fixée dans la fête des Lupercales à la date du 15 février
(Pauly-Wissowa, t. VI, 2, col. 2096 et Warde Fowler,
Roman Festivals, p. 298). Ce jour était le « diës februâtus » le
■/.aOap;xb; to>v •/.<.>;.>. y;t(ov r.x-picq (Dion. Hal., Antiqn. \, 80) ;
htm februâbâtur populus, dit Varron L. L. VI, 34. Cette puri-
fication, qui apparaît dès les premiers âges de Rome, a été
compliquée de rites variés qui ne lui étaient sans doute pas
essentiels (voir Ovide, Joe. cit. ; Plut. Rom. 21 et Nain. 19);
elle a pris un nom nouveau sur le sol italique et la date s'en
est peut-être déplacée quelque peu. Mais elle remonte certai-
nement à une tradition italo-celtique ; le nom à'imbolc en irlan-
dais suffit à le prouver.
Quant au préfixe imb- qui précède le mot foie dans la com-
position de ce nom, il pourrait y avoir sa valeur concrète, qui
du sens de « autour » a passé parfois à celui de « complète-
ment, tout à fait » ; mais une explication plus précise est
permise. Le préfixe imb- s'est particulièrement développé dans
les langues celtiques pour exprimer la réciprocité. Or l'idée
d'un « concours », d'une « émulation » conviendrait assez
bien au nom de la fête printanière qui semble avoir eu de
toute antiquité un caractère agonistique (v. Dumézil, le Fes-
tin d'immortalité, p. 275 et ss.). On pourrait traduire imbolc
par « purification rivale ou concurrente ».
J. Vendryes.
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire. — I. George Calder, A Gaelic Grammar. — II. Malcolm
Mac Farlaxe, The Femaig Manuscript. — III. G. Le Roux, Le Roman
de Pérédur. — IV. G. Saixt-Mleux, Glossaire du parler malouin. —
V. Tanguy Malemaxche, Gurvan ar marc'hek estranjour. — VI. Sketla
Segobrani, gant X'. — VII. The Lindisfarne Gospels. — VIII.
R. Mortox Naxce, Celtic Words in Cornish Dialect ; A glossary of
Celtic Words in Cornish Dialect ; John Davey of Boswednack and his
Cornish Rhyme.
I
George Calder, B.D., D. Litt., Lecturer in Celtic, University
of Glasgow. A Gaelic Grammar, containing the Parts of Speech
and the General Principles of Pbonology and Etymology with a
Chapter on Proper and Place Naines. Glasgow. Alex. Mac Laren
and Sons. [1923]. Pp. xrv+352. 7 sh. 6.
Grammarians of Scottish Gaelic, from Stewart downwards,
hâve simplified their task by dealing with the artificial literary
dialect used in the translation of the Bible and (in a somewhat
modified form) by such writers as Norman Macleod. Successive
éditions of the Gaelic Bible show a graduai adaptation of the lan-
guage of the Dublin N.T. of 1602 to Scottish usage ; first, pecu-
liarly lrish words and forms are glossed in the margin and, later,
the glosses, one bv one, are admitted into the text. But the process
has not been completed, and the language of the Bible remains
something which isneither lrish norgenuine Scottish Gaelic. Even
the uneducated peasant is conscious of a différence between the
language he uses on week-days and the language he hears from
the pulpit on Sunday ; the latter, unfortunately, is that which he
uses in conversation with strangers who are clearly not native
speakers of Gaelic. The student of Gaelic who conducts his
: (.6 Bibliographie.
investigations on the spot must bear always in minci that though
thc first answer to, let us say, a question intended to elicit the
gen. Sg. of sùil, will almost invariably give sida or sûlach, the
witness will readily admit, if pressed, that he normally uses the
form sùil. The highly artificial language of the Bible and other
devotional Works does not fairly represent any language ever
spoken in Scotland, and its influence on the normal language of
conversation is comparativelv small ; the grammarian, however,
must watch for it. In prose literature, on the other hand, par-
ticularly in the récent attempts at fiction, conscious archaism,
or pseudo-archaism, is commun. The attitude of one school of
Gaelic writers towards this tendency mav be judged from the
lact that they annotate their own texts.
There are two varieties, then, of Scottish Gaelic, a literary
dialect based on the literary dialect of Ireland and more or less
modified by accommodation to the spoken language; and the spoken
language, modified slightly by the written language, which varies
locally, to a considérable extent in matters of phonology, to a
much less extent in morphology, and not at ail in syntax. A
Grammar of Scottish Gaelic must deal in the first place with the
latter ; the former is, strictly speaking, not a language at ail.
Dr. Calder's work is open to the gênerai criticism that it deals
mainly with the literary language. The usefulness of the vast mass
of illustrative quotations he gives is seriouslv diminished by the
fact that the reader, unless he is a native speaker, is unable to say
whether a usage illustrated from e. g. the Metrical Psalms is
current in modem Scottish Gaelic, or obsolète, or was always
foreign to Scottish, as distinguished from Irish, Gaelic. Occasion-
ally Dr. Calder, relying on the translation of the Bible, crédits
Scottish Gaelic with usages which are neither Scottish nor Irish.
The strangest example of this sort of thing is mu'n robh Abraham
ann, tha mise, p. 225, quoted as an example of thâ used alone to
express existence. In modem Gaelic, at any rate, tha is never used
in such a sensé except in answer to a question : ' Does such a
place exist ? ' ' Yes ', A bheil a leitheid a dh'âit ami ? Tha. But
apart from the use made of it hère, the sentence, a literal trans-
lation of an absurd English translation of a Semitic idiom, is not
Gaelic of any kind. It is unfortunate that Dr. Calder did not make
more use of the simple and authentic Gaelic of the eighteenth
century poets or of the excellent translation of the Arabian Nights
(Inverness, 1906), and similar Works.
It seems open to question whether the author should hâve
Bibliographie. 247
attempted to weigh down a Grammâr of one Gaelic dialect with
so much matter of purelv comparative interest. For one class of
readers the chapter on Verbal stems compounded with Prépositions
will be superfluous, and to the other it will not be very illumi-
, nating without a detailed commentary. One feels that a student
who is not prepared to become a comparative philologist is not
likely to be interested in the antics of a stem ben-, and would be
more profitably employed in studying, for example, the construc-
tion of the Copula. For the same reason, etymologies involving
comparison with such languages as Greek and Sanskrit are entirely
out of place in a work of this kind, even when they are sound.
Some of Dr. Calder's etymologies are more than doubtful e. g.
mûr ' a countless number ' : smiirach ' dust ', tuar ' food ' :
Eng. store, miog ' smile ' : gk. (<7)a='.oxco, § 34 ; Éiriu ' Ireland ' :
gk. n.ép'.oç (sic), § 49 ; e, se ' he ' : gk. ec'ç, aaa, § 121 ; leug ' a
precious stone ' : gk. Àsrx;, lat. lapis ; easga - moon ' •< *eid-
skijo- lat. idûs § 125 ; grain ' abhorrence ' : gk. yopY ^ ar, d rnanv
others.
Some points of détail which call for comment follow : § 1. It
would save explanation to add to the list of letters in the Gaelic
alphabet the digraphs /.'/;, ch, dh, gh, mb, ph, sb, th. The author's
remarks on the letter /; seem to suggest confusion between
" letter " and " sound ".
§ 2. The classification of the vowel sounds is faulty and inadé-
quate. There is nothing to show that there are, for example, high-
middle vowels which cannot be called either ' front ' or ' back '
vowels. In the diagram of consonants, it should hâve been pointed
out that d and g do not, except when in eclipsis or preceded by
a nasal, indicate voiced sounds. Dh indicates a guttural, not a
dental, spirant; //; is not a dental spirant, and aspirated m (== z 1 )
is not a liquid.
§ 4, II, 2. Do before the verbal noun is always a (3). The prépo-
sitions de and do are not generally distinguished.
§ 6, 1. Fear <^ *viros not *veros. The regular voc. pi. is a
fberaibh [a eru]. The for m fheara is purely artificial and cannot
represent the old ace. pi. fini.
§ 6, 2. In sida the a of the gen. sg. does not ' infect ' a
previous slender vowel. The stem vowel is /?.
§ 7, I, 2. Co ' who ' has a short vowel.
§7, II. The use of the term ' accent' for ' mark of length
is misleading. In Se. Gaelic only an accented vowel can be long
and therefore the mark of length often coincides with the word
248 Bibliographie.
stress. On the other hand, as the mark of length, when used at
ail, marks etymological length, it is often written over vowels
which, owing to the influence ol the sentence stress, are unaccent-
ed and short.
§ 7, II, 3. The terminations -ag, -an are never stressed.
§ 7, [V. In cpds. of this kind the accent is regularly on the
second élément. The quantity of the vowel of the first élément
could hâve no influence on the position of the accent.
§8, 1. Fh is not an aspirate (i. e. spirant). In fbathast, fbuair,
fhéin it = /;, elsewhere, null.
. Cha(n) does not éclipse /. In some dialects it lenates /, cha thill ;
elsewhere / remains unchanged after cha except in the verbs
iabhair, tug, teid, tig which are treated after cha, 11a, nach, mur and
other non-eclipsing conjunctions as if they began with d. After
eclipsing particles the treatment of the initial / in thèse words is
quite différent.
Nie in patronymics, corresponding to mac, seems to be simply
ni with -c borrowed from mac.
§9,1. Ccirtlc : ceirsk, curta : Eng. curst are to be explained by
the development of an s- sound in the group ri.
§ 10. There is no reduplication in motha, comparative of môr.
The //; is an orthographie device to show that the word is disylla-
bic = O. Ir. 11100, 11100.
§ 12. The section on Eclipsis is unsatisfactory. The extraordinary
statement that we hâve ' nasalisation ' in ' is tu = is du ', gur tu
and dh'fbaodadh tu isdifficult to account for. The personal pronoun
of the 2 sg. has the form /// (i. e. [tu], not [t c u] and therefore
liable to be written ' phonetically ' du) regularly after the forms
of the copula and relative verbal forms in -s. The sound [t] is one
that cannot be due to nasalisation. The case of dh, fhaodadh tu is
différent. ^ After finite verbal forms ending in -dh, the initial con-
sonant of the normal nom. sg. of the pronoun, thu, combines
with the preceding spirant to make [t], a sound which is regularlv
written d. The spelling tu is due to the mistaken idea that the old
nominative is preserved hère.
^ 17. The section on Dcuasalisation is somewhat confusing. Dr.
Calder includes under the same heading 1) instances of the alleged
loss of a nasal in prehistoric times (e. g. cothroni), 2) cases of
consonant accomodation in early Irish (e. g. blas <C mlas), 3) cases
of modem eclipsis (e. g. a(n)duine where the disappearance of the
-n of the article is regular and in no sensé ' denasalisation '), with
cases where medial // disappears before a consonant or a conso-
Bibliographie. 249
riant group (c. g. ainisa, caindleari). There, too, there is no denasali-
sation for the vowcl is strongly nasalised. Rù Rà in the phrase Rù
rà R'ulire is explained as rùn rân ' very splendid secret ', but is
simply the very common (Ponomatopoetic) phrase meaning
" hurly-burly ", " confusion ". There has been no loss of a final
nasal.
§ 19. The explanation of ' aspiration ' is inadéquate. The fact
that a word now ends in a vowcl is immaterial, in so far as its
power to produce ' aspiration ' is in question.
§ 20. Side by side with the démonstrative particles seo (so), sin,
are forms with initial h : sbeo, shin.
§ 20, 5, (3). M is regularly lenated after gun : gun mheas etc.
§ 23, 2, (1). The personal pronoun of the 2 sg. has the form tu
when it follows verbal forms ending in -s, and also after ail forms
of the copula.
§ 32, 2. Ft'inn, leum are not examples of depalatalisation. Like
ceum, beum they are misspellings for céim etc., modelled on sgeul,
beul. The latter in the Northern dialects hâve the diphthong ta,
ceum, beum hâve the vowel ê. The misspelling is explained by the
fact that the distinction between ' broad ' and ' slender ' quality
in final labials has been lost.
The section on depalatalisation fails to distinguish between early
examples like snechte >> sneachta (which should not be referred to
in a Grammar of Se. Gaelic) and cases like louach, O. Ir. loing-
tbecb where the apparent change in the quality of the consonant
is due simply to orthographie convention.
§ 34. Sleuchd : It is unnecessary to appeal to plecto, for short
accented Latin vowels are else where lengthened, cf. leugh ' read '
< lègo.
§ 36 ff. The discussion of the vowel sounds is unsatisfactory.
Thus, i in min which Dr. Calder describes as ' open ' is what
phoneticians call ' close ' (' tense ') ; i in tigh (better teigb).
which Dr. Calder calls ' close ', is -a diphthong varying from ri
to oi ; i before //, nn is, in most dialects, identical with /' in min ;
in others it is diphthongised e. g. t/ai:L' (Lewis) = till.
§ 42. The section dealing with the diphthongs requires thorough
revision. A distinction should be made between 1) long diphthongs
(which again fall into two classes according to the position of the
long élément) and short diphthongs ; 2) old diphthongs like grian
and those of récent and dialectal origin like feu r : par. The state-
ment, too, that a diphthong is "a vowel group caused by infect-
ion or by the loss of a consonant " is entirely misleading. The
250 Bibliographie.
commonest of ail Gaelic diphthongs, ia, ua, arc due to neither
cuise ; and the loss of a consonant, in itself, does not, as a rule,
give lise to a diphthong. h is also inaccurate to say that " of the
two vowels forming a diphthong onc is sonantal, the other con-
sonantal. In the diphthongs in fua.r, grian, fiar there is no conso-
nantal élément whatever; and on the other hand, the vowel sound
in deoch [t/bx] is not a diphthong at ail. The distinction of ' rising '
and k falling ' diphthongs is applicable only in the case of those
due to ' infection ', and then only under spécial conditions.
Buidbeag is pui:ak or pwi:ak, but in buidhe the disyllabic character
of the vowel sounds is so marked that the terni diphthong is out
of place.
Throughout this section and the following one on triphthongs
there is constant and inextricable confusion due to the use of the
tenus ' diphthong ', ' triphthong ' in référence at one time to
sounds, at another to symbols.
§ 76. The treatment of the flection of Substantive and Adjective
is based on the traditional written language and gives a very ina-
déquate idea of the for m of modem Gaelic. The classification of
substantives as 0, â, i, 11 stems and the like is of doubtful usefulness
for a language that makes the g. sg. of uair, suit, cathair (chair)
uaraçh, sûîach, cathrach, and the n. pi. of teine, teineachan. The old
g. sg. and n. pi. of the stems bave been very generally retained
and hâve been assumed bv a number of substantives which origin-
ally belonged to other classes ; and some conservative dialects
préserve to a limited extent g. sg. and d. sg. endings of other
stems, but even they sometimes use the n. sg. beau for ail cases
of the sg. (a usage which is over two hundred years old). Other-
wise, it is strictly accurate to say that over the greater part of the
Gaelic speaking area, substantives bave only two forms, one for
the singular and one for the plural.
§ 100. The classification of cpd. substantives into ' perfect *
and ' imperfect ' cpds. is based on a simple distinction. In a
perfect cpd. the first component bears the word accent and is
invariable in form, the secoud bas its initial consonant lenated.
Any fiexional changes affect only the second component. In an
imperfect compound the chief accent falls on the second élément
the initial consonant of which is lenated in those cases where
lenation is syntactically regular (e. g. in the n. sg. where the first
élément is a fem. substantive). Fiexional changes affect the first
élément only (when the second is a genitive, e. g. cearc-fhraoicb)
or may affect both (as in coileach-dubh). As a Gaelic word begins
Bibliographie. 2 5 1
with the accent, it follows that a perfect cpd. is a single word
while an imperfect cpd. is a phrase. In the case of the latter a
hyphen is used to connect the two coraponents simply to indicate
that e. g. in coilea'ch-dubh the accent on dubh is, relatively to that
on coileach, stronger than in coileach dubh. The classification is
based on the form of the cpd., not on the meaning, though it is
mie that in perfect cpds. the first élément, in imperfect cpds. the
second élément, is the defining one.Whether the defining élément
is a substantive or an adjective is a matter of indifférence. Dr.
Calder's classification is a différent one. For him trocair(è), sam-
huinn are perfect cpds., while gorm-pbreas, glas-bheinn, ban-righ
(which are accented on the first élément and hâve the initial con-
sonant of the second lenated) and anart-bais, gobhlan-dubh (which
are accented on the second élément the initial consonant of which
remains unlenated) are alike imperfect compounds. Is it possible
that Dr. Calder's classification is based on the présence or absence
of a hyphen ?
§ 114, 5 and 6. The use pf the n. sg. of the verbal noun in the
passages quoted is not due to the présence of a possessive pronoun
(which in 6(1) is impossible) but to the very gênerai practice of
not declining the verbal noun at ail.
§ né. The relative particle a has several origins and occurs long
before the date of the Red Book of Clanranald (the évidence of
which, as a document written in Irish, is not pertinent). The form
a dh is used only with verbal forms beginning with a vowel.
§ 118. Co air bith, ciod air bith are Interrogative, not Indefinite,.
Pronouns.
§ 144, 1. There is no reason whatever for supposing that the
interrogative particle an has been ' fused with -ne '. In na chaidil
thu there is, of course, no interrogative particle ; n is the relative
particle.
3. In cha ghille. . . it should hâve been pointed out that cha is
the négative of the copula.
4. The examples of ;//', nior are due to Irish influence. Both par-
ticles are entirely foreign to Se. Gaelic.
§ 155, 1. It seems to be implied that the noun subject of the
relative form of a verb may précède it. That is not so.
The phrases in the paradigm mi a bhuaileas etc., are incomplète ;
a form of the copula must précède.
In gur mi dheanadh salas the 31'd. person is apparently regardée!
as an exceptional substitute for the ist. dheininn. The latter of
course can never be used in such a construction.
252 Bibliographie.
§ 157. The author appearsto veg&râchunncas, fucus, citalas, fuaras
as the relative forms correspondu^ to chîinncadh, cualadh etc. This
is an astonishing blunder. In the above verbs the -adh pass. prete-
rites arc scarcely ever heard. The -s forms seem to be occasionally
misunderstood and uséd as in an active sensé as if they were -s
preterites.
§ 158, 3. As examples of urrainn, a noun used as a verb, arc
given : mas urrainn Ihu ' if you can ', mas urrainn tuilleadh a bhi
ann ' if there can be any more ' ; but in both cases urrainn is a
substantive and predicate to the copula mas. The ' passive ' forms
quoted by Dr. Calder, cha b'urrainnear doubtless began with cha n-
urrainn mi, ihu etc. where the copula is not obvious. Hère followed
the proportion cha n-urrain mi : cha n-urrainnear : : cha Vurrainn
mi : cha b'urrainnear.
§ 167, 1. The author seems to confuse ' habituai ' with ' pro-
gressive ' action. Sgeid a Faite uuair a thigeadh means not ' a
pleasant taie when il was coming ' but ' a taie that gave pleasure
whenever it came '. The periphrastie tense used to express pro-
gressive action (bha c a tighinn = ' be was coming ') cannot be
substituted for the ipf. (thigeadh e — he used to corne).
§ 168. The past (not ipf.) subjunctive and the past fut. (condi-
tional) are always formally identical with the ipf. ind. There is
therefore no possibility of one tense being confused with the other
by the speaker though he is, of course, aware that bhuaileadh e
can mean, 1) ' he used to strike ', 2) ' (if) he should strike', or
3) ' he would strike '. The problem of choosing, in a given case,
ths appropriate form does not arise (unless a speaker wishes to
express his ideas in Early Irish).
§ 177. The substantive verb cannot be used without the adverb
ann to express existence. The treatment of tha, and above ail that
of the copula (§ 180 ff.), could be very much improved on.
J. Fraser.
II
Malcolm Mac Farlane. The Fernaig Manuscript. A Handfuî of
Lays wntten by Duncan MacRae, 1688... Revealed hère
according to Duncan's own spelling and the standard spelling of
the présent day. Dundee : Malcolm C. MacLeod. 1923, XIV -+-
345. 30 sh.
The Fernaig Ms. is a collection of fifty nine poems transcribed
Bibliographie. 253
between the years 1688 and 1693 by Duncan Macrae, a native of
Kintail. It is probably the dullest collection of verse ever made.
From a purely literary point of view it has no value whatever, but
it has some historical, and a great deal of linguistic, interest. The
poems included in it, with the exception oi two stanzas on "the
situation of Inverness", belong to two classes. In the fïrst place
there are poems of a didactic or méditative character and a few
élégies. Some of thèse are the work of Macrae himself, others are
by elder contemporaries such as Fear na Pairce, while still others,
like O'Heoghusa's Crosanacht and the pièces attributed to Carswell,
belong to a much earlier date. Apart from the élégies, thèse poems.
are tedious variations on such thèmes as the shortness of human
life, the certainly of death,the Day of Judgment. In exécution and
in matter they are neither inferior nor superior to other poems or
the kind which hâve been curiously popular in the Highlands of
Scotland for some two or three centuries. The r-emaining poems
in the Ms., ail of them, apparently, by Macrae himself, deal with
the political and ecclesiastical situation atthe time. They express in
violent language the writer's detestation of the Révolution and of
Presbyterianism, and his hope of the conversion of his fellow-
country men to saner views on both politics and religion. They
can be described not unfairly as a rather superior kind of doggerel.
By a lucky chance Macrae used in his transcription a phonetic
notation, apparently of his own invention. This notation is rough
and inadéquate but we learn from it much that the employment
of the traditional Irish orthography would hâve concealed. The
language of the poems varies with the subject (as well, of course,
as with the date). Macrae's own political pièces are composed in
the conversational language of his own day and dialect ; and the
phonetic notation shows clearly that the sounds and forms used by
Macrae were roughly identical with those ot the Northern dialects
of the présent day. He occasionally retains a form from the lite-
rary dialect, and for the plural of other than stems he often uses
the older forms without final -// ; but otherwise his language is
that of the twentieth centurv. The poems on the more serious
subjects, on the other hand, are in a more archaic form of the lan-
guage. Disregarding O'Heoghusa Crosanacht and, possiblv, the
. poems attributed to Carswell, we can say that the non-political
poems are composed in a mixture of the Scottish vernacular and
the literary dialect. The professionallv trained literary class had
disappeared in Scotland by Macrae's time. The MacYurich's who
continued into the eighteenth century to use the literary language
i).\ Bibliographie.
in both prose and verse, are an isolated exception ; ami it is clear
thaï Macrae andthe authors of most of the pièces in his collection
were, in a technical sensé and in varying degrees, illiterate. They
had some acquaintance with the literary dialect, but the occurrence
of such forms as bhaim IV, 10 ' I hâve been', tâmar V, 5,
'we are', bhiomar, \'III, 4, 'we shall be', shows that it had
become practically a foreign language to them.
As with the language so with the mètres. The political poems
and two or three others are in the ' free' accentuai mètres ; in
the rest the old syllabic mètres are employed, again in varying
degrees of correetness. Of the poems by Scottish writers a number
{e. g. III, XX, XXVIII, XXXII) may possibly owe their metrical
irregularities to the transcriber. The majority of them, however,
were certainly composed in a highly modified form of the syllabic
mètres. Particles, conjunctions and enclitics need hâve no metrical
value ; final vowels can be disregarded and medial vowels separat-
ed by the spirants Ih, bh, gh, mh can count as one. Thus croidbe,
guidhe, saoghal may be either monosyllabic or disyllabic. Allitéra-
tion and consonance are neglected, while internai vowel rhyme
becomes more fréquent. The accent makes its influence felt and,
often, as in VIII, the mètre can scarcely be described as syllabic at
ail. For the interprétation of Macrae's phonetic transcript the metri-
cal structure of the verse is not always an infallible guide. The
présence of e. g. an excessive, or apparently excessive, syllabic is
not sufficient évidence that a verse is corrupt, unless the gênerai
character of the poem shows that the anthor knew and observed
the rules.
The text of the Fernaig Ms., with translitération of a few verses
bythe late Professor Mackinnon, was first published in Cameron's
Reîiquiae Ceîticae, II, iff. (Inverness, 1894). Since then translitéra-
tions of a number of poems hâve been published by Professor
Watson (in Bardachd Ghaidhlig and elsewhere), by Professor Mac-
Neill and Mr. Joseph Lloyd(G./. No. 144), and by the the présent
editor. A copy of the original of I froma Brussels Ms. was publish-
ed by Stern (ZCP, II, 583 ff.) with an analysis of Macrae's repré-
sentation of the vowels and some useful remarks on the language
of the collection. Mr. Macfarlane now présents us with a new
édition of the text, a complète translitération into modem Gaelic
orthography, notes on the text and on the language, and reprints of
several poems bearing on the text. There are also photographie
reproductions of several pages of the Ms. and of portraits ofpersons
referred to in the poems.
Bibliographie. 255
Mr. Macfarlane's text lias been carefully prepared and is an
immense improvement on that of the Rel. Celt. The latter liter-
rally swarms with errors, many of them trifling but, nevertheless,
inexcusable, for the Ms. is, almost throughout, perfectly legible.
The following déviations from the ms. in Mr. Macfarlane's édition
should be noted : P. 32, 1. 18 leuimb ms. leoumb ; 40, 2 from foot,
ms. debe ir ; 46, "5 ms. ewbir ; 48, 18 ms. ghasa (with a tail to the
a) = dhâ-sa with the usual -sa for -san ; 56, 7 qurijn ; 76, 19 ms.
kohijn ; 86, 10 ms. vrïhi ; 90, 5 from foot, ucjst; 110, 1 lessighe corr.
ex meidich (which seemsthebetter reading) ; 132, 1 mi is not repeat-
ed ; 132, 4 ms. %hyn (with a tail to ;/) ; 136, 12 saïchir ; 144, 7 ms.
fou (not 0011) ; 148, 14 ms. ? feihims ; 164, 13 ms. vreigigh; 208,
23 ms. dar; 214, 2 ms. uard ; 218, 15 ms. lughk. Students of
Scottish Gaelic hâve now an édition of a linguistically interesting
collection of texts on which they can rely with confidence.
There are no lacunae in Mr. Macfarlane's translitération, and no
indications in the text, and verv few in the notes, that he is
conscious of any difficulties. As is suggested on the title-page, we
are presented with a révélation. The révélation is, however, not
always convincing. It does not require very long study ot Macrae's
text to see that, while the sensé of most of it is almost immediately
plain, difficulties are numerous. It is sometimes uncertain how we
are to transliterate because, as frequently in the political poems,
we do not know exactly what Macrae's wishes to sav. At other
times we mav suspect that there has been a lapsus calanii. From
one cause or another, there are hundreds of passages in the ms.
where a cautions transliterator would hesitate, and a very large
number where nothing but pure conjecture is possible. Given the
unsatisfactory character of Macrae's notation, this is only natural.
There are three tests which can be applied to any particular trans-
litération : 1) Does it explain Macrae's text ? 2) Is it metrically
admissible ? 3) Does it make sensé ? The first two tests are not
conclusive for Macrae's notation is full of inconsistencies ; and his
originals were not always careful about the mètre. But the third
text is conclusive to this extent that a translitération which does
not make sensé cannot be correct. Mr. Macfarlane has succeeded
in making his translitération complète by failing to apply this
test ; and much of his translitération is unintelligible or absurd.
Three examples of his method will suffice. Macrae's transcript
of O'Heoghusa's Crosauacbt was made from a text practicallv
identical with the Brussels copy. Hère Mr. Macfarlane's task was
easy ; ail he had to do was to reprint the Brussels text with one
2)6 Bibliographie.
or two modifications. Instead, he neglects it altogether and
produces (with the help of O'Reilly) a translitération which in
every stanza outrages either rhyme or reason, and very often both.
His treatment of stanzas 11 and 12 is typical. Apart from the
slip chrain for chairn, Macrae's reproduces his original (as repre-
sented by the Brussels copy) accurately enough. Mr. Macfarlane's
translitération lias next to nothing in common with the original,
andisnot intelligible.
He has, similarly, in his translitération of Macrae's version of
Breisleach Dhonnchaidh Mhôirp. 76ff.,nci;lected to make use of the
copy in conventional spelling (which he prints in an appendix)
with disastrous results. The translitération in stanzas I and 2 of
nir (= (i)nar ' in which there was') by thenonsensical nior shows
that Mr. Macfarlane' completely misunderstood his text.
In no. XVI the writer méditâtes on the inexhaustible resources
of nature which God has placed at man's disposai ; the more they
are used the greater is the supply. Stanza 6 reads :
Leir mis er fallu i vois
Bcbigh kehir choissigh er toor
Sloinnor no choor i vaut
Ga \humih laiph herr i lij
The translitération is :
Is léir dhuibh-s' air talamh a bhos
Beathaich ceithir-chosach air tir ;
'S lionmhor na caoraich a mhàin
Gidh iomadb làmh a th'air an ti.
Which we are, presumably, expected, to translate : " You can
see hère on earth four-footed animais on land ; sheep alone are
numerous though pursued by many ahand". This is too fatuous
even for a writer of Macrae's calibre. What Macrae meant to say
(and what he did Write) is :
An léir dhuïbh-se air talamh abhos
beathach çeitheàr-chossach air tir
as lionmhoire na a' chaora bhân
gidh iomadh làmh a tl.ni air ati}
i. e. 'Do you know on earth any land quadruped that exists in
larger numbers than the white-coated sheep, in spite of fréquent
slaucrhter?'. There is little inspiration in the verses but they are
intelligible and to the point, such as it is.
Bibliographie. 257
Apart from actual blunders, tbere arc many peculiariries of Mr.
Macfarlane's translitération which, at least, irritate the reader.
Particles and conjunctions which hâve no warrant in Macrae's text,
and sometimes destroy the sensé of the passage, are constantly
introduced ; the -n plural is used where Macrae préserves the
older forms ; -ta, -te of the passive participle replace Macrae's
-tha, and the barbarous -teadh (for -te) appears regularly in the
3 sg. pass. of the Ipf-.Cond. The use throughout of modem Se.
Gaelic is a mistake, and would, in itself, make an adéquate trans-
litération of nuich of Macrae's text ditîicultor impossible. The best
that can be said of Mr Macfarlane's translitération is that it is a
paraphrase, often a misleading paraphrase, of his original.
The following suggestions, many ot them purelv tentative, do
not, naturallv, profess to solve ail the difficulties which Macrae's
text still présents.
I 1 ff. Kea is used throughout the Ms. to represent ca, caidhe
' where ' (as well as ce ' who '). 14 ? di lijs corresponding to
fan ttaob of the Brussels copy represents do shlios.
III seems to hâve be'en, metrically, fairly régulai:, but Macrae's
textdoes not make certain restoration possible. Read 13 daille ch.;
i 4 san ursainn ; 22 bi, a ch. ; 24 a th. doit ni dleaghar; 34 moitié ai
/// im.'s tir ih'eis. ; 45 chionn; 44 thimchioll; ~i radharc ///;/; 72 pian
na h-aiinina ; 74 orl-sa.
V 2 4 a ndôigh nach tuig, of believing without understanding.
IX i 2 orom\ 72 chôirich ; 8 r bhréig; 91 a stigh, ' the body in
which I dwell' ; 1 1 1 riar 11a colna as the conlext demands ; 121 a
Shlanuighear (in spite of the editor's curious note); 15e mhcal-
laidh (Macrae as a rule distinguishes the nom. sg. -ig from the g.
sg. -/).
X 13 ? a Choimdhe ; 2 5 Dhùilimh ; 'nad fhiabhruis ; 31 bhaoithe;
8 2 dhealbhaidh ; i2 2 ? teangadh; 131 brèige; 133 le ffhuil chiataigh ;
15-, Iriitr.
XI ii Choimhdheadh ; 41 caidhe (J ce) nafilidhe finirais (!) ; 32
Full stop after colas : " great was the miracle but little their
understanding of it "; 44 tnhaitheas ; 81 nimbe is talmhan.
XII. 2 4 bunaidh; 31 ? gidh crôdha sibh-se ag iionol toice ; 51 dViar-
radh ; 53 del. semi-colon. The sensé is : " Those who choose
humanity etc. for wealth will win Heaven in return for their
liberality ". 73 ? buar bréige " illusorv wealth " ; 101 ni an dithis ;
104 rogha.
XIII 1 2 }snillse ; 1 5 mheallaidh ; 2, duine : 4 -, a maigh ; 5 3 mura Jall
1 unless we be blind ' ; jzfoill.
Rente Celtique, XLI. 1-
25S Bibliographie.
XV [3 dtiseadh', }] ? mû />/' mar ràidheasdo mhéin ;6j modhmhar;
83 uireasbhuidh ; >> t biodh; 134 «a oè i ; 13.) a fooic/j mheanmnaich.
XVII 7| foghaniach anns gach cas mo ri.
XIX 21 nimbe na neul; 32 smaoin ; 43 rfo /)/V.
XXI 295 leilhe-sa, lk by her " ; 294 ? têaruinn thall uaidhe; 382
the fonn athrach should be retained.
XXVIII i 5 ;//' bhuil ; 2, <y/cv. So in 2 5 , 32 the disyllabic forms
arc necessary ; 31 ? an ôbhainn, ' like dew before a furnace '; 52
cuirm; 63 ? gadtilleadh; 74 } dona aw uaigh g. I.
XXIX 1 , gach dûn ; 21 </// fhôireann anns g. c.\ 23 ? /7/r/></ craww
with // ///' aaw in the next line ; 35 «ar côrunn, a Ri; 74 ? na
11 iras.
XXX 1 2 ? tuillse(<i tuisle); 23 cuftba ; 42 ?c#on MtoTv.
XXXII ii an ghliocais; 13 m'aighear-sa; 2 2 flatha; 43 tnùth; 54
/V /;/7/c// ; 63 âilgbeas ; 64 fâgar; 82 f'Agar. ; a leigfear.
XXXI Y iyôrdha; 21 slôigh, toidheachd, mhaigh; 31 ôrdha; 42 ? «a
tv>/;/a ahsiud; 73 an /7>/V ; 121 ? aithrighe 11. h-o. bu deas; 124 a
b'éibhinn.
XXXY Mr. Macfarlane would hâve profited by considering Pro-
fessor Watson's version Deô Gréine, Julv 192 1 p. 152 1.
XXXIX 24 /('/V ; 33 «rg ; 6 4 an l-ôr; 102 del. semicolon; 103
cumha; i2 4 y/ai ; 161 osnadh; 202 tuigse.
XL 13 dearbhtha; z^glasta; 44 »//V .ï/;/7Z>; jigeF; ~ A fuintt; 84
/</>;> ; 154 (7 /■/ wa righean, an chreach.
XLII I2 mheadhair bhrèige (? bhreugaich) ; 13 del. an ; i 4 ? 5^0/
falamh ; 22 talmhan ; 33 buan; 4.2 gidh ionmhuin; 43 subhachas;
5 4 or />// (A;// an dioghaili ; 6 2 sluaghraidheachd ; 64 ? baoithe dhe'n.
XLIV 2 r nain ; 2 4 aic(e), 31 g'amharc; 32 aighear; 35 glacmaid;
42 ///( ; ; 5 4 ? titnbheart.
XLY 28 cib/ar adhaoin(e) (' no men remained on earth who...') ;
2-jbuain-; \xxf,aïha\ 512 gâireadh; 63 <y < ; ; 79 an gheugrioghdha ;
Sufoide altruim ; 91 ? wa« féithe chîéibh; 112 dealbhaiche; iiioguu
luachair son ffheidhm.
XLIX 91 mura dall ; 112 ? (>tf7>ar /V////z ; 142 leanfar; na môir-r.
L. 16 -«'//</ ; 22 .<;////<■ ; 26dith fir ; 27 dairiribh ; 2s g%^ ghoimh ; 42
dhealbhaigh ; 69 /a <//.><>; 911 thosach ; 912 teannta ; iô 4 ?gztf7> leamh\
11- dhèidh-sn ; 119 //W liom-sa; 126 ? ^nâ/è ; 133 /«/V ' support' ;
136 choidhche g'a luadh; 157-a feucoir; 202 a charrachd-sa ; 204
chleamhnais.
LI 23 ///r " stern " ; 31 anî beachdaidh ; 32 a7.>a'// d'éirich tni-âgh;
34 ?e /'' : 3; ath-sgeuî ; 43 ? »/' an fhirinn an ceangal, ge strith gach
ni mealladh, théid a fhalachfo smâl;4j gumVa(n) ; 55 an ceart-chlâr ;
Biblioo raphie . 259
5 7 ? eislean ci. 93 ; 62 muir (masc. in n. sg.); 95 " chothrotn; 101
deamnba; 103 malîuighthe (? mealltach); 106 snoigbe; lot chnuimhe\
ios deô-ghaoithe ; ?? war <W.w/ a« bbâidbtÇe) ' like the crv of the
drowned '; 11 1 a sior-bhuaidh ; i-\- an triùr.
LU 10- b'èiric e(do)Ch. ; 147 ? <//'/'/> ; 193 ///' </ dhearbh ; 204 a/n-
r/W.» ; 21s cràbhaidh.
LUI I, <•?// naidheachd; \, h',: bbratach; >; } geb Sbim ' Simon'
(with a play on //.>/'/// ' soft ').
LIV 37 bbinn; 67 ? leg. bâirligeadh ' lesson, warning ' cf. XXIV,
11 5 ; 8j « £)/;<•', rfo rlanaich oirnn marfhiachan umhla thriath ; 83 <>//<>r
dhionghmhali ann an fiamban ; 91 <v <•' ; g 3 ///</.<■ / < ; ; 125' c&# /<"'// ;
144 ? dachaidhean ' homes '; 205 } dh'èignicheadh ; 223 ghniomhra;
2 3 ; bhith'm ch .
LV t,s r/;;/;V /. </>// <-/.><>/// a chiùrr mi ; 21 chualar ; 2 ; rf'aw ; ,| r
ionndran; $i s ge ; 61 leig an ; 6s ? /// taire; ii www aithfighe ; 7 3 ?
éitheach ; 84 </;/ /7>/V f&i'r ; 101 ? ma dVèireas ; io 2 gu h-ûiseil
iL usually " ; 10 <$ folbh (i. e. fDL?:); io 7 <r luchd-p. ; 115, caidhe
aréisd am bi au p ; ' where, then, willbe. . . ' ; 116 thar leam sa ;
H8 rneann (— mionri) mar umhla ; 124 « dbùtbcbas \ 148 fl ro/////
' iflwere allowc-d to apportion as Idesired'.
LVI 2 7 ? gun cbéimgiorraig' without any hésitation ; 52 fhaon ;
94 choin ; 91c? //>/V.
LYIII i 4 g'a breitb ; 1- mheall i, a r. ; i^s >/<? dhéiclh ; 155 ^W
thug easbhuidh comhnaidb orra ; 164. an ealaidh-sa; 17 j ô'n gblac
chumbaist (c. is fem. in manv dialects) ; 171 fireanacb.
LIX 1 5 £■<?</ tbubbairt ; 1 37 '•'> gtfrf //>//£■ ; 2 1 1 dh'Jbôgradb ; 2 1 5 rhyme
and sensé suggest mbéala ; 225 b'fhear ; 246 '//(/ tbai'gh-se ; 25- </r>
sbeôl-sa.
The Appendix on Macrae's alphabet will be of service, but it
would hâve been very much more useful if références had been
given. Vérification is impossible, and it is quite certain that a
considérable number of the identifications are doubtful or
erroneous.
The Appendix on Macrae's dialect is often misleading. Mr. Mac-
farlane overestimates the influence ot Irish on Macrae's speech.
Irish forms there are in plentybut there is little reason to suppose
that forms peculiarlv Irish had for Macrae any but a paper exist-
ence. His misuse of déponent forms proves that. There is just as
little reason to believe that Macrae's représentation of the sounds
of his dialect was affected by Irish pronunciation. Mr. Macfarlane
seems, indeed, to be imperfectlv acquainted with the Northern
dialects; otherwise it is scarcelv possible that he would speak
26o Bibliographie.
(p. 292)0! the vowel in ïagh etc. as the short corresponding to
the long in laogh. His knowledge of Irish, too, appears to be
defective for finiras, ainneas (p. 294) arc not examples of the 3
sg. oi the past tense. Throughout this section ' Irisli ' as a de-
scription ofa phoneticpeculiaritycan be safely replaced by 'North-
ern Scottish '.
The Notes on the Text consist largely of références to O'Reilly
for words like dion, aithrighe and the like which are familîar to ail
who know any Gaelic at ail, or for words which do not exist. Of
the latter an interesting spécimen is lis ' a man ' (Note on LY1I 2)
which Macfarlane compares with ' Greek tis '. There is also a
good deal of erroneous information on points ofgrammar.
In spiteof its shorteomings, this work will heuseful to such as
can use it with caution.
T. Fraser.
III
G. Le Roux [professeur à la Faculté des sciences de l'Université
de Rennes]. Le roman de Pérédur texte gallois traduit en breton,
avec une traduction française d'après J. Loth. Rennes, Plihon et
Hommais, 1923 ».
M. Le Roux, un de nos plus savants mathématiciens sans con-
tredit, s'intéresse, à ses moments perdus, à sa langue maternelle et
vient d'en donner une preuve dont tous les amis de la langue bre-
tonne lui seront reconnaissants. Il s'est proposé un double but :
i° réformer l'orthographe de façon à préparer l'unification de la
langue écrite ; 2 mettre en évidence les affinités et les correspon-
dances régulières entre le breton et le gallois.
L'idéal, nous dit-il (p. 9), est d'êrre compris du plus grand
nombre, en permettant à chaque lecteur de lire les mots suivant la
prononciation ordinaire de son dialecte. Partant de ce principe, il
a imaginé un système d'orthographe synthétique. Il écrit newei, nou-
veau, laissant le Léonard prononcer neve\, le Trégorrois newe\ le
Vannetais neibé-
Cette orthographe, d'après lui, nous dépeint les aspects divers
de la langue bretonne tout entière. L'auteur ne se dissimule pas
complètement les difficultés d'une pareille tâche, mais il semble les
1. Tiré à part des Annales de Bretagne; rf. Rev. Cett., t. XL, p. 473.
Bibliographie. 261
considérer comme d'importance secondaire. Je crains qu'il ne se
tasse illusion à ce sujet. Assurément, quand pour le même mot,
on possède toutes les formes dialectales, on peut se hasardera le
soumettre à une orthographe synthétique, mais on se heurte
assez souvent à des problèmes qui relèvent de l'étymologie et
sont d'une solution difficile. Je trouve la preuve claire de ce danger
dans les correspondances même établies par l'auteur (p. 15, 16)
entre l'orthographe de Le Gonidec, son orthographe synthétique
et celle du gallois : Le Gonidec beus, buis; orth. synth. beùs ; gal-
lois bocs. Or bocs n'a rien à faire avec beus emprunté au français :
bocs vient de l'anglais.
L'orthographe phonétiqueoww, truie, est défectueuse, en raison du
moven-breton gués, vannetais gûjçs (irl. feis) : gu/is est dû au plu-
riel givi-J (le comique guis a / bref) ; Brei;, Bretagne (écrit Breh .
Bic\ x , ;; étant le svmbole pour l'ancien //.>) est rapproché d'un
gallois bryth, Breton, qui n'existe pas. Brelhxii. drap, étoffe, ne
correspond pas à bro^i, vannet, broh. Lluarlb contient -garth et
non -gorih : v. comique luworth (v. irl. lub-gorf); or\, massue,
vannet. orh est identifié avec le gallois hyrdd. choc. Or, le gallois
a conservé ord sous la forme g-ordd : g est un fait d'analogie,
amené par les mutations syntactiques. Pour bwrdd, choc, attaque,
cf. voc. corn, horth, aries : cf. breton tour^, bélier (sur cette
forme, cf. Ernault, Gloss.).
En supposant une pareille orthographe possible, comment la
faire adopter? Il faudrait réunir une sorte de concile œcuménique
breton, et je suppose que Le Roux ne doit pas se faire d'illusion
sur les résultats d'une pareille réunion. Je suis convaincu qu'elle
ne ferait qu'accroître la confusion.
P. 20, Le Roux reproduit une erreur assez répandue : oui serait
devenu eu en vannetais comme en gallois. Le au gallois (dans le
Nord) et eu se prononcent a et ;' ; dans la prononciation savante,
on entend ay et ey. Le haut-vannetais eu {eu), oui) remonte bien à
ow mais en passant par air, qui est la prononciation actuelle du
bas-vannetais et dune partie du haut-cornouaillais, puis par eu .
et enfin eïu : Groix et le Bourg-de-Batz sont restés à l'étape eo(eui).
P. 22, on observe, d'après l'auteur, une forte tendance dans
le dialecte de Vannes à changer a en è : c'est une erreur : grès pour
gras (grâce) est sûrement dû à une prononciation française. Au
contraire, en haut-vannetais, a allongé se rapproche de : bras,
grand, est à peu près brôs- En bas-vannetais, sporadiquement
(Guéméné-sur-Scorff)en polysvllabes ou en construction, a devient
e dans le voisinage de /", / : çll, erel, autre ; petre, quelle chose ;
262 Bibliographie.
mais çn dra, une chose ; dall, aveugle. Si on peut différer d'avis au
sujet du système orthographique de Le Roux, il n'y aura qu'une
voix sur la traduction du texte gallois en breton. (Test une très
utile contribution à l'étude des deux langues. La construction de-
là phrase bretonne suit sans effort celle de la phrase galloise.
L'auteur n'a pas abusé des néologismes.
T. l.o m.
IV
Georges Saint-Mleux. Glossaire du parler malouin. Imprimerie
Haize ; Saint-Servan, 1923.
M. Georges Saint-Mieux, qui vient de mourir, avait commencé
sa carrière dans renseignement. Agrégé de l'Uuniversité, chercheur
infatigable, esprit critique, nul doute qu'il n'y fût arrivé à une
situation en vue. Il renonça à ses études et à la carrière de son
choix par pur dévouement familial : il prit courageusement la
direction de l'importante maison de commerce que la veuve d'un
de ses frères ne pouvait songer seule à gérer et ne cessa pendant
de longues années d'en assurer la prospérité. En me remettant, en
octobre dernier, un exemplaire de son Glossaire, il se réjouissait
à la pensée de pouvoir enfin prochainement se livrer, sans con-
trainte, aux études qui l'attiraient. Sa perte inattendue sera vive-
ment ressentie à Saint-Malo où il jouissait de l'estime universelle ;
elle excitera aussi les regrets de tous ceux qui connaissent ses trop
rares publications et en particulier par les lecteurs de son dernier
ouvrage.
Le Glossaire porte partout le marque de son esprit méthodique
et précis. Il en a écarté avec raison les termes de marine qui se
trouvent dans des lexiques spéciaux, les mots d'argot qui par suite
du service militaire obligatoire et la fréquentation estivale des
plages malouines envahissent de plus en plus la langue ; enfin tous
les mots français classiques qui se trouvent dans Littré, à moins
qu'ils ne méritassent d'être signalés par suite d'un changement de
sens ou d'une déformation phonétique spéciale. Il a poussé le scru-
pule jusqu'à n'y introduire que les mots qu'il a entendus de ses
propres oreilles, sans se dissimuler que de ce fait, il a dû faire
bien des omissions. Tout en adoptant pour la rédaction du glos-
saire l'orthographe conventionnelle, il a fait suivre chaque mot
d'une notation rigoureusement exacte, conformément au système
Bibliographie. 263
graphique inspiré de celui de l'abbé Rousselot, mais modifié par
suite des difficultés typographiques (p. 11).
Ce travail est donc une contribution d'une réelle valeur scienti-
fique à l'étude des patois français de la Haute-Bretagne.
Les mots d'origine bretonne y sont rares. Coc (kok), zut, repré-
sente le breton kôch ; comme on devait s'y attendre, la spirante est
remplacée par une gutturale sourde.
Jacdale (jâkdâï), imbécile, est connu en Basse-Bretagne, spora-
diquement ; à tort ou à raison, on a vu dans dal, le breton dall,
aveugle.
Margate, seiche, est le breton morgat, avec un degré vocalique
différent : Saint-Mieux n'en parle pas.
Saint-Mieux (p. 79) rattache nache, corde avec laquelle on
attache les vaches à l'étable, au breton nask (mal écrit nah).
Dans l'Introduction, l'auteur définit ce qu'il entend par Parler
Malouiu : c'est le parler du Poulet (peigus Aletï), entouré par la mer
et la Rance de trois côtés, et séparé du pays de Dol par une ligne
qui va de Saint-Benoit-des-Ondes à Châteauncuf-de-la-Noë, en
passant par la mare Saint-Colman. Au point de vue linguistique,
il en sépare une région importante : Cancale avec une partie de
Saint-Coulomb et de Saint-Méloir-des-Ondes, habile par une race
différente.
C'est là une grave assertion appuyée sur des raisons vraiment
fragiles et qui ne me paraît même pas justifiée par des différences
linguistiques profondes. Ce qui est plus surprenant, c'est que,
d'après l'auteur, le Poulet n'aurait pas été touché par l'émigration
bretonne insulaire : ce serait un ilôt roman pur, puis français. A
priori, c'est parfaitement invraisemblable quand on sait que l'émi-
gration s'est étendue jusqu'au Couesnon. J'ai d'ailleurs montré, dans
la Revue Celtique, combien la thèse de G. Saint-Mieux était exagérée.
Un fait capital suffirait à la réduire à néant : c'est l'établissement
d'un évêché insulaire à Saint-Malo : le fondateur, saint Malo, était
gallois.
Quand un évêché ou un monastère-évêché est fondé en Armo-
rique par un émigré breton, on peut être sûr qu'il s'appuie sur un
tort groupement de compatriotes.
Beaucoup de nos saints sont passés en Armorique pour apporter
à leurs compatriotes les secours de la religion et organiser le culte
d'après les traditions insulaires. La vie de saint Paul Aurélien, qui
est du ix e siècle et offre tant de caractères d'ancienneté, nous en
apporte une preuve frappante. Il trouve, en débarquant, des com-
patriotes établis déjà dans le pays de Léon, entre autres, le comte
26 .\ Bibliographie.
du pays, son cousin Wiliiui. Ce qu'on peut admettre, c'est que
l'élément de langue romane dans le Poulet ait été particulière-
ment résistant. Il est même possible que ce soient des démêlés de
saint Malo avec ses ouailles de langue romane qui aient, en réalité,
provoqué l'exil du saint. Toute la péninsule a été bilingue. C'est
pour des raisons historiques assez claires que le breton a étouffé le
roman dans' l'ouest, tandis que dans l'est, en particulier dans la
région qui va du Couesnon à Saint-Brieuc et au delà , c'est le
roman qui a évincé le breton de la fin du ix e au \i-\n e siècle (cf.
J. Loth, Les langues romane cl bretonne eu Armorique).
J. Loth.
V
Tanguy Malemanche. Gurvan ar marchek esiranjnur. Mister ennan
tri dervez hag ar beurbadelez. Quimper, iv-144, p. in-12. Le
Goaziou, 1923.
L'auteur, que j'ai connu comme étudiant, s'est souvenu de son
maître et a bien voulu lui dédier un exemplaire spécial, en sur-
nombre :
Al leor-man a %o bet moulet
ispicial ha dreist niver
evit
Joseph Loth.
Pliget gantan e zigemeret a-barz an oberour, Tanguy Male-
manche (signature de l'auteur, de sa main).
Mar c goll d'élan Haut mallo-
Mai- e vir, d'eçan liant bauno~
Ha mar e lenn . . . arBarado\ :
Ce livre a été imprimé spécialement et
en sur-nombre pour Joseph Loth ;
qu'il veuille bien l'accepter de la
part de l'auteur, Tanguy Malemanche.
S'il le perd, à lui mille malédictions,
S'il le conserve, à lui mille bénédictions,
Et s'il le lit. .... le Paradis.
Je suis donc sûr du Paradis, car j'ai lu le livre d'un bout à l'autre,
et je n'ai eu à cela aucun mérite ; je défie bien qui que ce' soit de
s'arrêter avant la fin, s'il en a lu le premier vers. C'est un véritable
régal à tout point de vue, pour un Breton. La langue est simple,
Bibliographie. 265
de bon aloi ; le style est alerte, débarrassé des chevilles qui trop
souvent embarrassent la poésie bretonne ;au point de vue métrique,
de la souplesse et de la variété des mètres, l'œuvre de T. Male-
manche est sans égale. Les vers des 4,5, 6, 7, 8 pieds s'y entre-
lacent harmonieusement avec ceux des 9, 10, 12 pieds (ces der-
niers sont plutôt rares). Le dialogue est d'une variété, d'une
précision et d une rapidité incomparables.
Le drame a les allures d'un mystère, comme l'a voulu l'auteur.
La scène se passe à l'époque des luttes décisives des Bretons contre
les Francs, au ix e siècle. Je regrette que l'auteur se soit conformé à
une sorte d'orthographe officielle en ce qui concerne le nom du
héros. Gurvan est un vrai barbarisme, consacré par le nom d'une
rue de Rennes (rue Gurvand). Il est fâcheux que les édiles de la
ville s'obstinent à conserver cette forme barbare. Le nom du héros,
comte breton de Rennes, dans la seconde moitié du IX e siècle,
était Wrwant, qu'on peut écrire aujourd'hui Gourwant, ou (
boitant. Cette dernière forme existe même, je crois. Varok ne peut
être non plus breton sous cette forme.
M. Tanguy Malemanche est maître de forge. Je souhaite qu'il
trouve encore assez de loisirs pour enrichir d'une nouvelle œuvre
en vers les annales de sa langue maternelle : il ne peut s'arrêter en
si beau chemin.
J. Loth.
VI
Skella Segobrani, gant X >.
Ketila kevrenn : Dis atir — Teutatis. Saint-Brieuc Prudhomme.
1923.
L'anonvmat des trois auteurs est assez transparent, mais puis-
qu'ils paraissent y tenir, je le respecterai. Le trio se compose d'un
archéologue, d'un grammairien et d'un linguiste. Ils se sont pro-
posé un double but : doter la Bretagne d'une préhistoire en bre-
ton ; élever le breton à la dignité de langue littéraire et même scien-
tifique.
L'archéologue a lu tout ce qui a été publié, en France, sur le
sujet; ses autorités ne sont pas toutes de même valeur, mais on ne
saurait lui refuser une connaissance fort étendue et approfondie de
son sujet.
La préhistoire commence à la création du monde. Nous assis-
266 Bibliographie,
tons a la naissance l'Adam et Eve celtiques, désignés parles noms
celtiques de Manos ci Bena ; à leurs amours et a leur mariage. Au
bout d'une période assez longue, viennent les différentes migra-
tions. En voici un aperçu : Ermae^iadenn bagad an aie' 'houeder (Emi-
gration de la troupe de l'alouette).
Ermae%iadenn strollad ar Marc'h, hag aloubadenn Baltia gant
Momoros, Argadenn ow\ ene^-Vreig (Emigration (sortie) delà troupe
du Cheval et conquête de Baltia par Momoros ; attaque contre l'île
de Bretagne).
— Ermae^iadeg bagad ar Charnu he kemeridige\ gant Netnetos eus
ar rann-dir cire an Albis hag ar Visuris (Emigration de la troupe de
la Grue et prise de possession par Nemetos de la contrée entre
Albis et Visuris).
— Ermae%iadeg bagad ar Vran ha dalc'hidige% glannad an Albis
gant Dorutos (Emigration de la troupe du Corbeau et occupation de
la rive de P Albis par Drutos).
— Ermae%iadeg bagad ami Tara. Dumnos a gemer glannad au Albis-
uhela (Emigration du Taureau. Dumnos s'empare de la rive de
l'Albis supérieure).
• — Ermae\iadeg bagad au Tourc'h-gouei. Sagroviros goune\our da
chlannou ar Visuris hag ar Vimina (Emigration de la troupe du San-
glier. Sagroviros conquérant des rives de Visuris et de Vimina :
la Wùmme en Hanovre).
— Ermaeijadeg bagad ar Blei~ y . Perc'henna gant Atekingos eus ar
chornad-bro être ar Visuris hag au Amisios (Emigration de la troupe
du Loup. Prise de possession par Atekingos de la région entre le
Visuris et PAmisios).
On voit que l'imagination joue un rôle puissant, prépondérant
même dans cette préhistoire : c'est un roman préhistorique.
Les auteurs ont voulu d'ailleurs délibérément lui donner ce
caractère. Les sketla seraient l'œuvre d'un aventurier Lingon Sego-
branos, qui, après avoir parcouru une bonne partie de l'Europe,
une partie de l'Asie, l'Egypte, aurait poussé jusqu'aux Canaries,
serait revenu par l'Espagne au bout de neuf ans, et aurait consa-
cré ses loisirs à mettre par écrit, en caractères grecs, le récit de ses
pérégrinations. Quant à sa préhistoire-histoire, il la tient du druide
Esumopas. Plus tard, sous Tibère, Caius Iulius Iantumarusde Bra-
nodunum, aurait transcrit les sketla en caractères latins. Enfin, vers
le ni-iv e siècle de notre ère, Valerius Keltus, constatant que la plus
grande partie de ses compatriotes ne comprenait plus le gaulois,
les aurait traduits en latin. C'est cette version, je suppose, qu'un
Breton, pendant la guerre, an Tarzec, à la suite d'aventures qu'on
Bibliographie. 267
ne connaît pas, aurait découverte au fond de la tombe d'un Pha-
raon, dans le Fayoum, où il y a eu autrefois des Celtes. An Tarzeca
disparu et avec lui ses secrets. Comment cette version îles sketla
est parvenue aux trois X, ils ne nous le disent pas. S'ils ont traduit
le texte en breton moderne, ils ont reproduit les noms propres sous
leur forme vieille-celtique, ce quia permis au linguiste de faire
appel à toute sa science et son ingéniosité pour nous les expli-
quer.
Ce récit des émigrations est suivi d'une table chronologique qui
commence à 4000-3000 ans avant J.-C. pour finir à l'an 200-100
avant notre ère. Elle est accompagnée de notes copieuses. Il y a
aussi une mappemonde à termes celtiques du monde ancien.
Comme on devait s'y attendre, la syntaxe est d'une correction
irréprochable. Elle m'a paru toutefois manquer de souplesse et de
variété.
Mais ce qui rend la lecture de l'ouvrage des plus pénibles, c'est
le nombre vraiment exagéré de néologismes ou mots à expliquer.
La liste des mots difficiles (Roll ar geriou diaes) va de la page 154 à la
page 195. Un nombre assez important, il est vrai, consiste en mots
usuels composés avec un préfixe encore vivant (adveva, revivre,
mais même pour ceux-là, le sens est parfois forcé et ne sert
pas delà composition. Advuhe\ a le sens de vie future; en réa-
lité, le mot n'a par lui-même que le sens de revivre, nouvelle vie.
Il est facile en épurant le vocabulaire d'une langue populaire et en
l'enrichissant de mots nouveaux ou passés d'usage de produire
l'illusion d'une langue savante. En général, on a puisé dans ce cas
dans les textes des époques précédentes. Les trois X ne veulent ni
des mots du moyen-breton ni du vieux-breton même rajeunis, pas-
sés d'usage : ils ne sont pas assez transparents ; ils les remplacent
par des composés. Ces tentatives ne peuvent réussir que si le mou-
vement littéraire est soutenu par un mouvement national puissant,
si la langue populaire devient langue officielle. Malgré tout son
génie, Mistral a échoué, en réalité, en Provence. Le nombre des
mots étrangers dans une langue importe peu si la langue conserve
ses moyens d'expression et manifeste sa vigueur par de continuelles
et importantes productions. Malgré le nombre considérable de ses
emprunts, l'anglais est une très belle langue et sa littérature est une
des premières du monde.
Plusieurs des composés sont à divers points de vue fort discu-
tables : ba^xeoa, subjuguer, aurait eu besoin d'explication. Anaoude-
ge\~prenet (connaissance achetée), expérience (des choses de la
vie), me parait peu heureux. Pourquoi forger levraoneg, biblio-
thèque, lorsque leor-di est à peu près accepté ?
268 Bibliographie.
Il y .1 quelques emprunts hardis au vieux-celtique, par exemple
ueved, sanctuaire. Le bois de Nevet, en Plogonnec, qui est assuré-
ment un ancien Netnetoii, se prononce Nèvet.
Je dois reconnaître que les auteurs ont mis une réelle discrétion
dans la création des mots entièrement nouveaux. On n'y trouve
pas les extraordinaires néologismes qui émaillent le Dictionnaire
français-breton, par ailleurs si méritoire, de Vallée.
Cet ouvrage collectif présente une somme considérable de science
tant archéologique que linguistique, et je ne puis que souhaiter
qu'elle produise les effets que les auteurs peuvent légitimement en
attendre.
J. Loth.
VII
The Lindisfarne Gospels. Three plates in colour and thirty-six in
monochrome from Cotton Ms. Nero D. IV in the British Muséum
with pages from two related manuscriptswith Introduction by Eric
George Millar, F. S. A. assistant in the department of manu-
scripts, British Muséum. Printedby order of the trustées of the Bri-
tish Muséum. Sold at the British Muséum, 1923.
Une préface de J. P. Gilson nous met au courant de l'historique
de cette magnifique publication. Les planches des Lindisfarne Gos-
pels, à une exception près, avaient été exécutées avant la guerre.
Sir George Warner sous l'autorité duquel comme Keeper du
Département s'était fait ce travail se proposait de faire une Intro-
duction à la publication, mais il dut y renoncer en raison des retards
causés par la guerre et d'autres engagements. Des planches en
couleurs, les deux premières sont l'oeuvre de MM. McLagan et
Cumming, la troisième (déjà utilisée dans Schools of Illuminations,
pt. i) est l'œuvre de l'Oxford University Press, qui a exécuté aussi
tous les collotypes. Des remerciements sont dus au Prof. Biagi,
conservateur de la Laurentian Library à Florence,' pour l'autori-
sation qu'il a accordée d'y joindre, à titre de comparaison, la
planche du Codex Amiatinus et au Directeur du Victoria and Albert
Muséum, South Kensington, pour la permission d'utiliser les pho-
tographies des S 1 Chad Gospels, à Lichfield. Les petites photo-
graphies sur lesquelles est basée la fig. 1 ont été faites au British
Muséum, le keeper of British and Mediaeval Antiquities, ayant
offert à cet effet les services de Mr. J. B. Weller. L'Introduction
Bibliographie. 269
dans laquelle les dessins ornementaux sont analysés plus complète-
ment que dans aucune des nombreuses notices jusqu'aujourd'hui
parues consacrées a ce chef-d'œuvre, est l'œuvre de Mr. Eric (j.
Millar, assistant au Département des manuscrits.
Cet hommage rendu au travail d'Eric G. Millar est on ne peut
plus mérité. On ne saurait imaginer une étude plus consciencieuse,
plus touillée et, à quelque point de vue qu'on se place, plus docu-
mentée. L'auteur a eu à aborder plusieurs problèmes d'une solu-
tion difficile, nécessitant des recherches délicates : il a fait preuve,
en général, d'esprit critique et de jugement.
Tout d'abord, on peut se demander où, à quelle date et par qui
Pévangéliaire de Lindisfarne a été composé. Il est étrange qu'on ne
trouve dans le manuscrit ancune indication contemporaine sur
ces points capitaux. On répond que les indications ont pu dispa-
raître avec la reliure, mais cette reiiure elle-même contemporaine
du manuscrit est problématique. Notre science en somme, sur les
origines de l'Evangéliaire, repose sur une note du glossateur Aldred
postérieure de quelque 250 ans à sa composition. Voici la
teneur de cette note en anglo-saxon, d'une langue difficile ' :
« Eadfrith, évêque de Lindisfarne, a écrit ce livre d'abord en l'hon-
neur de Dieu et de saint Cuthbert et de tous les saints qui sont
dans cette ile et Aethelward, évéque de Lindisfarne, le relia (?) à
l'extérieur et le couvrit (?) comme il était capable de le faire (</<• son
mieux ?). Et Billfrith, l'anachorète grava les ornements sur l'extérieur
et l'orna (d'un) métal sans alliage, doré (rehaussé ?) d'or, de pierres
précieuses et d'argent (?). Et Aldred, un indigne et très misérable
prêtre, avec l'aide de Dieu et de saint Cuthbert, écrivit au-dessus
un commentaire (gloses interlinéaires) en anglais et obtint pour
lui une demeure 2 avec trois parties ; (ilglosa) une partie de Mathieu
pour Dieu et saint Cuthbert, une p.iftie de Mark pour l'évêque et
une de Luc pour la communauté, payant en plus huit ores d'argent
pour son admission et (il glosa) une part de saint Jean pour lui-
même, pour le bien de son âme, et il offrit à Dieu et à saint Cuth-
bert quatre ores d'argent en outre, pour qu'il pût avoir admission
au ciel par la miséricorde de Dieu et avoir sur terre progrès et hon-
neur, sagesse et prudence, par les mérites de saint Cuthbert.
Eadfrith, Aethelwald. Billfrith, Aldred ont fait orner cet évan-
géliaire pour Dieu et saint Cuthbert.
1. Je suis la traduction donnée par Eric G. Millar, qui est celle de miss
F. E. Harmer, Select English Historical Documents of theninth and tenth cen-
tury, 1914, n° XXII, p. 66.
2. On suppose qu'il s'agit d'un logement dans le monastère.
270 Bibliographie.
Fol. S') 1 , le glossateur appelle la bénédiction de Dieu sur ces
quatre personnages : « Dieu vivant, souviens-toi d'Eadfrith,
Aethelwald, Bill frith et Aldred, un pécheur : tous les quatre, avec
l'aide de Dieu, ils ont été occupés à ce livre ». Si on ajoute foi
aux dires d'AIdred, le manuscrit aurait été exécuté vers 700. Eadfrith
devint en effet évêque de Lindifarne en 698 et mourut en 721.
Aethelward occupa le siège épiscopal de 72.) à 7.10. On a généra-
lement admis l'exactitude des assertions d'AIdred, quoiqu'elles ne
soient pas claires. On a fait remarquer que le manuscrit était d'une
telle importance qu'on ne pouvait avoir oublié à I.iiuiislarne ses
origines. C'est incontestable, mais on peut aussi supposer que le
manuscrit vient d'ailleurs, ce qui expliquerait le silence des moines
de Lindistarne jusqu'à Aldred 1 ; aussi n'y a-t-il pas lieu d'être sur-
pris que récemment Aldred ait été traité d'imposteur. Le prof.
R. A. S. Macalister, en 19 13, dans les Essays and Studies offerts
à sir William Ridgeway (p. 299), soutient qu'Aldred n'a même pas
vu le manuscrit ; que c'est une œuvre du IX e siècle composée en
Irlande ou à lona ; qu'elle tomba avec d'autres mss. irlandais, par
des moyens frauduleux entre des mains anglo-saxonnes; qu'après
avoir volé le manuscrit et y avoir griffonné, les Saxons affirmèrent
que c'était leur œuvre. La théorie de Macalister a été combattue
par le prof. G. Baldwin Broxvn (The Arts in Early England Y,
1921, pp. 337-41). Le principe argument de Macalister, c'est qu'il
n'a existé aucune œuvre d'art de semblable qualité en Angleterre, à
la même époque .
Personne ne conteste que l'ornementation de l'Evangéliaire ne
soit du type celtique caractérisé, ce qui n'a rien de surprenant.
L'établissement du monastère de Lindisfarne est dû à l'Irlandais
Aidan en 635. Le régime scotique y subsiste jusqu'au concile de
Whitby en 664 qui se prononça pour l'union avec Rome. Les
moines irlandais et une trentaine de moines northumbriens quit-
tèrent l'île; un certain nombre de moines cependant restèrent, eton
suppose qu'ils y conservèrent les traditions de l'art celtique.
Le côté faible de la thèse de Macalister, empreinte d'ailleurs
d'exagération à ce qu'il me semble, c'est que si l'ornementation du
manuscrit est celtique, il y a des preuves évidentes de l'influence
d'un art continental, s'exerçant sous l'influence de Rome, ce qui
est impossible au VIII e siècle, dans les pays celtiques des Iles Bri-
tanniques. Le prof. Baldwin Brown est d'avis que les 16 pages de
1. Il ne faut pas oublier que le monastère de Lindisfarne a été complè-
tement détruit au cours des invasions danoises du IX e et X e siècle.
Bibliographie. 271
tables du canon, ornementées cependant dans le style celtique pur,
doivent leur encadrement (framing) à un type venu d'Italie ou de
l'Est hellénisé (Introd., p. 21). Les quatre miniaturesdes Évangé-
listes, en exceptant certains détails, sont dans un style générale-
ment caractérisé par le terme de byzantin ou plus exactement Easl
Christian (Introd., p. 247-26) ».
L'Introduction se termine par une analyse, complète et minu-
tieuse, de tous les motifs d'ornementation des différentes planches.
Quant à la reproduction elle-même du manuscrit, elle fait le plus
grand honneur à ceux qui l'ont entreprise et menée à bonne fin.
J. LOTH.
VIII
I. R. Morton Xaxce. I. Celtic Words in Cornish Dialect (a paper
read before Cornwall Polytechnic Society at the summer Meet-
ing, july îoth, 1918).
IL Celtic Words in Cornish Dialect (a paper read before the Royal
Cornwall Polytechnic Societv, 6th july, 1921).
III. A Glossary of Celtic Words in Cornish Dialect. Falmouth ;
« Cornish Echo » Co. printers. Price two shillings. Obtainable
from M r E. W. Newton, secretary Pendarver Road, Camborne,
or J. A. Bridger, Bookseller, Penzance (La publication a été
faite sous les auspices de la Royal Cornwall Polytechni
IV. John Davey, of Boswednack, and his Cornish Rhyme (Journal
of the Royal Institution of Cornwall, vol. XXI, Part 2-1923.
Journal n" 70, p. 148 et suiv.).
Ces divers travaux de R. Morton Nance ne sont venus à ma
connaissance que l'an dernier, et je suis vraiment confus de les
présenter si tardivement à nos lecteurs, car ils sont loin d'être
dépourvus d'intérêt. L'auteur qui est du Cornwall, comme l'indi-
querait son nom ÇNànce, Nans, Nani), s'occupe particulièrement
des restes de la langue indigène dans l'anglais actuel. C'est un
esprit judicieux. Le jugement qu'il porte sur Ed. Lhwvd, au point
1. Un des effets immédiats du concile de Whitbv. ce furent des rapports
continuels avec Rome et le continent. L'évêque Benedict, fondateur de-
monastères de Wearmouth et de Jarrow, a été un grand voyageur et a
rapporté de ses voyages en Italie de nombreux ouvrages. En 684, il y fit
son cinquième et dernier voyage ; son successeur Ceolfrid augmenta consi-
dérablement les bibliothèques des deux monastères.
i~2 Bibliographie.
de vue comique (II, p. 2) concorde avec le mien (Rev. Celt.
1914, p. 144-145). Il exprime le regret que Keigwin, Pryce, Bor-
lase et d'autres, au xvm e siècle, n'aient pas songé à s'adresser sur-
tout aux gens du peuple, aux illettrés ; ils auraient eu chance, à
cette époque, de recueillir tout ce qui existait de comique popu-
laire. Morton Nance (ibid., p. 3) s'étonne que Le Gonidec qui
s'était enfui en [793 en Comwall pour sauver sa tête et avait passé-
une année à Penzance, n'ait pas songé à s'intéresser à un langage
si semblable au sien, qui était en train de s'éteindre à coté de lui,
a sa portée (notamment à Paul). Le Gonidec était un assez médiocre
philologue. On peut en avoir une idée en compulsant l'édition
qu'il a donnée de la vie de Sainte Nonne, avec l'abbé Sionnet : les
fautes de lecture et les contre-sens y abondent. Parmi les mots en
usage dans l'anglais du Cornwall, quelques-uns sont partout en
usage dans le pays, mais le plus grand nombre est usité sporadi-
quement.
Le Glossary de Morton Nance comprend 487 mots. Il donne
l'indication de la source où il a puisé pour YEnglish Dial. Dict.
de Wright, pour le Gloss. de Polwhele : les autres mots auraient
été recueillis par lui ou d'autres personnes qui ont voulu garder
l'anonymat. Il donne l'endroit où ils ont été recueillis.
Or la plus grande partie de ces mots qu'il a recueillis a déjà été
publiée. On peut s'en assurer en compulsant le Glossaire de Uncle
Jan Trenoodle ; VEnglish-Corn. Dictionary de Iago, ainsi que son
Glossary of the comish Dialect. L'espace aurait manqué à Morton
Nance, pour indiquer les sources autres que les siennes ou celles
de ses correspondants. Ce qui me parait particulièrement regret-
table, c'est qu'il ne mentionne même pas le Glossaire de miss A.
Courtney pour West-Cornwall, ni celui de Thomas Q. Couch pour
East-Cornwall. Celui de miss Courtney contient au moins 200 des
487 mots du Glossaire de Morton Nance. Quand il ne s'agit pas de
termes déjà publiés, Miss Courtnev donne le nom des personnes
qui les lui ont fournis. M. Nance n'a pas eu à sa disposition la
Revue Celtique, ce qui est infiniment regrettable. II ignore encore,
par exemple, que j'ai publié dans YArchiv fur Celtische Lexicogrâphyla.
lettre de William Bodener qu'il donne (II, p. 11). Bon nombre
de textes en comique moderne lui sont inconnus.
Ce qui est plus regrettable et rend son travail si méritoire en
partie inutilisable, c'est qu'il ne figure pas la prononciation des
mots en usage. Il eut trouvé dans les études sur le comique
moderne, où j'ai établi le rapport entre l'orthographe si mobile des
termes et mots comiques, et la prononciation, grâce à l'étude de la
Bibliographie .
'■< 5
prononciation actuelle des noms de lieux et de terres surtout du
sud du Cornwall, et aussi des mots courants que j'ai moi-même
entendus de personnes sûres, un grand secours pour Pélucidation
des mots de son Glossaire. Ce travail, qui ne peut prétendre au
mérite de la nouveauté, eût acquis ainsi une réelle valeur.
Par suite de l'ignorance où nous laisse l'auteur de la valeur de
son orthographe, nous sommes à chaque instant dans l'embarras.
Que vaut, par exemple, de cb de cauch, a mess, qu'il donne comme
équivalent de cack, excrément ? Ce mot est donné aussi par miss
Courtney et Th. Q. Couch, mais ils se bornent à en indiquer le
sens. 11 est évident que le mot n'a rien à faire avec le cawh de
Lhwyd (breton caoch, coe'b) et qu'il faut le rapprocher du comique
moyen caugeon, caugyon, où g à dj, qui n'est autre chose que le
français cauchon, cochon : cb = ts : Williams s'est également
mépris sur l'origine de ce mot. De même fleechy est rapproché du
gallois fflychiù, et plus bas flookan defjlochen.
Gleel serait glùtb, dew, gall. gwlith. Il est clair que si glûth peut
se rapprocher légitimement de gwlith, gleei est à écarter.
Les rapprochements avec les autres langues celtiques témoignent
d'une connaissance insuffisante de ces langues. Bal, mine, ne
vient pas de pal, bêche. C'est un terme des plus intéressants à
rapprocher du gallo-romain baltna, de l'irl. baile, etc. Bulorn, a
common snail, est rapproché de l'irl. ballon : or nous ne connais-
sons la valeur ni de it ni de / du comique. De plus -orn est à con-
sidérer, et en effet, Miss Courtnev donne bulhorn. Bussa, bussa
serait pour bûs-seath, a large preserving-pot composé de bûr, nour-
riture, et sealb : seith : c'est seit qu'il fallait citer, gl. olla, dans le
Voc. Corn. : seit, il est viai, parait être pour seith. Quant au gal-
lois saith, dans le même sens, je ne le trouve jusqu'ici que dans le
Lexicon de Williams. Zeuss le fait suivre d'un point d'interrogation.
A propos de cabolen, l'auteur cite le gallois cybol, grasping. hold-
ing : ce sens ne repose que sur l'autorité d'O. Pughe. Le sens
réel de cyboli en Nord-Galles caboli, est mêler tout, brouiller, par-
ler sans réflexion. Pour cabol-faen, pierre à aiguiser, le rapproche-
ment au point de vue du son, est hasardé, le comique désignai:!
une pierre percée, attachée à une corde servant à pousser pilchards
ou maquereaux, à l'ouverture de la seine.
Calcar, calken, the lesser-weever, faller-lesher ', sting-fish, sont
rapprochés de l'irl. calg. Or la forme galloise correspondante est
i. Calken ferait songer au breton kalken-ejen nerf de bœuf, bret.-mov.
calqiiennet, frappé de nerf de bœuf (de calch et ken, peau).
Revue Celtique, XLI. iS
27 1 Bibliographie.
caly, coly, ce qui donnerait en coi nique cakh, colch (en moyen-corn.
, *colgh, devenus, d'après Williams, cal (peuis) et col en cor-
nique (cela p. liait certain pour col).
Cand, cam, fluor spar, sont rapprochés du gallois et bret. cann :
il est clair que cam, au moins, doit être mis a part.
Care, the mountain-ash, est rapproché.de kerdhen, gallois cerdin ;
kerdben est donné par Williams d'après Lhwyd et se trouver dans
latoponomastique actuelle deComwall. Parcangerthenen Ludgvan.
( lomme c'est Polwhele qui donne ce mot, je doute de sa forme : on
attendrait kerbenou kerren. (lare ne peut répondre au gallois cair,
bernes : on eût eu Jter.
Casteeg, to flog, n'a rien à faire avec le gallois cysteg, affliction
Chea chaunter, stop your chalter ; chea représenterait taw, tais-toi,
c'est de tout point impossible. Chea peut-être pour //, toi ; et chaun-
ter, anglais chanter. L'auteur propose, en second lieu, cette inter-
prétation seule raisonnable.
Clawdy, entrailles de poissons pour appât, est rapproché du
gallois coluthliou, ce qui est inexplicable. Coluddion peut tout au
plus être rapproché de culurionein du Yoc. Corn.
Towan, dune, est identifié avec le gallois iwyn et le breton /////,
ainsi qu'avec tevenn. Tûn n'a rien à taire ici ; ce n'est pas à twyn
qu'il fallait songer mais ktewyn, towyn. Clutt, a gap in a bedge, est
identifié avec cluit, du Yoc. corn, et le gallois clwyd. 11 est évident
qu'on aurait, dans ce cas, en comique, dûs, clos. Clut. est l'anglais
chut, cité par Lhwyd.
A côté de rapprochements intéressants comme burgan, avec ber-
gam, bandy-legged (ber -f- cani); siank, piétiner, avec le breton sanka,
gall. sangiî), il y en a beaucoup de hasardés et même d'erronés. Il
est clair que l'auteur ne connaît pas suffisamment l'histoire des sons
du comique. C'est regrettable et aussi excusable ; Morton Nance a
vécu isolé sans avoir à sa disposition des moyens d'étude suffisants.
On peut encore glaner quelques mots intéressants dans l'anglais
de Cornwall, mais comme l'a vu l'auteur, la véritable mine à
exploiter, ce sont les noms de lieux et de terres. Les Apportionments
of the Rent-Charge in lieu of tithes, dans les différentes paroisses du
Cornwall, constituent un véritable cadastre, rédigé vers 1843. J cn
ai fait un large usage ; j'en ai copié un grand nombre et me suis
assuré, chaque fois que je l'ai pu (c'est le cas le plus fréquent) de
la prononciation auprès de gens du peuple, qui ne se réglaient pas
sur l'orthographe officielle. (Cf. J. Loth, Le comique moderne, R.C.
1914, p. 146 et suiv.) Les noms de bon nombre de rochers, d'an-
fractuosités et d'accidents du rivage, sont encore inconnus.
Bibliographie. 275
L'article intitule : John Dave"ï of Boswêdnack, and his cornish
Rhyme, a d'abord le mérite de nous permettre de juger de la valeur
des informations de Hobson Mathews, dans le chapitre : the cornish
Languageat Saint-Yves, dans son Historyoj Saint-Just, parue en ICS92.
Ce qui concerne le comique chez Hobson Mathews se borne à
deux citations de mots comiques connus dans la paroisse voisine de
Zennor.
Par la première, nous apprenons que Andrew Stevens, de Tre-
vegia, avait l'habitude de dire à son fils : « corne vou, you little
kennack, and says : Il onnan, âeau, tri, pedar, pemp, etc., lui apprenant
à compter, et qu'il avait un faible pour l'exclamation sca\
(escabeau de mensonge), conversation bruyante, querelle
(donné par Pryce). Kennack, vers (Kennack Sands, célèbre pour les
vers pour la pèche) est encore usité comme terme de tendresse, de-
compassion (poor zuorm, tender worrri). Quant aux nombres, Mor-
ton Nance, en a recueilli quatre versions indépendantes jusqu'à
vingt, en 1922.
En second lieu, Hobson Mathews prétend que John Davev, de
Boswêdnack en Zennor, qui vivait encore en 1890, non seulement
connaissait la signification des noms de lieux aux alentours, mais
encore pouvait tenir une conversation dans l'ancienne langue sui-
des sujets simples. Il tient évidemment cette information de
seconde main et n'a jamais conversé avec Davev, car dans ce cas,
Mathews avant quelque connaissance du comique, nous en aurait
appris un peu plus long. D'ailleurs G. Westlake qui a fourni à
YEng. Dittl. Dut. des mots qu'il tenait de Davy, Zennor, a sans
doute épuisé le répertoire comique de Davev.
Morton Nance est d'avis d'après ce qu'il appris à Saint-Just et à
Zennor, notamment de membres de la même famille, que John
Davey, sans être infaillible au sujet des noms de lieux, et sans être
même capable de converser en comique sur un sujet banal, possé-
dait un répertoire comique assez étendu, qu'il tenait de son père,
mathématicien renommé et sans doute encore plus compétent
en la matière. L' Archaeologia de Pryce que son père lui avait léguée
entre autres volumes, a disparu, mais on a conservé la version de
Pryce du Pater, écrite de la main de son père. On est amené ainsi à
soupçonner que le répertoire de Davey pouvait bien être emprunté à
Pryce ; mais il y avait aussi dans leur répertoire des morceaux reçus
par tradition, comme en fait foi une sorte de bout-rimé que John
Davev doit tenir de son père :
A grànkan, a grankan,
A mean gowa\ veau ;
2~b Bibiiogi aphie.
Onde% parc an venton
Dor trelowyi venu.
For Fenifins a Maragow,
Githack Mackwee.
A githack macrow,
. I mac lrelow~jt varrach
Hobson Mathews considère le tout comme a a mère jumble of pla-
ce-names «.Motion Nance n'est pas de cet avis et a entrepris de
reconstituer le texte primitif. Voici ce qu'il propose :
A Grankan, a Grankan
Etn mên a-gawes saw bïan
Iliaij es Parc an venton
A dêf try Ions a vên
For Pensa us ha Marghaj-Yoïv
Yu ithek iiwy cri hag ithek moy croiv
Ha màk try Ions a varghak
En anglais :
O Crankan, o Crankan
On the rock thou hast but little
Further thanthe well-field
That will grow three sprouts to each stone.
The Penzance and Market Jew road
Is vastly more green and vastly more fresh
And will nosvurish three sprouts for each horseman.
Crankan est un village où, dit-on, on trouve plus de pierres que
d'herbes. Selon l'auteur, Crankan serait pour car anken, Castle of
Miser} 7 . C'est bien audacieux. Il y a d'autres invraisemblances, on
ne voit pas comment a gowa\ o vean peut avoir été : a goiues saw
bîan. Oudei serait hnn des, plus loin que, qui serait justifié par
hnnt the can\ bloath, au delà de cent ans (de Nicholas Boson) ;
hnnt pour huns, à cause de tho, peut se justifier ; es serait la con-
jonction (es, âges), mais ici sa présence qui implique comparaison
n'est pas justifiée. A dêf ne peut se tirer de dor ; lous serait le
gallois llaivd, shoot ; a long celtique donne bien aiv gallois,
mais non ou comique. Croiu pour croyw, croexv, ne se trouve pas ;
moy cri est trop loin de mackwee ; ha mak devrait èxxtavag. C'était
une entreprise impossible que de chercher à reconstituer un texte
transmis oralement par deux ou trois générations de gens qui en
réalité ne savaient plus le comique et ne comprenaient même
plus vraisemblablement ce qu'ils récitaient.
J. Lot h.
CHRONIQUE
Sommaire. — I. MM. R. I. Best et Ch. Plummer docteurs honoris causade
Trinity Collège. — II. Un Gallois dans le cabinet Ramsay MaoDonald.
— III. M. Butler Yeats lauréat du prix Nobel. — IV. Publication du
Schuchardt-Brevier. — V. M. Glotz et. la civilisation égéenne. — VI.
Un article de M. B. Terracini. — VII. Publications récentes de M. J.
Soyer. — VIII. Le prétendu monument celtique de Bonn. — IX. Un
nouvel exemple de Tannoialum. ■ — X. Les sépultures des Martres de
Veyre. — XI. L T n article de toponomastique de M. Hubschmied. —
— XII. Découverte de documents en rhétique. — XIII. La théorie
japhétique de M. Marr. — XIV. L'Introduction au basque de M. Schu-
chardt. — XV. L'édition de Gerbert de Mary Williams. — XVI. Un
Supplément du Manchester Guardian sur l'Irlande. — XVII. Publica-
tions irlandaises de M. Craig. — XVIII. Une édition des Mabinogion
par M. Ifor Williams. — XIX. Le renouveau de la langue comique. —
XX. Quatrième édition de la Légende de la mort de M. Le Braz. —
XXI. Livres nouveaux.
1
Le samedi 23 juin 1923, dans le Théâtre de Trinity Collège, le
titre de « Docteur honoris causa » de l'Université de Duhlm a été
solennellement conféré à MM. R. I. Best, bibliothécaire en chef de
la National Library de Dublin et Charles Plummer, Fellow de
Corpus Christi Collège à Oxford. Ce n'est pas à nos lecteurs qu'il
faut rappeler les titres de ces deux savants éminents qui ont cha-
cun si bien mérité des études celtiques. Les découvertes paléogra-
phiques de M. Best, ses éditions de textes irlandais, son précieux
Catalogue de la littérature irlandaise (v. Rev. Celt., t. XXXV,
p. 225) l'ont fait connaître de tous les hibernisants. Parmi les
folk-loristes et les hagiographies M. Charles Plummer n'est pas
moins connu, grâce à ses nombreuses publications, parmi les-
278 ( bronique.
quelles quatre volumes de Vies de Saints irlandais (cï . R. Celt.,
t. XXXII, p. io.| et XL, p. 233).
Le « Public Orator » de la fête. Sir Robert Tate, en présentant
les deux nouveaux docteurs, a donné lecture de deux « adresses »
en latin, dont nous empruntons la traduction anglaise à Vlrish
Tintes du 25 juin. Voici celle qui concerne M. R. I. Best:
I présent to vou a well-known friend who is amongst the most distin-
guished ornaments of the Royal Irish Academy, Richard Irvine Best,
Secretary of the School of Irish Leaming. His notable attainments in
Irish philology hâve won for hini the degree of Doctor of Letters from our
sister Qniversity in Dublin, the highest honours from the Royal Prussian
Academy, and give hini many claims upon our own Académie crown. He
lias excellently translated the Irish Mythological Cycle of the French
scholar, D'Arbois de Jubainville, which appeared some forty years ago.
He bas proved with consummated critical skill that the manuscript known
as Leàbhar na hUidhre is the work of more than one hand, and he is at
présent engaged on the préparation of an exact printed reproduction of
that manuscript. He lias published both in home and foreign journals a
long séries of articles full of minute investigations into Middle Irish texts.
Lastly, he lias compiled a most accurate and exhaustive catalogue of the
printed Irish literature to be found even in the most widelv distant libra-
ries of the world — a task of immense magnitude, the successful comple-
tion of which lias cost him infinité toil, ungrudgingly given to help his
brother-scholars. It is but right that we should admit to our membership
a man so exact and so learned. Receive him then with the happy omen,
not of holy silence, but of vour vociferous applause.
L'adresse concernant le Rev. Ch. Plummer était ainsi conçue:
There stands before you an illustrious son of our sister Oxford, the
Révérend Charles Plummer, Fellow of Corpus Christi Collège, upon whom
the University of Durham lias already conferred the degree of Doctor of
Divinity. To say nothing of his minor works, Dr. Plummer is for three
reasons to be held in spécial honour. First, because he lias published with a
learned introduction and notes of admirable clearness a carefully revised
édition of Two of the Saxon Chronicles Parallel, based upon the work of
his colleague, Professor Earle. Secondlv, because he has edited with no
less érudition the historical works of the Vénérable Bede, with a full histo-
rical commentarv and critical notes finally establishing the text upon a
firm foundation. But his chief title to famé consists in the fact that he has
devoted four priceless volumes to the Latin and Irish Lives of the Saints
of this country. In this task we rejoice to reflect that ihis Collège has
given him substantial help ; for he has carefully examinée! and laboriously
collated the two great Dublin manuscripts of the Latin Lives, one of which
Chronique. 279
is preserved in our ownlibrary. Thèse volumes commun elaborate introduc-
tions, not only on the lires themselvej, but also upon heathen folklore.
The translations of the Irish Lives show a knowledge of Irish which is,
indeed, uncommon. The indices ot" places, tribes and families are compi-
led in a masterly fashion. This accomplished scholar, to whom Ireland
owes so great a debt, we are surely bound to salute with our loudest and
most enthusiastic plaudits.
On nous signale que le ministère travailliste de M. Ramsay
MacDonald compte parmi ses membres un gallois « galloisant »,
M. Robert Richards, sous-secrétaire d'État pour l'Inde. M. Robert
Richards, né en 1884 dans le comté de Montgomery, appartient à
l'Université de Bangor, où il enseignait jusqu'ici l'économie poli-
tique avec le titre de « lecturer » ; il est membre du Central Agri-
cultural Wages Board et dirige depuis 1922 la revue }' Tyddynwi
[le Fermier .
III
L'Irlande est à la gloire dans les travaux de l'esprit. Les jour-
naux du 15 novembre 1923 ont annoncé que le prix Nobel de lit-
térature était cette année décerné à M. \Y. B. Yeats ; or, le mérite
éminent de M. Yeats est d'avoir su exprimer en prose et en vers
ce qu'il y a d'original dans l'âme irlandaise 1 . A ses débuts,
M. Yeats, né à Dublin en 1865, avait cherché des motifs d'inspi-
ration dans l'antiquité ou le moyen âge (Mosaàa dans The Dublin
University Revient, 1886 June) ; mais son premier recueil de vers
(The Wanderings of Oisin, 1889) marque la direction qu'il compte
suivre, sur les traces de sir Samuel Ferguson et de Standish
O'Grady. Peu à peu, il se débarrasse, comme il dit, de la « lumière
italienne » qu'il devait à l'influence de Shelley; sa couleur s'atté-
nue en nuances de plus en plus tendres et subtiles ; son intellec-
tualité s'évapore en un symbolisme mystique, qui atteint sa plus
parfaite expression dans les vers de The Wind Among the Reeds
(1899). Entre temps, en prose, ou au théâtre, il donnait des œuvres
1 . Voir the Collected Works of William Butler Yeats, en huit volumes,
Shakespeare Head Press, Stratford on Avon. Le volume VI, paru en 1908,
contient p. 197-287 une bibliographie de M. Yeats par Allan Wade.
280 Chronique.
imprégnées d'esprit, celtique, The Cellic Twilight (1893), '^■ t
Countess Cathleen, Cathleen Ni Hoolihan, sans parler de Tarées comme
Ihe Pot of Broth ou The Green Helmet, qui rappellent le Festin de
Bricriu. Enfin en [907 il donnait une Deirdre, en même temps que
A. E. et trois ans avant Synge. Deirdre est pour les poètes irlan-
•dais du xix c siècle ce qu'est Vénus pour les sculpteurs de l'école
classique, comme dit Taupin dans Diane de Lys.
M. Yeats n'a jamais écrit en irlandais; des patriotes seront ten-
tés d'en faire le reproche au sénateur de l'État-libre, en un temps où
le relèvement de la langue parait lié à l'indépendance nationale.
Mais s'il avait écrit en irlandais, M. Yeats n'aurait pas connu la
gloire mondiale que vient de consacrer le prix Nobel. Il faut que
les fervents de l'irlandais se résignent aux lois de l'histoire, dont
la première est de ne pas brusquer les transitions ni brûler les
étapes. Quand l'irlandais sera devenu — ce que souhaitent ses par-
tisans les plus ardents — une grande langue de civilisation, enten-
due et goûtée sur la surface du globe, il faut espérer qu'elle trouvera
un Yeats pour mettre le comble à sa fortune. A notre époque,
M. Yeats a mieux servi les intérêts de son pays en écrivant en
anglais. Il a fait entendre dans le choeur des poètes anglais une
note personnelle dont l'écho n'est pas près de s'éteindre. L'Irlan-
dais Yeats a sa place à part dans la littérature anglaise comme le
Flamand Maeterlinck dans la littérature française. Ce sont deux
places qui honorent grandement leurs deux pays.
IV
Pour fêter le 80 e anniversaire de l'illustre linguiste Hugo Schu-
chardt (né le 4 février 1842), plusieurs de ses élèves et amis ont
eu l'heureuse idée de publier un recueil d'extraits de ses œuvres,
choisis de façon à donner une idée aussi complète que possible de
sa doctrine. L'ouvrage, orné d'un portrait du maître, a paru à
Halle chez l'éditeur Niemever sous le titre : Hugo Schuchardt-
Brevier, ein Vademekum der allgemeinen Sprachwissenschaft (375 p.
in-16). Les promoteurs de l'entreprise avaient demandé aux lin-
guistes vivant ou enseignant en Suisse de les aider à. la mener à
bonne fin.
Il n'est pas d'oeuvre de linguiste plus variée que celle de
M. Schuchardt. Dans sa féconde carrière, il s'est dispersé sur tous les
domaines et sur tous les sujets ; sa curiosité l'a porté tour à tour
ou simultanément vers l'indo-européen et le finno-ougrien ; bien
Chronique. 28 r
que son domaine propre ait été l'ensemble des langues romanes
sans en excepter une seule, il a touché au basque [et au géorgien,
au berbère et aux langues africaines et aux parlers créoles ; et les
langues celtiques lui doivent aussi quelques bons travaux. C'est un
des linguistes les plus complets que les pays germaniques aient
produits. Or, dans quelque direction qu'il ait travaillé, si menu
que soit en apparence le sujet qu'il ait traité, on y trouve toujours de
riches enseignements à prendre, car M. Schuchardt sait élever tous
les problèmes qu'il touche à la hauteur d'idées générales largement
humaines. Il est tout le contraire d'un linguiste de cabinet : il a
toujours pris plaisir à garder le contact de la réalité et il donne
l'exemple d'une réunion presque incrovable, que certains jugent
même irréalisable, du linguiste et. du polvglotte. Aussi a-t-il été
attiré de préférence par les questions les plus complexes de la
linguistique, celles notamment de l'action des langues les unes sur
les autres, de la formation de langues mixtes parlées aux confins
de deux domaines ou au point de rencontre de deux civilisations ;
il a donné sur les parlers créoles des études d'une pénétration,
d'une perspicacité qui n'ont jamais été égalées. Toujours personnel,
il s'est méfié des svstèmes, surtout de ceux que l'on bâtit a priori,
et s'inspirant de l'expérience des faits, il a eu soin de ne jamais
consentir à accepter comme vrai que ce qu'il avait personnelle-
ment reconnu être tel. Son indépendance, la liberté de sa critique,
la sûreté de son jugement ont fait de lui un polémiste d'autant
plus redoutable qu'il manie la plume avec une aisance et une
élégance dignes d'un maître du journalisme.
C'est ainsi que sur la question des lois phonétiques, il avait pris
nettement position en face des Junggrammatiker, dont il blâmait
le rigorisme dogmatique et l'esprit de système. L'expérience des
trente dernières années a montré combien certaines des réserves
qu'il proclamait étaient justifiées ÇUeber die Laulgeselie. Gegeu die
Junggrammatiker. Berlin, Oppenheim 1885). Sur la langue uni-
verselle, sur l'origine du langage, sur la parenté des langues, il a
exprimé des vues originales. Il n'est en somme aucune question
intéressant le langage à laquelle ce linguiste n'ait touché.
Ce n'est pas aux celtistes qu'il faut rappeler le grand ouvrage,
qui a classé M. Schuchardt, à peine âgé de vingt-cinq ans, comme
un maître des études romanes, ce Vokalismus des Vidgdrlateius
publié en 3 gros volumes de 1866 à 1868, qui reste encore une
mine de faits presque inépuisable. La Bibliographie réunie en tête
du Brevier montre tout ce qu'il a fait sur le domaine celtique.
C'est d'abord une série de comptes rendus souvent pleins de vues
neuves :
282 Chronique.
J. Rh / Liteiar. Zentralbl. 1877, col.
[ 2 ,5 5 ) ;
E. Windiscli, Kurçgefasste Irische Grammatik (/.. 1. roman, l'hilol.,
1880, t. IV, p. 124-155);
E. Wmdtsch, Irische Texte,\. I (I.itt. Zentralbl., 1881, col. 58-62), avec
une note d' « explication » à Zimnier (ihid., col. 1 595-1 596) ;
B. Gùterbock, Uéber die lateinischen Lehnwôrter im Irischen (Rev. Celt.,
1 881 , t. V, p. 4X9-495) ;
Ysten Sioned (Literaturblatt fur german. und roman. Philologie, 1883,
t. IV, p. [53-156)
L.L. Bonaparte, Initial mutations in the ïiving Celtic, Basque, Sardinian
cim! Italian diaîects (ibid., 1884, t. V, p; 273-277);
R. Thurneysen, Keltoromanisches (ibid. 1886, t. VI, p. 1 10-114);
J. Loth, Les mots latins dans les langues brittoniques (ibid., 1893, t. XIV,
P- ^4-105);
J. Rhys, Lectures in Archaeology, The Inscriptions ami Litnguage of the
Northern Picts (ibid., 1894, t. XV, p. 125-128).
Ce sont enfin, comme travaux originaux :
Ymweliad a Chymru [« Visite en Galles »], deux lettres dans Yr Herald
Cymraeg de Carnarfon (20 août et 3 septembre 1875) :
Keltische Briefe dans la Beilage %ur Allgemeinen Zeitung d'Augsburg-
Mùnchen (n os 1-2 en 1876, 3-5 en 1878);
Romanisches und Keltisches, Berlin Oppenheim, 1886;
Keltoroman. frog-, frogn- ; Lautsymbolik dans la Zeitschrift fur roman.
Philologie, t. XXI, p. 199-205 (1898) ;
Keltobaskisches, ibid., t. XXXI, p. 34 (1907) ;
Kymr. efr « Taumellolch », ibid., t. XXXII, p. 477 (1908) ;
Bref, eskop Lit. scyphus e'c, ibid., t. XXXIII, p. 641-658 (1909) ;
Altrom. bessu « Gewohnheit », der Grammatiker Virgilius Maro, ibid.,
t. XXXVII, p. 177-185 (191 3);
Mitteilung ;u Altir. esarn « Firnwein » bei K. Meyer, Zur Keltischen
Wortkunde, dans les Silçber.d. Berl. Akad., 1912, p. 11 50 ;
Zu ir. airdircléoc « Kiebit- », dans la Zeitsch. f. Celt. Phi!., t. IX, p. 299.
V
Même dans une revue consacrée aux peuples les plus occiden-
taux de l'Europe, il n'est pas possible de passer sous silence
l'ouvrage que M. Glotz vient de consacrer à la Civilisation égéenne
(Paris, La Renaissance du livre, 1923). Tout se tient dans le
monde antique ; les révolutions qui s'y produisent sur un point
déterminé sont de nature à provoquer des contre-coups dans
l'ensemble ; elles sont elles-mêmes souvent provoquées par des
mouvements antérieurs ou voisins. Or c'est une série de grandes
Chronique. 283
révolutions dont M. Glotz décrit à larges traits les principales
phases. Et c'est une révolution qu'il accomplit lui-même dans nos
conceptions de l'histoire.
De la civilisation égéenne, après le livre de M. Dussaud, signalé
ici-même, et les articles denotre regretté collaborateur Adolphe Rei-
nach,un Français cultivé savait assurément l'intérêt. Mais il fallait
une étude personnelle pour en comprendre toute l'importance.
M. Glotz nous apporte ici une résurrection d'ensemble. La forme
du livre est autant que le fond un ravissement pour l'esprit.
M. Glotz anime les pierres, les documents, les œuvres d'art. Il
nous montre jusque dans le détail de la vie quotidienne l'activité
de cette race supérieure, qui avait su créer antérieurement aux
Grecs une civilisation d'un raffinement si achevé qu'elle nous
parait toute voisine de la nôtre, et qu'à beaucoup d'égards les
siècles qui suivirent, même aux beaux temps de la civilisation clas-
sique, n'ont été qu'une régression. *
Il nous manque un élément de connaissance, et non le moindre :
c'est laconnaissance de la langue. Le jour où les textes des tablettes,
les légendes des gemmes et des cachets seront déchiffrés, notre
connaissance de l'Orient préhéllénique sera transformée dans une
mesure que nous ne pouvons soupçonner. Des perspectives infinies
s'ouvriront aux yeux émerveillés de nos descendants. Une belle
gloire attend ceux qui auront la chance d'arracher leur secret à
ces écritures muettes.
Une chose est certaine, et M. Glotz ne la dissimule pas. C'est
que dès aujourd'hui l'originalité des Grecs, l'essence même de leur
génie, apparaît singulièrement diminuée. On pouvait avec raison
s'étonner que les Doriens, derniers venus des Grecs en Grèce.
tussent demeurés si grossiers, si fermés aux arts, alors que leurs
devanciers, les Ioniens, les Eoliens, nous laissaient d'impérissables
monuments, dont la contemplation réjouit encore et charme nos
âmes après tant de siècles. C'est que les Doriens n'ont connu la
civilisation égéenne que pour la détruire et l'étouffer. Les Giecs
précédents avaient été conquis par elle et initiés par elle au
culte du beau. Dans le bassin oriental de la Méditerranée, les Indo-
Européens auraient donc trouvé leurs maîtres ! comme en Italie,
comme en Iran, comme ailleurs encore ; et leur principal mérite
se résume dans la promptitude à comprendre et la souplesse à
assimiler. Les Latins sont connus pour avoir poussé jusqu'au
génie l'art de l'imitation, de la contrefaçon ; mais voici que les
Grecs semblent avoir fait de même.
Xous considérions volontiers les Grecs comme un petit troupeau
284 Chronique.
séparé auquel un dieu bienfaisant avait réservé ses faveurs ; c'était
comme la fleur du genre humain merveilleusement éclose au
milieu de nattons barbares. Or c'est de la civilisation égéenne
que les Grecs ont reçu leur alphabet (par l'intermédiaire des Phé-
niciens) et leurs mythes les plus poétiques, la culture de la vigne,
celle de l'olive et les travaux des muses, « source de joie pour les
hommes ». Il faut que les admirateurs de l'Iliade et de l'Odyssée
se résignent : voilà le divin Homère rabaissé au niveau d'un Vir-
gile, et peut-être d'un Ennius. M. Meillet ne vient-il pas d'insinuer
que son vers si harmonieux, si parfait, est une importation
étrangère !
Cet exemple est bien fait pour inspirer des réflexions mélanco-
liques. 11 nous rappelle combien précaires et fugitives sont les con-
quêtes de la civilisation. Le monde antique que l'effort de longues
générations avait réussi à organiser a été laissé à l'abandon par
ceux qui en jouissaient et livré aux barbares. Il a fallu dix siècles
pour relever les ruines et retrouver, d'une façon encore bien
imparfaite, un état que les Egéens avaient atteint trois mille ans
auparavant. Ce que notre vanité appelle le flambeau de la civili-
sation ne jette donc que quelques lueurs isolées au milieu d'une
nuit profonde. On ne peut que plaindre vraiment cette humanité
imbécile qui prend plaisir à détruire d'un coup ce qu'elle a cons-
truit à si grands frais, et qui, depuis quelques milliers d'années
qu'elle végète sur cette terre, n'a pas su trouver encore le moyen de
se la rendre habitable. Incapables de jouir en paix de ce qu'ils ont
acquis, les hommes n'ont-ils donc que le choix, comme dit Vigny
après Voltaire, entre les convulsions de l'inquiétude et la léthargie
de l'ennui? Que de hontes, que de souffrances auraient été épar-
gnées, si l'histoire de l'humanité s'était arrêtée au monde égéen !
VI
Il y a d'excellentes choses dans l'article « Gallico e Latino » que
M. B. Terracini a donné à la Rivista di Filologia c d'Istru^ione cïas-
sica, t. XLIX (ottobre 1921), p. 401-430. Cet article, provoqué
par le livre de M. G. Dottin sur la Langue gauloise est plus et
mieux qu'un compte rendu, d'ailleurs très flatteur, de cet ouvrage.
C'est un résumé d'ensemble des données que nous possédons sur le
gaulois, dans ses rapports notamment avec le latin et avec le fran-
çais. M. Terracini joint à une érudition solide un sens critique
aiguisé. On appréciera particulièrement dans son article le relevé
Chronique. 28 î
qu'il donne p. 427 et suiv. de mots gaulois quimanquent au recueil
de M. Dottin.
VII
M. Jacques Soyer, archiviste du département du Loiret, se con-
sacre depuis de longues années à des recherches de toponomastique
sur la région orléanaise. Dans le Bulletin de la Société de géographie
de 1920, il a publié une étude sur « le temple du dieu gaulois
Rudiobus àCassiciate, et l'identification de cette localité » (16 p.
8°). Le trésor découvert en 1861 sur le territoire de Neuvv-en-
Sullias renfermait comme pièce principale la statue de cheval en
bronze bien connue que conserve le Musée historique d'Orléans.
Cette statue porte une inscription qui mentionne le nom du dieu
Rudiobus {Aug. Rudiobo sacrum) et contient en outre les deux mots
cur cassiciate, dont l'explication est malaisée. M. Soyer les interprète
par Curia ou Curalor Cassiciate et suppose que ce dernier mot est
le nom du vicus où l'offrande fut consacrée. Or, il existe aujour-
d'hui sur le territoire de Neuvy un lieu dit Châssis, qui parait
remonter à Cassiacus. M. Soyer suppose que ce Cassiacus résulte
d'une haplologie de Cassiciacus, lequel Cassiciacus se serait substitué
à la forme plus ancienne Cassiciate attestée sur l'inscription. Cette
série d'hvpothèses n'est pas invraisemblable; elle aurait seulement
besoin d'être appuvée de quelques faits précis. L'identification
qu'établit M. Sover entre le suffixe -acus et le suffixe -aie prête à
discussion. On ne peul poser en principe que les deux suffixes sont
interchangeables. Il n'y a pas identité entre Condate et Condacus.
Dans Condate figure un suffixe *-//'- substitué an suffixe *-to- de l'in-
do-européen (Mém. Soc. Ling. XIII, p. 394). C'est ce même
suffixe qui figure dans Brivate « endroit ponté, pourvu de pont ».
D'autre part le suffixe -acus a servi souvent de substitut à des
seconds termes décomposé ; ainsi Brï(g)acus, Eburacus (Eboracus),
Tunutcus sont la simplification de plus anciens Brigo-durum ou Bri-
ga-ialum, Eburo-dunum ouEburo-magus, Turno-durum ou Turno-ma-
gus etc. ; Condacuni peut passer pour représenter un composé de
type ancien comme Condatomagus. En plus du prétendu doublet
Condate : Condacus, M. Sover cite Beleuate : Belenacus, Maria te :
Mariacus, Luciate : Luciacus, Arnaie : Arnacus, Albenate : Albenacus,
etc. 11 y aurait lieu de revoir de près chacun d'eux. Le recueil de
Holder ne fournit d'exemple ni de Mariate, ni de Luciate, ni de
Aruate. Du radical Beleno- est attesté seulement le dérivé Beleuateu-
28e Chronique.
sis mous dans Grégoire de Tours ; dans quel rapport est cet adjectif
avec le dérivé Beleniacus ou Beliniacus d'où sortent les nombreux
Bligny, Béligny, Bélignal ? Il est difficile de le dire. Quant à Albe-
nate, attesté en 950, ce peut être une corruption tardive (et gra-
phique^ de Albenacus. La base sur laquelle M. Soyer fait reposer
son hypothèse paraît assez fragile.
On peut également discuter les conclusions de l'étude qu'a don-
née M. Soyer au Bulletin archéologique de 1921 (p. 39-51) sur
« l'identification de Vellaunodunum, oppidum Senonum ». César
allant d'Agedincum (Sens) à Cenabum (Orléans) rencontre sur'sa
route Vellaunodunum, place forte des Sénons ; il en fit le blocus et
s'en empara au bout de trois jours (5. G., Vil, 11-14). L'empla-
cement de Vellaunodunum a tait l'objet de maintes discussions ; on
a proposé tour a tour de le fixer dans une dizaine de localités. M.
Soyer n'a pas de peine à montrer que la plupart d'entre elles
doivent rester hors de cause. César n'a mis qu'une journée pleine
et une fraction pour atteindre Vellaunodunum, tandis qu'il a fait
deux journées démarche pour aller de Vellaunodunum à Cenabum.
Ces indications de distance sont essentielles ; or elles s'applique-
raient fort bien à Chàteau-Landon, qui domine la vallée du Fu-sain
que suivait justement à cet endroit la voie romaine d'Agedincum
à Cenabum : Chàteau-Landon est à 44 kilomètres de Sens et à 64
d'Orléans. Mais le nom de Chàteau-Landon (CastrumNantonis ou
Nantonense) n'a pas de rapport avec Vellaunodunum. Il faudrait
donc supposer une substitution de nom, comme d'ailleurs il n'en
manque pas d'exemples. Avant que de recourir à cette supposition
M. Soyera cherché sur la carte un nom qui pût sortir de l'ancien
Vellaunodunum ; et il a eu la bonne fortune de découvrir à quelques
kilomètres au Sud de Chàteau-Landon deux lieux-dits, le Petit-
Villon et le Crand-Villon, où il propose de localiser Vellaunodunum.
L'identification est plausible, encore qu'au point de vue linguis-
tique le passage de Vellaunodunum à Villon soulève quelques
difficultés, en l'absence surtout de formes intermédiaires. Mais on
peut faire à M. Soyer une objection d'ordre topographique et s'en
tenir à l'emplacement de Chàteau-Landon pour y fixer l'antique
Vellaunoaunum. La configuration du terrain appelait à cet endroit
une place forte au-dessus de la voie directe d'Agedincum à Cenabum.
Si les Sénons voulaient avoir dans ces parages une position avan-
cée, c'est là, sur le cours du fusain, qu'ils devaient l'établir, et
non à quelques kilomètres plus au Sud, au milieu d'une plaine,
même légèrement mamelonnée. Les partisans de Chàteau-Landon
auraient ainsi un bon argument à faire valoir pour retirer Vellau-
Chronique. 287
nodunum au département du Loiret et le donner à celui de Seine-
et-Marne.
Enfin, M. Sover a publié à Orléans en 1923 une note sur le pas-
sage des Commentaires de César relatif au pont gaulois de Cena-
bum. Ce passage est au chapitre 11 du livre VII. Les éditions clas-
siques lui donnent généralement la forme suivante : et quod oppidum
Cenabum pons fluminis Ligeris continebat. M. Soyer, se fondant sui-
des données topographiques irréfutables, propose d'adopter au lieu
de continebat la leçon contiugebal, qui est fournie par quelques
manuscrits et que plusieurs éditeurs (Dùbner, Meusel, Holder) ont
d'ailleurs admise. Le verbe contingere indique avec précision la
situation toute particulière de ce pont à l'extrémité, et non à l'inté-
rieur de l'enceinte du Cenabum antique. Le pont Jeanne d'Arc
actuel occupe le même emplacement que le pont gaulois; mais il
se trouve aujourd'hui au milieu de la ville d'Orléans, dans laquelle
ont été englobés d'anciens faubourgs à l'Ouest.
VIII
On a fait, parait-il, quelque bruit en Allemagne dans l'hiver
1917-1918 autour d'un prétendu monument « celtique » découvert
chez un antiquaire de Bonn. M. Friederich Marx, acquéreur du dit
monument, en a publié récemment la description dans une bro-
chure de 32 pages 8° intitulé Ueber eine Ma rmor statuette der grossen
Mutter mit der âltesien Inscbrift der Rheinlander in keltischer Spracbe
(Bonn, Rôhrscheid, 1922J. Nous ne connaissons cette brochure
que par le compte rendu qu'en a donné M. Théodore Reinach
dans la Revue des Études Anciennes, t. XXV, p. 399. Le monument
celtique de M. Fr. Marx soulève de graves motifs de suspicion, au
point de vue archéologique. L'inscription qu'il porte n'est pas faite
pour en garantir l'authenticité. La voici, telle que M. Fr. Marx la
lit et l'interprète :
KASTAN
ÏAI'KA
TXIYII
QTOAH
Il faudrait couper les mots en Ka<ri(oç) AvçayxaTvt oizw uoXï) et
traduire : « Casios, fils d'Ansancatnos, (a consacré) à la Grande
Mère ». C'est de la haute fantaisie, et probablement dépensée en
pure perte, car d'excellents juges inclinent à croire que le monu-
ment est faux.
288 Chrui
h/i
IX
M. Antoine Thomas veut bien nous communiquer la note sui-
vante, qu'il a reçue de son confrère à l'Institut M. Maurice Prou,
et qui constitue un précieux supplément à l'article sur *Tannoiaîum
publié dans la Revue Celtique, t. XXXIX, p. 334.
« Un diplôme de Charles le Chauve du 23 février 843, confirme
la concession faite par Alard, abbé de Saint-Martin de Tours, au
monastère de Saint-Paul de Cormery de diverses « villa », parmi
lesquelles « Tannogilum (accusatif) super fluvium Vigenne... in
pago Turonico ». Ce diplôme a été imprimé par Martène et Durand
dans le Thésaurus novus anecdotorum, t. I, col. 31, et, d'après cet
ouvrage, par Dom Bouquet, t. VIII, p. 438. On lit dans ces deux
ouvrages Taunogilum. — Mais le texte de ce diplôme ne nous a été
transmis que par deux copies, l'une de l'an x 5 5 1 dans YHistoria
S. Pauîi Cormaricensis, de Guillaume Du Boys, manuscrit 1349
(fol. xv) de la Bibliothèque de Tours ; l'autre, du xvn e siècle par
André Du Chesne, Bibl. nat., Collection Baluze, vol. 47, fol. 152 ,
l'une et l'autre copies tirées d'un même cartulaire, perdu, de Saint-
Martin de Tours. — Sans doute, dans ce cartulaire les ;/ et les //
étaient difficiles à distinguer, de sorte que Du Boys a lu Tauno-
gilum et Du Chesne, Tannogilum. C'est cette seconde leçon qui est
la bonne, car il s'agit de Theneuil, Indre-et-Loire, canton de l'Ile—
Bouchard, à 2 kil. 1/2 de la rive gauche de la Vienne. »
X
Le territoire des Martres-de-Veyre à 14 kilomètres de Clermont-
Ferrand, sur la rive gauche de l'Allier, est un des plus féconds de
France en richesses archéologiques. Son sol a fourni des pièces
fort curieuses, qui s'échelonnent à toutes les époques préhisto-
riques, depuis l'âge de pierre jusqu'aux temps gallo-romains. Le
savant conservateur du Musée de Clermont-Ferrand, notre ami le
doven Audollent, qui a la garde d'une partie des trésors exhumés
aux Martres-de-Veyre, ne néglige aucune occasion de les faire
connaître. En plus de la communication à l'Académie des Inscrip-
tions, dont la Revue Celtique a parlé (t. XL, 48S), il a donné à deux
revues anglaises un exposé sommaire du résultats des touilles {Mail,
novembre 1921, vol. XXI, p. 161-164 ; Notes ânà Guéries, 31
décembre 1921, p. 530-531). Il vient enfin de publier au tome XII
Chronique. 289
des Mémoires présentés par divers savants ci V Académie des Inscriptions,
un beautravail de 1 12 pagesin-4°(Paris, Klincksieck, 1923, 26 fr. 25)
sous le titre : Les tombes gallo-romaines à inhumation des Martres-
de-Vexre. Ces tombes sont au nombre de six : elles ont été décou-
vertes au cours de deux fouilles, en 18 51 et en 1893. Elles com-
prennent trois tombes de femmes, dont une jeune, une tombe de
fillette, une tombe d'homme et un coffre funéraire sur lequel les
informations sont plus vagues, le tout à une profondeur variant
entre 2 mètres et 2 m. 80. Le mobilier funéraire est simple, quoique
assez varié. Les gens dont on a retrouvé la sépulture étaient de
condition moyenne ou même inférieure. Mais ce qui fait la rare
valeur de la trouvaille au point de vue .archéologique, c'est l'état
de conservation des objets : vêtements de laine, chaussons de cuir,
boites de bois, corbeilles d'osier, voire même chevelures, sont appa-
rus à peine altérés après un séjour sous terre d'environ dix-huit
siècles. Par une anomalie singulière, ce sont les matières putres-
cibles qui se sont conservées, tandis que les ossements, d'ordinaire
plus résistants, ont entièrement disparu. L'explication de cette
anomalie est d'ordre chimique : le sol où ces tombes étaient creu-
sées est imprégné d'acide carbonique ; ce gaz introduit dans les
cercueils en aurait chassé l'air et en même temps toutes les causes
de fermentations. La publication de M. Audollent est ornée de
figures et renferme en outre quatre fort belles planches où les
principaux objets sont représentés. M. Audollent a fait suivre son
travail d'une étude technique de M. Charles Pages sur les tissus
découverts dans les sépultures. Il est bien fâcheux que Ton ne
poursuive pas des fouilles qui ont donné dans le passé des résultats
si fructueux ; d'autant plus fâcheux que ce ne sont pas les bonnes
volontés qui manquent, mais simplement les fonds nécessaires au»
travail matériel. Alors que l'on subventionne à grand frais des
campagnes de fouilles très coûteuses en des pays lointains, on
parait trop se désintéresser chez nous des richesses que recèle notre
sol national. Cette réflexion s'impose quand on pense aux sépul-
tures des Martres de Veyre, aussi bien qu'aux grafntes de La Grau-
fesenque. Puissent les efforts de M. Audollent attirer l'attention et
la générosité des Mécènes !
XI
M. J. U. Hubschmied a donné un intéressant article de topo-
nomastique gauloise à la Festschrift Bacbmann, qui forme le tome
Revue Celtique, XL!. m
2>;o Chronique.
XIX de la Zeitschrift fur deutsche Mundarten (p. 169-198). Il y étu-
die trois noms de lieu delà Suisse. l° Ogo, Og0% dans la région de
Gruyère (canton de Fribourg), remonterait à un ancien
*Ouxuko- « pays d'en haut », d'où *Osoco-, *Osgo- attesté en 929 et
en 975 dans le dérivé Ausicense, Ausocense. L'étymologie est plau-
sible. Toutefois, il parait difficile d'admettre pour l'ancienne diph-
tongue (i// en gaulois trois traitements différents (e, ft, au) suivant
les commodités étymologiques. La vérité est que ou, comme toutes
les diphtongues celtiques, tend à se simplifier de très bonne
heure : elle aboutit en Gaule suivant les lieux à ô ou à // ; s'il y a
en roman des représentants au de l'ancienne diphtongue celtique
ou passée à ô, il, ce ne peut être que le résultat d'une fracture d'ori-
gine secondaire, proprement romane, dont les conditions reste-
raient à fixer. — 2. Oex, dans le nom du village Château d'Oex,
remonterait à un gaulois *ouxu- « en haut » et 3. Uecht dans l'ex-
pression « Freiburg im Uechtland » à un gaulois *oukti- ou *ouktio-.
Une des parties les plus intéressantes du mémoire de M. Hubsch-
mied est la dernière, où il étudie une série de « formes abrégées »
dans des noms de lieu : type Ncmetacum de Nemetocenna, Nouid de
Nouiomagus. Son explication du nom de la ville de Metz a été
donnée en même temps dans les Mémoires de la Société de Linguis-
tique, t. XXIII, p. 54.
XII
Dans les Noiiiie degli Scavi de 19 18 (p. 169-207), M. Pellegrini
a fait connaître la découverte de fragments de cornes de cerf, por-
tant des inscriptions en un alphabet voisin de l'étrusque et con-
servés aujourd'hui à Este. La découverte avait été faite au sommet
de la Collina del Castello, au-dessus de Magrè, près Schio, à une
vingtaine de milles au N.-O. de Vicence. M. Whatmough a con-
sacré à ces inscriptions un substantiel article dans The Classical
Quarterly d'avril 1923 (vol. XVIII, n° 2, p. 61-72). Sa conclusion
est que l'on a affaire à du rhétique, langue des Rhaeti, dont parle
Tite Live (V, 33), et que ce rhétique est de l'indo-européen occi-
dental, peut-être du celto-illyrien, mais fortement imprégné
d'étrusque. La thèse de M. Whatmough pose la question si contro-
versée des langues mixtes : le rhétique présenterait en effet suivant
lui un mélange de morphologie indo-européenne et de morpho-
logie étrusque. Mais elle touche encore à d'autres questions de
linguistique générale, à notamment celle du substrat. Elle montre-
Chronique. 291
rait enfin comment une population vivant à l'abri de défenses
naturelles dans une vallée étroite et retirée peut réussir à conser-
ver sa langue. Le rhétique serait un îlot indo-européen, qui, malgré
de sérieuses altérations, aurait cependant résisté à l'envahissement
de l'étrusque sans parler du gaulois cisalpin. C'est ce rhétique que
l'extension du latin aurait rencontré dans les vallées où devait se
développer jusqu'à nos jours le rhéto-roman.
XIII
Voilà plusieurs années déjà que M. N. Marr a mis en circulation
sa théorie japhétique. S'il se plaint d'être méconnu dans l'Ouest de
l'Europe, ce n'est pas seulement que le nombre des savants qui y
lisent le russe est relativement limité ; c'est aussi qu'on y a quelque
peine à se procurer les publications faites en Russie. On nous
communique les deux premiers fascicules du Recueil Japhétique
(Petrograd, 1922 et 1923 ; 146 et 167 p. 8°), où tous les articles
sont en russe, sauf trois écrits en français ; et nous apprenons la
publication à Leipzig de Japheiitische Studien \ur Sprache und Kultur
Eurasiens. Tout récemment a paru la traduction allemande d'un
travail de M. Marr, der Japhctitische Kaukasus und das dritte dhniscke
Elément im Bildungspro~ x ess der mitiellàndischen Kultur (cf. Bull. Soc.
Liug. t. XXIV, p. 189). Il ne manque donc pas d'informations
sur la théorie japhétique.
Cette théorie est née dans le Caucase, dont M. Marr connaît les
langues mieux que nul homme au monde. Il a essayé de les clas-
ser, d'en déterminer la parenté. En poursuivant ce travail en dehors
du Caucase, il a cru reconnaître que ces langues présentaient des
affinités frappantes avec le basque ; et il a conclu de ce fait que les
langues du Caucase et le basque, confinées dans des régions mon-
tagneuses peu accessibles aux invasions, représentaient aujourd'hui
les restes isolés d'une grande famille linguistique qui occupait
l'Europe antérieurement à l'arrivée des Indo-Européens. Il a pro-
posé de donner à cette famille le nom de japhétique. C'est à la
souche japhétique que se rattacheraient les différentes langues des
populations préhelléniques de la Méditerranée. De temps immé-
morial, les masses ethniques parlant ces langues auraient formé
une chaîne continue de tribus parentes depuis les Pyrénées jusqu'aux
bords orientaux de la Méditerranée et de la mer Noire, jusqu'à la
Caspienne, à la Mésopotamie et jusqu'aux régions les plus loin-
taines de l'Asie. Sur ce vaste domaine, les langues japhétiques
2 o 2 Chronique.
auraient précédé tout parler indo-européen ; c'est sur un substrat
japhétique, d'ailleurs très varié, que les langues indo-européennes
se seraient chacune développées. On voit immédiatement l'intérêt
d'une pareille hypothèse. Elle permettrait d'expliquer les différences
qui distinguent les langues indo-européennes entre elles par la
répartition inégale et l'influence variable des éléments de substrat.
Le basque joue un grand rôle dans la théorie. Il représenterait
la survivance d'une de' ces langues japhétiques de l'Europe antique
ou plutôt de l'Eurasie. Et il donnerait assez bien idée du carac-
tère de ces langues. Le basque en effet est loin d'être une langue
pure. C'est au contraire le type d'une langue mixte, d'une « Misch-
sprache ». Le rapport du japhétique et du basque n'est pas sim-
plement celui qui existe entre deux états linguistiques chronologi-
quement différents ; c'est celui d'une langue actuelle résultant
d'un mélange de différentes langues japhétiques avec d'autres
langues japhétiques qui à leur tour ne sont que l'aboutissement
de croisements multiples. Pour M. Marr, la parenté linguistique
n'existe que sous la forme de langues mixtes ; la science des langues
japhétiques, dit-il, exclut l'existence d'une langue de tribu qui soit
restée pure de tout croisement. Cette doctrine pose une grave
question de méthode. Elle contredit les principes mêmes sur les-
quels repose jusqu'ici la grammaire comparée des langues indo-
européennes. Elle mêle l'ethnographie à la linguistique en soute-
nant que le mélange des langues est une conséquence fatale du
croisement des races. Elle se rapproche dans une certaine mesure
des idées de M. Schuchardt et prend à son compte une partie des
critiques que l'éminent linguiste adressait aux Junggrammatiker.
Ce n'est pas le lieu de discuter une théorie aussi vaste, dont la
portée dépasse de beaucoup le domaine des études celtiques. Une
critique toutefois peut lui être adressée : c'est qu'elle s'appuie avant
tout sur le vocabulaire. Les faits de vocabulaire, toujours « sin-
guliers » et « particuliers » s'accordent aisément avec une théorie
qui fait une si large place aux contingences. La morphologie a des
cadres riaides qui ne se laissent pas traiter aussi librement Aussi
beaucoup de linguistes sont-ils convaincus que seuls les faits de
morphologie sont valables comme bases de comparaison Ces
mêmes linguistes estimeront qu'en s'en tenant au vocabulaire,
M Marr accuse le point faible de sa méthode. A propos, par
exemple, du basque udagara « loutre » (m. à m. « d'eau chien »
= chien d'eau) il se livre à une série de rapprochements, qui
n'imposent pas la conviction. Il paraît que le nom basque de la
« loutre'» aurait la même étymologie que le géorgien m-tav-dagl-i
Chronique. 293
(m. à m. « d'eau chien »), et qu'un composé semblable existe en
arménien moderne sous la forme dri-suu, au lieu de la forme
ancienne sen-dri Qen-druk dans le dialecte de Zeythoun). Faut-il
ajouter qu'en celtique aussi le nom de la « loutre » est composé
des deux mots pour « chien » et pour « eau » ; irl. dobor-chû (.i.
cii uisci dans le Sanas Cormaic, n° 424 éd. K. Meyer), gall. mod.
dwfr-gi, corn, doferghi (gl. lutrius dans le Vocabulaire) ? Peut-on
conclure de cette dénomination commune à une communauté pri-
mitive de toutes ces langues? ou même à une action des unes sur
les autres ? Il s'agit là d'un terme demi-savant qui peut se trans-
mettre de pays à pays, être traduit et imité sans qu'il y ait de
contact intime entre les langues. Mais ce n'est qu'un exemple
isolé. Un exposé d'ensemble de la méthode et des principes de la
théorie japhétique manque encore, et tant qu'on ne l'aura pas,
dans une langue occidentale s'il est possible, il sera malaisé d'en
voir la portée.
XIV
A quiconque veut s'initier à la connaissance du basque, il faut
signaler une brochure Primitiae Linguae Vascoiium, Einfùhrung ins
Baskische que M. Hugo Schuchardt a publiée en 1923 à la librairie
Max Niemeyer, de Halle (viij-33 p. 4 ). S'inspirant d'une
méthode empirique, le savant linguiste s'est proposé de faire con-
naître à son lecteur les caractères originaux et essentiels du basque
en le mettant en présence d'un texte, accompagné d'un commen-
taire où tous les faits de langue soient expliqués. On sait que
cette méthode, appliquée naturellement dans des proportions plus
vastes, a fait le succès du beau manuel de langue russe de
MM. Boyer et Spéranski. Le texte choisi par M. Schuchardt est
celui de la parabole de l'enfant prodigue dans l'évangile de saint
Luc (XV, 11-32); il est emprunté à la traduction basque du Nou-
veau Testament de Leizarraga, publiée en 1 571, et qui n'est
postérieure que de 26 ans au plus ancien ouvrage connu en langue
basque, les Linguae Vasconum Primitiae, recueil de poésies de
Dechepare (1545). Quand on est arrivé au bout de la brochure
de M. Schuchardt, on possède une idée très exacte des particula-
rités de la langue basque ; c'est un petit chef-d'œuvre de méthode
pédagogique.
!94 Ch
XV
La collection des « classiques français du moyen âge » que
dirige M. Mario Roques à la librairie Champion, comprend main-
tenant plus de trente volumes. Le numéro 28, paru en 1922, est dû
à miss Mary Williams (devenue depuis Mrs. Stephens), professeur
à l'University Collège de Swansea (cf. Rev. Celt., t. XXXVIII,
p. 372). Il comprend la première partie, c'est-à-dire les 7020
premiers vers de la continuation de Perceval par Gerbert de
Montreuil. On ne connaissait jusqu'ici ce texte que par les
analyses et les extraits, d'ailleurs étendus, qu'en a publiés Ch. Pot-
vin. En attendant la nouvelle édition du Perceval même de Chrétien
de Troyes que les classiques français du moyen âge ne manque-
ront pas de donner, il est important d'avoir le texte complet de la
continuation de Gerbert. Tous ceux qui s'intéressent à la légende
du Graal seront reconnaissants à Mrs. Stephens du soin qu'elle a
donné à son édition.
XVI
Au mois de mai 1923, le Manchester Guardian Commercial a con-
sacré à l'Irlande une intéressante publication, de xn-52 pages qui
fait partie des « European Reconstruction Séries ». L'Irlande y est
étudiée sous les aspects les plus variés : économique, bancaire,
commercial, industriel, agricole, etc. dans des arttcles signés de
noms connus et appréciés. Le premier article, de M. T. P. Gill
(Secretary of the Département of Agriculture and Technical Ins-
truction for Ireland), est un éloquent appel à la confiance. Il s'inti-
tule « Grounds of Faith ». Sans refuser de voir les points noirs
de la situation, il montre les motifs sérieux d'espoir qu'elle renferme.
Sans dissimuler les difficultés de la tâche, il met en lumière les
résultats qui ont déjà été obtenus. Certains chiffres sont impres-
sionnants : le commerce extérieur de l'Irlande a passé de 104
millions de livres en 1904 à 148 en 1913 et à 247 en 1921, et
dans ce dernier total les exportations dépassent de 11 millions les
importations. Pendant la même période, les dépôts en banque ont
suivi une progression analogue ; ils ont passé de 45 millions de
de livres en 1903 à 62 en 1913 et atteignaient, en 1922, 196
millions !
On n'a pas négligé dans cette publication la littérature et les
Chronique. 295
beaux-arts. Il y a aussi un beau souffle d'espérance dans l'article
<que le prot. Douglas Hvde consacre à « The Irish Language
Movement » ; il suffisait à notre savant collaborateur de se reporter
à une trentaine d'années en arrière pour justifier la confiance qu'il
a aujourd'hui dans l'avenir de la langue. Il expose à grands traits
le résultat des efforts des sociétés gaéliques et par-dessus toutes de
la Gaelic League, dont il fut en 1893 le premier président. Il est
de ceux qui ont contribué le plus généreusement à atteindre ce
résultat : il peut être fier de se dire aujourd'hui en toute confiance
que la langue nationale de l'Irlande ne périra pas.
Signalons enfin dans la même publication « War in Irish Folk-
lore », par Lady Gregory, « Connemara, an Impression » par
Paul Henry, « Modem Irish Art » par J. W. Good.
XVII
M. J. P. Craig fait actuellement dans l'Irlande du Nord une
excellente propagande pour encourager la langue nationale. En
1919, sous le titre Progressive Studies in Irish (160 p. 2 sh.), il a
publié une série d'exercices divisés en quatre parties et commodé-
ment disposés pour faire passer en revue les principales difficultés
de la langue. Depuis, il a donné des Studies in Irish Composition
(new revised édition, 3 sh.6 d.), qui se recommandent par la clarté
de l'exposition et la simplicité de la méthode.
Comme écrivain, il a rédigé des versions nouvelles, en irlandais
d'Ulster, des célèbres récits Clann Lir « les enfants de Lear » et
Cl an 11 Uisnig « les enfants d'Usnech » ; il a composé Iasgaireacht
Shèamuis Bhig « la pêche du petit Jim » et il vient de se faire con-
naître comme poète dans ôrsgeul au Chreidiiuh « la légende dorée
de la Foi », recueil d'un millier de vers, consacré à des épisodes de
la vie de saint Patrice (1924, 80 p., avec 12 illustrations, 3 sh.
6 d.).
Enfin, en 1921, pour engager les parents à s'entretenir en irlan-
dais avec leurs enfants, il avait écrit Teagasg na Mathara « l'Ins-
truction des mères » (104 p. 2 sh. 6 d.), recueil de petits récits
sur des leçons de choses, accompagnés de dialogues entre une mère
et ses enfants. Une partie importante du livre roule sur la cosmo-
graphie, le système solaire, les planètes, le soleil et la lune, les
constellations ; des figures illustrent le texte.
Tous ces ouvrages de M. J. P. Craig ont paru à Derry, chez
l'éditeur D. G. Craig, William Street.
296 Chromqui
XVIII
M. Ifor Williams, à qui l'on doit déjà deux éditions classiques du
Breudwyd Maxen (cf. Rev. Celt., XXXI, 109) et du Cy franc Lludd a
Lleweîys (cf. ibid. p. 386), a publié récemment à l'usage des classes
le texte des Pedeir Keinc v Mabinogi d'après le Livre Blanc de
Rhydderch (cf. Rcv. Celt., XXXI, 106). Cela forme un petit volume
in-12 de 92 pages, ne portant aucune indication de lieu, de date
ou d'éditeur. Il paraît qu'on peut se le procurer au prix de 2 sh.
6 d. chez la plupart des libraires classiques de Galles et notamment
à la maison Jack Edwards, Great Dankgate Street, Aberystwyth.
Dans une note qui termine l'ouvrage, l'auteur annonce pour le
début de l'année prochaine une édition du texte comprenant pré-
face, notes et glossaire. Ce futur ouvrage rendra certainement de
grands services à tous ceux qui veulent s'initier au moyen-gallois.
Pour le moment il faut se contenter de cette petite brochure, où
le texte du Livre Blanc est publié seul. L'auteur n'a fait de correc-
tions que là où elles s'imposent et il n'a qu'exceptionnellement
indiqué en note les variantes du Livre Rouge d'Hergest. On peut
regretter qu'il n'ait pas pris soin d'indiquer les pages du manuscrit,
de façon à permettre au lecteur de se reporter aisément au texte
original pour y vérifier une référence. S'il avait pris soin d'établir
une concordance avec le manuscrit, peut-être se serait-il aperçu
qu'il avait sauté une phrase dès le début, à la ligne 14 de la page
3 de son texte (col. 4, 1. 9-12 du manuscrit). Parmi les correc-
tions proposées par l'auteur, une des plus heureuses est à la page
90. Le second des englynion du texte est par l'addition du mot
givres rétabli dans son entier ainsi qu'il suit :
dur a dyf yn ard uaes
nis giulych glazu, nis mwytawd gwrès, etc.
C'est également une excellente idée d'avoir à la page 5 ajouté
ac idaiu ynteu à la fin d'une phrase embarrassée, qui s'en trouve tout
éclaircie ; on conçoit aisément que ces trois mots aient été sautés
par le copiste, la phrase suivante commençant par ac ynteu. A la
page 50 aussi, l'addition de gystal est plausible ; comme à la page
73, l'addition de heb y Gwydyon.
Ces additions au texte sont placées, suivant l'usage des éditions
classiques, entre crochets carrés. Il est fâcheux que l'auteur se soit
souvent servi de ces mêmes crochets pour indiquer les additions
qu'il empruntait au Livre Rouge. C'est le cas par exemple p. 7
(yurek R. B. 6, 24), p. 18 (honno R. B. 17, 3), p. 69 (11a R. B.
Chronique. 297
61, 22), p. 77 (heb v Math R. B. 68, 14), p. 83 (heb hitheu R. 15.
73, 4), p. 85 (bcb ef, R. B. 7.), 24, place, il est vrai, différemment).
A la page 6, les crochets carrés sont mal placés ; le texte du
W. B. porte canis rywelsei ef (col. 9, 20) et celui du R. B. kanys
givelsci yr y<; talym. En écrivant canis ryivelsei ef ys blwydyn [wyn-
teu], l'auteur ne donne pas une idée exacte de sa correction. Celle-
ci est peut-être inutile, si on lit avec M. J. Loth eau nys giuelsei
yr y s talym. — A la page 45, dans un passage probablement cor-
rompu, où les manuscrits ne sont pas d'accord (W. B. 57, 32 : da
a dwy ynys adiffeitlnvyt ; R. B. ^o, 27 : ysda dwy ynys adiffeithwyf),
l'auteur corrige en da a [giuyr] dwy ynys « les hommes vaillants de
deux îles ». C'est ingénieux ; mais cela ne rend pas compte de la
leçon du Red Book (la moins intelligible des deux), et il est dou-
teux que tel ait été le texte de l'archétype.
Dans quelques passages, on peut regretter que M. Ifor Williams
n'ait pas utilisé les notes de M. J. Loth à sa traduction des Mabi-
negion. P. 8, 1. 17, les deux mots ot giuuu doivent être rattachés à
ce qui suit : . . . nys attygy y gennym. » — « Ot gwnn, une attygaf
yrof i a duiu ». C'est à peine une correction au texte. — P. 44, au
lieu de Aber Henveleu dans les deux manuscrits (R. B. 40, 17 ; W.
B. 57, 16) il faut lire Aber Henvelen. — P. 56, 1. 17, l'auteur
maintient la leçon lywenyd du W. B. (lewenyd R. B.), alors que
s'impose la leçon leueryd, qui est en fait celle d'un autre manuscrit
plus ancien (leferit Pen. 6). Avant de connaître le ms. Pen. 6, M.
J. Loth avait proposé cette correction, qui est évidente.
XIX
La carte linguistique de l'Europe, qui est déjà si bigarrée, va-
t-elle se charger d'une couleur nouvelle? Tous ceux qui ont lu la
Social History of Ireland du regretté Joyce — c'est-à-dire sans aucun
doute tous ceux qui s'intéressent au celtisme — ont pu être frappés
d'une note ajoutée au bas de la page 472 du tome I er . Il y est dit
en propres termes : « There is a movement also — following the
example of Ireland — to revive Manx and Cornish ». Passe encore
pour le mannois, bien qu'il soit des plus malades, au dire des gens
renseignés. Mais quel moyen de jamais ressusciter le comique,
depuis près de cent cinquante ans qu'il est mort ? L'affirmation de
Joyce, en 1904, dut faire sourire plus d'un lecteur.
Le comique en effet a cessé de vivre sur des lèvres humaines
depuis le 26 décembre 1777, où Dieu a rappelé à lui la vieille
298 Chronique.
Dolly Pentreath, après l'avoir d'ailleurs laissée sur terre plus de
102 ans. Elle en a emporte avec elle l'idée, qu'elle avait naturelle.
Nous ne pouvons plus aujourd'hui nous le représenter qu'artifi-
ciellement. Nous n'avons pas de disque de phonographe qui nous
reproduise le rythme et l'intonation de ce langage disparu ; nous
n'avons même pas la ressource du perroquet, qu'avait imaginé la
fantaisie d'Anatole France. Nous sommes réduits à l'étude des vieux
textes, grimoires à l'orthographe compliquée, comme le savent les
lecteurs de la Revue Celtique. Mais tout le travail de réflexion que
Ton fait à l'âge adulte pour s'approprier une langue nouvelle ne
vaut pas l'apprentissage de l'enfant qui reçoit de ceux qui l'en-
tourent le précieux dépôt de la langue qui servira d'outil à sa pensée.
Il y a cependant des gens en Cornwall, comme Joyce le soupçon-
nait, qui rêvent d'un « revival » du comique. Le fait nous est
affirmé par le Western Morning News du 13 juin 1924. Ce journal
contient le récit détaillé d'une fête comique, qui avait eu lieu la veille
à l'école Saint-Andrews, de Redruth. A l'instigation du Rev. G.
H. Doble, vicaire de la paroisse, assisté de son curé le Rev. H.
W. Sedgwick, on représenta sur la scène le vieux mystère cor-
nique Bcunans Meriasek, écrit en 1504 par Dominus Hadton. L'as-
sistance était des plus choisies ; on y voyait l'évêque de Truro et
Lady Mary Trefusis, des membres de la Old Cornwall Society
et des élèves de la Truro High School, et M. Henry Jenner, le
philologue bien connu. Celui-ci, dans un savant discours, rappela
ce qu'était le théâtre comique, ce qu'il avait d'original bien qu'il
fût inspiré de modèles anglais. Le Bcunans Meriasek est probable-
ment le plus original des drames comiques, car il traite de légendes
locales, combinées il est vrai avec des histoires tirées de la Légende
Dorée. La source en doit être dans quelque vie latine du saint,
analogue à celles que contient le recueil d'Albert le Grand. La vie
de saint Meriasek, évêque de Vannes et patron de la paroisse de
Camborne (en Cornwall), a l'intérêt de montrer l'étroit rapport qui
exista toujours entre la Bretagne armoricaine et le Cornwall. En
1504, on devait se comprendre sans peine des deux côtés de la
Manche, car les deux langues étaient fort semblables ; et il y avait
d'ailleurs des relations constantes entre les deux pays.
Le Rev. G. H. Doble ne présenta cette fois à son auditoire
qu'une adaptation anglaise du Bcunans Meriasek. Il n'y eut rien de
comique dans la représentation, sauf le nom de « plain-an-guary »,
donné au lieu de la scène '. Mais ce n'est qu'un commencement.
1. Ce nom, qui signifie « la Plaine du jeu », se rencontre en différents
Chronique. 299
Et M. Jenner salua de ses vœux le jour où le mystère serait donne
sous la forme que comprenaient les auditeurs de 1504. La veille
de la représentation du Beunans Meriasek à Redruth, le Lord Chief
Justice du Free State of Ireland, en ouvrant la session à Dublin,
prononçait un discours en irlandais. Cela est de nature à faire rêver
certains Cornishmen. « If one branch of the Keltic race can revive
its ancient and half-forgotten language for purposes of state, it
should not be impossible for another to do the same as a matter
of local patriotism and historical interest » : telle est la conclusion
d'un article du Western Morning Neius.
On pourrait faire observer qu'il y a quelque différence entre le
comique et l'irlandais, que ce dernier n'est pas mort, qu'il a tou-
jours été parlé et qu'il manifeste depuis quelques années une vita-
lité entretenue par de puissants motits ; le souci de l'indépendance
nationale est autrement plus efficace pour ranimer une langue que
l'intérêt historique, et même le patriotisme local. Mais la science
doit se borner à observer les faits, sans essayer de les diriger :
aussi bien les forces qui entraînent les hommes échappent-elles à
tout contrôle de la réflexion calme et raisonnée. Il est peu vrai-
semblable que l'on entende jamais reparler comique. La manifes-
tation de Redruth n'en est pas moins curieuse par le symptôme
qu'elle révèle. N'essaiera-t-on pas aussi de faire renaître le vieux-
prussien, qu'un vieillard parlait encore, à ce qu'on rapporte, en
1677 ? Et le polabe, disparu au xvm e siècle ? Et le vegliote, dont le
dernier survivant, Antonio Udina, mourut accidentellement le 10
juin 1898, à l'âge de 77 ans ? Les forces de dissociation sévissent
si puissamment à l'heure actuelle qu'on ne peut prévoir où elles
entraîneront l'Europe. Aux raisons que les hommes ont déjà de ne
pas s'entendre semblent devoir se joindre de nouveaux motifs tirés
de la multiplication de langues différentes. Cela réserve aux rela-
tions futures entre les peuples des complications qu'on ne prévoyait
guère il v a vingt ans.
XX
Le succès de la Légende de la mort de M. Le Braz, annoncé il y
a dix ans à cette même place (Rev. Cclt., t. XXXIII, p. 492) ne
cesse pas de s'affirmer. Une quatrième édition vient de paraître
endroits du Cornwall, et notamment sur le territoire même de Redruth.
Il rappelle les anciennes représentations de mystères, si en laveur dans le
pays, et qui avaient lieu en plein air. Des restes d'amphithéâtres se voient
encore d'ailleurs à Perranzabuloe et à Saint-Just-en-Pen\vith.
joo Chronique.
chez l'éditeur Champion, enrichie de chapitres nouveaux. Le pre-
mier volume a passé de 396 à 448 pages, le second de 468 à 50e.
La bibliographie et l'index ont été revus et complétés 1 . M. Dottin
a augmenté les précieuses notes que l'on doit à son obligeante éru-
dition. 11 n'y a pas à revenir sur les qualités de cet ouvrage, un
des meilleurs qui soient partis de la main de M. Le lira/. ; son prin-
cipal mérite est d'avoir fait connaître un des côtés les plus atta-
chants de l'âme bretonne.
M. Le Braz présente cette quatrième édition comme définitive;
c'est-à-dire qu'il semble renoncer à poursuivre davantage une
enquête commencée par lui il v a plus de trente ans. Il sait pour-
tant que la moisson n'est pas épuisée et qu'il pourrait trouver
encore mieux qu'à glaner. L'article récent de M. Cuillandre dont
la Revue Celtique a parlé récemment (v. t. XL, p. 474) suffirait à le
prouver 2 .
XXI
Livres nouvellement parus dont il sera rendu compte ultérieu-
rement :
Edmund Curtis. A History of Mediaeval Ireland from 11 10 to
1 5 1 3 . London, Macmillan and C°, 1923 vni-436 p. 8°.
Georges Dumézil. Le festin d'immortalité. Paris, Geuthner, 1924.
xix-322 p. 8°.
Henry Lewis. Llawlyfr Cernyweg Canol [manuel de moyen cor-
nique]. Wrecsam, Hughes a'i fab. 1923. vm-95 p. in-T2. 3 s. 6 d.
Cécile O'Rahilly. Ireland and Wales. London, Longmans Green
and C° 1924. vm-154 p. 8°.
J. Vekdryes.
1. On peut s'étonner toutefois de n'y pas voir figurer l'ouvrage de lady
Gregory, Visions and Betiefs (v. Rev. Celt., XXXIX, 91), qui rappelle
beaucoup dans sa genèse et dans sa disposition l'ouvrage de M. Le Braz
et qui contient sur les idées de la mort et de l'au-delà en Irlande nombre
de traits qui prêtent à comparaison avec la Bretagne. — Manque égale-
ment l'ouvrage de Daniel Deenev, Peasant tore from Gaelic Ireland, Lon-
don, D. Nutt, 1900 (cf. Rev. Celt., t. XXI, p. 338).
2. L'explication de proella donnée au tome I, p. 424 est corrigée, d'après
l'article de M. Cuillandre, à l'erratum du tome II, p. 502. — P. 194, n.
lire p. 185 et non p. 85.
Le Propriétaire-Gérant : Edouard CHAMPION
MAÇON, l'ROTAT FKÈKLiS, IMPRIMEURS.
THE ANNALS
IN
COTTON MS. TITUS A. XXV.
INTRODUCTORY NOTE.
The Transcript. — 'K (7)', 'K(i8)' etc. means that 'K' or one of
the other équivalents for 'Kalendae' or ' Kalendae Euair' is written seven
(eighteen) times consecutively in the manuscript.
Xo accents or marks of length hâve been supplied. Vovvels bearing the
apex are so accented in the manuscript, and vowels bearing the macron
hâve the mark of aspiration written over them in the manuscript.
In some cases however this mark seems undoubtedly to hâve the valut
of "h" and has been accordingly transcribed h.
The punctum which almost always surmounts 'y' in the original has
not been reproduced. Hère and there the punctum occurs over consonants
(other than 't' and 'c'). Thèse puncta are not reproduced in the text but
registered in footnotes.
Ordinarv contractions are used profuselv in the Latin text, and much less
frequently in the Irish. Thèse hâve as a rule been expanded silently. But
in one case it seemed advisable to adopt a System to show the practice of
t-he scribes. 'E' with subscript 'a' has been transcribed 'ae' in the Latin.
In the Irish it is used for (1) the diphthongs (2) short 'ai', 'oi' (3)broad
'e', ' and has been transcribed (1) ae (2) ai (3) ea. The spelling 'ea',
which perhaps looks out of place in a 1 3th Century text, is used freely in
the later leaves of this manuscript. an J it is by no means unknovvn to the
first scribe, who writes heleanib in § 281 and Caslean in § 384.
The text has been broken up into paragraphs. The use of capital letters
and the division of words hâve been to some extent normalised.
D.iTiNG . — The first scribe, by his manner of sprinkling ' K ' or ' Ki- En- '
over his page, has made it appear at a first glance as if lie accounted for
every year between the beginning of the world and his own time. But a
second glance at almost anv portion of his work shows that this appearance
1. Simple ' e' is also used for ail thèse by first scribe, besides a variety
of digraphs for (1) and (2) and 'aei' for (1).
Revue Celtique, XLI. 20
302 A. Martin Freeman.
is entirely l'aise. He is in fact flagrantly careless in this, as in many other
matters ; and no reasonable System of dating can be evolved from the
internai évidence of the manuscript. Dates hâve therefore been supplied
as follows :
(i) The lew indications of date down to A. D. 431 are intended merely
to serve as signposts in the wilderness of miscellaneous events. (2) From
A. D. 432-1013 dates are from the Aimais of Ulster (A. U.), rectified by
one year after 485. It sometimes happens that thèse Annals assign to one
year events which A. U. places in disiinct years. Sometimes too, the
text gives events in an order differing from the order of A. U. In thèse
cases an earlier date has not been inserted followinga later date.
(3) From 1014 to the end tlie dates are from the Annals oj Loch Ce (A.
L. Ce), supplemented by A. U. Occasionally an event reeorded in thèse
Annals is given by the Four Masters (F. M.) but not by A. L. Ce or A.
U. To such events a date lias only been supplied from F. M. if it fits in
with the scheme established by dating from A. L. Ce and A. U., and
with the number of kk in the text. The date 1116 isan instance.
(4) A. U. breaks off at n 31 and A. L. Ce at 1 1 37 . A. U. résumes at
1133 a°d A. L. Ce at 1170, The interval between the death of Domnall
Ua Dubthaich (1 1 37, A. L. Ce) and that of Toirdelbach Ua Conchobair
(11 56, A. U.) has been dealt with as explained in the footnote to the year
11 34.
THE ANNALS IN COTTON MS. TITUS A. XXV
1. [f. 2.] K (7). Kal. Enair iii. K (18). Kal. Enair vi.
K (18). Kal. Enair ii. K (18). Kal. Enair v. K (18). Kal.
[Enair] vi. K (18). Hoc anno natus est Enos. Ab Adam
usque [ad] Enos anni cccxxxv.
2. Kal. Enair iii. K (37). Kal. Enair ii. K (18). ' Hoc anno
natus est Cainan. Enos enim xc annorum genuit Cainan.
Ab Adam usque ad Cainan ccccxxv.
3. K (2). Kal. Enair vii. f[eria]. K (18). Ab Adam
cccclxxvi.
4. Kal Enair iii. f[eria]. K (18). Kal. Enair v a . feria.
K (18). Malalel hoc anno natus est. Ab Adam usque ad
Malalël anni ccccxcy.
5. K (7). Kal. Enair \\ î\ K (18). Kal. Enair iiii. K(i8).
Kal. Enair vii\ K (18). Anni ab initio mundi dix.
1. In margin [. .] clxx and below that ix.
The Aimais in Cotton US. Titus A. XXV. 303
6. K(io). Hoc anno natus estlareth. Ab Adam usque[ad|
Iareth anni dlix.
7. K (9). Kal. Enair. v. K (18). K (19). dxcix. [f. 2. b.]
K (19). dcxvui. K (19). dcxxvii. K (19). dclvi. K (19).
dclxxv. K (19). dcxciiii. K(i9). dccxiii. K (20). Enoc hoc
anno natus. Ab Adam usque [ad] Iareth ' anni dccxxii.
8. K (19). K (19). K(i9). Hoc anno natus est Mathu-
salem. Ab Adam usque [ad] Mathusalem anni dcclxxxvii.
9. K. dcclxxxix. K(i9). dcccviii. K(i9). dcccxxvii. K (19).
dcccxlvi. K (19). 2 dccclxv. K (19). dccclxxxiiii. K (19).
dcccciii. K (19). dccccxxii. K (19). Adam hoc anno raor-
tuus est secundum lxx interprètes et Methodium et Iosephum
qui computant c annos luctus Adam et mortuus est.
dccccxxx. 5 .
10. K (19). dcccciii. (t. 3.] K (15). Hoc anno Lamech
natus est. Ab Adam usque (ad] Lamech anni dcccclxxiiii.
11. K (5). dcccclxxx. K (18). dccccxcviii. K (19). Mille
xiii. K (14). Hoc anno Adam mortuus est secundum Ebreos
sed hoc falsun est.
12. K (5). Mxxxvi. K (19). Mlv. K (19). Mlxxiii. K (18). <
Mlxxiiii. K (19). Mxciii. K(i9). Mcxii. K(i9). Mcxxxi. K (19).
Mcl. K (9). Hoc anno natus est Noe. Ab Adam usque [ad]
Noe mille clviii.
13. K(io). Mclxxix. K (19). Mclxxxviii. K (19). Mccvii.
K (19). Mccxxvi. K. Mccxxvi. s K. Mcclxxxiii. K. Mccxlv.
K. Mcclxiiii. K. Mcccxxi K. Mcccxl. K. Mccclix. K.
Mccclxxviii. K. Mcccxcix. K. Mccccxvi. K. Mccccliiii.
K. Mcccclxxiii. K. Mccccxcii. K. Mdxi. K. Mdxxx. K. dxlix.
K. dlxviii. K. Mdlxxxvii. K. dcvi. K. Mdc. 6 [f. 3. b.] K.
Mdcxliiii. K. (12), H[oc] tempore nati sunt Sem C/;am et
1. ? read Enoc.
2. An erasure hère, where the scribe probably wrote two kk too many.
3. In margin : dcccxli.
4. There seems to bave been another k hère originallv.
5. In marc in [. .] cxlv.
6. The rest of tliis date was perhaps erased in the process of mending
the leaf. On the lower margin of this page is written, in a later hand :
" Annales monasterij de Buellie in Hibernia ".
304 A. Martin i'iccnuui.
[afeth. Adam post dcccxxx annos in Ierusalem obiit. In loco
Caluarie sepultus. Aliquandiu requieuit deinde in Kbron trans-
latus in terrain de qua assumptus est rediii. Abcl filius Ade
xxxannorum apud Damascum occiditur a fratre. Seth moritur.
Gigantes orti sunt in terra quorum statura erat xv aut xx
cubitorum.
14. K. (8). K. Mdcci. K. Mdccxx. K. Mdccxxxix. K. (19).
Hoc anno ante diluuium uenit C/;esar ingen Betha
meic Noe in Hiberniam cum cl uirginibus ac tribus uiris ubi
apud Cul in diluuio perierunt. In hoc anno uenit diluuium
de uite Noe. Sem c annorum erat quando genuit Arfaxat
biennio post diluuium. Mdcclvii.
15. K. Mdcclviii. K(i9). Mdcecxxvii K (19). MdcccxciiL
K. dccclxcvi. K (2). Mdeceliii. K. Hoc anno natus Falech.
Mdccclxxii.
16. K. Mdccclxxvii. K. Hoc anno natus Reu.
17. K. Mdcccxc. K. Mdccccxxix. K. Mdcccxlviii. K. Hoc
anno natus est Nachor.
18. K. Hoc anno natus est Thare. Mdcccclxxxvi.
19. K. Mdcccc. K (22). [Fi]nit secunda etas.
20. K. Hoc anno natus est Abraham in terra Calde[orum|.
21. K (6). Hoc anno ' Noé emi[f. 4-]sit spiritum. Cuius
tempore extitit diluuium. Huius tempore primitus uisa est
yris et pluuia et hominibus ussus carnium concessus est. Pabi-
lonia conditur. Hec secunda etas continet annos eexcii a
diluuio usque ad Abraham. Iuxta Ebraicam ueritatem gene-
rationes x. Secunda etate apud Babel primus regnauit Nern-
roth gigas cui successit filius eius Assur a quo Asirii. Huius
filius Bel qui et Belus regnauit. Belo primo sacrificia facta
sunt. Huius filius Ninus. Hic condidit Ninuew. Huius tempore
inuenta est magica ars. Tempore Nini natus Abraham.
Abraham duodecimus a Noe.
22. K. Hoc anno lx e etatis Abraha/// tenuit Partholon
mac Sera meic Essru Hiberniam qui primus regnauit ibidem.
1. Brasure hère of 4 or j Setters. On the hiver margin iswritten, in Irislr
script and in Hacher ink : [c]ein corgab dauid inflaith fedil. xl di bliadnaib
ix. c. coniddcmin [ ] dule. nocha ni aise nui'de. ocht cet cruth dorime.
di mile mor mile.
The Annals in Coiton MS. Titus A. XXV. 305
23. K (32). Hoc anno c etati:; sue Abraham genuit Ysaac.
24. K (4). Kal. i\ f. lxx. K (33). Isaac anno etatis sue lx
genuit Esau et Iacob patriarcas post quorum ortum uixit
annis cix.
25. K (4). K. Hoc anno Abraham mortuus est. Huic
primo repromisus est Christus et huic primitus data est cii*
eumeisio. Hic inuenit Ebreas litteras et docuit Caldeos astro-
nomiam et Egiptios geomettriam. Huius tempore v ciuitatis
Sodomorum et Gomorreorum cum aliis submerse sunt.
Hic accepit uictoriam de v regibnssecum tulit Loth et omnem
substantiam eius. Cui obuianti de prelio Melcisedech rex
Salem obtulit ei panem et uinum et ministrauit exenia .i. fer-
cula et super epulas benedixit Dominum qui Abrahe subdi-
derat ' [f. 4. b.] inimicos. Erat enim sacerdos Dei altisimi.
Cui Abraham décimas dédit de omnibus spoliis. Et tune
primum décime leguntur date. Primitie uero Abel.
26. K. Melcisedech 1 anno Iacob moritur et Sem tilius
Noe eodem anno mortuus est.
27. K (21). Joseph uenditur a fratribus anno xvi°. Sciendum
<quod ante mortem Ysaâc xii annis uenditus est Joseph. Post
uenditionem Ioseph uenerunt xi ut lenirent patris dolorem.
qui noluit eos audire sed dicebat. Descendam lugens ad filium
meum ad infernum. Tune in inferno enim erat quidam locus
beatorum longe semotus a locis penalibus qui ob quietem et
separationem ab aliis. sinus dicebatur, sicut sinum maris
dicimus. et dictus est etiam sinus Abrahe. quia etiam Abraham
ibi erat in sustentationem usque ad mortem Christi. et locus
ille in limbo positus erat inferni.
28. K (13). Isaac moritur anno lxxx etatis sue et sepe-
lierunt eum fïlii sui in Ebron in spelunca duplici.
29. K (8). Iacob anno cxxx etatis sue descendit in
Egiptum.
30. K (16). Iacob moritur anno cxlvi etatis sue. Cumque
uideret obitus sui imminere diem ; uoeauit Ioseph. et fecit ut
poneret manum suam sub femore suo. et iurauit quod sepe-
1. On hiver margin, in Irish script : mongach trnwga ami another word
very faint and Jonbtfut.
}o6 A. Martin Freeman.
lireteuni in sepulcro maiorum suorum quod Abramium dicitur.
Cura fuit sanctis sepeliri in terra ; in qua sciebant Christum
resurrecturum ; ut cum eo resurgerent. Distat enim Abramium
a Caluaria fere xxx miliaribus. Cognouit autem se Iacob
moriturum conuocauit tilios suos [f. 5.] et ait. Congregamini
ut annuntiem uobis ' in diebus nouissimis. Ad literam de divi-
sione terre et statu tribuum futuro prophetauit. Aptissime
uero de utroque Christi aduentu. Nunc tangit Ruben. Ruben
primogenitus meus, fortitudo mea. prineipium doloris mei .i.
sollicitudinis meaecirca filios. 2 prior in donis. major imperio.
suple.' Effussus es sicut aqua. .i. in uilem libidinem. non
crescas quia ascendisti cubile patris tui. Sufficiat enim tibipro
crimine tuo parem te esse ceteris. Modo redit ad Simeon et
Leui. Simeon et Leui uassainiquitatis. In consilio eorum non
ueniat anima mea. De Simeone enim scribae. de Leui sacer-
dotes. quorum consilio Christus occisus est. Balaam qui et
Héliu in libro lob dicitur sub quo locuta est asina.
51. K (12). iiM.cccxlvi. K (3). Ioseph moritur in Egipto
anno cx° etatis sue.
32. K (20). Hoc tempore rogabsatar fir bolc Herind. 4
33. K(23). Aaron hoc anno natus est.
34. K Moyses natus est. De plagis. Et ait Moyses. In hoc
scies quia Dominus sum. percutiam uirga aquam fluminis et
uertetur in sanguinem pisces morientur. et ita factum est.
iiM.cccclxix.
35. K (10). Hoc tempore acceperunt tuatha de danand for-
titudinem et potestatem ior fcraib bolc.
36. K(4). Meic Miledin Hiberniam hoc tempore uenerunt.
iiM.dliii.
37. K (4). Aaron hoc anno natus. >
38. K (2). Moyses mor[f. 5. b.Jtuus est anno cxx etatis
sue in terra Moab Domino îubente. Et sepeliuit eum Dominus
r. Gen. XLIX, 1 : ut anjuimtiem quae ventura sunt vobis.
2. Esse debueras is hère inserted above the Une.
3. This is perhaps a scribal note, which our author or a predecessor has
incorporated into bis text.
4. The translation of passages in Irish will follow the text.
5. ? read mortuus.
The Anuah in Colton MS. Titus A. XXI'. 307
in ualle terre Moab et non cognouit Homo sepulcrum eius
in hodierntfw diem. Quod ideo factum autumant Ebrei ne
impifi] Moysen pro Deo colerent. quia proni erant a[d i-]
dolatriam. Et cum esset tante etatis nec caligauerat occulus
eius nec dentés eius moti sunt. Et fleuerunt eura filii Israël
xxx diebus et non surrexit ultra propheta in Israël sicut
Moyses quem Dominus noscet facie ad faciem.
39. K. Iosue filius Nûn rexit populum.
40. K(i3). iiM.dxciiii. K. Iosue filius Nûn rexit populum
Israël xxvii annis secundum Iosephum. Secundum uero
Ebreos xxvi.
41. K (26). Iosue filius Naue uel Nûn mortuus est cum
esset cix annorum. xliiii erat annorum cum accesit ad Moysen
et xl annis ei seruiuit in deserto. ex quo colligitur quod xxvi
annis rexit populum trans Iordanen et sepelierunt eum in
Tamnazare ' que sita est in monte ErTraim. Eleazar quoque
mortuus est et sepelierunt eum in Gaas Finéés et filii eius -
que data est ei in monte ErTraim. Qui Finéés successit patri
in sacerdotium. Caleph creditur prefuisse populo sed pro
modicitate temporis nec rectoribus nec iudicibus annume-
ratus est. Si queritur quare Moyses et Iosue inter iudices non
annumerantur. dicimus quod non solum iudicauerunt populum
sed rexerunt. Ceteri uero nihil iuris in populo 5 habuejT. 6.]
runt nisi quod in tribulationibus suis consilio et prudentia
eorum populus utebatur.
42. K(n). iiM.dcxxxii. K(i3). Hoc tempore Helena ab
Alexandro Priami filio rapta est et Troia a Grecis petita est.
43. K(3). Hector interfectus est ab Achille in expeditione
Troie.
44. K(2).Achilles ab Alexandro Priami [filio] occisus est in
expeditione. Hoc tempore obsessa est Troia. Ex parte Grecorum
occisa 4 sunt dccclxxxvii.Ex parte uero Troianorum dclxxxv.
1. Judicum II, 9 : Thamnathsare.
2. Jos. XXIV, 33 : in Gabaath Phinees filij eius.
3. The lower niargin of this page is covered with the traces of writing.
The reagent has been applied, but the writing was too thoroughly erased
to be made legible. The first twelve letters are almost certainlv " ella ella
hisl ".
4. Sic ms.
}o8 A. Martin Freeman.
15. K (9). iiM.dcccxçviii. K. Samson de tribu Dân
iudicauit Israël ix annis.
46. K. Mortuus est Samson ex dolo uxoris sue Dalidae.
47. K (4). Heliû sacerdos iudicauit populum xii annis sed
non hic debuit scribi sed ante scilicet post Samsonem.
Samuel xl [a ]nnis iudicauit Israël.
48. K (15). iiM.dccccxc.
Saul primus rex Ebreorum regnauit xx siue xl annis. Huius
tempore Dauid occidit Goliam gigantem. Dictum est quod
filius unius anni erat Saul cum regnare cepisset et duobus
regnauit in Israël. Unius anni dicï///r .i. humilis tanquam
paruulus. Duobus autem annis reg/7 .i. iusté rexit populum.
In reliquis uero annis regni quasi tirannus fuit et non rex.
Mortuus est Saul .i. occisus fuit a Philisteis in monte Gelboe
et percussi sunt iii filii eius cum eo .i. Ionathas. Aminadab '
Melchisua. Ysboseth autem domi erat. Quidam 2 [f. 6. b.]
autem adolescens de prelio uenit ad Dauid et nuntiauit ei
cuncta que acciderant. Aiunt /jEbrei hune fuise filium Doéc
Ydumei. Cui pater priusquam irrueret super gladium suum
tradidit insignia régis que custodiebat ut ferens ea afdj Dauid
redderet eum sibi placabilem. Sed Dauid e conuerso post
paululum iusit occidi eum. Finit tertia etas que continet
annos ab initio mundi iiiiM.cxxiiii usque ad Dauid.
49. Kal. Enair ii f 1 . lxvi a . Quarta etate rex Dauid regnauit
in Ierusalem xl annis et erat de tribu Iude et durauit regnum
eius usque ad trans. 5 K. ab initio mundi iiiiM.cxxvii.
50. K (4). < Mortuus est Dauid rex in ciuitatesua et sepul-
tus est in Ierusalem cum regnasset xl annis. Circa tumulum
cuius fecit Salamon viii loculos thesaurorum. quorum unum
post iM.ccc annos aperuit Hircanus pontifex et alium Herodes.
1. I Reg. XXXI, 2 : Abinadab.
2. On louvr margin, in Irish script : O abra/;am co dauid. is derb cenos-
riagla. da bWàdain dafichet ar .dcccc. bliadwa O adam coragbadh dauid
iwarige. is xc. deblia</»fl/7; oc/;t cet is dimile.
>•
? =r transitum
4. On hiver margin : O dauid coruccad. in popul in doére. lxx. tri
bliadna cethri chet cen tshoebe O adaw corderach. doti popul atire. iii
blia^na lx.ccc. is tri mile.
The Annals in Colton MS. Titus A. XXV. 309
In diebus Dauid Kartago condita est. Tempore Dauid homi-
nibus claruit Nathan et Gaad prophète et Asaph. In principio
regni sui occidit Salamon fratrem suum et Ioab et Semei.
Salamon filius Dauid regnauit xl annis. Hic fecit primum
templum in Ierusalem.
51. K (19). Salamon filius Dauid rex Israël moritur. qui
amauit mulieres alienigenas contra legem. et posuit maculam
in gloria sua et scisma in génère suo. Fueruntque ei uxores.
quasi regine. dcc. Iosephus tamen dicit [t. 7.J lxxx. et con-
cubine ccc. que auerterunt cor eius ; cum iam senex esset et
secutus est deos alienos ne delicias ' contristaret. et edificauit
in excelsis circa Ierusalem tria fana ydulorum. unum Azathé ; .
deae Sidoniorum que Iuno dicitur. Secundum ; Chamôs ydolo
Moabitarum. Tertium ; Moloch. ydolo Amonitarum ; cuius
fanum statuit in monte Oliueti; e regione templi quod plu-
rimum Deo displicuit. et locus ille locus offensionis. Et ex illa
die scidit Deus regnum eius a filiis eius. et decem tribus
dédit Ieroboam 5 et unam tribum prêter tribum Iuda dédit
filio Salamonis. Post mortem Salamonis successit ei Roboam
filius eius super Iudam et Beniamin et sunt cum eis Leuite
usque in hodiernam diem prope templum quod erat 4 in Ieru-
salem et tune separata s est é monarchia regni Hebreorum
in duo régna, nec amplius redîït ad unitatem. Et dictum est
regnum x tribuum ; regnum Israël pro multitudinesui. Nomen
Iacob patris sui sibi rescruans. qui constituerunt super se
regem Ieroboam de tribu Effraim filium Nabath. qui prïmus
imperauit. quasi tune primum impleta esset benedictio super
Effraim. Alterum uero regnum; dictum est regnum Iuda ob
dignitatem tribus régie.
52. K (16). Roboam filius Salamonis moritur qui
regnauit 7 super Iudam et Beniamin xvii annis. Huius tempore
regnum Israël oritur. Abia incipitjjf. 7. b.] regnum.
1. .i. mulierculas superscript.
2. III Reg. XI, 5 : Astarthe.
3. The second o is written above u, which îs not cancelîed.
4. e erat vis.
5 . In tnargin .
6. Superscript.
7. Regnuw tus.
3io A. Martin Freeman.
53. K (3). Moritur Abia et régnât Assa per xl annos uno.
54 . K (S). Assa moritur regni xli° anno et losapath filins
eius regnare incipit. Helias propheta claruit huius tempore
non pluit super terram per très annos et vi menses. Hic primus
mortuum suscitauit.
55. K (13). Iosaphat k. xxv. regnauit. Helias propheta in
curru igneo et in equis igneis raptus fuit.
56. K (3). xxvii k. Ioram filius losapath in octauo anno
regni sui moritur.
57. K. Azarias filius Ioram uno anno regnauit. Athalia eius
mater viiannis regnauit.
58. K (6). Ioas filius Azarie incipit regnare. Zacharias filius
Ioie delapidabatur.
59. K (21). Ioas regnauit xl annis. Amasias incipit regnare.
60. K (12). Amasias. regnauit xxix annis.
61. K. Ozias régnât. Ysaias. Osse. loel. Amos. Abdias.
Ionas. Micheas prophète claruerunt. Tune regnum Assiriorum
in Medos transfertur. quod stetit per annos ccclv.
62. K(i5). Ozias regnauit lii. Acaz incipit regnare.
63. K (9). Romulus et Remus generantur.
64. K (7). Achaz regnauit xvi annis.
65. K (7). Roma conditur. Regnum Romanorum oritur.
66. K (17). Ezechias filius Acaz regnauit xxviii annis et dor-
miuit cum patribus suis et celebrauit exequias eius universus
Iuda. etsepelierunt [f. 8.]eum super sepulcra filiorum Dauid.
i. eminentius sepulcrum ceteris fecerunt ei causa pietatis qua
Deum coluit. Ipse enim sic ' commendatur in libro Regum.
non fuit similis ei neque ante eum neque post de cunctis regi-
bus Iuda. In hoc excipitur Dauid. quia nondum erat sub eo
tantum regnum tantum 2 Iuda. Si queritur de Osia ; dicimus
quod Iosias melior fuit eo. sed iste proponitur ei in hoc ; quod
magnificatus preclaris bellorum titulis et quod tria inaudita
fecit Dominus pro eo. regressum solis. additionem annorum.
stragem hostium per angelum. Romulus senatum constituit
et annum k. Manases incipit regnare.
1. Ms bas s'icut with punctum unierthe c.
2. Sic ms. or tamen... tamen.
The Annals in Cotton MS. Titus A. XXV. 311
67. K (17). Manases moritur lv anno regni sui. Et fecit
malum coram Domino. Etedificauit excèlsa et erexit aras Baal
et cetera. Insuper cum arguèrent eum prophète niisi a
Domino ; nemini eorum parcebat. sed plateas Ierusalem san-
gine prophetarum purpurauit. Insuper aliorum sanguinem
innoxium fudit multum nimis. donec impleret Ierusalem
usque ad os. Ysaiam quoqueauum maternum. secundum Ebreos
uel affinera suum. iectum extra Ierusalem circa piscinam Siloé.
serra lignea per médium seccari fecit. Qui dura in principiosec-
tionis angustiaretur. petiit sibi aquam dari ut biberet et cum
nollentei dare. Dominus de sublimi misit aquam in os eius.
et expirauit. et non sepelierunt eum in sepulcro prophetarum.
sed sub quercu Rogél. [f. 8. b.] Unde misit Dominus aduersus
Manasen regem Babilonis qui depopulatus est in Iudeam et
Manasen dolo captum traxit in Babilonem et pluribus afflixit
tormentis et intelligens Manases hanc esse manum Domini.
egit penitentiam et attente orauit ad Dominum. et misertus
est Dominus ; reduxit eum in regnum suum qui omnia bona
fecit et sepultus est in orto suo.
68. K (4). Amon ii bus regnauit.
69. K. Iosias incipit regnare. Octo annorum erat Iosias
cum regnare [cepisset] et xxx et uno anno regnauit. in Ieru-
salem. Et perambulauit omnes uias patris sui Dauid non decli-
nauit ad dexteram nec ad senistram sed omnem pietatem et
iustitiam in se mirabilem demonstrabat. Nam populum iam
reuocabat ab ydolatria. et opéra praua uelut senior emen-
dabat.
70. K (20). Iosias moritur. Ieremias propheta hoc tempore
claruit. Hic est Ieremias qui templum euertendum prenoscens ;
arcam testament! cum his que in ea erant tulit. et precibus
suis eam absorberi fecit in pet/77. Iocaz filius Iosie tribus men-
sibus regnauit.
71. K (10). Eliacim eiusdem filius xi regnauit.
72. K (8). Ieconias mensibus tribus. Sedechias filius Iosie
regnauit xi annis. Huius tempore destructa est Ierusalem a
Babiloniis. Post hoc defecit regnum Iuda quod stetit per
annos cccxlix.
73. K (4). Incipit captiuitas duarum tribuum anno tertio
]\2 A. Martin Freeman.
1 a [ t . 9.]acim. Nabugnoscor rex Babilonis capta Icrusalcm et
captis plurimis in quibus erat. Daniel. Ananias. Asarias.
Misael. et partem uassorum templi Domini Babiloniam trans-
tulit.
74. K (1 1). Très pueri in caminum ignis.
75. K. Daniel in lacum leonum mittitur.
76. K (6). Ebreorum captiuitas in Babilonia annis lxx.
Inter captiuitatem autem Samarie que fuit in Ninué et cap-
tiuitatem Ierusalem que fuit in Babilonia cxliiii anni sunt.
Ezechiel propheta de terra Cysare fuit filius Buzi de génère
sacerdotum. Hic in Babilonem ductus est cum rege Iochaim
et matre eius cum Daniele et tribus pueris. Tantam autem
auctoritatem prebuit Deus Ezecbieli quod preostendit illi quas-
dam uisiones. similitudines scilicet hominis. leonis. uituli et
aquile. Non solum ad prefigurandum euangelizas ; sed ut
ostenderet Deum Israël Dominum esse totius créature. Per hec
digniora omnem intelligens creaturam. Homo enim preest
ceteris animantibus. Aquila ; rex auium. Léo ; ferarum. Bos ;
iumentorum. et cetera.
77. K. De obitu Ieremie, Descendit Ieremias cum populo
in Egiptum ibi sabbatizauit multis annis requieuit quia non
colebat. Et factus est ibi sermo Domini ad Ieremiam dicens J .
[et cetera].
Quinta etas incipit. Hoc tempore ignis ab altari sublatus et
in puteo absconditus post lxx annos uiuus in aqua inuentus
est.
78. K. Cath Mona Trogaide.
79. K (5). [f. 9. b.] K (19). Nabucodnosor moritur xxvi°
anno post euersionem Ierusalem.
80. K. incipit regnum Persarum.
81. K. Persarum rex primus Cirus regnauit xxx annis. Hic
laxauit captiuitatem populo. Hune regina Amazonum scilicet
Tammer in Scithia occidit. Cambises filius incipit regnare.
1. The folloiving is attachée! by a marginal sign to Uns place : O doerad
h: pop/nï co gein fiadat fedil. coic ,c. is ix mWadna. lxxx co dewin O
adam corgenair. oen mac matri mine iddabliadain l at ix. .c. is tri
mile.
The Aimais in Cotton MS. Titus A. XXI'. 313
In historia uero Iudith uocatur filia Mévarari ' filii Idox que
occidit Oloternem et liberauit populum.
82. K (24,). Ab ingressu Scotorum de Egipto usque ad hune
annum xxx ura vi um Darii régis Persarum iM anni sunt.
83. K (9). Alexander rexit Macidonios annis xlvi.
84. K (13). Socrates natus est. Ipocras medicus claruit.
85. K (3 5). Cath Odba ibi cecidit Cathir Find.
86. K (22). Ugane Mor mac Echach Buadaig incipit
regnare.
87. K. Alaxander magnus filius Pilipi Alaxandriam condidit.
et xii annis regnauit. Hic Tirum destruxit et mundum sibi
subiugauit. Ueueno periit.
88. K(iy). Cath Temrach la hOengus Turmech Temrach
ubi cecidit Fergus la hOengus.
89. K (30). Incipit regnum [f. 10.] Romanorum. Iulius
César primus Romanorum singulare obtinuit imperium a quo
Romanorum principes Cessares appellati sunt.
90. K (2). Cessar postquam orbem domuit et Pompeum uicit
Romam rediit ; ibi dum rei publiée statum contra exempla
maiorum clementer instaurât auctoribus Bruto et Casio
[occisus].
91. K (31). Anni ab initio secundum Dionisium vM.
clxxxviii. Maria mater Domini hoc auno nata est.
92. K (1 1). Hic estannus primus noni cicli magni pascalis.
qui habet iiii concurrentes bisextiles. et tertius est indictionis
annus. Precursor Domini oritur hoc anno. Exurgens enim
Maria abiit in montana et cetera. Postea transmit ad opidum
in quo dicunt Zachariam habitasse, iiii miliario a Ierusalem
et ibi natum Iohannem dicunt. Mansit autem Maria ibi men-
sibus tribus ministrans cognate donec pareret et tune rediit in
domum suam. Et legitur in libro iustorum quod beata Uirgo
primo eum leuauit a terra. Octauo die uenerunt circumeidere
puerum et postulans pater pugillarem scripsit. Iohannes est
nomen eius. Est autem pugillaris ; uel tabula que potest pugno
includi uel calamus scriptoris.
93. [A. D. 1] K. Hic estannus incarnation is Christi secun-
1. Judith VIII, 1 : Merari.
} i 1 //. Martin Freeman.
dum Dionisium. quia secundum eum secundo anno cicli
magni pascalis natusest. qui annus habet v concurrentes, xiiii.
viii. kal. Aprilis. Mors Con Culind. Mors Emri uxoris
[f. 10. b.| Con Culaind. Cath Almone ubi cecidit Eterscel la
Nuadat hech. CathCliach ubi cecidit NudatNechtla Conare.
Conaire rexit annis xxiii uel xl. Herodes mortuus est.
94. [14] K(i3). Oetouianus mortuus est annis lvi et diebus
xii reghi.
95. K (20). Conchubur mac Nessa obiit et Glasne filius eius
regnauit.
96. K. Ab initio mundi vM. ccxxx anni secundum Dio-
nisium. secundum uero Ebreos longe pauciores.
97. [33] K (2). Tiberius kl-, ueneno obiit.
98. K (4). Iriel Glumar mac Conaill Cernaig regnauit in
Emain annis xl.
99. K. TogailBruidne da ' berça, for Conairi Mor. v bliadna
d'Erind chen ric(h) 2 .
100. K (3). Marcus euangelium scripsit.
101. K (3). Lugaid Roderc i Temraig xxvi annis rexit.
Triginta reges du leith Chuind o Lugaid Roderc co Diarmait
mac Cerbaill.
102. K(6). Nero rexit annis xvi.
103. K (6). Na Fathaid 3 regnauerunt anno uno.
104. K. Maria Magdalena hoc anno quieuisse aseritur.
105. |62] K (2). Marcus in Alaxandria moritur. Perseus
poeta moritur.
106. [65J K (3). Lucanus ac Senica interficiuntur.
107. K. Petrus et Paulus occisi sunt a Nerone uno die et
eadem hora.
108. K (7). Andréas crucifixus est hoc anno.
109. K (3). Irel Glunech occisus est o Crimthand Nia
Nar.
no. K. Ficha Fidamnas mac Iriel Glunmair [f. n.] rexit
in Emain post patrem.
1. CorrecteJ front dec.
2. The h is erased.
3. Nafat/;haid dis.
The Armais in Collon MS. Titus A. XXV. 315
ni. K (5). Constantinus imperator obiit.
112. K. Crimthand Nia Nar moritur. Carpre Cend Cait
regnauit annis v sed non numeratur inter reges propter capi-
tis deformitatem.
1 13. K. Feradach Find Fechtnach mac Crimtaind ' regnauit
annis xx 2 .
114. K. In hoc tempore claruit Morand mac Main a qua 3
inn id Moraind.
115. K. Tomas apostolus in Eculeo iugulatus est.
116. [91] K. Clemens discipulus Pétri episcopus Rome
ordinatur ix anno. Bartholomeus decoriatur.
117. f96J K (2). Domitianus a suis occiditur.
118. K(3). Traianus iii us persequitur Christianos.
119. K (3). Iohannes apostolus uirgo Dei electus. qui post
exilii relegationem post apocalipsis diuinnm reuelationem.
post euangelii descrïptionem usque ad Traiani principis tem-
pora perseuerans totius Assie fundauit rex[it]que ecclesias.
et confectus senio lxviii post passionem Domini anno etatis
sue xcix mortuus est. ac iuxta eandem urbem sepultus ase-
ritur.
Clemens papa discipulus Pétri apud Cersonam ciuitatem ab
Adriano in mare dimersus est. ancora collo eius ligata. A
cuius corpore in festo eius semper trium miliarium spacio a
uespera usque ad iii am post misam mare recedit. iter prebens
omnibus qui confluunt ad eius sollemnitatem. Ibi templum
marmoreum siue habitaculum in modo templi [f. 11. b.]
marmorei. consecrauit Dominus martiri suo.
120. K (3). Feradach Find rexit in Emain xxvi.
121. K(4). Madianus apostolus interfectus est.
122. K(3). Feradach Find in Temoria mortuus est 4 .
123. K(3). Timotheus discipulus Pauli mortuus est.
124. K (12). Marcus Alexandrie episcopus xiii annis.
125. K. Fiacha Find interfectus est i Temraich. |o] Olim
mac Conrrach.
1. Oimtamnd or Crimtai«nd vis.
2. Annis xx annis vis.
3. Sic dis.
4. This is vvritten m. 0. and is glossed in the margin : commarbaJ.
3 1 6 A. Mnrlin Freeman.
126. K (10). Tipraide Tirech rcxit in Emain xxx annis.
1 Cond Cetchatach occidit Mag Nuadat hi Maig. Idem Cond
occisus est hi Tuait Ambrois. Conairi cliamain Cuind rexit
annis viii secundum quosdam. Art hnir rexit annis xxxii 2 .
Ogman mac Fiachach Find rexit in Emain. Cath Cind Ebrat.
ria macaib Aelella 3 Ulaim et risna tri Carbrib. i. meic Conaire
meic Luga Lama for Lugaid mac Con. Cath Mugi Mucruma ria
Lugaid mac Conubicecidit Art Ener mac Cuind Cetchathaig et
vii filii Aelela Olaim. Lugaid Laga occidit Art. I Turluch Airt.
Benne Brit immorro occidit Eogan mac Aellella Ulaim. Lugaid
mac Con in Temoria rexit xxx annis. Cormac Ulata hua
Cuind rexit annis xlii. Engus Gobnend mac Fergusa rexit
in Emain annis xv. Origines Alaxandrie immo toto orbi
clarus habetur. Cath Cranaird ria Cormac hua Cuind for Ultu.
Longes Cormaic dar Mag Réi;/. Cormac hua Cuind d'atri-
| f . i2.]gud do Ultaib. Paulus heremita riatus est. Cath
Focharde Murthemne ria Cormac hua Cuind. Fergus dubde-
tach rexit in Emain. Tesbaid Cormaic bu. [Cuind] fri ré sect-
maine. Cath Crinna Breg ria Cormac hu. [Cuind].
127. [306] K (7). Constantinus imperator xxxiiii ab
Augusto Constantii filins ex concubina Helena in Britannia
creatus rexit annis xxxii uel l.et mensibus... * Hic cum elefan-
tino arreptus est morbo. ei consilium medici dederunt ut
sangine infantium lauaretur. Cumque id factum temptaretur
et inciperetur. luctum matruum rex audiens misertus est.
et ait. non faciam hoc licet sim leprosus perpetuo. Cui ideo
Petrus et Paulus apostoli sequenti nocte aparuerunt dicentes.
voea Siluestrum papam et ostendet tibi salutis uiam. Quo
facto post ieiunium baptizatus uidet manum de celo sibi
misam tangentem se in hora baptismi. ac subito sanusabiecta
lepra factus est rex et imperator. Post hec dédit licentiam
1. Opposite Ibis is a référence sign, probably toattachthe follouiing : bliadain
et da .f. et tri .c. dec btiadna o testa conn c. c. At end of this sentence in '
text, after Maig snpply [Lena].
2. Sic dis.
3. The first e is written above the fini a, which is not cancelled.
4. Ms bas sex, with punctum over the s and either i or a mark of aspira-
tion over the e. ? rend ix.
The .-limais in Cotion MS. Titus A. XXV. 317
Christianis ut congregarent in unum de toto orbe... ' Romain
Jedit Petro et Paulo et coronam dignitatis per manum Silues-
tri Deo et apostolis obtulit. Fecit basilicam in palatio Soro-
riano que cognominatur Ierusalem. quia ibi de ligno crucis
posuit. His temporibus heresis Arriana exorta est. In Nicéno
consilio cccxvîiî episcoporum tîdes catholica exponitur contra
Arrianum [f. 12. b.] qui erat prespiter in Alaxandria. qui
dixit Patri non esse Filium equalem. nec Filio Spiritum Sanc-
tum. Ad cuius dampnationem in Nicena sinodo cccxviii epis-
copi congregati sunt qui secundum post apostolos simbolum
fecerunt.
128. [337 j K. Constantinus in uilla Nicomedia mortuus
est. Constantius cum Constantino et Constante fratribus suis
rexit annis xxiiii.
129. K (24). Dorm[i]tatio Pauli primi heremite cxvi etatis
sue an no.
130. K (16). Muredach Tirech occisus fuit o C^lbad mac
Cruind la rig Ulad ic purt rig uas abull.
131. K (7). Gït'lbad mac Cruind rexit anno uno. Eochu
Mugmedon mac Muredaig Tirig occidit eum.
132. K. Eochu Mugmedon mac Muredaich Tirig rexit
annis xxxviii.
133. K (2). Constantio Rotnam ingresso ossa Andrée apos-
toli et Luce euangelize a Constantinopolitanis miro fauore
suscepta sunt.
134. K (16). Antonius monacus cv anno etatis sue in
Christo quieuit.
135. K (3). Brian mac Echach Mugmedoin rexit annis xxiii.
136. K(6). Martinus episcopus Gallorum miraculis multis
efulsit.
137. K. Niall Naegellach 2 res.it annis Ixxviii uel xxxviii.
138. K (19). Ieronimus [f. 13.] predicauit in Bethléem.
139. K (21). Niall Neegiallach occisus la Eochu mac Enna
Censalais os muir Ict.
1. Hère is a curious compendium, consisting apparently of 'In' and the
sign for 'et'.
2. The second letter is apparently ealteredto a.
Ri vue Celtique, XLI. 21
3 18 A. Martin Freeman.
i |0. K (4). Patricius captiuus in Hiberniam ductus est '.
1 |i. K (11). Patricius a captiuitaté lîberatus est per ange-
luni.
142. K(i 5). [eronimus prespiter quieuit an no uite x"c°viir.
mense vi°. qui omnium studium literarum adeptus atque
probatissimorum monachorum immitator est factus.
143. K (6). Ldtëgare mac Neill regnum hibernie retinuit.
144. (432) K (3). Patricius archiepiscopus in Hiberniam
uenit atque Scotos baptizare inchoauit.
145. K (17). Natiuitas sancte Brigide uirginis.
146. K. Mil ne mac Neill mortuus est. Xixtus papa occisus
est. Laurentius archidiaconus passus est Rome grauissima tor-
menta et exquisita ut eius plenarie narrât historia. Beatus
enim Sixtus cuius supra mensionem fecimus. dum ad Hispa-
nias partes profeuus esset. duos iuuenes inde secum duxit.
uidelicet. Laurentium et beatum Uincentium eius cognatum.
quorum al ter remansit cum eo scilicet beatus Laurentius.
beatus uero Uincentius cognatus eius in Hispaniam rediit. et
ibi glorioso martirio uitam finiuit.
147. K (4). Ab [f. 13. b.] initio mundi usque ad transitum
sancti Martini secundum Dionisium anni vM,dcxi. A pasione
uero Domini anni ccccxii.
Martinus turonensis episcopus ex hac uita féliciter migrauit.
Cuius uita tantis extitit miraculis gloriosa. ut trium mortuo-
rum mereretur esse suscitator et par apostolis dicitur. non pro
suscitatione mortuorum. sed propter quoddam miraculum.
Cum Turonis iam residens episcopus. uenit ad eum pauper
inops. quasi nudus tunicam petiit. Ipse concessit. procuratori
suo iubens ut emeret. Uadit ille ad forum uilem tunicam
portât et curtam que ueré penula. i. pêne nulla poterat dici.
Iubet uir sanctus monstrari. Longa erat usque ad genu. mansit
usque ad cubitum. et extrahens suam pauperi dédit, et induit
illam. Nec multo. post préparât se ad celebranda misarum
sollempnia et stat [ad] altare skut mos est in prefatione. Forte
1. Référence sign in margin, and al foot of page : xl bWadiia iar mbas n.
ixgiallaig t&naic patra/c do bradachad hErend. And further : a cinwd chethxz
blïadain iar marbad néil ixgiallaig. dogubad patraic anErinn. K (n)..«
iarna fuascuW iarsi» lassin ainge/. i. uic/or.
The Annah in Cottoii MS. Titus A. XXV. 319
manus leuabat ad Dominum. Manicis Iaxis retrolabencibus
cum nec bracia eius erant grossa nec multum carnosa nec pre-
fata prenula protenderetur. nisi usque ad cubitum. remanse-
runt eadem brachia nuda. Miraculose proueniunt aurci torques
ipsaque decenter operuerunt et globus igneus aparuit super
caput eius. per quod de[f. t4.]monstratum est Spiritum Sanc-
tuni super [eum] descendisse ad robur sicut super apostolos
in die penticostes. Per hoc non immerito dictus est par apos-
tolis.
148. [453] K (9). Cath trôiniud ' ri Laega/re macNeill.
149. K(2). Mors Endai meic Cathbath.
150. [457] K (2). Dormitatio sancti senis Patricii.
151. K. Cath Atha Dara for Laegare ria Laignib in quo et
ipse captus est. Sed tune dimissus est iurans per solem et
uentum se boues eis dimissurum.
152. [460] K (2). Léo papa quieuit. 152 a. [462] K (3).
Mors Laegare meic Neill ic Crellaig Da Phil.
153. [463J K. Initium regni Aelella Molt meic Nathi.
154. [ 467 J. K (4). Quies Be[n]igni successoris sancti Patricii.
155. K (2). Fes Temrach la hAillfill] Molt.
156. [468] K (4). Dorndgal Bri Éle for Laignib ria nAelill
Molt.
157. K (6). Mors Conaill Crimtaine meicNeill.
158. [482] K (3). Cath Ocha in quo cecidit Aelill Molt mac
Dathi. la Laugaid mac Loegare.
1 59. [484] K. Initium regni Lugdach meic Laegaere. 159 a.
[488] K(3). Episcopus Moel Ardachaid quieuit.
160. [489] K. Cîanan Daem Liacc quieuit.
161. [490] K. Episcopus Mac Calle quieuit.
162. K (3). Ab initio mundi secundum Dionisum
vM. dclx usque ad transitum sancti Patricii episcopi. Ab incarna-
tione uero Domini ccccxlviii. Patricius archiepiscopus et apos-
tolus Hiberniensium anno etatis sue c°ix°. xvi° die kal. Apri-
lis quieuit.
163. [501] K. Mors episcopi Ibair.
164. [513] K. Murchertach mac [f. 14. b.] Erca regnare
incipit.
1 . Le. Cathtsrôiniud.
j2o A. Mail in Freeman.
165. 1 514 ] K. Mac Nissi. i. Enusgus cpiscopus Condere ' .
j 66. |517| K (3). Natiuitas sancti Ciarâni abbatis.
167. |520JK(3). Comgall Benwdcair natus.
i6(S. [521 j K. Cainneach Achaid Bo Connig [natus],
169. [ 523 1 K (2). Colutn Chilli natus est. ; Beoid Arda
Carna quieuit.
170. [ 528 1 K (5). ' Dormitatio sancte Brigide uirginis.
171. [529] 1\. Bencdictus abbas et pater monachorum hoc
tempore claruit huius uitam uirtutibus et miraculis gloriosam
beatus scribit papa Gregorius.
172. [534] K (6). Badud Murchertaig meic Erta '. Ailbe
Imlecha Ibair quieuit.
r 7 3 . [534] K. Tuatal Mael Garb rexit annis xi.
174. [540] K (7). Natiuitas sancti Gregorii pape >.
175. [549] K (4). Ciaranus rilius artificis xxx°iii° etatis sue
anno in Christo quieuit. Diarmait mac Cherbaill régnait
incipit.
17e. [549] K. Tigernach episcopus Cluana Eois quieuit.
177. K (5). Mortalitas magna 6 .
178. [558] K (3). Mors Bic meic Dé prophète.
179. K (4). Iugulatio Colmain môir meic Diarmata. Bran-
danus abbas fundauit ecclesiam Cluana Ferta.
180. [560] K (3). Cath Culi Dremne for Diarmait mac
Cherbaill. Fergus 7 Domnall da mac Erca 7 Ainmere mac
Setnai 7 Nainnaid mac Duach et Acà mac Echach ri Condacht :
uictores erant per orationes Coluim Chille.
1. The sign for us iswritten by ilself a Utile above En;«gus.
2. Al top of page, in Irish script : F. Gein c/jj'i// Coluiw ar clerig. i;/diu
os ErinK eoluig/;. ior oenlit/; ni rkih uabair. bas ban buadaig meic bro-
naig.
3. /// margin, in Irish script: Butti mac Bronaig obiit.
4. Betivj.cn the Unes, in Irish script : .1. i telcuba fina aiddn sZ>a»ma
i mullach Cleittigli uas Boind.
5. The foilowing is attachai hereby a marginal sign : TuathaZ Atol Garb
mac Cormaic Chàkh meic Corp^ meic Nell ri Temrach i nGrellaig Eilte...
iugulatus o Mrtfl môr hu meic hl qui et ipse .i. ua Hargatain statim occisus
est unde diciïur ec/;t Mail more.
6. In margin : budi Co/maill.
7. Punctnm over d.
The Aimais in Colion MS. Titus A. XXV. 321
181. 1 563 J K (2). Passatio Colim Chilli ad insulam la.
182. [564) K (3). Molasi Daminsi quieuit.
183. [565] K. Occisio Diarmada meic Cerbaill '. In hoc
tempore capta est in murgeilt 2 . Quies Brandani Birra.
184. [570] [f. 15.] K (5). Oénà mac Ula ahbas Cluana Mac
Nôis quieuit. uel. Brenaind Cluana Ferta in Christo quieuit
x°c°vi° etatis sue anno.
185. [578 1 K. Etchen episcopus Cluana Ferta [quieuit].
186. [584] K(6). Fergus episcopus Lethglase 3 qui fun-
dauit Cill Bian quieuit.
187. [585] K. Mac Nisi abbas Cluana Mac Nôis quieuit.
188. K. Initium regni Eda mie Anmirech. Cath BelaigDathi
in quo cecidit Colman Bec mac Diarmata a quo cland Col-
main .i. hu Mailsechnaill. Aed mac Anmirech 4 . Dega > mac
Caerill quieuit.
189. [589] K (2). Quies episcopi 6 Aeda. meic Bricc.
190. [ 595 ) K (7). Colum Chilli in nocte Dominica etatis
sue anno lxxvii quieuit in Christo.
191. [598] K (3). Quies Baithini abbatis.
192. K(2). In hoc anno beatus Gregorius quieuit scilicet
in de v° anno Dominice incarnationis Dominicae 7 ut Beda
dicit in historia sua. Beatus enim Gregorius xiiiannis et men-
sibus sex et diebus x rexit ecclesiam. Anni ab initio mundi
vM.dcccv.
193. [600] K. Iugulatio [meicJColmain Moir .i. Subni mac
Colmain. la Aed Slane. Quies Chrt/nnaig Achaid Bo.
194. 1 602] K (2). Comgall abbas de Bennchor quieuit.
1. On lower margin : do réir martraide o'ùeain na naem and, in a dif-
férent hand : Cethra xx [t bUadna o biss Va traie gu bas Diarmat[a] meic
Cerbaill.
2. A marginal sign hère attaches the following : À. Li bân ingen Echac/;
meic Muredaig/.» {or tracht Ollorba illin. i. Beonàn meiclnW.. i. iasgariCom-
g/;aill Benncfr.
3. Piinctnm over g.
4. Uictor erat above the Une, in Irish script.
5. .i. Daig is written above tins word, in Irish script.
6. Episcopus, ins.
7. Sic ms.
322 A. Martin Freeman.
Cath Slemna in quo cecidit Colman Rimidi. ' rex Eoganen-
sis uictor fuit.
19). 1 605 j K (3). Cath Slabre in quo cecidit Branub mac
Echach. Aeâ Allan regnauit annisocto. Secundo anno Foccae
Gregorius papa migrauit ad Dominum. Hic rogante Bonefacio
statuit sedem [f. 15. b.] Romane Ecclesiecaput esse omnium
ecclesiarum quia ecclesia Constantinopolitana primam eccle-
siarum se omnium scribebat.
19e. [606] K. Mors Aeàain meic Gabrain.
197. [611) K (5). Qutes Colmain Ela.
198. [612] K. Mors deda Allain. M^/clcoba regnare in-
cipit.
199. [615] K (3). Iugulatio Mailchoba. Subniu 2 Mend
regnauit.
200. [618] K (2). Aed Bennain ri Muman [mortuus].
201. j 622] K (6). Coemgen Glinni da Lâcha quieuit.
202. [625] K (3). Moedoc Ferna quieuit.
203. [628] K (3). Subni Mend mac Fiachra interfectus o
Congal Cech mac Scanlain. Domnall mac Eda meic Anmi-
rech regnare incipit.
204. [632] K (4). Mor Muman ingen ^/cda Bennan mortua
est.
205. [637] K (4). Cath Mugi Rath ria Domnall for Con-
gall ubi cecidit Congal Clen mac Scanlain.
206. [642] K (4). Mors Domnaill meic Anmirech.
207. [643] K. Hic dubitatur quis regnauerit post Domnall
mac Anmirech.
208. K(j). Beda natus est.
209. K (2). Fursu in Paruna quieuit. Munemoc Leith
Moir quieuit.
210. [658] K (7). Cellach mac Mailcoba mortuus est.
211. [661] K (3). Conaing ua Daint [quieuit]. Cumin
Fota secundum quosdam quieuit.
212. [663] K(2). Guari Adni mortuus est.
213. [665] K (2). Mortalitas magna .i. in budi Conaill.
1. Tbis is written ri midi in the ms.
2. The i is perhaps cancelleà.
The Annah in Cotion MS. Titus A. XXV. 323
Diarmait 7 Blathmac dâ ri /;Erend mortui sunt. et Fechin
Fabair et alii multi mortui sunt dun budi Connaill '.
214. [675) K (>).[f. 16. ] C/;endfa<dad mac Blathmeic meic
EdaSlaneria Finnachta meic Duncaith ubi C/;end Faeladinter-
fectus fuit. Finnact regnare incipit.
215. [680 1 K (5). Cathal mac Ragallaig [moritur].
216. [684] K (4). Loch Echach du sod i fuil.
2i7.[692JK (8). Adamnanus ad Hiberniam uenit 2 et
euangelium secum tulit.
218. [695] K (3). Finnachta ri Temrach et Bresal a mac
iugulati sunt. Longsech mac Engusa regnare incipit 5 .
219. [697] K (2). Molingi lLuackiir quieuit.
220. [702] K (5). Muredach Mullechlethan mac Fergusa a
quo sil Muredaig mortuus est.
22i. [703] K. Cath Coraind in quo cecidit Longsech mac
Engusa ri hErend cum tribus riliis suis.
222. [705] K (2). Cellach mac Ragallaig ri Connact in cleri-
catu obiit,
223. [710] K (5). Congal mac Fergusa ri Temrach subita
morte. Forgal mac Mail Duin regnare incipit.
224. [718] K (8). Béch Borchi obiit. Pluit fros mêla for
Athan Bic 7 fros argait for Athan Mor et fros fola 4 super
fossam Laginarum et inde dicitur Niall Frosach mac Fergail
quia tune natus est.
225. [722] K (4). Cath Almaini in quo cecidit Fergal mac
Mail Duin ri hErend.
22e. [723] K. Inrectach mac Muredaich mortuus est.
227. [727] K (4). Murchad macBrainri Lagen mortuus est.
228. [732] K (5). Garailt Mugi hEo quieuit.
229. 1 735] K (3). Cathal mac xMurethaig ri Connact a quo
cland Cathail [f. 16. b.] mag Ae mortuus est. Beda sapiens
Anglorum quieuit.
1. On lower margin : 1594 and beloiv that : Tomohacb macEocchadimic
Aedha mie Diarm.z/i! nue Ruaidri Caoic/; mortus id est a mi deige,.viaig na
bliadna. so ina tig fein a Cluain Fraoich. At the top of the next page is writ-
ten : Gofraid o Domnaill ri Ginol Connaill.
2. ûenit ms.
3. Incicipit ms.
4. nfola ivith n cancelled ms.
\2/\ A. Martin Freeman.
230. [ 735 1 K (3). Cath Atha Senaich .i. cath Uchbad ubi
multi ceciderunt.
231. [739] K. Samthand Cluana Bronaich ' quieuit.
232.1 742jK(3). Cathal mac Finnguni ri Muman mortuus est.
AeÀ balb mac Inrechtaich meic Muredaich rcx Connachtie obiit.
233. [743] K. Cath Magi Trega in quo cecidit AeÀ Allain
mac Fergale n'Temrach. Domnall mac Murchada ri Midi post
uictor fuit.
234. [747] K (4). Comanus Rosie uir sanctissimiis in.
Christo quieuit.
235. [749J K (9). Naues in aère uise sunt cuni uiris suis
os cind Cluana Mac Nôis. [753) Mil môr dacured i tir i mBor-
chi i n-amsir Fiachna meic ^?eda ri Ulad. Tri fiacla oir ina
cind. 7 .1. ungi in cach iacail dib. Rucad fiacail dib for altoir
Benncair.
236. |756J K(2). Fergus mac Fothaith meic Muredaich ri
Connact mortuus est.
237. [756] K. Naufragium Delbne Nuadat for Loch Ri. id
est xxx ethar doib 7 ni terna dib act luct aencoù.
238. [763] K (7). Domnall mac Murchada ri Erend mor-
tuus est. Niall Frosach incipit regnare.
239. [768] K (5). Dubinreet mac Cathail ri Connacht mor-
tuus est.
240. [774] K (6). Tomaltach mac Murgaile ri Connact
mortuus est.
241. [775] K. Ciaran Belaig Duin quieuit.
242. [778] K (3). [f. 17.] Niall Frosach mac Fergale ri Erend
mortuus est.
243. [797 1 K (2). Domnall : macDonnchad ri Erend mor-
tuus est dccc° ab incarnatione Domini. Unde dictum est
O thus domain cialla cain
coic bliadna > mili borrfaid
is dech cet act bliadain sein
co clos éc demin « Donncaid.
1. Bronanaich, 111s.
2. Over the a iswritten i.
3. Bliadnan vis.
4. The context seems to require demie, but tins cannot be read.
The Aimais in Col ton MS. Titus A. XXV. 325
244. [802] K (_|). Muredach mac Domnaill ri Midi mortuus
est.
245. [803| K. Cath Rubai Chonaill eter da mac Donchada
ubi Elill cecidit et Conchobur uictor fuit. Domnall mac Aeàw
Muindeirc mortuus est.
246. [815] K (10). Murgius mac Tomaltich ri Connacht
mortuus est.
247. [819J K (4). Aeà mac Neill interfectus est. Concubur
mac Doncada regnare incipit.
248. [833] K (14). Concubur mac Doncada ri Erend mor-
tuus est.
249. [833] K. Niall Chaelle regnare incipit. Diarmait mac
Tomailtich ri Connact m. n. '
250. [843] K (10). Fergus mac Fothaid ri Connact mor-
tuus est. Mtfflruanaid ri Midi .i. athair Maikechnaill mortuus
est.
251. [845] K (2). Turges do dul ar Loch Ri 7 dun do
denum do air 7 a gabail ria Maelsechnaill mac Mailruanaid 7
a badud illoch Uair.
252. [846] K. Cathal mac Alella ri ua Mani mortuus est.
Niall mac Aeàz ri hErend mersus est.
253. [862] K. Mrtt'lsechnaill ri Erend uli mortuus est. Aeà
mac Xeill incipit regnare 2 .
254. [867] K. [f. 17. b.] K (4). M^lduïn mac Aeda ri Elich
moritur.
255. [868] K. Cath Chilli uanDaigre ria^d mac Neill rig
Temrach 7 ria Chonchubur mac Taidg rig Connact for uib
Xeill Breg 7 for Lagni 7 for sluag du gallaib ix. c. uel amplius
in quo cecidit Fland mac Connaing ri Breg et ali multi nobiles
et ignobiles.
256. [873] K (5). Imar rex Normannorum et totius Hiber-
nie et Britanie uitam finiuit.
257. [879] K (6). Aià mac Neill ri hErend moritur. Fland
mac Mailsechnaill regnare incipit.
1. This letter has a stroke through it and a sloping stroke above it, and
is perhaps intended to represent the contraction for L est ' .
2. On Imver tnargin in i) th Century hand : Feidlimid ri Muman quieuit.
326 A. Martin Freeman.
258. [882 1 K (3). Conchubur mac Taidg ri Connàcht mor-
tuus est.
259. [891 1 K (9). Mae\ Fabaill mac Clerich ri Adni mori-
tur. Banscal ra\ae in muir i nAlbain cxcv traigid ina fot. xvi
fot a trilsi. vi trogid fot a meoir a llama ' 7 vi fot a srona. xliiii
na geg uli.
260. [900J K (9). Tadg mac Concùbuir ri Connact mor-
tuus est.
261. [904] K (4). Sarugud Cenansa la Fland mac Maeïhe-
chnaiil for Dondcach .i. a mac fodein et alii multi sunt occisi
sunt ' circa oratorium. Ioseph abbas Cluana Mac Noisqui dici-
tur Ioseph Locha Con [quieuit].
262. [908] K (4). Cath BelaigMugna ria Lagnib 7 ria Leth
Cuind for feraib Muman in quo cecidit Cormac Mac Culen-
nan [f. i8.]ardri Casil 7 arduasal Herend. Fland mac Mae'ù-
sechnaill 7 Cerball mac Murigean 7 Cathal mac Concùbuir ri
Connact uictores fuerunt. Ab Adam usque ad Cormac fîuxe-
runt an ni viM.cx.
[909J Cerball mac Murigean 2 ri Lagen.
263. [916] K (7). Fland mac Mailsecnaill ri Herend mori-
tur. Niall Glundub regnare incipit.
264. [919] K (3). Cath Atha Cliath in quo cecidit Niall
Glunub.
265. [925] K (6). Catal mac Concùbuir r Connàcht mor-
tuus est.
266. [939] K (13). Maidm ria Congalach mac Mailmithich
for gallaib.
267. [943] K (4). Murcertach mac Neill rigdamna Erend
interfectus.
268. [950] K (7). Cath Muni Brocain for gallaib in quo
cecidit Ruadri ua Cananan et alii multi. Cellachan ri Casil mor-
tuus est.
269. [956] K(2). Congalach mac M^ilmithig ri Herend
interfectus est. Ua Neill regnare incipit. Tadg mac Cathail ri
Connàcht mortuus est.
1. Sic m s.
2. Murigewan, ms.
The A midis in (lot ton MS. TU us A. XXV. 327
270. [ 966 1 K (10). Fmrgal ua Ruairc du chirbed 7 du
dichendad.
271. [973) K (7). Concubur màcTaidg rig Connacht mor-
tuus est.
272. [977] K (4). Murchertach mac Domnaill u Néill 7
Congalach mac Domnaill meic Congailaig interfecti sunt. o
Amlaib mac Sitriuca.
273. [980] K (3). Cath [f. 18. b.] Temrach ria Maehech-
naill mac Domnaill rig nErend for gullu Atha Cliath 7 for
macaib Amlaib in tanrud.
274. [983 1 K (3). Cath ria Maflsechnaill 7 ria Glun Iaraind
mac Amlaib for Domnall Cht'n ri Lagen 7 for Imar Puirt
Lâirgi ubi ceciderunt multi tam submersi in mari quam occisi
in terra, cum illofortunato scilicet Patraic mac Amlaib.
275. [985] K (2). Mtfelsechnaill mac Domnaill du togail
Insed Condact 7 du marbad atusech.
276. 1 989] K (3). Dunchad ua Brain comarba Ciarain
Cluana Mac Nois quieuit in xiiii kal. Februarii apud Ardma-
chanam civitatem. Relinquens mundum Christum secutus
est. Ibi mortuum suscitauit ut référant.
277. [998] K (10). Sluaged la Brian et la Maelsechnaill gu
tucsat giallu gall leo.
278.' [1002] K (2). Mxiii. K (2). Sluaged la Brian gu Ath
Lûain ibi obsides Midentium et Conachtentium cepit.
279. [1004] K (2). Cath Croebe Tegla itir Ultu et Cenal
Eogain ' ubi ceciderunt duo reges scilicet Aeâ ua Neill 7
Eochaid mac Ardgail ri Ulad. et multi alii.
280. [1010] K (6). Cathal mac Conchubuir ri Connacht
in penitentia mortuus est.
Incipit hic bellum Briain. Anni ab incarnatione Domini
nostri Iesu Christi Mxiiii usque ad [f. 19.] bellum Briain meic
Qflnndetig meic Lorchain ardrig huasal mor Erend uli. Ab ini-
tio uero mundi secundum Dionisium viM. secundum autem
Ebreos vM.ccxviii. secundum uero Ixk interprètes sex milia
quadrigenti xviii.
281. [1014] Mxiiii. K. Sluaged la Brian mac Cennétig meic
1. a written aboie i.
\i< s A. Mm lin Freeman.
Lorcari la ardrig Erend gu mormiledaib ollcliùgid chendâlaind
Muman 7 la Maelsechnaill mac Domnaill rig Temrach gû
mathib fer nÉrend maraén riu co Ath Cliath inagid gai
glas 7 Anmargach. 7 inagid Mâilmôrda meic Murchada rig
Lagen. ûair ise rathinoil 7 ratreorig 7 ratimsaich leis iat a
hinsib 7 a /;eleanib ochlochlaind ' aniartuaith 7 a dunib 7 a
degbaledib Sachsan 7 Bretan eu iath nErend. Deich z cet lurech
do lurechaib leo. Tancatar malle eu Ath Cliath do chur in
chatha crôda ingantaidh nemgnathaich ferda feramail ni
lâchas romi na na degaid a mac letheit in chatha sein. Iar
meith fada doibi ; cur in chatha sein ramebaid for gallaib 7 for
Laignaib tria nert chathaigthe 7 imbualta 7 crodachta. Co
torchair and sein Mfl^lmorda mac Murchada meic Find rig
Lagen 7 mac Brogarbain meic Conchubair [i. 19. b.J rig ua
Failgi et multi ailii nobiles. 7 àr diârmithi do Laignib impu.
Co torchair and dno do gaillaib. Dubgall mac Amlaib 7 Gilla
Chiarain mac Gluin Iaraind 7 Siffraith mac Lodair iarla insi
Orc. 7 Brôdor toisech na nAnmarcach. 7 lucht na deich cet
lurech uli. 7 tricha cet do gallaib a n-as lugu do totim and.
Rathoit and sein immorro Murchad mac Briain ardrigdamna
Erend 7 Tordelbach a mac adbur ardrig Erend. co trichait rig
impu do Connachtib 7 do Mumnechaib .i. Mothla mac Dom-
naill meic Faelain rig na Nési 7 Eochu mac Dunadaig 7 Niall
ua Cuind. 7 Cûdulich mac Chennétig tri cométi Briain. 7
Tadg mac Murchada ri ua Maini 7 Mtfdruanaid ua /;Edin
ri Adni 7 Gebennach mac Dubcon ri Fer Maigi 7 mac
Bethad mac Muredaig Clôin ri Chiarraigi Luachra. 7 Dom-
nall mac Diarmata ri Corcu Bascind 7 Scanlân mac Cathail rig
Eoganachta 4 Locha Lein 7 Domnall mac Emini meic Can-
naich Môir .i. môrmaér i nAlbain. et alii multi nobiles. As
and sein rabi int ardri Brian mac Cennétig ar cul in catha 7
Conaing mac Duind Chuan mac a brathar ac gabail a salm. Cu
danic enfer 5 duna [T. 20.] Danmarchaibfo lâim gan is da mun-
1. The first three letters are faint and doubtful.
2. i writlen oi'er e.
3. Or possibly ocur, ms.
4. Punctiwi over g.
- . Punctum over f.
The Annals in Cotton MS. Titus A. XXV. 329
tir gunuigi înn înat irrabi Brian 7 Conaing. 7 otconnaic in
nwgul is tocbais in laim 7 adaig beim clodeim don ardrig 7
is ' tocbais arisi in laim air 7 adaich do Conaing mac Duind
Cuân 7 marbais a mis iat et in eodem loco ipsc occisus est.
Brian mac Chennetig meic Lorcain ardrig Herend 7 gall do
tutim i catb Cluana da Tarb ma Conaing mac Dond Cuân 7
ma Murchad mac Briain 7 ma Tordelbach mac Murcaid meic
Briain. 7 Rugatar mair na Bachla Isu focetoir a cuirp le 6 gu
hArd Mâcha 7 rahadlaichit gu bonorach iat 7 eu uasal ormit-
nech and. Mxv.
282. [1016] K (2). Macc Liac primollum Herend mortuus
est 2
283. [1022] K(6). Ma^lsechnaill mac Domnaill meic Dond-
chada ri Erend moritur.
284. [1024] K (2). Cuân o Lothcain priméches Erend inter-
fectus est o feraib Tethba.
285. [1030] K(7). Tadgmac Cathail meic Concubair inter-
fectus est o Mrtelsecnaill u Mailruanaid rig Crumtaind.
28e. K (14). Annus ab incarnatione Domini Mxlvi. ab ini-
tio uero mundi anni viVI. ccxliiii.
287. [1047] K (2). Snecta môr isin bliadinso ab Epiphania
usque ad kal. Maii.
288. [1062] K (15). Tadg mac u Concubair [f. 20. b.] per
dolum occisus est o iartur Connact.
289. [1064] K (2). Hic est primus annus undecimi cicli
magni pascalis ab initio mundi. Principium uero tertii ab
incarnatione Domini ».
290. [1064] K. Dondchad mac Briain do dul gu Roim da
elithri 4 .
291. [1067] K. CathTurlaig Adnaig i torchair Aeà ûa Con-
chubair > ri Connact [7] Aeà ua Conchenaind ri ua Niarmata.
292. [1072] K(>). Diarmait mac Mail na Bô ri Bretan 7 Insi
1 . Sic vis.
2. In margin : Coriagal inard plean quieuit.
3. In margin, in Lish script : secht mbliadna. lx. et m.
4. Al top o/pa^c, in Irish script : 7 corôin ri Erenn do breith leisdô.
j. lu margin : À. in gha bernaid.
330 A. Martin Freeman.
Gall 7 Atha Cliath 7 Lethi Moga Nuàdat do marbad 7 d[o|
coscradlâ Concubar u Mailsechnaill lii catb Odba. Mlxxxi.
293. 1 1082 1 G (10). Mlxxxii. K. Domnall mac Taidg u
Conchubair rigdamna Connacht do marbad la Cathal ùaCon-
chubair tria cil. Cathal ua Conchubair do tutim i cath laRua-
dri ûa Conchubair co sochaidi môir. Mlxxxiii.
29-). [1084] K (2). Cath Môna Crunneôge ubi occisus fuit
Donnchad mac Colig ' u Ruairc. Mlxxxv.
295. [1086 1 Tairdelbach mac Taidg meic Briain mortuus
est. Anni ab incarnatione Domini usquc ad Tordelbach
Mlxxxvi. Ab initio uero mundi fluxerunt anni viM.cclxxxv.
296. [1087] K. Cath Conachla la Rûadri mac Aeda ua Con-
chubair in quo cecidit Aed mac Airt û Ruairc 7 mathi Con-
maicne uli iugulatisunt etoccisi.
297. [1087] K. Natus esthocanno Tordelbach ua Conchu-
bair. [f. 2i.]Cend Coraddu milliud7 Lumnech du loscud la
mac meic Loch lai nd 7 la Ruadri ûa Conchubair.
A. Martin Freeman.
{à suivre.^)
1. Initial c is written over °, ivhich is not ccincàlhi.
TRISTAN'S COMBAT W1TH THE DRAGON
When Tristan and his men, in quest of the Princess of the
Swallow's Hair, hâve reached the Irish coast and lie in the
harbour, they learn that the country is being devastated by a
hery dragon, and that the king bas promised his daughter and
the half of his kingdom to the man who will slay the monster.
The next day the hero sets out alone and accomplishes the
deed. He cuts out the dragon's tongue as a trophy. Overcome
by his burns, he lies down in a brook and falls asleep. An
impostor, the king's seneschal, desires the royal bride for
himself. First he makes sure that the monster is dead, and
then, under the impression that it has also killed its slayer,
he rides off with the head to the court and proclaims himself
as winner of the king's daughter. The next day the princess
sets out herself to investigate the scène ot the combat. The
wounded Tristan is discovered and carried to the towiï. Hère
she recognises him as the slayer not only of the dragon but
of the Morold, her uncle. However, both the king and his
daugbter are willing to pardon him because of the slaying of
the dragon. The claim of the seneschal, who is challenged to
battle by Tristan, is proved to be false, the hero being able to
produce the monster's tongue. The impostor now leaves the
court in disgrâce. Tristan proffers his sue ior Isolt on behalf
of king Mark of Cornwall, and the Irish king readily accepts
it '.
i. The scène does not occur in the fragment of Béroul. See Eilhart von
Oberge, 1598-2264.
ji2 A. G. ru h Hamel.
The épisode of the slaying of the dragon lias long been
recognised as one of the many folk-elements, which underly
the Tristan romance 1 . The natural conclusion would bc tliat
ihe champion wins the bride for himselF, but this bas been
changed in accordance with the altruistic character ol Tristan's
quest. The story, as it is told in Tristan and Isolt, belongs to
a particular group of folk-tales of the Perseus-type, owing to
the character of the impostor, which gives the trait of the
hero's cutting out the monster's tongue a deeper significance.
This character, as Gertrude Schoepperle remarks, is known
in other folk-tales, which are also represented in Celtic popu-
lar tradition .
In a recently published collection of Breton folk-lore 2 the
story occurs even in a more elaborate form, and hère it
illustrâtes once more the well-known fact, that the réputation
of Brittany for its exact and careful préservation of primitive
lore is well-deserved. In a good many cases, I think, Breton
traditions are superior even to those of Ireland. Besides, this
is not the first instance of a popular élément of the Tristan
romance being retraced in Brittany 5 . A particular interest
attaches to this coïncidence, although the day bas not yet
arrived to make out the nature of the connection.
In the Breton version hère alluded to * the story torms a
portion of a longer taie entitled Ar Zarpant milligiiet. Hère
the dragon is a monster with six heads. Every day it receives
a human being for its prey, in order to prevent it from further
dévastations. On the day of the hero's arrivai the king's eldest
daughter will be sacrificed. Immediately the hero présents
himself before the king, who promises him his daughter, it
he should succeed in delivering her. The princess is on her
knees before tbe serpent's hole. Her unknown champion (who
is only a boy) sees the monster emerging from its subterra-
i. See Gertrude Schoepperle, Tristan and Isolt, I, 205 sqq.
2. E Koru an Oaled, livet ha renket gant an aotrou Jézegou, Quimper,
1923. J. M. Guivarc'h.
3. Cf. Revue Celtique, 37, 323 sqq. (the co'our of the sail on the return-
ng hero's ship).
4. E Korn an Oaled, p. 239 sqq.
Trisian's combat with the dragon . 333
nean abode. In the combat, which ensues, he receives great
help from his horse, his dog and his iron helmet, and at last
he séparâtes the dragons six heads from the body with his
sword. He cuts out the six tongnes, wraps them up in his
handkerchief and makes off for an inn near by, in order to
prépare himself to appear before the king. A disgusting dwarf,
distorted and warped, who dwells not far from the palace
(his name is Beg-lor) ', has witnessed the bloody scène. He
takes the six heads in his hand, dips his knife in the gore,
and announces at the palace that he has killed the dragon.
Reluctantly the king déclares himself prepared to fulfill his
promise, and the princess, though disbelieving the claimant's
remonstrances, can only obey. Owing to the dwarf s orders
the hero is refused admittance to the king's présence. Thus
he is obliged to devise a stratagem. When the banquet has
commenced, he tells his dog to penetrate into the hall, to lick
the maiden's hand, and then to overthrow the table with ail
the dishes upon it. The faithful animal does as it is told, and
the same scène is repeated on a second and a third day. Twice
the dog escapes, but the third time it is caught, and its master
is dragged before the king. Now he makes himself known as
the rightful pretender to the seat next the princess, and
supports his claim against the usurper by producing the six
tongues, which appear to fit exactly into the six mouths. In
vain the false bridegroom attempts to disappear, and his
crime is expiated on the gallows. But the successful dragon-
slayer becomes the king's son-in-law.
The above summary shows once more that in Celtic
popular tradition stories of the same type as that of Tristan's
dragon fight are known. It could not be held that this folk-
tale should hâve drawn its material from any poetic or prose
version of the Tristan story. It préserves several traits, which
no doubt are ancient, and which ail our versions of Tristan
and Isolt ignore. Among thèse I reckon the hero 's vouthful
âge, the large number of heads of the monster, the part played
1. " Eur paourkeaz reuzcudik, tort, lucb, kamm, pikouzet, eun drucz
a welet. "
Revue Celtique, XLI. 22
î î l ./.<;. mm Hamel.
by tlie hclplul animais at the combat, and by the faithful dog
at the banquet.
Other stories of the same type hâve been noted down in
Brittannv ' and in orher Cehic countries as w cil 2 . A striking
variant is preserved in Lorraine K In ail tlbese the monster
émerges at regular periods and claims a living oblation,
which it bas been promised in order that it may refrain from
further dévastations. The youth arrives on the day when the
Iring's daughter will be sacrificed. The number of the dragon's
heads varies from one to six or seven, and the slaying takes
from one to three davs. An important incident is the récogni-
tion of the hero, who eitber modestlv retires or falls asleep
after the combat. It occurs in two variants. In one of thèse
there is an impostor, or even three, and evervthing happens
as in the taie quoted above. This is the version of ail the
Breton variants; it bas been retraeed by E.S. Hartland in a
large number of versions of our story ail over the world. The
other variant knows of no impostor. Hère the hero falls
asleep on the third day and the princess takes from him
either a lock of haïr or a shoe, or both. When afterwards the
king orders his men to search the coontry for the unknown
champion, he is easily recognised by means of one of thèse
tokens. It is clear that a connection exists between thèse two
variants of the récognition scène and the number of days of
the combat. The princess only realises the necessity of keeping
the hero's shoe or cutting off a lock of bair, when she has
corne to know his habit of disappearing after his day's work
on a previous occasion. On the other hand the impostor
draws his sinister courage from the hero's unnoticed and
ephemerical appearance.
i. See Mélusine, I, 57; Revue des traditions populaires, IX, 172 sq . ;
F. M. Luzel, Contes Populaires de Basse- Bretagne, II, 296 suiv.
2. Irish : An tarbh breae (éd. Dublin, Gill and Son); Brian 7 Aodh an
braddin ghil (éd. Aihlone, Cumann Clodhadôireachta). A Scotch variant
is cited by E. S. Hartland, The legendof Perseus, 1, 37, where variants from
ail other parts of the world will also be found.
3. See E. Cosquin, Contes populaires de Lorraine, no. 5 (Le fils du
pêcheur); cf. also no. 37.
Tristan's combat with the dragon. 335
In ail the folk-tales an introduction has been préfixée! to the
story of the dragon fight ; its object is to account for the
supernatural power, with which the youthful hero is invested.
Of th is introduction two principal versions may be distin-
guished. In the first he possesses himself of a magie sword, or
even armour, which he finds in a giants' hoard. The other
version dérives bis heroic character from a supernatural birth
and represents bis mother as having eaten a wonderful fish,
which is sometimes styled "The Queen of Fishes". Of thèse
the former is not sufficient in itself, for the sword can only
be won by killing the giants, and thus supernatural power is
required even at this stage of the story. Thus the fight with
the giants involves a preliminary introduction, where the
hero makes friends with a supernatural being, mostly an
animal, which imparts to him the necessary magical qualities.
From the two Irish représentatives of the introduction I
distinguish thèse versions as the Speckled bull-version and
the White salmon-version. In the Irish taie called An tarbh
breac the boy is being ill treated by a stepmother, who sends
him out to look after the cattle but leaves him without food.
Among the herd there is a speckled bull. It nourishes the
boy from its horn. When the stepmother becomes aware of
this, she détermines on having the animal killed. She does
not succeed, however, but at the saine time the bull has to
leave the place. It takes the boy with it, and when thev find
themselves in safety in the woods, it tells him, as soon as it
will hâve been killed in a fight with another bull, to strip it
of a part of its skin and thus make a girdle, which will pré-
serve him in ail subséquent dangers. It is this girdle which
afterwards enables the hero to overcome the giants and win
the magie sword.
The Speckled bull version occurs in other variants of our
story also. In the Breton folk-tale given by Luzel we find a
supernatural animal called the ''Murlu", which supports the
boy, who is the son of the king of France and his second
wir'e, in his three days' struggle with the giants. Afterwards
the Murlu is transformed into a beautiful horse ; it carries the
boy to the place of the dragon fight and quenches the
[36 • A. G. van Hamel.
monster's lire by vomiting large gushes ol water. At the end
the Murlu makes itself known to the hero as a transformation
of his father's first wife, who had attempted to seduce his
mother when, disguised as a voung page, she first came to
the kings cotirt ; she had died of grief because of her lack of
success, and her punishment consisted in remaining in animal
shape, until the day when she should succeed in marrying
the young prince to a lady he would hâve saved irom a
dragon .
Notwithstanding the complicated form, in which the
Speckled bull version occurs in this story, it shows the same
fundamental conception as the Irish taie, and we may gather
from it that hère also the speckled bull, although it is not
explicitly stated, must be considered as a transformation
animal. Other évidence confirms this view. In an Irish story
of an altogether différent type ', where the King of Greece's
sword has to be won in order to fight a giant, the speckled
bull's part is played by a white horse, which gives exactly
the same advice as the speckled bull : bain an croiceanu diom.
The true nature of this horse is revealed by the helpful horse
in a Breton folktale, which makes itself known as the hero's
grandfather \ An interesting variant of the group of taies
discussed hère is suppiied by the Egyptian legend of the Tua
Brothers ; , where â good many of the éléments which consti-
tute the Celtic taies (such as the helpful bull, the false
queen, etc.) may be discerned, though differently con-
nected.
The White Salinon — version of the introduction in its
simplest form is very perspicuous. The supernatural power,
which the hero displays in fighting the dragon, is accounted
for by a supernatural birth. The hero's mother has been
denied the blessings of maternity during many years o
matrimony until, by the intercession of supernatural powers,
i. Sgéaluidhe Jior na seachtmhaine, éd. bv An Craoibhin Aoibhinn.
Dublin, 191 1, Gill and Son, p. 48 sqq.
2. " Me, va mabig, eo da dad-ko^ " : Jézégou, E koru an oaled, p. 107.
3. Quoted by Andrew Lang, Myth, ritual and religion, II, 318 sqq.
Tristan s combat wilh the dragon. 537
a child is born, which afterwards becomes a hero. This trait
:s quite common even in newly-made stories '.
The Wonderful Fish présents itself in two différent ways.
Either it is caught bv tbe father, who is a fisherman, and
reveals its secret onlv when its life is threatened (thus in
Ar Zarpant Milliguet and Le Fils du Pêcheur), or tbe father
.consults a wizard as to how to get an heir, and is told to go
fishing and make bis wife eat tbe Wonderful Fish he will
catch (An Bradàn Geai). In the former variant the fish pro-
vides the future hero at the same time with a set of animal
friends, who, deriving their life force from the same source,
will remain devoted to him and support him in ail dangers.
In Ar Zarpant Milliguet tbe fish tells the father to give the
water, in which it is boiled, to tbe bïtch, the bones to the
mare, and to plant tbe three big thorns that will be found in
its interior in the garden. Thus are born on the same day
three bovs, three cubs and three coïts, and in the garden
three lances spring up. In Le Fils du Pêcheur the same thing
happens. An Bradàn Geai puts it differently. Hère the wizard
strictly forbids that anyone should partake of the fish but the
mother. The cook, however, desirous to taste of lier own
bands' work, puts a little pièce of fish into lier mouth, and
within a year she gives birth to a boy at the same moment as
lier mistress.
Thus in some versions the supernatural birth from the
Wonderful Fish is connected with another well-known folk-
element, that of the Helpful Animais, which, however, is
not necessarily implied. The Life Brother, on the other hand,
who in An Bradàn Geai is born from the cook, occurs in ail
taies of this type and may be regarded as an essential élément
of the Wonderful Fish formula. In Ar Zarpant Milliguet
and Le fils du Pêcheur tbe hero has two brothers from the
outset, and the close connection, which exists between the
three owing to their common birth, is expressed bv the
symbol of the Life Liquid, which the parting brother leaves
1. Cf. the story of Daniel O'Connell's birth in Lady Gregory's
Kiltartan History Book, p. 23 sq.
]■$$ A. G. van Hantel.
in the others' hands. The hero oi Au Bradân Geai tells his
hrother to go ont imo the garden every morningand observe
the colour of the water in the well ; as long as it lias the
colour of honey, he will be thriving well, but as soon as
things turn against him, there will be the colour of blood
upon it. In the same wav in Ai Zarpanl Milliguet the boys,
on bidding farewell to the paternal home, leave a pitcher,
filled with water, behind them ; when thcre is something
wrong with them, the water will become dark. The father of
Le Fils du Pêcheur is told by the Wonderful Fish to préserve
its blood in three vials, one of whom he is to give to each of
his three sons; as soon as danger threatens them, the blood
will boil. Similar traits are found in many other folktales '.
As it has been argued before, an introduction conveying
the hero's supernatural power, was attracted by the story of
the dragon fight, but the spécial character of origin of this
power was in no way determined by it. The Sword of the
Giants, preceded by the S peckled Bull formula, and the White
Salmon formula would suit equally well. For the structure of
the story as a whole, however, the prefixion of the latter
introduction had another conséquence, which tended to sever
it farther from the Speckled Bull variant. The Life Brother and
the Life Liquid, both original éléments of the White Salmon
formula, play no part in the dragon fight, what shows the
secondary character of the combination. Still it cannot be
imagined, that they should be devoid of ail interest for the
further development of the story as a whole. We shall hâve
-to look for a connection outside the dragon fight.
The versions that open with the White Salmon formula,
followed by the story of the dragon fight, hâve a sequel, which
is lacking in those that hâve the Speckled Bull introduction,
and which does bear a connection to the éléments in dis- .
cussion. This sequel is found in its simplest from in the Irish
taie of An Bradait Geai. Soon after his marriage with the
princess, whom he has delivered from the dragon, the hero
sees a stag entering the room by the window and leaving it
i. See, for instance, the Kgvptian story quoted by Andrew Lang.
Tristan s combat with thc dragon. 336
again on the opposite side. He saddles his horse and sets out
to hunt it, aocampanied by his dog .ind his hawk. At the
falling of night he discovers a house, which is inhabited by a
witch. She wants him to tie up the animais with a magie
withe, and then she starts wrestling with him. When he is
overcome, she touches him and his animais with a magie wand
and changes them ail into grey stones. On that very moment
his Life Liquid turns dark as blood, and his Lite Brother starts
to trace him. When he gets to the court, they ail take him
for his brother and express their surprise, that he lias been
the iirst knight to return safely from the hunt of the enchanted
stag. He does not reveal his identity and the next day, when
the stag again crosses the room, he undertakes the hunt. The
witch desires him to fasten up his animais, but the throws
the withes into the fire. Then she attacks him, but with the
help of the animais he masters her, w rings the wand from
lier, and delivers his brother and his three animais by touching
them with it. At last the witch is turned into a stone.
Ar Zarpant MilUguet has exactly the same sequel, but for
a few discrepancies owing to the différences in the introduc-
tion. Hère the number of the brothers amounts to three, so
that two of them hâve to be petrified before the third can
perform the delivering act. Hère the hunt is not introduced
by the appearance of the enchanted stag — which, of course,
has to be regarded as a transformation animal under the evil
power of the witch, — but when looking from his window
on the day after his marriage, the hero perceives a magie
wood, which he enters hunting notwithstanding his wife's
supplication. Hère he discovers the witch and lier hut after
having passed through a terrible thunderstorm, which recalls
that of Owein and Lhtncd. Of the brothers' animais onlv their
dogs are mentioned and it is not expressly stated, that thèse
are the dogs with whom each of them is connected by con-
ception from the Wonderful Fis h, but it may be surmised
that the real character of the dogs must be explained in tins
way and that also the horses are understood.
In the Lorraine version Le fils du pêcheur thc magie wood is
replaced by a burning castle. This must be an innovation ot
$40 A. G. van Hamel.
1 1 1 i s particular talc, as the burning castle belongs to a différent
type ot story and lias nothing to do with the hunt of the
enchanted stag '.
If this sequel of the Enchanted Hunt, which isfound in ail
versions with the White Salmon introduction, is originally
and essentially connected with it, the same question may be
asked as to the Hclpful Animais. It lias already been pointed
put that supernatural conception from a fish does not neces-
sarily imply the birth of helpful animais from the same origin.
The Irish version An Bradân Geai lacks the helpful animais
altogether in the introduction, whereas they do appear hère
in the sequel. Thus the helpful animais were neither implied
by the introduction, nor attracted by the dragon fight, where
they play no part, but by the enchanted hunt. But even hère
they are only of an accidentai character. In An Bradân Geai,
when the second brother delivers the hero out of the power
of the witch, he is assisted by his three helpful hunting ani-
mais. But Ar Zarpant Milliguet omits the horse entirely from
the sequel, and assigns no active part to the dog in the wrestle
with the witch ; the magie lance, which was also engendered
by the wonderful fish, appears to be forgotten at the end, and
is superseded by a firearm, and but for the witch's transform-
ing the dog and the firearm into stones, we should not be
aware of anything supernatural in either of them. The
Lorraine version given by Cosquin puts it exactly in the
same way, but hère the transformation object is a tutt of grass.
Thus it would seem that, once the hero had been equipped
ior the enchanted hunt with hunting animais, which could
assume more or less the character of helpful animais, a closer
relation between him and his animal friends could easily be
established, by deriving their birth from the identical super-
natural power, emanating from the wonderful fish. But at the
same time the helpful animais are essential neither to the
Wonderful Fish nor to the Enchanted Hunt formula.
i . Cf. the taie quoted above from Sgèahiidhe j 'ior na seachtmhaine, where
both the enchanted hunt and the burning castle occur independently
from each other.
Tristan' s combat withthe dragon. 341
This conclusion is confirmée! by the observation that helpml
animais are sometimes utilisée! in altogether difterent connect-
ions. In one of the versions of our taie taken down bv Luzel
in Brittany \ the hero is assisted by helptul animais in ail his
difficulties, but hère they are no hunting animais owing to
the absence of the enchanted hunt. The hero meets a bear, a
fox and a hare, who lend him their services first in over-
coming a set of robbers, then in delivering a princess from a
dragon, and finally in exposing the impostor. In this version
the hero has no supernatural birth, what is décisive tor the
character of the helpml animais also. Helpml animais are
found in many folktales and in various forms. Thev borrow
their spécial character in each case from the possibilities
afforded by the storv into which they are introduced.
The helpml animais, once they hâve found their way into
a story framed out of various éléments, will easilv find a
part to play in each of thèse. The more remarkable is the
fact that they figure but rarely in the dragon fight. The ver-
sion given by Luzel in Mélusine is almost unique in this
respect. In the dragon fight the folktale raises itself uncon-
sciouly to the level of the epic, and shrinks before impairing
the hero's character by lending him any supernatural aid.
Exactly the same fact may be noticed in those variants, which
hâve the Speckled Bull introduction in stead of the Wonderful
Fish formula. Hère also the speckled bull retires, when the
heroic deeds commence, and it is only in the Breton Murlu
story, that the Murlu, rather awkwardly and to great détri-
ment of the epic character of the whole, takes an active part
in the combat by vomiting water and thus quenching the
monster's fiâmes.
Only where the dragon fight is extended with the scène of
an impostor, who attempts to profit from the hero's fatigue
and secure the royal bride for himself by presenting the
monster's heads to the King, the helpml animais corne in
regularly. The impostor is not an essentiai élément of the
dragon fight, in the Irish version An Bradait Geai he is not
1. See Mélusine, I, 57.
il-' A. G. va ii II un ici.
alluded to. But in a great many taies of the Perseus type lie is
vvell-known '. The hero either retires or falls asleep after the
combat. The impostor, who is mostiy a charcoal-burner (or
three cluncoal-burners), passes and finds the monster's heads,
without noticing that the tongues hâve been eut out. The
king rinds himself under the obligation to accept him as his
son-in-law, though reluctantly, and the wedding-feast begins.
At this moment the helpful animais corne in. In Ar Zarpanl
Milliguct the dog provides for his master an opportunity to
appear before the king and présent the dragon's tongues, by
surrendering itself into the hands ofthe king's servants on the
third dav, after having overthrown the dinîng table twice
before. Cosquin's Lorraine version puts it in muefa the same
way : the dog pénétrâtes into the hall twice over, and the
third time it is pursued by the king himself who thus detects
the hero.
In the two Breton versions given by Luzel the development
is slightly différent, owing to the preceding traits. In the
Murhi storv the Murlu appears in the hall and transforms
itself into a beautiful queen, who discloses the impostor's lies.
In the Mcliisiiic version the hare and the fox venture them-
selves into the hall on the first and second day to tell the
princess that the hero is coming to claim her for his rightful
bride. On the third day the bear takes him on its back and
forces a way to the king's présence, where the hero produces
the dragon's tongues and challenges the impostor to battle.
The impostor never accepts the challenge and expiâtes his
crime on the pyre or the gallows.
Of the impostor scène the same thing may be said as of
the helpful animais. It is in no way essential to the dragon
fight and adapts itself to the trend of each particular taie. In
some versions it is altogether lacking. Sometimes the hero
disappears because of his utter fatigue owing to his many
wounds and burns, sometimes he retires out of modesty. The
character of the impostor is not fixed and the incidents
connected with the récognition vary. The whole scène is but
i. See E.S. Hartland, The îegend of Perseus, vol. III, appendix, table C.
Trisian's combat with the dragon. 343
a digression, which does not contribute to the development
of the story. Still it seems possible to account for its intro-
duction into so many folktales of the Perseus type. It was
attracted not so mue h by an artistic désire of contrast between
the idéal hero and the wicked world, as by the psychological
necessity to place the hero's identity in the king's eyes beyond
ail doubt. Once it has been contested and successfully main-
tained, it remains unquestionable.
Hence it is in no way surprising, that with a similar object
other épisodes were introduced into taies, where the impostor
is unknown. Thus in the Irish version An Tarbh Breac the
struggle with the monster lasts three days, and on the third
day, when the princess has corne to know the hero's habit of
vanishing after his difficult work, she snatches a shoe from
him, which enables her afterwards to retrace her deliverer.
In the same way An Bradent Geai makes the hero befriend
himself with the princess on two subséquent days, after he
has loosened her fetters and expressed his désire to await the
monster bv her side. At the falling of night, when the dragon
has remained invisible, he makes away of a sudden, promising
to return on the morrow. Thus, when on the third day he
falls asleep on her bosom, she cuts off a lock of his hair, and'
later on, when the dragon has been killed and the hero is
ready to vanish again, she manages to hold one of his shoes.
Now she possesses two tokens, which will serve afterwards
as a means of récognition.
The épisode of the combat with the dragon, as it occurs
in Tristan and Isolt, has preserved the main characteristics of
the folktale from which it was borrowed, though a few
détails were modified in order to raise it to the level of a
chivalresque romance. Both the introduction and the sequel
are absent, as well as ail the other traits connected with them.
One would even hesitate to see in Tristan's horse a rest of
the hero's helpful horse from the folktale, as the animal, far
from protecting his master against the monster's fiâmes,
succumbs at the ineeption of the fight.
In Tristan's dragon tîght, besides, the princess is not going
to be sacrifked by her countrymen to the monster as a tribute,
; il . /. G. van Hamel.
but the king will présent lieras a reward to the slayer ofthe
devastating dragon. Thus the hero is not so much the deli-
verer ofthe maiden as ofthe çountry. Theimpostor, of course,
could not reniai n a charcoal-burner or a dwarf, but was
raised to a courtiers rank, though in Eilhart's relation his ori-
ginal character is by no means eclipsed. In order to escape
from the impostor's snares the princess rides ont the day
after the combat and discovers the exhausted hero hersell.
Thus a connection is established between the hero and the
héroïne, what was a necessity, since the hero does not deliver
her with his own hands. The healing épisode, which ensues,
is in accordance with the character of Isolt in the romance.
The most conspicuous, however, of ail détails in the whole
épisode of the romance are the two récognition scènes, where
Isolt identifies the dragon-slayer first with Tantris, then with
Tristan. Tantris was the wounded harper, whom she had
healed on his previous visit to Ireland, Tristan the slayer of
her uncle, the Morold. It will be noticed, that the two réco-
gnition scènes occur only in the rédaction of Tristan and
Isolt by Thomas. The older rédaction, represented by the
fragment of Béroul and Eilhart von Oberge's Tristan, only
mentions the latter, owing to the fact that hère the hero,
after his first voyage for healing to Ireland, bas not been
admitted to Isolt's présence, but is only presented with a
powerful plaster, which she prépares for him.
There is a controversy between prof. Bédier and the much
regretted Miss Schoepperle on this subject '. Miss Schoepperle
has shown 2 that in the French Prose Romance, which along
with Eilhart is our only existing authoiïty for this part ot the
Béroul version, the whole dragon combat is an interpolation.
Hence this version knew only of a récognition with Tristan,
the slayer of Morold. Thus it becomes questionable whether
the récognition scène with Tantris, and the meeting in person
of Tantris and Isolt during the voyage for healing, by which
i. See J. Bédier, Le Roman de Tristan, II, 210 sqq. and G. Schoepperle,
Tristan and Isolt, I, 84 Sqq.
2. See also Rôttiger, Der heutige Stand der Tristan forschung, Hamburg,
1897.
Trislan's combat with the dragon . 345
this récognition is implied, miist be assigned to the original
Tristan romance (the Estoire), or not.
From a logical point of view Miss Schoepperlc can only
be right in answering this question in the négative. Tristan
sets out to wïn for his uncle the Princess of the Swallow's
Hair, who needs must be unknown to him. If Tristan, after
the slaving of Morold and the first voyage to Ireland as
Tantris, recovers his health by Isolt's personal care, the quest
of the Princess of the Swallow's Hair is deprived of its ori-
ginal significance. Hence it may be argued that the Estoire
knew of no meeting of Isolt and Tantris (or Pro, as he is
called by Eilhart), and consequently of no récognition as
Tantris after the dragon fight. According to Miss Schoepperle
only one récognition of the hero can be accepted for the
Estoire after the slaving of the dragon, namely that as Tristan,
the killer of Morold, from the missing fragment in his blade.
Miss Schoepperle admits, that some uncertainty in this
part of the narrative is not surprising. It arose from the
mixing together ot two inconsistent éléments, the voyage for
healing and the quest of the Princess of the Swallow's Hair.
The Estoire discarded the contradiction by representing Isolt
as preparing a plaster for Tristan, but not seeing him person-
ally at the court. Thomas, on the other hand, who rejected
the swallow and the golden hair as childish, made Tantris
appear at the Irish court and recover his health by Isolt's per-
sonal attendance, what involved another récognition scène
after the dragon combat.
Now even this original uncertainty would justify us in
questioning the Estoire's demand for logic as it is proposed by
Miss Schoepperle. Something mav be said in behalf of prot.
Bédier's case too. In Thomas and his followers we find two
récognition scènes, one arising from the ptevious encounter
of Tantris and Isolt, and the other from the missing fragment
in the hero's blade. Of thèse only one, namely the second,
occurs in Eilhart and, it may be assumed, Béroul. What is
morelikely to hâve happened, the discarding ofone by Béroul,
or its invention by Thomas ?
The invention of the récognition as Tantris could easilv be
M<> A. G. van I Jauni.
accounted for, once the healing by Isolt in perso n was there,
and it was, no doubt, attracted by it. But would an original
version represent the hero as crossing to Ireland, as the only
place on earth where lus Health could be recovered, without
his encountering at the saine time the princess that was to
heal him? If we fînd one version where such a meeting occurs,
and another where it is lacking, is it not more probable that
the former préserves the original tradition, even if a want of
logic must be waived, and that the latter bas endeavoured to
establish the missing order ?
The solution of the problem dépends on the interprétation
of Tristan 's island combat with Morold. The king of Ireland
claims a tribute from Cornwall and sends Morold, his wife's
brother, to levy it. However, Morold is killed by Tristan, and
his corpse is taken to Ireland, where a fragment of Tristan's
blade is found in it. Afterwards the hero, who has been
wounded with Morold's envenomed sword, finds healing in
Ireland and his identity is not discovered. But on a later
quest for a bride for his king he is recognised owing to the
failing fragment of his sword.
Miss Schoepperle points out that this story is founded upon
a popular tradition. Consequently it must be considered apart
from ail relations which the persons that play a part in it
bear to each other orto the Tristan romance. Morold, though
represented as the king's brother-in-law, is originally not a
human being '. Monster's levying tribute are well-known in
folktales 2 . As a rule the annual tribute consists of a young
man or maid, and is only stopped w r hen the king's daughter
herself is being threatened by the monster and an unknown
hero delivers her. After the combat the hero has his wounds
dressed by her, but then escapes, until he is recognised by a
token. Thèse taies constitutea division of the Perseus legend 5
and are closely related to the taies analysed in the présent
paper.
1. See Eilhart von Oberge, Tristan, 1. 351 sqq.
2. For instances see G. Schoepperle, op. cit., II, 326 sqq. The connect-
ion with the Irish fomoire must be rejected.
3. SeeE.S. Hartland, Legend 0/ Perseus, III, 1-95.
Trislan's combat ivith the dragon. 347
In the Morold épisode ail thèse éléments occur, and but for
the relations existing between the différent persans, câused by
its being adapted to the Tristan romance, it would not be
dilficult to recognise them. Morold has become a man, though
many of bis supernatural traits remain, and the brother of
the Irish queen. At the saine time the place of the delivered
princess that was to attend the hero and recognise him after
his escape by a fragment of his blade, was taken by Isolt of
Ireland. That, however, thèse two were originally not one
and the same person, still appears from the fact that the lady
that heals the hero's wounds is not Isolt the princess but her
mother, Isolt the queen. Thus the Morold storv was linked
to the love romance of Tristan and Isolt by what may be
styled a partial identification of the héroïnes. A similar pro-
cess is adopted at a later stage of the romance. During his
exile in Brittany a commonplace romantic trait is attached to
the person of Tristan. He supports Kaherdin, who finds
himself in a great strain, and thus wins his friend's sister as
his wife. This lady also bears the name of Isolt, and by this
outer symbol the combination ot this épisode with the rest
of the romance acquires a very intimate character.
In fact, three conceptions were interwoven in the Estoire
to account for the winning of Isolt by Tristan :
1. The princess is intended as a tribute to Morold, who
is, however, slain by Tristan. She heals his wounds, but he
escapes. Aftervvards he is recognised by a tokcn. This tokeri,
as we hâve seen already, is mostly a lock of hair or a shoe.
But aecording to the tastes of chivalry, which prevail in the
romance of Tristan, a fragment of the blade, which is disco-
vered in the monster's corpse, is put in stead.
2. A swallow drops a golden hair in the court and the king
vows to marry the lady to whom it belongs. The quest is
accomplished by one of his heroes.
3. The hero slays a dragon and exposes an impostor by
producing the tongue. Thus he wins the bride.
Of thèse three conceptions the first, which, in fact, is but a
variant of the third, was more or less curtailed in order to
make it consistent with the story as a whole : the princess is
548 A. G. van Hamel.
no longer intended as a tribute for the Morold. This modifi-
cation, as ail other altérations in the subject-matter of the
story, was caused by the localisation oi both the Morold's and
the princess' home in Ireland and the establishing of" a blood
relation between Morold and Isolt. The lady claimed as a tri-
bute was now eliminated iYom the story and only a few traits
were left, which betray her original présence, namely the
healing of Tristan by the Irish queen, and the récognition
from the missing fragment of bis blade. Another of thèse traits
is that Mark after the Morold combat makes Tristan his heir,
what in the underlying folktale doubtless implied the giving
of his danghter as a wife.
The further modifications involved by the interweaving of
the three conceptions as explained above, are the following.
1. The healing of Tristan has been split up. It is started,
although in vain, in Cornwall, that is the country delivered
from tribute, and finished in Ireland, the résidence ot the
princess that takes the place of the lady saved by the hero.
2. A voyage for healing must be introduced. The curing
lady is the queen and the hero meets the future héroïne only
to teaeh her harping. In a branch of the tradition, namely in
the Béroul-Eilhart version, this meeting was omitted and
superseded by the sending of a plaster, in order to avoid con-
tradiction with the formula of the Princess of the Swallow's
Hair.
}. Isolt regards Tristan as her enemy, because he has slain
her uncle. Thus a conflict is created in her, as he is at the
same time the deliverer of her country from the fiery dragon.
4. The various récognitions must get a fixed place, which
is not inconsistent with the gênerai trend of the romance.
The récognition of Tristan as the slayer of the dragon by his
being able to produce the monster's tongue préserves its ori-
ginal position immediately after the exploit. The récognition
of Tristan as the slayer of Morold by the lost fragment of the
blade is deferred until after the dragon combat, thus causing
the tragic conflict in Isolt already referred to. A t'hird réco-
gnition (as Tantris) survives in that part of the tradition,
which has not discarded the encounter of Tristan and Isolt
Tristan s combat with ihe dragon. 3 i i )
during the voyage for healing. Hère, on the other hand, the
formula of the Princess of the Swallow's Hair was deliberately
left out, since it was not an unknown bride the hero went to
win for his lord, but the lady to whose tender care he owed
the recovery from his wounds, inflicted by the Morold.
Of ail thèse modifications the original enmity, arising fron;
the blood relation between Isole and Morold, was by far the
most important. It engendered the tragical conflict in Isolt,
which is the most outstanding characteristic of this portion of
the romance. The author of the Estoire was fully aware of the
necessity to crédit Tristan with as much good-will in Isolt's
eyes as he could possibly accumulate. The dragon right was
already there, but this was more to the country's benefit than
Isolt's. So Tristan was made the princess' beloved harping
teacher during his previous visit, but even so there was
Morold's blood on his hands. Nothing but the love potion
could wipe it off. In the scènes preceding Isolt's leaving Ire-
land in Tristan's company a contradiction remains, which
strikes every reader's eyes. The sudden change in the princess
can be explained from obédience lo her parents, but on the
side of the king and queen, who resent the slaying of Morold
so strongly, it remains puzzling. Hère the way in which the
Estoire was patched up, peeps through. But for the blood
relation between Morold and the Irish royal house everything
would be quite natural. In the underlying folktale, of course,
the Morold never levied tribute in behalf of a foreign king,
but on his own account. It was this new-established blood
relation which gave birth to a well-devised tragical conflict,
but to a rather awkward contradiction at the same time.
Utrecht. A. G. van Hamel.
Revue Celtique, XLI. 23
FENI ET GOIDIL
Dans un récent et important travail {Law of Status or Fran-
chise '), John MacNeill a été amené à s'occuper des termes /v///,
Gôidil, Sciiitt, au point de vue ethnographique.
Féni aurait d'abord désigné une race, mais de bonne heure,
dans les textes juridiques, même les plus anciens, les Féni ne
sont plus qu'une classe sociale, la classe des tenanciers de terres
libres. C'est ce que M. d'Arbois de Jubainville, que l'auteur
ne cite pas, avait parfaitement établi et de façon précise dans
la Chronique de la Revue Celtique de 1891. p. 295-300 2 , où
il réfute la théorie à tout point de vue insoutenable de
Zimmer, d'après laquelle^////, f. et par conséquent Féni dési-
gneraient les Danois établis en Irlande, les Vikings : fiann ne
serait guère autre chose que le vieux norrois fjandi, nom.
plur. fjandr(p\\. feind, angl.fîend). M. d'A. de J. fait, en passant,
la remarque que Gôedel est étranger à la langue du Senchus
môr ; il se trouve, il est vrai, dans le Lehar Aide, mais c'est un
document plus récent.
John MacNeill va plus loin : Gôidil serait un byname, d'usage
relativement récent emprunté au gallois : Gôidel représente-
rait le gallois Gzuyddel, dérivé de gwyd, sauvage, ni. fiad,
*veido-s (breton goueç). Gôidil primitivement aurait eu le sens
de sauvages.
1. Proccedings of the R.I.A., vol. XXXVI, }. C. no 16 (1923), p. 266.
2. R.C., 1891, p. 298 : « Les Féni sont les Irlandais en '"général. Dans
un sens plus restreint Féne dans les textes juridiques est l'Irlandais ingénu,
mais non noble par opposition à la classe supérieure des Nemed. »
Fént et Goidil. 35 1
Il y a, au point de vue phonétique, Jeux objections graves
à faire à cette théorie. D'abord, la diphtongaison de è repré-
sentant ci vieux celtique ou ê long latin en ai, ni, ne se montre
ni dans les inscriptions latines chrétiennes de Bretagne allant
du v e au vm e siècle, ni dans les mots latins assez nombreux
passés des Gallois aux Irlandais du v e au vi-Vii c siècle, ni dans
les mots gallois passés en anglo-saxon à la même époque
(Exan-ceaster : gallois postérieur Wysc = hea pour eiseci). Il
n'y en a aucun exemple écrit avant le ix e siècle, quoique
dans la prononciation cette diphtongaison ait dû se faire
plus tôt '.
Il y a une autre difficulté plus grave encore, c'est que le u
initial vieux celtique n 'évolue pas en gu- avant le vm e -ix e siècle.
C'est ainsi que le manuscrit le plus ancien de Bède donne
encore Uurtigern et non Gurtigem. Le changement de e {et)
en ai. ui parait même antérieur à celui de lu en giv : Vormuini
dans une inscription chrétienne d'Armorique, qui ne peut
être antérieure au vm e siècle (J. Loth, Chrest. bret.. p. 83).
L'emprunt d'une forme galloise gûiàri donnant Gôidel n'aurait
donc pu se faire qu'au vm e siècle au plus tôt. Or, sûrement,
l'emploi de Gôidel, Gôedel dans le sens d'Irlandais est antérieur
à cette époque. Dans le Tain Bô Cûalgne, ce terme pour
Irlandais paraît courant : 1. 522, 1670, 3769, 3771, 3824.
Fini y apparaît deux fois : 1. 1077 a ri Fine est dit de Con-
chobar ; 1. 4967 : a féinne (la glose porte : a Ulta, ô Ulates).
Il y a aussi un nom de lieu Ath Féinne, 1. 4948. Emprunté
avant le vnr-ix e siècle, le mot gallois fût devenu, en irlandais,
foidel : cf. foilenn, grvylan, goéland.
D'ailleurs, si l'emprunt devait se faire, il aurait dû avoir
lieu beaucoup plus tôt, soit lors des incursions réciproques
des Irlandais et des Brittons, comme du temps de saint Patrice
(Epistola ad Coroticum), soit mieux encore pendant l'établis-
sement de tribus irlandaises comme celle des Dési, dans le
sud du Pays de Galles, du 111 e au v e siècle, époque où le
contact des deux peuples était intime et continuel.
1. Sailchoit du Connais Gl. est un exemple de la dipht. de ê (ai) en oi,
oe.
^52 /. Loih.
11 faut avouer que l'emploi d'un pareil terme s'étendant
non à un groupe mais à tout l'ensemble d'un peuple en
Irlande comme en Ecosse est bien invraisemblable. On conçoit en
revanche, qu'un terme comme Combrox y plur. Combrogis, com-
patriote, ait été adopté comme nom ethnique, nom de guerre,
par les Gallois au cours de leurs luttes avec les Anglo-Saxons;
et encore ne s'appliquait-il qu'à un des groupes brittoniques.
Quant à la forme galloise Gwydel, le plus simple est d'en
taire un emprunt à l'irlandais: Gôidel est devenu régulièrement
Gwydel {oi régulièrement devenait ni).
C'est probablement à un sentiment analogue à celui qui a
fait adopter Combrôx comme nom ethnique par les Brittons de-
Galles, que les Irlandais doivent Fini. Le sens primitif a
dû être : parents, gens de même race. Féiii est d'abord à
rapprocher du nom de Galles du nord : Gwynedd. Comme le
prouve la rime vocalique dans l'intérieur du vers, suivant la
juste remarque de J. Morris Jones {Grammar p. 46, 120), il
v a dans Gwynedd une diphtongue vraie ///qui ne peut remonter
qu'à un vieux celtique ci : Giuyned = ueiniiâ ; Fini = ueinioi.
Pour le sens, cf. v. norrois vin-r, ami, ags. tulne etc. (cf.
Falk-Torp., Norw-dàn. Et. W., à ven; Walde, Lat. Et. W., à
venus). Il me paraît probable que e = ei dans la glose du
vieux breton coguenou, gl. indigena = coniueiuauo-. Pour -ou,
cf. lesutfixev. gall. -ou, moyen gall. -eu quialterneet s'échange
avec -uy (= ouios) : aseu, à gauche, et as-wy. Il est possible
cependant que e soit bref dans coguenou. Dans ce cas, il serait
à rapprocher de préférence de fine, parenté, famille légale =
*veniâ. *Fian, fiann, corps de troupe = veinâ 1 . Cf. le breton
gouenn, race == ueinnâ ; le mot appartient à tous les dialectes;
or uë- donne give- partout, excepté en trégorrois.
Pour la date de la composition du Senchus môr dont J. Mac-
Neill fait remonter la composition en gros au vn e siècle, il
aurait pu, je crois, consulter avec fruit la chronique citée plus
haut, et aussi les deux volumes d'Etudes sur le droit celtique.
M. d'Arbois de Jubainville, — il me pardonnera de le lui
rappeler — fait remonter par exemple, le Traité {primitif) de
1. Ou ueinnâ. béni, en général, n'a qu'un «.
Fini et Goidil. 353
la saisie immobilière immédiate, avant la fin du vi e siècle de
notre ère. Il avait profondément étudié le droit bien avant
d'avoir abordé le droit irlandais, et si son œuvre prête
parfois à la critique pour l'interprétation de certains termes
et en particulier pour la traduction du texte juridique de la
Quatrième Partie du tome I, ses études méritent l'attention et
seront lues toujours avec fruit. Comme J. MacNeill pourra
s'en convaincre, ses idées sur des points importants sont
celles de M. d'A. de J.
Pour Scuitt, je me contenterai de faire remarquer qu'on
trouve Scotta comme nom de potier. On n'a que Scota sur les
Graffites de la Graufesenque.
J. Loth.
L'AERONEF
DANS
LES LÉGENDES DU MOYEN AGE
Les aventures d'un vaisseau-fantôme errant, non pas sur
la mer comme le Hollandais volant, mais dans les airs, ont
été racontées dans diverses chroniques du moyen âge. Dans
ses Oiia imperialia, ouvrage composé vers 121 1, Gervais de
Tilbury nous donne le récit particulièrement détaillé d'un
prodige de ce genre.
Le fait se serait produit en Grande-Bretagne, un jour de
fête, au moment où les fidèles sortaient de l'église, après la
messe. Ce jour-là, comme il arrive souvent en ce pays, le ciel
était couvert d'épais nuages. Grande fut la surprise des gens
qui traversaient le cimetière, en quittant l'église, d'y voir, au
bout d'un câble aérien, une ancre de navire, qui s'était accro-
chée à un tombeau. Les nautoniers n'ayant pu, d'en haut, réus-
sir à dégager leur ancre firent descendre un des leurs le long
du câble. Mais, au moment où celui-ci, après s'èjre acquitté
de sa tâche, allait remonter vers son esquif, les gens accourus
en foule s'emparèrent de lui, et il rendit l'âme entre leurs
mains, saisi d'étou dément comme un naufragé, dit Gervais,
la pression atmosphérique étant trop forte pour les poumons
d'un homme habitué aux grandes altitudes. Cependant,
désespérant de récupérer leur compagnon, ainsi que leur
ancre, les hommes de l'air coupèrent le câble et continuèrent
leur navigation. L'ancre abandonnée fut travaillée par le
forgeron du lieu, et les pièces de ferronnerie façonnées sur
l'enclume furent appliquées sur la porte de la basilique en
mémoire du prodige '.
1. Gervais de Tilbury, Oiia imperialia, n, 10, éd. F. Liebrecht
(Hannover, 1856), p. 10.
L'aéronef dans les légendes du moyen âge. 355
En 1856, F. Liebrecht, l'éditeur de la partie de l'ouvrage
de Gervais de Tilbury qui contient cette histoire, déclarait
ne rien connaître de semblable en dehors du ÏVolkenschiff du
folk-lore germanique, qui porte dans ses flancs la pluie, la
neige et la grêle 1 . Mais, depuis lors, divers textes ont été
publiés qui montrent que, longtemps avant Gervais de Til-
bury, la légende de l'aéronef dont la présence est révélée par
une ancre ou un autre engin traînant à terre était connue en
Irlande.
Un poème latin sur les Mirâbilia Hiberniae conservé dans
un manuscrit du xn e siècle appartenant à la Bibliothèque
Nationale de Paris (iMs. lat. 11,108) et qui, suivant une
remarque de Kuno Meyer, aurait été composé vers l'an 1000,
contient un section de six vers intitulée De navi quae visa
est in aère 2 . Le poète est très sobre de détails ; il rapporte
simplement qu'un roi d'Irlande, entouré de son armée,
aperçut, un jour, un navire errant'dans les airs, duquel un
javelot, ou un dard (Jmsta), fut lancé à terre, arme qu'un
homme vint reprendre en nageant. Mais deux autres versions
des Mirâbilia, l'une écrite en vieux norse, l'autre en irlandais,
apportent quelques précisions sur ce fait prodigieux.
La version norse se rencontre dans le Kongs Skuggsjo
(miroir royal) rédigé vers l'an 1250. Elle se rapproche subs-
tantiellement du texte de Gervais de Tilbury ; pourtant il y a
quelques différences à signaler. Ici, le fait est localisé en
Irlande, à Clonmacnois, le grand monastère de S. Ciaran,
situé sur la rive gauche du Shannon, et il se serait produit un
1. Op. cit., p. 62. Cf. J. Grimm, Teutouic Mythology, trad. angl. de
J. S. Stallybrass (London, 1883), II, 638-639 ; Montanus, Die deutschen
Volksfeste, Jahres-und Familien-Feste (Iserlohn et Elberfeld, 1854), p. 37-
>8.
2. Ce poème a été publié par Mommsen à la suite de son édition de
Nennius (M. G. Chronka minora : Auct. antiquissimi, XIII, p. 222). Mais,
le ms. de Paris étant tronqué (il y manque les quatre derniers mots
du dernier vers), l'éditeur aurait pu compléter son texte au moyen de
l'édition complète de cette pièce, donnée antérieurement par Th. Wright
et J. O. Halliwell, dans Reliquiae antiqnae (London, 1841), II, p. 106-
107. Sur la date du poème, voir K. Meyer, TJie lrish Mirâbilia in the
Norse « Specuhmi regale » (Èriu, IV, 1908, p. 3).
î}6 /.. Gougaud.
dimanche, alors que les fidèles assistaient à la messe. L'ancre
s'accrocha à une arche du porche de l'église, et elle fut
décrochée par un des aéronautes, descendu pour cela. Les
indigènes accourus allaient se saisir de celui-ci, lorsque
l'évêque du lieu leur défendit de toucher à cet homme, car,
s'ils le faisaient, dit-il, le malheureux périrait aussitôt comme-
un noyé. L'aéronaute réussit donc à regagner son bord, mais.
le câble ayant été coupé, l'ancre resta à terre et on la con-
serva dans l'église pour perpétuer le souvenir de l'événement
merveilleux '.
La version irlandaise des « Merveilles d'Erin d'après le
livre de Glendalough » s'accorde avec le poème latin, mais,
étant plus détaillée, elle permet de comprendre certaines
particularités de celui-ci restées obscures. Suivant ce texte,
l'apparition aérienne se produisit pendant la foire de Tel-
town. A Teltown, anciennement Tailtin, dans le comté de
Meath, entre Navan et Kells, s'élevait un des palais royaux
de l'ancienne Irlande. Congalach, fils de Maelmithig (f 956),
fut témoin du prodige. L'engin lancé par un homme de
l'équipage aérien était un dard destiné à atteindre un sau-
mon; mais le dard n'atteignit pas son but, et un homme dut
descendre de la nef. On allait lui faire un mauvais parti
quand Congalach intervint pour empêcher qu'on lui nuise.
L'homme put remonter à son bord en nageant à travers les
airs 2 .
D'après le livre de Leinster, trois navires auraient été vus
dans le ciel, lors de la foire de Teltown, et le roi témoin de
l'événement aurait été Domnall Mac Murchada (763) 5 .
Il faut enfin noter que l'apparition d'un navire aérien en
Angleterre avait été signalée avant Gervais de Tilbury par
un chroniqueur français Geoffroi, prieur de Saint-Pierre du
Vigeois, dans le Bas-Limousin, mort vers la fin du xu e siècle.
1. K. Meyer, éd. citée, p. 12.
2. Ed. J. H. Todd, The Iris!) version of the Historia Britonum ofNeiiuius
(Dublin, 1848), p. 211. Le texte et la traduction ont été corrigés par
K. Meyer, rec. cité, p. 13.
3. Cf. K. Meyer, loc. cil.
L 'aéronef dans les légendes du moyen âge. 357
Sa chronique date de 1184. Cette aéronef aurait jeté l'ancre au
milieu de la cité de Londres, en l'année 1122 '.
La contemplation des nuages voguant dans les airs aura
suggéré aux imagi natifs l'invention de ces navigations légen-
daires. Mais qu'un essai d'aviation ait été réellement tenté
par un homme du xi e siècle, c'est ce que beaucoup de lecteurs
apprendront sans doute avec étonnement. Pourtant le fait
n'est pas douteux. Il se produisit en 1066, l'année même de
la conquête de l'Angleterre par les Normands. Le héros,
nommé Eilmer, était un moine de la grande abbaye bénédic-
tine de Malmesbury (Wilts), et son aventure nous est préci-
sément racontée par son confrère, le célèbre chroniqueur
Guillaume de Malmesbury (7 v. 1143). Eilmer, qui était
versé dans les lettres anciennes, avait évidemment lu les
Métamorphoses d'Ovide. Voulant renouveler la tentative fabu-
leuse de Dédale, il se fabriqua des ailes qu'il adapta à ses
mains et à ses pieds, et, ainsi équipé, il s'élança du haur
d'une tour. Emporté par le vent, il parcourut en volant
l'espace de plus d'un stade, mais la violence d'un tourbillon
et la conscience de sa témérité, dit Guillaume, causèrent sa
perte. Tout à coup, il s'abattit, tout tremblant, sur le sol, et
se cassa les jambes dans sa chute. Il resta infirme jusqu'à la
fin de ses jours. Il attribuait la cause de son échec au fait
d'avoir négligé de se munir d'une queue in posteriori parte, à
l'instar des oiseaux 2 .
Roger Bacon et Léonard de Vinci se livreront plus tard à
des études spéculatives sur l'art de voler, mais, ce me semble.
1. Geoffroi du Vigeois, Chronica, a. d. mcxxii, éd. Philippe Labbe,
Nova bibliotheca manuscripta (Parisiis, 1657), II, p. 299-300. — M. R. Fage
a signalé ce texte à la Société des Antiquaires de France (Voir Bulletin.
191 1 , p. 102-103).
2. Guillaume de Malmesbury, Gesta regutn Anglorum, II, ch. 225.
éd. William Stubbs (Rolls). I, p. 276-277. Reproduit littéralement par
Vincent de Beauvais, Spéculum bistoriale, xxv, 35 (Bibliotheca mundi,
Duaci, 1624, IV, 1014). — M. Massip a écrit quelques pages à ce sujet,
intitulées Une victime de l'aviation au XI e siècle (Mémoires de TAcad. des
Sciences, inscript, et belles-lettres de Toulouse, 10 e série, X, 1910, p. 199-
217).
358 /.. Gougaud.
sans jamais tenter de réalisation pratique'. Il nous a paru
intéressant de rappeler la tentative de l'infortuné pionnier du
xi e siècle, comme aussi le travail antérieur des imaginations
sur les exploits des hommes volants, en des jours ou l'aéro-
nautique, sortie du domaine de la légende, atteint, de record
en record, à des merveilles de science et d'audace qui
dépassent ce qu'il y a de plus fantastique dans les récits
légendaires du moyen âge.
L. Gougaud.
i. Voir parmi les Opéra quaedam hactenus inedita de Roger Racon, le
cli. iv, De instrumenta cu'tificiosis mirabilibus àel'Epistola Je secretis operibus
artis et naturae et de nullitate magiae (London, Rolls, 1859, p. >33)et
D r Charles Singer, Leonardo da Vinci as a man of Science, conférence don-
née le 12 avril 1924 à la Royal Institution de Londres, et résumés dans
{'Observer du lendemain.
SUR LA PRISE DE ROME
PAR LES GAULOIS
Le dernier historien qui ait traité de la troisième guerre
de Denys contre Carthage, M. Beloch, a renoncé, comme
moi-même il y a quelques animées, à donner de cette guerre
un récit suivi et une chronologie ferme, et, en effet, l'état de
notre documentation ne le permet pas \ Je crois pourtant
qu'il est trop hésitant sur la date des opérations de Denys en
Italie au cours de cette guerre. La date du relèvement d'Hip-
ponion par les Carthaginois (379) est tirée par Diodore
d'une source chronographique et digne de confiance 2 . Et elle
appuie le renseignement de Denys d'Halicarnasse relatif à
Rhégion et à Crotone, que le tyran aurait possédées pendant
douze ans (379-367) } . Denys d'Halicarnasse avait, pour se
renseigner, le choix entre plusieurs bonnes sources, que
nous n'avons plus. Et, comme son renseignement ne peut se
rapporter à Rhégion, il se rapporte certainement à la prise
de Crotone. Je reste donc convaincu que la prise de Crotone
par Denys le Tyran est de 379.
Or, un texte de Justin donne à cette petite question chro-
nologique une importance qu'elle ne semblerait pas avoir de
prime abord. L'abréviateur de Trogue- Pompée place pendant
le siège de Crotone le premier contact de Denvs avec les
1. Beloch, Griech. Gesch. (2 e éd.), III, I e p., p. 122 sqq. ; 2e p.
p. 372 sqq.
2. Diod. XV, 24.
3. Denvs Halic, XX, 7.
$6o li. Cavaignac.
Gaulois '. La mention des Gaulois est ici tout à fait épiso-
dique, intercalée dans une longue digression sur les villes
d'Italie jusqu'à Denys. Le passage est manifestement tiré
d'un historien grec du tv c siècle, et remonte en dernière
analyse à Philiste, qui a connu les Gaulois aux bouches du
Pô, et signalé leurs guerres avec les Vénètes (Pol. II, i<S).
La source est excellente.
Les Gaulois avec lesquels Denys entra en relations sont
les bandes d'avant-garde qui, dans le premier élan de l'inva-
sion, poussèrent jusque dans l'Italie méridionale. Justin dit
que, aille menses, ces Gaulois avaient pris Rome. Le vague de
l'expression me semble trahir la source grecque, qui n'était
pas exactement informée de la date de l'événement. Quant à
l'événement même, on sait de reste qu'il n'avait pas échappé
à l'attention des Grecs 2 . Les Gaulois de Denys sont les
enfants perdus de la horde qui venait de submerger le
Latium. Le renseignement de Justin nous fournit donc,
d'après un témoignage presque contemporain, un terminus
ante quem de la prise de Rome (379), et un terminus suivant
de près l'événement.
M. Kahrstedt a réuni récemment une série d'indices d'où
il appert que cette date célèbre, primitivement, correspon-
dait dans les fastes romains à 381 ou 382 environ, et que la
chronologie avait été falsifiée ultérieurement, probablement
pour obtenir le synchronisme avec la paix d'Antalcidas et la
prise de Rhégion par Denys 3 . Je considère que le texte de
Justin est une sérieuse confirmation de cette vue, et qu'il
donne un peu plus de crédit aux annales romaines de la
première moitié du iv e siècle, lesquelles, comme on sait, en
ont besoin.
E. Cavaignac.
1. Justin, XX, 5.
2. Théop., fgt 144. Plut., Cam.\ 22.
3. Rheiu. Mus. 1917, p. 267 sqq.
LES
NOMS DE LIEU EN BRETAGNE
A PROPOS D'UN OUVRAGE RÉCENT
Le second fascicule du livre posthume d'Auguste Longnon
sur Les noms de lieu de la France contient un chapitre de
30 pages consacré au noms de lieu d'origine bretonne
(voir Rev. Celt., t. XXXIX, p.. 367 et ss). Malheureusement
les éditeurs du livre, MM. Marichal et Mirot, qui ignorent
tout du breton, n'ont pas daigné faire appel à un celtiste
compétent. D'où les nombreuses erreurs dont leur travail
est rempli. Sans rappeler les coquilles d'imprimerie ', que
tout lecteur corrigera facilement, il faut remarquer que les
éditeurs ne tiennent pas compte des progrès que l'onomas-
tique a faits depuis l'époque où Longnon enseignait. Ainsi
(n° 1279 et 1295), ils n'ont pas lu le travail de M. J. Loth,
Les noms des saints Bretons, qui jette une lumière toute nou-
velle sur les noms de lieu comportant un nom de saint, soit
les neuf dixièmes de nos noms de paroisses. En ce qui concerne
l'émigration bretonne, ils en restent encore aux théories
surannées de La Borderie, qui considérait nos saints comme
venus avec les émigrants, dont ils auraient été les chefs spi-
rituels (N° 1295), alors qu'il est établi maintenant que nos
saints n'ont rien de commun avec les migrations bretonnes 2 .
1. N° 1297. Ploumilian, Plumëlian, St-Mêtian, lire Ploutnèliau, Plumé-
liau, et St-Méliau. N° 1310. Guiprouvel, lire Gvipronvel. N° 1316.
Rivoaré oncle de saint Henri, lire saint Hervé. N° 1319. Guerec, lire
Guirec, etc.
2. Ils n'ont pas pris connaissance non plus du travail de M. J. Loth.
sur Les langues romane et bretonne en Armorique (Rev. Celt., XXVIII, 1907,
p. 374 et sq.) qui repose presque entièrement sur la toponomastique et
apporte sur cette question des éléments capitaux.
;(>2 R. Largillière.
Si l'on aborde le détail, on y rencontre les erreurs les plus
graves. N" 1289, il fallait indiquer que l'on, avait Pieu-, ou
Plou-, selon la syllabe initiale du nom qui suit. Ainsi Plœmeur,
Plœven dans des régions où existent des Pion-.
N° 1290. Dire que Plou ne constitue exclusivement que
des noms de paroisses est une erreur; il existe une vingtaine
de Pion- qui ne sont pas des paroisses; quelques-uns sont
d'anciens Poul-, devenus Pion- par métathèse, mais d'autres
sont authentiques. Plonharno en Damgan, Pluderien en Séglien,
Plumélen en Kervignac M., Plouene^ en Brennilis, Plonivel
en Plobannalec F., etc. '. Ce sont en général d'anciennes
paroisses disparues, ou dont le nom a changé. — N ' 1292.
Ploukc'h n'est pas la paroisse du lech, ( = pierre levée, et
cela bien qu'il existe un lech dans le mur du cimetière parois-
sial), et n'a jamais été traduit par Plebs lapidum, mais par
Plebs Loci (Longnon, P ouille de Tours, Paris, 1903, in-4 , pp.
340 et 345). Sur Fétymologie de ce nom, v. J. Loth, Ns. des
ss. br., p. 78, s. v. lech.
N° 1294. Plogoff, n'est pas la paroisse du forgeron ; c'est la
paroisse de saint Coft, lequel a une chapelle en Plouay, M.
(J. Loth, Ns., p. 29). — Plescop, n'est pas la plebs episcopi,
et moins encore la paroisse où il y avait une maison appar-
tenant à l'évêque ; episcopi n'est pas ici un nom commun c'est
le nom d'un saint Evêque, cf. Le Cosquêr-Saint-Evéqueen Guidel,
M. (Rosenzw.)
N° 1296. Pléboulle C. d. N., ainsi d'ailleurs que Tréboul,
F., n'ont rien de commun avec St. Pol, qui à travers toute
la Bretagne est Paul, ou Pool. Au surplus St- Pol n'a son
nom attaché à aucun Plou ou PU. Le nom de St-Pol n'a
fourni que des Lampaul, très nombreux d'ailleurs, une paroisse
Paule, C. d. N. et la paroisse de St- Pol-de-Léon,¥., en breton
Kastel-Pol.
N° 1297. L'éponyme de Plouégat est St-Egat, demeuré
1. Plonivel est une ancienne paroisse. Plouénez est le nom ancien de la
paroisse de Brannilis. Plebs Montis, Ploit-Mene;. fe cite mes noms de lieu
d'après la carte d'Etat-Major (CEM), le Dictionnaire des P.T.T. (PTT),
Rosenzweig, Dict. topogr. du. Morbihan et d'après le cadastre. — Je désigne
les départements par les initiales de leur nom.
Les noms de lieu en Bretagne. 363
populaire, qui a un culte et une légende {Annales de Bret.,
XIII, 1897, p. 97) dont le nom (jadis Agat, =*ate-catu-s,
J. Loth, Ns., p. 105, s. v.Ploagaf) n'a rien de commun avec
saint Agapat, saint italien, que le clergé local avait essayé
d'identifier avec saint Egat. Les auteurs ignorent le principe
posé par M. J. Loth, à savoir que l'hagioonomastique en Bre-
tagne est entièrement nationale, bretonne. (Ns., p. 4). — Plo-
néour F. ; St-Enéour est l'éponyme de 3 et non de 2 Plo-
néour :Ploneour-bréz, Plonéour-Ménezet Plonéour Lanvern,
paroisses du F.
Plougonven, F. Le saint éponyme est St. Cotiven (et non
Gouven) qui a une chapelle sur le rivage en Plouezoch, F.
(CEM.). Plomelin F. ; l'éponyme est St-Melen, bien connu
par ailleurs, et qui a une chapelle en Lanvénégen, M.,
(J. Loth, Ns., p. 91).
N° 1298. Les auteurs ignorent que trêve est un nom courant
en français de Bretagne pour désigner une subdivision de la
paroisse, et à ce sujet il faut bien distinguer l'emploi qui est
fait de ce mot d'une façon parfois abusive ; trêve doit être
réservé pour la communauté religieuse groupée autour de son
église tréviale ; la trêve est une sous-paroisse, une succursale;
on y baptise et on y célèbre la messe le dimanche. Toute
différente est hfrérie que l'on décore souvent du nom de trêve.
La frérie ou frairie est une division purement civile, créée au
moyen âge pour faciliter la répartition des impôts.
N° 1300. Les auteurs semblent s'étonner que les trêves
n'aient pas toujours pour patron le saint éponyme de la paroisse.
C'est la règle ; le contraire est l'exception (Tressé en Plessé,
L. L, St-Ildut en Ploërdut, M.), et il est naturel qu'il en soit
ainsi, car certaines paroisses comportaient beaucoup de trêves :
Bothoa, devenu St-Nicolas-du-Pélem, avait quatre trêves,
Kérien, Lanrivain, Canihuel et Ste-Tréphine, C. d. N., et la
constitution de la trêve n'a rien de commun avec l'origine de
la paroisse ; c'est un hameau, à l'intérieur de la paroisse, qui
au cours des siècles a pris de l'importance, et à qui il a fallu
donner une église succursale ; son nom existait bien avant
que le hameau ait été érigé en trêve, comme le nom de tant
d'autres hameaux en tré, qui sont demeurés de simples
hameaux.
j6/j A'. Largillière.
N° 1298. La charte à laquelle Longnon fait allusion pouf
montrer comment certains personnages ont donné leur nom
à des tré, est un exemple bien mal choisi ; elle a été fabriquée
à une date postérieure à l'établissement des noms de lieu en
tré (ch. XIII du Cart. deLandévennec, v. Latouche, Mél. d'bist.
de Cornouaille, Paris, 1911, in-8°, pp. 56-59). Cet exemple ne
vaut pas mieux que l'exemple de Plou-fragan, au N°1288.
N° 1299. Les auteurs ont la prétention de dénombrer les
lieux dits Tré- du Morbihan, et en comptent « environ
240 ». Ils auraient dû dire 240 dans le choix de noms de lieu
tait par Rosenzweig, car le Dictionn. topogr. du M. ne-
donne pas plus d'un dixième des noms de lieu indiqués sur
le cadastre '. Il eût été fort intéressant d'ajouter que les Tré-,
du vannetais ont rarement le sens de trêve religieuse, qu'ils
signifient simplement groupement laïc de maisons ; tandis
que dans les autres évèchés de Bretagne Tré est très souvent
suivi d'un nom de saint, et a eu souvent à l'origine un sens
religieux.
N° 1300. Treffléan, L'éponyme est le saint breton Léan,
cf. Lanlcau, en Plomodiern, F. (CEM. et PTT. J. Loth,
Ns., p. 79). St-Léon, saint romain,' n'a rien de commun
avec le saint celtique Léan.
N° 1301. Trèfle^ paroisse du F. n'est certainement pas la
trêve de la cour, (tref-lez). Trèfle^ comporte le nom d'un saint
qui a été très tardivement identifié avec saint Biaise, patron
actuel. Il existe aussi un coatlei en cette paroisse. Le Trefflc~
en Crozon F., est la tréf de St. Efflet^(\m possède une chapelle
non loin de là en Lanvéoc. Quant aux autres Tréflez (Treflis
en vannetais), ils sont bien la trêve de la cour.
N° 1302. Trébras, M., n'est pas pour Tref-bra\ « le grand
village » ; on aurait Tri-meur qui est très fréquent et corres-
pond à Laii-iiieitr très fréquent aussi. Bra^ signifie gros, gros-
sier, d'où grand, mais n'éveille pas l'idée d'une grandeur qui
puisse s'appliquer à un nom de lieu, et de fait, il ne rentre
dans aucun nom de lieu; au surplus on aurait eu Tré-vras.
1. A l'époque moderne, tre- dissimule souvent des tnou- et treth, treis-
[J. Loth].
Les noms de lieu en Bretagne. 365
Trébras doit être expliqué autrement : 11 y a un Tret bras
dans le cart. de Redon, p. 70 (cf. Chrestom., p. 169).
N° 1304. Ker-, Les auteurs se devaient dïndiquer l'abré-
viation courante en Bretagne et qui est très ancienne I£.
Cette abréviation a entraîné une foule de mauvaises lectures
Le Dict. des PTT. donne, par exemple, Klouet, Knoslin,
Kourien, Kverxiou, où il faut lire Kerlouel Ker nos lin, Ker-
ver%iou. On a parfois commis Terreur contraire ; c'est ainsi
qu'à Lorient, on a lu au début rue Kerlêbert, pour rue Kléber ;
le A' initial est si rare en français que les Bretons étaient
fatalement entraînés à lire Ker.
N° 1312. A coté du mot Lann = monastère, que l'on peut
reconnaitreà ce qu'il est suivi d'un nom de saint, ou du moins
d'un nom ancien, il fallait signaler lann= lande, terre froide;
ces lann sont de date récente, maison les rencontre en nombre
considérable au cadastre.
N° 1322. Dans Kernilis, Yn ne joue pas le rôle de la prépo-
sition « de », c'est l'article an, la véritable orthographe serait
Ker-'n-ilis.
N° 1327. Le~ = « cour » ; il faut noter que la forme van-
netaise est lis.
N° 1332. Bran, des exemples s'imposaient : Brangolo fort
fréquent, et dont on a des formes anciennes (Cbresto., pp. 193-
et 207), Branbily, Branguily très fréquents aussi. Bran- a une
aire géographique qu'il importait d'indiquer ; il est surtout
fréquent dans le vannetais. Les auteurs insistent sur Branna-
dan pour prouver que Brann aurait eu deux //, c'est une ques-
tion de graphie sans intérêt, et l'exemple est taux, le second
terme est Nadan qui existe encore comme nom de famille,
Nédan, Nadan, et Le Nadan et non pas Adan ; (sur ce nom
cf. Lanadan en Fouesnant, F., (CEM.), dont la graphie ne
contrarie pas la lorme certaine Nadan). 11 eût fallu citer aussi
bron, bronn. « mamelon » en breton et en gallois.
N ' 1338. Les auteurs notent le nom breton de Concarneau :
Konk Kernaw ' ; il eût été intéressant de signaler la paroisse
1. Kernaw est une mauvaise reconstitution, on prononce Kerné, vjn-
netais Kernèw. Il û\m reconstituer Kernew et Kerneo ; cf. gallois Cemyw.
Revue Celtique, XLI. 24
$66 R. Largillière.
de Beu^ec-Conq auprès de Concarneau ; et parallèlement à
Concarneau le nom breton du Conquet : Co«& Léon : le coin
du Léon. S'il n'y avait ce parallélisme, on serait tenté
d'expliquer autrement le nom de Konk Kernaw : et. Plouguer-
neau, F., paroisse du Léon, (J. Loth, Ns., p. 72) et Rosquemo
en PontTAbbé, F., (PTT.) Ce dernier est en Cornouaille,
mais le terme Ros appelle difficilement un nom de contrée ;
cf. aussi Langerneàu en la Motte près Loudéac, C. d. N.
(CEM.)-
N° 1342. Magoer, il eût été intéressant d'indiquer la tra-
duction française le Mur, si fréquente à travers la Bretagne, et
bien connue à cause de plusieurs sanctuaires dédiés à la Vierge.
Quant à Plou-magoar et Plou-moguer il n'est pas sûr que leur
second terme soit Moguer = muraille. (Cf. J. Loth, Ns.,
p. 106, s. v. Ploumagoar).
N° 1344. Il s'imposait de citer deux points culminants de
Bretagne, le Mcue~-Bré, C. d. N., et le Mcne^-Hom, F., il
fallait noter Plounéour-Méne^ opposé à Plounèour-Tre\ F.,
(= PI. la montagne, PI. la grève) et St. Jacut du Mené
opposé à St-Jacut de la Mer ; de même il fallait indiquer la
forme correspondante vannetaise Mané, qu'ont illustrée de
nombreux monuments mégalithiques {Manc-er-Hroec etc.). —
Les auteurs ne devaient pas rejeter en note le nom Minihy si
important dans la toponomastique bretonne = lat. Monachia,
(Chrestom., p. 151), qui a par conséquent une origine toute
différente ; il fallait en rapprocher d'autres formes modernes
Keramanach, Manachty dont il existe des exemples très
nombreux.
N° 1345. On a oublié le nom de la commune de Pentre;,
F., « tête de la grève », village qui se trouve sur la route de
Quimper à Lanvéoc, à l'endroit ou la route pénètre sur la
grève ; peu à ici le sens que nous donnons à tête en français
dans l'expression tête de pont. On n'a pas rappelé ici Peu hoat
« chef-du-bois » (déjà donné sous le n° 1336), maison aurait
pu ajouter Pen-feunteuniou « chef fontaine » et les noms fort
fréquents Pen-an-guer, Pen-an-allê etc.
Le comique Kernoiv est une graphie relativement moderne pour Kernew,
vieux brittonique Cornovii Cornovia. [J.Loth.]
Les noms Je lieu en Bretagne. 367
N° 1346. On a omis Pontivy, sous-préfecture, M. en bret.
Pondy = Pont Ivy ;Pontrieux, chef-lieu de canton, C. d. X.,
« Pont sur le Trieux », et Hennebont M., « vieux pont ».
N° 1347. Poul-, les exemples Pouldergat, Pouldreu~ic, et
Pouldavid, F., sont d'anciens Pion-, changés en Poul-, par
métathèse, sous l'influence du d initial du 2 e terme ; ce sont
d'ailleurs des paroisses. Sur la métathèse, quand le 2 e terme
commence par une /, cf. Poullaoïien, F., = Ploèlouen en 1330,
(Longnon, Pouillés de Tours, p. 302), Poullan, F., = Ploèlan
en 1468 (J. Loth, Ns., p. 106, s. v. Ploulan) ; par contre
certains Poul-, sont devenus Pion-, par métathèse inverse
devant /;/, qui n'ont jamais été des paroisses ' ; v. ci-dessus,
n° 1290.
N° 1354. Guern « aunaye ». Ce mot a été confondu dans
la graphie, en vannetais surtout, avec Qucr = Ker, lorsque
le terme suivant commençait par n. Ainsi Guernehué, Guernevé
= Ker-nevc~ « la Ville Neuve », nchué, nue étant la forme
vannetaise de neve~. Les actes donnent couramment pour le
même hameau Villeneuve et Guernevé (en Plumergat, par ex.,
dans Rosenzw.). Guernehué n'offre donc aucun rapport avec
Guern « aunave » non plus que la finale uehué avec celle du
lat. vernetum. — Cistenoet, en Camors, M., ne peut pas venir
dulat. castanetum « la châtaigneraie ». La forme bretonne est
Ouistinic, Quistinec ou Quistinit. Ouistinic est d'ailleurs le nom
d'une paroisse voisine de Camors, et à si peu de distance les 2
noms n'auraient pu évoluer d'une façon si différente : d'ailleurs
le nom de la paroisse, nom qui peut garder une graphie tradi-
tionnelle, ne pouvait offrir une forme plus évoluée que le nom
d'un pauvre hameau qui n'avait p.is d'orthographe avant le
cadastre. Le nom de lieu Castetuet doit être rapproché de
1. En l'humeur Gautier C. d. N. zone bretonrunte, existe une chapelle,
loin du bourg. La CEM. donne Pouhnor ; Gaultier du Mottav, Géogr. dép.
des C.d. .V., (St-Brieuc, 1862, in-18, p. 629) d mue Plomor ; et c'est en
Pleumeur, très loin du bourg — Des Plou- vie ment d~Port~: Plomarc'b, en
Ploaré F., autrefois Port^-marc'h, J. Loth, Rev. dit., XXXIII, (1912),
p. 306 et n. 3. — Ploumanach près Perros-Guirec, C. d. N., est un ancien
Poul-Miinac'h (on trouve fréquemment cette graphie) ; ce n'a jamais été
une paroisse.
568 R. Largillière
celui du Castennec en Bieuzy, M. ; Rosenzweig donne pour
ce nom les formes Castrum Noyec, a la lin du \iv" s. ; Castenoel
doit lui aussi être formé du Castel = lat. castellum, avec un
autre terme, peut-être Castel en hoët selon la forme vannetaise
( « château du bois ») ; ci', le Roscoët en Camors (CEM.).
Le Faonël est un nom de lieu fort commun ainsi que soi;
diminutif faouëdic ; il correspond au lat. fagctum. Spernoët a
pu être formé de même façon, sur spern« épine » ; mais il n'en
va pas de même de Le Be^ouet en Moustoirac, M. (Rosenzw:)
Le nom ne vient pas de Bixp = bouleau. Il faut en rapprocher
Le Be%pué en Plumelec, M. (Rosenzw.) Ce nom rappelle le
nom de famille Beçroet, existant encore (en 1546 un Bez-
rouet fabrique de la paroisse de Ploujean F.), celui de Bêdouet
qui existe encore aussi, et peut-être aussi La Lande Bihoùè
en Quéven, M. (Bèvoy en 1587, Rosenzw.) et La Bihoy en
Plœmeur, M. LL Ces deux paroisses se touchent ; c'est le
même lieudit. La CEM. porte Bihoué. Cf. la villa Beguel du
cart. de Quimperlé, p. 24, écrite Besuoet en 1426. (Chrestom.,
p. 190) '.
Voici quelques erreurs plus menues :
N° 1282. Bro. Il n'est donné que le seul exemple Broërec ;
il ven a d'autres : Brolêac M. (Broleac Carte de Redon), Kervro
M. 2
N os 1288. Fracan, père de saint Guennolé, roi breton émi-
grantavec les siens, n'est pas l'éponyme de Plouf ragan ; l'épo-
nvmede cette paroisse est un saint (cf. J. Loth, Ns., p. 42 et
132), et il y a vieille date que l'on ne croit plus que les plou-
soient la transposition, en Bretagne, d'un clan breton; le plou
a le sens religieux de paroisse dès l'origine.
N os 1290 et 1300. Les auteurs confondent commune et
ancienne paroisse. C'est une grave erreur. Beaucoup de nos
communes ne sont paroisses que depuis la Révolution ; ce sont
1. Be{voet, léonard actuel be^voud signifie « chèvrefeuille », parfoi;>
« liseron ». Il y a des villages de Behout, en vannetais : Er véhout en Briziac.
[J. Loth].
2. Ce qui fait que Bro est relativement rare en composition, c'est que
c'est un terme courant. Pour une raison analogue phuyf « paroisse » n'a
pas do iné de composés. On emploie Bro pour le Léon, Bro Léon [J. Loth].
I.cs noms de lieu en Bretagne. 369
d'anciennes trêves et non pas d'anciennes paroisses, ce qui
n'est pas la même chose ; en réalité Pion désigne toujours des
paroisses très anciennes, les paroisses de la première époque 1 .
N° 1310. Il importait de préciser l'emploi de Gnic-, dans le
Léon, pour désigner le bourg des paroisses primitives, et
d'indiquer que dans la langue parlée les deux noms existent;
c'est la plume des scribes qui a déterminé le nom officiel
en Gnic ou en Pion.
N° 1313. Lanleff devrait son nom au Leff, affluent du
Tfieux ; à moins, faut-il ajouter, que la rivière n'ait emprunté
son nom à l'éponyme de la Lan. Je ne vois pas beaucoup
d'exemples d'une Lan bretonne qui emprunte son nom à
celui d'une rivière ; il existe pourtant une Lan aber (cf. Rev.
Cell., XXXIY, p. 116).
N° 1316. Plebeye, lire Ploubeye.
N° 1318. La consonne finale de Loi: ne persiste pas dans
Locmalo, Loctudy ; contrairement à ce que disent les auteurs,
tout le monde sait qu'elle ne se prononce pas.
N° 1319. Locoal,Locqiteltas, Loequenolé. L'initiale G durcit;
ce n'est pas la finale de Lok qui se confond avec l'initiale de
l'éponyme, car la finale de Lok est un g ; en effet devant une
voyelle on a Log : Loguivy etc., etc.
N° 1324. Il fallait citer le nom breton de St-Pol-de-Léon,
Castel Paol, et celui de Chateaulin Castellin.
N° 1327. Longnon explique Lesneven, comme Les-neve 2 .
Il cite Lisnouvid mais il aurait dû indiquer que c'est une forme
du Cart. de Redon, en 826-856.
N° 1328. Sur Kemenet, v. la Chrestom.
N° 1330. Bot a un autre sens que celui de « buisson » : il
signifie aussi « résidence ». (v. Ernault, Gloss. moy. bret.,
P- 74-)
D'autres erreurs encore seraient à relever ; mais l'on est
1. N° 1297. Pluvigner a pour éponyme St-Guigner, et non pas
St-Eguiner et encore moins Guigner qui est inconnu, v. J. Loth, AV.,
P- 55-
2. Dans Les -neveu, Neven est un nom propre breton, qui n'a rien à l'aire
avec névé. C'est le gallois Nevyn ; Neveu et Nevyn représentent le vieux
gallois Numin, qui a donné le dérivé Nutninoe [J. Loth].
570 A'. Largilîière
étonné surtout des exemples que les auteurs auraient pu
choisir et qui eussent été bien meilleurs que ceux qu'ils ont
pris. L'on se demande aussi pourquoi plusieurs mots qui
fournissent tant à la topographie ont été laissés de coté :
Goas, Ty, Prat, For;, Pure, Kleu%, Mouster, Querquis, Prest,
Collet, Combout, et même des noms comme Convenant si fré-
quent dans les C. d. X. On trouve l'explication facilement;
Us auteurs n'ont entrevu la toponomastique bretonne que
dans un répertoire des noms de communes et à travers
Rosenzweig ; ils ignorent ainsi les C. d. N. et le F.
Qui plus est, les auteurs ignorent ou veulent ignorer qu'en
Bretagne l'on parle breton, et que beaucoup de villes et
villages ont un nom breton à côté d'un nom français '.
Rennes, Roa~on, I. et V. ; Morlaix, Moulroitle~, F. ; Vannes,
Guéned, M. ;St-Pol-de-Léon, CastelPaol ; St-Renan, Lokournàn,
F., etc., etc. Ils ignorent aussi que dans d'autres cas le nom
français est une traduction du nom breton :
La Martyre traduisant Ar Mer~er, F., de nombreux La
Ville-Neuve, le Plessis, etc., traduisant Kerneve^, Keukis, etc.
Il fallait aussi réserver un chapitre à l'orthographe, expliquer
comment le français avait transcrit les noms bretons et même
indiquer comment les fonctionnaires étrangers écorchent dans
la prononciation nos noms de lieu bretons (cf. la commune
appelée Le Juch près Quimper, F., = Ar loue h). On aurait
voulu voir mentionner qu'en Bretagne, le peuple a des noms
pour désigner les quartiers de chaque paroisse, ce sont les noms
des anciennes frênes ; ces noms de frérie sont parfois
empruntés au hameau le plus important de la frérie, mais
souvent ces noms n'existent pas au cadastre, ils ne désignent
aucune ferme, aucun hameau, ils sont le nom de la frérie,
rien de plus.
Il y a un cas important de la toponomastique bretonne
qu'il eût fallu signaler : de nombreux noms de lieu sont
i. Il v a des graphies très regrettables. A en juger par la forme du nom
de paroisse Grandchamp, près de Vannes, on pourrait conclure à l'existence
d'un îlot français. Or, c'est Grandcamp que recommande nettement la pro-
nonciation bretonne; Gregam(p)=Grandi-catnpo(en 1261 Grandicampu's.)
[J. Loth).
Les noms de lieu en Bretagne. 371
constitués par un seul nom de saint ou un seul nom d'homme.
Ainsi des paroisses sont désignées sous le seul nom de leur
saint patron ; des hameaux sont connus sous le seul nom du
saint auquel la chapelle est dédiée: Christ, Maude^, Claude ' ;
des fermes n'ont que le seul nom d'un de leurs anciens posses-
seurs: Roper~, Jaffré, Joutour, Prigent, etc.
Enfin, il valait la peine de faire ressortir les conclusions
historiques auxquelles conduit l'étude de la toponomastique
bretonne. On sait les découvertes faites par M. Joseph Loth
à cet égard, et il suffit de rappeler, par exemple, l'intérêt
considérable qu'offrent les noms de lieu d'origine romane
qui ont subsisté en zone bretonne ; ces noms étaient en évo-
lution romane au moment où les Bretons les ont adoptés ;
l'étude de ces noms prouve que la langue romane a résisté
assez longtemps avant de disparaître ; la toponomastique
permet aussi de connaître les limites du breton à la fin du
ix e siècle, époque de sa plus grande extension, et de savoir
jusqu'à quel point ces régions ont été bretonnisées. La topo-
nomastique est pour ainsi dire seule à pouvoir répondre à ces
questions capitales pour l'histoire de Bretagne. M. Joseph
Loth a traité magistralement ces questions dans son travail
sur Les mots latins dans les langues brit toniques (1892) et dans
l'article intitulé Les langues romane et bretonne eu Armorique
(Rev. G'//., -..XXVIII, 1907, pp. 374 et seq.) ; nous y ren-
voyons le lecteur.
R. Largillière.
1. Un exemple curieux est la commune de Grâces près Guingamp,
C. d. N.j qui tire son nom de la chapelle A'. D. de Gra<:e> fondée en 1506.
NOIES
ÉTYMOLOGIQUES ET LEXICOGRAPHIQUES
(suite)
301. Irlandais moyen bùrech, bùrach, bùrim. — Lett.
BAUROHT.
En irl. moyen, bùrech paraît n'avoir que le sens de mugis-
sant, beuglant. De même bûirfedach, bûredach (adj . et subst.).
L'irl. mod. bûir, gén. buire, outre le sens de mugissement,
beuglement, a aussi celui de grand cri. Bûr, cm irl. moyen,
paraît avoir le sens décolère, furieux ; luira (bûre)est le substan-
tif à sens équivalent. Bùrim, en revanche, signifie : je beugle,
mugis (K. M. Contre).
Bùrach a deux sens plus éloignés l'un de l'autre que ceux de
mugir et être en fureur ; il a : i° le sens de mugissement, beugle-
ment; 2° celui de piétiner, retourner le sol; pour ce dernier
sens, cf. irl. mod. bùrim, je frappe. Kuno-Meyer les sépare.
Windisch (Tain B.C., p. 894) croit que le second sens est
dérivé de l'autre et n'en est, en quelque sorte, qu'une consé-
quence. Il aurait été amené en irlandais par le verbe cladim,
je fouis, creuse, qui accompagne, en effet, fréquement bùrach 1 .
Le bùrach de deux taureaux est décrit en détail dans le
Tain B.C. 1. 6144 et suiv. 2 . Page 909, note 1, à l'occasion
des derniers moments du célèbre taureau, la version H porte :
ro chlasadh a bhùrach, qui est complété par Add. : agus ro chloss
a bhùiriugha « son bùrach lut creusé, et on entendit ses mugis-
sements ».
1. T. B.C., 1. 1490 : foclassa bùrach ; 1. 5 S 3 3 claidet bùrach ; ci. 1. 61.44.
2. Foclassa bùrach dôib ami 7 fôcerddetar in n-ùlr thairsiu « bùrach lut
creusé alors par eux (ils creusèrent leurbùracb) et ils lancèrent la terre par-
dessus eux-mêmes » (var. )o cherdsaf).
Notes étymologiques et lexicographiques. 373
Il est possible à la rigueur que primitivement ce soit la
fureur qui ait amené le piétinement et l'action de creuser et
lancer la terre : bilrachsera.it l'effet de la fureur après avoir été
la fureur elle-même.
Ce qui rappelle de plus près l'irlandais, c'est le lett. baurohi
qui a à la fois le sens de mugir et celui de battre le sol en par-
lant des bœufs. Le norvégien bure n'a que le sens de mugir,
mais en parlant de bœufs en furie (Falk-Torp, Norv.-dàn.
Et. IV. à. bure; cf. Walde. Lai.-Et. W. kfuror).
Strachan a tiré les mots irlandais d'un thème *bukro- auquel
il a comparé le latin buccina, skr. bukkâras, rugissement du
lion l . Cette étymologie a été donnée aussi par Stokes : B. B.
XXI, 130, il explique l'irl. moy. bûrithar, bûirethar, il crie,
par *bûcr-. Cette étymologie ne peut expliquer les différents
sens des mots précédemment étudiés et a, en outre, le tort
d'en séparer des mots d'autres langues indo-européennes évi-
demment apparentés. Cependant, il y a à tenir compte du
gallois bugad, cité par Stokes à l'appui. Il a bien le sens de :
mugir comme des bœufs qui se battent ; mugissement des bœufs qui
se battent 2 (bataille de bœufs ?).
On peut voir, il est vrai, dans bugad un composé de bu et
cad, mais le sens de bruit confus peut en faire douter. En
revanche bugunad, mugissement, beuglement, paraît bien indi-
quer un composé avec bu- (-boit-) : on remarquera aussi que
l'irlandais *bukro- suppose un û bref (si c'est bûkro-, un û long)
et que les mots gallois ont la diphtongue ou.
L'étymologie de Macbain appelle les mêmes objections : il
tire bû-ro- d'un i-ndo-eur. gu- (moyenne labio-vélaire) : $oitt>.
Comme il part de g'-'û-, on eût eu plutôt gû-ro- en vieux cel-
tique.
Un composé moyen-gallois, au point de vue du sens,
mérite l'attention : bu-gloddi, composé de bu- (*bou-, bête à
cornes) et de clâd-, tranchée (claivdd, fossé), a le sens de retour-
ner le sol, comme le fait un taureau 5 ; mugir, beugler (S. Evans, .
1. Je cite d'après Macbain.
2. Bugad a aussi le sens de se vanter, parader : ci', breton bugat, ostenta-
tion.
3. Avec ses pieds ou ses cornes.
374 /• Loth.
IVelsh Dit!. : ces sens existent encore ; pour celui de retourner
\ il donne un exemple du XV e siècle). Cet exemple
emprunté à un thème tout différent, semble bien prouver
que les trois sens de : fureur, mugissement, piétinement du sol,
peuvent être dérivés l'un de l'autre et partir d'une même
racine. 11 n'est pas toutefois improbable qu'en irlandais tout
au moins le sens de mugir remonte à une racine particulière.
302. Vieux gallois gochore ; gall. cogor — irl. moy. cru.
Gochore croassait, 3 e pers. du sg. de l'ipf. de l'indicatif, nous
est conservé dans le Gorchan Maeîderw (Skene, F. a. B. 11,
106, 18) : gochore ' brein du « les corbeaux noirs croassaient ». Je
n'en connais pas d'autre exemple. Go-chor est composé de uo-
et de cor, bien connu, par cornix, corvus, -/.ipa;. Hirt, Abl. 78
part d'une base indo-europ. *korô-. Il y a eu élargissement par
k ou q : lat. crôcio, creco ; cf. vha. bruoh, ags. hoc, angl. rook
(Walde, lût. Et. W . à corvus ; Falk-Torp, Nonu.-dàn. Et.
W., à raage II): l'irl. moy. crû corbeau = *krou-. Il est suivi
habituellement de fechta : crû-fechla, corbeau de combat. Les
deux mots se sont même tondus : O'Dav. Gl. crûechta.
Le gallois cogor a un sens assez général : cris d'oiseaux,
gazouillement. Daf. ab Gwilym (éd. de Liverpool, p. 146)
désigne même par cogor le bruit d'un bassin, mais le sens de
croassement est bien net dans le passage suivant des Mab. (L.
R., p. 155) :
a chynnwryf mawr a vu ynyr awyrgan askeïlwrych yvreinac
eu kogor
« il y eut un grand tumulte dans l'air, causé par les batte-
ments d'ailes des corbeaux et leurs croassements ». Il me
paraît probable que cogor est pour gogor. On pourrait songer
à une sorte de dissimilation ou à une conséquence de muta-
tion syntactique, mais il est peut-être plus simple de croire à
une influence analogique : par exemple, à celle de coc dans
cogfran, corneille, choucas. Silvan Evans cite même l'expres-
sion : cogor fal cogfran. Pour le doublet go-chor, *go-gor et
d'autres semblables (il y a aussi maintien de l'expl. sonore ini-
1. Gochore est au sg. parce qu'il précède le sujet au pluriel.
Notes étymologiques et lexicographiques. 375
tiale), après dy-,di-, go-, gor-, v. J. Loth, Rem. et corr. à Stra-
chan, pp. 74-83.
303. Irlandais moyen colum ; cuîlmeaka ; vieil-irlandais
COLMMÉNE — gallois cwlm ; breton coulm, scoulm.
Coliun, au nom. sg., existe en moyen irlandais, avec le sens
de peau, et peut-être plus spécialement de tendon ou lanière
de peau. On le trouve au datif pluriel dans un passage inté-
ressant du Tain Bô C. (éd. Windisch), ligne 2568, qui est à
rapprocher d'un passage de InCath Catharda.
Ro gabastar (a dond-} uathbrôic n-dondleihair ù-degsûata do
forrnna cethri n-damseiched n-dartada, cona chathchris do choloin-
naib ferb fna.
« Il prit sa fuathbrrôc brune 1 , de cuir brun, bien cousue,
(formée) de l'épaule de quatre peaux de bœufs de jeunes tau-
reaux, avec sa ceinture de combat (formée) de peaux (lanières)
de vaches dessous ».
Windisch, p. 362, note 4, cite à propos de colomnaib,
O'Clery qui, suivant sa remarque, visait ce passage : columna
1. Je ne traduis pas fuathbrôc. Windisch le traduit par Leibhose, or le
héros met d'abord une fuathbrôc de soie, puis sa fuathbrôc de cuir par des-
sus. Fer diad fait de même (Tain B.C., p. 533-4), puis après avoir posé
dessus une pierre de la grosseur d'une meule de moulin, il ajoute par-des-
sus la pierre une fuathbrôc de fer. C'est une addition évidemment posté-
rieure. Peut-être s'agit-il d'une cotte de mailles, ce qui n'aurait rien d'éton-
nant à l'époque Scandinave. Il est clair qu'il n'a pas mis la pierre sur son
haut-de-chausses ou pantalon ; mais sur le vêtement qui couvrait sa poi-
trine. C'est au moment même où il veut protéger le haut de son corps, que
Fer diad (1. 3540-8) est atteint par le gae bulga qui traverse là fuathbrôc et
la pierre. Windisch traduit lui-même ici fuathbrôc par Leïbpanqer. La fuaith-
brôc de soie est un vêtement de dessous, une sorte de chemise ; celle de
cuir a été peut-être une tunique sans manches. Ce qui peut corroborer
cette supposition, c'est que la version de LU., de Stowe M. porte, au lieu
de fuathbrôc, fuatlrrôc, qui, comme le remarque Windisch, peut ne pas en
être une évolution : roc semble bien être dû à l'influence d'un mot germa-
nique ; vha. roc, ail. rock, ags. roc, vêtement de dessus. On a affaire dans
le Tain à des rédactions d'époques diverses et qui ne s'harmonisent pas tou-
jours. Dans un passage (p. 361-2), cliab-iuar qui s'échange dans Togail
Troi (d'après Windisch) avec tonach, tunique, atteint le haut de la fuath-
brôc de soie, ce qui indiquerait pour ce dernier mot le sens de : haut-de-
chausses. Pour le sens de cathchriss, voir Gldu, glô-lethar, ci-dessous, n° 309.
J7é ./. Loi h.
fearbh ./. cuilmeana A. croient bô. Nul doute qu'il ne s'agisse
dans colomnaib colum, d'un mot de la même famille que le
vieil irl. colmméne, gl. nervus (IG. 221 />) ; la formation est dif-
férente. Il est possible que primitivement colum ait représenté
un vieux celtique *cohnmo-, mieux *culmmo-, qui aura été élargi
par le suffixe -«- (-///-«-). La forme cuilmeana, plur. neutre, est
celle que suppose le comique coJmen, plur. colmennow (Pascon
agan arlutb, 131,4; 131, 3) ; en vieux brittonique, on eût eu :
nomin. sg. neutre *culmm(en) n.a. plur. *culmmen ; le suffixe
plur. ordinaire comique -pu 1 est venu s'y joindre, d'où un
singulier colmen. De même, en irl., -a s'est ajouté au pluriel
vieil irl. * col m mai.
Le gallois du xn e siècle hulym (T. Lewis, Gloss.) avec y de
résonnance, plus tard auhvm, clwm suppose u étymologique :
évolue en û- en gallois devant liquide -h occlusive, mais non
à ma connaissance, devant -////-. D'ailleurs ici l'accord avec
le breton est décisif: coulm, scoulm ; vannetais clom, scolm, bas-
vannet. sclom. Les mots bretons ont le sens spécial de nœud;
scoulma, scolntein, clomein signifie nouer, lier, par exemple, des
lacets de vêtements, chaussures. Le gallois cwlwm a le sens de
nœud et de lien ; le comique colmen, celui de lien, même de
corde.
Dans le sens de peau, peau préparée, lanière, colum, cuil-
meana nous reportent à une époque où les liens (ficelles,
cordes, etc.) étaient faits spécialement de nerfs, tendons choisis.
C'est probablement colmméne gl. nervus qui nous donne le sens
le plus primitif. C'est confirmé par un mot que donne Din-
neen, colin, qui a le double sens de scar left by a luound et de
strong white tendons of beef (Munster). Colin, dans le premier
sens, paraît avoir une origine différente de colin, tendons
(voir cependant la note plus bas). Le génitif de colin est cuilm
qui supposerait *cuhnmo-. Colma que donne O'Clery avec le
sens de créas, dureté, doit être un dérivé au sens métapho-
rique du même thème. Il en est de même de colomda ' ; c'est
1. K.M. Contr. traduit avec doute colomda par firm : a chride crùaid
colomda (LL. 172 a 28), « ô cœur dur... !». Colomda ne fait que renforcer
l'idée de crùaid.
Notes étymologiques et lexicographiques. 577
vraisemblablement le même mot que columdha du passage
de /// Cath Catharda cité plus loin, n° 309. Colin est vrai-
semblablement pour colum. C'est une de ces graphies qui
paraissent dans Mollo'y, comme colin pour colum, pigeon,
citées par Pedersen, Vergl. Gr. I, 328. Colmméne est un dérivé
en -egno- Ç-igno-) du même thème avec addition du suffixe
-(i)jo- Çc(. larêne, gl. equula).
A toute époque, même après l'invention du filage et du
tissage que l'on constate à l'époque néolithique, on a découpé
des parties choisies de peaux de bêtes pour en faire des lanières,
liens, ceintures, après les avoir préparées naturellement. Le
cuir est une très vieille invention. Les tendons ont joue un
rôle important constaté dès l'époque paléolithique. C'est ainsi
que les tendons de renne fournissaient le fil pour les merveil-
leuses aiguilles en os des grottes de la Dordogne. Christy et
Lartet ont signalé comme une conséquence évidente du prélè-
vement des tendons, les incisions faites sur les os du bas de
la jambe de ces cervidés '. Aujourd'hui encore, Esquimaux
et Lapons obtiennent un fil très fin en divisant les tendons
du renne 2 .
On constate dans d'autres langues le même rapport de sens
entre tendon, nerf et lieu : v. norr. sin, sina, ags. sinu (angl.
sinew, lo sinew, lier, attacher), vha. senawa, ail. Sehne, senne,
nerf, corde (d'arc) : indo-eur. *senu, *snû, d'où skr. sndvan-,
lien, nerf; norvégien snor, ail. Schnur, etc. (Falk-Torp, Noriv.-
dân. Fi. W ., à sen et snor).
304. Gallois DEHOXGL, DEOXGL.
La forme ancienne est dehongl. Les exemples les plus anciens
lui donnent le sens $ interpréter, d'expliquer un songe :
L. Xoir (F. a B. n, 5. 5) :
Breuduid a uelun neithuir ysceluit aedehoglho
« le songe que j'ai eu (vu) hier soir, bien habile est celui qui
l'interprétera » (Cf. S. Evans, Welsh Dict.). Dehogles, prêt.
1. On peut se demander si colin, cicatrice, et fort tendon de bœuj ne pro-
viendrait pas d'une confusion entre l'effet et la cause, à l'origine.
2. Déchelette. Manuel d'arch., I, p. 161-3.
378 ./. Loi h.
y pers. du sg. pour dehongles dans l'exemple donné par S.
Evans et tire de Dares Phrygius, a le sens de prédire, prophé-
tiser.
Le mot est isolé dans la famille celtique. Il a son importance en
raison du rôle que jouent les songes et visions chez Gôidels et
Brittons. Dehongl est composé de de-, variante de dî-, devant
/■((>)-, devant h venant de s ou d'une spirante gutt. sonore par-
fois disparue, par conséquent devant certaines voyelles, et de
*hongl, qui suppose un vieux celt. *song-l; *scmg représente un
indo-europ. *songvh- : d. 5;j.sr,, voix, oracle = *songuhâ; cf.
germanique *seir^ij ; vha. singan, chanter, réciter; ags. singan,
retentir, raconter. Le rapport entre prophétie et chant est
frappant chez les Celtes par le rôle de can- (latin cano) et de
ses composés : irl. moyen canim, je chante ; cantana, incanta-
tions, prédictions (K. Meyer, Contr.) ; v. irl. doaurchanim
(Sg. 60 b 12). gl. sagio. En brittonique, ce sens se trouve
dans les composés avec préfixes : gallois daroganu, prophétiser,
prédire (^lo-are-yo-can-) ; v. gall. darcenneti, gl. hariolis; breton
diougan, avertir, prévenir ; diouganer, prophète (Ernault,
Gloss.) ; vannetais (Ile de Groix, Le Goff, Suppl.) : diourgânein,
prévoir, prédire; diourgàn, prédiction.
Pour le rôle du chant dans l'enseignement chez les Celtes,
cf. irl. moy. citai, mod. céadal, gall. cathl, breton kentel (Cf.
César, De bello Gall.).
305. Irl. moy. der, dar-; dairt ; daikim ; gallois -derig;
breton dirigaez.
Der, jeune fille, apparaît dans divers textes en moyen irlan-
dais. O'Mulc, Gloss. ; BB. XIX, 65 ; dat. deir(Scél Baili Bimb.,
R.C. XIII, 226). En composition, dans les noms propres de
femmes, il y a échange entre der- et dar- : Darbile et Der-
bile ; Darerca (cf. Mac Erca), une des sœurs de saint Patrice ;
Darfrâich, mère de Tigernach (JDarfraech mac Echach, BB. 2-
16 d 33 ; (mais LL. 347 b. a ingen au lieu de mac), etc. Comme
ledit Marstrander (Dict. of thelr. Lang.) qui compare Nath-,
ogh. Netia-, dar- vient de der- en situation proclitique '.
1. On trouve Dair, seul, comme nom propre : Dair ingen Cathair
Chdim BB. 231 a 7 (ap. Marstrander, Dict.).
Notes étymologiques et lexicographiques . 379
Der-=dcrà appartient vraisemblablement à la même famille
linguistique que dairt, gén, darto, darta, génisse d'un an ou
deux, métaphoriquement jeune ti lie '. Dairt est un dérivé de
la même racine que l'irl. mod. dairim, doirim ; irl. moy. dai-
riiH, subst. verbal dairt, dart, saillir; dan À. dair. P. O'Cl ;
irl. moy. dâir, gén. data, tarb i n-aimsir dara, Ane. L. 11,
44. 6 (taureau à l'époque du rut); irl. mod. dâr même sens
(Pour toutes ces formes, cf. Marstrander, Dict.).
Le gallois a un dérivé de dar dans le gallois moyen : Black
Book of Chirk : buch... relheryc, vache en chaleur, en rut (T.
Lewis, Gloss.). La forme ryderig donnée dans les dictionnaires
est analogique ou relativement récente et sporadique, comme
suffit à le prouver rhyferig, usité en Anglesey : f(v) = â.
Cf. catherig, miaulement des chats en rut, pour cath-derig.
En breton moyen dirigat\ a le sens de être en rut (estre en
sault). En Cornouaille dirik (de deric) se dit d'une vache en
chaleur. Ernault, Gl. suppose que dirik est pour teric ; il cite
à l'appui le gallois moderne terica, être en chaleur, qu'il a le
tort de faire dériver de taer, obstiné, violent, ce qui en gallois
est phonétiquement impossible. La forme terig peut venir de
la composition ou de la construction syntactique, ou elle
appartient à une racine différente : il y aurait eu confusion.
Elle apparaît dans la forme caterig, donnée parDavies.
On rapproche généralement dâir, dairim de 8sp-vu<j8ai, sail-
lir, jaillir, de la même racine que Optosxu). L'équivalent breton
hemolch, être en rut, vannetais imolh, être en rut, saillir (en
parlant d'un taureau), gall. moven erhol, pour xiuoly (cf. T.
Lewis, Gloss.*), dont le sens primitif est : être en chasse, chas-
ser, serait en faveur de cette origine, par l'évolution du sens.
Mais le grec Occ;;, semence génitale, OopÎGXEaOai, recevoir la
semence génitale, Osposiç, qui est à l'état d'embryon, rappellent
le skr. dhâra, semence, qu'il semble difficile de ramener à la
même racine. Il y a eu probablement confusion entre deux
racines différentes.
1. En irl. mod. dairt a le sens v aussi de bouvillon.
|8o ./. Luth.
506. Vieil, irl. fiad; gallois gwed, gwyd; comique goth.
Fiad dans le Tâin B. C, 1. 926 a le sens d'honneur :
nifuarusa l'uni n-ôîged,
« je n'ai pas obtenu l'honneur d'un hôte >>. Cf. ibid. 3024,
9297 :
rafiadaiged, tut honoré. Windisch (Wôrl. p. 46) donne ce
sens avec hésitation. Dans sa traduction du Tâin, il n'hésite
plus, avec raison. O'Donovan, Snppl. (que Windisch cite dans
son Wôrterbï), donne aussi fiadughadh, to welcome, to
honour.
Fiad, honneur, appartient à la même racine que fiadh, pré-
sence, gallois ytigiuyd, en vue de ; bret. a goe%, ouvertement.
C'est la même évolution de sens que dans enech, gall. wynéb,
breton enep, à la fois visage et honneur.
Gwyd dans le L. Noir à le sens de face, visage : ^3, 15
Boed emndiceid ir gnit
attinvis y ligat in y wii
« Que soit maudite l'oie qui a enlevé son œil dans son
visage ». Dans une strophe suivante gnit est remplacé par
penn. A gwed se rattache gweddu, être convenable, décent. Ce
mot a même le sens à'honneur dans l'élégie de Cyncldylan :
1. Rouge. 281, 26.
stavell gyndylan nent athwyt
Heb weâ
« le hall de Cynddylan voici qu'il est maintenant sans
honneur ».
Fiad, honneur, est féminin =*veidâ ; gwed est féminin
aussi mais suppose vida. En revanche le comique goth (del
goth, comme il convient) suppose veid- comme le breton
goe?.
'307. Irlandais moyen fal, gallois -wal, -walecÎ; irlandais
CÛAL, CÛAL^E, CÛAILLE.
L'irlandais fal, tantôt avec l'aigu, tantôt sans aucune
Noies étymologiques et lexicographiqaes. j8i
marque de longueur, est fréquent dans les Ane. Laii's, avec
le sens de barrière, obstacle, cas d'annulation (IV. 374, 16).
Comme le dit Atkinson (Glossary), se référant principalement
aux exemples du tome V, 500, fal est un terme technique
d'un usage constant dans les Lois au sens de barrière légale
{obstacle à la validité de contrats, cas d'annulation).
L'origine de ce terme est clairement établie par le gallois
moyen gwyâ-wal et le terme juridique gwyd-ivaleâ. Les lexi-
cographes Davies et John Walters lui donnent le sens de brous-
sailles, fourré. Telle paraît être sa signification dans le Livre
Noir (F. a. B. II, 28, 10):
E beteu ae lut guilual '
« Les tombes que protègent (ou recouvrent) les brous-
sailles ».
Dans les Ancient Laivs le collectif gwydwaleâ a le sens de
barrière légale :
IL 116, 68 : py haivl bynnac a varnner y dyn gyfreith,ac nat
ymavaeloe] y medyant or haïul uae gwledychu un dyd a blwydyn,
kyfreith a dyweit y mynet 2 vn wydwalel y rxgtaiu ef ae da or byd
gwlmlwr, ac na dyly giuercheiwat attep idaw hynny allan.
« Quelle que soit la réclamation (le bien réclamé) adjugé à
un homme par la loi, s'il ne se saisit pas de l'objet de sa
réclamation et n'en exerce pas la propriété un an et un jour,
la loi dit que cela devient barrière (légale) entre lui et son bien
s'il est du pays, et que le gardien (séquestre) ne doit pas lui
répondre à partir de ce moment ».
Ibid.II, 390, 83 :
Dwy luyddwaleth yssyd ygbyfreith Howel, nyt aiugen gwyd-
dwaleth kyivlat ac un aghywlat ; ac un ohonunl y kay kyfreith
rwngdynay bazul; sef achaivs y gehuir hi yn wyddwaled am vol
gwyddwdi rzung dyn ay bazul val na dylyer altep x dyn oy haïul
yn tragwyddawl .
1. Dans le L. Noir / =â.
2. J'adopte, pour la traduction, la variante : a dyweit vot lm>nmv
y(») mynet « dit que cela devient » (cela être devenant, en mot à
mot).
Revue Celtique, XLF. 25
}82 /. Loth.
« Il y a deux barrières (légales) dans la Loi deHowel, c'est-
à-dire une barrière légale dans le pays et une autre hors du
pays ; l'une d'elles, la Loi la ferme entre l'homme et le bien
qu'il réclame; l'autre, elle ne la terme pas; la barrière du
pays, elle la ferme entre l'homme et son bien, de telle sorte
qu'on ne doit pas lui répondre au sujet de sa revendication ;
voici la cause pour laquelle on l'appelle giuyddwaled, c'est qu'il
y a des broussailles (fourré) entre l'homme et le bien qu'il
réclame à tel point qu'on ne doit plus jamais (mot-à-mot,
éternellement) répondre à sa revendication ».
Ce passage prolixe qui n'est complètement intelligible que
si on le compare avec le précédent, confirme toutefois
très clairement le sens de gwyâwaleâ. La barrière n'est fermée
que dans certaines conditions mentionnées dans le premier
texte cité.
Il n'y a pas à s'étonner de rencontrer des expressions méta-
phoriques, poétiques, jusque dans des textes juridiques. C'est
une confirmation de plus de ce que nous apprend César au
sujet de l'enseignement des druides qui était essentiellement
oral et versifié.
Il est probable que dans le sens de barrière légale, Jal doive
s'écrire avec l'aigu marquant la longueur, comme c'est le cas
dans un certain nombre d'exemples : fâl est bien connu au
sens collectif de haie, clôture, palissade. Ce sens répond au
sens matériel de gwyâwal, et de gwyâwaleâ. Mais il n'est pas
douteux que fa l avec un a bref ait existé ' : non seulement le
gallois suffirait à le prouver, mais il existe en composition
dans cûal, fagot, tas, amas (Ku no Meyer. Contre): *cûal —com-
ualâ 2 , nomin. plur. ci'tala ; Ane. Laws, fal plur. fala ; pour la
forme, cf. cùac, étroit, Sallair na Rann 33.918 (= cumhac,
cumhàng, O'Cl.) Le singulatif cùalne, cûaille a le sens de pieu,
échalas. Il me paraît probable que ce mot dérivé de cûal a
d'abord été un collectif comme cûal. Un passage des Ane. Laws
1. Sur l'origine commune de fal, haie, et fait, foii, stabulum (inucc-fhoil.
étable à porcs), cf. Zimmer, Kelt. Stnd. I, 125, 6.
2. The Gloss. in Eg. -158 donne mal dans le sens de pieu, ce qui con-
viendrait a. fâl.
Notes étymologiques et lexicographiques . ^S^
est particulièrement instructif au sujet de ce terme : un des
moyens d'établir une limite ou barrière, c'est : cor cûalne, ins-
tallation de pieux ou palissade (voir kann, renn, rinde). Wal,
}al sont identiques comme origine et sens au gothique wàlus
(stab), qu'on retrouve dans le collectif anglo-saxon wyrlwalu
(collection de tiges de plantes), vha, wurqala, pour u/ur%zuala :
anglo-saxon wyrt, auj. wort, ail. IFiir-, plante.
Le gallois -waled est un collectif =^*ijaliiâ.
Comme les villages germaniques, les villages chez les
Celtes insulaires étaient défendus et séparés par des palissades
composées de pieux et sans doute de ronces, d'arbustes épi-
neux et de terres. De là l'extraordinaire diffusion du vieux
breton caer (moderne ker) dans le sens de village, ce terme ne
s'appliquant d'abord avec précision qu'à des fortifications ou
enceintes fortifiées : aussi caer est-il très rare au ix e et x e siècle,
dans le Cartuhiire de Redon. Il n'y a donc pas à s'étonner
que la barrière ou défense constituée par des broussailles (avec
des pieux) ait été employée au sens poétique, dans le sens
d'obstacle entre le plaignant et le bien revendiqué.
308. Le gallois ffer ; irlandais moyen sertc.
J'ai proposé avec hésitation (Mots latins) de faire venir ffer
du latin férus. Aujourd'hui ^r me paraît, d'après ses dirfé-
rents sens, présenter tous les caractères d'un mot indigène.
Il a deux sens principaux : r° celui de fort, solide; 2° celui
de gelé et, comme substantif, de : grand froid.
L. Aneur. (F. a. B. 1 1) 74.2: en parlant d'un héros : fer y
laiu à la main forte (forte, dure sa main).
L. Tal. 143. 16 :
Llachar y eniu llauffer
« Llachar (est) son nom, à la main forte ».
L. Noir 56. 20 :
niarcb cadarn kad-fer
« coursier vigoureux, solide au combat ».
L. Rouge 265. 13 :
Pyll pengloc ffer
?«4 ./. Lotb.
« Pyll au crâne solide ».
Le nom propre Ferawc apparaît dans le Gododin (L. An.
7 |. 1 ). Le même texte présente le nom propre Fer-varcb (d.
march cadarn kadfer). 11 est évident que dans Fer-varcb on a
fer, solide, et non fer, cheville : on peut par voie d'analogie
conclure de même pour Ferawc. Cf. en breton, fereuc dans
Bran-fereuc, nom de lieu du Morbihan, en 1598; Fermarch,
Anniv. de Tréguier 19 (1540) (cités par Ernault, Gloss. \fer,
cheville). Fermarch apparaît aussi dans le Book of Llandaw,
205. Fergant, surnom d'Alain, duc de Bretagne, (Cart. de
Quimperlé) ne signifie pas : cheville blanche, comme je l'ai
supposé en note (Chrest . p. 204) mais: 1res fort, tout à fait fort.
Cant, cercle, circonférence, a un sens intensif en composition :
moyen breton cougant, cogant, certainement, parfaitement
(v. bret. int courant) ; gallois ceugant, certain, sûr. Le vieux
breton JVin-cant ne signifie pas blanc-blanc, mais entièrement,
complètement blanc : cf. les noms propres vieux bretons : lud-
cant ,Cou-cant, Bresel-coucant \
Ffer, substantif, dans le sens de grand froid est d'un
emploi bien constaté (Silvan Evans, Llyth. yr iaith gymr.) ;
feredig, gelé, congelé ; fferu, geler, être engourdi par le froid.
Certains dictionnaires écrivent fferru, mais cette orthographe
ne paraît pas ancienne et peut avoir été amenée par la pro-
nonciation et la quantité de fer en composition (ffer-der,
ffer-dra).
L'irlandais moyen serig, série, seiric 2 , dont le sens de fort
est assuré, a été comparé par Stokes, dans l'Index du Lecau
Gloss., au grec axspsçç, allem. stark. A tout point de vue, cette
1. On a de bonne heure confondu cant et cann, dans le sens de blanc.
O'Pughe cite lloergant dans le sens d'orbe de la lune, la lune dans son
plein et lloergan, moonshinc. Cette division paraît artificielle. On a lloer-
gan (rimant avec cann) dans le L. Tal. 145. 15, ainsi que dans le L. Rouge
241. 12, au sens vraisemblablement de pleine lune, surtout dans le passage
du L. Rouge. En breton, on écrit aussi aujourd'hui Joargann, pleine lune.
La forme la plus ancienne serait : loargant. On dit couramment en vanne-
tais (et sporadiquement ailleurs), er haut (léon. are'hanf) pour la pleine lune
(le cercle de la lune).
2. Sait. naRann, 5653 : serig ; Lee. Gl. 396 : série ; In Cath Cath.
5261 : serig; O'Cl., P. O'Cl. : seiric, Ididir, fort.
Notes étymologiques cl lexicographiques. 38s
comparaison est plausible ; mais si on doit admettre la celti-
cité de fer, comme cela paraît vraisemblable, mieux vaut l'aban-
donner et supposer pour les deux mots un vieux celtique
*sper- : ffcr = *spero- ; série, serig = *sperinki-. Cf. le v. ind.
spirâ-b, gros, riche; spbird-b, gros, large, étendu ?Cf. Walde,
Lai. -Et. W. à prosper.
Peut-être le vannetais (Groix) féret, rhumatisant, pourrait-
il se rattacher à fer dans le sens de froid, engourdi.
309. Irlandais moyen glau, glô-.
Stokes, Urk. Spr.p. 120, ne donne que glô- en composi-
tion avec snâthe : glô-snàtbe, glao-sndtbe, linea, norma, mot à
mot pelote de fil. Ce composé a la forme glonatbi, glao-snathe,
dans Acall na Senôrach (traduit par musler).
Or le simple existe dans O'iMulconry's Gloss. 679 : glao
find, peloton blanc. Stokes ramène glô- à un celtique glôu
qu'il rapproche du vha. cliuica, ags. eléowen, anglais claw, skr
çldu, balle, boule (pour le germ. cf. Falk-Torp, Norw.-Dân.
Et. W.,kklo).
Dans l'Index à /// Caib caiharda, Stokes traduit glô-le-
tbar par bright leathet , tandis qu'il laisse glô- sans traduction
dans son interprétation du passage où il paraît, lignes 5225
et suiv.
Tnccad a chaithehris cathae 7 coin lai tin ini Cesair dano,clarchris
columdha glaeta glolet(J))air sin do druimnilethair teora ndruimsei-
chelh ndartada a ma n-aconial 7 arna ndaingendlul(h)aehadb do
glaed 7 do sechim 7 do bitnmin
« His warbelt of battle and conflict was then put round
César. That was a board-baldric hiden, glued... leathern,
of bock-leather of three oxhides of year old bulls, joined
and firmly closed by glue and pitch and bitumen ».
Il me semble qu'en donnant à glô- 1 e sens qu'il a dans
glau, dans glôonatbe, on arrive à une interprétation satisfaisante
de ce passage.
Il ne s'agit pas ici, en effet, d'une ceinture au sens moderne
du mot. Rien d'étonnant à ce qu'elle ait été constituée par du
cuir épais, formant saillie, prélevé sur trois peaux de jeune
taureau roulées l'une sur l'autre et solidement fixées par glu, colle
5 86 /. Loth.
et bitume. C'était en réalité, une cuirasse et d\\\\ modèle évi-
demment fort ancien. Elle est bien décrite dans le Tâin B. C.
1. 2560-} :
Ro gabàstar a chathehriss curad taris anechtairdo chotutlethar
crùaid [coirtchide do formna sechi ndamSeiched n-dartada con-gu-
bad do thana thaibeo tiug a oxaille. Ro bith imbi ic dichur gai
7 rend 7 iaernn 7 slég 7 stiigel.
« Il prit (Cûchulainn) par-dessus extérieurement sa cein-
ture de cuir dur tanné (faite) de l'épaule de sept peaux de
bœufs, de jeune taureau, de façon qu'elle lui allait de la taille
(de la partie mince de son côté) jusqu'au creux de l'aisselle.
Elle était autour de lui, écartant javelots, pointes, fers, lances,
et flèches ».
Il ne faut pas oublier que le correspondant gallois de criss,
crys a le sens de chemise ; de même le breton *cre%, vannetais
krê\, creis. Pour columdha, voir col mu, ci-dessus, n° 303.
310. Gallois gwelw, vannetais gùelù, gûelùet.
Le vannetais gùelù {gwelw'), est donné par Le Goff, Suppl.,
avec le sens de aigre (lait), ce qui n'est pas tout à fait exact ;
aigre, en parlant du lait est proprement trenk, treink. Gùelù,
en bas vannetais plutôt gïielwet, a le sens de tourné (lait), au
sens français dans l'expression analogue : lait tourné. Gwelw;
en une syllabe, suppose un vieux celtique *ueluo-. C'est un
mot propre au vannetais. Phonétiquement le gallois gwelw
(une syllabe) lui correspond parfaitement ; gwehv a le sens de
pâle, bleuie ; g-welwi, pâlir, blêmir. Il est probable que c'est un
sens dérivé : il qualifie plus précisément la couleur du lait
tourné que l'altération même du lait : gwelw = *ueluo-s : cf.
latin volvo et v. Rev. Celt. XL, p. 375.
3 11. Gallois gwar, gwared, ymarwar ; breton GOAR,
GOAREZ .
Le gallois gwar, doux, avec ses dérivés paraît isolé dans
la famille celtique. Gwared a le sens de douceur, bienveil-
lance :
L. Noir 14. 4 :
an duch irgulet ir y ■warel ae werindaud
Notes étymologiques et îexicographiques. 387
« que le Seigneur nous meneau festin (céleste) par sa bien-
veillance et son humanité ' ».
M. A. 190. 1.
Givledig arbenig pan ith aned
Dyfu waredd ynn dyfuwared
« Seigneur souverain quand tu naquis il nous vint tranquil-
lité, il nous vint protection ».
Cf. ibid. 164. 2. Hepwaieâ a un sens intéressant dans ce
passage en prose (M. a. 491. 1) : hep utared hep trugared eu
herlit ac eu llad & ivnaelh Beli « Beli les poursuivit et les massa-
cra sans clémence (sans être arrêté par aucune considération)
et sans pitié ».
Gimreâaïuc a le sens de soumis, Mabin. L. Blanc col. 8 :
a del yn waredawc iazun yw gymryt : ar ny del yn uvyd
kymmeller nerth cledyveu
« quiconque viendra en soumis on doit le recevoir ; qui ne
viendra pas humblement, qu'on le contraigne par la force
des épées. »
En breton, goar est employé (en vannetais) dans le sens
particulier de : à l'aise, posément, dans les expressions :
ar men goar, à mon aise, posément; ar houkoar, à votre aise,
sans vous presser.
Aroarek est arrivé aussi en vannetais au sens de lent ; aroaregeh,
lenteur, paresse, oisiveté ; aroarekat, ralentir (Le Gotf, Suppl.) ;
hum aroaregein, se déoccuper (Cillart de Ker.).
Ce qui est capital, c'est le sens du breton goare^, cornouaillais
goare en face du gallois gwareâ : goare~ a le sens de protection,
1. Gwerindawd est un dérivé de gwerin qui en vieux gallois et en gal-
lois moy. a comme l'irl. foireann le sens de troupe, parti Ç*uartna) ; il a pris
aussi celui de peuple, d'où le sens attribué par O'Pughe à gwerindod de :
vulgarisme, civilisation ! Giveriudaijd, paraît signifier amour du peuple.
Cf. gwerinawl (M. A. 243. 2) :
argluyd nef a llaur gtiaur guerinawl
« seigneur du ciel et de la terre, aurore qui luit pour tout le monde ».
Ibid. 329. 1 (en parlant d'un riche bienfaiteur) :
Givir wyneb Cymry gwerinaidd fyrddeu
« véritable honneur du pays de Galles aux tablei hospitalières (popu-
laires) ».
388 /. Loth.
abri (corn, goare, abri contre les intempéries) ; goar&çer, pro-
tecteur.
Ces différents sens s'expliquent en partant de la racine
indo-eur. bien connue *ver et se retrouvent dans ses dérivés :
norvégien var, circonspect, timide ; anglais ivare, aware,
beware, loary, circonspect, sur ses gardes ; allemand wabren,
veiller sur, protéger (Fàlku. Torp, à var, varel). Cf. lat. vereor,
verni, observer avec inquiétude, honorer avec crainte ; grec
èxî-opoç, 9p:up5;, garde, veilleur.
Du sens de surveiller, être sur ses gardes, on est arrivé facile-
ment à celui de lenteur, timidité, douceur et d'un autre côté à
l'idée de : veiller sur, protéger.
Le gallois ymarwar a été mal compris par O. Pughe qui le
traduit par réconciliation dans ymarwar Lhtdd a Llevelys. Il
s'agit du Mabin. connu sous le nom de Ky franc Lluda la Llevelys
(Rencontre de Lludd et de Llevelys). Il n'y avait jamais eu
de division entre les deux frères mais entente intime et action
concertée une fois pour débarrasser l'île des trois fléaux qui
la désolaient : ymarwar signifie évidemment : l'entente réci-
proque (l'action concertée) de Lludd et Llevelys. Cf. M. A.
247. 2 ymarwar Llut a Llevelys ; L. Tal. 214. 9, id.
Gwar — *uaro-. id. uro-. ; gwared, giuare^ = v. brittonique
uariia (Le breton goare% est aujourd'hui masc).
312. Gallois moy. gorysgelhor; grysgelo; goryscalawc.
Ces expressions s'appliquent au vin :
L. Noir 57. 1 1 :
alh vit gain gorysgelhor
Tu auras du vin qui moussera (par-dessus bord) ?
M. A. 222. 2 (xm e s.) :
ni ddodai eirif ar ra dillad
neu gzuin grysgelo nac ysgarlad
« Il ne comptait pas les habits fourrés ni le vin écumant
ni l'écarlate. »
L. Blanc, col. 456 (Kulhwch et Ohven) :
a gtuiii goryscalawc
Notes étymologiques et lexicographiques. 389
Cesdirîerents termes sont l'équivalent de gor-ewyn, écumant
(dont l'écume passe par-dessus bord) : met gorewyn, de l'hy-
dromel mousseux (M. A. 261. 2).
O. Pughe donne isgal, écume. Il est très vraisemblable que
c'est une mauvaise modernisation d'un mot du xi l -xiii c s. où i
—y :ysgal.
Gorysgel- = *uor-skel- ou, comme semble l'indiquer la forme
grysgelo : *uor-ex-kel- ? qui s'élance hors de ; la racine peut
être kel-, latin cehus, celer ou mieux d'après ysgel : skel-, m ha. schel
qui saute, bondit, surexcite. (Cf. Walde, à cehus, celer ; Falk
u. Torp à Beskeler p. 62).
Llwyd a traduit goryscalawc, par À larges bols, ce qui n'est satis-
faisant ni au point de vue du sens, ni au point de vue de la
composition : il a pensé à scal : v. norr. skaï f. coupe à boire,
plateau de balance ; ags. scalu f. gousse, coupe à boire; irl.
scâla (emprunté au germ.) : skaï- celtique suppose *sklo-.
Gorysgelhor est un verbe au subj. (subj. en -s-); la forme
indiquerait un déponent, mais la rime est en -0 ce qui, com-
paré à grysgelo tait supposer que r est peut-être de trop.
313. Gallois hawDj hodi ; vannetais inhodein, dihodein ;
irl. mod. sâithim ?
Haivd indique, en gallois moderne du Sud, le blé monté en
épis— y maer ydyn ei ha-wd, the corn is in itstime of earing
(O. Pughe) ; hodi, monter en épi. C'est exactement le sens
du vannetais di-hodein, inhodein. La seule différence est qu'en
gallois on aô long, et en vannetais obref. Ernault (Glossaire') a
comparé le vannetais au gallois hedaut, ils volent, mais hedant
comme hedeg est pour ehedant, ehedeg (ex-et- : voir edti). Sât-,
sot- remontent à la racine se, si répandue dans toutes les langues
indo-européennes ; ses dérivés ont le sens de semence et aussi de
production, mise au jour. Ainsi s'expliquent l'irl. saithe, gallois
haid, breton hed, essaim. En gallois et breton bad ont le sens
de semence; haïud, hod- indiquent la production, le jaillissement
au jour. (Pour le sens de se-, cf. Walde, Lat.Etym. W. Falk
u. Torp, à saa- : voir se, he). L'irlandais moyen ad-sailim, I
bring torth (K. M. Contrib.) : ro hasaited 'nul ingen tartan ocus
berl mac, la jeune tille accoucha ensuite et mit au monde un
$90 7- Lotb,
fils ; irl. assait parturition (ad-saditi-} : Wind. Wôrt. L'irl.
moderne a sâithim, sâthadb, qui a les deux sens de : percer et
de pousser eu avant, lancer. Sâithim paraît plus moderne que
sdidbim; on a cependant en irl. moyen sâthud, enfoncer un
clou, mais les formes personnelles indiquent sud- (Pedersen,
Vergl. Gr. il, 605). Si ces mots se rattachent à si-, on peut
supposer deux dérivations *sâ-t- et sâ-d-. Ce rapprochement
reste douteux (voir Notes Etym. â sÀidhim).
Hod- paraît avoir eu un sens métaphorique. L. Tal. 192,
25 (en parlant d'Uryen) :
Gleïb ryhawt glewhaf un yw Uryen
« Vaillant, supérieur, le plus vaillant de tous est Uryen. »
Ibid. 154. 22 :
Elphin pendefic ryhodigion
« Elfin souverain des plus grands ».
Ryhodigion paraît signifier : ceux qui ont poussé plus haut,
qui s'élèvent au-dessus des autres.
Le vannetais a à côté de dihodeih, inhodein : divodein, invo-
dein. Il est facile de passer de divodein dialectalement en van-
netais à dihodein ; il est probable que c'est cette alternance par
voie d'analogie qui a amené les formes avec -v-.
3 14. Gallois celliwig ; breton moyen quilliuuic, — v . irl.
fîch ; gallois, breton, corn. gwic.
Celliwig est donné par Silvan Evans avec le sens de bois,
bosquet. Mais les deux exemples qu'il en donne sont modernes.
On ne connaît avec certitude ce mot que comme nom propre
de lieu, en moyen gallois. Dans le mabinogi de Kulhwch et
Olwen, Kelliiuic est une des résidences d'Arthur ', et elle est
en Kernyw (Cornwall). Dans les Triades, Kelliwic est égale-
ment en Kernyw et c'est une des cours'd'Arthur 2 .
Kelliwic a été identifié par moi dans mes Contributions à
1. Kelliwic est également mentionné chez un poète du xn e s., Cvnd-
dehv.
2. Cf. J. Loth, Mabr-, I, 331, 334 ; II, 247, 278, 285.
Notes étymologiques et lexicographiques. 391
l'étude des romans delà Table Ronde avec Gweek Wood en Saint-
Martin's, dans la péninsule du cap Lizard en Cornwall. Sa situa-
tion paraissait être à l'extrémité de cette région, qui est aussi
l'extrémité de l'île, d'après un passage de Kulhwch etOlwen :
il v est question d'un personnage, Medyr fils de Methredyd
d'une adresse telle que de Kelliwic. il traversait d'une flèche
les deux pattes du roitelet à Esgeir Oervel en Irlande (J. Loth,
Mab 1 . I, 283). Depuis Caellevic, a été retrouvé dans une
charte anglo-saxonne (voir Comptes-rendus Ac. des Inscr. 1924,
p. 11, note); c'est Kelly-burg en Egloshayle.
Celliwig paraissait jusqu'ici particulier au gallois (et au cor-
nique aussi d'après la situation de la cour d'Arthur). Or, tout
dernièrement, parmi les noms de lieux qu'a bien voulu me
signaler M. D. Bernard, qui connaît à fond les archives de
Quimper et de la Chambre des Comptes de Bretagne à Nantes,
il v a des Kelliwic devenus Killiiuic en Bretagne : Ouill initie en
Cleden-Cap-Sizun (1426) ; Kncçb Ouyllyvic (1540) en Beuzec-
Cap-Sizun (Knech hauteur, sommet, tertre) ; l'orthographe
Ou- pour K- devant des palatales est courante en moyen bre-
ton. Celli bois, bosquet, est devenu de bonne heure killi. En
vieux breton, on a celli : Lis-celli, Kelli-uucnhani (Cart. Red.
ix e s.) ; mais dès le xi-xn e s. Ouillicaduc en Elgent (Elliant),
Cart. Kemperelcg. Il y a en Bretagne bon nombre de villages
et lieux dits Quilly. Comme le nom est féminin ainsi qu'en
gallois et en comique ', on trouve souvent : Le Guilly (ar
gilli). Penguilly est un nom bien connu comme nom d'homme
et de lieu : de même en Cornwall, Pengelly.
Le sens de Kelliiuic, Killiwic, est probablement le même
que celui de Coedivig, moyen gallois Coehcic, qui a incontes-
tablement le sens de bois, bosquet (M. A. 310-2 : Dan vric y
goetwic).
Le sens primitif n'est pas aisé à déterminer. Le second
terme -gwic en breton, signifie uniquement bourg, par oppo-
sition à la paroisse, à la partie rurale. Il n'est pas rare, en
Léon, de trouver giuic à la place de pion (v. bret. ploib) : Gui-
kerné au lieu de Plouguerneau ; Guitalme\é au lieu de Plou-
1. De même l'irl. caïll, caille, bois, aujourd'hui coill, caille.
îs>2 ]. Loth.
dalmeçeau. Il est clair que gwic- désignait l'agglomération cen-
trale, le bourg. C'est le sens que l'on trouve en vieil irl. :
fich, gl. municipium. Fich, en vieil et moyen irl. a aussi le
sens de terre, propriété :Anc. Laivs oflrelandlV, 126. \6Jich. i:
c. tir ; Mulconry's Gl. 330 id. Fich a aussi le sens de vil-
lage : Atkinson, Passions 1405 ; génit. ficha 947. Dinneen lui
donne aussi le sens de terre, propriété (voir à fiocli).
En gallois, gwic f. a nettement le sens de bois, dans ce vers
du L. Rouge (Skene, F. A. B. ri. 247, 25 :
Gnawt yggwic kacl kievrein
« C'est chose habituelle que de trouver des corbeaux dans
un bois ». O'Pughe lui donne aussi le sens de : ouverture
dans un bois (ppening in a wood), clairière, ce qui s'expliquerait
peut-être par l'influence de cellhvig, centre, espace central
dans un bois ? Le comique Giueek Wood ferait pencher pour
bois, bosquet du bourg ; il n'est pas rare de trouver en Bretagne
à côté d'un village ou bourg, un espace libre planté d'arbres.
Gwic, du sens d'agglomération de maisons, a pu prendre le. sens
de : groupe d'arbres. Guigocdd dans cet exemple cité par
O'Pughe, semble avoir le sens de place (place boisée) dans une
ville : dos allan ar ffrwst i'r heolydd ar (leg. a)giuigoedd y dinas
« va en hâte aux rues et places (?) de la cité ».
Gwic dans le sens de vicus, est évidemment emprunté ;
mais les sens que je viens d'indiquer en gallois feraient sup-
poser qu'à viens s'est peut-être mêlé un autre mot d'origine
indigène.
Enfin, il y a un composé gallois gwyddwic qui suppose un
second terme d'origine différente. Il apparaît, à ma connais-
sance, dans un seul passage des Mabinogion {Red Book Mab.
p. 39 ; Mab. de Branwen). Par suite des manœuvres
d'Efnyssyen, les Gaëls et les Brittons se livrent un combat
sanglant. Mais les Gaëls jettent leurs guerriers tués, dans le
chaudron de résurrection d'où ils sortent pour combattre avec
autant de vigueur qu'auparavant. Ceux de leurs adversaires,
au contraire, s'amoncellent en un tas, sans revenir à la vie. A
cette vue, Efnyssyen dit : « Oia Duw, givae vy mod yn
achaivs yr wydwic houn wyr ynysy Kedxrn », « ô Dieu, mal-
Notes étymologiques et lexicographiqttes. 393
heur à moi d'être cause de ce carnage des hommes de l'Ile des
Forts ». On a traduit par embarras, perplexité, mais c'est un
sens qui ne s'explique pas même métaphoriquement si on a
affaire à gwic vicus ou bois. Le composé, paraît contenir -ivic
= irl.ficb, combat ; gwyddwic, sauvage combat ?
En Fabsence d'autres exemples, mieux vaut ne pas con-
clure.
315. Vieux gallois hin ; gallois hiniog, amhiniog, ammi-
niog, gorhiniog, gorsin ; breton gourrik ; irlandais sîn.
SÎNIM.
Ces mots gallois et bretons ont été diversement expliqués
et d'une façon peu satisfaisante. Les rapprochements qu'on a
tentés avec certains mots irlandais sont inadmissibles. Whitley
Stokes (BB. XIV, 109), voit dans hiniog qu'on traduit inexac-
tement pur seuil, le latin finis, ce qui est, à tout point de vue,
insoutenable, blnis a été emprunté de bonne heure et a
donné dans toutes les langues brittoniques fin. Il est d'un
emploi courant et constant dans les Lois galloises et a donné
lieu à des composés comme cyffin, confin.
Ernault (Gloss. à goufrin, linteau) cite le gallois hiniog, rhi-
niog uchaj linteau et lui donne le sens littéral de limite supé-
rieure. Il a le tort d'abord de considérer rhiniog comme un
composé de ro- et hiniog. Il est sûr que rhiniog a été amené
par 'r hiniog ce qu'explique la prononciation de r sourd gal-
lois, et par des composés comme *gor-riuiog, remplacé par
gorhiniog. Partant de rhiniog, il le rapproche de l'irlandais rind,
rinn pointe, dans lequel il voit avec Whitley Stokes, un com-
posé de ro -f- ind, bout, extrémité. Or, rind n'est pas un com-
posé ; de plus bïn- a un ï long et n'a que // simple. Il en est,
sans aucun doute, de même du vieux gallois hin, comme on
va le voir : or cledhin gl. limite laevo.
C'est de hin limite qu'il faut partir, comme suffit à le démon-
trer le gallois moyen amhiniawc ( écrit amhynyawc), moderne
amminiog, avec son double sens de cadre de la porte, piliers ou
montants encadrant la porte, et aussi de gens dont les terres se
touchent. Ce dernier sens donné comme métaphorique est, au
contraire, littéral et primitif: Ane. Lazvs n, 132, n : sefyu
\9A /• l-"! 1 '-
amhynyogeu guyr a gyvarjo tervyneu eu tyr ar tyr ybo bâul arnau,
« Les amhynyogeu sont les gens dont la terre confine à celle
qui est soumise à contestation (objet de litige) ». Le sens est
si net que S. Evans séparant amhiniog de amminiog, malgré
l'identité réelle des formes, voit dans ce dernier un composé
de min, lèvre, bord.
Il faut évidemment, et pour la forme et pour le sens, par-
tir d'un thème hin- = sin. Gourrin, gorhin- pour gor-rin =
*uor-sln-. Il existe d'ailleurs à çorhin-iog, un doublet gorsin dans
les Leges Waîlicae (Ane. L. II, 804, vi), que traduit d'une
façon fantaisiste Aneurin Owen par ostiola. O'Pughe l'assi-
mile à amhiniog, ce qui n'est pas le sens propre, car il est donné
comme un mot distinct de amhyniauc et vient après troihyu,\t
seuil. A l'époque moderne, il paraît être arrivé au sens de
moulants de lu parle, chambranle '. 11 ne paraît guère douteux
qu'à l'origine gorsin n'ait eu un sens très voisin de gorhiniog et
du breton gourrin. Ce genre de doublets est loin d'être inconnu
en gallois : gallois ht et se ; gorseà, breton gourse%, à côté de
heâ. Gourrin c'est en réalité, la limite, le rebord supérieur ;
amhiniog, c'est le cadre de la porte.
Hin, sin-, appartient à la racine indo-européenne si, qui
s'est scindée en deux sens parallèles: lier, attacher (corde,
courroie, lien), amener jusqu'à, se rattachera (limite, frontière).
Le premier sens se retrouve dans l'irlandais sin, chaîne, col-
lier (Ane. Lazas 1,24; In Cath Cath. 4661 ; sin-snâth, chain-
thread ; d'où le sens inattendu derond (cruinri) dans le Lecaris
G/.). Pour ce sens, cf. lett. sînu, je lie ; vieux saxon simo,
lien ; allem. seile. Le groupe brittonique, a le second sens :
cf. skr. sïman, limite ; lit. seno, même sens 2 . L'irl. sinim,
j'étire, je distends, rappelle le sens primitif.
1. O'Pughe et Thomas Richards renvoient aussi pour gorsin à Taliesin.
Or ce mot n'existe pas dans la version des Four Ane. Books. Il paraît dans
celle de la Mvv. Arch. mais sous la forme corsin, qui est vraisemblablement
une faute de lecture pour gorsin (Mvv. Arch. p. 55, 1). On trouve aussi le
pluriel gorsingeu : ci. meithring, nourrir, pour meithrin.
2. Le dérivé sinach (écrit synaeti) indique, en gallois moyen, la limite
entre deux acres (Ane. L. II, 268, 25) : tervyn dwy erw, diuy guys a hwnw
a elyivr synach. La limite entre deux acres, ce sont deux sillons (civys est
Notes étymologiques et lexicograpbiques. 395
316. Irlandais OCHSAL, asgall ; gallois, breton, comique
ascell ; gallois tasgell, tasgu.
En irlandais, les formes sont très variées : vieil irl. donaib
oscalaib, gl. ad ascellas ' (Gl . -Turin. ^5 : Thés. pal. I, 48e) ;
irl. moy. ochsal, ascal, ascall (Kuno Meyer, Co«/r.) ; irl.
mod. ascall, asgall, oscaill, oscul (Dinneen) : éc. : asgall, gén.
asgaill etachlais gén. achlaise (métathèse relativement récente).
Le sens, à toute époque, est aisselle et plus précisément le
creux de l'aisselle 2 . D'après l'étymologie courante, ochsal
serait emprunté au latin axilla, chs représentent a- \ comme
dans lax gl. laxits ; ascall serait une métathèse de oxal par
axai. Il est évident que ochsal, au point de vue du voca-
lisme en vieil irlandais ainsi que du consonantisme, ne sau-
rait s'expliquer sans un rapprochement avec un mot indigène,
fait assez fréquent. Aussi Thurneysen voit-il dans ochsal, l'in-
fluence defoxal, enlever (Gr. p. 52) •>. Le Fèlire Oeng. nous
a conservé le mot indigène oche, aisselle, qui explique beau-
coup mieux ochsal (Aug. 4, commentaire p. 180.) Le com-
mentaire explique l'origine du nom de Molita macc Oche (fils
de l'aisselle) et ajoute : ocha apud veteres ochsal dicitur. L'exis-
tence de ce mot (var. oche, oiche, ochai, ochae) ne saurait être
proprement la tranchée, le fossé) et cela s'appelle synach. Aneuriu Owen
le traduit par bulk, saillie, levée de terre, ce qui ne parait pas exact. O'Pughe
qui le traduit par sillon, y voit, au sens métaphorique, l'équivalent de
crinwas, avare (homme raccorni, desséché); sinachu a le sens de couper
en petits morceaux. Si sinach vient du sin- en question, ce qu'indiquerait le
sens de limite, le sens a dû être étirer puis découper en morceaux minces,
en minces lanières. Dans le passage des Lois sinach est la limite la plus
étroite : la limite entre deux cantrejs est de g pieds ; entre trefs, de 5 pieds ;
entre deux randîr (petite tenure), de 3 pieds, entre 2 acres, de 2 tranchées,
fossés de sillons : c'est une limite allongée et étroite ; au sens métaphorique
sinach indique un homme très serré, comme on dit en français pour un
avare.
1. Ascoli, Gloss. palaeol., p. 128, donne le génitif cache oxile ; le datif et
ace. oxil, d'après les passages irlandais du Stowe Missal.
2. Dinneen : ascall, armpit, et aussi : corner, especially of a fielJ.
3. Habituellement en vieil irl. x représente chs. Sur la dé-aspiration, cf.
Pedersen, Gr. I, 420.
4. Zimmer a recouru à un emprunt au v. nord, ôxl, ce qui, à divers
points de vue, est invraisemblable {Zeitschrift f. à. AU. 32 : Anzeiger.
p. 465).
396 /. Loib. *
mise en doute ; les notes du commentaire remontent à une
source ancienne et même il semble bien qu'il ait existé à
Armagh un commentaire du Martyrologe (JFèl. Oeng. 2 Pré-
face xlviii) '.
Vo initial du vieil tri. ochsal a persisté jusqu'à l'époque
moderne dans oscul, parallèlement avec a de axai, ascall ;a pour
o est dû plutôt à l'influence du latin axil/a, ascella qu'à une
évolution en moyen-irl., d'ailleurs possible. Ce qui est sûr
c'est que ochsal n'a pu être emprunté aux Brittons. La forme
commune aux Gallois, Cornishmen et Bretons remonte à
ascilla, ascella, qui de plus a chez eux le sens commun d'aile.
En brittonique,on ne peut supposer de métathèse de axilla
en ascilla : c'est la tendance contraire qui est constatée. Axilla
eût donné régulièrement en gallois, aisell, aesell ; en breton
peut-être plutôt aosell. A l'irl. lax, puis lasec, le gallois répond
par -lais (amlais gl. demissa) et llaes ; breton laosc, dû au
verbe *laxicare 2 , français lâcher (le français s'explique par*las-
care), mais il n'y a pas là de métathèse : x est devenu ss, s devant
la consonne r, comme devant / dans le groupe -xt. Ascilla,
ascella n'a pu venir aux Brittons par la Gaule, car le français
aisselle remonte à axella pour axilla, par modification de suf-
fixe ; mais ascilla a pu être apporté dans l'île d'un autre point
du territoire roman, par exemple de l'Italie.
Le sens d'aile du brittonique ascella est un obstacle de plus.
Il ne peut s'expliquer par un rapprochement avec âla, ce qui
supposerait une dérivation étymologique surprenante chez les
Brittons : àla — acsla. C'est plutôt à axis qu'ils auraient pensé
d'autant plus qu'ils possédaient un mot à peu près identique à
axilis qui a donné le français essieu, v. franc, essieus (essieu, sg.
i. Oche, aisselle, creux de Vaisselle, peut être rapproché de -ochol (dor-)
gl. foramen (si le mot doit être coupé ainsi) : Sg. Thés. pal. Il, 107 ;
30-3. Stokes, Urk. Spr., p. 48, rapproche ocha (sans autre indication) du
latin oculus, en supposant oqu-lo-, v. si. olco. Il y rapporte aussi ugail, yeux,
qui est sans doute un emprunt de l'époque chrétienne à oculus, comme le
dit Pedersen (Vergl. Gr. I, 362).
2, Pedersen, Vergl. Gr. I, 218, avance que l'hypothèse de *laxicare
n'explique aucunement le breton leusMl, laisser, lâcher, à côté de laosc. Or
c'est exactement le pendant de : ao, dans teurel, jeter, lancer, pour teulell,
à côté de laol, taolarin, je lance, je jette.
Notes étymologiques et îexicographiques. 397
est refait sur le pluriel) : breton ahcl, gall. echel, essieu ' .
Loin Je trouver un point d'appui dans la lexicographie brit-
tonique, la métathèse iïaxilla et son évolution de sens
n'eussent rencontré que des obstacles.
Certains sens particuliers d'ascell en gallois méritent aussi
considération. Askell-wrych, dans un texte du moyen-gallois
indique des embruns, l'écume de la vague jaillissant et
allant atteindre un spectateur debout sur le bord d'un étang 2 .
Esgyll ivawrQhc ivingsof the dawu, dit S. Evans) indique évi-
demment les premiers rayons jaillissant du soleil quand il appa-
raît au-dessus de l'horizon.
Certains sens du gallois moderne tasgell paraissent voisins
de ce sens d'asgell : tasgell clo est traduit par O. Pughe par :
the s pria g qf a lack 5 .
Tasgell a d'autres sens en apparence opposés à celui-là, et,
au premier abord irréductibles : celui de poignée de blé, faisceau
(Thomas Richards et O. Pughe). Or, en irlandais moderne,
le dérivé d'oscul, oscal, aisselle, signifie non-seulement : qui a
rapport à l'aisselle, mais encore, faisceau, paquet porté sous le
bras ; oscalân indique tout ce quon peut porter sous le bras.
L'éc. achlais a aussi le sens de : aisselle et de faisceau,
petit paquet. Par voie d'analogie on peut logiquement con-
clure que tasgell n'est autre que asgell avec le suffixe to-. L'ad-
dition d'un préfixe indigène to- à un mot emprunté, assez
invraisemblable, ne peut être soutenue, en présence de l'exis-
tence du gallois moderne tasgu ; l'anglais task s'est mêlé au
mot indigène et on lui doit les sens de tasgu en gallois, un
seul excepté qui est clairement indigène : celui de jaillir,
s'élancer (Thomas Richards, IFelsb Dict.). O. Pughe cite comme
propre au sud-Galles cette expression.
tan yn tasgu bedolau march
1. Axïlis eût du donner en gallois ecbyî. Il a pu y avoir postérieurement
changement de genre, echel étant f. et ahel, msc. Il est possible aussi qu'il
faille partir d'axilâ à l'origine : axilâ eût donné en gallois achel : echel
devrait son e initial au pluriel : cf. eiiu, nom. v. gall. ami. mais enuein.
2. Brut Gr. ab Arthur, M.Arch. 534. 1.
3. T- pour to- apparaît dans plusieurs composés nominaux et verbaux
Revue Celtique, XLl. 26
398 7. Loi h.
« feu (étincelles) jaillissant des sabots d'un cheval ».
Ochsal à côté de oche ne peut guère être expliqué que par
l'influence à'axilla. Ascell a sûrement, s'il y a eu emprunt,
été clairement associé à des mots indigènes. On y dénote un
double sens qui parait indiquer une double origine : i° celui
de coupure, entaille ; 2° celui de jaillir, s'élancer. Oche, ochsal,
creux de l'aisselle, ont le premier sens ; on le trouve aussi
dans le sens fort rare en gallois d'asgcll dans : as gel l buwch,
vagina vaccaria ; asgell bivch vagina porcina (S. Evans, Welsb
Dict.), Le second sens est représenté par ascell, aile ; askell-
■wrych; esgyll ivawr, tasgu. Ce second sens peut s'accommoder
d'une racine ag- {ci go) à laquelle on rapporte àla,axilla ; mais
le premier sens ainsi que l'irlandais oche ne sauraient s'en
accommoder : il fout supposer ar.oc-.
C'est cette racine qui paraît non seulement dans le gallois
osg, breton ask, entaille, mais encore dans gall. asgre, bret.
askre, sein. Ce qui est encore plus décisif, c'est que le gaélique
d'Ecosse asgaill asgnaill, a également le sens d'aisselle et de
sein.
317. Irlandais mian; gallois dy-vuno, dymuno, go-vuno.
La quantité de Yi dans le vieil-irl . et moyen-irl. mian a été
mise en doute. Dans les Passions and Homilies front the Lea-
bhar Brecc, i paraît long. Atkinson a constaté la présence de
l'accent aigu sur i dans plusieurs passages ; mian y est masc.
et a pour génitif miana. En irl. moderne mian est f. et le
génitif est méiue ; on trouve même mèin comme nominatif
(Keating, Tri bior-aighean bbâis). Keating, dans ce texte, donne
aussi mianaigbim, je désire; il traduit la 3 e pers. du sg. par
concupiscit, 81,20; il traduit aussi le composé mian-ghus, 168,
22, par eagerness.
Le dict. gaélique d'Armstrong a méin, tendresse.
mian = *iueinâ.
Le gallois -nutno dans go-funo, damuno, dymuno a le même
propres, bret. tesc, épi glané : irl. et éc. seasgdn, glane (to-secs-); haeiu(*sagr-
et taeru.
Notes étymologiques et lexicographiques. 399
sens fondamental. Il a une nuance importante dans dx-
vuno que ne donne aucun dictionnaire, à ma connaissance.
Dafvdd ab Gwilym, éd. de Liverpool, p. 266 : le poète qui
est dans le sud du Pays de Galles, envoie au Mcrionethshire
comme messagère à la femme qu'il aime :
Dit ai yivr sereb 1 a m dyvun
o'r Jean at v fan fini
« sans faute est l'amour qui m'attire du sud vers la femme 2
qui est mienne ».
niun = *moin. — Dans daniinio (t-ambi-moin-), il s'est mêlé
un autre thème : en gallois-moyen unaw existe seul avec un
sens voisin : voir do-moi ni ur y. bret guo-monim. On remarquera
que dy-vun a un sens voisin de dy-vyn (dylyn), dyvynnu, citer,
mander. On a ainsi en celtique des formes de la même racine :
moi-, mon-, mein-, moin- mn \
3 18. Gallois mul.
Le gallois possède mit!, mulet, emprunté au latin mulus.
On ne saurait raisonnablement l'identifier avec l'adjectif mul
qui aie sens bien constaté de « modeste,. de manières simples,
timide » (avec sens laudatif).
0. Pughecite ce vers de Huw Cae Llwyd, poète de la fin du
xv e siècle :
;;//(/ yw a doeth mal ci dad
« il est modeste et sage comme son père ».
Difnl se trouve plusieurs fois chez Dafydd ab Gwilym
avec le sens de : « hardi » {difnl ior ; Tyssnl sant difnl) : cf.
Silvan Evans, Welsh Dict. à difnl ; il donne aussi an-fnl.
mais sans exemple 4 .
Si ce mot est vraiment indigène, on pourrait le rapporter à
1. Le texteporte ferch, faute évidente malgré l'allitération.
2. Cette femme est mariée, mais chez Dafvdd l'amour tient lieu de loi.
L'amour plus fort que tout est un sentiment bien celtique.
3. Cf. Pedersen. Vergl.Gr., 47. 360.
4. Pour dijuî, S. Evans donne aussi le sens de « qui n'est pas sot, pas
stupide » mais les exemples anciens n'autorisent pas ce sens.
400 /. I.olb.
un vieux-celt. *moi-lo- (cf. irl. moy. mâeth, mâeth, doux, de
moi-to-', gall. mzvyd, mwydion, de *meilo-\ c{. latin nutïs).
Pour le suffixe, cf. lit. mêlas, chéri.
316. Irlandais, gallois, comique, breton kann, renn, gau-
lois -RANDA, -RENDA.
Dans toutes les langues néo-celtiques ra«« f. (rand),2. le sens de
part, partie. A côté de rann, existe renn. Le breton /y//// est donné
avec le sens de quart; rennal est le contenu de cette mesure,
lui gallois, rhennaid, t., d'après G. Pughe, aurait le sens vague
de mesure; mais le dictionnaire manuscrit de William Lleyn
(deuxième moitié du x\T' siècle), a rhen, rbennad avec le sens
de quart(Brit. Mss. add. mss. 1 505 5). D'après Cillartde Ker., le
haut-vannetaisrazfld, que nedonnentni leDict. d'Ernault ni le
Suppl. de Le Goff, aurait le sens de demi-pairée (r2o livres) :
« cette mesure s'appelle hantérr (moitié) : crênn, ailleurs,
réunit » x . Il parait en résulter que renn, primitivement,
n'avait pas le sens précis de quart, mais bien celui de fraction,
partie. Ce qui achève de le démontrer, c'est la composition de
renn avec le nombre ordinal pevare, quatrième, pour exprimer
quart ; léonard pevarenn pour pevare-renn ; cf. vannetais perenn
à côté de perann 2 . Le vieux gallois guorennieu a évidemment
le sens de fractions, subdivisions, ce que souligne le préfixe
guo- (Oxf. I, </(' mens., Gr. Celt. : , 1060, 2" A ).
Le vieil-irl., à côtéàerann, rand, présente aussi, en second
terme, renn, f. avec un sens analogue : Gloses de Milan : 9 2
11 tôis-renn. gl. consparsio (littéral., massae partitio~) ; 4 ond
ôen toisrinn, ex eadam massa (pâte); 94 b 21 ais innatuaisrenn ,
gl.nullos tepefacit sol (les gens de la région septentrionale);
94 b 26 tuaisreundai, septentrionales (Ascoli, Gloss. pal.,
CLXXXV).
1. Au lieu de rann qui dans le cartulaire de Redon est traduit par villa
on trouve une fois dans une charte du ix e siècle : Reu Henlis .
2. Perannne peut être pour pevare -rann ; on eût eu, en haut-vannetais,
en supposant l'existence de *peware = ped-ware, puarann, piarann, pearann ;
en bas- vannetais poarann. De même avec -renn. Perann (e ouvert) me parait
identique au gallois ptdry-rann : pedr-rann est devenu pedr-raiiu, peraini
(*pi'!ru-rainlà).
Noies étymologiques et lexicographiques 401
Rémi (rend) = v.-celt. rendà. Il semble que le gaulois ait
eu aussi les deux formes -randa, -rendu. Le sens de limite, fron-
tière pour Icoranda, Tgoranda, est bien démontré '. Or, récem-
ment, F. Lot (Nouveaux exemples d'Igoranda, Romania t. 45)
a signalé L'Egrenne, ruisseau qui à Yvrandes, Orne, sépare-
les deux départements de l'Orne et de la Manche. A. Thomas
(Annales du Midi Y, (1893), pp. 232-237) nous apprend
que dans le Midi la ronde est une lisière, clôture.
Ran 11 est généralement ramené à un indo-eur. *pfsnâ
rapproché du latin pars, portio. L'existence de rendà, qui pré-
sente e indo-européen, ne parait pas en faveur de cette éty-
mologie. Le sens de limite, borne, pour le gaulois -randa,
-rendu, accroît le doute.
Au thème rend- paraît se rapporter dans les Ane. Laïcs, IV,
340, 1 5 , rinde : coins rinde'-, réglementation des parts ou bornes
(as if rainde, dit Atkinson). Rind est la fin d'une ligne métrique
(Fél. Oeng. ci. Côir Anmann, 1 1 r , p. 1 30). A ce thème appartient
aussi rinde, écorce : *rend{â. Rinde indique aussi un panier rond
fait d'écorce (Stokes, Urk.Spr.; Lives ofthe saints from thcBook
of Linure, 2402, 2408 etc.). O'Currv (On the manners 111,
117) lui donne le sens de seau en bois rond. Dans un sens
voisin d'écorce, rind est expliqué par crann (bois, hampe de
lance (Cor mac Tr. p. 145). Il s'agit de la hampe en bois
dans laquelle s'enfonce et se fixe par des rivets l'extrémité du
métal.
1. Julien Havet, Icoranda ou Igoranda, frontière, Revue Arc!:., II, pp.
170-175. — Longnon, Ibid. 1892, pp. 281-287, propose comme prototype
Eiui-randa . A Thomas préférerait *Iquarandà, moins satisfaisant au point
de vue celtique. En somme les romanistes ne sont pas arrivés encore a
déterminer le prototype gaulois pour Ico-, Igo-,
2. corus rinde apparaît dans un morceau (Crith Gablach) qui parait être
une énumération mnémotechnique d'articles de loi, sans lien entre eux.
Cependant les trois lignes comprenant corus rinde paraissent unies par le
sens :
mrogad coicrîch
cor cihiliie
corus rinde
« l'accroissement des limites : la pose des pieux ; la réglementation des
parts (ou limites des parts). Atkinson, Gloss., hésite à propos de aïalne, ne
s'étant pas rendu compte que cùaille lui est identique.
.|()2 /. J.olh.
A rruu, rann, rind, rinde, avec ses différents sens de frontière,
limite, êcorce, bois arrondi répondent en germanique des termes
de forme analogue aveedés sens parallèles: rand (raui)z=i*rondâ,
bord; rinde, écorce ; anglo-saxon rima, remua, anglais rim ;
v. norrois rime, a raised strip of land (Murray, Nat. Dict. :
sans doute, nue levée de terre formant limite). Le vieil-
anglais, d'après Murray, a aussi le sens de portion, périphérie
d'une roue, cercle d'un crible. Klugc, Etym. Wôrterb. à rind,
cite (avec allant') : hess. runde « Rinde einer Wunde » ; basler.
ni mlc ' Kàsr'nide '.
Rinde suppose rend- comme rind = * rendu-, comme rend,
gaulois rendu. Rann remonterait à rïidâ.
Ces différents sens s'expliqueraient assez en supposant une
racine rem (var. germ. ram) avec le sens de cesser, interruption
(cf. Falk-Torp, à rand).
Rann a le sens de part ; rannaim, en irlandais, a le sens de :
je partage, je divise. De même en gallois rhannu, breton
ranna. Au sens métaphorique, en comique comme en breton,
on emploie ce verbe dans l'expression correspondant au fran-
çais : fendre le cœur, le briser :ma owholon ow ranne ' « mon cœur
se tend » (O. M. 2185). L'expression est courante en breton.
Ce sens rappelle celui de l'irlandais rindad, rinnad, couper
O'Donov., SuppL). Ascoli, à propos de ce mot, cite : for an
airrinde, que Stokes (Togail Troi) traduit avec hésitation
par : large rent, gash, lacération. Ce sens est assuré par un
passage des Ane. Laws 117. 306. 7 : rindad raniut, tracé
(creuser, couper) des routes (de larges routes).
Sous air-rand, front part of a house, Kuno Meyer, Contr.
donne urrand qu'il traduit avec hésitation par pointe de lance.
Windisch, dans son édition de Tâin B. C, incline à tra-
duire par : coup de pointe (Index et p. 297, 444). D'après le
contexte il s'agit vraisemblablement de la pointe d'une lance. On
peut supposer qu'il s'agit d'un composé dont le second terme
est atone et que -rand représente rind ; cf. torand, image,
1. Le comique ranne paraît aussi avoir le sens de tourner en dérision dans
un passage de Pascon que Williams traduit par to ve.x. Ce sens rappelle celui
de l'irl. rindaim, I satirize (Ane. Laws, V, 204).
Noies étymologiques et lexicographiques. 403
ligure (ci. Pedersen, Vergl. Gr. 11, 607, krind, graver, cou-
per). Or torand est resté neutre, comme rind, comme errand
(ex-ro-rind-), tandis que ur.rand est féminin comme
rand.
Ce sens de tailler, couper, même piquer, peut s'accorder
avec celui de diviser, partager.
En revanche, il paraît difficile de le concilier avec celui de
bout, extrémité, écorce, cercle.
320. Irl. rùaim; breton rumm.
Dans le Dict. de Dinneen, on trouve confondus sous rùaim
deux mots d'origine différente : rùaim, action de rougir, flot
de sang montant à la figure (par colère), et un autre rùaim,
qu'il traduit par : impulsive dash. Le gaélique d'Ecosse établit
nettement la différence de sens et d'origine : rùaim, a flush
ot anger on the face; riiaimneach, strong, active. Rùaim(ni) se
retrouve dans AcalJ na Se nôrach 1 9 1 o : v. Gloss. Ind. p. 422 à
ruant ? ruamann ? dat. ïna ruamannaib roretba, in his aéra of head-
long speed (dans les élans de sa course impétueuse). Pour le
sens de roritb, cf. In Cath Cath. 5 54-|- L'adjectif dérivé rua-
m and 'a paraît dans les Ane. L. in, 362, 3; Atkinson Gl.
p. 626 suppose, contre toute vraisemblance, ruminant mais
cite M R. 298, 18 ruamanta, qu'il traduit par jurions : da
tharbh ruamanta, deux taureaux furieux.
Rùaim dérive de la même racine que rùathar, gall. rhuthr :
= *rou-smen (cf. Walde, Etym. W. à rud).
Le breton rumm, mm a été rapproché, à tort, du v. gall.
ruimmin, vincula. Ce ne serait possible que' si on admettait
avec Pedersen qu'il v a eu. à côté de reig-, roig-. Le sens,
en outre, ne s'y prête pas. Le sens commun est troupe, bande,
(de vaches, de moutons) ; d'où le sens dérivé comme :
génération, race, famille (gens de la même bande).
Dans quelques textes en moyen-breton, rum a un sens par-
ticulier : Miroiter de la mort, vers 757 :
Encusul c^groa rum tremeu natur humen
Ernault traduit : « en conseil il dépasse de beaucoup la
nature humaine ». Rum paraît signifier une chose extraordi-
1<).| /. Loth.
naire, ce qui est confirmé par ce passage des Poèmes bretons,
str. 64 :
£"^ rfez-q /m .w/r quemen(f)curun
a re rum entre mil cumun
La traduction deladeM. Villemarquéest inacceptable : «alors
vint un tel tonnerre qu'il dévasta mille cantons ». Ernault qui
avait d'abord reproduit cette traduction dans son Dict. Etym. la
corrige ainsi (Mi rouer delà mort, p. 81, note 8) « il vint, chose
sûre, tous les tonnerres qui faisaient bande (étaient groupés)
entre mille communes ». Cumun ne me paraît pas avoir le sens
de commune : cumun signifie : commun, les gens du commun
opposés aux nobles (Jbid. vers 268) ' . En comparant ce passage
au précédent, a re rum paraît avoir le sens de : qui faisaient
un fracas extraordinaire, se distinguaient entre mille (ton-
nerres) ordinaires 2 . Il me paraît probable que rumm a la
même origine que l'irlandais rûaim (indo-eur. rcu-smif).
321. Irl. ruais, gallois rhus.
Dinneen traduit ruais, gén. niaise par : fickledness, incous-
tancy; ruaiseach par fickle, waving. Il existe aussi un con-
cret ruais : a giddy person, a clown. Ce dernier sens existe
aussi en gaélique d'Ecosse : il est évidemment dérivé de l'autre.
C'est sans doute aussi le sens réel du gallois rhus. O. Pughe
le traduit par istart, recoil, mais donne à rhnsiad le sens aussi
de : hésitation. Chez les poètes du moyen âge ce sens est
assuré :
Llewis Glyn Cothi (éd. de Gwallter Mechain) p. 14. 9 :
le poète pleure son bienfaiteur Maredudd ab Morgan et fait
allusion à son deuil :
\m v rhoe'd er mwyhau rhus
Ddivy aîarwisc ddolurus
1. Cumun est usité dans le sens de : chose commune, parfois de -.terre en
commun.
2. Dans Buhei Mabden, Ernault traduit dyspar a rum par énormément
(Mirouer, p. 82, suite de la note 8, page 81.)
Notes étymologiques ei lexicograpbiques. 405
« à moi furent donnés, pour accroître mon trouble, deux
vêtements de deuil douloureux ». Gwallter Mechain traduit
par : to increasemy agitation.
Le même poète (p. 500, 25) en parlant de Henry Vil nous
dit qu'il fut couronné une seconde fois à la fête de tous les
saints, pour conjurer l'inconstante du sort : rhag rhits y blaned
(de peur de l'inconstance de la Planète).
Parlant de son émoi à la mort de Thomas ap Rhydderch,
il s'écrie (p. 288, 41) : Mair a Iesu ! Ihuyry'm rhusiwyd « Pat-
Marie et fésus, je fus complètement troublé ».
Sens analogue dans le dérivé rhussyant du Livre Rouge
F. a. B. ir, 294, 3) : Mochdaw rwng Saess'on russyant « bien-
tôt viendra parmi les Saxons de l'hésitation (la disposition
à la crainte, un recul) ».
Le sens précis est assuré par de nombreux exemples de di-
ras qui est le contraire de rhus et signifie : assure, qui n'hésite
pas, sans incertitude. En parlant d'un cadeau qu'il reçoit d'un
deses chefs, Llewis Glyn Cothi le qualifie de di-rus (189, 3).
Ce sens est attesté chez les poètes du moyen âge, dès le xiii c
siècle, '(cf. S. Evans, Welsh Dict.). Ruais = *rouss- '.
322. Vannetais skignân, chignan.
Ce mot s'applique particulièrement à la grenouille des
champs.
signàn est usité pour skignân, régulièrement dans une par-
tie du vannetais et bas- vannetais. C'est un singulier ; le plu-
riel est en -et.
siniân se dit aussi en bas-vannetais pour un individu ché-
tif, très maigre, qui n'a que la peau et les os. Son origine
n'est donc pas douteuse.
C'est un dérivé de *sken-, *skenn-, peau, doublet de kenn-,
ken-, bien connu dans toutes les langues celtiques : skignân =
skeniâno-ou *skenniano- (le pluriel est en -et : pour -au 2 voir
1 . Ruais n'apparaît, je crois, dans aucun texte ancien, ce qui ferait
soupçonner un emprunt. Cependant on peut pensera la racine i. e. *reu- :
ipeuvav (cf. Walde, à ruspor).
2. -an répond également au suffixe du pluriel -on (haut-vannetais -du).
4oé J. Loth.
rteyàn : cf. irl. moderne tceanach, membrane, écailles de pois-
son (ci. v. non*, skinn, norv. skind, ap. Falk-Torp, Norw.-dân.
Et. IV.).
323. Bas-vannetais sleyân (Jtôyâri).
Ce mot que je n'ai pas trouvé ailleurs, est employé cou-
ramment à Persquen, canton de Guémené-sur-Scorff (Mor-
bihan) et désigne la grenouille d'eau : pour la grenouille des
champs, le terme usuel est glôhr (forme vannetaise écrite :•
gloesker, gluesker).
D'après la phonétique du bas-vannetais, à Persquen itôyân
ne peut remonter quà*s1clian,*stellian : -an peut représenter
-an ou -on. (Cf. lân, plein ; Kerouallan plus anciennement Ker-
guallôn ;v. bret. wallon ; v. gall. wallawn).
Seul, le gallois ystelio, lézard, rappellerait ce mot dans une
certaine mesure phonétiquement ; mais sa forme est suspecte
et fait penser à une forme savante du latin stellio qu'on rap-
proche de Stella.
324. Gallois tywyn ; comique moderne towan ; breton
TEVENN, TEWENN ?
Le breton levenn, tewerin, vannetais tewenn,a le sens géné-
ral de falaise, dune. Le gallois tywyn est traduit par : rivage,
grève, rive sablonneuse.
Le sens de grève me paraît un sens évolué. Le sens pri-
mitif, le seul connu en vannetais, paraît bien être : falaise,
dune.
Tywyn, tewen pourraient être dérivés de la racine teu- (cf.
latin tumulus, tumor) et remonter à teuino-, touino- (cf. litua-
nien tvànas, flot, avec suffixe -en-). La forme galloise dans les
noms de lieux, Towyn, remonte à tôwyn (L. Noir, F.a.B. 11,
39, 10: tywyn). Il en est de même de Towan dans les noms de
lieux comiques.
Le breton tevenn, en dehors du vannetais, présente des sens
mais seulement dans Test du canton de Guémené ; ailleurs, c'est -en
(-on).
Notes étymologiques et lexicogmphiques. 407
variés. Grégoire de Rostrenen lui donne celui de : lieu expo-
sé au soleil près de la mer, sous un quart de lieu de la mer.
D'après Le Pelletier têven têwen, est un abri, lieu exposé au
soleil et à couvert du vent ; abri qui se trouve sur ou sous les
côtes de la mer, tourné vers le soleil, pâturage près de la mer
où le bétail va prendre le frais ; tewenni, abriter ' ; cf. chez
Grégoire, tevenna, allerau soleil près de la mer. Ces sens sont
vraisemblablement hvstérogènes, lesfalaises étant, par un beau
temps, particulièrement exposées au soleil et offrant souvent
sur leurs flancs des pâturages et à leurs pieds, des abris.
Cependant il n'est pas impossible qu'il y ait eu influence
d'un autre mot par étymologie populaire. 11 a dû exister, en
breton, un mot analogue au gallois tywyn, rayon, éclat ;
tywynnu ezdxzi'xnnu, briller, éclairer Ç*to-uindo-~) O. Pughecon-
fond même sous tywyn, rivage et rayon 2 .
♦
}2). Irlandais tûaim ; gallois tumox ; breton dastum.
Tûaim, gén. tûama a les sens variés de : fort, endroit forti-
fié, village, endroit habité, palissade, fossé, d'après Dinneen.
Il en est de même chez O'Clery : tûaim i. baile i. fearann i.
taobh i. cloidhe (Wind. Wort.). Le sens primitif est clairement
monticule, colline. Les sens dérivés s'expliquent. Un monti-
cule était déjà une défense naturelle; habité ou occupé, on le
fortifiait par une palissade, haie, fossé avec remblai. Cloidhe,
claidhe a le sens propre de fosse, fossé, mais comprend aussi
le remblai, comme c!eu~ en breton qui désigne aujourd'hui
principalement le talus; Dinneen donne même à tûaim le sens
dcstone fcnce, sens, dit-il. fréquent. Les villages, lieux habités
avant été fréquemment fortifiés, tûaim a pris ce sens. Il en a
été de même en Armorique pour caer. Fort rare dans le car-
tulaire de Redon au ix e -x e siècle, époque où il n'avait que le
sens de fort, ville forte, c'est aujourd'hui le terme le plus ré-
pandu dans le sens de village.
, 1 . Si l'on ramenait à te'u- le sens d'abriter (v. irl, cum-tuth, protéger),
révolution de sens, en breton, serait d'une explication plus facile (sur cette
question, cf. Walde, Lat. Etym. W . à tueor).
2. J. Loth, Mélanges d'Arbois, p. 21 5-6: Remarques et add. à l'Intr. to
early Welsh de Strachan.
4 o8 . /. Lotb.
Dans le Glossaire cTO'Davoren, 1531, il a le sens de circuit
: tûaim.i. timehuairi a thire : tilaim, c'est-à-dire circuit de sa
terre. Whitley Stokes a cru à une erreur du glossateur. Il me
parait probable qu'il s'agit ici de l'enceinte de la propriété
délimitée ou défendue par une palissade ou fossé avec rem-
blai. Pour la forme circulaire de la propriété d. J. Loth :
Fanum et simulacrum ; Nemeton (Revue archéol. 1924).
Tûaim paraît aussi avec le sens vague de place (c(.
taobh). Rennes Dindsh., Rev. Celt. 1895, p. 158, n° 145, il
est question de courants marins qui se poussent et se rem-
placent :
co air cach dib im thnaim araile
« chacun d'eux (se) pousse autour de la place de l'autre ».
Il est possible cependant que tûaim ici ait encore le sens de
circuit. On trouve^ il est vrai, au lieu de tûaim, la variant inad,
endroit.
Le sens de monticule, coltine est assuré : Hogan, Onomasii-
con, p. 648: tûaim gén. tiiama: i. e. munimentum, collis,
Tigernach an 719. Tûaim n'est pas rare en toponomastique.
Tûaim Inbir (Poème dums.de S. Paul(77;«. pal., 11, 294): in
dorso Tonnne(jb., p. 280 : Adamnan s vita Col .) ; Tûaim Mona;
(Tain B. C. 306, p. 38); Tûaim dâ Gualann (auj. Tuam en
Galway) ; Tûaim n-aba ; Tûaim Néill (Lives ot saints from
the BookofLism. 251, 210, 334).
Tûaim a aussi le sens de tertre funéraire, tumulus. Ragan
est tué à un endroit portant le nom de Aill meic Asuaill
(Pierre du fils d'Asuall) : unde tûaim Ragain dteitur (Rennes
Dindsh., Rev. Celt. 1895, P- T ^3> n ° M 9)- ^ est c l ;ur c l ue
c'est son tertre funéraire qui est ainsi désigné. L'usage constaté
par de nombreux exemples était de creuser une fosse, de la
recouvrir d'un tumulus, et d'y ajouter une pierre debout.
Le datif ancien de tûaim était tûaimimm ; il paraît dans une
variante provenant du L. U. dans le Tain B. C. 1. 2124, p. 286,
287 : au lieu de : i tûaim a scéith, il y a : / tûaimimm a sciath,
près de son bouclier, à l'abri de son bouclier (Mac Dâ Loth
reste ainsi pour pouvoir tuer Cûchulinn). Il est possible que
tûaim ici ait désigné la saillie, Ynmbo du bouclier. Tûaim —
Notes étymologiques et hxicographiqiies. 409
*touinuien, n. *toiimben (cf. ïû[i.£oç, ide. ium-guo-) ; cf. irl. tom,
gallois toi/un, tommen. Tuaim n. est aujourd'hui féminin,
changement qui n'est pas rare.
Le même thème explique le gallois / union, qui paraît désigner
les hanches, la croupe. Ane. Laws II, 825, iv, en parlant
des parties du cerf : dm lumbi et tummyon ; ibid. 800, [V :
tummyon. Il y a la variante tumon (T. Lewis, Gloss.). La ter-
minaison -yon, -on parait indiquer un pluriel. Annhumon,
invertébré, cité par T. Lewis est une invention évidente d'O.
Pughe. Une évolution de sens semblable de la racine têu-, teifl-
parait en germanique : fxo en vieux norr. désigne la partie la
plus épaisse de la cuisse; le norvégien tjo désigne la courbe
arrière de la faux ; cf. anglais thigh. Dans le même ordre d'idées,
le parallèle le plus clair est l'irl. ton, podex, gallois lin =
*tûbio- (ci. Walde, Lat. Et. W. à tumeo ; Falk-Torp, Nonv.-
dân. Et. W.. à toinmel). Pour titmco ci. gall. twf, tyfu.
Le breton dastum amasser, ramasser, peut se décomposer
en dat-tmn, à la rigueur (cf. astal, astotnmd). Cependant, en
général, en vannetais, en pareil ca"s le résultat est / : a t tant
(atoi), deuxième essaim; attuemein, réchauffer; atto, œuflaissé
dans le nid pour attirer la poule. Il est plus sur de recourir à
stum, plutôt qu'à tuni qui n'existe pas à l'état indépendant.
Si uni a le sens propre de courbe, gallois ystum, courbe, flexion :
métaphoriquement le gallois ystumiau a le sens de : manière
peu naturelle, peu franche, grimaces. Il y a plusieurs Stum,
Stunio (Slnnioii sur un ruisseau, dans une charte du ix L ' s. du
Cart. de Redon.) Je connais le moulin du Stum ou Ploërdut,
Morbihan ; il est sur un coude de la rivière, dominé parune col-
line. Au sens métaphorique, en bas-vannetais stumet signifie^:
porté à, avant une inclination, un goût prononcé et obstiné
pour.
Il est possible que stmn soit pour est uni = *ex-touinbo-. Das-
tum = *lo-ale-stoumbo-.
Un rapprochement de tuaim avec Tumiac, le tumulus le
plus élevé de Bretagne, en Arzon, Morbihan, s'impose. Ce
tumulus de la fin de l'époque néolithique, qui était resté
inviolé, a livré un grand nombre d'objets de l'époque de la
pierre polie. Le suffixe indique l'époque gallo-romaine, mais
410 J. I.clh.
il est évident que le mot date de l'époque de L'établissement
des Celtes dans cette région, Tuniiac — *lounibiaeo. Le Crue
Ardon d'une charte du Cart. de Redon du ix e s. (tertre d'Ar-
zon), s'applique non à Tumîac mais évidemment au tumulus
dit de Petit-Mont dans la même commune, qui se dresse sur un
promontoire élevé, dominant la mer.
326. Gallois tarf, tarfu ; irlandais terbaim.
J'ai établi par des exemples dont quelques-uns remontent
au xii e siècle que tarfu (L. Noir : tariw, avec i de résonance
et iv =v) a le sens de : mettre eu fuite en effrayant, disperser ;
ar darf, en déroute, en fuite épouvantée. Williams, Lex.
cornu- brit., à tarofan donne un prétendu gallois tarfutan, scare-
crow, qui serait composé de tarf, peur et de hutan (hud,
delusion). C'est tout simplement une mauvaise lecture du
mot du Voc.Corn. : taruutuau, phantasma '. Thomas Richards,
qui le donne aussi dans son dictionnaire, le tire du Liber
Landavensis. Le manuscrit Cotton Vespas. A. 14, contient en
effet une version qui a servi de base à la première édition du
Liber Landavensis, ainsi que le Voe. corn. Aussi ce dernier
a-t-il été longtemps considéré comme gallois et divers lexico-
graphes gallois, comme Davies, ont été y prendre des mots
pour leurs dictionnaires.
L'irl. terbaim, je sépare, a-t-il la même origine que le gal-
lois tarf, comme je l'ai suggéré ? Un passage du Gloss. d'O'
Davoren n° 15 17 autoriserait à rapprocher les deux mots ;
terbadh À. indarba no delugud, expulsion ou séparation. Mais
le contexte, assez obscur, ne paraît pas justifier absolument
l'interprétation par indarba.
En tout cas, il est évident par la forme et le sens que *tarb-
remonte à la même racine indo-européenne que tap^oç,
xap^eo) ; cf. latin torvus (Walde, Lat.-Et. W.) : tarb = indo-
eur. *larg'J.
327. Gallois ysgrud; norvégien skrubb, skrugg.
Silvan Evans {Lien. Gymr.') donne comme équivalent à
1. Taruutuau a donné en moyen-comique par l'assibilation de -/- :
tarosjan et tarofan.
Notes étymologiques et lexicographiques. 411
ysgrud : ysgerbwl, cadavre, squelette. Thomas Richards {Welsb.-
Engl. Dict. 181 5) le traduit par skeleton, car case. Ce sens est
assuré en gallois moyen, quoique les exemples n'en soient pas
nombreux.
En voici un (Myv. Arch. 234,1). Le poète Einiawn
(xiu e siècle) fait l'éloge funèbre du roi Llywelyn ab Ior-
werth :
tervynwyd v amser
ysgrud vuddreîc felcic fer
« il est fini son temps, ce n'est plus qu'un squelette muet,
le dragon, le chef vigoureux ».
Ysgrud parait opposé àvyd valchder, orgueil du monde, dans
un vers d'un poème du xn e siècle, et doit aussi avoir ce sens '.
Le sens d'ysgrud est des plus nets dans ce vers de Sion Cent.
(fin du xv e siècle), cité par Thomas Richards :
ni voir un peu cennin
Er ci ysgrud o'i ysgrin
« on ne donnerait pas (donnera pas) une seule tête d'oi-
gnon pour son squelette hors de sa bière »■
C'est dans les langues germaniques que se trouvent, à mon
avis, les mots le plus clairement apparentés à ysgrud. Le nor-
végien skrubb a le sens de vieillard décharné, et de loup à cause
de la maigreur proverbiale de cet animal. A la même racine
appartiennent le vieux-norr. skroggr, surnom du renard (ger-
manique *skrowzua-) et le vieil isl. skroggr, corps décharné,
spectre. L'anglais scrag, corps décharné, maigre comme un
hareng, est emprunté au Scandinave. (Falk-Torp, Norw.-dân.
Et. IV., à skrubb).
Le gallois ysgrud =*skrou-to- ou skrou-tu-. Thomas Richards
donne la forme ysgnud dans sa citation du vers de Sion Cent.
1. Myv. Arch. 169. 2 :
ysgrud glud glezvyd valchder
Le sens de glud etglewydne me paraît pas clair. Le texte porte ysgrydqxi on
trouve au vers suivant ; l'assonance demande ysgryd. Yscrut paraît avec un
sens douteux dans un vers du L. de Taliesin (F. a. B. 12, 115, 22).
412 J. Lot h.
Silvan Evans la - donne aussi à côté'd' ysgrud. Si elle est sincère,
ce qui est douteux, il faudrait à coté de skrou-to, supposer
skrûto-.
Silvan Evans donne comme équivalent à ysgrud non seulement
ysgerbwl, mais encore ystram quia le sens de l'anglais frame :
ystram v drzus the door-frame ; ystram y ffeneslr the window-
frame (O. Pughe). Dans ce sens on pourrait songer à un
rapprochement avec le latin scrautum, scrotum, scruta, défroque ;
ags. skrucl, vêtement (Walde, Lai. Et. W.h scrautum). Falk-
Torp à strolle, citent l'isl. skrudda, vieux parchemin, skrydda
peau ratatinée, et renvoient à skrubb, c'est-à-dire à la racine
skru.
Ces thèmes skratt-, skru- (ou sqrau; sqru-} remontent-ils
à une racine unique ? il me paraît hasardeux de l'affirmer.
{A suivie.) J. Loth.
THE OLDEST TEXT
OF
DAVYDD BENVRAS AND OTHERS
IN CONTINUATION OF
THE POETRYOF THE RED BOOK OF HERGEST.
Part III.
CANUON DAVYDD BENVRAS
Awdl i Lewelyn vab Jorwerth
Gwr a wnaeth llewych or gorllewin i
Haul a lloer addoer haddef iessin
Am gwnel radd uchel rwyf cyfychwin
Cyflawn awen awydd Fyrddin 4
I ganu moliant mal Aneirin gynt
Dydd y cant Ododin
I foli gwyndawd gwyndyd werin
Gwynedd bendefig ffynnedig ffin 8
Gwanas deyrnas deg cywrennin
Gwreidd teyrneidd taer ym mrwydrin
Gwrawl ei ffllamdo am fro Freiddin
Er pan oreu Duw dyn gyssefin 12
Ni wnaeth ei gystal traws arial trin
Gorug Lywelyn orllin teyrnedd
Ar y brenhinedd braw a gorddin
Pam fu'n ymbrofi a brenhin Lloegyr i(>
yn Hygru swydd Erbin
Oedd breisc weisc ei fyddin
Oedd brwysc rwysc rhac y godorin
Oedd balch gwalch golchiad ei lain 20
Oedd beilch gweilch gweled ei werin
Oedd clywed cleddyfau fin fin
Oedd clybod clwyf ym mhob elin
Revue Celtique, XLI. 27
.|i.i Davydd Benvras.
24
< >edd briw rhiw yn nhrabludd o drin 28
( )edd braw saw Saeson clawdd y Cnwccin
< >edd bwlch llafn yn llaw gynnefin
Oedd gwaedlyd pennau gwedy gwaedlin rhwy
yn rhedeg am ddeulin 32
Llywelyn an llyw cyffredin
Llywiawdr berth hyd Borth Ysgewin
Ny ryfu gystal Gwstennin ag ef
i gyfair pob gorllin 36
Mi im byw be bydwn ddewin
Ym marddair mawrddawn gyssefin
Adrawdd ei ddaed aerdrin ni allwn
ni allai Daliessin 40
Cyn adaw y byd gyd gyfrin
Gan hoedl hir ar dir daierin
Cyn dyfynwedd ysgyrnwedd yscrin
yn daer dyfnlas ar lessin 44
Gwr a wnaeth or dwfr y gwin
Gan fodd Duw a diwedd gwirin
Nog a wnaethpwyd treis anwyd trin
Ymhresent ym mhrysur orllin 48
Ni warthaer hael am werthefin nos
A nawdd saint boed cyfrin
Marwnad Llewclyn ap Jorwerih, d. 1240.
Meu voly cryst kely kwlwyd
maur volaut dydraut dydramguyd.
Meith em gunaeth galar ae arwyd arnaff
my ny retennaff adan e afluyd
mor traus w jessu amaestrygwyd
mor treyssur aghen an ren ratlwyd
mor tryst yw en byw y bot glaswyd deruyn
ar grud Llewelyn llew ehagruyd
maur peyr kynnyuyeyr kynnyf hylwyd
maur pen Kemry wen ae kemenruyd
Davydd Benvras. \ 1 3
maur parch go geuarch gogefrud
gurhyt mae espeyt e byt en enpetruyd 1 2
cam e goruc duyw o tebegruyd
ken bey truch nae bey trychanmluyd
kemerrws agheu eghefruyd attau.
a degynt oe lau luossogruyd. 16
Llewelyn hael dyn hwyldaun awyd
llewyaudyr guenuydyc guledyc guladluyd
lladaud duyw arnam ny am dwyn lleydwyt
urwyt llauurvvyt escwyt ar e escwyd 20
llew en aer llyvv taer am e teir swyd
lluuydey a lythrey os helaethruyd
lleydyat uryt en ryt en rodwyd ongyr
och aguyr am gur dywaradw)^d 24
och uaur auiryr o dyruygruyd.
och ueyth ep echueith o obeythruyd.
och degyn a dognef goleuruyd
och am naf am nep drwytruyd 28
och am ner mwner mwnogruyd
och nos o aros er aruyd
och dyd a dodyw oe tramguyd.
och duyw odyna gareydruyd 32
och duyw o dyuot en argluyd *
wedi achadw cad fragad friwgwydd
wedi echwng teg heb attegrwydd
wedi addef teg ar gartrefrw}'dd 36
wedi tynnu Lloegr iw llawn orchwydd
wedi ni wnaeth Duw diddanrwydd ym mvd
ni gaffai llew gryd greidiaw awyd
Gwedi llawer gwr a gorwyid iddaw 40
a ddeuynt attaw wrth ei awydd
Ni ri cedwesti cad wastadrwydd
Ni raid a warawd wyr yn hywy id 43
Rhy.ld fyid a ganwyf im rhwyf aoed rh.vydd
Rhan o deg addef nef yn ebrwydd
Ebrwyddws dews dawn ym plegyd gwr
gorehang ei wrhyd 47
Ebrwyidynt ebrwydiweilch oi gyd
Ebr\v</dlvvalch ceinfalch cymry 1
* I.ines 1-30 au from Peniarth M. S. 29, p. 31, — the rest from
Panton ISIS. 53.
Davydà Benvras.
Braw yw ynn deon diofryd ein llyw 5°
Braw yw yn ein byw ynghynnen byd
wcdi brys haelder mimer menwyd
Mwyniant lin tra lu yn ci fywyd
Mai yw am doddyw yn anhyfryd wyf 54
am fyned fy rhwyf yn rhwym gweryd
Golo hael galar yw y dedfryd
Goludd ci achludd gwayw rhudd yn rhyd
Goleu i dug Duw ein diebryd fry 58
am frenin Cymry cymrwyn ergyd
Gwir yw marw gwr garw am gaer Eluglyd
Goreu oedd ynn ein marw i gyd 61
Gorofn y sydd arnaf hyd nam gweryd dyn
wedi Llywelyn llywiawdr gwyndyd
Gwarafun ni wnaf yn nydd creulyd 64
Gwrawl oedd ei hawl wrth ei hwylfryd
Gwaredid Celi celfyddyd oreu
i wrth ei affleu poeneu penyd
Cenais wawd ufudd-dawd yn ei fywyd 68
Im arglwydd gwladlwydd gwladoedd oglyd
Canaf im arglwydd coi enbyd ys mau
Rym gorug angeu dristyd
Am dreisddwyn terwyn tyrfa espyd 72
Am drossedd Gwynedd ai harfeddyd
Am drawsgar gwanar gwenwynfryd Prydain
Am drawswyr Owain drais syberwyd
Am drueni mawr dwyn gwawr Gwyndyd
Ymdro rhiallu fu oi febyd 77
Am drengi fy rhi rhwy ledfryd am bydd
Ni edych Dofydd ef y gennyd
Am drais Duw nid oes dim gyhyd
Am drais dyn dinam gedernid 81
Am dreiaw anaw anwylyd llawer
Am dramawr bryder ac ni weryd
Am drwm feddwl cof eurbost aer byd 84
Am drin wychydd rydd ruddlafn creulyd
Am dylwyth hydwyth yr hyd i buant
amgylch gwawr dygant yn deg hyfryd
Ei deulu a. delynt yngryd 88
Delweu eur ar cyfeuryd
Ei wyrda oedd dda oedd ddiwyd pob un
oedd anawdd iddun ei ddiofryd
Davydd Benvras. \ 17
Ei weision ai wasanaeth gyd <j-
Ei feirdd byddyn heirdd byddyn harddglyd
Ei fyrddoedd cyhoedd cawsynt edgyllaeth
Am ei freuolaeth hiraeth . . hyd
Im rheg i harchaf arch om plegyd 96
im rhieu gorau gwr nim ennyd
im rhwyf i rhodded rhan fawr or byd
Ef rhodei i Dduw ei ddihewyd
Ys rhoddo fy rhen rhan yspryd addef 100
Ei ran o wlad nef iddaw hefyd
Marwnad Rujfudd m. Llywelyn, d.-i246.
Gwae ni hael mor wael mor wolau 1
Weled ynn nessad ein eisiau
Gwelsam ni gynt ai wynt yn orau
Gweilch Cymru yn cymryd arfau 4
Yn Lloeger yn llosci ei thyrau
ai gwelai eiliai yn olau
Ai gweles gwelynt ryfeddau
Gwelsam ni wawr Maelawr megis yntau 8
Mygr Fadawc wayw roddawc ruddgrau
Gwelsam ni Faelgwn fawr fur cadau
Cadr fab Rhys yn Rhos ai ffaglau 11
Gwelsam ni Owein prain prudd ei ddoniau
Doniawg fab Gruffudd beirfudd barau
Gwelsarn ni fab Hywel yn rhyfelau
Cynan i gelwid cwyn an goddau 15
Gwelsam Rys falchgryg ryfyg reithlau
yn rhuthr aruthr ar y Dehau
Gwelsam Rys Fychan darian daerglau
Ym mhyrth Caer Fyrddin ai fyddinau
Gwelsam wyr dinam yn ddiammau 20
Gwael yw nad ynt fyw neud ynt feddau
Gwaent hwy ar a wnaeth eu pennaethau
Am Ruffudd gwaewrudd gwae finnau
Am riff ner lluch hyder Llachau 24
Am rym llym i lleinu fy nagrau
Am rwyf i darwyf ae neud areu
Amlwg yw cystudd ar fyngruddiau
I iS Davydd Bt nvras.
Ami im gwnaeth hiraeth hir anaelau 28
Am ieith gwr dewr dur ei lafnau
Am lt\v glew am glud feddyliau
Am lyw glyw glo'd hyd Fynnau
Bu gelyn dychryn or dcchrau 32
Byth yn lladd Llundain ai thyrau
Bu erwan yr awr i ciglau
Bu oer ymaros ei chwedlau
Na bum farw o fawr brydcrau 36
Ac yn farw fy arglwydd dihau
Na dyn onim dug anghofiau
Am Ruffudd nim dyhudd na dau
Gwael yw colli hael o hil Eneu 40
Gwag yw byd bod yn ei faddau
Gwirfab Duw a'n dug ben Rhiau
Gwae im poeni rhac pum edau
Ucher rhac pryder pryd im goddau 44
Achaws gwalch mawrfalch mur cynnedfau
Uchel i dodaf am naf nid mau
VVych ragor och rhagot ti angau
Cyn i gaufedd i ni oedd gorau 48
Gwedi gwawr Cymru cymryd croesau
Cymmerwn jolwn o jawl seiniau
A synniwn ar beth or pregethau
Am ei ddwyn terwyn torf amrhyfïlau 52
Ymddifaid ym rai gênai nid gau
Rhydraws fuam gynt hynt hir ddiau
Rhydrist in gwnaeth Crist creaduriau
Gwr a wnaeth yn llawn llenwi cibau 56
Or dwfr daierin yn win gwinau
A wnel gorphwys rhag pwys poenau
i Ruffud rwyddfudd yn ei raddau
Gwr an pryn prynhawn Ddiiiau 60
Gwir i ddal o ddylaw affiau
Gorug Dduw Gwener rhwydd-der rhadeu
Goddef pum harcholl o archollau 63
Gwedy llary dad Duw deg cyfreithiau
Llofrudd dab Gruffudd draul budd dreigiau
Llwrw i gwen gwennwawd bryddestau
Llary rwyf a ganwyf am genau 67
Llew buwyf Llywelyn biau
Llyw Gwynedd diweddd a dechrau
Davyâd Benvras. M9
Dechreuws Dews hyd nam dyhudd dim
Damwyniaw im gythrudd 71
Dvchrvn mawr bod llawr ar llofrudd
Llyw meidrawl llevv greddfawl Gruffudd
Mab meithin Llywelyn llafnrudd
Mawr gwriavvr gorwyr Maredudd 75
Draws gyngaws gyngor diachludd
Trais gymmell tri naw well no Nudd
Gwna arnaf hiraeth hir gystudd
Gwaith Saeson llid ruddion lledrudd
Gweryd nim ergyd ai mawrgudd 80
Gwae gwelsym ger mawrfryn morudd
Gwr oedd wr oedd orfawr ei fudd
Gwyr oedd wyr oedd orddyfn ganthudd
Gwyth oedd lwyth ai leith ni atgudd
Gwaith oedd faith i mi ei oludd 85
Gwawr oedd fawr ei far yn ddyfn brudd
Gwas oedd gas ei geisiaw dan gudd
Gwalch oedd falch ei folchlafn uch grudd
Gweilch oedd feilch am ei falch ddeurudd
Gwn oi ddwyn terwyn torf angludd 90
Gwan anrheg anrheith heb rybudd
Gvvanar gar trinudfar trymrudd
Gwenwyn gwyn gennyf nid ymgudd
G\vyn eurdir ardwy dadanhudd
Gwr eurdwr ardwyad trabludd 95
Gwawr Gwyndyd gwander ei orchudd
Gwyn Gwynedd gwae ni am Ruffudd
Gruffudd eur digudd ef dygnaf ei gwyn
o genedl plant Addaf
Griff ner om pryder i prydaf 100
Prif farwnad ir mab tad teccaf
Greddf Echdor gwawr eurdorf gwraf
Graid synniaid synniais ei alaf
Grymus can gweled ei dy gwelaf
Hiraeth y syn im dwyn am a gwynaf
Hir yd goffeir a goffaaf 106
Mor lie im alar am a garaf
Mor llwyr i lladdawdd Llundain arnaf
Mor llwyr car am a garaf
Cyd a dragon byd o byddaf no
Trugar hael pa hwyl a ddygaf
(.20 Davydd Benvras.
Drwg fab Duw i daethosl attaf
Crist a wyr yn llwrw a ganaf
Na wn am fy rhwyf cwdd wyf cwdd af 114
C) mynnwch chwerddwch mi ni chwarddaf
Cann mynnwn fy marw ni mawr wddaf
Cyd ymguddioch chwi oll mi ni allaf
Ymguddiaw dan llaw ban fo lleiaf 118
Cyd ymguddio pawb beth a gelaf
Am farwnad Ruffudd nid ymguddiaf
Nid a eill cadarn yn cadw eithaf
A ail gwan truan trist a allaf 122
orchrawn deigr llawn a ollyngaf
orchudd Gruffudd ail Nudd fy naf
erchyll golled gallmarw fyddaf
Ai orchvmmvn ef i nef a wnaf 126
Marwnad Davydd vab Llywelyn
Dygn in symmud Duw ein tad 1
Ysprydol ysprydoedd oleuad
Dydd ym gwna'n drist (drais) dyfniad
Ar Hall yn llawen oi ganiad 4
Rhyfedd eu rhiau rym swyniad
Rhyfeddaf om naf om neirthiad
Nid rhyfedd cyd bwyf om rhiniad
Gynnefin ar ganu marwnad 8
Ceniddum honn dra bron braidd ni mywad
Urddyn Lywelyn lyw y Berfeddwlad
Ceniddum hon Ruffydd rudd ei ruad
Ac ni rygant dyn dim mor irad 12
Canaf hon Dafydd cynnifiad ryfu
Ni wnaethbwyd gwawr llu yn llaw gaead
Ni ddodai eirif ar ra ddillad
Na gwin grysgelo nag ysgarlad 16
Ni ddotto fy rheen fab rhad ei bechawd
Yn erbyn fy mrawd ddefawd ddifrad
O amlder o dir llawir lleiddiad
Ac emys golchwys goachubiad 20
Na bu gystal dyn y danad Dofydd
ac i bu Ddafvdd cvn ei ddiad
Davydâ Beurras. 421
Mor rhyfedd rhag mor fu roddiad
Na roddes fy llyw y lleuad 24
Mor eavvch yn ardawch ardwyad
Cyn ni fwy o Ddafydd yn ymddifad
Tra fu wr arwr gerddediad
Nor trihael haelach yd gaffad 28
Truan i gwnaeth Duw dwyn cariad Cymry
vm mhlith pridd wely heb oleuad
Etifedd Gwynedd gwanar gyrehiad 31
Neud Duw ai rhannwys yr hael reiniad
Y sy fyw a fo henuriad
Y sy farw a gafas farwnad
Deu fab Lywelyn lew gymynad 35
Diofelynt fi o feirch ffysgiad
Diofelid Duw hwy ac eu tad
Yn y wenwledd fry yn y wenwlad
Gwlad fal cynheiliad i cynhelis 39
Gwledig ben perchen g\\T an perchis
Gwyn esgar neud gwar ae gwerchedwis
Gwae ni oi drengi fal yr drengis
Llawer iawn oi ddawn a ddefnis attaf
Llwyr i coffaaf am coffeis 44
Cyn angen Dafydd cynnydd cannis
Cawsant or bobloedd bawb a erchis
Nid dodi bareu a beris arnaf
Alaf a enwaf ym a enwis
Nid hebof ei alar car am cedwis 49
Nid heb meirch meithdew im hedevvis
eisieu Dafydd neud is yw meddwl
ac neud afyrddwl oi orddewis
Nyd llew o dyrred yny dedlis 53
Nid llawrydd Dafydd a ddiengis
Gwael yw colli hael diwael dewis
Gwae ef a gyll nef er annilys 56
Dilys briodawr gwynglawr Gwynedd
Dolur yw nad byw llyw Arllechwedd
Dygn yw i Gymru dygnedd ei dynged
Clywed ei fyned yn i faenfedd 60
Dafydd hael ei hawl gywryssedd
Deheu a giglau a Gogledd
Dyfod hyd attaw dyhedd Iwerddon
i farchogaeth Mon dirion diredd (>4
122 Davydd Benvras*
A llu o Brydain a llwrw hybrydedd
A llu o Ffreingc llu Efrawdd galledd
i goron I. uih1.hu ei garwedd heiyrn
Ni roddes teyrn ty o Wynedd 68
Duw ai dug rhagon deon diwedd
Dafydd huldugawl gedawl gyfedd
Digawn o bregeth yw difaedd hael
1 Kl) fryd iw gael hyd frawd gyhedd
Ys truan ei ran rwyf marianedd 73
Ys drwg heddyw lliw wedi llaryedd
Y llaw a gedwis cr llyncdd
A dwy yn Aber Conwy cyn ei gorwedd
Wyr Brenin Lloegr llu teyrnedd
mab Brenin Cymru cymraisc fonedd 78
Gwr oedd a hanoedd, gorfoledd gwerin
o iawn deyrnllin y brenhinedd
Callaf yw ini beth ammynedd 81
Colleis gwalch mawrfalch mirain orsedd
Ni rygolles dyn dygnedd ei awydd
Ni rygollo Arglwydd rwydd anrhydedd
Er am talai aur ar fy myssedd 85
Nid ef a delid drwy dalwarwedd
A Dafydd dreisrydd drosedd cyn golo
Ni bu o Gymro ei gymrodedd 88
Bum i gyda hael hwylglod ryssedd
Buarth eryr gwyr uch gwin a medd
Bum i gyd ag ef yd gefais ei wledd
Boed y gyda Duw fo ei ddiwedd 92
Neud mai neud lleilai llif yn afon
Neud maith in dyrraith dir ofalon
Neud mwyfwy galar gwanar gweinion
Neud mau feddyliaw hwyliaw haelion 96
Hwy hwyliessynt hyd Gaer Llion
Owein Prydain priodorion
Lleiddiaid gad fleiniaid o flaen Arfon
Llywelyn glodfawr fawr ai feibion 100
Llyna wr arwr i argosbion
Llwyddedig gwledig gwlad orchorddion
Llawch ardawch ardwy rheidusion
Llaith arfaith arfod Blathaon 104
Llywelyn llywiawdr gwleiddiadon
Davydd Benvras. 423
Llary gyngaws drvvy gyngor doethion
O Fynyw hyd facngaer Lleon
Ail colli colled annhyrron 108
Ef cynnif canwyll marchogion
Hu ddyfryd ddyfrys gynreinion
Hoeddyl Dafydd fegis dydd dyddon
Naf ieuanc cyn tranc treul eirchion
Ni ballai i bellennigion 113
Ner muner mynych ei roddion
Neud ei hoed ar ei gyfoedion
Doeth esgyrn gwr chwyrn ei ymchwelion
Ymchweliad tromgad trwm ei gofion
Dawn ir abad gwirdad gwirion 118
Ai dug oi olo i fro Frython
Duw am gwnaeth hiraeth hir ofalon
Dyfod corph Gruffudd mwynfudd Maon
Diafrddwl feddwl fyddwn ym Mon
Pei n fyw i délai i Dalybolion 123
Chwegwyr cynnifwyr cynnhebigion
Eu chwedlau gorau gwyr er Iason
Llywelyn ai blant pla gelynion
Dafydd a Selyf ac Absalon 127
Herwydd trymfryd byd bod tan Saeson
Wedi treisynt gynt ar y goron
Trydydd rhyfedd llyfr Llefesigion
Nid a gwyr Gwynedd gan y gwyllion
Am far trwm tramawr goffeion 132
Am fod yn eu tud hwy yn alltudion
Am fawrweilch aerwëilch arfogion
Am fawredd Gwynedd ganaon
Llywelyn hyddyn terwyn tirion
Gruffydd a Dafydd dywyssogion
Rhai difai yn difa galon 138
Rhan berthfan a borthyn greon
Pei yn fyw fyddynt oruirion
Perynt hynt hendref Wyrangon
Parawd gwawd gwedy eryron 142
Péris Duw eu dygyn gudd rhagon
Eny cyfred plyg gwenyg gwynion
Yn i cyfranc mor a mawr af on 145
o Aber Feddau rheiddiau rhuddion
Tri gorau dreigiau sy or dragon
424 Davydd Benvras.
Tri a ddug Duw or dyniadon
Tri ères armes trachwres trychion
I 1 1 eraill ni eill oll eu deddfon 150
Tri araf pennaf pennadurion
Tri arwydd hyrwydd ar eu holion
Tri arwr eurdwr eurdorchogion
Tri eryr yn wyr ag yn weision 154
Tri chlwyf nad ydynt fal cynt Cynon
Tri chleu eu pareu fal Peryddon
Tri chloyn pennyn pennuchogion
Tri chlo ar eu bro rhag bradogion 158
Trwy eirioledd Pedr pen porthorion
A Mair oi gwyry air ai gweryddon
Im tri Arglwydd byd boent cyfeillion
Mihangel angel ar angylion 162
Pawb a ddaw yr ddaear long
Pobyl vychein druhein a dreing
A vacco treul gywro trang
Yn vnawr y llawr ae llwng
Llyngwawr daearawr deruyn a garaf
a gereis ych anlyn
Neut eddwyf yn oer dyddyn
Nyd oes dim einoes yddyn
Pob dyn oer dyddyn neut eiddaw agheu
aghyueillwr iddaw
y veddu dayar arnaw
y uedd or diwedd y daw
Canuy Lywelyn vab Joruerth
Kyuarchaf om naf om neuawl Arglwyt
Krist keli kulwyt kwl y ditawl
keluyt leueryt o le gwetawl
keluytodeu meu ny uo marwawl
y broui pob peth o bregeth Bawl
y uoli uy ri rwyf angertawl
ryuel diochel diochwyth hawl
Einyawn vab Gwgawn. 425
Llewelyn hcilyn hwylueirt wadawl 8
llewenyt y dyt y detyf ae mawl
llewychedec llafn yn llaw retuawl
yn Hat dy wrthlat y wrth lys reidyavvl
Gweleis a gereis ny gar mantawl 12
Gwelygort Lleissyawn llyssoet gwetawl
lluoet arwoloet ar weilw didawl
Uawrwyr am eryr yn ym eiryawl
Llywelyn Lleyn llyw arderchawl i(>
lluryglas gwanas gwanan a hawl
Gwen wyn yn amwyn am dir breinyawl
Powys, ae diffwys ae glwys a glyw y hawl
Ef dynnyad yg cad Eingyl urad ureuawl
Ef dande rut le Rutlan is gwawl 21
Gweleis Lywelyn eurdyn urtawl
yn vrtas dreicwas dragywytawl
Eil gweleis y dreis dros ganawl Dyfyrdwy
eny trei tramwy llanw rwy rwyd hawl
Gweleis aer am gaer oet engiryawl 26
talv pwyth dyt gwyth gweith canyscawl
ny ryweleis neb na bo canmawl
or dev y goreu a uo gwrawl
jVJLi ath arwyre ath arwyrein myuyr 30
eryr yn ryuyr prifwyr Prydein
pryduawr Lywelyn pryd dyn dadyein
prydus diesgus esgar dilein
Esgynnu ar llu ar lie Ewein 34
Ysgymod goruod gorualch am brein
Ysgymyn gwerylyn gwerlid gofyein
Ysgymyt klodryt kvlwyd a llwyuein
llutedic edmic meirch mawrthic mein 38
a lluoet yg gwisgoet yn ymosgrein
ar llinyn ar dynn ar dv kelein
a 1 linon rac bron rac bro eurgrein
tyrrua Klawt Offa clod yn hoffyein 42
a thoruoet Gwynet a gwyr Llundein
kyfrann tonn a glann glasdir gwylein
golud mor yskrud ysgryd Nortmein
'Llywelyn terwyn toryf agkyngein 4<>
bieu'r gwyr ae goreu bâche u bychein
priodawr mwynglawr Mon glod ysgein
Areul golut pentud pentir gwychein
\2b Einyawn vcib Gwgawn.
Gwavvr Deheu goreu gwyr yn dyrein
Gwenwyn a gwanar y deu gar gein 51
ae lyw kyueryw kyfwyrein a thrin
athrychyeid gwerin Caer Uyrtin uein
\\ seuis na thwr na bwr bu krein 54
nac argoed na chocd na chad lys drein
a rac pyrth bu syrth Saesson ygkrein
oet trist maer oet claer cletyf heb wein
a chan llv pannu pen ar digrcin 58
A chan llaw lludwaw Llann huadein
Kilgerrann achlan a chlod goeluein
a chlwyr ar dyhet mawret mirein 61
Yn Aber Teiuy tew oet urein vch benn
yny doet perchen parchus gyurein
Oet tew peleidyr creu creynt kicurein
Calanet gorwet gortyfnessein 65
Llywelyn boed hyn boed hwy dichwein
no Llywarch hybarch hybar gicwein
nyd keladwy dreic dragon gyngein
nyd kalan kyman gwr y gymein
hydwf yg gnif ae lif o lein 70
hud el yn ryuel hyd yn Ruuein
Ae raclod ae rod o riw uetgein
hyd y dwyre heul hyd y dwyrein
Y sy my rwyt arglwyt argleidrad
argledyr tir a gwir a gwennwlad 75
ysymy or kyngor kygwasfead
kywesti péri peleidrad
ysymy ri ryuel diffreidad
diffryd gwyr eryr ardwyad 79
ysymy rwyt arglwyt erglywyad
A glywir or tir ger Tanad
ysymy glew a llew a lleityad
yn ryuel aron orddyfynyad
ysymy wr a weryd y rad S4
y reidus galarus geilwad
ysymy ner yn arwynn dillad
yn arwein ysgin ysgarlad
ysymy nut haelvut huelueityad 88
ar Lloegyr rwy llygrwys hep diwad
ysymy Ryterch rotyad eur melyn
molitor ym pob gwlad
Einyawn vab Gwgawn. 427
A maurdud olud olygad 92
A Mordaf am alaf eillyad
ysymy Run gadkun gydkam rad
Kydgaffael a hael a hwylyad
ef ymy y metwl diurad 96
mi itaw yn llaw yn llygad
Ny henyw o afryw afrad
Mi henwyf o henwyr y dad
llachar uar aeruar eruynyad 100
llachar uron o urydeu Gwryad
lluchyeint gweilch am walch gynniuyad
ual lluchynt estrawn wynt ystrad
hunyt nenn perchen parchus uad
parch aryfawr Aruon angoryad 105
Llywelyn dreis erlyn drussyad
dros deheu agheu oth angad
angor mor y mawr gymynad 108
angawr llawr lluryc duw am danad
Rychyngein Prydein yn dibryder
y briodawr llawr yn llawn niuer
Llywelyn gelyn yn y galwer 112
y gelwir am dir am dud tymer
llewenyt lluoet llew yn bryder
llywyawdyr amerawdyr mor a lleuver
y dylif kynnif kynebyker 116
y dylan am lann am leissyeid fer
teruysc tonn dilysc dyleinw aber
dylad anwastad ny osteker
teruynt twrwf rywynt yn ryw amser
a rialluoed lluoed llawer 121
toruoet yg kyhoet yg kyflawnder
taryaneu goleu ual y gweler
ry molant anant anaw kymer
ry molir y wir y orober 125
y wryd yn ryd yn reid niuer
y orofyn gwraf yny deler
y oruod goruod glod a glywer
y wyr am eryr ny am parer
y warae oreu pan waraer 130
y waew a oreu yn deuhanner
dinydyr yn dyt brwydyr yn yd brouer
Dinodyng perging pargoch hydyruer
1 2S Eiiiyawn vab Gwalchmei.
dinas dreic vrtas eurdawn haelder
dinac ouynac pan ouynner 135
dyn yw Llywelyn llywyawdyr tyner
doeth koeth kywrennin gwin a gwener
ar gwr ae rotes ny rann or pater 1 [8
ae roto ef gwenn uro gwynn urynn vch ser.
Einyawn vab Gwgawn ae cant.
Marwnad Nest verdi Hywel v. 0. G.
Amser mei meith dyt. neud rit rôti 1
Neud coed nad keithiw keinlliw kelli
Neud llauar adar neud gwar gweilgi
Neud gwaetgrec gwanec gwynt yn edwi 4
Neud arueu donyeu goteu gwedi
Neud argel dawel nyd meu dewi
Endeweisy wenyc o wynnoui dir
y am deruyn mawr meibyon Beli 8
Oet hydreit wychyr llyr yn llehwi
Oet hydyr am dylan gwyn uan genthi
hyll nyd oet y detyf hi hwyretyf holi
hallt oet y dagreu digrawn heli 12
Ar helw bun araf vch bannyeri tonn
tyg tynhegyl a gerteisy gortwfyr Deiui
keintum gert y Nest kyn noe thregi
Cant cant y molyant mal eliuri 16
Canaf can uetwl afyrdwl erdi
Canyad y marwnad mawr drueni
Cannwyll Caduan lann o lenn bali
Canneid y synnhyeid ger Dissynnhi 20
Gwann wargann wery gall dyall dogni
Gwreic nyd oetuny urad garyad genthi
Gweryd rut ae eut wedi tewi
Gwael neuet maenwet mynwent iti 24
Golo Nest goleu direidi
Golwc gwalch dwythualch o brif deithi
Gwenned gwawn ae dawn oe daeoni
Gwynet anrydet oet reid wrthi 28
Nyd oet fawd rygnawd rin y genthi
Gnawd oet dal eur mal yr y moli
Einyawn vab Gwalchmei. 429
Ny ryvu docnach yr y docni poen
penyd a uo mwy nor meu hebdi
Neum goreu agheu agkyfnerthi
Nyd ymglyw dyn byw or byd ual mi
Ny chyueirch aghenn yawlwenn yoli
Yr neb ry barther y ryborthi 36
Nest yny hadawd wennwawd weini
yt wyf pryderus mal Pryderi
Pfyderwawd keudawd kyfnerthi ny wnn
nyd parabyl yw hwn ny uo péri 40
llenn argel issel ysym poeni
llut gwen lliw aryen ar Eryri
Archaf ym arglwyt culwyt keli
Nyd ef a archaf arch egregi 44
Arch yt wyf yn arch yn y erchi
Am archuein riein reid y meni
Trwy diwyd eiryawl detuawl dewi
A dec kymeint seint senet Ureui j < s
Am vun a vudyt y hamnodi
Ar gystlwn pryffwn y proffwydi
Ar gyuoeth duw doeth y detholi
Ar aghyueir Meir ar merthyri $2
Ac yny goteu gweti a dodaf
am dodes nwyf ym adoedi
Ny bu dyn mor gu gennhyf a hi
Ny bo poen otef peder wy noti 56
Ny byt da gan duw y ditoli
Ny bo ditawl Nest nef boed eiti
60
Einyawn vab Gwalchmei
Canu i Lywelyn. m. m. J or lier t h
Yssym ut aryfrut kystut kedeyrn
Estygyad kywlad kyflawn deyrn
Esgor difreidyad mad mychdeyrn
Ysgar ysgenetyl gychwetyl gychwyrn
Ysgwyd drud esgud esgyrn eliphant
ys gnawd yn yrdant ar y erdyrn
Llywelyn llew glwys Loegrwys lugyrn
Revue Celtique, XLl. 28
I }o Einyawn Wann.
llary gryc ieithetryc llosc y theuryn 8
Twrwf torredwynt mawr mis Chwefrawr chwyrn
Tud ammwyn terrwyn tir eurdcyrn
A llafnawr dyrawr diruawr y dyrn 1 1
Arwynawl gvvrawl nyd gwr anchwyrn
Nyd emyth nyd llyth yn llwyth heyrn
Nyd ef yn ardwy adwy edyrn 14
Cochwet calanet kelern yg kynnhor
kyueissor echdor aerdor eurdyrn
Eiryf drablut angut angert dinbyrn
Arbennic bennaeth mab maeth metgyrn 18
Einyawn in. Gwalchmei ae cant
CANUON EINYAWN WANN
Marwnad y Lewelyn ab Joruerth
Mawr dilyw detyw am dirion vrtyn 1
Llywelyn llyw dragon
Gosgymon gwyth drwyth drudyon
Gosparth pybyl pobyl dynyadon 4
Dynyadon deon dyly am y dwyn
dolur kwyn ae kyffry
Gwr gwrt plant hydyr uolyant hy
Gwyr vraw gwir vrenhin Kymry S
Kymry wawr warant yr werin nyd hawt
nid heddwch tragorllin
aer uyrt aryf kyrt kettennin
aruoll brwyngoll breenhin 12
Brenin tir rywir ryuet yt etiw
nad eitiaw uo Wynet
Namyn sarn drumein vein vet
namyn seith drudueith droeduet 16
Einyawn Wann. 431
Ny met Llywelyn llyw mawrgoeth Wynet
adrysset dreis anoeth
mab duw ae duc yw gyuoeth
mab mam meir dinam mawr doeth 20
Doethon lleygyon lluduryd oes anawt
ys einym oll y gyd
Treis duw dwyn hael o an byd
Ac wedy treis duw tristyd 24
Tristyd am ergyd mawrgerth na bu hyn
Llywelyn llyw arberth
Mab diuei difefyl y nerth
Mab diwan eiryan Jorwerth 28
Joruerth essillyd aruogyon y hil
hael gynnil gynreinyon
Gwae ni Wynet orchordon
Gweled llawr ar llyw mawr Mon 32"
Monwyssyon maon mawr kynnetyf awch
llyw awch llywyawdyr rac annetyf
Modur vur parhaus ddetyf
heid mur greid gretyf 36
Gretuawl Lywelyn grym g rber toryf
teruynwyd y amser
Ysgrud uud dreic feleic fer
ysgwn ysgwyd rwyd racter 40
Racter y niuer naf lledneis y hil
hael ureenhin Kemeis
Gwaew dur yn }'t treul ...is
Gwan gwyl ual y gweleis 44
Gweleis yn lawen lyw meith y deruyn
gan Lywelyn ganweith
kanhymddeith
ae lu o led y anreith 48
Anreithwyd mab duw dewin holl wybod
llwybyr ehang y myddin
Einyawn Wann.
am eryr gwyr goreuwin
Gan llaw branhes trachwres trin 52
Trinhei on gwron goruawr vur drallawt
o drilliw ysgwydawr
Pan gwyddawd cad vlawd vleidgawr
Pan golles gwyr Mon gwr mawr 56
II
Llywelyn gelyn golofyn plymnwyt lew 1
ar les beird e magwyt
Roi e wann yw e annwyt
A rac pob cadarn catwyt 4
Cadw dduw Lywelyn lyw ongyr aelaw
e alon nyw hesgyr
Cedyrn llu cadarn llaw gwyr
Cadarn loes eiryoes eryr S
Eryr mawr dewrwyr mae y delw y gallwn
na byddwn a(r) d\' helw
Hard e vard vod yth arddelw
hawd yr byt gennyt gynnelw 12
Hawd kynnelw uy rwyf rwyd ouec mordaf
rwysc mawrdon wrth garrec
Gweilch beilch balchdawn rwydlawn rec
Gwalch gwreid teyrneid tec 16
Tec goryw uy llyw llauyn greulawn
ualch wr / ar y gar ae estrawn
Peryf hael o lin Meruynyawn
Prud yny ddeurud y ddawn 20
Yth dawn gyrch gynnyrch gynneddyf Emreis
wrd / o orddwy Franc a Seis
llyw glyw glewdrut yth weleis
Lloegyr goelkerth llwybyr draferth dreis 24
Treissyaw a oruc tros deruyn ual gwr
ar y gar ae elyn (vel)
Einyaivn Wann. 1-33
Ef goreu o vab dyn
llawch kerd mawr angerd Meruyn
llyw kat leidyat Lywelyn 28
B
Dadoladi Dauyd vap Llywelyn.
renhin kywrenhin kywir yny dyt
hael Dauyt hawl i tir
Bolchlauyn lut am dut am tir
Beilch ae geilw balch y gelwir
Rygelwir ar tir ar teiror Prydein
gwr vrtein gwrhyd por
yn hawl chwyrn deyrn tut ior
yn hael ehelaeth gyghor 8
Kyghor a rotaf y rwyf Mon llawryt
hael Dauyt hil doethon
bid lary bid lawch kertoryon
bid lew a bid lyw dragon 12
Dragon vt dremrut dreic Emreis val
prut / prif gynnyt keuyn yr eis
O neirthyad ner nenn lledneis
Ac o nerthoet kadoet keis 16
Na cheis vy ystwg om estygyt vr
yn wiryon ym plygyt
Na chassa vi vawr Dauyt
Ny chassa mab duw dedwyt 20
Dedwyt rwyf aerglwyf eurglet arderch-
awc / archaf yt yth laryet
Breinyawl hawl hylwyt orsset
Breenhin trin trugaret 24
Trugarawc Dauyt tricyawt om mawr-
dawn / uy mardeir om tauawd
Cadeu dor cor kymhendawd
Cedawl kadw vi yth gysgawd 28
.IV1 Einyawn Wann.
O gysgawd dauawd da yr awr y medreis
ymadrawt a duw mawr
diwen dy uar lachar lawr
diueuyl vt prut priodawr 32
Priodawr pryduawr Prydein adlam gwr
wyt goreu o uab mam
Na char a mi meith gytkam
Ac na chred gyhutcd gain 36
Nyd cam canmawl hawl hwyl gynnyt eirch-
yad / y erchi kerennhyt
Tormennawc deifnyawc Dauyt
Teu glod om dyiiod ym dyt 40
Y dyt rwyt arglwyt argledyr gorllin llu
y Uochir pob edein
kedawl budugawl bytin
kadyr ryd kadw yth uryd urenhin 44
Awdyl y Ruffiri m. Llywelyn
Ket del y Ruffud vud gynnan o dda 1
a ddyglut mor y lan
Peunoeth doeth dethol gynran
Peunyd y ryd ac y ran 4
Ym ran llit ogyruan llawer a archaf
a gaffaf ym naf ner
dyn kymhen wyf ae kymher
deu kymeint rif seithrif ser 8
A dan ser ny byd ac ny bu vn well
vawr glot bell diballv
Oes ellwng bud rud rannu
eissillyd wrth y ssyllv 12
Syller e hyder hydyr raen y ongyr
vn angert a Serlymaen
A braw gwayw gwisc haearngaen
A dreid val bleid yn y blaen 16
Einyawn Wann 1 5 \
Bleinyat gat hwylgat haclonaeth a geidw
heb gytuot bygylaeth
Ardwy llu llaw ehelaeth
Eurdeyrn medgyrn ae maeth 20
Ny maeth bygylaeth bu gelyn y Freine
boet frawdus y deruyn
haelon haelaf mab dyn
hawl llu haeluab Llywelyn 24
Mab Llywelyn hael hawl gyua eirchyeit
Erchwyn greit grym tyrrua
wyt rwyf cat cetwyr ddiua
wyt rodyat rudeur Afya 28
A gaffo fy llyw llaw fodyawc o vud
ef a uyd gwasgarawc
Ar lies beird bwrd digudyawc
Ar llet byt boet hir hoedlawc 32
Hirhoedlawc vor gwas gwisc eur duddet
hard / gnawt yn vard ouyget
Ny lleueir geir gorchalet
Ac ny llud cat wossud ket 36
CANUON LLYGAD GWR
Awdyl y Rut /ut M a cl or .m. Madawc
Ysyt yn arglwyt eurglet ganllaw
yssawt y gynnelw arddelw vrthaw
Ys da y gampeu heb gwympaw yn afyrdwl
ysyawn difygwl oe uygythyaw
Grymus vthyr yn ruthyr yn anreithyaw
Greddyf ddiletyf ddilesc \vrûv gymraw
Gruiïut eur dilut dwylaw egored
(-3 6 Llygad (rivr.
Gwawr Maelawr drefred ged gyflwytaw 8
Gorcu kyrchlam ym kyrchu attaw
kanyd hart y uart uod y wrthaw
Gwrawl yw y hawl yn hwylaw y gryd
gwr hyfryd yr byd bod y danaw 1 1
Nyd anamyl y vut heb orchutyaw
Nyd etiw heb da dyn y wrthaw
Nyd anheirt yw ueirt uyrtoet wallaw
Nyd annawd tafawd diwyd itaw [6
Araf toruoet teruyn achubaw
Arwyt coelucin brein Bryneich dreissyaw
Ar oleu ys mev myuyryaw y gert
arwreit angert ongyr uriwaw 20
Rwyf kywir ker tir Tyssilyaw
Rwythaws dews diofyn racddaw
Rwysc aerllew trylew yn treulyaw arueu
a gwyr dros uylcheu yn ualch arnaw 24
Rwyî Carrée Oua cauas yndaw
Rawd Saesson lladron yn eu lludwaw
ys dir oe uareu ddifuryaw pob twr
ys anawt a wr y arueityaw 28
drud a glud gwladoet ymandaw
doeth a choeth kyuoeth kyfunaw
dwys aergwys Powys poed eityaw
detfeu teg tygu oe eurllaw 32
dinam ddreig dragon eitunaw
diryad cad kedeirn orddwyaw
dawn yssyt yn seuyll ganthaw
' duw o nef a uo nerth itaw. 36
Y Lywelyn .m. Grtifjut .m. Madog
ap Gr: Maelor.
JH.anbych well o bell bwyll ardderchawc
duw yn gyntaf naf niuerawc
Heneuyt dedwyt odidawc dy bar
anescor dy uar uur tormenawc
Ys byt yt arglwyt rwyt rutuoawc
Llywelyn lluyt ueirch aruawc
A chlod a goruod am Geiryawc ddyffrynt
Llygad Givr. f.37
gwrawl hawl hwysgynt hynt hirlidyawc 8
A rechdyr ae wyr bynt waretawc
Yt ddreic y Weun wayw kyndynnyawc
Ar Drewen yn boeth genhyd beithyawc nvyf
ac ar Elsmer glwyf glud uygedawc 12
Rugyl eryr ongyr angert vreinyawc
Rac ulaen cad cadarn dywyssawc
Ragod gynhossod kyhoetawc colofyn
ef a dyf gorofyn hyd Gaer Efrawc i(>
Mab Gruffut glcifrut glod wasgarawc
Mawrddrud afael hael o hil Madawc
Mawr beir kyghyweir kynuarchawc yghad
mawretus dy wlad rad redegawc 20
A mi mal athro ethrylithawc
Myfyr yw ynof cof cadeiryawc
Prydaf yn ddyfnaf ytt ddeifnyawc Powys
pryduerth dy gynnwys gennhyf nerthawc 24
Ys keffych ys kyffuryf envvawc
wrth dy uot uod yn gyuoethawc
Ac yn y gorffen gorffawc anrydet
trugaret gan duw trugarawc 28
Teir awdl y Ruffut vab Madawc
JH^anbych well Ruffut ueirt uut uydked
hael cloduawr eurwawr arwymp gerted
hyneuyt Powys peues uyged hir
perchen gwir a thir a theyrnged 4
Post Prydein vrtein wrt gyhussed
Pennyadur llafyndur llaw egored
Pendeuic gwledic gwlad amgyfred naf
kawssam ny ut pennaf pan yth aned 8
Pan uei urwydyr eurgrwydyr aergun dyged
yrhod ath alon pan yth holed
A thitheu yn gwychaw pan goched dy par
ny chaei dy esgar escor lluted 12
kiliaw ny uynny yr nep caled
colofyn cad cadarnuleit lliwed
Kellennic frw^ 7 thic frwythlawn gored kyrt
kertoryon eiduned 16
i $8 I l\:'aJ Gwr.
Ti goreu rieu rut wisc ar lied
O gywan amws ar \ ganued
Ti ureiscaf mab dyr o dir cred a wn
ym prifgyrch pryffwn prafï dylyed 20
(inawd yt dreic dragon ymddired
Grym ysgwn ysgwyd wyarlled
dyuod a goruod a gwared ath doryf
ath deruyn yn lledlcd 24
(inawd yth lys lysseit gynnired
Gorulycheu gan ualch gyfyued
A metgyrn teyrn tec haelged yn llawn
A lliaws galch doed 28
Uwyr y gwyr gwrawl dy weithred
dy uod yn arglwyt eurglawr treured
y nep ath welo wrth weled dy dawn
y gan duw gogoned. 32
II
Cjjogonyant fnvythyant fraethlew gwaewrut
Gogyflawn o dawn yw dy deurut
Gorwymp heirt dy ueirt dy uut neud adwen
nad ydyw y dan gut 4
Gorawenus dreic ar dragon prut
Gwreitrwys Emreis dros dreis drablut
Gwrawl hael kedawl cad lofrut arglwyt
vn eurglod wyd a nut 8
Eryr teyrnet teyrneit vt
Ar fyrt kyrt kertoryon duhut
Aer yrdang kyfrang kyfrannut
Gwryaf gorofyn Lloegyr ae chythrut 12
Aryf toruoet teruyn heb warthrut
Aruthyr goeluein brein Bryneich gystut
o Vertun gwawr gwychuawr dy gochrut
uylchlafyn / dy ualchlys nyd ymgut 16
Anwer lyw luoet dirybut
Enwawc wyr Madawc uap Maredut
O honawd henyw dadannut
O honaf hanpych well Ruffut 20
v Ruffui vab Madawc 439
Tir
DEWISSAF arglvvyt didramgwyt dro 1
dywyssawe breinyawc brynn a thyno
da gwyr dewissaw ae dewisso ef
gwr a gynneil nef ae nerthao 4
Grym erdrym aerdreic yn deffro
Gretuawl hawl hwyl gynnyt Pabo
Gruffut ged ddilut a dalyo Powys
Gwrtuar a gynnwys vrowys vranvro
Goruolet y uyrt kyrt ae kyrcho
Goruynt chwetyl kenetyl ae canlyno
Gwr a obryn faw heb fo vn troeduet
nyd mawr oe drosset neb ny dreissio
Rwysc goteith pan lwyrweith losco
Rwyf diuefyl douyt ae gatto
Ry byt urtedic a vrto uy ner
ny chymer hyder ae adawo 16
bolchlafyn lud am dud a derllyto
balch eryr dewrwyr doryf anosco
beilch yw y gadweilch gadarnglo Maelawr
breisclym orwytawr rotyon ymo 20
Cloduoraf fy naf naws a gryno
Ny byt angloduan y bann y bo
Gwiw yw clod hynod a honno tauawd
yr aerllew parawd ae dirpero 24
diflisc wisc wascawdueirt ymdro
detueu hael wrth pawb ae holo
dilesc eurgrwydyr brwydyr bryd ar gyffro
cad / dioual wlad a wledycho - s
Dinac Loegyr a rac wrawl flamdo
dewrwalch teyrneit urenhineit uro
donnyawc yw uy llyw llafyngoch Gymro
ny dwc duw y dawn a roto 32
Pymhawdl y Lywelyn vab Gruffiid.
Kyuarchaf y dduw dawn oruolet
Kynnechreu donyeu dinam vawret
.| (.o Llygad Gwi .
Kynytu canu canyd ryvet dreth
o draethawd gyuannet 4
y uoli uy ri rwyf Arllechwet
rutuoawc vrcinyawc o urenhinel
ryuygut Kessar treisuar trosset
rythyrlym grym Gruffut etiuet 8
rwysc urwysc ureisc o ureint a dewret
rut bareu o beri cochwet
ryw itaw diryaw ereill diret
rvvyt galon golofyn teyrnct 12
Nyd wyf wr gwaclaw wrth y goclet
( ) arglwyt gwladlwyt glod edrysset
Nyd newidaf naf vn awruet a nep
aneprwyt dagneuet 16
llyw yssy ym ys amyl anrydet
Lloegyr diua o diuefyl uonhet
Llywelyn gelyn galon dachwet
llary wledic gwynuydic Gwynet 20
llofrut brwydyr Brydein gywrysset
llawhir ualch gwreitualch gorsset
llwry hylwyt hael arglwyt eurglet
llew Kemeis llym dreis drachywet 24
lie bo cad uragad uriwgoch rysset
llwyr orborth hyborth hep gymwet
Gnaws mawrdraws am ardai dyhet
Gnawd itaw treityaw trwyddi beruet 28
Am y wir byt dir or diwet
Amgylch Dyganwy mwyfwy y met
A chilyaw racddaw a chalanet creu
ac o duch gwatneu gwaed ar darwet 32
dreic Aruon aruod wythlonet
dragon diheueirch heirtueirch hartet
ny cheif Seis y dreis y droeduet oe vro
nys oes o Gymro y gymrodet 36
II
Kymrodet uy llyw lluoet beri
Nyd oes rwyf eryoes aer dyuysgi
Kymro yw hael ryw o hil Beli hir
yn herwyt y broui
y Lywelyn vab Gruffui m '
Euraut ny olut olud rôti
Aeruleit arwreit o Eryri
Eryr ar geinwyr gamwri dinam
neud einym y uoli
Eurgoryf toryf tyryoet o loski
Argae gryd greidyawl wrhydri
Arwr bar taeruar yn torri cadeu
cadarnurwydyr ystoui 12
Aer dalmithyr hylithyr haeloni
Aryf lluoet eur wiscoet wisci
Arwymp ner hyder hyd Teiui uetyant
ny vet nep y gospi T f)
Llywelyn Lloegrwys ueistroli
llew breinnyawl brenhinet teithi
llary deyrn kedyrn yn cadw gwesti kyrt
kertoryon gyflochi 20
koelvein brein Bryneich gyuogi
Kelennic branes berthles borthi
kilyaw ny oruc yr caledi gawr
gwr ehofyn y gyni 2 4
Parawd uyt metyant met beirt ym ri
Pob kyman darogan derui
O Bwlffort osgort ysgwyd gochi hydyr
hyd eithaf Kedweli - ,;s;
kan gaffael yn da dra heb dregi
gan uab duw didwyll gymodi
Ys bo y diwet dawn berchi ar nef
ar neillaw Krist keli 3 2
ni
LLyw yssyn synnwyruawr rihyt
lliwgoch y lafnawr aesawr uswyt
llyw deifnyawc llidyawc lledled uyt y blas
lhvyr waeth yw y gas noe gerennyt
Llywelyn gelyn gai ouyt
llwyrgyrch darogan kyman keluyt
Ny thykya rybut hael rebyt racdaw
llaw drallaw drin wychyt
Y gwr ae rotes yn rwyf dedwyt
Ar Wynet arwynawl dreuyt
I ; 2 Llygad Givr.
Ae cadarnhao ked hywlyt yn hir
y amdd tïyn tir rac toryf osswyt 12
Nyd anwiw nyd anhof gynnyt
Neud enwawc varchawc ueirch gorewyt
Y uod yn hynod hyneuyt Gymro
ae Gymry ae heluyt 16
Ef diue'af naf ry wnaeth douyt
yn y byd o bedwar defnyt
Ef goreu rieu rec Ouyt a wn
Eryr Snawtvn aer gyfludwyt 20
Cad a wnaeth cadarn ymgeryt
Am gyuoeth am gefyn gelorwyt
Ny bu gad hwyllyad heuelyt gyfred
er pan vu weithred weith Ar deryt 24
Breisclew Mon mwynuawr Wyndodyt
Brynn Derwin clo byddin clodryt
Ny bu ediuar y dyt y kyrchawt
kyrch ehofyn essillyt 28
Gwelei wawr ar wyr lluossyt
ual gwr yn gwrthlat kewilyt
A welei Lywelyn lewenyt dragon
yg gymysc Aruon ac Eityonyt 32
Nyd oet hawt llew aerulawt lluyt
y dreissyaw ger drws Deuvynyt
Nys plygawt mab dyn donyawc fyt
nys plyko mab duw yn dragywyt 36
IIII
Xeruysc taerllew glew glod ganymddeith 1
Twryf torredwynt mawr uch mor diffeith
Taleithawc deifnawc dyfynyeith Aberfraw
Terwyn anreithyaw ruthyr anoleith 4
Tylwyth frwyth fraethlym eu mawr weith
Teilwng blwng blaengar ual goteith
Talheithawc aruawc aerbeith Dinefwr
Teilu huysgwr ysgyuyl anreith- 8
Telhediw gad gywiw gyfyeith
Teleto balch a bylchlafyn eurweith
Talheithawc Mathraual meith yw dy deruyn
arglwyt Lywelyn lyw pedeiryeith 12
v Lywelyn vab Grufful 14 3
Seuis yn ryuel diymgel deith
rac estrawn geneddyl gwyn anghyfyeith
Seuit brenin nef breinyawl gyureith
gan eurwawr aerbeir y teir taleith
V
Kyuarchaf y duw o dechreu molyant i
mal y gallwyf oreu
kloduori or gwyr a geiryeu
ym penn y pennaf a gicleu 4
Kynnwryf tan lluch uaran llecheu
kyfnewid newyt las uereu
Kyuaryf wyf o rwyf rut lafneu yg gnif
kyuoethawc kynnif kynulaen cadeu
Llywelyn nyd llesc devodeu
llwybyr ehang ehofyn uydd meu
llyvv yw hyd Gernyw aed garnet y ueirch
lliaws ae kyueirch kefei nyd geu 1 2
llew Gwynet gwynueith ardaleu
llywydr pobyl Powys ar Deheu
llwyrwys caer yn aer yn arueu
Lloegyr breityaw a m brut anreithieu 16
yn ryuel frwythlawn dawn diameu
yn liât yn llosgi yn torri tyreu
yn Ros a Phenuro yn rysuaeu Freingc
llwytedic y eingc yn lluyteu 20
Hil Gruffut grymus gynnetueu
Hael gyghor wrth \vrth gerteu
Hylathyr y ysgwyd escud bareu gwrt
hylym yn kyhwrt kyhoet waedfreu 24
Hylwry vwry uar gymell tretheu
Hawlwr gwlad arall gwledic rieu
Hartet o uonet uaen gaereu dreisdwyn
hirbel ual Flamddwyn y flamgyrcheu 28
Hwyluawr dreic dragon gyueteu
Heirt y ueirt yggylch y uyrteu
hylithyr y gweleis dyt goleu y uut
ae uetgyrn wirodeu 32
Iddaw y gynnal kletyual cleu
mal Arthur waew dur y deruyneu
i i i Llywelyn Vardd.
Gwir urenin Kymry kymreisc donyeu
Gwrawl hawl boed hwyl o Deheu. 36
CANUON LLYWELYN VARDD
Awdwl y Lywelyn vab J orner th.
r± andid uyg gystlwn nas gwn nas gwys 1
O veirt yspydeid yspeid yspys
Handwyf huawdyl was a wys yn llys
val ymarwar Llut a Lleuelys 4
Handid uy arglwyt kyfrwyt kyfrwys
O ryw diamryw diamryuys
Handwyf mor ehofyn diofyn dilys
or nennbren a deily y deu ystlys < s
handoet dy achoet o vchelwrys
o echen lawen wrth lef a gwys
handoetud or llin ar llyfyn emys
kyuarwyt uy llaw yn eu llewys 12
handoet im om kert nyd cart vegys
nyd dawn angyflawn nac angyflys
handyuyt eryr Clwyd clod enwerys
rieu diamheu diamebys 16
handythuagwyd peuyr yn penn erchwys
yn oreu keneu Kynon vegys
handym veirt heirtyon haelon hwylurys
am hil Ywein mawr mae ae dengys 20
handwyd Lywelyn lwrw ddiechrys
o lary uab casnar llachar lluchvrys.
Arwyrein Owein
Ardemyl gwir ar tir ardwyreaf
Artymyl gwyr eryr yt yth uarnaf
Ardwyad kadeu cadyr yth welaf heno
arwreid Gymro gymradw mordaf
Arwred a wed a weinydaf
Llywely'n Vardd. 445
Arwyrein Ywein a gein ganaf
Arwymp vyn trasserth
Ar vy ner vy nerth 8
Ar orwydawd berth yd ymborthaf
Ar porthloed toruoed achoed vchaf
Ar pyrth agoret trwydet treidaf
Treideis a gereis ac garaf heuyd 12
hawd y vyt y pryt a bryderaf
hawd y bo balch Gymro a gymrofaf
hawd bwyf heb uy rwyf ny rybydaf
yssit im eniwet a einiwaf wrthaw 16
y liwaw rac llavv rys llauassaf
A heno hynny ny gyffroaf
nys kerydo duw nys kerydaf
Keryd a ryuyd ny ryuedaf y uot 20
o gyfanot clôt yr clut alaf
O gouynnir pwy py ryd vwyhaf
o ssaffun as gun nas guaedaf
Saffet attaf ys daw attaf y dawn 24
ot wyf anuodlawn bodlawn vydaf
Bydinawc varchawc veirch anaraf
Bod duw a gaffwy a goffaaf 27
Twryf torof traeth Llychwr milwr molaf
mal yth rygeiseis yd yth geisaf
Xa chredet pen ket kadarn gyhudet
credet y tecket y dywedaf 31
Credadun gatkun orun wraf
Cret ve geir om peir périt attaf hebot
Parawt vyn traethawt nys gnawt traethaf
Treth tumot trosglot trawsglwyd vwyhaf
Dothwyf eithyr Gwyned a ryued paham
heb digoni cam heb nam arnaf 37
Dygyrcheis i Powys pennes teckaf
Ar Uadawc mynawc mynyt caraf
A mi neut ethyw llyw glyw glewhaf
yn rin hael uron urenhin or llin llaryaf 41
esgor dor durdor diar
Ys gwn cwd edyw ny wn cwd af
Dothwyf attat uat a gatwaf
y gyrchu kyghor goror gwraf 45
py arglwyd gwlatlwyd y gwledychaf idaw
pa law dros anaw yd asswynaf
Revue Celtique, XLI. 29
4 |6 Llyuuelyn Vardâ.
chaffaf dewis hyt y guassaaf
a dewiscis gynt a dewissaf
Y gwr a dewisir or tir geir Taf 50
hyt y dir ger tren yn trin penhaf
As dewisso duw y diweiriaf or gwyr
eryr Porth Wygyr wychyr uchaf
Eryri getwi gat olyscaf 54
Eryres ormes trachwres trechaf
Eryueis dy win oth wen adaf diwed
eryuaf dy ved dy uod a wnaf
Eryuant anant 58
o eur o aryant
yth lys les milcant
yd ant yd af
Dragon dreic Wyned 62
dragon o uonhed
ar hed ar dyhed
nyth gomedaf 65
Mi a uum genhwch can awch barnaf
Ar tir Dehenbarth diheubyrth naf
Mi a uum genhwch
ny haedewch i hedwch 69
yn yt uydei trwch
ny bei trechaf
Pan uu gyfaruot ymodrydaf
a lluoed Lloegrwys pwys diffwyssaf
Or sawl y doethant 74
Seith mil a seith cant
syrthyassant cawsant
anant anaf
Hanpych guell anaw pell gwellwell yth wnaf
hanpwyf gwell inheu nyth amheuaf 79
Ny bo guaeth eu ran y rei eithaf oth lyw
nor rei ar deryw or toryf nessaf
ath wyr yth orchymynaf
yr haeluron vchot vchaf 83
Canu y Gaduan
Vjwertheuin de win duw ym gwared
gwerthuawr briodawr gwawr gwaredred.
Canu y Gadvan. 447
wrth y uot ym rwyf am roted awen ;
Awdyl dec dygheduen amg^n ym gred
Am gyrwyf caru canu kanred 5
Can am rotes uy reen rec eituned
kan am ryt douyt dogyn nothaed ym rann
y uoli Caduan kedwyr noted
Kedwis gwir y dir ae deyrnged
Kedwis gwr arwr arwymp drefred 10
Kedwis duw vrtas
yn wr ac yn was
y uab Eneas
eurwas vyged
Kedwir nenn vab gwenn a vad weled 15
kadwent nerthnawd uerth am kanherthed.
Poed kanhorthwy duw ym dyhuted annyan
enuysc dysc ditan wahan weithred
Y wneuthur Uafur ay bo lluted.
Myn na lleueis treis trasglwy uyned 20
Myn na lleueir dyn dwyn eishywed or llann ;
ger glann glas dylann oe dylyed
Men na lleuessir dir oe daered
Men y Uauassaf oes darymred 24
Teir allawr gwyrthuawr gwyrtheu glywed.
Yssy rwg mor a gorwyt a gwrt lanwed.
Allawr Veir or peir hygreir hygred.
Allawr Bedyr yw vedyr ydyrvolhed 28
Ar drydet allawr a anlloued o nef ;
gwynn y uyd y thref gan y thrwyted
Gwynn y uyd a uyt o nothaed
Men y trie gwledic gwlad Ednywed. 32
Gwyn y uyd y uryd a vawrhaed yndi ,
ual eglwys Dewi y digoned
Eglwys gadyr Gaduann gan gynweled.
Eglwys wenn wynngalch wynhaed. 36
Eglwys fyt a chreuyt a chred a chymun
ual wrth duw eu hun ydyrlunhyed.
l^lunywys y dews dewis edryd itaw.
pan doeth o Lydaw ar lydu bedyt. 40
Bendigedic uab ny uaeth keryt.
ys bendico duw dwywawl weinyt.
Bendith nawrat nef yny dreuyt.
Bendigedic uro ureint gynnhewyt. 44
44^ Llywelyn Vardd.
Bcndigeid a deith oe gyweithyt.
Pan doeth yr kyuoeth beunoeth beunyt.
Pan dyfu chwant syllu ar essillyt.
Ymher Aber imnwenver ucher echwyt. 48
vchel wawd yw honn y Veiryonnyt.
vcheluart ae pryd uegys prydyt.
vchel wlad Gaduann myn yd gyduyt.
Bresswyl vchel euegyl uwyl ouyt. 52
Ar vagyl uerth werthuawr wyrtheu newyt.
A llut yr gelyn lat y gilyt.
Ae harglwyt gwladlwyt gwlad lewenyt.
A wna y notua yn da diwenyt. 56
Eil osuran gyfan aeswan oswyt.
Aessawr hael orwawr ar hawl oruyt.
Ae habad rotyad rad ry dyryt.
Attam rydyrrann oe lann luossyt. 60
ry dylyf kynnyf kan uot douyt
rod gynnan Voruran rwysc dydan dyt
ry goruc duw dev heneuyt oe ffleid
effeirieid hyneid hynaws yssyt 64
Ny deffryd y uot a dan glodryt
dyffrynt diledkynt di ledkreuyt
Achadw croc a ched a choydyt
Achor mor ae aruor a goruynyt 68
.M. or elw uy ghynnelw yghynnor lliaws
yn llwybyr maws achaws vchel dymhor
vchel loc yw honn rac bronn breisc yor
vchel Lann Gaduan ger glann glasuor ' 72
Ny chollir oe thir nac oe thewdor annhet
troeduet yr dyhet dihawt hepcor
Ny lleueis neb treis tros y ysgor
Ny chymwyll nep twyll tyllu y dor 76-
Ny chymu rwyf llu a llaw gyghor ygawr
ny chymyrth aessawr yr vn eisgyor
Na cham leueryt ar lid Echdor
Ny chablwyd y^gwyd ar ysgwyt yor 80
Ny chablaf uy naf yny achor uaran
bangeibyr gadw Gaduann uegys Bangor
Y chreiryeu ban-gleu bann glyhwitor
y chert y chynrein y-mein marmor 84
y gwyrthyeu goleu gwelhator beunyt
y gwerthuawr edryt edrychator
Cctnu v Gadvan. 449
y gorthir y gwir yny goror
y chlod y haruod yny haruor 88
iVior yawn ym om dawn ac om dirnad
dedwyt goffau douyt om newyt nad
Can rotes ym rann ueirch cann kynnwad
Can am coffawys pan rannws rad 92
koifav Yessu yssy bwyllad ym bann
a moli Caduan'gan y gannyad
Molawd a dyrllyt kedwidyt cad
yawn yw moli ri a uo rotyad 96
Moladwy vu duw vn diffynyad yssyt
y Meiryonnyt ryt rot gygwastad
Molidor y chor ae chelyfrad
Ae chert ae chedwyr ae Uyr ae llad 100
Ae llann ger dylann ger glann dylad heuyd
llwytyd y gweryd ae hyd ae had
llwytyd gwir a thir yn y trefad
llwytyd gwlet a met a meuet mad 104
llwytid pob amhyd a phob amad yndi
llwytid ym uoli uilwyr neirthyad
llutedic uyghert ynghynrabad
Uuwydon a berthon parth ac attad 108
llawen duw douyt dyt yd gaffad Caduann
agored y wann y wenn aghad
Ef goreu gwyrtheu wrth y gennad
dillwg tan yman y mywn dillad 112
Ef warawd bail a gwall a gwad
Bendigaw gwynnyr ae wyr ae wlad
Ef a wnaeth y uaeth ual ygnad adef
Ef gymerth nef dros dref y dad 116
Deu wr a volaf ual ym kennyad douyt
deu dec deu dedwyt deu ryt rotyad
deu doeth yghyuoeth yghyuaenad
deu gu deu gyueith deu wynneithad 120
deu a wna gwyrtheu yr goleuad racdud
deu dilut eu but yr bot eirchad
deu gefynderw oetynt ny verwynt urad
Caduan y gadw Llann ef a Lleudad 124
Kadyr y keidw Kaduan glann glas weilgi.
kydyruab Eneas gwanas gweti.
Kadyr uryn yw Tywyn nyd yawn tewi ac ef ;
kadyr adef nef eil y athreui. 128
450 Llywelyn Vardd.
kadyr y dy kedwis ger Dissynny.
kadret a llaryel a llary rôti.
kadyr hwysgynt oruynt oruyrthi tewdor ;
kadyr ysgor aruor aruot yndi. 132
Aruetyd y\v ym bryd prydu iti.
Aruaethwn diffwrj dyfifrynt Dyui.
Ar a vynnwy duw nyd egrygi itaw ;
Arueitaw treitaw trac Eryri. I3r>
Aruaeth ehelaeth wrth y holi.
Arueu o Deheu bareu beri
Arwyn oe drwytcd kynn oe dreghi ydoet
yn cadw rac kyhoet anlloet Enlli. 140
vnllogawd yssyt herwyt heli.
Lleudad a Chaduann yny chedwi.
llyre werhydre wrhydri lliaws.
hydraws hydreit maws a mynogi. 144
Yssyt lann lawndec y menegi.
y Meiryonnyt wlad mad y moli.
Molaf duw vchaf archaf weti itaw ;
a threitaw kyn thaw a chynn tewi. 14S
A threitlan Gaduan gadyr a threui.
A threitle haelon haelach no thri:
A threuyt herwyt herwyr wrthi nyd moes,
Ac nyd oes eissyoes eisseu yndi 152
Xamyn heirt a beirt a bartoni.
Namyn het a met y mewn llestri.
Namyn hawt amrawt yn ymroti a bart
a gwyr hart heb gart heb galedi. 156
Ar eurgrawn a dawn a daeoni.
Ar eurgreir kyweir kywiw a hi
Ac angert a chert a cheinyedi llawen ;
Ac amgen yw yn llenn a Llann Dewi 160
Ac am gylch y chlawt a chlas gofri.
Ac amgyrn o dyrn adurn westi.
Ac amgant lliant yn llenwi aber ;
Ac amser gosper gosbarth weini. 164.
Cjwenifyad ny nad am rad am rann.
Gwenniueid oe bleid keinyeid Kaduann.
kedwyr o du myr o du morlann.
vchel yn cadw eu ryuel nyd ymgelann. 16S
deon Meiryonnyt eluyt eiluann.
duw gantut eu but parth ac atann.
Canu v Gadvan. 451
dewisseis uyghert yghynuaran kynnif
o dv llanw a llif a llcf dylann. 172
dewrwr a uolaf a uolant veirt byd ;
dewnvyr a weryd penyd pob gwann.
donnyavvc bedrydawc o bedrydann 175
donnyeu diamheu detueu Jeuann.
y tra 110 ef yn nef yny wenn gann gadeir
yn benn ban lleueir yn beir eiryann. 178
Cadwedic uygwawd yw logawd lann.
Cedwid duw dewrdoeth cyuoeth Caduann.
CAXUON BLEDDYX VART
Marwnad Dauid ap Gruffut ap Llewelyn
V y arglwyt cludlwyt clod adas vchel 1
och uab dy leas
Am eurdawn mawrdygyn y lias
Am arddelw tec am vrddas 4
Am vrddas adas eiddunvryd Kymry
doeth kymraw a thristyd
Am Ddauyt dyt dihyfryd
ap Gruffut grym gythrut gryd 8
Och am ryd esbyd oesboen dagreu rwy
ry dduc lliw vyg gruddyeu
Och veith och vyth hyd angheu
Och Veir am y mawreir meu 12
Meu rac dolur cur kyr vy mron rac die
dygy(n) atnabod weithyon
Yt hyll goual vyg callon
val yt hyll tec erchyll tonn 16
Oer donn yg allon angheluyt oet ym
eryr llym lluossyt
Aros clybod dyuod dyt
eur golofyn diofynDauyt 20
452 Bleddyn Vardd.
Kyn no liât Duiyt deuawd Einawn Yrth
nerthawclym Mfërvynyawn
Oe vreisc ueirch maeth fraeth frwythlawn
ae wiscoet ym dotoet dawn 24
Arwymp dawn kyfyawn oeraf kofyon vyt
liât Dauyt llyw deon
Eur disserch Rydderch roddyon
Aruaeth llyr aryf mawrwyr Mon 28
Gwae Von ac Aruon gornod kolli rwyf
rwysc angert Eliuri
Gwayw gwaed fyscyad gad gyni
Gwawr deifnyawc rutuoauc ri 32
Liât vy ri ymi mawr o dramgwyt hwnn
hynn am dwc yn ebrwyt
llyw dragon llym roddyon rwyt
lleityad argleitrad arglwyt 36
II
_L)uw dy nawd rac tawd tan llachar vffern
yny may kethern kaeth ywr karchar
yny may trallawt berw barawt bar
yny may perued dygned dayar 4
yny may mawrway marwar kyllestric
yny may godric die dilauar
Colleis a gereis o gar ac arglwyd
erglyw ew tramgwyd trymgwyn anwar 8
Colleis chwech tyyrn kedyrn kytvar
Chwech eryr ketwyr kad)T eu darpar
Llewelyn ay blant blayngar vrodoryon
ay haylyon wyryon oer eu galar 12
diwethaf ym bu buduawr wasgar
d'd glot derllyd ar llwybyr casnar
dewr o was ban lias yn llassar arueu
val e lias llacheu is llechysgar 16
Esgutuab Gruffud barawt rud bar
ysgwn y dryllywyt ysgwyt esgar
ysgor digyuor die auar obeith
Bletyn Fart. .(5 3
oysgawd e orrlleith gweith gwythlongar 20
Gwr heird e uilueird uolyant kynnar
Gwr harddeddyf ddileddf ar dal branar
Gwr a wnayth a gwayvv gwyar yn cochi
vch Aber Teiui ri ryuelgar 24
Gwr gwrd yn ymhwrd emys lluchuar
Gwr gorddin nas byw llyw lluosgar
Gwr bolch y daryan dayr var yg kyni
Gwr balch yn holi seri sathar ' 28
Gwr beilch e ayrweilch arwymp drydar
Gwr bwlch nat ydiw gwayw briw brwydyrgar
Gwr a wnayth adaw adar ar gynrein
val kicvrein Ywein awyd ddaffar 32
Gwr val Kadwallawn dawn diarchar
llawhir oed Ddauyd lluoed auar
Gwr oed anysgavyn ysgar ae ganlit
gwr am gwnayth edlit gouit gouar 36
Gwr a gynnheil nef gwir oddef.gwar
Gwawr gwerthuawr gwrthaw boet trugar.
Marwnad Ewein goc/i .ni. Gruffut. m. Llywelyn.
A.ghall a dyall yt ym yndaw 1
Anghwb}d vu yn pwyU am yn twyllaw
Yg draa Eua a vu vraw y dyn
aual bu dechryn dechreu arnaw 4
Agheu pob rieu diheu y daw
Egyrth ry gymyrth y gam racdaw
Aghof gwr hebof heibyaw nyd etiw
aghadyr yw uy myw uy mod hebdaw 8
Am Ywein gyfyrgein gyuyrglod itaw
Am aerwalch haelualch hawt yw wylaw
Am eryr kedwyr kyduraw Meruynyawn 11
mor digllawn digrawn deigyr yn syrthyaw
Am deyrn eurgyrn aergwn lithyaw
Am deyrnwawr llawr llu vytinaw
Am dihiruut prut yn preityaw gormes
Teyrnlles branhes Bryneich syrthyaw 16
Hil Gruffut waewrut rotuawr eurllaw
Haeluab Llywelyn llyw Aberfraw
45 4 Bîetyn l'ail.
ITil Yorucrth cannerth kein wallaw renuet
Hil Ywein Gwynet haelon gwynaw 20
Hil gwraw] brcinhyawl brenhin Manaw
II il Madawc uodawc nyd eitunaw
Hil Maredut draws hawt drostaw ledkynt
4- Hil eduynt Bletynt bleit ymwryaw 24
Hirgwyn yssym dwyn urwyn vrcutwydaw
Hirgawt nyd anhawt im ym danaw
Hir dewrllew traglew yn treiglaw ysgwyd
Hirwaew vn annwyd ar hwn nynhyaw 28
Hiraeth am gwalaeth gweled arnaw fl(w)ng
hirhebrwg echwg och or cutyaw
Hir darpar galar heb gilyaw yssyt
hir defnyt a uyt oe uetylyaw 32
Hirdetyf gynnetyf gynn noe orthaw
Heirt oet y uilueirt uolyant itaw
Hart Ywein virein var lluchyaw yg cad
haeluab rad y tad ae duc attaw. 36
II
Dothyvv am Oweyn doethwawr oe gollet
gnawt gollwng deigyr hyt lawr
Aer gymrud vud vyddinawr
Oer gymraw ar Gymry vawr 4
Mawr a dristyt byt bot hir orchud oer
ar Ywein vap Gruffud
Nef neud ethyw llyw Uafynrud
Ner niver naw haelder Nud 8
Gwell no Nud am vud vu'r llyw a gollet
ergyllaeth am dothyw
Gwawr gwayw dur dolur dilyw
Gwael neut bed gwae vi nat byw 12
Nyt byw gwalch trawsualch treis anoddef
rwy ry duc duw oe gartref
Arddelw keyn fyrd kyrd kyflef
. vrddedic wledic wlat nef 16
Blefyn Fart. 4 5 S
Gwlat nef oe addef edyw frwythlawn ddreic
o dragon Meruynyawn
Glew lew o lin Cadwallawn
Glyw lyw ganyt byw ba wnawn
20
Noc a wnaeth agheu aghyffret avael
am ddwyn hael wael weithret
Ny weles uolud am get
Ny weleis dreis gyn drymet 24
Trwm golli arglwyd oerglad weryt yw
Tramgwyd llyw llawch espyt
Trimut aerwalch valch vawrvfyt
Trymaf treis vwyaf tros vyt
Yr byt ys tristyt treisddwyn damwein dreic
drwc a chwedyl y arwein
Eryr cat breisc berthyat brein
Aerwalch awydvalch Ywein 3 2
28
Marwnad Llywelyn vab Gr affût .m. Llywélyn
Crist vawr arglwyt rwyt rad a archaf 1
Crist uab duw didwyll hanbwyll honaf
Crist ddetuawl cedawl cadarnaf arddelw
a porthes y ddelw ddolu; ddyknaf 4
A perthyn am ddyn a ddywedaf
A bortho gouid bid bwyllokaf
A uo gnaws achaws vchaf y vetyant
y vetwl bid leihaf &
Crist a ddoeth yr byd rac bod Adaf
ae bobyl yn vffern gethern gaethaf
y amlenwi nef amgylch naf vchel
a golles angel angheluytaf 12
kolles Kymry vawr gwawr gwreitaf
gwreitlafyn esgud gloewddrud glewaf
gwreitlyw nyd byvv ba wnaf oe golled
gwreitlew hyged rotged rwytaf 16-
gwr a las drosom gwr oet drossaf
gwr oet dros Gymry hy y henwaf
gwrawl Lywelyn gwraf o Gymro
gwr ny garei ffo yr ffort nessaf 20
456 Bletyn Vart.
gwr gwrt yn yn kyrchu llu lledeithaf
gwr gwyrtliw bebyl] gwerssyll gorssaf
gwreituab Grufrut ddigraffai am rec
yn deddyfeu mawrdec Nut a Mordaf 24
gwr gwaewrut gwr prut uegys Priaf
gwr gwiw yn vrenhin vyddin valchaf
gwr hylwyt y glod gwr haelaf am dreul
hyd yd gertei yr heul yr hwyl bellaf 28
gwr die y ddistryw llyw lly seitaf
gwr dygyn y alar kar kywiraf
gwr kywirgoeth doeth detholaf o Von
hyd yg Kaer Llion y lie teccaf 32'
Gwr vu Lywelyn ger teruyn Taf
Gwawr kyhoet wisgoet wasgaroccaf
Gwr oet arbennic bennaf o uilwyr
hyd ym Porth Wegyr eryr araf 36
Y gwr a gymyrth eghyrth yghaf
Agheu dros bym hoes drymloes dromhaf
A gymero uy rwyf rywoccaf vonhet
yn rann trugaret vawret vwyhaf. 40
Marwnad Ywein, Llywelyn, a Dauyt
meib Gr: ab Llywelyn ab Ioruerth.
iSj eud amser gaeaf gwelwaf gweilgi 1
Gweilgig moradar hwyluar heli
Neud arllen aryen Eryri weithyon
neud vehel gwenndonn gwyndir Enlli 4
Neud wyf hoed fwyfwy drwy drueni
Neud wyf hoen hyboen heb arglwyti
Trywyr a golleis tri dyledogyon
brodoryon haelon o hil Rodri 8
Ry draws fuam oll kyn eu kolli
Rydrist yn gwnaeth crist croes oleuni
Ry drwm fu eu bar am beri lluoet
y gynhal toruoet teruyn Hotni 12
Gwyr hoedylwydyr gwyr hydyr eu gwrhydri
Gwyr hydreit gwreit am uro Geri
Gwyr kyrehyad yg kad yg galedi blwng
ny edynt ystwng Ystrad Tywi 16
Blelyn Vart. 457
Ywein uab Gruffut uut uynogi
awytawc uarchawc ueirch ddigronni
Eryr Fraw ny ddaw yw ddaeoni neb
am glod ac wyneb Gwynet lochi 20
lias gwr ge — nt hynt haelyoni
llywyawdyr llv Kymry hy y henwi
Llywelyn teruyn toryf gymelri ualch
llafyngoch yg galch yg Caer Fili 24
Dauyt glod gynnyt gyn y dreghi
deuodeu Drystan daryan dorri
dyurydet Gwynet gwae ni ry allad
gwalch fîyscyad rotyad rut a phali 28
Gwaed raeadyr baladyr o lin Beli
Gwaewddur ual Arthur wrth Gaer Uenlli
Gwawr aruthyr gwychruthyr am gochi eurglet
pan oet gwyr Gwynet tuet Teiui 32
dreigyeu rwyc arueu yn ragori
dragon ddieitil uil uanyeri
drwc yn gwnaeth hiraeth hir dewi trywyr
uegys meibyon llyr llwyrglod ynni 36
Y dduw yt archaf naf eu noti
eir egored rotuyged ri
y gwbyl or seinhyeu y Gybi ureinyawl
y hael ysprydawl dedduawl dewi 40
y Ueir uawr gadeir gadyr y gweddi
yr gwyr a wnaethbwyd yn broffwydi
ym plwyf mad gwastad gwesti ky(rrei)feint
ym plith hartureint saint senet Ureui 44
Awdyl y Rys am Maredud ap Rys.
Ardwyreaf naf neirthyat tyyrnet
tyyrnvud Uaw rodyat
Tyyrnas addas iddaw boed mat
tyyrndrut ordrut wrd beleidrat
Tyyrnwawr trawsuawr tros Ystrat Tywy
tyyrnwyr lochi gwesti gwastat
tyyrnwr uilwr ual Eliwlat
tyyrneid luchynt hynt e hendat
Teyrn yn heyrn yn hard wisgat balch
458 Bletyn Vart.
teyrnwalch ygkalch ygkylch gorwlat
Arwymp emys Rys ros achubyat
Ayruab Maredud rud e ruât 12
Aruaeth ehelaeth hwyl gyrchyat brwydrin
eryr Caer Vyrddin vyddin veiddyat
Aruot Peredur drymgur dromgat
Aruawc ab Efrawc cadyr uarchawc cat 16
Aryf Prydein ysgein ysgarlat wasgar
ysgwyt tan llachar car kynnifyat
Esgut waew weith i wir ovynyat
Ysgwn baladyr cadyr cadarn lcidyat 20
Ysgauyn oed gennyf ysgarat pob dyn
wrth hwn Llewelyn llyw Beruedwlat
Ysgor kor Kymry ddiffreityat
Aesgur val Arthur erthyst ladyat 24
Ysbydd gnawt berthwawt barth ac atat Rys
om tavawt yspys oesbell garyat
Ys bo dy orffen gymhen geimhyat
Ys bych neuawl hawl hwyl oleuat 28
Yn ran drugared yn rat y drindawt
yn ryd oth bechawt ddeuawt ddiurat
dewrddreic Deheubarth warth wrthotyat
dawn adlam dinam duw am danat 32
Marwnad Dauyd ap Gr. ap 0. ap
Madawg ap Maredud.
J_Juw a ddwc ataw bud waelaw byt
deduawl vreyenhin dewin diwyt
dewrddreic Edeirnyawn gadernyt frwythlawn
doethwalch o Leissyawn dawn dileturyt 4
D(auy)d ab Gruffud grym gythrud gryt
vab Ywein virein vawr syberwyt
vab Madawc vynawc venwyt diorchud
vab Maredud vud valch o ddetryt 8
Gwr ryvu D(dauy)d diveuyl blegyt
Gwrawl y verroes einyoes ennhyt
Gwr hyvriw e wayw gwr hyuryt e vyw
gwreid eurllyw glyw glew oe vebyt 12
Gwr goleu e arveu airgreu ergryt
Bletyn l'art. 459
Gwr gelyn e ddyn e ddiovryt
Gwr golut esgut oysgyt byddinawr *
ysgwn ysgwydawr buduawr beddyt 16
Gwr balch yn eurgalch ayrgwn waytlyt
Gwr bwlch y eurgled yn arueddyt
Gwr bolch y daryan dewr wryt Bedwyr
gwr beilch e uilwyr eryr ayrvryt 20
Gwr hygyrch e lys esbys ysbyt
Gwr hyget hygar car card oglyt
Gwr am gwnayth hirayth hirhyt ys rynnawd
gwr hawd e adrawd kawd am kyuyt 24
Y dduw yd archaf naf nym enhyt
llehav D(auy)d yn lie diwyt
lie may r vn ar tri trwy anwylyt mat
lie may r mab ar tat ar tec ysbryt. 28
Marwnad Oronwy ab Ednyuet
j\.olli Goronwy gwr diemyth vu 1
gorofyn llu llafyn dilyth
llew hael or llin wehelyth
llawir uyd dorvydir vyth 4
Byth am walch rwydvalch ryndoeth treis
galar / bu traws golofyn kyuoeth
Arwr dwr eryr ddewrdoeth
Eurwawr karuedvawr koeth 8
Dewrgoeth lluyduawr yn llu arallwlad
dinydyr gad gynydu
dinas esbyd gyd gyrchu
dinac uain vanac vu 12
Bu aruthyr gwythruthyr yn nyd gweithret
trin / traws haeluab Ednyued
Byd wir bud gywir am get
Bu gwawr hygyrch lawr hyget. 16
Kedawl Oronwy kat uorgymlawd hard
kard wahard kerd wahawd
|bo Bletyn Vart.
Kas kaby] kwbyldoeth ymadrawd
Keissyaw bot hebdaw nyt hawd. 20
Nyt hawd am yn kawd kan aeth oe dymyr
non damwein yssywaeth
Hyt vrawt herw ddevawt hiraeth
hoet vraw damweiniaw dim waeth 24
Gwaethwaeth yn tragwnaeth treghi mur
kiwdawt / treul barawt trin beri
Traws uar gwenwynwar gwae ni
Treis pobyl trist pawb oe golli 28
Marwnat Howel ap Goronwy.
I\ym goreu agheu anghen ordwy dreis 1
am draws uab Goronwy
Rym dirwaen duw rym dirwy
rym dirwnaeth rann hiraeth rwy 4
Pwy y roddei vor a orwu e glod
ym pob gwlàd y rywu
rinveirch rytveith eu kyrchu
rut val Nut rotvawr vut vu. 8
Hylithyr vu y lu lawer rec dy uyw
hwylva glyw glod redec
hylwyt wawr llawr llary ostec
hil doethyon hael tiryon tec 12
Tec yd gauas gwas gwayw hynod amlaen
dec amlwc y ganuod
llyw glyw gleif anesgymod
llew llavyngroch kledyfgoch clod. 16
Arwymp glod oruod aryf kyhoet hywerth
vu Hywel oe pobloet
Eryr tiruawr aryf toruoet
Aer ysgwn eur ysgwyd oet. 2a
Blelyn Varl. \6\
Oet gleifruthyr aruthyr aryf ryuel oet hael
oet hwyluawr glod vchel
Oet glew oet llew kyn llenn gel
Oet glwys digart hart Hywel. 24
Gwar Hywel vchel och or grwnn y tnae
nyd vy mot nas gwelwn
Gwawr gwreitvalch gwalch gwaewdwnn
Gwae Wynet hir orwet hwnn. 28
Hwn oet draws gyghaws ac angheu ae dvc
die am gwnaeth ac eisseu
hwyl cad cletyf gyrehyad cleu
Hael gwrawl or hil goreu \2
Marwnad Gruffut ap Joruerth ap Maredut Von.
Cjro a gut deurut dewrwas gwael y varw
yn y vawrglod gaffael
Grym erddrym aerddreic auael
Gruffut hil Maredut hael. 4
Ar hael Gruffut eut can drauod angheu
yng achweddyl y glybod
Gwayw gwrt ragor yn goruod
Gwawr dragon gwae Uon y uod 8
Bod heb walch keinvalch kynhebyc Drystan
ayr gynnwann eur gynnyc
detholew glew glod edmyc
doeth y lwyth Hwva pla plye 12
Oet plye dwyn terrwyn yn y tyrrei bobyl
o bob man aj^ kyrehei
Oet dilyuyn eur a dalei
Oet dilut but niyn y bei. 16
Myn y bei ayr uab Joruerth yn ryuel
kyn ryuawr drygyruerth
Oet kadarn dreic benn eic berth
Oet ked gynnyt kad gannerth. 20
Revue Celtique, XLI. 30
462 Blelyn Vart.
Cad gannerth mawi werth mor wae \ m
digiwyd / nym gad deigyr y warae
Gryd esbyd oesbell warchae
Gruffut ymaengut y mae. 24
Lie y mac argae ar Gymro dinam
detyf Dunawd ap Pabo
llavyn llidyawgddur kur kyffro
llew prut neud llawn prit a gro. 28
Marwnat Dauyt Benvras
JYLae gwyrda Gwynet gwae ni yr eissywed
yssywaeth yn treghi
Pob deu pobyl dygyn eu colli
Pob awr poen dramawr pob dri. 4
Oet tringar an car cof newyt an peir
perygyl hiraeth peunyt
Oet cwyn dwyn difefyl Dauyt
Oet coeth gwr a doeth y dyt. 8
Tra vu ddyt Davyt difefyl ddylif cad
oet cadarn y gynnif
Oet kedawl oet cadyr yg gnif
Oet coeth digrawn doeth digrif. 12
Tros nad digrif ym am was hael difei
hwyl ddifefyl gyweithas
Trist wyf treis duw ry gallas
Traws Dauyt lawryt ry las 16
Lias vnmab Llywarch llew afael yn reid ;
llary deleid honneid hael
Car coeth doeth dygyn y allael
Cywir nas gwelir ys gwael 20
Mor wael myned hael hwyl gyffro galar
yn rwym gwely manro
llawr gwerthvawr llan ae gortho
Gadawc gadarnn vreinhyawc vro 24
Gruffut dp Gwrgeneu, (.63
Era bro Dewdwr gwr gwrt yn argae trin
trist a chwetyl heb warae
Vthyr gwynuan chwcrw herw hirwae
Eithyr Gwynet y met y mae. _>ù
Marwysgawn Bledyn Vard.
_Crbyn vi vy ri rwyf bedydyawl 1
Erbarch vchelseint breint brenhinyawl
Erbynneist keueist kyuawl eneideu
yr agheu gethreu y gan gythrawl 4
Erbynyat pym oes o groes greuawl
Arbennic wledic wlad gynveithyawl
Arglwyd dat nam gat gyllestrigawl dan
yny may poethuan peth uffernawl 8
yny may mawrway heb ymeiryawl
Yny may mawrwall eneit marwawl
Yny may kynigyn yn kanmawl kelwyd
yny may peunyd poen angerddawl 12
Kyn mynet or byd bryd breuddwydawl
kein vynwent brouent bro gorfforawl
kyn maynved diwed bwyf dwywawl gyffes
kyn nom goddiwes bwyf gweddiawl 1 1
kan gwneuthost veithrin brenhin breinyawl
kan gwneir yr dy eir Veir vuddugawl
Gvvna dan gof yrof eiryawl ym dangnef
yn teyrnas nef naf ysprydawl. 2< >
Marwnad Ruffut vab Kynan, d. 1200
Cjrwr a gynneil y lloer yny llawnwet
a genniw pob tra trwydi beruet
oe gannyad oe rad oe rinwet yn llawch
llewychedic heul yny gynted
Ac ynteu an dwc on diwet
oe dyg trigyant yn drugaret
Edrywant trachwant trachywat an knawd
yt yn knyny daeir yn y diwet
drwg yw ynn dryked an buchet
i<' i Mar. Ru if ni ap Kynan
eil drwc yn kyflwc an kyflyet
hvdvt twvll herwyt kymwyll camwel
Pèdweryl rewyt pymhed ryuet i_'
Chweched am galed amgelet am eur
a mireinwch byd ae anrydet
Seithued bwrw gwythlwrw gweithlonet
Geir syberw a berw yny beruct 16
W'ythucd yw Hat a llafneu cochwet
kelein a chathyl brein ar y bronnwet
Nawued yn ryred nyd anryuet
lleidyr na eill edrych crist yn y grocuvt 20
Decued anwaraed yw anwaret anwar
dall uydar kynn tylluet
dreic anhuenyt herwyt haeret
hiruod heb gymmod yny gamwet 24
duw a vynn dyuod yw orset
hydyr a llaw nyd liai yw omet
dadwyrein o uein o uet an dybyt
y an diburyaw o an camwet 28
Treisswr yw agheu ar bob trosset
Trameint nyd kywreint an kywrysset
O Ruffut gwaewrut goruolet ym ken
am kynnygyws eur a meirch hywet 32
H il Kynan erwan erwydet
Hael y wan hil Ywein Gwynet
hil Madawc hydyr uynawc vonhet
mwynnyant kert nyd cart y diwet 36
kyuetach uorach uawret oruchel
or achwet oreu o deyrnet
Neum bu oe agad mwyndyad met
Ny bu oesdlawd beirt oe ystlynet 40
Ysgereis a gwr nyd goruolet
Ysgar byw a marw garw argywet
Am arglwyt diwyd am diwet ysgar
an ysgafyn a wr y vreuolet 4 4
Ny byt kyuoed pawb pymcan mlynet
Noc y bu gyuyg gwlyd teilyg gwlet
Ny bo kyuyg duw ym kyuet yg kyuawr
syrmhwyr vawr Senet. 48
Gruffut ap Gwrgeneu
Gruffut vab Gwrgétieu .165
Grul fut vab Gwrgeneu oe gedymeithon.
M.arw Mferwyd hirwlyd am hirwlych dagreu
digrawn ynt a mynych
nyt heneint gwr ae gwrthrych
Nyt hyn oes dyn noc oes drych 4
Ystyrywn kwynwn ketwyr aruoll naf
ny ad duw yghyuyrgoll
Marw myrd ma\\Ted kwd kardgoll
Marw Merwyd meirw uydwn oll s
Pell yw o Bowys pviyll argel y d\ r n
y ddial gwaet Auel
Gwaelawt ty tywawt tawel
Gwely r\id Gwilim Ryaiel
dweleis le am de am danaw heddiw
hawd y gallaf wylaw
Rudued werthuawr wed \\Ttha\v
Ac edenawc y danaw
Kanys marw mawred a grym
Griffri y treghi oed trwm
Marw vyd Einawn dawn dinam
O d\Tia nv b\'d da dim ^o
CANUON PHYLIP PRYDYD
Canu i Rys Gryc
Cjjweleis Rys yn llys eissidlo
gelurud gelyn yn alluro
hvuoluawc hael mynawc hawd bo
glot edmyc kymhengryc Kymro
Dragon llyw lluoed anwosgo
Dreic vnbyn a vynn a vynho
,.u. Phylip Prydyt.
hir y wir y wr dra sauo
liydyr y dreis y dreth o Benuro 8
Gwalch gwylwalch golut anghryno
Gwawd uyuyr gvvawr Gwhyr gortho
Enw y uard y uarn a welho
Kediuor kadeiryawc artho i 2
Baran llcw yn llyryc eurdo
Brenhin beird breinyawl a ganho
Gorwenn tonn tued Porth Gwydno
Garw y llenn a grann wenn y gro if>
Gnawt rygwyd rygeis ny allô
Gnaws gaeaf alaf yng godo
Teleis y ueirch y uarchawc mwydno
Teilwng yng talv an rodho 20
Ys ymi vd lwysrud kas a gro
fyddyawc fodyawc y ymdro
hael hir lew hir Uew hir llwydho
hil Catuan Kynan vab Jago. 24
Kygoryon Dadolwch y Rys Gryc
ivedy sorri wrth Phylip am brydu y neb arall
la gessidy ui uodrydaf kreugar J
kroewgoch gwaew oth adaf
Pa ham veirt adlam vleit naf
Pa gam a gefeisty arnaf . 4
Arnaf kymeraf kymhenn Rys atteb
hyd attaw yny lys
Myned dylyed dilys
A mawrglod ym arglwyt Rys. 8
Rys uyg Loegyr westyng lary westi toru-
oet / Taryan Ystrad Tywi
Rac dy uar kar kert lochi
Mal gwiryon gwared dduw ui. 1 2
Mi ath fum borthwr borthyad riallu
ny ellir y ddiwad
Pan oet lyw kyhoet lew cad
ym pob riw ryuel arnad 16
y R\s Gryc 467
Ar dy uawluar par pymllyg nam gwartha
nam gwrthod yn dduruyg
Eryr llewyr llaw bergyng
erreityeisty ehang o yng 20
Ys yng yn ystwng ystic \'ara Rys
rutnoawc cadurua
ys anilys im ddim da
Os am carwys am cassa. 24
Nam cassa pwylla pyllyawc eduynt Rys
y rwng Ros ac Eppynt
Bart vum itt tri mud tremynt
A chedymddeith kanweith kynt. 28
Kyntaf achubaf echel ureint rac bar
hil casnar cas w} r theint
Nawt duw mawr dengwawr deweint
Gyda nawt naw mil o seint 32
Synnya di rôti rwyf gwawr Carannawc
kerennhyt yth gertawr
Rysua kyrt Kalan Yonawr
Rys rut bar rwysc moruar mawr. 36
Mawr fwy y credaf no chreir ked neirth-
}^ad echel kad ked adneir
Gwr yssy ) r m kadw ym kadeir
Gwn itaw goreuraw geir. 40
O dywedeisy eir ar wekrei heb porth
parth eurgolofyn Kymry
diwygaf honnaf hynny
difwyn a gymer duw ury. 44
Awdwl a gant y bart yn llys Rys Jeuanc yn Llan Badarn
pan vu amrysson yrynthaw a beirt ysfydeit
±ju dioual ny bu diorit 1
gan golofyn Kymry camp ddiodit
ibS Phylip Prydyt.
pan wu yn ryuel gat chweJ ohwerwlit
Myny adeigei neb ar y ncwit 4
l'i unyd yn rwyddryt ym rodit anoeth
pcunoeth a rygoeth ym anregit
Ac yn llys hil Tewdwr tcc ym hurdit ynaeth
ac attoeth etwaeth nam gwnaeth wneit 8
Pei achwir volawt
y dylwet fossawt
dyrllydwn i wirawt
kyn bydwn i ermit 12
Moladwy uleidriw nym rodey brit
mawr y afael hael hawd y erlit
ny thraethaf i gelwyd nyd ef gelwit
hwn cledyf ysgwnn twnn twyll y Gwndit 16
disseirch meirch a seirch osseddrit borfor
diachor ysgor ysgwyt turnit
kadyr wychawc varchawc mynawc mwynlit
Katelling ener wener wenit 20
kadeir Vaelgwn hir a huberit y veird
ac nyt yr goueird yt gyuerchit
Ac am y gadeir honno heddiw bei heiddit 23
Bod se ynt herwyd gwir a breynt yd ymbrouit
Bydynt derwyddyon prydyon Prydein
nés gwaew yn adein nyt attygit 2O
A bei gwrawn or dawn a dadenit
Penkerd o digerd ny ddigonit
A bei ef gennyfy yd gennelwit
Atvyddaf naf arnaf y dervyddit 30
Eudusswny uot Rys rwysc ddiednit
Tra vei dywawl duw yny dwyodit
Ar y llenn valchwen ny vylchit y breint
yd ysgarawd heneint ac yeuegtit 34
Rwng y prenn frwydlawn
Ar tair prif ffynnawn
nyt oed ar hirgrawn
yd ymborthit 38
yn hyrgan vann vawr y rydit
yn hyngaer glaer yn yt glywit
yn heyrn adef
yn nheyrnas nef 4-
gwr ys yn godef
y goreilit
y n îlys Rys iettanc 469
Kywot dy was Assaf essil] ervit vawr lawr
gnawt o synwyr vawr varn drybelit 46
Ae kymraw treidaw tra mynyd gwidawl
myny ret Rcdyawl o Elenit
Ae gwallus yghof yghyuyrdelit
Ae gwaeth mynac nac noc eddewit 5 )
Kigleu y doroff ath toroff a thwryf ysgwyd-
awr/ nos Galan Jonor mwynwawr medwit
Ac ambyrth clôt wasgar llyry daear divrisc
llawer march a gwisc wesgerit 54
wedy cat dramawr agawr d . . . mit
A chyuaruot pybyl penn yn eruit
Rac me . . vei kyued kyuedach hedyrn
rac bronn eurdeyrn kyrn a genit 58
Bann ket ban rodet pan rodit eur coeth
pan vei parabyl doeth a dywettit
pan vei ankwyn med yn medwit yn llys
ym hadawssei Rys nam diddolit 02
Amrysson Phylip ar goveird yspydeit.
Arglwyd nef a llawr mawr a ryued 1
val y keissyr cam o bop kamwed
Andavvt ud gwaywrud gwawr teyrned
y goueird ar beird yn kywryssed 4
Yr pan vu Elffin yghywryssed Vaelgwn
neus porthes pepprwn pell dyfryded
llauar merinnyeu gwynnyeu gwraged
llawer chwedel anoeth a doeth Wyned 8
kyny delei hwnn o achened
geuveird aghyfrwys y beryf ae henryded
O gwnaeth Golydan gyflauan diryeit
bit ar y eneit yr enwired 12
Taraw Kadwaladyr colofyn elyflu
gwr oed yn gallu y dyualied
Ac eissoes eissoes yn y dygned
divreinyaw dawn duw nyd dyn ae med 16
Mor dygawn y mae digymroded
wedy penkeyrdeth Kymry yghamryssed
O byd arglwyd gwir Gwyned dywyssawc
470 Pbylip Prydyt.
Essillyd Madawc rywyawc reuved 20
Llewelyn llcw gwawr clotvawr cleddyfir
pell yd etmygir atchwedled
Gwr ny varn kamvarn kadarn yt ved
(iwr a vyd y enw yn edryssed 24
Gwr biheu tretheu trathued Llundein
diffcithdir Prydein ae chyvanhed
Gwr yn llwyr a wyr synnwyr sened seint
Gwr a wys y vreint o vrenhined 28
Goreu yw gennyfy gorwed neuadawr llyw
llwyth Tewdwr mawr gwawr gwaradret
kynnedyf yw kennyf y k derganed
kanu kerd am borth am byrth neufed 32
Hengerd Talyessin y teyrned elvyd
hi a vu newyd naw seith mlyned
Ac onym agheu y aghenved daear
kyn anwar kyfar kyflauared 36
Ny dervyd awen yar darwed treul
tra vo lloer a heul ar y rodwed
Ac onyt trech kelwyd na gwiryoned
neu daruot dawn duw yn y diwed 40
ys my a veflawr or gygheussed
gweryt yr gwagveird y gwaghoffed
y Rys Jeuanc
j\ys rwysc chuel ryuel rwyf naf deyrn
rwym kedyrn cat worssaf
Eithryat brat bron eilyassaf
Eithyr kenyt kynelw ny wnaf. 4
Ys gwneuthum ytt glot glut rwyf gawr yg-
wrys / gwawt vrys Rys rwysc ddiryawr
llyw ior llew tewdor tutwawr
llawer echaws tat maws mawr. 8
Mawr yw ym dreic wawr fawr faw fwyr
fyscyad / fysclew cat ket wallaw
Bot addef nef yn eiddiaw
Ar byt achlan y danaw. 12
v Rys ieuanc 171
Dan Rys vab greifwrys Grufud ysgwyd-
wyrt/ oes ket kyrd kard wosgud
Ihvrw Uwyrglot wawt rot wotrud
llyry drauyn llawer llauyn lletrud. 16
Lletrud par\Tys Rys rwysc hiryell yn aer
yn arueu agkysbell
hawl toryf teyrnvro Gadell
hydyr auael hael hanbych gwell. 20
Hanbych gwell hyd bell bellawc lluchurys
cat; kedemyt enwerys
Aryfrud prud Prydein ynys
Eryr aer glwyf arghvyd Rys. 24
Awdwl varwnad y Rys Jeuanc
Goruchel arghvyd goreythoylaf 1
Goruedawt vyn tauawt gwawt a ganaf
Goroyr vyng callon goruch at daf llys
Goruc angheu Rys anghen arnaf 4
Gorwlychawt vyng rwydeu om dracgeu mynych
neud val drych gwrthrych gwrth a welaf
Xeud ethpv gly^v gloew orsaf b} - ddin
hoedyl egin vrenhin hoet a borthaf 8
Gwenwynvar gwanar kerdgar k}Td vyged
Gwae ui oe vynet vyni nas gvvelaf
Gwedy mab Gruffud gwaewrud gurhaf
YsgwTin vyng hystlwnn ny \\Tin py \vnaf 1 1
Och hyt attat ti duw a dotaf yn dde
o welet vy lie ar Uet eithyaf. 14
J. GWENÔGVRYN EVANS.
bibliographe;
Sommaire. — I. G. Dottin, Les littératures celtiques. — II. H. Hovelaque,
Anthologie delà littérature irlandaise. — III. G. Dumézil, Le festin d'im-
mortalité. — IV. E. Curtis, a History of Mediaeval Ireland. — V. P.
Walsh, Leabhar Chlainne Suibhne. — VI. Cécile O'Rahilly, Ireland
and Wales. — VIL S. Feist, Etymologiscb.es Wôrterbuch der gotischen
Sprache (fin).
1
Georges Dottin, Les littératures celtiques. Paris, Payot, 1924.
174 p. in-16. 4 fr. (relié 5 fr.).
C'est à M. Dottin que l'on doit déjà le meilleur exposé d'en-
semble des littératures celtiques. Il a été publié en trois parties
dans la Revue de Synthèse historique que dirige M. Berr, t. III (1 901),
p. 60-97, t. VI (1903), p. 3 17-362, t. VIII (1904), p. 78-104.
Quelques années plus tard, dans la Kultur der Gegenivart de Paul
Hinneberg, t. X (1909), Zimmer, Kuno Meyer et L. Chr. Stem
ont traité de la langue et de la littérature des Celtes. Enfin, en 1910,
Quiggin et M. W. J. Gruffydd, dans l'Encyclopaedia Britannica,
11 e éd., t. V, ont tracé un tableau des littératures celtiques. La
maison Payot se devait de ne pas négliger dans sa collection (v.
Rev. Cell., t. XL, p. 170) cette importante partie des lettres
humaines, et M. Dottin était l'homme le plus qualifié pour en par-
ler savamment. Ceux qui liront son petit livre n'éprouveront qu'un
regret, c'est que la place lui ait été mesurée si étroitement. La
matière est si vaste qu'elle aurait dû remplir au moins deux
volumes de la collection. On a souvent l'impression que l'auteur a
été contraint, faute de place, d'écourter ou de resserrer son exposé.
Mais il a joué la difficulté avec plein succès ; on doit reconnaître
qu'il était difficile, dans un espace aussi restreint, de faire con-
naître d'une façon plus complète et plus exacte l'ensemble des litté-
ratures à la fois gaéliques et brittoniques.
Bibliographie. .17 3
Parmi les six chapitres que comprend l'ouvrage, deux surtout
sont importants, le quatrième et le cinquième, respectivement
consacrés à l'épopée celtique et à la poésie des Celtes. Ils forment
les deux tiers du volume. Aussi bien comprennent-ils à peu près
tous les genres littéraires pratiqués par les Celtes.
Il ne faut pas prendre ici le mot épopée au sens qu'il a dans les
littératures classiques. L'épopée celtique est essentiellement un
récit, où la fable et l'histoire sont confondues et où l'auteur mêle
indifféremment à la tradition les fantaisies de son imagination. Les
dimensions de ces récits sont fort inégales ; certains ne sont que
des épisodes, probablement détachés d'ensembles plus vastes ;
d'autres, et notamment la Tàin bô Cualnge, ont une étendue qui
atteint presque celle de l'Odyssée ou de l'Enéide. L'épopée irlan-
daise est en prose, mais elle contient des morceaux de bravoure
en un langage mesuré qui porte le nom de reioric et aussi cer-
taines pièces de vers composées d'une suite de quatrains. Le genre
épique a fleuri en Irlande pendant tout le moven âge ; en lui sont
venus se fondre plusieurs autres genres, et notamment l'hagiogra-
phie. Telle vie de saint, comme le Betha Colmâin maie Lùachain
(édité par K. Meyer dans les Todd Lecture Séries), est composée
exactement à la façon d'un récit mythologique ou historique. Ces
récits sont en général pittoresques et vivants ; on y trouve employé
l'art des préparations et des coups de théâtre disposés au bon
endroit ; ils sont souvent coupés de dialogues qui animent l'ac-
tion et mettent en relief le caractère des personnages. C'est dans
l'épopée que s'exprime le talent dramatique des Celtes, leur sens
du pathétique et du comique, leur goût pour le burlesque et la
truculence. Il n'y a jamais eu de théâtre celtique. Ce fait n'a rien
d'étrange, et l'étonnement qu'en marque M. Dottin p. 55 n'est pas
justifié. L'absence de théâtre chez les Celtes s'explique assez bien
par les conditions sociales où ils vivaient.
L'épopée celtique avait assez de variété pour plaire à toutes
les classes de la société ; elle a même souvent un caractère popu-
laire des plus marqués. La poésie est au contraire un art aristo-
cratique et savant. On y trouve un mélange d'épique et de lyrique,
au sens que nous donnons à ces deux termes, et le lyrisme y
comprend le panégyrique et la satire autant que l'expression des
sentiments personnels. Le sentiment de la nature y est, comme on
sait, très développé. La métrique celtique s'est avec le temps beau-
coup compliquée; elle a môme atteint à certaines époques un raffi-
nement inouï, plus grand encore en Galles qu'en Irlande. La langue
des vers est généralement difficile à comprendre, tant par l'emploi
I7-| Bibliographie.
de termes rares ou archaïques que parles libertés prises avec lasyn-
taxe. Les poètes ont en outre l'habitude de procéder par allusion,
souvent par allégorie, et de ramasser leur pensée sous une forme con-
cise et abrupte ; ils affectionnent une sorte de développement heurté,
saccadé, fort différent du développement ordonné des auteurs
classiques. 11 y a encore beaucoup à taire pour l'édition et l'inter-
prétation des monuments de la poésie des Celtes. Tels qu'ils sont
connus aujourd'hui, ils constituent un ensemble d'une originalité
rare, par l'intensité et la sincérité avec lesquelles s'y expriment
souvent le sentiment et la passion. M. Dottin, limité par la place,
n'en cite que quelques morceaux, d'ailleurs choisis avec goût : il
devrait bien quelque jour donner en français une anthologie de
poésie celtique, analogue au recueil que K. Meyer a composé en
anglais pour l'ancienne poésie irlandaise.
Les autres chapitres du livre de M. Dottin ne sont guère que
des esquisses. Celui qu'il a consacré par exemple aux influences et
aux emprunts est beaucoup trop court ; il peut servir en tout cas
à montrer combien la question recèle encore d'obscurités et sou-
lève de controverses. On pourra regretter l'absence d'un chapitre
de conclusion sur les caractères généraux des littératures celtiques.
Sans doute il faut se garder de ces jugements d'ensemble, qui sont
fatalement vagues et d'autant moins faux qu'ils sont plus vagues.
Que n'a-t-on pas dit des caractères généraux de la littérature fran-
çaise ? Est-il vraiment possible d'enfermer en une même défini-
tion des génies aussi différents que Rabelais et Pascal, Montaigne
et Bossuet, Voltaire et Balzac, Racine et Victor Hugo, Montes-
quieu et Lamartine ! Et pourtant aux yeux d'un étranger tous ces
écrivains portent une marque qui est française, et l'on doit pou-
voir définir les traits qui leur sont communs. D'ailleurs, les littéra-
tures celtiques offrent beaucoup moins de variété que la littérature
française et, étant formées pour une large part d'ouvrages ano-
nymes, elles prêtent davantage à une synthèse des caractères qui
les distinguent des autres. Jadis Matthew Arnold, avec des con-
naissances très imparfaites, avait tenté une synthèse de ce genre
(cf. Rev. Celt. t. XXXII, p. 214). Il était digne d'un érudit comme
M. Dottin d'y appliquer sa compétence et son talent.
J. Vendryes.
II
H. Hovelaque, Anthologie de la littérature irlandaise des origines au
Bibliographie. 475
XX e siècle. Paris Delagrave (collection Pallas), 1924, vi-400 p.
in-16.
Si l'idée pouvait venir à quelqu'un de contester l'utilité du petit
livre de M. Dottin dont il vient d'être question, cette Anthologie
suffirait à fournir la preuve contraire. L'auteur y manifeste une
telle ignorance du sujet qu'annonce son titre que pour l'honneur
de la science française on doit souhaiter à ses lecteurs d'aller au
plus tôt s'instruire auprès de M. Dottin. Il est malheureusement à
craindre que M. Hovelaque ne justifie aux yeux de bien des étran-
gers la réputation de légèreté invole, d'étourderie et d'absence de
méthode que la malveillance attribue souvent aux Français. Ces
défauts s'étalent bien fâcheusement d'un bout à l'autre de son
livre.
Ayant entrepris un recueil de morceaux choisis de la littérature
irlandaise, il avait le devoir d'apprendre à connaître cette littéra-
ture avant d'en parler. S'il voulait borner son choix aux écrivains
anglais nés en Irlande, il devait le signifier dans son titre même.
Comme il n'a pas songé à faire cette distinction, son livre repose
dès le principe sur une équivoque, htant de son métier professetir
d'anglais, il pouvait aisément composer un livre agréable et utile
en réunissant des morceaux choisis d'auteurs anglais ayant avec
l'Irlande une relation quelconque. Mais ceux-ci ne doivent pas être
confondus avec les écrivains proprement irlandais. Il ne faut pas
donner à croire que la littérature irlandaise se confond avec la
littérature des Anglais d'Irlande.
Nous n'avons pas à apprécier ce que M. Hovelaque dit de ces
derniers. Son choix est abondant et varié, si varié qu'il comprend
même — est-ce une gageure ? — quelques pages des mémoires du
chevalier de Grammont, écrits comme on sait en français par son
beau-frère, l'aimable et spirituel Hamilton. Mais la partie consa-
crée aux auteurs proprement irlandais est lamentable. Il est visible
que M. Hovelaque ne connaît rien de la littérature irlandaise et des
conditions dans lesquelles elle s'est développée. Les fragments
qu'il en cite sont empruntés à Montalembert, à Ozanam, à Henri
Martin ! Il a des erreurs ou des naïvetés singulières : il confond
p. 5411. la fête de Samain avec la fête de Pâques ; il mentionne
p. 64 le poème attribué à Colum Cille (moenuran dam isîn sliab)
« comme un des monuments les plus authentiques de la vieille
langue irlandaise a. Il donne parmi les morceaux les plus anciens
le poème de Tir na n-ôg (traduit par Henri Martin d' O'Donovan,
Transactions of the ossianic socicty, t. I, p. 23), et prend au sérieux
.17^ Bibliographie.
(p. 60) l'attribution à sainte Brigitte du poème robutl maith lent
corm-linâ môr (public par O'Currv, Lectures on Ihe MSS. Materials,
p. 615). 11 ne connaît la littérature moderne que par les recueils
d'Hardiman et de D. O'Sullivan. Mais il ne sait pas en faire la cri-
tique et il ignore les publications des Kuno Meyer, des Thurney-
sen, des Quiggin, des Bergin, des Douglas Hyde et de tant d'autres !
En somme, tout le travail pbilologique accompli depuis cinquante
ans est pour lui nul et non avenu. 11 faut déclarer franebement que
son livre est mauvais et prier nos amis d'Irlande de ne pas nous
juger d'après lui.
J. Vendryes.
III
Georges Dumézil, Le festin d'immortalité, esquisse d'une étude de
mythologie comparée indo-européenne. Paris, Geuthner, 1924,
xix-322 p. 8°.
Ceux qui liront ce livre ne seront pas surpris d'apprendre qu'il
est l'œuvre d'un jeune homme. De la jeunesse, M. Dumézil a
toutes les qualités, et aussi quelques défauts. Parmi les premières,
mentionnons d'abord l'audace. Il en fallait pour s'attaquer à un
sujet devant lequel des hommes d'âge mûr auraient certainement
reculé. On sait quel a été le sort des études de mythologie compa-
rée, si en faveur entre 1860 et 1875. Soit par des défauts inhérents
à sa méthode ou à son objet, soit par les excès de certains de ses
adeptes, la mythologie comparée s'est rapidement discréditée ; et
on ne rencontre plus aujourd'hui de disciples avoués de Max
Muller.
M. Dumézil s'est proposé de rajeunir cette vieille discipline. Il
en revendique hautement le principe, qui est l'application de la
méthode comparative aux croyances religieuses ; et ce faisant, il
agit en novateur, car depuis longtemps les plus autorisés des
mythologues se refusent à toute tentative de comparaison. Mais il
se garantit contre les erreurs qui ont mérité sa disgrâce à l'école
de Max Muller. Tout d'abord il n'hésite pas à faire appel à la
sociologie et au folk-lore pour interpréter les données mytholo-
giques ; ensuite, il prend soin de définir exactement ce qui, dans
la mythologie, peut servir de matière à la comparaison. Il en
exclut les noms de divinité, dont l'étymologie n'a jamais fourni
une base sûre pour bâtir quoi que ce soit ; il en exclut les thèmes
Bibliographie. 477
isolcs, même les séquences thématiques, bien que le seul hasard
n'en puisse guère expliquer la coexistence dans des mythologies
voisines. Il ne retient que le cycle, entendant par là un ensemble
comprenant plusieurs séquences thématiques groupées autour d'un
centre commun. Si l'on constate chez tous les peuples indo-euro-
péens, et chez eux seuls, la trace, même plus ou moins visible ou
déformée, d'un même cycle, on est en droit d'attribuer à ce cycle
une origine indo-européenne, de le considérer comme l'héritage
d'une croyance qui date de la période d'unité nationale. Théori-
quement parlant, la position prise par M. Dumézil est solide. Dans
la pratique, l'application de la méthode se heurte sans doute à
quelques-unes des difficultés que la Revue, celtique opposait jadis à
une tentative d'exégèse lunaire (t. XXXIII, p. 497 ; ci'. Z. f. Celt.
PhU.,1. X, p. 510). Mais M. Dumézil ne méconnaît pas ces
difficultés ; il estime seulement que si elles compliquent sa tâche,
elles ne la rendent pas impossible. Il faut se garder d'assimiler la
mythologie comparée à la linguistique. La différence des matières
auxquelles elles s'appliquent donne à la méthode dans les deux
cas une portée différente.
Le cycle qu'étudie M. Dumézil est celui de l'ambroisie, liqueur
d'immortalité. C'est dans l'Inde et dans les pays germaniques que
le cycle lui parait s'être conservé avec le plus d'ampleur et de
clarté. Outre un ensemble de légendes, il comportait un ensemble
de rites et des cérémonies de fêtes. Et on le retrouverait, tantôt
sous forme de légendes tantôt sous forme de cérémonies tradition-
nelles, dans les autres parties du monde indo-européen, en Italie
et chez les Celtes, en Arménie et dans l'Iran, dans le monde slave
enfin, où nombre de bylines contiendraient des allusions à Tan-
tique légende de l'ambroisie. Le sujet était immense et hérissé de
difficultés ; M. Dumézil s'en est tiré avec une rare aisance. C'est
encore une qualité de la jeunesse d'être prompt et alerte. Il a mené
son exposé tambour battant et d'une allure entraînante. C'est sans
fatigue et même avec agrément que le lecteur marche à sa suite du
Pendjab et des Monts de l'Arménie à l'ultima Thulé, des plaines
de la Volga et des bords du Tibre à l'Islande.
A moins d'être averti, on ne soupçonnerait même pas de com-
bien d'obstacles la route était semée. Le sujet exigeait des enquêtes
minutieuses dans des philologies qui imposent une initiation sou-
vent longue. M. Dumézil s'est jeté bravement dans l'aventure.
comme les Irlandais partaient sur l'Océan dans une barque de verre
pour gagner le pays des fées. Les fées, toujours indulgentes à la
jeunesse, lui ont réservé le meilleur accueil. Mais les\-ieux éru-
Ret/ue Celtique, XLl. .,
478 Bibliographie.
dits, qui n'ont plus de faveurs à attendre des fées, risquent de se
montrer plus sévères. Indianistes, slavistes, germanistes pourraient
sans doute chacun sur leur terrain prendre çà et là l'auteur en faute
et relever dans sa documentation des erreurs et dans son argu-
mentation des faux pas.
Sur le domaine celtique, sa préparation est visiblement insuffi-
sante. Il s'en est tenu surtout à un livre, le Cycle mythologique de
d'Arbois de Jubainville, qui était excellent il y a quarante ans,
mais qui a été corrigé depuis et dépassé. Il s'en faut que la bière
occupe en Irlande la même place que dans la société Scandinave
(v. Rev. Celt., t. XXXVIII, p. 347). La bière est chez leslrlandais
comme chez les anciens Celtes une boisson vulgaire e.t commune ;
les gens du peuple buvaient de la bière (cf. Betha Cholmain maie
Luachrain, éd. K. Meyer, p. 84, 1. 7). La boisson noble, aristocra-
tique était le vin ou l'hydromel. C'est du vin qu'on servait à la
table des chefs, et que l'on conservait dans les caves des monas-
tères. Ce sont les flots d'hydromel qui inspirent le désir des
grandes gloires (midriana ail môrchlotha miditer, Z. f. Celt. Pbil.
XI, 80 et 99). Le vieux nom de l'hydromel flamboie dans la Mid-
chuairt des héros de la Branche rouge. Le vin et l'hydromel sont
également célébrés dans les vieux poèmes gallois : cf am rodes med
a gw'ui wydrin bann « il m'a donné hydromel et vin de la coupe
de verre » (B. Tal . 43, 14 Ev. ; cf. ibid. 14, 3 540, 16; 59, 8 etc.);
B. An. 15, 21 ; 21, 21 et 22 etc.). S'il y a un poème de la
bière (canu y cwrw) dans le Book of Taliessin, il n'a rien d'un
hymne rituel ; et il est précédé d'un chant de l'hydromel, où les
trois boissons sont d'ailleurs mentionnées (y gwr am rodes y gwin
ar cwrwf ar med, p. 40, 1. 15). C'est du vin et de l'hydromel que
la vieille de Beare buvait jadis à la table des rois (rombùi demis la
rigu ic ô! meda ocusfma) ; et Mider, pour décider Etain à le suivre
au pays -des fées, lui promet là-bas du vin et de l'hydromel de
choix (rogu de mid octis fin) ; s'il mentionne la bière c'est pour
dire que celle du pays des fées enivre mieux que celle qu'on boit
en Irlande (cid mesc lib coirm inse Fâil, is mescu coirm tire mâir) ;
cf. Ir. Texte, I, 133.
M.Dumézil appuie son argumentation relative aux Celtes sur la
personne du forgeron Goibniu, qui serait le dieu de la cuisine et
l'échanson des dieux (p. 162-163). L'incantation de saint Gall où
Goibniu serait invoqué à ce titre pour la conservation du beurre
ne signifie nullement ce que d'anciennes traductions lui faisaient
dire : elle a été interprétée depuis comme une incantation contre
la piqûre d'une épine (v. Rev. Celt., t. XII, p. 155, et Thés.
Bibliographie. 479
Palaeobib., Il, 248) : et Goibniu n'y est revêtu d'aucun attribut
culinaire. Quant au festin de Goibniu Çfled Goibnentî), il est men-
tionné dans trois passages qu'O'Curry a signalés jadis dans la revue
Atlantis (t. [II, p. 589); mus d'Arbois de Jubainville semble en
avoir tiré des conclusions un peu hardies. O'Currv déclare lui-
même qu'il ne saisit pas quel rôle vient jouer là le forgeron Goib-
niu. Les trois passages sont les suivants :
i° Agallamh na senôrack, 1. 6789 et suiv. Cailte va trouver saint
Patrice et lui apprend qu'il a été gravement blessé à la jambe à la
bataille de Benn Etair (Howth) par le fils du roi de Norvège,
Mane : « Conduis-moi, dit-il, à l'endroit où habite Aed Minbrecc
d'Assaroe ; sa femme Bébind fille d'Elcmar possède le breuvage de
guérison et le remède des Tuatha De Danann ; c'est elle qui pos-
sède ce qui subsiste du festin de Goibniu » (is aicci atâ deoch ïeigbis
7 icce Tuaithe de D.inaini, 7 is aicci atà in neoch mairis di fleid Gaib-
nenu). UAgallamh na Senôrach est au plus tôt de la fin du
xii e siècle (Sommerfelt, Rev. celt., XXXVIII, p. 36, n. 3).
2 Book of Lismore f' J 23 b a, a. Is maith do dhealbh 7 t'indeall,
ar Patraic, 7 crei connmas sib a rind bur crotha 7 bar ndealbha mar-
sin ? Gach aen robui ic olfleigi Goihnenn acund, ar si, ni thic saeth na
galar friu. « Bonne est ta forme et ta tenue, dit Patrice ; mais
comment avez- vous pu maintenir à ce degré voire extérieur et
votre forme ? — Tous ceux d'entre nous qui ont bu au festin de
Goibniu, dit-elle, n'ont jamais subi de peine ni de maladie. »
3 Book of Fermoy f° 11 1 et suiv. (v. Todd, R. Ir. Acad.
Proceed., Ir. Mss. Ser., p. 46). Manannan mac Lir choisit pour les
chefs des Tuatha De Danann des habitations souterraines où ils
puissent se cacher ; par « l'incantation de présence » il les rend
invisibles, et il les nourrit avec le festin de Goibniu, cependant
que les troupes sont alimentées par les porcs de Manannan (cf.
lrische Texte, III, 198 et ss.). Le texte, presque illisible porte à
peu près ceci : 7 dorinneadh in feth fiàdha tar nach fa ici na fiait Lu
7 fleadb Goibninn cran aeis gan urc[hr\â doua hardrighaibh 7 muca
Manannain re marhad 7 re marthain doua miledbaibb l .
On ne voit pas sur quoi d'Arbois de Jubainville s'appuie pour
soutenir, après Todd (loc. cit.) que le festin du forgeron Goibniu
était un festin de bière, d'une bière dont il avait le secret et qui
était la boisson des immortels. Du moins une conclusion de ce
genre parait jusqu'à plus ample informé assez téméraire. D'Arbois
1. Je dois communication du texte du Book of Lismore et de celui du
Book of Fermov à l'obligeance de mon ami lf Or Best.
4.R0 Bibliographie.
v avait été conduit par un rapprochement, très contestable, de
Goibniu et d'1 léphaistos. Même si elle était acquise, il y aurait
lieu de se demander si le rôle attribué à Goibniu ne résulte pas
d'une influence Scandinave. Les rapports des deux peuples, pro-
longés pendant plusieurs siècles, n'ont pas été sans modifier les
mœurs et les idées de l'un et de l'autrre. Plus d'un trait a été
introduit dans l'épopée irlandaise sous l'influence du christianisme.
Oi\ devrait pouvoir y retrouver aussi la trace de traditions et
d'usages venus de Scandinavie, et non moins que la vie sociale, la
mythologie contient sans doute des éléments d'emprunt. 11 v a là
un vaste sujet, qui après les travaux d'hommes comme Bugge,
attend encore une étude d'ensemble. Il avait tenté jadis le regretté
Duvau ; il mérite d'être repris par un jeune philologue qui se
serait familiarisé avec les deux littératures.
M. Dumézil serait homme à poursuivre l'entreprise avec succès.
S'il s'est révélé celtiste encore novice, il a tout le temps d'acquérir
l'expérience nécessaire. Sa thèse a charmé les juges par les pro
messes qu'elle renferme autant que par l'affirmation d'un talent
personnel ; ils y ont vu la marque d'un esprit vigoureux qui
s'attaque vaillamment aux problèmes, qui sait composer, et qui
sait écrire. Tant de qualités rachetaient certains défauts et leur
méritaient l'indulgence. M.Dumézil a obtenu la plus haute men-
tion dont les juges disposaient. Ceux-ci lui ont fait confiance : ils
ont tout lieu d'espérer que dans la suite de sa carrière il ne les
démentira pas.
J . Yendryes.
Edmund Curtis, A history of mediaeval Ireland frorh ino to iji>.
London, Macmillan and Co. 1923. viij-436 p. 8°. 21 sh.
L'activité scientifique de l'Irlande, pendant les temps troublés
qu'elle a traversés dernièrement, est pour ses amis un sujet d'ad-
miration. A ne s'en tenir qu'à l'histoire proprement dite, après
l'ouvrage de M.Eoin MacNeill et celui de Miss Havden et de
M.O'Moonan, dont la Revue Celtique a parlé (t. XXXIX, 74 et
XL, 179), voici de nouveau un volume, dû à la plume du Prof.
Curtis, de Trinity Collège. Il se limite au moyen âge. Peur la
période qu'on pourrait appeler « normande » dans l'histoire d'Ir-
lande, M. Curtis avait un devancier en la personne de M.Goddard
Bibliographie. 481
Orpen, autour d'une Ireland under the Normans {ii66-i}}}\ qui
est un excellent livre, encore qu'un peu trop partial dans le sens
anglais. Mais pour la période qui s'étend de 1533 à 1500, il n'avait
pas Je modèle à suivre ; il devait tirer ses documents de recherches
personnelles et compter sur sur son propre talent pour les mettre
en œuvre. Le résultat qu'il a obtenu lui fait grand honneur. 11 a
donné de ces quatre siècles d'histoire d'Irlande une description pré-
cise, appuyée sur une connaissance directe des faits et sur une cri-
tique minutieuse des sources. Sans doute, on ne trouve pas dans
son livre le charme et l'aisance du style, la force entraînante et
persuasive, la hauteur de vues qui font le rare mérite des Pha
Irish History. Il fait sentir la différence qui sépare le discours pro-
noncé, encore vibrant de flamme oratoire, du livre d'érudition,
patiemment composé dans le silence du cabinet. Mais l'ensemble
est solide et plein.
Les limites entre lesquelles M. Curtis s'est enfermé sont un peu
flottantes. On pourrait le chicaner sur la date de 1 1 10, d'où il fait par-
tir son étude. Cette date n'est marquée par aucun événement impor-
tant de l'histoire d'Irlande. Puisqu'il voulait embrasser dans son livre
la période qui précède immédiatement l'arrivée des Normands, il
devait remonter, semble-t-il, jusqu'à la mort de Brian Boroimhe.
La date de 1014 marque le « first Irish revival » : c'est à la fois la
fin de la puissance Scandinave et l'apogée d'une politique nationale.
Brian Boroimhe fut le premier arâ ri dont le pouvoir s'étendait
sans conteste à l'île entière, le premier qui ait réussi à réaliser
l'unité du pays sous un « imperator Scotorum », comme il se pro-
clamait lui-même dans une note insérée en 1002 au folio 16 b
du vénérable Book of Armagh. L'œuvre de Brian Boroimhe fut
éphémère ; elle put à peine se maintenir sous son successeur immé-
diat, Malachy II, qui avait été longtemps son compétiteur ; et les cent
cinquante ans qui suivent sont remplis par de vains efforts en vue
de sauvegarder l'unité nationale sous un chef unique ; chaque « roi
suprême » (ard ri) ne fut qu'un « roi avec opposition >> {ri c'o frea-
sabbra). Dans cette lutte entre le roi suprême et ceux qui lui dis-
putaient ce titre, il y eut des péripéties variées. Certains rois
suprêmes, comme Turlough O'Connor (1118-1 156), eurent une
autorité plus ferme et plus étendue que d'autres. Mais les luttes
intestines duraient toujours et, à l'arrivée des Normands, favori-
sèrent singulièrement ces derniers.
La période de 1014 à 1172 est instructive en ce qu'elle fait res-
sortir les côtés faibles des institutions politiques de l'Irlande. On .1
expliqué de bien des façons le succès des Normands. On a invoqué
482 Bibliographie.
l'effet de la bulle Laudabiliter, qui a pu jouer un certain rôle, à
supposer qu'elle soit authentique '. Pour une (ois que le Saint-Siège
.1 été occupé par un Anglais, pendant cinq ans seulement dans
toute l'histoire, l'Angleterre en a profité pour s'assurer des droits
à la conquête de l'Irlande. On reconnaît là l'esprit politique des
Plantagenêts. Mais les bulles d'un pape n'ont jamais été assez puis-
santes pour transformer le sort d'une nation bien organisée. Aussi
bien en France qu'en Angleterre, les rois ont eu souvent maille à
partir avec le pape. Henry II fut excommunié par Alexandre III,
le successeur d'Adrien IV : mais cela ne modifia pas sa politique
et il tut assez habile pour ramener finalement le pape à la seconder,
l.a politique des Capétiens ne fut pas atteinte par les excommuni-
cations lancées contre Philippe IV, contre Louis Vil, même contre
ce pauvre diable de Robert I er . Il y a vraiment entre la France ou
l'Angleterre et l'Irlande une différence, qui peut s'expliquer seule-
ment par des raisons internes et protondes.
M. Curtis en indique une dans la phrase suivante : « ail through
mediaeval times, the Gaelic leaders were rather battle leaders that
statesmen and romanticists rather than realists » (p. 4). C'est par-
faitement juste. La royauté suprême de Brian Boroimhe ne doit pas
faire illusion ; elle fut aussi accidentelle qu'éphémère. Brian
Boroimhe obtint le succès d'un joueur heureux ; il eut pour lui
qu'il luttait contre des étrangers ; cela explique qu'il ait réussi à
grouper momentanément toutes les forces nationales. Mais une fois
l'étranger écrasé, les luttes reprirent entre les princes irlandais ;
chacun d'eux nourrissait le rêve de devenir ard ri, de pouvoir
s'appeler imperator lolius Hiberniae ; mais ce n'était que l'ambition
d'un titre et non la poursuite d'un grand dessein. On a dit que l'Ir-
lande avait été ruinée par la guerre, parce que la guerre était l'oc-
cupation habituelle de ses princes. Ceux-ci étaient à la vérité bien
plus occupés de bataille que de guerre. La lutte était pour eux un
sport qui flattait leur vanité ou satisfaisait leurs appétits ; ce n'était
pas un effort concerté en vue de l'accomplissement d'un plan con-
tinu. Dans la turbulence de ces soldats, on ne découvre pas de
sens politique.
L'état du pays favorisait l'émiettement des forces. La population
vivait disséminée dans les campagnes. Il n'y avait pas de villes.
Les villes furent des créations des Scandinaves, et plus tard des
Anglo-normands ; elles restèrent en majorité peuplées d'étrangers.
On sait quel rôle joua la capitale dans la formation de l'unité fran-
1. Cf. Rev. Celt., t. XL, p. 225.
Bibliographie. 483
çaise. Or il n'y avait pas de capitale en Irlande. Bien mieux, les
rois suprêmes n'avaient pas de demeure qui leur fût propre. Ils
tenaient leur cour dans des châteaux répandus à travers le pays.
Mais le Kincora de Brian Boroimhe ne ressemble en rien au palais
royal de Saint- Louis ou de Charles Y, symbole de la monarchie fran-
çaise. Aux temps légendaires, les différentes provinces de l'Irlande
avaient eu des résidences royales comme Cruachan, Ailenn ou
Tara (Ternair Breg). Ces demeures étaient, au xn e siècle, depuis
longtemps désertées. La tradition y voyait des repaires du paga-
nisme, et attribuait leur ruine au triomphe de la foi nouvelle. Le
clergé irlandais, confiné dans les besognes ecclésiastiques ou intel-
lectuelles, ne seconda jamais les desseins d'un monarque que dans
la mesure où ils servaient l'Eglise. On y compte bien un Malachie,
puissante figure de réformateur religieux comparable à notre saint
Bernard ; mais on n'v voit pas de Suger, digne ancêtre des Sully,
des Richelieu, des Mazarin.
La législation irlandaise était néfaste à l'organisation d'un
pouvoir régulier. Le droit successoral reposait sur le partage de
la propriété familiale entre les membres de la derbfuic (v. d'Arbois
de Jubainville, la Famille celtique, p. 14). Comme la royauté n'était
pas divisible, tous les membres de la derbfine pouvaient prétendre
à en hériter ; chacun d'eux était, comme on disait, rigdamna. Et
c'était l'élection qui assurait entre les rigdamnaî la succession au
trône. On conçoit qu'un pareil système ait entraîné des désordres
constants, suscité des intrigues, engendré des batailles, surtout
chez ceux qui étaient sur le point de sortir de la derbfine et par
suite de perdre leur qualité d'héritier éventuel. Pendant tout le
moyen âge, l'Irlande est la proie de familles rivales qui ont toutes
des droits à faire valoir ou des vengeances à exercer. C'est la dis-
corde élevée à la hauteur d'une institution. De là, des rivalités
comme celle duSiol Cholmàin et du Siol Aeda Slâne pour la pos-
session de Tara, des Eoganachta et des Dal Cais pour la royauté de
Cashel. Il est de ces rivalités qui durèrent jusqu'aux temps
modernes. Celle du Cenel Conaill et du Cenel Eogain dans l'ancien
royaume d'Aileach se manifeste encore au début du xvn e siècle ;
c'est elle qui dans les guerres contre Elisabeth contribua à la ruine
des deux familles et à la défaite de la cause nationale.
Pour les raisons qui viennent d'être indiquées, l'histoire d'Ir-
lande est bien loin de présenter la suite qu'on observe dans le déve-
loppement de l'histoire de France. La courbe en est au contraire
singulièrement capricieuse et accidentée. Toutefois, on y constate
à certaines époques le retour de circonstances analogues. C'est le
.(84 Bibliographie.
cas à la fin du xv c siècle, où la situation rappelle beaucoup celle
qui existait au début du xi e siècle lors de la bataille de Clontarf.
L'influence étrangère était alors à peu près ruinée. L'état de l'Angle-
terre, épuisée par la guerre des Deux-Roses, oflrait à l'Irlande la
plus belle occasion qu'elle eut jamais de recouvrer son indépendance.
Le pays était prospère et prêt à un essor inconnu jusque là. Il ne
manquait pas de chefs pour prendre la tète du mouvement : les
O'Neill, les O'Donnell, les O'Brien, les Mac Carthy. Ils étaient,
il est vrai, partagés en des groupements rivaux. Mais une famille,
celle des Geraldines, réussit à imposer son autorité. De 1478 à 1 5 1 3 ,
Gearûid Môr, Earl of Kildare, fut l'homme le plus puissant d'Ir-
lande. Le court moment où son étoile pâlit, lors du Poynings'
Act de 1495, fut suivi d'une revanche complète. Pendant trente ans,
il disposa vraiment de l'avenir du pays. Pourquoi n'en profita-t-il
pas ? Pourquoi, dès l'avènement de Henri VU, l'Angleterre put-elle
reprendre sa ligne de conduite à l'égard de l'Irlande, et regagner,
très habilement d'ailleurs, le terrain perdu ? Les trois derniers
comtes de Kildare furent peut-être des « maires du palais », comme
on l'a dit, mais des maires du palais auxquels manquait un roi.
L'Irlande souffrait de l'absence d'une tradition politique, incarnée
dans une institution.
C'est sur le tableau de l'Irlande vers 1500 que s'achève le livre
de M. Curtis. C'est un tableau flatteur à tous points de vue, poli-
tique, économique, intellectuel et même linguistique. Il est telle-
ment flatteur qu'on a le cœur serré en pensant aux cinq siècles
d'épreuves qui attendaient ensuite ce malheureux pays. Aujour-
d'hui que la roue de Fortune a ramené des conditions favorables
à un développement prospère de l'Irlande, il faut souhaiter que les
forces contraires auxquelles elle a dû ses malheurs passés soient
annihilées à jamais.
L Yexdrves.
Y
Rev. Paul \Va.lsh, M. A. Leabhar chîainne Suibhne, an account
of the Mac Sweeney Families in Ireland, with pedigrees.
Dublin, Dollard Printinghouse. 1920. Ixiij-141 p. in-12.
C'est un important chapitre de l'histoire d'Irlande que l'abbé
Paul Walsh contribue à éclaircir dans ce petit livre. La partie prin-
cipale en est une édition de texte, d'après le manuscrit 24 P 25
Bibliographie. 485
de la R. 1. A., p. 125-136. Le texte a été composé, postérieure-
ment à l'année 1532, par un nommé Tadhg mac Fithil ; il traite
des ramifications (craobhsgaoiled) du clan des Sweeneys, en remon-
tant à celui qui a donné son nom au clan, Sweeney fils de
Donnsléibhe, et en suivant les trois branches principales, celles
des Mac Sweeney de Fanad, des Mac Sweeney Doe (Mac Suibhne
na dtuath) qui habitaient la région comprenant aujourd'hui la
baronie de Kilmacrenan, et les Mac Sweeney de Connaught
(Mac Suibhne Connachtach), dont les Mac Sweeney Bannagh
(Mac Suibhne Baghuineach) formaient un rameau détaché.
Le nom de Suibhne est certainement gaélique comme l'a prouvé
M. Marstrander (Miscellany K. Meyer, p. 342) ; il n'a rien à faire
avec le Scandinave ou avec l'anglais, comme l'ont cru certains
historiens. Mais le clan des Sweeneys est originaire d'Ecosse ; et
on y retrouve dès le début du sang étranger mêlé au sang celtique.
Leur histoire est même un bon exemple des relations de famille
qui s'établirent au moven âge entre les princes de souche irlandaise
et les conquérants Scandinaves ou anglo-normands. L'arrivée des
Mac Sweenevs en Irlande coïncide avec les expéditions des Gallo-
glasses (gall-ôglaigh), troupes de soldats de métier, comme
l'avaient été jadis les fiana, recrutés parmi les populations d'origine
Scandinave habitant l'Kcosse (Argyll) et les îles de la côte écossaise.
En 1258, Eoin Mac Sweenev, à l'invitation de son gendre Donal
Og O'Donnell, arriva en Tyrconnell à la tète d'une troupe de
Gallôglaigh ; il en chassa les occupants et devint chef de la
région de Fanad. Ce Mac Sweenev était originaire du Cantire ; il
était le neveu de Murchad Mac Suibhne, petit-fils par sa mère
Beanmidhe du fameux roi de Connaught Turlough O'Connor
(Toirrdhealbhach Môr O'Conchubhair). Murchad était lui-même
un chef de bandes venu d'Fcosse ; en 1267, d'après les Quatre
Maîtres il tut fait prisonnier dans la région d'Umall (co. Mayo) et
livré au comte d'Ulster Walter de Burgo qui le mit à mort. Pour
Donal Og O'Donnell, c'était un Irlandais ; mais il avait été élevé
en Ecosse et c'est là qu'il épousa en premières noces Catrione Mac
Suibhne. Le Leabhar chlainne Suibhne s'étend assez longuement sur
les exploits d'Eoin Mac Sweeney, Eoin na Laimhe Maithe (Eoin à
la main bonne), Eoin na n -ingnadh (Eoin des merveilles) ou an
Ridire buidhe (le cavalier jaune), comme on l'appelait. Venu en
conquérant de la côte voisine, il légua à son clan les traditions de
vie aventureuse d'un condottiere. Le clan des Sweeneys eut un
rival dans le clan des Sorley (descendants du roi des Hébrides
Sumarlidi), qui dès le début du xin e siècle s'était installé sur les
côtes de l'Irlande pour y vivre de rapines et de conquêtes.
j.86 Bibliographie.
L'abbé P. Walsh a joint au texte irlandais une traduction anglaise.
11 l'a fait précéder d'une introduction, qui contient un résumé de
l'histoire des Mac Sweenev complétée par des données tirées
d'autres textes, et d'une analyse détaillée du Manuscrit 24 P 25.
A la suite du texte, il publie des fragments de généalogies se rap-
portant aux Mac Sweeney. Elles sont tirées du Book of Lecan,
du Book of Ballymote, des Books of généalogies de Dubhaltach
Mac Firbhisigh et d'O'Clery. Un bon index des noms propres ter-
mine le tout.
J. Vendryes.
VI
Cécile O'Rahii.ly, Ireland and Wales, their historical and literary
relut ions. London, Longmans Green and C°, 1924, Yiij-154
p. 8°. 7 sh. 6 d.
A l'Eisteddfod Genedlaethol, qui avait lieu à Barry au mois
d'Août 1920, Miss Cécile O'Rahilly obtenait un premier prix pour
un travail « on the Relations between Ireland and Wales irom
1055 t0 1200 A. D. ». L'auteur, Irlandaise de naissance, formée
à l'étude de l'irlandais par son frère, le professeur de Trinity
Collège et à celle du gallois par des maîtres tels que MM. Lloyd
Jones, Gwyun Jones, Sir John Morris-Jones, et Ifor Williams,
était bien préparée à tirer parti des deux principales philologies
celtiques. Elle n'a eu qu'à développer l'essai couronné à l'Eistedd-
fodd pour composer un ouvrage d'ensemble, où les relations histo-
riques et littéraires de l'Irlande et du Pays de Galles sont étudiées
depuis les temps les plus anciens.
L'ouvrage comprend trois chapitres. Dans le premier, intitulé
« Goidels and B'rythons », l'auteur oppose la thèse de Rhys à
celle de Zimmer sur la route qu'ont suivie les Goidels pour pénétrer
en Irlande, et elle conclut en faveur du dernier II n'est pas dou-
teux que Rhys s'est trompé en reportant tous les établissements
d'Irlandais en Grande-Bretagne à l'époque d'une occupation gaélique
antérieure à l'arrivée des Bretons. Mais Zimmer exagère quand il
affirme que la seule voie d'accès du continent en Irlande était par
les ports de l'Atlantique. De tout temps on put sans doute s'em-
barquer pour l'Irlande de l'embouchure de la Gironde ou de la
Loire ; Tacite le dit en propres termes ÇHihernia... Gallico mari
Bibliographie. 487
opportuna, Agr. 24) '. Mais les gens qui habitaient le bassin de la
Seine, de la Somme ou de l'Escaut, pouvaient choisir de préférence
un itinéraire par la Manche et la Grande-Bretagne (c(. d'Arbois de
Jubainville, R. Celt., XXX, 212). Les deux routes ont dû être
connues et pratiquées de toute antiquité ; elles étaient chacune
plus ou moins sûre, plus ou moins commode, suivant les saisons,
suivant aussi les motifs du voyage et les circonstances politiques.
Pour décider par où les Goidels ont passé en Irlande, il faudrai
savoir d'abord d'où ils venaient ; si c'est de la Gaule occidentale
ou bien d'Espagne, il est évident qu'ils n'ont pas eu à traverser la
Grande-Bretagne. Mais cette question est secondaire, dans l'étude
des rapports entre Goidels et Bretons. Quel que soit le chemin
par lequel les Goidels sont arrivés en Irlande, il a pu v avoir des
Irlandais en Grande Bretagne avant l'arrivée des Bretons. Le bras
de mer situé entre les deux îles est une excellente voie de commu-
nication ; sur trois points au moins, la vue porte d'un rivage à
l'autre, et la côte de Grande-Bretagne avec ses promontoires devait
attirer les coureurs d'aventures en quête de terres nouvelles à
conquérir. L'histoire des peuples celtiques, dans les îles comme
sur le continent, est celle des gens turbulents, à l'esprit migrateur.
Il y eut des déplacements constants, des expulsions et des substi-
tutions de peuples jusqu'au jour où les progrès de la civilisation
permirent une stabilisation relative en substituant le commerce à la
rapine. Le déplacement des Dési de la région de Meath [dans le
sud de l'Irlande et de là plus tard en Mynyvv est un de ceux dont
l'histoire a le mieux gardé le souvenir ; mais il dut y en avoir
bien d'autres. Il ne faut pas parler d'une expédition d'Irlandais en
Grande Bretagne comme on parle de l'expédition d'Egypte ou de
la guerre du Mexique. Aussi loin que l'on remonte dans le passé,
les relations furent constantes entre les deux rives de la mer
d'Irlande, et de caractère pacifique et commercial autant que
belliqueux ; on ne recourait aux armes que pour vider des diffé-
rends ou venger des injures. La tradition irlandaise fourmille
de souvenirs d'échanges variés. Il est bien fâcheux que Tacite ne
nous ait pas transmis le nom de ce roitelet d'Irlande, exilé en
Grande-Bretagne, qu'Agricola avait rencontré et qu'il gardait auprès
de lui specie amicitiae in occasionem. Nous le retrouverions peut-être,
lui ou quelqu'un des siens, parmi ceux dont les exploits défraient
la légende épique. Il s'intercalerait entre Labraid Loingsech, les
fils d'Usnech et ce Coirpre Musc qui avait apporté de Grande-
1 . Sur la présence à Bordeaux d'un Breton d*Eboracum, voir Rev. des
Etudes Ancienne;, t. XXIV, p. 236 (cf. Rev. Celt., XL, p. 476).
.|SS Bibliographie.
Bretagne le premier chien bichon en Irlande (v. San us Cormaic, s.u.
mug-ème). De ce que l'histoire fournit, on est en droit de présumer
la préhistoire.
C'est à l'histoire qu'est consacré le second chapitre de Miss
O'Rahilly. Le sujet n'était pas neuf, ayant été touché à plusieurs
reprises par des maîtres éminents comme d'Arbois de Jubainville
et Zimmer, Kuno Meyer et M. J. Loth. L'auteur ne semble
apporter aucune découverte personnelle ; mais l'exposé qu'elle
donne est bien composé, judicieux et nourri de faits. Quelques
détails seulement sont à relever. Les vies de saints irlandais doivent
être citées aujourd'hui dans l'édition C. Plummer ; par exemple
p. 38, n. 6, la Vita Albei appelait un renvoi à V. S. H., t. I. p. 46-
47. P. 70, ce qui est dit de Sitric dans le Book y Tywyssogion
(Red fiook of Hergest, t. II, p. 264). se rapporte à la bataille de
Clontarf ; le Leinster y est appelé Largines. P. 73, faute de s'être
reportée à l'édition de M. J. G. Evans, l'auteur paraît avoir mal
compris un des vers qu'elle cite du Book ofTaliesin. Il faut lire
gynhon dulyn (et non gynhen) où Gynhon désigne les Danois ; c'est
un pluriel formé sur Gynt, du latin génies, comme M. J. Loth l'a
montré (Rev. Celt., t. XX, p. 203). D'ailleurs les Danois étaient
parfois unis aux Saxons contre les Bretons (//// a seis, cil ynt, B.
Tal., 31, 11 Ev.). Les alliances entre les peuples se faisaient et se
défaisaient suivant les circonstances et subirent de tout temps de
nombreuses vicissitudes : à la bataille de Camlannen 537, Medrawt
avait des Saxons et des Irlandais comme alliés. Les faits historiques
les plus saillants, sur lesquels Miss O'Rahilly insiste avec raison
de préférence, sont au moyen âge l'évangélisation de l'Irlande par
des Bretons et les rapports religieux des deux pays, les épisodes de
la vie et du règne de Gruffydd ab Cynan, et le rôle des éléments
gallois dans la conquête anglo-normande de l'Irlande. Miss
O'Rahilly poursuit son étude jusqu'aux temps modernes, même
contemporains ; après plusieurs siècles pendant lesquels les deux
peuples restèrent étrangers l'un à l'autre, elle note qu'en ces der-
nières années la question d'Irlande a éveillé dans certains milieux
gallois un intérêt qui devrait s'accroître encore.
Le troisième chapitre est consacré aux relations littéraires entre
le pays de Galles et l'Irlande. Il présente une difficulté générale,
que Miss O'Rahilly ne dissimule pas et qui souvent contraint le
lecteur à susprendre son jugement. Les rapports avant été constants
entre les deux pays, on peut hésiter à expliquer les ressemblances
entre leurs littératures par une communauté originelle ou bien par
des contacts ultérieurs. Le plus souvent toutefois, c'est la seconde
Bibliographie. 489
hypothèse qni est la plus vraisemblable. Les ressemblances du
Kal Godeu de Talresin et du poème d'Amairgen mac Mil (Nutt,
Voyage of Bran, 11, p. 8.) et ss.) ne peuvent guère s'expliquer que
par un emprunt, comme le suppose le Dr J. G. Evans ; et
l'on sait combien l'influence irlandaise se manifeste dans les
Mabinogion et les récits connexes (cf. J. Loth, R. Celt., XXXII,
436). Cette influence s'est même souvent exercée par des emprunts
livresques : les noms propres irlandais estropiés dans Kulhwch
et Olwen (\V. B., col. 460, 1. 26 = R. B., p. 106, 1. 18) ont
évidemment été tirés d'un manuscrit : a cnychwr mab nés a cbubert
m. daere a phercos m. poch a lluber beuthach a choruiî beruach ; ces
lignes contiennent les noms des héros irlandais Conchobar mac Nés,
Curoi mac Daire, Fergus mac Roich, Loegaire Bùadach et Conall
Cernach. L'épisode de la « maison brûlante » dans le mabinogi de
Branwen se retrouve en Irlande dans plusieurs récils : Mesca Ulad,
Orgain Dind Rig, Boroma. Le fait a été signalé depuis longtemps
(v. J. Loth, R. Celt., XI, 34"))- Un rapprochement peut être aussi
établi entre les porcs venus de l'autre monde au début du mabi-
nogi de Mathel les porcs de Mag Mucraime (R. Celt., XIII, 448 et
X\ T , 470 et E. Gwynn, the Metrical Dindshenchas, III, 382 ; et.
Ériu, II, 177 n. i) ; et il y en a bien d'autres. Le poème du Book
of Taliesin sur Corroi m. Dayry, qui n'est pas antérieur à la
première moitié du XII e siècle (v. J. Loth, R. Celt., XXI, 55),
contient des allusions à des épisodes de la vie légendaire de Curôi,
La mention d'une expédition dans les régions du Midi (Mab Dayry
dalei lyw ar vor debeii) se retrouve dans un poème irlandais publié
par K. Meyer (Z. /. Celt. Phil., III, 38 : rochroid descert domain,
cath Conchend roblogaig Curûi dur MuirRobuir) ; cf. Thurneysen
(Z. f. Celt. Phil., IX, 232), d'après lequel le poème irlandais en
question ne remonte pas plus haut que le XI e siècle. Ce rappro-
chement a échappé à Miss O'Rahilly. Il lui a échappé également
que le mot mabinogi a été étudié par M. J. Loth dans la Rev. Cel-
tique, t. XXXI I, p. 421, et que le Mabinogi Jesu Grist a été édité
par Miss Mary Williams dans la même revue, t. XXXIII, p. 184
et ss. L'explication du mot par une corruption de l'irlandais mac
ind ôg ' est purement fantaisiste et ne méritait pas d'être men-
tionnée. — Le chapitre se termine par une liste des mots empruntés
par l'irlandais au brittonique et par le gallois à l'irlandais. L'une
et l'autre pourraient être modifiées ; on doit par exemple ajouter
à la seconde cogail (et. irl. cucel, cuigel, Pedersen Vgl. Gr., I, 239),
1. Sur ce nom, voir Thurneysen, Helden-und Kônigsage, I, p. 598, n. 5.
490 Bibliographie.
niais en retrancher techu, qui remonte à une formation sigmatique ;
gall. iechueslà irl. tecbim comme lat. quaesô.kquae'rô, uîiô à uideô, etc.
). Vendryes.
VU
S. Fkist. Etymologisches Wôrterbuch der gotischen Sprache, 2 te
Auflage, Halle, 1923. xv-448 p. 8°.
Nous avons précédemment annoncé la première livraison de cet
ouvrage, parue en 1920 (v. Rev. Celt., XXXVIII, p. 185).
L'ouvrage est aujourd'hui complet, muni d'une préface, d'un
tableau des abréviations et d'une liste assez copieuse de corrections
et additions. A tous les mérites signalés dans le compte rendu des
96 premières pages, ajoutons que les mots gotiques sont toujours
accompagnés des mots grecs qu'ils traduisent, et en outre que
M. Feist a tait place dans cette seconde édition aux mots du gotique
de Crimée et en dehors du texte de Wulfila à tous les mots qui
sont donnés comme gotiques (par exemple à ceux que contient
l'épigramme de Y Anthologie! Latina I, 221, 285, et aux noms des
runes). Il fournit ainsi aux travailleurs un dictionnaire complet
du gotique, pourvu des donnés étymologiques les plus récentes.
Voici quelques observations qui touchent principalement au cel-
tique : P. 100, s ; u. faibli, ajouter l'exemple de l'irlandais crod qui
de « troupeau, bétail » a passé au sens de « fortune, richesse »
et même de « salaire * (R.Celt., XXXIII, 503). —P. 117, s. u.fodr,
ajouter as. devant fôdor. — P. 143, sur irl. noib, voir Meillet, Z.
f. celt. Pbil., X, p. 309. — P. 156, sur ga-wigan, voir maintenant
Meillet, Mélanges Charles Andler, p. 249 et ss. — P. 159, les
formes celtiques irl. indé (indhé n'est qu'une mauvaise graphie),
gall. doe « hier » peuvent s'expliquer phonétiquement ; cf. Meillet
Mêm. Soc. Lingu., XI, p. 317. — P. 176, s. u. bakuls, le grec
vâxoç signifie « Vliess » et non « Fell ». — P. 178, s. u. halja, le
mot caile est déjà vieil-irlandais (cuilae gl. colina, Sg. 51 b 5). —
P. 179, s. u. bamfs, au cas de lat. campus « plaine » gr. xajAicVj
« courbure », polon. laka, lit. lanka « vallée » et lenkti v courber»,
lat. aucrae « vallée » gr. àyxoç, ail. Angeret skr. afikâh « courbure »,
joindre gaul. inuilc gl. ualle, gall. uaul « ruisseau » et skr. nâmah
« courbure, hommage ». — P. 195, s. u. hlcifira, lire apGxoov. —
P. 209, sur le breton gzuinii, voir maintenant J. Loth, ci-dessus,
p. 193 et ss. — P. 217, l'hypothèse d'un emprunt de got. idreiga
Bibliographie. 491
à l'irlandais est insoutenable. Mais il ne faut pas dire p. 21e que
l'irlandais aithrige « pénitence» dérive de *ate-preko- ; ce mot a été
expliqué autrement par M. Pedersen ( Vgl.Gramtn., I, 177 et II.
594) ; par suite il n'est pas impossible que idreiga et aithrige soient
étymologiquement apparentés. — P. 249, s. u. ligrs rappeler angl.
loir « tanière ». — P.